Nikita Bellucci : les dessous de l'industrie du X

  • il y a 6 mois

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Transcription
00:00 Et là, je suis tombée sur The Pervers, mais ça a été super violent.
00:04 Je me suis lancée dans ce milieu parce que je fantasmais sur un acteur
00:16 et je lui écris sur Facebook à l'époque.
00:18 Du coup, on a appris, on a joué au quart toute l'année, comme je l'ai déjà dit.
00:22 Je pense qu'il y a des raisons un peu plus profondes
00:23 quand on fait une introspection sur soi-même.
00:25 Mais la première raison, c'était Sandwia.
00:28 Il peut y avoir plein de raisons.
00:29 On peut rechercher l'aspect financier, qui est une belle connerie.
00:32 On peut rechercher le regard ou l'amour qu'on a jamais eu de la part de nos parents.
00:37 On peut rechercher l'adrénaline, on peut rechercher le plaisir...
00:40 On peut rechercher plein de choses.
00:42 Alors, ça dépend.
00:45 Si tu veux faire de belles images avec un beau rendu,
00:48 ça va prendre toute la journée.
00:50 On va reprendre les prises plusieurs fois.
00:52 Maintenant, si tu cherches à faire un reportage animé,
00:56 si tu cherches à faire un reportage animalier,
00:58 ça prend deux heures, le temps que tout le monde fasse ce qu'il a à faire.
01:01 Des fois, il n'y a pas du tout de scénario.
01:04 C'est-à-dire qu'on pose la caméra et on filme de bon au bout, en train de...
01:08 Si tu cherches à faire un film scénarisé, ça peut être le réal.
01:12 Moi, j'écris avec mon mari.
01:14 Par exemple, un film en ce moment qui sera bientôt.
01:16 Donc là, on est en train d'écrire.
01:18 Ça prend énormément de temps.
01:19 Il y a les dialogues à faire.
01:20 Donc voilà, moi, en tout cas, j'écris avec mon mari.
01:22 On valide les choses ensemble.
01:24 Les idées peuvent me venir dans le sens où je suis à la base
01:28 consommatrice de films,
01:29 donc ce qui fait qu'il y a des choses que je vais voir.
01:32 Et je me dis maintenant, c'est pas assez travaillé.
01:34 J'ai envie de plus partir en profondeur.
01:36 C'est un mauvais jeu de mots.
01:37 Et donc, du coup, je me dis tiens, on aurait dû rajouter ça sur cette scène.
01:41 C'est dommage.
01:42 On va réécrire tout ça et on va plus partir dans moi,
01:45 mes délires que je peux avoir.
01:46 Et mon mari, oui, c'est pareil.
01:48 Il crée un peu nos fantasmes qu'on réalise pas ou qu'on réalise,
01:51 peu importe.
01:53 Il faut savoir que je suis un petit peu associable comme fille,
01:56 je ne dirais pas, mais je suis très, très timide.
01:58 Donc j'ai beaucoup de mal à engager la conversation.
02:00 Étonnamment, je n'ai pas trop de mal à avoir un rapport.
02:02 Donc ça permet de faire connaissance en gros.
02:04 Après, ça dépend des affinités que j'ai avec les gens,
02:06 mais généralement, je ne parle pas.
02:07 Je suis là, je fais mon travail et je rentre chez moi.
02:09 J'ai une anecdote, par contre.
02:10 Sur mon premier tournage, j'arrive,
02:12 il y a un acteur qui est sur un canapé
02:14 et qui est en train de s'en****r pour avoir le *** comme ça.
02:18 Et il ne me parle pas, en fait.
02:19 Je suis très, très mal à l'aise.
02:20 Donc le maquilleur essaie de me détendre un petit peu.
02:23 Le mec ne me calculait absolument pas.
02:24 Il était là pour faire son boulot et voilà.
02:27 Il y a une fois, je suis allée à Prague,
02:30 je n'avais absolument pas envie de tourner ce jour-là.
02:32 C'était une scène où il y avait pas mal de monde.
02:35 J'ai foutu la m****, en fait.
02:36 En gros, j'ai cassé l'ambiance totale.
02:38 J'ai fait en sorte, en fait,
02:39 à ce que les acteurs ne puissent pas être présents physiquement.
02:43 Donc j'ai été très, très chiante,
02:46 ce qui fait que tout le monde a ***.
02:47 C'est un peu pire que le tournage et je ne l'ai pas fait.
02:49 Je suis tombée une fois sur un réalisateur,
02:51 9h du matin avec sa bouteille de bière dans la main.
02:54 Donc c'est compliqué qu'un réalisateur complètement bourré
02:56 te donne des directives.
02:57 On peut se préparer de plusieurs façons.
03:01 Ça dépend de la pratique que tu fais.
03:03 Si tu dois faire de la nalle,
03:04 c'est mieux de faire un lavement avant
03:05 et de ne pas manger avant aussi.
03:06 Mais moi, en ce qui me concerne, je mange avant.
03:08 Je mangeais des gros pots de KFC
03:10 avec plein de trucs, les cuisses de poule à manger.
03:13 Et les gens, ils hallucinent.
03:15 Ils me disent "mais encore, tu arrives à le contrôler ?"
03:16 Préparer un tournage, il faut savoir avec qui tu tournes,
03:19 quelles pratiques tu vas faire.
03:20 Tu n'arrives pas sur un tournage, la fleur au fusil,
03:23 pump it up, on y va.
03:24 Il faut connaître les acteurs avec qui tu vas tourner,
03:26 les pratiques que tu vas faire, le scénario aussi, les tenues.
03:29 Il y a plein de choses à préparer en amont.
03:31 Il n'y a pas de costumière, c'est le ***, il n'y a pas d'argent.
03:33 Moi, à mon époque, on était archi mal payés
03:40 dans le sens où déjà, tu signes un contrat
03:42 pour les 90 ans à venir,
03:43 ton image, elle est cédée partout,
03:44 sur Internet, à la télé.
03:46 90 ans, c'est-à-dire que tu es morte.
03:48 Il y a des gens, ils vont encore se *** sur toi, il faut le savoir.
03:50 Je trouve que par rapport au contrat, on est archi mal payés.
03:53 Par rapport aussi aux conséquences, on est très mal payés.
03:56 Ce n'est pas l'eldorado non plus.
03:57 Après, ça dépend comment tu mènes ta carrière aussi.
03:59 Donc moi, ce que je vous conseille à toutes et à tous,
04:02 les limeuses, etc.
04:04 Allez dans un centre des impôts et renseignez-vous,
04:06 parce que le contrôle, vous allez l'avoir un jour ou l'autre.
04:08 Évidemment qu'on peut dire non si la base, c'est le consentement.
04:12 Maintenant, moi, ce que je conseille, c'est de faire tout par écrit.
04:16 Si on vous appelle pour un tournage,
04:18 vous passez par e-mail, par écrit, par n'importe quel billet.
04:21 Vous mettez toutes les pratiques que vous voulez faire
04:24 et toutes les pratiques que vous ne voulez pas faire.
04:25 Le jour du tournage, certains peuvent faire en sorte
04:29 de vous retourner un petit peu le cerveau,
04:30 de vous pousser dans une direction où vous ne vouliez pas aller.
04:33 Et le problème, c'est que vous allez vous retrouver toute seule ou tout seul
04:36 dans ce tournage et avec la pression,
04:39 ah bah tiens, on te retourne le cerveau et tu dis oui malheureusement.
04:42 Sauf qu'à la base, ton consentement, il n'est absolument pas respecté.
04:44 Donc, passez toujours par écrit.
04:47 Je ne regarde pas du tout ce que je fais.
04:49 Je ne supporte pas me regarder.
04:52 J'ai juste envie, c'est de me baffer.
04:53 Après, j'aime bien me regarder au niveau de la comédie.
04:55 J'apprends à prendre plaisir, à faire de la comédie,
04:58 chose qui n'était pas du tout le cas avant.
05:00 Une fois de plus, mon mari me pousse et me donne confiance en moi sur ce terrain-là.
05:04 C'est quelque chose que je travaille, que j'aime bien travailler.
05:06 Quand j'étais aux États-Unis, j'avais travaillé pour Kink,
05:10 qui est une production que j'adore, où on fait beaucoup d'extrêmes.
05:14 Alors moi, je suis arrivée, ouais, super performeuse et tout, etc.
05:18 Que tchi, j'ai poussé mes limites beaucoup trop loin.
05:21 Je me suis dit, allez, il faut y aller, il faut y aller,
05:23 tu n'as pas le temps, marche ou crève, quoi, tu vois, en gros.
05:25 Et je n'ai pas respecté mes limites.
05:27 Les acteurs, le réal, tout le monde était super cool,
05:30 mais c'est plus moi dans ma tête où je me suis dit, il faut que j'aille plus loin.
05:33 Sauf que non.
05:34 À la base, tu avais tes limites et tu es allé au-delà de tes limites sur le tournage.
05:38 Ce qui fait qu'à la fin du tournage, j'ai pleuré,
05:40 pas parce qu'on m'a fait du mal ou autre,
05:41 mais parce que je me suis dit, meuf, tu ne t'es pas respectée.
05:44 Tu n'as pas respecté tes limites et je m'en suis voulue,
05:47 mais uniquement à moi-même.
05:48 Tout le monde autour était safe.
05:49 Après, il faut savoir que Kink est une production ultra sérieuse.
05:52 C'est-à-dire qu'on te donne un papier que tu dois remplir,
05:54 genre ça t'accepte, ça ne t'accepte pas, c'est signé.
05:57 Tout est fait pour que l'actrice, on respecte son consentement et voilà.
06:02 À partir de 18 ans, parce que c'est la loi,
06:06 mais je dirais surtout, parce qu'il y a plein d'adultes qui ne devraient même pas en regarder
06:10 parce que ça leur remonte tellement le cerveau qu'ils n'arrivent même plus à dissocier les choses.
06:13 Je pense que c'est quand tu as acquis une certaine maturité,
06:16 que tu arrives à prendre du recul sur ce que tu vois.
06:19 Ce n'est pas parce qu'il y a une actrice dans ces scènes,
06:22 qui dit "Ah ouais, je suis une grosse p****, j'adore quand tu me fais ça",
06:25 que forcément c'est réel.
06:27 C'est un film, il y a une mise en scène.
06:29 Nous, on nous demande de dire dans la scène,
06:31 "Oui, alors n'oublie pas de dire que tu es une grosse p****,
06:33 ouais, ouais, t'inquiète, je vais...
06:34 Ah ouais, je suis une grosse p****, j'adore ce que je fais."
06:37 Tu vois, c'est une mise en scène, c'est du cinéma.
06:40 J'étais invitée à la projection de John Byrouth,
06:44 qui est un réalisateur p****, et je n'avais rien à me mettre.
06:46 Je me suis dit "Maman, tu n'as pas une robe à me prêter
06:48 parce que je suis invitée à une soirée John Byrouth et tout."
06:50 Et en fait, elle a tapé John Byrouth sur Internet,
06:54 et là, elle a juste pété les plombs.
06:55 Donc je lui ai dit "Ouais, ouais, t'inquiète, j'ai arrêté, j'en fais plus,
06:58 sauf que je me retrouve aux États-Unis",
06:59 je l'appelle avec un numéro de Las Vegas à l'époque.
07:02 Elle a compris que j'étais aux États-Unis,
07:05 et elle a compris que je continuais.
07:07 Donc là, je lui ai dit "Écoute, je suis aux États-Unis,
07:08 tu ne peux rien me faire, ouais, je continue, m****."
07:10 Moi, j'ai très peu d'amis,
07:14 ça se compte sur la moitié d'une main par choix.
07:16 Maintenant, le peu de personnes que je côtoie au quotidien,
07:21 ils sont au courant.
07:22 S'ils ne le sont pas, je vais leur dire.
07:23 Si la personne commence à me parler de l'industrie,
07:26 des coulisses et tout, ça dégage.
07:28 Après, si c'est des personnes qui s'en foutent totalement,
07:31 qui ne parlent pas au personnage,
07:32 mais à la personne que je suis au quotidien,
07:34 oui, je les garde près de moi, c'est clair.
07:37 Je suis mariée avec un caméraman qui est dans cette industrie.
07:43 On est ensemble, on est mariés, on est parents.
07:47 Enfin voilà, tout se passe très bien.
07:48 Il le vit très bien, il regarde mes vidéos, il est content.
07:52 Je regarde son historique, Nikita, Nikita, Nikita, Nikita.
07:55 Et des fois, quand je mets Adriana Chichic, je pète les plombs,
07:57 mais c'est que moi.
07:58 Il ne faut pas oublier que je suis une femme
08:01 et je suis aussi devenue maman.
08:02 C'est un grand chamboulement quand on devient maman.
08:05 Il faut savoir se retrouver avec soi-même.
08:08 Les gens pensent souvent qu'une actrice ***
08:10 dans sa vie privée, elle passe son temps à ***
08:12 et elle fait le ménage en porte-jartel.
08:13 Alors pas du tout.
08:14 En ce qui me concerne, je n'ai pas la même ***
08:17 que j'ai sur mes films.
08:18 Ça ne m'intéresse pas d'avoir la même ***.
08:20 Et je vais même encore plus sacraliser le rapport ***
08:24 du fait de travailler dans un ***.
08:25 C'est simplement que mon mari, on a beaucoup parlé de ça.
08:30 Il connaît mes craintes, mes angoisses.
08:32 Il le dit si bien.
08:33 Ce qu'il a besoin d'un enfant, c'est de l'amour
08:34 et d'un rempart et d'un cadre et d'une protection
08:38 et d'être accompagnée pour se lancer dans sa vie.
08:40 Donc bon, là, à un moment donné,
08:42 moi j'ai mes hormones de femme qui commencent à me travailler.
08:45 Je fais "Allez, vas-y, on le fait".
08:48 Et puis, ce n'était pas une décision de prise à la légère.
08:51 Moi, j'avais vraiment besoin de réfléchir
08:53 et on a fait deux beaux bébés.
08:54 Pourquoi Rocco ou Manu Ferrara
08:59 ont une bonne image et pas les femmes ?
09:01 Je pense que les gens les considèrent
09:03 un peu comme leur père spirituel.
09:05 Mais la femme, dès qu'une femme déjà s'exprime,
09:09 elle est une *****.
09:10 Parce que oui, les femmes ont une *****.
09:12 Les femmes se ***** aussi.
09:13 C'est des *****, des *****, etc.
09:15 Donc imaginez, en plus de ça, si elle est actrice *****.
09:18 Alors là, c'est même plus une *****.
09:19 C'est une sorcière qu'on met sur le bûcher.
09:21 Il s'agirait un petit peu de changer les mentalités.
09:23 Les femmes que vous avez épousées,
09:25 vos sœurs, vos mères ont une *****.
09:28 Se *****, comme je l'ai dit.
09:30 Et à un moment donné, il faudrait peut-être les laisser respirer.
09:32 Et j'invite également les femmes à faire un peu plus preuve de sororité.
09:37 Quand moi, je vois par exemple des commentaires de femmes.
09:40 "Ouais, t'es qu'une *****, t'es sale."
09:42 Non mais il y a un moment où vous êtes des femmes quand même.
09:45 Un petit peu d'intelligence, ça vous ferait pas le mal pour certaines.
09:47 Il y en a une, une fois, elle me dit "Oui, tu devrais avoir honte.
09:50 Ton enfant va avoir honte de toi."
09:52 Je clique sur son profil.
09:53 La meuf, c'est une daronne.
09:54 En fait, c'est ça que tu inculques à ton enfant.
09:56 C'est de stigmatiser, d'envoyer des messages
09:59 à une personne que tu connais même pas
10:01 pour lui dire "Eh nia nia nia, c'est pas bien.
10:03 Mais oh, t'as quel âge."
10:04 Faut pas s'étonner que les enfants harcèlent.
10:05 Quand nous, en tant qu'adultes,
10:07 on passe notre temps à faire que de la *****.
10:09 Parce qu'il faut pas oublier que les enfants nous regardent.
10:11 On a une influence sur eux.
10:13 Moi, quand je vois par exemple sur les réseaux sociaux,
10:15 tout le monde est en train de se juger.
10:16 Tout le monde est en train de dire "Eh nia nia nia, t'as vu elle ?
10:18 Ah bah elle, elle a un gros *****.
10:19 Bah lui, c'est un roux et machin."
10:21 Ce qu'on transmet aux enfants, c'est le stigma et le rejet.
10:24 Donc il faut pas s'étonner qu'un enfant harcèle lui à son tour
10:28 et trouve ça en fait normal.
10:29 Par exemple, Mila.
10:30 Mila qui a été harcelée, menacée de mort, etc.
10:33 et qu'on voit sur un plateau télé.
10:34 "Ah bah oui, mais enfin quand même,
10:36 elle a provoqué en disant ça."
10:37 Mais vous êtes des oufs ou quoi ?
10:38 Il y a juste la liberté d'expression dans ce pays
10:40 et on est en train de légitimer le harcèlement.
10:43 Pour moi, c'est devenu tellement banal
10:44 qu'on en arrive à ce genre de drame.
10:46 Nous, je pense, en tant que parents et adultes,
10:48 on devrait se remettre un petit peu en question
10:50 et pas s'étonner de tout ce qui se passe
10:52 dans la société à l'heure actuelle.
10:53 Je suis remontée comme une pendule.
10:54 Est-ce qu'on me reconnaît dans la rue ?
10:59 Oui.
11:00 Après, les gens sont beaucoup plus respectueux
11:03 et font attention en fait.
11:05 Avant que je prenne la parole dans les médias,
11:06 il y a quelques années, c'était beaucoup d'insultes.
11:09 Et à partir du moment où j'ai tapé du poing sur la table
11:11 en disant "non mais ça suffit, vos harcèlements,
11:14 vos menaces, vos insultes, etc."
11:16 et qu'il s'en est suivi tout ça,
11:19 les gens sont respectueux,
11:20 ils viennent pas forcément me voir
11:22 parce qu'il y a des moments où je suis en famille,
11:23 donc ils se disent "bon bah, t'as pas envie, tu vois."
11:26 Puis ça reste délicat aussi.
11:28 Je suis très bienveillant.
11:29 Merci les gens.
11:29 Un psy, ouais.
11:32 Quand j'ai été harcelée,
11:35 ça a eu un ***** d'impact psychologique sur moi.
11:39 Donc j'ai été aidée là-dessus.
11:41 Après oui, moi je vois un psy.
11:42 Enfin j'ai mon psy,
11:43 mais mon psy c'est ma meilleure copine.
11:45 Je lui raconte toute ma vie,
11:47 tout ce qu'on évoque,
11:48 j'évoque même pas le *****.
11:50 Il y a beaucoup de retours positifs,
11:52 mais pas forcément par rapport à mes scènes
11:54 ou à mon travail en tant que tel,
11:56 c'est plus par rapport aux prises de parole.
11:58 C'est simplement que les gens se disent
12:00 "bah c'est bien, continue, il faut se battre."
12:03 C'est plus pour ça, il y a beaucoup d'encouragement.
12:05 On se reconvertit tout simplement,
12:09 mais on peut avoir des difficultés à se reconvertir.
12:12 Moi en 2016, j'arrête le porn
12:16 et j'ai fait un petit peu de porn.
12:18 Et je me reconvertis dans le médico-social.
12:21 Le médico-social c'est payer une misère,
12:24 mais c'est je crois le plus beau métier
12:26 et le métier qui me fait le plus vibrer,
12:28 c'est le médico-social, AES.
12:31 AES c'est l'accompagnement éducatif et social.
12:33 Et donc du coup je rentre en centre de formation.
12:35 Je paye ma formation toute seule comme une grande,
12:37 sauf qu'au bout d'un mois, je vois les regards.
12:39 Et donc du coup je vais voir mon chef de pôle.
12:40 Je dis à mon chef de pôle "bon faut que je vous le dise,
12:43 j'ai fait du *****,
12:45 je pense que tout le monde m'a reconnu.
12:47 Je préfère vous le dire moi-même avant que..."
12:49 Et là je suis tombée sur The Pervert,
12:51 mais ça a été super violent.
12:53 Où il m'a prise devant toute la classe,
12:57 mais j'ai été humiliée,
12:58 mais d'une puissance phénoménale,
13:00 en me questionnant sur ma probité morale
13:02 à travailler dans le médico-social.
13:04 A dire que lui il avait travaillé avec des femmes
13:07 qui avaient fait des infanticides,
13:09 qu'il a sorti de la rue,
13:11 qui ont été prostituées, qui avaient la gale.
13:14 Mais que moi, mon cas, il ne pouvait pas me sauver.
13:17 Alors c'est souvent le discours des abolitionnistes,
13:19 les actrices ***** ont besoin d'être sauvées.
13:21 Moi j'ai juste besoin de faire ma formation,
13:22 l'esquipement je m'en fous.
13:23 Donc ça allait très très très très loin.
13:25 J'ai fait comprendre à la direction,
13:27 parce qu'en amont moi j'étais en train de gérer le dossier,
13:29 je leur ai fait comprendre que c'est simple,
13:30 c'est s'ils me viraient, déjà ils étaient dans l'illégalité
13:32 parce que c'est de la discrimination,
13:34 et que s'ils faisaient ce genre de choses,
13:36 j'allais les attaquer en justice,
13:37 avocat, article de prêt, j'allais foutre un énorme bordel.
13:40 Alors si on partait en procès et je gagnais,
13:42 je me fisais de l'argent, mais moi ça ne m'intéressait pas,
13:44 je voulais juste avoir ma formation.
13:45 Et donc de là, revirement de situation,
13:47 "Ah bah non, on vous garde, il n'y a pas de problème."
13:50 Alors par contre on met ça sous silence,
13:52 vous arrêtez ce que vous avez déclenché.
13:53 Bah oui, du coup j'ai été diplômée officiellement à ES.
13:56 Il y avait un résident qui était polyhandicapé,
14:05 en situation de polyhandicap,
14:08 et il pouvait rentrer en grosse crise.
14:13 Et moi j'arrivais en fait avec toute ma connerie,
14:20 je sais pas, j'arrivais à le faire rire en fait.
14:22 Et quand je voyais...
14:23 Pardon !
14:26 Et quand j'arrivais, il avait le smile,
14:30 et quand t'arrives à détendre une crise,
14:34 c'est super positif,
14:37 et puis t'accompagnes le résident dans sa vie,
14:40 et voilà, et tu participes à ça,
14:42 et c'est comme je dis, pour moi c'est "the métier",
14:45 c'est le plus beau métier du monde.
14:46 Après celui de maman, c'est le plus beau métier du monde.
14:48 Je suis trop dans le social,
14:50 moi je donne tout aux gens.
14:52 Je suis prête à me "sacrifier" pour les gens.
14:56 Je m'occupe des fleurs, je peux en pleurer.
14:59 Maman elle a un cœur d'artichaut.
15:05 Mes enfants connaissent leur maman,
15:07 et ils vont pas découvrir leur maman dans 10 ans.
15:09 Donc petit à petit,
15:11 je vais employer un langage adapté à leur âge,
15:13 et je vais surtout les éduquer à une ouverture d'esprit,
15:17 à pas juger l'autre, que ce soit moi ou d'autres.
15:20 Et puis je verrai sur le moment venu au final.
15:22 Maintenant, mon mari est là aussi,
15:25 pour les accompagner, alors forcément,
15:27 mes enfants à un moment donné seront en rébellion,
15:29 "Bah moi t'as fait ça, c'est pas bien !"
15:31 Et puis à un moment donné, peut-être qu'ils se diront aussi,
15:34 "C'est ma mère, et ma mère je l'aime."
15:36 Enfin fuck off en final.
15:37 Je pense qu'ils auront compris ce vers quoi je vais les inculquer,
15:41 c'est-à-dire l'ouverture d'esprit, et tu juges pas l'autre.
15:43 Maintenant, s'ils comprennent pas ça,
15:44 je pense qu'ils auraient peut-être un petit peu échoué.
15:46 Je mise sur leur intelligence.
15:49 C'est mon psy qui va être content.
15:53 Moi je fais très dur envers moi-même.
15:55 Je peux ne pas avoir confiance en moi,
15:57 mais ça c'est plus mon parcours de vie hors porn qui veut ça.
16:01 Maintenant, justement par rapport à mon parcours de vie,
16:05 finalement je suis très fière de moi par rapport à mon parcours de vie,
16:07 où j'en ai chié, je me suis fait toute seule,
16:09 et je suis surtout très fière de la mère que je suis,
16:12 et de l'éducation que je donne à mes enfants,
16:14 donc ouais non je suis fière de moi.
16:15 [Musique]
16:17 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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