La dystopie d'Alex Garland, qui met aux prises deux Amériques qui s'affrontent pour reprendre le contrôle des États-Unis dans un futur très contemporain, semblerait ne pas être totalement à la hauteur de ses promesses politiques, mais n'en reste pas moins un film extrêmement spectaculaire, où la tension est constante.
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00:00 C'était un film que j'attendais avec beaucoup d'impatience
00:02 parce que j'aime les dystopies et qu'une histoire de guerre civile aux Etats-Unis,
00:05 sur le papier, ça me passionne.
00:07 C'est Civil War d'Alex Garland.
00:09 Alors Civil War, comme son titre l'indique,
00:24 raconte une guerre de sécession, une guerre civile.
00:27 Alors elle est contemporaine, on ne sait pas si c'est dans 2, 3, 5 ans, 10 ans.
00:31 En tout cas, c'est extrêmement réaliste.
00:33 C'est le parti pris, choisi par Alex Garland.
00:35 Alex Garland, auteur anglais, romancier, cinéaste, scénariste.
00:40 Le film ne se révèle pas tout à fait à la hauteur de sa promesse
00:43 parce que c'est vrai que quand on parle de guerre civile aux Etats-Unis,
00:46 on a l'impression qu'on va voir un grand film politique
00:48 qui va nous parler de l'état de l'Amérique aujourd'hui.
00:51 Enfin, toutes les divisions, tout ce qui fait qu'on parle sans arrêt de plusieurs Amériques
00:55 qui ont du mal à cohabiter, qui ont du mal à voter, qui ont du mal à s'entendre.
00:59 Alors là, le film d'Alex Garland plonge directement dans une guerre civile.
01:04 On démarre à New York.
01:05 L'idée, c'est d'aller vers Washington D.C. à la Maison Blanche.
01:08 Il y a un président peut-être un peu inspiré de Trump, peut-être pas tant que ça,
01:12 qui fait bombarder ses citoyens, qui fait flinguer les journalistes à vue.
01:16 Et justement, les héros du film, les protagonistes sont des journalistes
01:20 et essentiellement une photographe de guerre qui est jouée par Kirsten Dunst.
01:24 Marie a très bien résumé le film et dans ce résumé,
01:27 on voit où peut être un peu le problème de Civil War.
01:30 La dimension film de guerre est très réussie.
01:32 Il y a des scènes extrêmement spectaculaires de combat.
01:35 Alex Garland filme très bien ses combats.
01:37 Il est aussi excellent pour faire monter la tension.
01:39 Ça, on le savait grâce à ses scénarios ou à ses films de science-fiction,
01:43 notamment un qui est vraiment très bien, qui est sur Netflix, qui s'appelle Annihilation.
01:46 Il est très fort pour ça.
01:47 Il y a une scène absolument extraordinaire où les photographes de guerre se retrouvent
01:52 mis en joue par un patriote de quel bord ? On ne sait pas trop,
01:56 mais en tout cas un patriote qui fait bien comprendre qu'il l'est.
01:58 La scène est saisissante.
01:59 Il y a une tension extrême pendant toute cette séquence qui est vraiment remarquable.
02:02 Le problème, c'est qu'en dehors de cette dimension spectaculaire de film de guerre,
02:11 le film est vraiment très léger, je suis gentil, sur le plan politique.
02:15 C'est-à-dire que le film est très, très flou.
02:17 On ne sait pas trop, évidemment, d'où vient cette guerre.
02:20 On ne sait pas trop qui est le méchant, qui est le gentil dans l'histoire.
02:22 À la limite, pourquoi pas ?
02:24 Là, tout est mélangé.
02:26 On a l'impression que le président, évidemment, il a fait bombarder son peuple.
02:30 Mais enfin, les soldats qui essaient de le renverser n'ont pas l'air beaucoup plus sympathiques.
02:35 Donc voilà, il y a quand même un flou politique et idéologique,
02:38 je trouve, un petit peu dommageable.
02:39 En fait, c'est un film qui joue vraiment sur la peur, sur la tension, comme le disait Samuel.
02:43 Et là, je dois dire que dans son évitement de la question politique, idéologique,
02:50 dans le film, il réussit quelque chose.
02:52 C'est-à-dire qu'on ne sait jamais qui tire sur qui, ni pourquoi.
02:56 Et finalement, est-ce que ce n'est pas ça, la terreur pure et simple d'une guerre civile ?
03:00 Il y a vraiment des séquences extrêmement dérangeantes
03:03 et des séquences où on a vraiment la trouille.
03:06 Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'Alex Garland, c'est un scénariste à la base,
03:19 c'est plutôt un très bon scénariste.
03:20 Or là, c'est le scénario qui pêche beaucoup.
03:22 Il y a une des séquences de guérilla assez impressionnante,
03:24 un peu le baptême du feu pour la jeune reporter qui incarne Kyle Hispanié,
03:28 où là, elle a bien mis son gilet pare-balles, son casque, etc.
03:31 Et c'est juste, on va dire, c'est une petite embuscade entre une poignée de soldats d'un côté
03:37 et une poignée de militians de l'autre.
03:38 Et puis, il y a la grande scène finale.
03:39 Alors là, c'est Washington à feu et à sang.
03:41 C'est la bataille de Stalingrad, ça défouraille de tous les côtés.
03:44 Il y a des chars, des canons, etc.
03:46 Et là, plus de casque, plus de gilet pare-balles, ils se promènent comme ça.
03:48 Voilà, il y a deux ou trois séquences quand même un petit peu étranges.
03:52 C'est presque à la limite du faux raccord qui font qu'il y a quand même un petit peu d'abus.
03:55 Il y a eu beaucoup de moyens pour faire ce film.
03:57 Il aurait peut-être fallu parfois qu'une script soit un petit peu plus attentif sur certains détails.
04:01 Oui, sans parler du fait qu'elle fait ses photos, la petite jeune,
04:05 en argentique et en noir et blanc, parce que c'est tellement plus romantique.
04:08 Bon voilà, il y a deux, trois trucs quand même.
04:10 On se dit de temps en temps, les gars, vous charriez un petit peu.
04:12 Mais en même temps, un film qui réaffirme l'importance du journalisme,
04:17 et du journalisme à l'ancienne.
04:18 Il y a quand même une haute idée de ce que c'est que l'information dans une démocratie.
04:22 Et je crois que ce n'est pas du luxe de rappeler ça aux États-Unis aujourd'hui.
04:26 Civil War, ça aurait pu être bien.
04:29 C'est plutôt bof.
04:30 Civil War, allez, c'est bien.
04:32 [Musique]