Le pouvoir des histoires

  • il y a 5 mois
L’être humain a développé sa capacité à raconter des histoires pour survivre puis se développer. Maintenant que l’on peut tout rêver et raconter, que garder, comment se le transmettre, quelles histoires raconter aux enfants pour qu’elles et ils imaginent le monde de demain ?Par Nathalie Sejean, fabriqueuse d'histoires
Nathalie Sejean est une artiste franco-libanaise basée à Lille. Son travail consiste à fabriquer des histoires sur une variété de médias (films, livres, œuvres visuelles, perturbations invisuelles, podcasts de fiction, pièce de théâtre, animation interactive) afin de déclencher la participation active des spectateur-ices, lecteur-ices et auditeur-ices lors de la découverte de ces histoires.  

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00:00:00 Je vous souhaite une bonne soirée.
00:00:03 Je vous souhaite une bonne soirée.
00:00:06 Je vous souhaite une bonne soirée.
00:00:09 Je vous souhaite une bonne soirée.
00:00:12 Je vous souhaite une bonne soirée.
00:00:15 Je vous souhaite une bonne soirée.
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00:04:12 Bonjour. Bonjour à tous.
00:04:15 Merci d'être là pour cette deuxième journée du colloque.
00:04:21 Je donne quelques tout petits rappels,
00:04:24 et après, on commence direct.
00:04:26 Pour ceux qui n'étaient pas là hier,
00:04:28 c'est un colloque international.
00:04:30 Donc, on peut entendre de l'anglais et du français.
00:04:33 Tout est traduit en direct.
00:04:35 Il y a des casques à la sortie de la salle
00:04:38 pour ceux qui voudraient avoir une traduction simultanée.
00:04:42 Petit détail aussi, c'est pas très sexy de le dire comme ça,
00:04:45 mais il y a le Wi-Fi.
00:04:47 Le code Wi-Fi est affiché sur les paperboards à l'entrée.
00:04:50 Mais si besoin, je peux vous le donner aussi ici.
00:04:53 Donc, le Wi-Fi, c'est "Faire grandir les enfants",
00:04:56 et le mot de passe, c'est FGE en majuscule,
00:04:59 "@2024".
00:05:01 Voilà.
00:05:03 Pendant... Enfin, voilà, on va accueillir Nathalie Séjean,
00:05:06 qui va faire la conférence d'ouverture.
00:05:09 Une petite chose par rapport à son exposé,
00:05:12 il va y avoir un moment où il y aura un exercice.
00:05:14 Pour ça, il y a des papiers et des silos qui étaient à l'entrée.
00:05:17 Alors, pas de panique pour ceux qui n'en auraient pas pris.
00:05:19 Pas besoin de repartir.
00:05:21 Il y aura des personnes dans la salle qui pourront, au moment venu,
00:05:23 vous manifester et on pourra vous en donner.
00:05:25 Ah, non, on me fait signe qu'il n'y en a plus.
00:05:28 Il y en a deux.
00:05:30 Alors, pour les deux personnes, s'il n'y a que deux personnes
00:05:32 qui n'ont pas de papier, voilà, vous les réclamez.
00:05:35 Et sinon, on trouvera des façons de faire l'exercice autrement.
00:05:39 Je vous laisse entre les mains de Nathalie Séjean
00:05:43 pour le pouvoir des histoires.
00:05:46 (Applaudissements)
00:05:49 Merci.
00:05:51 (Applaudissements)
00:05:54 Pour les personnes qui sont stressées à l'idée de faire un exercice,
00:06:02 je précise tout de suite que ce n'est pas un exercice
00:06:05 où il y a des bonnes ou des mauvaises réponses.
00:06:07 C'est plus que vous allez être invitées à participer.
00:06:09 Et ce n'est pas tout de suite.
00:06:11 Je vais avoir le temps de parler un petit peu avant.
00:06:14 Donc, bonjour.
00:06:16 Je m'appelle Nathalie Séjean.
00:06:19 Je suis née à Reims.
00:06:21 Je vis à Lille depuis sept ans.
00:06:24 Mais ce que j'aimerais, depuis un petit moment maintenant,
00:06:28 c'est de partir vivre près de la mer.
00:06:31 En Bretagne.
00:06:33 L'histoire ne dit pas encore si je vais y arriver.
00:06:36 Je possède deux nationalités.
00:06:39 Je possède donc un accès privilégié à deux cultures.
00:06:43 La culture française et la culture libanaise.
00:06:47 J'ai vécu aux Etats-Unis, en Turquie et en Espagne.
00:06:53 J'ai donc une petite expérience de terrain de ces trois cultures.
00:06:58 Je suis la quatrième d'une freuterie de cinq enfants,
00:07:04 parce que j'ai des frères et des sœurs.
00:07:08 J'ai 40 ans et 11 mois.
00:07:12 Et mon métier, c'est de fabriquer des histoires.
00:07:17 Quand je dis que je fabrique des histoires,
00:07:21 les gens entendent, en général, que je raconte des histoires.
00:07:26 Et parfois même que j'écris des contes pour les enfants.
00:07:31 C'est très précis.
00:07:33 Parce que dans l'imaginaire collectif,
00:07:36 lorsqu'une personne adulte invente le nom de son métier,
00:07:40 elle est un peu farfelue.
00:07:42 Et si cette personne est une femme,
00:07:45 en général, on imagine qu'elle travaille avec des enfants.
00:07:50 Alors, effectivement, j'ai inventé le nom de mon métier,
00:07:55 et effectivement, je suis une femme,
00:07:58 mais je n'écris pas de contes pour les enfants.
00:08:01 Je fabrique des histoires.
00:08:04 Raconter des histoires, c'est répéter une histoire qui a été fabriquée.
00:08:11 Fabriquer une histoire, c'est créer quelque chose qui n'existait pas avant.
00:08:18 Mon métier consiste à prendre des choses
00:08:22 qui sont à l'extérieur de moi,
00:08:25 et des choses qui sont à l'intérieur de moi,
00:08:28 et à les décortiquer, à les associer,
00:08:31 et à les transformer pour leur donner un sens,
00:08:35 une forme et des émotions.
00:08:38 J'associe cette combinaison avec un support,
00:08:41 qui peut être un film, un livre, un podcast,
00:08:45 une oeuvre, une conférence,
00:08:47 et qui va permettre à l'histoire d'exister en dehors de moi,
00:08:51 et d'être partagée à d'autres.
00:08:54 Ce moment-là que nous partageons ensemble,
00:08:57 c'est une histoire que j'ai fabriquée
00:09:00 pour vous parler du pouvoir des histoires.
00:09:03 Mon support, c'est l'air,
00:09:06 et la technique, c'est l'oralité en présentiel,
00:09:09 avec une petite pincée de slides.
00:09:12 On appelle ça aussi une conférence.
00:09:19 Comme toutes les histoires,
00:09:21 cette histoire se compose de trois éléments.
00:09:24 Ce que j'ai décidé de vous raconter,
00:09:27 le contenu,
00:09:30 la façon dont j'ai décidé de vous raconter cette histoire,
00:09:34 le style,
00:09:37 et tout ce que je ne vous raconte pas,
00:09:40 l'espace vide.
00:09:43 Parce qu'une histoire, c'est ce que l'on nomme,
00:09:46 mais c'est aussi tout ce que l'on ne raconte pas.
00:09:49 Par choix, ou par oubli,
00:09:52 par manque de connaissance, ou de temps,
00:09:55 ou par maladresse.
00:09:58 Que la création soit faite consciemment ou inconsciemment,
00:10:01 ces espaces vides racontent eux aussi des histoires,
00:10:04 sous la forme de sous-entendus et de non-dits.
00:10:07 Je vais vous donner un exemple d'espace vide dans une histoire.
00:10:13 Il y a un peu plus d'un an,
00:10:16 j'écrivais une pièce de théâtre avec l'autrice et metteuse en scène Elise Mérien.
00:10:19 Nous étions en voiture,
00:10:22 et on parlait des thèmes de la pièce,
00:10:25 à savoir de l'univers et de la place de l'être humain
00:10:28 dans cette grande équation évolutive.
00:10:31 Et à l'arrière de la voiture se trouvait Yaël,
00:10:34 la fille d'Elise qui venait d'avoir huit ans.
00:10:37 Et Yaël nous interrompt pour nous apprendre quelque chose.
00:10:40 Elle nous dit "Vous savez, moi,
00:10:43 je sais qui était le premier être humain sur Terre".
00:10:46 Alors avec Elise, on est curieuse,
00:10:49 parce que nous, on ne savait pas qui était le premier être humain sur Terre,
00:10:52 et maintenant je sais,
00:10:55 et j'espère vous offrir le premier scoop de votre journée.
00:10:58 Le premier être humain sur Terre était...
00:11:01 un homme.
00:11:04 Tout simplement. Mais aussi, pour citer Yaël,
00:11:07 c'est logique, parce qu'à l'école,
00:11:10 quand on lui montre des images de l'évolution,
00:11:13 c'est toujours un homme qu'on voit en premier,
00:11:16 puis en deuxième, puis en troisième.
00:11:19 Alors c'est sûr que le premier humain,
00:11:22 c'est un homme.
00:11:25 Moi, j'ai tout de suite su de quelle image Yaël parlait,
00:11:28 cette illustration qu'on voit partout,
00:11:31 tout le temps.
00:11:34 Mais ni Elise, ni moi n'avions vu
00:11:37 cette autre histoire dans les espaces vides,
00:11:40 que Yaël avait immédiatement identifié.
00:11:43 Il n'y a jamais de femme sur ce dessin.
00:11:46 Sous-entendu, le premier être humain sur Terre
00:11:49 était un homme.
00:11:52 Cette représentation de notre évolution
00:11:55 est apparue pour la première fois en 1965,
00:11:58 dans un livre de vulgarisation scientifique destiné aux jeunes.
00:12:01 Elle était à l'époque accompagnée d'un texte,
00:12:04 et à eux deux, ils formaient une histoire.
00:12:07 Avec le temps, elle a été désolidarisée du texte,
00:12:10 reprise des dizaines de fois,
00:12:13 et elle est devenue un raccourci pour évoquer
00:12:16 l'idée que nous évoluons.
00:12:19 Bien qu'elle contienne plusieurs erreurs scientifiques,
00:12:22 elle circule sans discontinuer depuis six décennies,
00:12:25 et elle est gravée dans l'esprit de millions de personnes.
00:12:28 Ce qui m'amène à vous partager un premier point.
00:12:31 Une histoire est plus puissante qu'un fait.
00:12:34 Il y a une quinzaine d'années,
00:12:37 des chercheuses et des chercheurs états-uniens
00:12:40 ont voulu comprendre pourquoi nous sommes si perméables aux histoires.
00:12:43 Pourquoi vous retiendrez mieux
00:12:46 un fait scientifique présenté dans une histoire
00:12:49 qu'un fait scientifique tout court ?
00:12:52 Et pourquoi vous ne vous en rendez pas compte ?
00:12:55 Parce que vous ne savez pas comment vous pouvez
00:12:58 vous rendre plus puissant dans une histoire
00:13:01 qu'un fait scientifique tout court.
00:13:04 Et ce qui a été révélé,
00:13:07 c'est que lorsque vous découvrez une histoire,
00:13:10 votre cerveau se synchronise avec la personne
00:13:13 qui la raconte.
00:13:16 En anglais, on utilise le terme de "neural coupling".
00:13:19 J'ai échoué à trouver une traduction française,
00:13:22 mais je vais vous donner un passage neuronal.
00:13:25 Les histoires ont le pouvoir
00:13:28 de polliniser nos imaginaires
00:13:31 de façon profonde et durable.
00:13:34 C'est le seul contenant
00:13:37 dans lequel vous pouvez combiner des faits,
00:13:40 des savoirs,
00:13:43 des idées et des émotions.
00:13:46 J'essaye de me faire comprendre
00:13:49 en vous racontant une histoire
00:13:52 et vous essayez de me comprendre
00:13:55 en écoutant mon histoire.
00:13:58 Ce faisant, nos cerveaux se synchronisent,
00:14:01 rendant l'impact de ce qui est partagé
00:14:04 beaucoup plus puissant que si j'énonçais simplement des faits.
00:14:07 Nous utilisons les histoires
00:14:10 pour donner du sens au monde qui nous entoure
00:14:13 et pour nous comprendre entre nous.
00:14:16 Nous utilisons les histoires pour nous rappeler notre passé
00:14:19 et nous permettre d'imaginer notre futur.
00:14:22 En les écoutant, en les lisant, en les voyant,
00:14:25 on tire des conclusions,
00:14:28 on prend des décisions, on apprend.
00:14:31 Si nous sommes réunis ce matin,
00:14:34 c'est parce que nous partageons la même croyance
00:14:37 qu'il est important de développer l'intelligence,
00:14:40 la curiosité, la croissance émotionnelle des enfants.
00:14:43 Nous passons deux jours à fabriquer et à nous échanger des histoires
00:14:46 qui vont enrichir et fortifier nos croyances.
00:14:49 Ce qui m'amène à vous partager un deuxième point.
00:14:57 Tout le monde fabrique des histoires tout le temps.
00:15:00 Quand on dit « histoire », on pense spontanément
00:15:05 aux romans, aux séries, aux films.
00:15:08 Mais une histoire peut prendre toutes les formes.
00:15:11 Les histoires sont des récits,
00:15:14 des offrandes de personne à personne
00:15:17 pour transmettre des messages.
00:15:20 Tous les jours, dans votre vie personnelle et professionnelle,
00:15:23 vous fabriquez des histoires
00:15:26 pour vous raconter aux autres
00:15:29 et raconter le monde qui vous entoure.
00:15:32 Vous pouvez le faire de façon plus ou moins développée
00:15:35 et plus ou moins maîtrisée,
00:15:38 mais vous avez aussi le temps à fabriquer des petites histoires
00:15:41 avec leur contenu, leur style
00:15:44 et leurs espaces vides.
00:15:47 Le monde dans lequel nous vivons est construit
00:15:50 sur des millions d'histoires que nous faisons évoluer
00:15:53 avec nous en temps réel.
00:15:56 Autrement dit, les histoires sont l'un des outils
00:15:59 les plus puissants dont nous disposons pour donner vie
00:16:02 au monde qui nous entoure.
00:16:05 Alors aujourd'hui, je vais vous partager trois enseignements
00:16:08 qui me semblent essentiels à connaître
00:16:11 pour remarquer, apprécier et utiliser,
00:16:14 si vous le souhaitez, le pouvoir des histoires.
00:16:17 L'enseignement numéro un,
00:16:22 c'est que ça n'est pas une histoire qui transforme les gens,
00:16:25 mais un message répété à travers
00:16:28 des milliers d'histoires.
00:16:31 Pourquoi ?
00:16:34 Parce que nous avons besoin de répétition
00:16:37 pour intégrer de nouvelles informations
00:16:40 et parce qu'on ne sait jamais ce que les gens vont retenir
00:16:43 d'une histoire qu'on leur partage.
00:16:46 Ce qui veut dire que le but n'est pas de faire l'histoire parfaite
00:16:49 qui va marquer les esprits à jamais,
00:16:52 mais de conscientiser et de clarifier
00:16:55 les messages que l'on souhaite transmettre,
00:16:58 puis de les répéter inlassablement
00:17:01 dans des pays et des supports différents.
00:17:04 J'ai perdu une feuille.
00:17:11 Est-ce qu'il y a des personnes ici qui ont vu
00:17:14 "Maman, j'ai encore raté l'avion" ?
00:17:17 C'est ce film.
00:17:20 Moi, je l'ai vu à sa sortie au cinéma en 1992
00:17:23 et puis je l'ai revu pour la deuxième fois
00:17:26 il y a un mois en compagnie de deux enfants
00:17:29 de 8 et 10 ans.
00:17:32 Avant de démarrer le film, je leur ai dit
00:17:35 "Dans cette histoire, il y a une scène qui a changé ma vie".
00:17:38 Le film raconte l'histoire du jeune Kevin McAllister
00:17:43 qui se retrouve seul à New York pendant les fêtes de Noël
00:17:46 et tente de déjouer le plan de deux criminels
00:17:49 qui désirent braquer un magasin de jouets.
00:17:52 Au cours de son périple, il fait la connaissance
00:17:57 d'une femme sans abri et sauvage
00:18:00 qui nourrit des pigeons.
00:18:03 La femme aux pigeons explique à Kevin
00:18:06 qu'elle n'a pas toujours été comme ça,
00:18:09 sans abri et sauvage.
00:18:12 Avant, elle avait une maison, un mari, un travail
00:18:15 et puis un jour, il a cessé de l'aimer
00:18:18 et elle en a eu le cœur tellement brisé
00:18:21 qu'après ça, elle n'a plus osé utiliser son cœur
00:18:24 et elle s'est peu à peu retirée du monde.
00:18:27 Kevin, du haut de ses 9 ans, possède déjà
00:18:32 une certaine confiance en lui.
00:18:35 Alors il lui raconte une histoire.
00:18:38 Quand il était plus jeune, il a reçu une paire de patins
00:18:41 pour son anniversaire.
00:18:44 Et ils étaient tellement beaux qu'il ne les a portés
00:18:47 qu'une seule fois dans sa chambre, puis il les a rangés
00:18:50 pour ne pas les abîmer.
00:18:53 Il a enfin senti prêt à mettre ses patins.
00:18:56 Il avait grandi, il ne rentrait plus dedans.
00:18:59 À ce moment-là, Kevin a compris
00:19:02 qu'à trop vouloir attendre d'être prêt pour vivre,
00:19:05 on pouvait passer à côté de sa vie.
00:19:08 Moi, en 1992, j'ai 9 ans,
00:19:11 je suis dans le noir, au cinéma
00:19:14 et mon couplage neuronal est en feu.
00:19:17 L'histoire des patins de Kevin, je l'ai prise,
00:19:22 je l'ai mise dans mon cœur et pendant plus de décennies,
00:19:26 lorsque j'avais peur de vivre quelque chose par crainte
00:19:29 d'avoir mal ou d'avoir tort, je me disais
00:19:32 "Nathalie, pense aux patins de Kevin".
00:19:35 Et puis à un moment, j'ai fini par intégrer ce message
00:19:42 et je n'ai plus eu besoin d'y penser.
00:19:45 Le message faisait partie de moi.
00:19:48 Cette scène, la scène de la femme aux pigeons
00:19:51 et des patins de Kevin, dure une minute
00:19:54 sur un film qui dure 120 minutes.
00:19:57 Tim et Joseph, les deux enfants avec qui j'ai revu ce film
00:20:01 il y a un mois, ont passé les deux heures
00:20:04 à essayer de trouver la scène qui avait changé ma vie.
00:20:07 Ils ne l'ont pas trouvée, parce que ce message,
00:20:10 ce n'est pas le message dont eux ont besoin aujourd'hui.
00:20:14 Dans ma vie, il y a des milliers d'histoires
00:20:20 qui m'ont emballée sur le moment
00:20:22 et auxquelles je n'ai plus jamais repensé après,
00:20:25 dont je n'ai rien retenu et qui n'ont laissé aucune trace.
00:20:29 Et parfois, il y a un détail, une situation,
00:20:34 un dialogue dont j'avais besoin, que j'ai mis dans mon cœur
00:20:38 et qui m'a transformée.
00:20:41 On ne peut pas contrôler ce que les gens vont retenir
00:20:45 des histoires que l'on partage.
00:20:48 On a toutes et tous besoin de choses différentes
00:20:52 suivant le moment où les histoires entrent et sortent dans nos vies.
00:20:57 Le fait de ne pas pouvoir contrôler ce que les gens retiennent
00:21:02 des histoires ne diminue pas pour autant l'importance
00:21:05 ni l'impact que les histoires peuvent avoir sur nous.
00:21:09 Mais cela signifie qu'il ne suffit pas de fabriquer
00:21:12 une histoire qui marche pour que cette histoire ait du pouvoir
00:21:17 et qu'il faut répéter ses messages à travers de multiples histoires
00:21:22 et de multiples façons.
00:21:25 L'enseignement numéro deux, c'est que pour déployer son pouvoir,
00:21:32 une histoire a besoin de survivre au temps.
00:21:36 Et pour survivre au temps, elle doit être partagée
00:21:39 de façon spécifique.
00:21:42 Cette façon spécifique, c'est ce que j'appelle la circulation.
00:21:47 La circulation, c'est l'acte intentionnel de mettre une histoire en avant
00:21:54 afin de lui donner un petit avantage évolutif
00:21:58 pour reprendre l'expression de l'auteur britannique Neil Gaiman.
00:22:03 La circulation, c'est prendre le temps de faire le tri
00:22:07 de tout le contenu que l'on consomme quotidiennement
00:22:11 pour mettre en avant ce que l'on veut voir rester sur le temps long.
00:22:16 La circulation, c'est partager une histoire en lui créant un écrin,
00:22:23 c'est-à-dire en la présentant d'une manière
00:22:26 qui va donner aux autres envie d'y aller.
00:22:30 Aujourd'hui, on ne manque pas de bonnes histoires.
00:22:33 Au contraire, on en a trop à voir, trop à lire, trop à écouter.
00:22:39 On souffre d'un problème d'abondance.
00:22:42 On accumule, on absorbe, mais qu'est-ce qu'on fait de tout ça ?
00:22:48 Les histoires sont devenues des contenus de divertissement.
00:22:52 On les consomme, on les enchaîne pour se changer les idées,
00:22:55 pour passer le temps, pour se sortir d'ici et maintenant.
00:23:00 Mais à l'origine, on utilise les histoires
00:23:03 pour se transmettre des messages en activant notre imagination.
00:23:08 Faire circuler une histoire,
00:23:10 c'est transformer le trop en moins et le moins en précieux.
00:23:17 C'est partager un bout de ce qui vous semble important à votre manière
00:23:22 afin de nourrir l'imaginaire du groupe.
00:23:25 Faire circuler les histoires qui nous ont modifiés,
00:23:28 c'est aussi un muscle qui s'exerce et nécessite de conscientiser
00:23:33 et choisir quelles histoires nous voulons mettre en avant
00:23:36 et donc quelles histoires nous ne partagerons pas.
00:23:40 Parce que nous n'avons ni la place, ni le temps de tout découvrir
00:23:45 et parce que nous n'avons pas besoin de tout savoir.
00:23:49 Nous avons besoin de donner du sens et d'avoir une direction.
00:23:54 Et c'est précisément ce que les histoires nous permettent de faire.
00:23:58 Le 29 avril 2023, j'ai reçu un message de mon frère
00:24:04 qui me faisait circuler une histoire.
00:24:07 Celle de l'origine du mot anglais "tree hugger"
00:24:11 que je traduirai ici par "calineuse" ou "calineur d'arbres".
00:24:17 Aujourd'hui, on appelle "tree hugger" une personne particulièrement engagée
00:24:23 dans la défense des forêts et de l'écologie.
00:24:26 Mais il y a une histoire derrière ce choix de mots.
00:24:30 Elle commence ainsi.
00:24:33 En 1730, dans le village de Kejarli, une région désertique de l'Inde,
00:24:39 des centaines de femmes et d'hommes bichenoï ont tenté de protéger
00:24:44 les arbres kejri qui allaient être coupés pour construire un palais.
00:24:48 Les arbres kejri sont considérés sacrés par les bichenoï
00:24:53 qui placent le respect et la protection du vivant au centre de leurs croyances.
00:24:58 C'est aussi un arbre qui est d'autant plus précieux qu'il a la capacité
00:25:03 de pousser dans le désert et donc d'apporter de l'ombre
00:25:07 et d'amener de la vie dans un milieu hostile.
00:25:10 Pour empêcher que les arbres de son village ne soient coupés,
00:25:15 une femme, Amrita Devi, et ses trois filles décidèrent d'enlacer les arbres.
00:25:22 Les soldats leur coupèrent la tête et firent tomber les arbres.
00:25:27 La nouvelle se propagea dans les villages alentours
00:25:31 et des centaines de personnes arrivèrent pour protéger les arbres en les enlaçant.
00:25:36 Les soldats massacrèrent 363 bichenoï.
00:25:41 Choqués par l'engagement pacifique des bichenoï,
00:25:46 le roi rappela ses troupes et émit un décret
00:25:50 pour interdire que les arbres kejri ne soient coupés.
00:25:54 Cette histoire a voyagé jusqu'en Himalaya
00:26:00 et près de 250 ans après, en 1973,
00:26:05 des villageoises créèrent le mouvement Shipko,
00:26:09 Shipko signifiant peau de colle,
00:26:12 et elles utilisèrent la même tactique que les bichenoï,
00:26:16 enlacer les arbres pour empêcher l'exploitation commerciale de leur forêt.
00:26:21 Les Shipko obtinrent la réforme politique de déforestation en Himalaya.
00:26:27 Cette histoire a pas mal circulé sur les réseaux sociaux,
00:26:32 et vous l'avez peut-être d'ailleurs vue passer.
00:26:36 Moi, quand je l'ai lue sur mon téléphone, je l'ai trouvée super.
00:26:40 Et puis, je l'ai oubliée.
00:26:44 En octobre dernier, 5 mois après avoir reçu le message de mon frère,
00:26:50 j'ai écouté une interview avec le prix Nobel d'économie Esther Duflo,
00:26:56 qui présentait une série de livres jeunesse qu'elle a écrits
00:26:59 afin d'expliquer les enjeux de la très grande pauvreté pour les enfants
00:27:04 et de donner des clés de discussion aux parents.
00:27:08 Au cours de l'interview, elle mentionne s'être inspirée
00:27:12 de l'histoire des bichenoï pour l'un des livres.
00:27:16 Esther Duflo a décidé de faire circuler cette histoire,
00:27:21 de lui donner un petit avantage évolutif en la faisant survivre au temps
00:27:26 en répétant un message sur un support différent.
00:27:30 Ce faisant, elle a fait remonter à la surface de ma mémoire cette histoire
00:27:35 et m'a donné à nouveau la possibilité, soit de l'oublier,
00:27:40 soit de l'imprimer un peu plus en moi en la faisant circuler.
00:27:45 Ce qui n'est ni mentionné, ni utilisé, finit par cesser d'exister.
00:27:53 En vous racontant cette histoire, je participe à la maintenir en vie.
00:28:02 Peut-être qu'une personne parmi vous aura la curiosité d'aller voir
00:28:07 où en est cette histoire aujourd'hui, chez les bichenoï,
00:28:10 et si les arbres sont encore protégés ou menacés.
00:28:14 Peut-être qu'une personne parmi vous décidera de faire circuler à son tour cette histoire
00:28:19 et donc de continuer à lui donner un petit avantage évolutif.
00:28:24 Ce qui m'amène au troisième enseignement que je veux partager avec vous
00:28:28 sur le pouvoir des histoires.
00:28:30 Les histoires qui survivent au temps forment notre ADN culturel.
00:28:37 Notre ADN culturel, c'est ce patrimoine de connaissances,
00:28:42 d'informations et de croyances infusées dans des histoires dont nous héritons à notre naissance,
00:28:48 puis que nous accumulons en grandissant, dans notre famille, à l'école, au travail
00:28:55 et dans le ou les pays où nous vivons.
00:28:58 Les histoires sont l'équivalent de nos gènes.
00:29:03 Tout comme notre ADN biologique, l'ADN culturel s'adapte pour nous permettre de survivre
00:29:10 et d'évoluer vers notre future forme.
00:29:13 La différence étant que l'ADN culturel se modifie beaucoup plus rapidement
00:29:19 à l'échelle collective que l'ADN biologique.
00:29:24 Moi, ça fait 30 ans qu'on me dit que je vais perdre mon petit doigt de pied
00:29:28 ou que notre espèce va perdre son petit doigt de pied parce qu'il ne sert à rien
00:29:32 et j'attends toujours que ça arrive.
00:29:34 Je pense que ça ne va pas arriver avant que je meure et je ne sais pas si je suis déçue ou pas,
00:29:38 mais l'ADN biologique, c'est lent.
00:29:40 L'ADN culturel, c'est beaucoup plus rapide.
00:29:45 L'histoire que je viens de vous partager, ce n'est pas une histoire,
00:29:48 mais un agrégat d'histoires qui se juxtaposent via différents supports et différents styles.
00:29:56 D'abord, c'est mon frère qui m'envoie un message pour faire circuler un poste devenu viral.
00:30:02 Et c'est les Bichenois qui inspirent les Shipko.
00:30:05 Et Esther Duflo qui écrit un livre pour enfants et qui en fait la promotion sur un podcast.
00:30:11 J'ai fabriqué un agrégat de toutes ces histoires pour en faire une histoire que je vous partage aujourd'hui.
00:30:21 Il faut tout ça répéter suffisamment de fois sur le temps long
00:30:26 pour qu'une histoire devienne une partie intégrante de notre ADN culturel
00:30:31 et que notre imaginaire collectif se transforme.
00:30:35 Alors évidemment, se pose la question de notre participation active à tout ça.
00:30:43 Quelles histoires transmettre aux enfants ?
00:30:46 Comment leur transmettre ?
00:30:49 Et quels outils leur donner pour qu'elles et ils puissent imaginer la suite ?
00:30:56 Puisque nous avons le pouvoir de participer à l'évolution de notre ADN culturel
00:31:01 et donc d'influencer notre évolution collective, comment faire ?
00:31:06 Le premier outil à notre disposition est d'apprendre à maîtriser l'art de la circulation
00:31:15 et à le transmettre aux enfants.
00:31:17 Donc normalement, vous avez toutes et tous un papier et un crayon.
00:31:23 C'est le moment où vous allez pouvoir utiliser votre super pouvoir
00:31:28 qui est de donner un petit avantage évolutif à une histoire en la faisant circuler.
00:31:34 Donc, je vous invite à écrire sur ce papier une histoire qui est entrée dans votre vie
00:31:42 et qui vous a modifiée d'une façon qui vous semble importante
00:31:46 et que vous aimeriez que plus de personnes connaissent.
00:31:50 Cette histoire peut avoir toutes les formes.
00:31:52 Ça peut être un jeu, une BD, les classiques, films, podcasts, livres,
00:31:56 mais ça peut être aussi un concept, ça peut être un animal, ça peut être une plante.
00:32:01 C'est ce que vous voulez.
00:32:03 La contrainte que je vous donne, c'est qu'il faut que vous l'ayez découverte il y a plus de un mois.
00:32:08 Le but est de partager une histoire à laquelle vous vous surprenez à repenser régulièrement.
00:32:14 Et puis, je vous invite à créer un petit écran,
00:32:18 c'est-à-dire à rajouter un petit quelque chose qui va donner un contexte personnel.
00:32:22 Ça peut être comment vous avez découvert cette histoire,
00:32:25 les émotions que vous avez ressenties, ou pourquoi vous la faites circuler.
00:32:30 Cet écran, il est très important,
00:32:33 car c'est là où vous exprimez votre singularité pour la mettre au service du collectif.
00:32:39 Alors, je vais résumer.
00:32:42 Vous pouvez partager n'importe quel type d'histoire.
00:32:46 Il faut que vous l'ayez découverte il y a plus d'un mois,
00:32:48 personne ne vérifiera, c'est juste une invitation.
00:32:51 Et je vous invite à créer un écran pour expliquer pourquoi vous avez choisi cette histoire.
00:32:57 Je vais vous donner un exemple.
00:33:00 Moi, je vais vous partager le livre que j'ai le plus offert et recommandé en 2023.
00:33:07 Ça, c'est le premier livre d'une duologie
00:33:10 qui s'appelle "Histoire de moine et de robot" de l'autrice étatsunienne Becky Chambers.
00:33:16 C'est un livre qui m'a fait beaucoup de bien
00:33:18 et qui se passe dans un futur où l'être humain n'a pas mal tourné,
00:33:22 où les bonnes idées ont triomphé.
00:33:25 Becky Chambers m'a montré qu'il est possible de raconter une histoire
00:33:30 qui ne suit pas les codes de la dystopie.
00:33:33 Dans cet univers, elle nous invite à réfléchir autrement.
00:33:37 Donc, si vous êtes sensible à la philosophie,
00:33:41 au vivant,
00:33:43 et si vous n'êtes pas radicalement allergique à la science-fiction,
00:33:46 je vous invite fortement à le lire.
00:33:49 Si je devais partager sur un petit papier et que je n'avais pas beaucoup de temps,
00:33:54 je ferais quelque chose comme ça.
00:33:56 C'est juste pour vous donner une idée.
00:33:58 C'est complètement libre.
00:34:00 Je vous laisse quelques minutes pour réfléchir.
00:34:03 Je sais que vous n'avez pas beaucoup de temps et que c'est toujours difficile,
00:34:06 mais on essaye.
00:34:08 Et puis, il y aura une boîte qui va passer pour récolter vos papiers.
00:34:12 Vous pourrez les déposer dans la boîte.
00:34:14 On mettra la boîte à la sortie.
00:34:16 Et vous serez après invité à piocher une circulation faite par quelqu'un d'autre
00:34:21 et à découvrir quelque chose qui ne serait peut-être jamais rentré dans votre vie autrement.
00:34:24 [SILENCE]
00:34:46 [RIRE]
00:34:48 [SILENCE]
00:35:17 [SILENCE]
00:35:36 Ah, voilà Margot ici.
00:35:39 [SILENCE]
00:35:40 C'est vrai. Margot est ici avec la boîte.
00:35:42 Donc, si vous voulez poser vos morceaux de papier dans la boîte,
00:35:47 n'hésitez pas à le faire.
00:35:50 Sinon, je suis sûre que vous pourrez le poser à la fin de cette session de ce matin.
00:35:56 Peut-être que vous devriez plier vos morceaux de papier.
00:35:59 Ce n'est pas important.
00:36:01 Ce n'est pas important.
00:36:02 Je vais reprendre, mais vous pouvez continuer à écrire.
00:36:05 C'est vrai.
00:36:06 Je vais continuer mon présentation.
00:36:10 La raison pour laquelle j'ai voulu que vous fassiez cet exercice,
00:36:13 c'est parce que je voulais vous montrer que si nous traversons tout ce que nous consommons
00:36:21 sur une base quotidienne, il n'y a pas si nombre de histoires que nous voulons montrer,
00:36:26 pour souligner.
00:36:28 Et aussi, ce n'est pas aussi facile que ça semble de se rappeler les histoires qui nous ont changé,
00:36:32 parce que la masse d'informations que nous absorbons tous les jours
00:36:36 peut rapidement couvrir tout, même les choses qui sont importantes.
00:36:41 Donc, la circulation est une pratique active qui peut être apprise et qui nécessite de l'awareness.
00:36:48 Et je vous invite à la partager avec vos enfants.
00:36:52 Et comme vous circulez une histoire, une conversation peut commencer avec d'autres.
00:37:00 L'histoire originale devient un moyen de construire des bridges,
00:37:06 d'échanger des idées et de synchroniser nos cerveaux.
00:37:10 Les histoires que nous circulons permettent de faire émerger nos imaginations
00:37:15 et de faire de notre DNA culturel.
00:37:19 Mais aimer une histoire ne veut pas nécessairement dire que nous voulons que ça survive le test de temps.
00:37:26 Il y a une distinction à faire là-dessus.
00:37:29 Et moi, depuis que je suis en train de circuler,
00:37:32 j'ai réalisé qu'il y a eu beaucoup d'histoires qui m'ont marquée quand j'étais plus jeune,
00:37:37 mais que je ne recommanderais pas aujourd'hui,
00:37:39 parce qu'elles mettent en avant des valeurs ou des comportements
00:37:42 que je ne veux pas contribuer à garder en vie dans l'imagination collective,
00:37:47 et que je ne veux pas passer à mes enfants.
00:37:51 Ce qui me fait venir le deuxième outil que nous avons à notre disposition
00:37:55 c'est de participer à l'évolution de notre DNA culturel,
00:38:00 qui est d'updater les histoires que nous racontons.
00:38:06 J'ai dit tout à l'heure que les histoires sont plus puissantes que les faits.
00:38:12 Je dis maintenant que nous avons besoin de faits pour updater nos histoires
00:38:17 et faire de nouvelles histoires qui reflètent nos réalités.
00:38:23 Donc, nous nous demandons,
00:38:27 est-ce que je suis toujours d'accord avec les dynamiques et les comportements
00:38:31 qui sont évoqués dans cette histoire?
00:38:34 Est-ce que je suis toujours d'accord avec les espaces blancs et les in-window dans cette histoire?
00:38:41 Et sont-ces réponses toujours valides en l'ombre de ce que nous connaissons aujourd'hui
00:38:46 que nous ne connaissions pas hier?
00:38:52 Donc, nous devons nous révéler les faits.
00:38:57 Chaque jour, nous découvrons de nouvelles informations sur notre univers,
00:39:02 notre planète, les espèces qui nous entourent, mais aussi sur notre passé.
00:39:08 Cette nouvelle information modifie souvent ce que nous avions croit être la vérité.
00:39:14 Donc, nous devons nous révéler nos connaissances, ouvrir notre champ de possibilités
00:39:19 et nous permettre d'imaginer de plus en plus, de plus en plus, et de plus en plus différemment.
00:39:24 En même temps, les histoires d'aujourd'hui ne sont pas comme les histoires
00:39:29 que nous avions accès à il y a 20 ou 30 ans.
00:39:34 La façon dont les histoires sont racontées et ce qui est raconté dans les histoires
00:39:39 évolue avec nous tous les jours, organiquement.
00:39:42 Mais je crois que nous pouvons et que nous devons
00:39:47 nous révéler les faits et nous permettre d'évoluer notre DNA culturel
00:39:52 vers une autre façon de raconter des histoires et d'être dans le monde.
00:39:57 Nous devons cultiver notre capacité et l'abilité de nos enfants
00:40:02 à imaginer des futures au-delà de la dystopie.
00:40:07 Bien sûr, il est important d'imaginer comment des choses peuvent aller de la mauvaise façon,
00:40:12 mais nous vivons actuellement dans une imbalance de narratifs.
00:40:17 Nous avons une trop grande abondance de narratifs qui pointent vers des problèmes
00:40:22 et des scénarios catastrophiques. Il y a une trop grande abondance de narratifs
00:40:27 qui présentent un seul point de vue pyramidal.
00:40:32 Le temps est venu de réintroduire la diversité dans les histoires
00:40:37 que nous créons, car c'est la diversité qui nous permet d'évoluer.
00:40:42 L'updating stories est une façon d'imaginer une diversité de futures.
00:40:47 Si des millions de personnes ont amélioré leur capacité
00:40:52 à imaginer des futures diverses par 1%, cela ajoute
00:40:57 à beaucoup plus de histoires et d'idées.
00:41:02 Voici un exemple d'une histoire qui présente
00:41:07 une autre façon de penser. En 2010, un équipe de chercheurs
00:41:12 au Japon a demandé à un organisme en forêt
00:41:17 qui ne possède pas de cerveau ni un système nerveux central
00:41:22 pour l'aider à optimiser les répercussions de Tokyo.
00:41:27 L'organisme s'appelle
00:41:32 Physarum Polycephalum. En français, nous l'appelons
00:41:37 le Blob. Je ne sais pas si vous savez,
00:41:42 mais je ne sais pas comment nous avons changé
00:41:47 de Physarum Polycephalum à Blob. Je pense qu'il y a
00:41:52 quelque chose à dire sur ce changement.
00:41:57 Mais allons utiliser Blob, car c'est plus facile à dire.
00:42:02 L'idée est de trouver le plus facile
00:42:07 pour trouver de la nourriture dans un plat pâtissier.
00:42:12 L'équipe de chercheurs a demandé à un organisme
00:42:17 en forêt qui ne possède pas de cerveau ni un système nerveux central
00:42:22 pour l'aider à optimiser les répercussions de Tokyo.
00:42:27 L'équipe a demandé à un organisme en forêt qui ne possède pas
00:42:32 de cerveau ni un système nerveux central pour l'aider à trouver
00:42:37 de la nourriture dans un plat pâtissier. L'équipe a demandé à un organisme
00:42:42 en forêt qui ne possède pas de cerveau ni un système nerveux central
00:42:47 pour l'aider à optimiser les répercussions de Tokyo.
00:42:52 L'équipe a demandé à un organisme en forêt qui ne possède pas
00:42:57 de cerveau ni un système nerveux central pour l'aider à trouver
00:43:02 de la nourriture dans un plat pâtissier. L'équipe a demandé à un organisme
00:43:07 en forêt qui ne possède pas de cerveau ni un système nerveux central
00:43:12 pour l'aider à trouver de la nourriture dans un plat pâtissier.
00:43:17 L'équipe a demandé à un organisme en forêt qui ne possède pas
00:43:22 de cerveau ni un système nerveux central pour l'aider à trouver
00:43:27 de la nourriture dans un plat pâtissier.
00:43:32 Ce qui m'amène à mon dernier point, la façon dont on raconte une histoire
00:43:37 influence la façon dont les informations vont être intégrées
00:43:42 dans notre ADN culturel.
00:43:47 Choisir comment on raconte le monde, c'est choisir l'ADN culturel
00:43:52 que l'on veut construire.
00:43:57 Il y a trois années maintenant que l'on nous répète que l'on vit dans une guerre
00:44:02 de l'attention, que la manière la plus efficace pour nous faire réagir
00:44:07 c'est de nous mettre en colère ou de nous faire rire.
00:44:12 Et si vous avez déjà vu un enfant devant un écran, vous avez remarqué
00:44:17 que pour gagner son attention totale, rien de tel que de lancer une vidéo.
00:44:22 C'est une chose provoquante. L'un des messages les plus partagés
00:44:27 depuis bien longtemps maintenant sur un nombre de supports diversifiés
00:44:32 est l'histoire d'un homme au destin spécial qui sauve sa famille, son pays,
00:44:37 sa planète, parfois même la galaxie. Peut-être que vous avez entendu
00:44:42 cette histoire, je ne sais pas. L'histoire dans l'espace vide,
00:44:47 le sous-entendu que nous absorbons tous et toutes à chaque fois est puissant.
00:44:52 S'il n'y a qu'une seule personne exceptionnelle qui peut sauver le monde,
00:44:57 soit c'est moi, soit ce n'est pas la peine que je participe,
00:45:02 une autre personne exceptionnelle va le faire. La surenchère de l'extraordinaire
00:45:07 nous paralyse. La surenchère de la colère ou du rire nous épuise.
00:45:14 Ces choix narratifs ne sont pas en train de nous mener là où on veut aller,
00:45:20 c'est-à-dire vers une amélioration collective de la qualité de nos vies
00:45:26 et de la vie. Il semblerait même que ces choix narratifs soient en train
00:45:32 de nous mener vers une destruction accélérée de notre planète et potentiellement
00:45:36 de notre espèce. Je ne dis pas qu'il faut arrêter de choquer ou de faire rire
00:45:43 et je ne dis pas qu'il faut bannir les histoires mettant en avant notre complexe
00:45:48 du sauveur. Mais je crois qu'il est temps de mettre en avant des histoires
00:45:53 qui valorisent d'autres émotions et d'autres comportements.
00:45:58 Il est temps de réintroduire de la diversité dans notre régime alimentaire d'histoire.
00:46:04 Je vous propose donc d'utiliser l'émerveillement et la collaboration
00:46:10 pour capturer l'attention et faire réagir. Que l'on soit enfant ou adulte,
00:46:17 comme pour à peu près tout dans le monde, s'émerveiller, ça s'apprend.
00:46:23 La façon dont nous racontons le monde peut activer l'émerveillement.
00:46:29 Et ceux qui nous émerveillent acquièrent de la valeur à nos yeux
00:46:35 et lorsque quelque chose ou quelqu'un a de la valeur à nos yeux,
00:46:39 nous voulons en prendre soin. Pour savoir où se trouve la valeur,
00:46:45 pour apprendre les espaces vides, pour activer notre émerveillement,
00:46:51 nous avons besoin de guides d'histoire. Et idéalement, de guides en présentiel.
00:46:59 Parce que malgré toutes les technologies que l'on a développées pour fabriquer
00:47:04 des histoires sur des supports variés, le support le plus puissant reste
00:47:09 l'oralité en présentiel. C'est pour ça que je suis là, physiquement présente
00:47:15 devant vous, alors que j'aurais pu me filmer et vous envoyer une vidéo
00:47:20 que vous auriez pu regarder sur votre temps enfractionné.
00:47:24 Mais nous avons décidé de nous retrouver physiquement, ici, ensemble.
00:47:30 En 2024, on organise encore des colloques, on va encore à des concerts,
00:47:36 on va voir des spectacles et depuis quelques temps, on va même écouter
00:47:41 l'enregistrement de podcasts. Pourquoi ? Parce que sentir la présence
00:47:48 des autres, se voir, pouvoir réagir collectivement, entendre les questions,
00:47:54 oser poser une question, amplifie l'intensité de notre couplage neuronal
00:48:00 et donc l'impact du message que l'on se partage. Les histoires sont des technologies
00:48:08 organiques qui gagnent en pouvoir et en fluidité lorsqu'elles sont partagées
00:48:13 en oralité et en présentiel. La dernière histoire. En 2000, à Copenhague,
00:48:22 au Danemark, a été créée la bibliothèque humaine. Vous rentrez dans une bibliothèque
00:48:28 pour découvrir des histoires d'individus aux cultures et aux trajectoires variées.
00:48:34 Ces histoires, vous ne pouvez pas les lire, vous devez les écouter.
00:48:40 Et ce sont des êtres humains qui vous racontent leurs histoires,
00:48:45 en oralité et en présentiel. La bibliothèque humaine existe maintenant
00:48:52 dans plus de 80 pays. Son but est de lutter contre les préjugés en faisant
00:48:59 se rencontrer des personnes dont les vies ne se seraient pas croisées autrement.
00:49:04 J'écoute ton histoire à travers tes mots, en te voyant. Nos cerveaux se synchronisent.
00:49:11 Ton histoire s'imprègne plus profondément en moi. Je décide ou non de la faire circuler
00:49:19 et dans les deux cas, je participe à l'évolution de notre ADN culturel.
00:49:26 La bonne nouvelle, et je ne vous apprends rien, c'est que les musées sont déjà
00:49:31 des espaces dotés de guides qui apprennent aux enfants à voir en leur parlant.
00:49:38 Le dispositif existe, peut-il être renforcé ? Car nous avons besoin d'avoir des guides
00:49:46 pour apprendre aux enfants et peut-être surtout aux adultes à questionner les espaces vides
00:49:52 dans les histoires, pour faire des mises à jour des histoires et pour nous encourager
00:50:01 à faire circuler les histoires. Grâce aux histoires, nous avons le pouvoir d'imaginer
00:50:10 et de co-créer l'évolution de notre espèce et de notre planète.
00:50:16 Si vous ne devez retenir qu'une seule chose de ce moment passé ensemble, j'espère que
00:50:22 ce sera que vous avez le pouvoir de participer à l'évolution de notre ADN culturel.
00:50:29 Aux histoires que vous fabriquez et que vous faites circuler.
00:50:36 Merci beaucoup pour votre attention et votre temps.
00:50:39 (Applaudissements)
00:51:01 Merci Nathalie Séjean, merci beaucoup et bravo.
00:51:05 C'est dur de parler après vous. C'est Thelma qui va parler.
00:51:11 On va prendre des questions du public. Mais avant ça, j'expliquais hier, mais je sais
00:51:15 que tout le monde n'était pas là hier, donc je vous réexplique rapidement.
00:51:19 On est dans un colloque qui parle des enfants. On va beaucoup parler d'enfance encore aujourd'hui.
00:51:24 Mais comme vous le remarquez, il n'y a pas d'enfants, ni sur scène, ni sur les sièges.
00:51:28 Ils sont a priori à l'école ou à la crèche ou que sais-je.
00:51:31 Et donc on a décidé d'enregistrer quelques enfants.
00:51:35 Il y a trois enfants à qui j'ai tendu mon micro avant ce colloque,
00:51:40 pour les faire réagir, pour les faire poser des questions.
00:51:43 Je les appelle mes trois petites invitées. Vous les entendrez un petit peu le long du colloque.
00:51:48 Et parmi ces trois petites invitées, il y a Thelma qui fait circuler une histoire pour Nathalie.
00:51:55 Donc on va l'écouter ensemble.
00:51:58 Je m'appelle Thelma, je suis son ennemi.
00:52:02 Moi, j'ai envie d'être écrivaine et j'ai commencé une histoire.
00:52:07 Est-ce que tu nous racontes un peu le début ?
00:52:10 Oh oui !
00:52:12 En fait, c'était un jeune garçon qui était assis sur son canapé.
00:52:17 Et à un moment, il y avait un nuage qui est venu l'emporter.
00:52:25 Et en fait, le garçon a très peur de voler et aussi de tomber.
00:52:31 Mais le nuage l'emporte quand même.
00:52:34 Et en fait, il a terri sur un monde dans les nuages, où il y a un château de nuages.
00:52:43 Et il y a des petits habitants qui sortent. Ils sont beaucoup plus petits que le garçon qui s'appelle Akitan.
00:52:53 Et il y en a un qui dit "Au secours, un géant !"
00:52:57 Et là, Akitan dit "Mais je ne suis pas un géant !"
00:53:01 Et là, celui qui a dit "Au secours, un géant !" dit "Ah oui, et pourquoi ?"
00:53:07 Et pourquoi, on ne sait pas.
00:53:09 Et après, qu'est-ce qui va se passer ?
00:53:11 Je ne sais pas encore d'idée.
00:53:13 C'est quand j'écrirai que j'aurai une idée.
00:53:17 Je ne sais pas si cette histoire va circuler beaucoup.
00:53:21 On lui souhaite d'être mise à jour et de circuler à nouveau.
00:53:26 On a entendu une petite invitée.
00:53:28 Maintenant, c'est à vous, si vous voulez poser vos questions à Nathalie.
00:53:33 On a quelques minutes.
00:53:35 C'est des gens qui lèvent la main avec des micro-ondes, c'est ça ?
00:53:38 Alors, on a une question là-haut.
00:53:41 Vous m'entendez ?
00:53:43 Merci beaucoup pour votre présentation, qui était très riche et très intéressante.
00:53:48 J'ai une question.
00:53:49 Vous mettez très bien en évidence l'importance des vides dans les histoires.
00:53:53 Et comment on fait pour bien prendre conscience de ces vides
00:53:57 et éviter d'induire des choses qu'on n'aurait pas envie d'induire ?
00:54:02 Je pense que c'est la question la plus difficile.
00:54:05 Déjà, je pense que c'est impossible de tout couvrir.
00:54:09 Donc, par la force des choses, même moi,
00:54:11 à un moment, j'ai voulu faire la liste de tous les espaces vides que j'avais dû laisser
00:54:16 et vous dire à la fin, j'ai laissé cet espace vide et ça veut dire ça, blablabla.
00:54:20 C'est impossible de ne pas avoir d'espace vide.
00:54:22 Et je crois que c'est...
00:54:24 Au fur et à mesure qu'on évolue, on découvre nos propres biais,
00:54:28 les mises à jour qu'il y a à faire.
00:54:29 Mais une façon intéressante pour moi de détecter les espaces vides
00:54:34 et de pouvoir faire des mises à jour des histoires,
00:54:37 c'est d'en parler.
00:54:39 Je me rends compte aujourd'hui de façon hyper...
00:54:42 Je suis un peu surprise, finalement, maintenant,
00:54:45 de réaliser que la méthode la plus simple, c'est celle de partager à d'autres
00:54:49 et de voir, grâce au prisme d'autres personnes,
00:54:51 où sont des espaces vides qu'on n'avait pas forcément identifiés.
00:54:54 C'est pour ça que je parle à la fin de l'importance
00:55:00 de reprendre le temps, d'utiliser une histoire
00:55:03 comme presque un prétexte pour se parler entre nous.
00:55:07 Ce qu'on avait peut-être beaucoup plus l'occasion de faire
00:55:09 quand on était plus jeunes, je ne sais pas quel âge vous avez,
00:55:11 mais si vous êtes nés avant 1990,
00:55:16 puisqu'on avait un nombre limité d'histoires et qu'on avait...
00:55:20 Par exemple, moi, je vais vous prendre un...
00:55:22 Vous allez voir que j'ai une culture incroyable.
00:55:24 C'est-à-dire que le dimanche soir, il y avait Dawson qui passait à la télé
00:55:27 quand j'étais lycéenne.
00:55:29 Et Dawson, c'était un rituel.
00:55:32 Je regardais un épisode le dimanche soir et le lundi.
00:55:34 Tout le monde avait regardé Dawson et tout le monde parlait de Dawson.
00:55:37 Ce qui était important, c'était qu'on se retrouvait
00:55:41 et on avait la même information pour débattre.
00:55:46 C'est quoi l'adolescence ? Qui veut être réalisateur dans cette salle ?
00:55:49 Qui préfère PIC ? Etc.
00:55:51 Aujourd'hui, même si potentiellement tout le monde a regardé le même show,
00:55:54 il est peu probable que tout le monde l'ait vu au même moment
00:55:57 et dans le même contexte géopolitique.
00:56:01 Je crois que pour repérer les espaces vides,
00:56:05 il faut se parler entre soi et partager des histoires communes
00:56:11 à disséquer, à faire évoluer et à accepter.
00:56:14 Je pense que c'est hyper important,
00:56:17 s'il y a des perfectionnistes dans la salle,
00:56:21 je suis sûre qu'il y en a, il y en a toujours,
00:56:24 de lâcher prise avec le fait qu'on va faire...
00:56:26 Ça va être parfait. Ça ne sera jamais parfait,
00:56:28 mais utiliser le muscle de la mise à jour
00:56:31 pour améliorer ces espaces vides.
00:56:33 Je ne sais pas si...
00:56:35 D'autres questions ?
00:56:40 Je crois qu'il y en a une par là.
00:56:42 Oui ? C'est moi qui dois donner l'autorisation ?
00:56:47 Je ne sais pas.
00:56:49 Je me lance ?
00:56:52 Allez-y. Je ne sais pas qui parle.
00:56:54 C'est moi.
00:56:55 Bonjour. Merci beaucoup.
00:56:57 Je suis d'Aussone et Pécis.
00:56:59 J'ai adoré votre présentation.
00:57:04 La question que j'ai, c'est...
00:57:06 Vous avez énoncé les objets culturels
00:57:08 comme les livres, le cinéma.
00:57:10 Je voulais savoir si vous avez étudié
00:57:13 ou essayé par exemple les vêtements
00:57:16 qui sont des véhicules d'histoire
00:57:18 qui pour les enfants sont un jeu de se vêtir,
00:57:22 de se déguiser, qui permet de se raconter.
00:57:26 Je travaille sur l'éducation textile
00:57:29 et c'est par ce biais des nouveaux imaginaires
00:57:32 via le support textile
00:57:34 qu'on travaille de nouvelles créations.
00:57:37 Je voulais savoir si vous aviez déjà réfléchi
00:57:42 à le vêtement comme un support,
00:57:45 un outil de transmission des nouveaux imaginaires.
00:57:49 Merci.
00:57:51 Moi, non, mais...
00:57:54 J'aime bien le fait de penser
00:57:58 que tout le monde a une fonction
00:58:01 et que le but, c'est que chacun et chacune
00:58:04 participe avec sa sensibilité
00:58:06 pour transformer les imaginaires.
00:58:08 Il doit y en avoir plein.
00:58:10 Il y a plein de choses qui existent
00:58:12 et plein de gens qui réfléchissent.
00:58:14 Par exemple, je sais qu'il y a un collectif
00:58:17 avec qui j'ai été en lien à travers mon association
00:58:20 qui s'appelle ZHEY,
00:58:22 comme le mot anglais.
00:58:25 Leur travail, c'est de réfléchir
00:58:28 et de créer des lignes de vêtements agenrés.
00:58:32 Que ce soit dans la couleur ou dans la forme,
00:58:35 c'est vraiment le travail qu'ils animent.
00:58:38 Si je ne vous dis pas de bêtises,
00:58:40 il me semble que ce collectif est basé à Angers.
00:58:43 Mais si ça se trouve, c'est une autre ville.
00:58:46 Ils ont un compte Instagram,
00:58:48 il et elle ont un compte Instagram.
00:58:51 C'est aussi en lien avec le genre.
00:58:56 Dans les histoires que j'écris aujourd'hui,
00:58:59 je réfléchis beaucoup au genre des personnages.
00:59:04 Dans la pièce de tête qu'on écrit,
00:59:07 on a une personne qui incarne l'univers.
00:59:10 Cette personne, on l'a appelée "narrateuris".
00:59:13 Ce n'est ni un homme, ni une femme,
00:59:15 ou un homme et une femme, ça n'a pas d'importance.
00:59:17 Sa tenue, c'était aussi une tenue
00:59:20 qui prenait les codes des deux genres principaux que l'on connaît.
00:59:26 Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire.
00:59:28 Je ne suis pas spécialisée dedans,
00:59:30 mais je sais qu'il y a des gens qui réfléchissent à ça.
00:59:32 Une question là-haut.
00:59:35 Bonjour.
00:59:36 Merci pour votre très jolie présentation.
00:59:40 Je suis de la même génération que vous,
00:59:43 donc ça résonne beaucoup, tout ce que vous avez dit.
00:59:47 Je travaille dans les musées.
00:59:49 Je suis plasticienne.
00:59:52 Ce qui m'a un peu fait écho,
00:59:56 c'est quand vous parlez de l'unidirection de certains récits
01:00:02 en parlant du seul héros qu'au fond de la galaxie, etc.
01:00:06 Je trouve que parfois, dans les musées,
01:00:10 ce qui peut être mis en place par les audio guides
01:00:13 peut me faire un peu le même effet.
01:00:15 C'est-à-dire qu'il n'y aurait qu'une seule histoire
01:00:19 d'une seule personne qui raconte une seule histoire du musée.
01:00:23 Et effectivement, dans les musées,
01:00:25 il y a des médiations, des médiateurs
01:00:28 qui sont tous différents,
01:00:29 qui vont tous raconter des histoires différentes.
01:00:32 Ma question, c'est que vous avez donné plein d'exemples,
01:00:36 des références aux films, des références aux blogs,
01:00:40 et tout à coup, vous basculez vers le musée.
01:00:43 J'aimerais savoir pourquoi ce basculement,
01:00:46 tout à coup, dans votre déroulé ?
01:00:49 Je suis intriguée, c'est tout.
01:00:51 Je fais une recherche rapide dans mon subconscient.
01:00:57 Je dirais, mais peut-être que ce n'est pas complet comme réponse.
01:01:02 La première chose, c'est que ça me semblait naturel
01:01:04 de mentionner les musées, vu qu'on est à la Cité des Enfants
01:01:08 et qu'à la base, on m'a quand même demandé
01:01:10 de parler du pouvoir des histoires
01:01:11 dans le cadre d'un colloque à ce sujet-là.
01:01:13 Et que ça me semblait logique de mentionner.
01:01:17 Et aussi parce que, sur l'argument de...
01:01:20 Moi, on m'a dit que la plupart des gens qui étaient là,
01:01:22 c'est de travailler dans des musées.
01:01:24 Donc, ça me semblait pertinent de mentionner l'espace
01:01:26 dans lequel vous travaillez.
01:01:28 Et aussi parce qu'avec l'argument
01:01:30 de l'oralité en présentiel,
01:01:34 qui est vraiment quelque chose sur lequel je travaille
01:01:36 et je réfléchis fortement depuis quelques temps,
01:01:39 le musée, c'est quand même l'espace
01:01:42 où ça a perduré.
01:01:45 Et donc, je trouve que c'est important de le souligner.
01:01:49 Je ne pouvais pas annoncer,
01:01:52 oui, maintenant, il faut faire de l'oralité en présentiel
01:01:54 à des gens qui ont déjà des structures en place
01:01:56 pour apprendre aux gens à regarder des choses.
01:01:58 Moi, j'ai des souvenirs très forts
01:02:01 de moments où j'ai été dans des expositions.
01:02:04 Et moi, j'adore quand une personne
01:02:07 me raconte des histoires.
01:02:09 Et au lieu de tout voir sans avoir de...
01:02:12 Enfin, sans avoir d'explication.
01:02:14 Moi, j'aime bien quand il y a un être humain
01:02:16 qui m'explique quelque chose, même si je sais que c'est limité,
01:02:18 que c'est personnalisé, que c'est subjectif.
01:02:21 Et donc, enfin,
01:02:23 oui, je ne sais pas, ça me semblait bien
01:02:25 de souligner quand même le travail qui est fait
01:02:27 et de dire que ce travail, s'il est amplifié,
01:02:29 je pense qu'on aura encore plus d'impact
01:02:31 pour transformer les imaginaires.
01:02:33 Le travail est toujours fait,
01:02:35 mais après, il faut conscientiser la façon dont le travail est fait.
01:02:38 On a peut-être le temps d'une toute dernière question.
01:02:47 Il y a une personne juste devant.
01:02:49 Ah, il y a quelqu'un devant, là, qui...
01:02:51 (...)
01:02:56 Vous avez pas trouvé ?
01:02:58 Merci beaucoup pour cette intervention que j'ai appréciée.
01:03:03 J'ai été très touchée par votre expression "ADN culturel".
01:03:07 À l'heure où, justement, on récolte de plus en plus d'ADN
01:03:11 pour montrer la diversité des espèces sur la planète,
01:03:15 avec une seule expression,
01:03:17 vous avez créé une sorte de cohésion humaine
01:03:20 autour d'une chose, la culture.
01:03:23 J'aimerais bien que vous parliez un peu plus de cette expression.
01:03:26 Merci.
01:03:27 Merci.
01:03:28 Merci de poser la question,
01:03:30 parce que cette expression, elle ne vient pas de moi.
01:03:33 Moi, je vais vous donner la personne qui l'a dite.
01:03:37 Je sais pas si ça vient de cette personne,
01:03:39 mais la première fois que j'ai entendu cette expression,
01:03:42 c'est par un cosmologue étasunien
01:03:45 qui s'appelle Brian Swim,
01:03:47 et ça s'orthographie S-W-I-M-M-E,
01:03:51 qui a eu la grande idée,
01:03:53 je sais pas pourquoi il a fait ça, mais c'était super,
01:03:56 dans les années 70, 80,
01:03:59 il donnait des cours du soir sur l'univers en Californie.
01:04:04 Et à l'époque, il a filmé ses cours du soir,
01:04:09 et il les a mis en ligne.
01:04:11 Enfin, il les a pas mis en ligne dans les années 70,
01:04:13 mais il les a mis en ligne maintenant, ils sont disponibles.
01:04:17 Et donc, moi, je trouve que c'est un storyteller incroyable.
01:04:21 Alors, c'est en anglais, c'est pas sous-titré,
01:04:23 mais c'est disponible sur Internet.
01:04:25 C'est un storyteller que je trouve absolument incroyable.
01:04:27 Je sais pas pourquoi son travail n'a pas percé,
01:04:29 mais il a modifié la façon dont je réfléchis le monde.
01:04:32 Et c'est de lui que j'ai entendu pour la première fois
01:04:34 ce mot "ADN culturel",
01:04:36 parce que justement, c'est quelqu'un qui entremêle
01:04:38 très très bien l'évolution qu'on dit biologique
01:04:43 et en fait, la place de l'être humain,
01:04:45 et comment nous, on participe à tout ça.
01:04:47 Et quand il a dit "ADN culturel", pour moi,
01:04:49 ça a été une évidence, en fait.
01:04:53 Qu'on a cette double ADN maintenant
01:04:56 qui accélère notre évolution beaucoup plus rapidement
01:04:58 que l'ADN biologique, et en même temps,
01:05:01 qu'on n'est pas passifs par rapport à ça,
01:05:03 et ce que je trouve enivrant.
01:05:07 Et qui me donne beaucoup de "fuel"
01:05:11 pour avoir envie de partager ce message, en fait.
01:05:15 Que cet ADN, il est beaucoup plus présent entre nos mains,
01:05:19 et c'est chouette.
01:05:21 Donc voilà, c'est Brian Swim qu'il faut créditer,
01:05:23 et l'ADN culturel, je pense que c'est vraiment
01:05:25 la conscientisation qu'on n'est pas simplement
01:05:29 des consommateuristes dans des supermarchés d'un décor,
01:05:32 mais qu'on est bien des créateuristes du décor en évolution
01:05:36 et ce décor, c'est pas un décor mort,
01:05:40 c'est toute une planète avec des espèces.
01:05:43 Je pense qu'il y a plein de choses à faire
01:05:45 et plein de choses à se raconter sur le sujet,
01:05:47 mais j'essaie juste de commencer quelque chose
01:05:50 avec du vocabulaire précis, peut-être pour qu'on ait
01:05:52 un vocabulaire commun pour avancer, justement.
01:05:55 Merci.
01:05:57 (Applaudissements)
01:06:02 Merci, merci Nathalie Segeant.
01:06:04 Juste quelques mots, peut-être, est-ce que vous pouvez
01:06:06 juste nous dire où est-ce qu'on peut suivre votre travail, peut-être ?
01:06:09 Oui, on peut suivre mon travail sur mon site.
01:06:12 Alors moi, c'est très facile, tout s'appelle pareil.
01:06:14 Mon site, c'est nathaliesegeant.com.
01:06:16 Mon compte, j'ai que un réseau social, c'est Instagram,
01:06:20 sur lequel je partage quasiment quotidiennement
01:06:23 et régulièrement, on va dire,
01:06:26 et c'est @nathaliesegeant.
01:06:28 Et puis, voilà, sur mon site, vous pouvez trouver
01:06:31 toutes les histoires que j'ai fabriquées.
01:06:34 Et moi, je voulais juste vous dire que du coup,
01:06:36 normalement, la boîte vous attendra à la sortie
01:06:40 et que je vous invite à piocher un papier.
01:06:43 Voilà.
01:06:45 Apparemment, tout le monde a participé,
01:06:47 beaucoup de gens ont l'air d'avoir participé,
01:06:49 donc je pense que ça devrait être très intéressant
01:06:51 et que vous allez découvrir des histoires
01:06:53 qui vont peut-être vous modifier.
01:06:55 Merci beaucoup pour votre temps.
01:06:57 Merci. Merci Nathalie.
01:06:59 (Applaudissements)
01:07:05 On va passer à la table ronde,
01:07:07 la première table ronde de la journée.
01:07:09 Et pour cela, j'appelle sur scène
01:07:11 Edwige Chiroutère, Magali Leuch,
01:07:13 Julia Thévenot, Vincent Patard et Stéphane Aubier.
01:07:17 Merci à tous !
01:07:19 [SILENCE]

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