• il y a 8 mois
L'invité de 07h45

Category

🗞
News
Transcription
00:00 -Merci d'être avec nous. 7h43.
00:02 Dans quelques secondes, Nicolas Crosel, notre invité,
00:04 est avec nous.
00:05 -L'un des plus grands dessinateurs de presse en France.
00:08 Plantu est avec nous. Il est modeste.
00:10 Il hoche la tête.
00:11 Mais je vous assure que c'est un nom qui est dans ce studio.
00:13 A tout de suite.
00:14 -Ici, Matin, revient dans un instant.
00:18 -Suivez Justine, David et Grégory dans "Le goût des rencontres".
00:23 Partagez avec eux et leurs invités des recettes inoubliables.
00:27 ...
00:30 -A table!
00:31 -Et c'est demain à 11h15 sur France 3 Pays de la Loire.
00:34 ...
00:46 -Le 6/9, France Bleu, Loire-Océan.
00:48 Infos et bonne humeur.
00:50 ...
00:52 -On vous souhaite un très bon vendredi
00:53 avec nous sur France Bleu, Loire-Océan
00:55 et aussi à la télé sur France 3 Pays de la Loire.
00:57 Notre invité ce matin, Nicolas Crozel,
00:59 c'est donc une signature de la presse écrite, un nom.
01:02 Il dessine l'actualité depuis un demi-siècle.
01:04 C'est Plantu.
01:05 -Merci d'être là. Bonjour, Plantu.
01:07 On dit Plantu ou Monsieur Plantu ?
01:10 -Vous pouvez dire Jean.
01:11 -On peut dire Jean, effectivement, votre prénom.
01:13 Vous êtes là parce que tout à l'heure à Nantes,
01:15 vous participez au forum Culture Presse
01:17 destiné à promouvoir la presse écrite,
01:19 une manifestation organisée, je le précise,
01:20 non pas par des journalistes,
01:22 parce que l'entre-soi journalistique, ça peut faire peur.
01:24 Mais là, c'est des buralistes, des distributeurs de journaux.
01:26 Parce que sans eux, il n'y a pas de journaux.
01:28 -À qui on doit beaucoup.
01:29 -Effectivement.
01:29 -Et qu'on remercie.
01:30 -Parce que s'ils n'étaient pas là,
01:31 on ne pourrait pas acheter les journaux.
01:33 Plantu, vous avez dessiné pendant 50 ans
01:35 la une du journal Le Monde.
01:37 Vous n'êtes même pas à la retraite.
01:38 Ce n'est pas vrai ?
01:38 Parce que si je vous demandais là
01:40 s'il y a un dessin à faire, vous le feriez.
01:42 -Oui, mais je n'arrête pas.
01:44 En fait, c'est un prolongement.
01:45 Je vous ai dit, mes mains, elles sont comme ça.
01:47 En fait, vous ne les voyez pas, mais au bout de mes doigts,
01:50 il y a des crayons qui se font tout seuls.
01:52 Et quand je suis passionné, toujours par l'actualité politique,
01:55 et en écoutant, et je suis dans le train, je lis un journal,
02:00 et les idées me viennent.
02:01 Alors, je prends des notes, je fais un brouillon.
02:04 Ou des fois, même la nuit, je m'envoie un petit texto
02:06 avec un petit dessin, avec une appli.
02:08 Et puis, le lendemain matin, une fois sur dix, c'est n'importe quoi.
02:11 Mais une fois sur dix, je me dis, ah bah oui, finalement.
02:14 Et je peux le prolonger et je peux faire un dessin.
02:16 -Et vous en faites quoi ?
02:16 Parce qu'il n'y a plus le monde, c'était votre choix.
02:18 -Des expos.
02:20 En ce moment, il y a une expo ici à Nantes.
02:24 -Vous les mettez sur Internet, sur Twitter aussi ?
02:26 -Je les mets sur Twitter, mais la plupart, c'est sous forme de bouquins,
02:29 sous forme d'expo.
02:30 Là, dans pas longtemps, je vais à Lyon où je fais une nouvelle expo.
02:33 Non, non, ou dans les hôpitaux.
02:34 D'ailleurs, j'en profite pour saluer les gens de l'hôpital de Nantes,
02:38 parce que je fais beaucoup de choses pour rendre hommage aux soignants.
02:42 Et d'ailleurs, je me suis rendu compte, à chaque fois que je vais dans un hôpital,
02:45 je me rends compte que ces gens à qui on doit tellement,
02:48 ils sont un peu fragilisés et il faut juste leur dire "mais on vous aime".
02:53 Donc, il y a des dessins un peu partout dans les hôpitaux depuis 2020
02:56 pour dire merci.
02:57 C'est un merci silencieux.
02:59 Il y a des gens, il y avait un moment où on applaudissait,
03:01 mais aujourd'hui, c'est un merci silencieux pour leur dire "on vous aime".
03:04 -Puisque vous évoquez Nantes, on peut parler de Carcefou.
03:06 Vous y tenez beaucoup.
03:07 C'est un endroit où vous avez rencontré de nombreux dessinateurs de presse
03:10 venus du monde entier à une époque où ils organisaient justement des rencontres.
03:13 -Et c'est pour ça que je tenais beaucoup à rendre hommage à Carcefou,
03:16 parce que pendant des années, beaucoup de dessinateurs de presse,
03:20 moi j'ai rencontré des dessinateurs palestiniens, israéliens, chinois,
03:25 grâce à Carcefou, qui nous recevaient pendant quelques jours,
03:28 et même des brésiliens, je me souviens.
03:30 Et c'était passionnant parce que, avant que je ne crée moi avec Ophianan,
03:36 "Cartooning for Peace", quand il y a eu les fameuses fatwas
03:38 contre les dessinateurs danois.
03:40 -C'est un regroupement de dessinateurs du monde entier
03:43 pour promouvoir la liberté de la presse partout sur la planète.
03:46 -Au lendemain des fatwas contre les dessinateurs danois,
03:48 et donc Ophianan m'avait demandé de réunir à l'ONU
03:52 des dessinateurs des chrétiens, des juifs, des musulmans,
03:54 pour renouer un peu des ponts entre les cultures, les religions et les opinions.
03:59 -On voit d'ailleurs que c'est un sujet encore d'actualité depuis le 7 octobre
04:03 et l'attaque du Hamas contre Israël.
04:05 Il y a une dizaine de jours, il y a Coco, dessinatrice de Libé,
04:09 qui a encore été prise à partie, critiquée et même menacée de mort
04:12 pour un dessin qu'il mettait en scène.
04:16 -Voyez, mon boulot c'est de la soutenir.
04:18 -J'ai envie de vous demander, est-ce que vous n'avez pas l'impression
04:19 que ce combat n'est finalement jamais terminé ?
04:22 Voir peut-être la liberté d'expression recule ?
04:25 -Donc "Cartooning for Peace" a soutenu Coco,
04:30 parce que des fois on soutient des dessinateurs,
04:33 c'est un peu casse-gueule, après on leur dit
04:35 "Pourquoi t'as mis les pieds là-dedans ? Je te vois bien que c'est compliqué."
04:39 Son dessin était irréprochable.
04:41 -Il faudrait le décrire pour qu'on comprenne,
04:43 mais en fait, en gros, elle mettait en avant des gens qui faisaient le Ramadan,
04:49 et qui cherchaient, pour que nos auditeurs comprennent,
04:51 qui couraient après des rats, et il y en a un autre qui faisait attention,
04:53 c'est après le Ramadan, mais ça voulait mettre en cause la détresse des Gaza.
05:00 -Les Palestiniens de Gaza.
05:01 Et donc le dessin était irréprochable,
05:03 et il y a des gens de je ne sais plus quelle partie,
05:06 -C'est la France Insoumise notamment.
05:07 -qui ont sali Coco, qui l'ont salie.
05:11 Et donc quand on salit aujourd'hui,
05:13 et qu'on rajoute que c'est un dessin contre les musulmans,
05:17 qui veut mépriser le Ramadan,
05:19 -Ce qui n'était pas le cas du tout de ce dessin.
05:21 -Non mais la force de la malhonnêteté intellectuelle
05:25 fait que maintenant elle est encore protégée.
05:28 Je l'ai rencontré plusieurs fois Coco, protégée par des policiers,
05:31 comme moi c'est tous les jours.
05:33 -Il y a un officier de la police là qui vous suit, qui est à côté.
05:35 -Et du coup elle qui n'était plus protégée, recommence à être protégée
05:39 à cause des menaces lancées par la France Insoumise.
05:42 -On voit bien quand même qu'on est dans un moment où
05:45 peut-être la liberté est moins importante qu'à une époque,
05:48 vous qui avez le recul, 50 ans de culture, de dessin, de presse.
05:51 -Exactement. Et ce qui est plus grave,
05:54 c'est que ça n'est plus un problème de,
05:56 évidemment on les dessine, actrices, dessinateurs, on les défend,
05:58 et ils sont fragilisés régulièrement.
06:01 Mais ce qui est plus grave, c'est que les journalistes eux-mêmes sont fragilisés,
06:04 et qu'encore plus grave, ce sont les citoyens qui sont fragilisés.
06:08 Et ça va être l'objet des rencontres cet après-midi.
06:11 -De la rencontre cet après-midi sur la liberté de la presse.
06:13 Juste un mot, parce que ce congrès, je le disais, il est organisé par des burealistes.
06:17 Le papier, vous y croyez encore vous au papier ?
06:19 C'est la question qu'on pose à nos auditeurs.
06:21 -Moi j'aime l'odeur du papier déjà.
06:23 -Oui, à l'heure d'internet.
06:25 -Et puis, alors, je vais vous dire, quand je lis sur les réseaux,
06:28 je suis abonné évidemment au Monde,
06:31 je suis abonné à l'Ibée, je suis abonné aux Parisiens et aux Figaro.
06:36 Et en fait, j'aime non pas le fil de ce qu'ils proposent,
06:43 qui est souvent, on se croirait, la Chine, l'économie, l'Afrique,
06:47 non, non, je veux le PDF.
06:50 -Ah oui, c'est quand même sur écran, vous lisez la version papier de l'excercle.
06:53 -Oui, parce que quand il se donne la peine de faire une hiérarchie,
06:57 quand West France ou Presse Océan dit "bah oui, mais nous en une,
07:00 on pense que c'est telle information", moi ça m'intéresse.
07:03 Et j'aime la mise en page, la mise en page.
07:06 -La mise en page dit quelque chose de la hiérarchie.
07:08 -Et je respecte le travail des journalistes,
07:10 et c'est comme ça que je me laisse guider,
07:12 en disant "tiens, pourquoi ils ont mis ça en la une ?"
07:14 Et finalement, après, je dis "bah oui, je comprends".
07:16 -Alors, restez avec nous, on va écouter des auditeurs
07:18 à qui on a posé la même question que celle que je viens de vous poser,
07:20 puis vous commenterez juste après.
07:22 -Oui, on va ouvrir le débat des appréhendants,
07:24 donc avec vous qui nous écoutez ce matin,
07:26 ou qui nous regardez à la télé sur France 3.
07:29 La question, je la rappelle, est-ce que vous lisez encore le journal papier ?
07:32 On va commencer avec Hélène, qui est à Vignes-de-Bretagne.
07:34 -Bonjour Hélène. -Bonjour.
07:36 -Bonjour. -Alors, à votre avis ?
07:38 -Alors, je lis encore le journal papier,
07:44 mais beaucoup moins qu'avant,
07:46 pour seulement quand je vais, par exemple,
07:50 boire un café au bar, ou voilà.
07:53 Et sinon, c'est sur mon téléphone, quoi.
07:57 -Mais vous avez encore un petit attachement, par moment,
08:00 à ce besoin, peut-être, d'entendre le bruit ?
08:03 Alors, je n'ai pas de journal, là.
08:05 -Alors, moi je suis de la génération papier,
08:07 et c'est vrai que c'est quelque chose auquel je suis très attachée, quand même.
08:13 Même pour les livres, en général, c'est le papier, quoi.
08:17 -Le papier. Merci beaucoup, Hélène, pour cette témoignage.
08:19 -Et puis, on est surpris aussi, on feuillette les pages,
08:23 il y a le bruit, évidemment, des pages, il y a le bruit du papier.
08:25 Et à la fois, tiens, en page 3, ils ont mis ça.
08:28 -Il y a un titre, une photo qui pose.
08:31 -Et on se dit, tiens, je vais le regarder mieux.
08:33 Alors que sur les smartphones, on peut voir la même chose, bien entendu,
08:38 mais ce n'est pas pareil, parce qu'il y a le sens de la hiérarchie journalistique.
08:41 -On va plus, peut-être, chercher ce qu'on a envie de lire,
08:43 plutôt qu'être surpris, parce qu'on n'aurait pas pensé
08:45 être surpris et découvrir des choses.
08:49 On a Monica, c'est ça ?
08:50 -Oui, Monica, qui est à Saint-Nazaire, maintenant. Bonjour, Monica.
08:52 -Bonjour.
08:54 -Vous aussi, je crois que vous, vous étiez correspondante pour West France,
08:58 donc le papier, ça doit vous dire quelque chose, Monica.
09:00 -Oui, exactement, oui.
09:02 À une époque, il y a quelques années.
09:04 Mais oui, alors le papier, oui, effectivement,
09:06 c'est quelque chose qui me parle.
09:08 Donc c'est pour ça, je garde le rire devant les yeux,
09:11 je ne sais pas si on entend, mais voilà, je suis à West France.
09:13 -Ah, on l'entend, on entend le papier.
09:15 -Un portage de la Mille, et vous l'avez trouvé dans la boîte aux lettres,
09:18 vous êtes abonnée, c'est ça ?
09:20 -Alors, c'est un peu, je ne cache pas que non,
09:23 je ne suis plus abonnée, avant j'y étais.
09:25 Je ne suis plus parce qu'effectivement, je vais chercher.
09:27 Donc c'est vraiment un geste, je vais chercher, j'aime bien changer.
09:31 -C'est bien aussi, les bureaux réalistes, ils peuvent faire ça.
09:33 -Exactement, oui, c'est ça.
09:35 C'est l'économie locale, si on peut dire ça comme ça.
09:39 -Un peu, oui, bien sûr.
09:41 -Mais oui, parce que c'est pas, et puis après, moi, pour tout ce qui est,
09:45 parce que je vous ai entendu par rapport à la presse,
09:48 éventuellement, en tout cas, médias sur les smartphones,
09:52 moi, je vais regarder un peu plus la partie internationale,
09:54 puisque j'ai eu l'occasion de vivre ailleurs,
09:57 et j'ai plusieurs langues, donc je vais regarder ça.
09:59 Mais sinon, oui, j'aime bien, c'est pas, il y a l'odeur,
10:02 j'ai entendu, mais il y a aussi l'odeur, le choix des articles,
10:04 qui va être sur la couverture, et puis voilà, je le touche.
10:09 -Eh ben oui, on le touche du doigt, ce travail réalisé tous les jours
10:12 par nos confrères de la presse écrite.
10:14 Merci, Monica. Un dernier mot pour conclure.
10:16 Plantu, si je puis me permettre, je rappelle déjà que c'est entre 16h et 17h,
10:19 tout à l'heure, votre conférence sur la liberté de la presse
10:21 à la Cité des congrès à Nantes, dans le cadre de ce congrès,
10:24 ce forum sur la culture presse.
10:26 -Et j'y montrerai des dessins, et je ferai des dessins
10:29 en fonction des questions des gens qui vont venir.
10:31 -Ah, ça, c'est génial. Et justement, là, si je vous demandais
10:33 sur quoi vous dessineriez aujourd'hui, si vous deviez faire
10:35 la Une du Monde qui sort à 14h à Paris ?
10:37 -Je regardais la petite journaliste qui vient d'arriver,
10:39 et j'ai regardé son profil, et c'est incroyable, parce qu'on croit
10:41 que j'ai des yeux, mais en fait, c'est un scan.
10:44 Et je vois tout de suite, le nez comme ça, les jambes comme ça.
10:48 -Ah oui, je suis très inspirante en même temps.
10:51 -Alors dans ces cas-là, vous alliez nous le faire avant de partir.
10:53 -Elle n'attend même pas que je le dise, mais c'est vrai.
10:55 Je passe mon temps... Dans le train, hier, il y avait un gars,
10:59 il avait, dans le train pour venir à Nantes,
11:01 il avait son laptop devant lui, son ordinateur,
11:05 et il m'y met des trucs comme ça.
11:07 Et ce qui fait que sur mon billet de train, je l'ai regardé discrètement,
11:10 puis j'ai fait le dessin du gars, parce qu'il était rigolo à dessiner.
11:13 -Alors si vous êtes d'accord, si vous avez 5 minutes,
11:15 vous nous faites un dessin, là, dans le bureau,
11:17 et on dira "le plan tout du jour, il est sur France Bleu, Loire-Océan,
11:19 sur France Bleu pour la tour aujourd'hui".
11:21 -Oui, mais qu'est-ce que...
11:23 -Qu'est-ce que vous gagnez ? Je ne sais pas.
11:25 -C'est pas ça que je dis. Quel est, pour vous,
11:27 la définition en images de France Bleu, Loire-Océan ?
11:30 Vous diriez, c'est quoi tout de suite, l'image ?
11:32 -Le logo, la Loire...
11:34 -Je mettrais le studio, là, vous voyez, tous les micros et les sourires.
11:37 -Le sourire, la banane...
11:39 -Mais quelque chose de propre à Nantes, ce serait quoi ?
11:41 -La Loire, peut-être.
11:43 -L'éléphant, peut-être.
11:45 -Les machines de Lille.
11:47 -Oui, bien sûr, bien sûr.
11:49 -Bon, bah, super.
11:51 -Merci, Plantu, d'être venu.
11:53 -On mettra des éléphants pour la défense
11:55 de la presse écrite
11:57 dans les journaux,
11:59 et on remercie les buralistes
12:01 qui revendent tous les journaux papiers.
12:04 -Eléphant et défense, je crois que j'ai compris.
12:06 La conférence, 16h-17h,
12:08 sur le thème de la liberté de la presse,
12:10 à la Cité des Congrès. Merci beaucoup,
12:12 Jean Plantu, d'être venu ce matin,
12:14 de la France Bleue Loire-Océan.

Recommandations