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00:00 *Musique*
00:26 *Bruit de pas*
00:26 *Musique*
00:30 Je m'appelle Michel Béal, je suis président des amis du musée de la mine Saint-Etienne
00:36 et je suis aussi un ancien mineur ingénieur au fond pendant 15 ans.
00:40 *Musique*
00:43 Voilà, nous sommes dans la deuxième salle des compresseurs du Picouriau.
00:46 Evidemment, aujourd'hui, cette salle est parfaitement silencieuse,
00:49 mais il faut s'imaginer l'ambiance que l'on avait à l'époque,
00:52 avec les deux compresseurs qui marchaient en même temps.
00:55 On avait un bruit pas possible et surtout alors, ce qui était impressionnant,
00:59 c'était une vibration qui vous remontait tout le long du corps.
01:02 Parce que ce sont des compresseurs à pistons,
01:04 et donc le mouvement des pistons crée une vibration énorme.
01:07 En même temps, le bruit, bien sûr, revient aussi de ce pistonnage de l'air comprimé
01:10 qui repart par ces grandes tuyaux.
01:12 *Musique*
01:18 Alors, il y avait deux salles de compresseurs,
01:20 parce qu'effectivement, les besoins d'air comprimé ont augmenté.
01:23 Donc au départ, il y avait une seule salle,
01:25 et puis il a fallu mettre une deuxième salle.
01:27 Il faut savoir aussi que ces compresseurs-là alimentaient un autre puits,
01:30 le puits de la Loire, et donc, effectivement,
01:32 il fallait une puissance installée supplémentaire.
01:35 *Musique*
01:42 Au départ, l'exploitation des mines était vraiment très artisanale.
01:45 C'était un travail de terre assiée.
01:47 Les gens s'enfonçaient à partir des couches qui affleuraient en surface.
01:50 À mesure que le gisement s'approfondissait,
01:53 on confrontait des problèmes d'évacuation de l'eau, d'aération et tout ça.
01:57 Donc rapidement, il a été nécessaire de créer, finalement,
02:01 une école d'ingénieurs qui a été créée en 1816,
02:06 de façon à pouvoir fournir à l'industrie minière
02:09 des compétences d'ingénierie à un haut niveau.
02:13 Et cette pépinière, disons, d'ingénieurs qui a commencé au 19e siècle,
02:17 a été particulièrement riche en innovation.
02:22 D'abord pour la mine, il faut reconnaître que c'était la préoccupation principale,
02:26 mais parfois, il y a eu des retombées secondaires pour d'autres industries.
02:30 *Musique*
02:38 Donc, Marceau a créé une innovation en inventant des systèmes
02:41 qui rendaient cette lampe pratiquement impossible d'enflammer le grisou au fond de la mine.
02:46 Cette lampe a été développée et a rapidement gagné, finalement, l'ensemble des mines de France.
02:53 Ça a été d'abord développé dans le Gard, puis dans la Loire.
02:56 Donc, ça a été dû à M. Marceau, ingénieur des mines de Saint-Étienne.
03:01 Voilà donc une innovation qui a profité aux mineurs,
03:03 qui a dû améliorer grandement la sécurité.
03:07 Alors, on peut citer aussi, dans cette période-là,
03:10 c'était quand même toujours dans le 19e siècle, une période assez riche,
03:13 Granterie, qui fut un paléontologue, c'est-à-dire qu'il a créé un atlas des végétaux
03:20 qui, finalement, constituait le charbon à l'origine, il y a 300 millions d'années, à l'époque du carbonifère.
03:25 Évidemment, ces travaux ont été utilisés dans énormément d'exploitations
03:29 pour comprendre, finalement, à partir des fossiles,
03:33 quelles étaient les sources de production de ce charbon à l'origine.
03:37 Voilà donc une innovation dans le domaine paléontologie.
03:41 [bruit de machine à carburant]
03:48 Alors, on est dans cette salle, ce n'est pas une innovation,
03:51 c'est plutôt pour marquer l'arrivée de l'air comprimé au fond de la mine.
03:55 Comme je le disais au départ, l'exploitation était artisanale,
03:59 on creusait avec des piques, avec des pelles, avec des choses comme ça.
04:02 C'était les chevaux qui assuraient l'extraction.
04:05 Ici, on se retrouve dans la salle des compresseurs,
04:07 la deuxième salle, d'ailleurs, des compresseurs de courriaux,
04:10 qui étaient fournisseurs d'air comprimé au fond de la mine.
04:15 Avec l'air comprimé qui circulait dans des tuyaux jusque dans toutes les galeries,
04:19 arrivait une source d'énergie bien supérieure à la force humaine.
04:23 Ça a permis de développer l'abattage avec les marteaux piqueurs,
04:27 le creusement des galeries au rocher avec des marteaux perforateurs,
04:31 d'avoir des pompes qui permettaient d'envoyer l'eau jusque dans les réservoirs
04:36 et ensuite de remonter même jusqu'au jour.
04:38 La force humaine commençait à être remplacée par une énergie
04:41 qui était elle-même produite en surface.
04:45 Ça a été développé peut-être à d'autres mines.
04:48 Ça s'est arrivé un peu simultanément dans pas mal d'exploitations minières,
04:51 mais comme Saint-Etienne était le bassin le plus développé,
04:54 forcément, il a bénéficié des meilleures innovations.
04:57 L'air comprimé avait un gros avantage,
05:00 c'est que c'est une énergie qui ne présente pas de risque par rapport au grisou.
05:05 On a vu par la suite, en début du XXe siècle,
05:09 après même au milieu du XXe siècle,
05:11 l'air comprimé a été remplacé pour certains usages par l'électricité.
05:18 Mais l'électricité a un inconvénient,
05:20 c'est que s'il y a une étincelle électrique qui se produit
05:22 et qui a une concentration de grisou,
05:24 on risque effectivement une catastrophe et une explosion.
05:28 [Vrombissement du moteur]
05:31 Donc on est dans la première salle des compresseurs.
05:43 Elle servait à deux choses, cette salle.
05:46 À produire de l'air comprimé, comme on l'a expliqué déjà,
05:49 avec des compresseurs, il y en avait deux,
05:51 il y en a un qui a été vendu, qui a été au moment de la fermeture.
05:53 Et puis là-bas, elle servait à transformer le courant alternatif
05:57 en courant continu pour la machine d'extraction,
05:59 puisque le moteur de la machine d'extraction marchait en courant continu.
06:03 Il fallait donc redresser, convertir le courant.
06:06 Dans les innovations technologiques,
06:13 il y a aussi un autre domaine qui n'est pas vraiment technologique,
06:15 mais c'est l'organisation du travail.
06:17 Un ingénieur de l'école des mines étiennes, qui s'appelle Henri Fayolle,
06:21 a été le précurseur des systèmes d'organisation du travail
06:24 qui permettaient d'industrialiser les activités.
06:27 Il a été d'ailleurs, de ce côté-là, en avance par rapport au taylor,
06:31 qui a donné le fameux taylorisme aux Etats-Unis,
06:34 et même au fordisme après.
06:36 On peut dire que Fayolle était un précurseur, disons,
06:38 de cette méthode d'organisation du travail.
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