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Mardi 16 avril 2024, SMART IMPACT reçoit Charlotte Saint-Arroman (directrice des opérations, ONU Femmes France) , Catherine de Roincé (présidente, TerrOïko) , Pierre Macé (directeur général, Fédération nationale des Caisses d'Epargne) et Soazig Barthélemy (fondatrice et directrice, Empow’Her)

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00:00 [Générique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15 Mon invité aujourd'hui, c'est Pierre Massé, directeur général de la Fédération nationale des caisses d'épargne.
00:20 Il va nous présenter son dernier appel à projet en partenariat avec les entreprises S'engage,
00:24 mais aussi ce qu'ils font en matière d'accompagnement des athlètes à l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques.
00:32 Dans notre débat, on verra comment l'entrepreneuriat des femmes, la lutte contre la pauvreté et l'écologie sont liées,
00:39 notamment dans le domaine agricole. Moins de 20% des propriétaires fonciers dans le monde sont des femmes.
00:46 Et puis dans notre rubrique « Start-up », vous découvrirez Tero Ico et ses solutions innovantes au service de la sécurité et de la biodiversité.
00:53 Il s'agit notamment d'éviter les collisions entre les trains et les animaux sauvages. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
01:01 (Générique)
01:08 L'invité de Smart Impact, c'est Pierre Massé. Bonjour. – Bonjour.
01:11 – Bienvenue. Vous êtes donc le directeur général de la Fédération nationale des caisses d'épargne.
01:16 Quelques chiffres. 15 caisses d'épargne, 4,4 millions de sociétaires, 2 500 élus.
01:22 Voilà pour les périmètres de la Fédération. On peut peut-être en quelques mots rappeler le modèle économique.
01:26 On est dans un modèle coopératif, c'est ça ? – On est dans un modèle coopératif caisses d'épargne, effectivement, spécifique,
01:32 que l'on définit sur un trépied que sont 15 caisses d'épargne, vous l'avez dit, 100% régionales,
01:38 des caisses d'épargne qui collectent en région, prêtent en région, gouvernent en région, recrutent en région.
01:43 Des entreprises, donc des banques régionales qui appartiennent à leurs clients sociétaires.
01:47 Et surtout des entreprises, des banques qui sont pionnières dans la transition de la société. Et ça depuis l'origine.
01:54 – Dès le départ, ça s'est créé dans cet esprit-là d'une certaine façon ?
01:58 – La première caisse d'épargne s'est créée en 1818. Et à l'époque, c'était l'ère industrielle.
02:02 Pas de sécurité sociale, pas de mutuelle. Et on apprenait aux Français, et l'éducation financière est restée dans nos jeunes,
02:08 on apprenait aux Français à mettre de l'argent de côté pour faire face aux difficultés futures.
02:13 On était déjà des pionniers. – Oui, allez-y.
02:17 – Ensuite, on a été à l'origine du logement social, des jardins ouvriers, des bains-douches.
02:21 On a été pionniers dans les transitions de la société.
02:24 Et même une anecdote, si vous me le permettez, qui n'en est pas une.
02:27 Vous savez que les femmes ont l'autorisation d'ouvrir un compte sans l'autorisation de leur conjoint depuis 1965 en France.
02:33 Ça fait mal de lire, c'est récent. – Peu de gens le savent.
02:35 – Dans les caisses d'épargne, c'est 1881, 80 ans avant la loi.
02:38 Donc quand je dis pionnière dans les transitions de la société, c'est vraiment pionnière.
02:41 – Et avec aussi un rôle en matière de mécénat.
02:44 Vous faites partie des premières entreprises françaises en termes de mécénat.
02:47 – Oui, 20 millions de mécénats par an, effectivement, dans les toutes premières entreprises.
02:52 Les caisses d'épargne avaient l'obligation, du temps où elles avaient le monopole du livret A,
02:56 de redistribuer une partie de leurs résultats sous forme de mécénat.
02:59 Depuis le 1er janvier 2009, ce n'est plus le cas.
03:03 Mais on a continué à faire du mécénat.
03:05 Et effectivement, on délivre à travers les caisses d'épargne en région 20 millions de mécénats minimum par an.
03:10 – Oui, 20 millions d'euros minimum par an.
03:12 Avec un partenariat avec les entreprises sans gage, dont Bismarck est également partenaire.
03:18 Là, on va parler de l'inclusion professionnelle destinée aux clubs sportifs.
03:22 Il y a un appel à projet qui vient d'être lancé ce 15 avril. De quoi s'agit-il ?
03:26 – Alors un appel à projet, effectivement, on concentre,
03:29 puisque pionner dans les transitions, c'était hier, mais c'est aussi aujourd'hui.
03:32 On concentre nos interventions en mécénat sur les jeunes,
03:36 avec deux appels à projet qu'on vient de finir en 2022 et 2023,
03:40 qui ont permis d'aider 600 associations, 300 000 jeunes.
03:43 Et cette année, année olympique, on a décidé de le flécher davantage sur les entreprises sans gage
03:48 et leur volet clubs sportifs engagés.
03:51 Clubs sportifs engagés, les clubs sportifs qui ont ce label, clubs sportifs engagés,
03:57 déroulent des actions dans un des trois domaines suivants.
04:00 L'organisation de forums de métiers, des opérations, ce qu'on appelle "buddy-mob" dans les quartiers,
04:07 pour aller parler d'emploi auprès des jeunes, alors que les jeunes, on le sait,
04:10 ne vont pas souvent dans les structures qui parlent d'emploi.
04:13 Et puis il y a aussi un troisième dispositif qui fait qu'on peut être club sportif engagé,
04:18 c'est le dispositif du "stade vers l'emploi", un dispositif très innovant de recrutement,
04:23 où on met sur un stade, avec des épreuves d'athlétisme en général,
04:27 des recruteurs, des candidats, et on ne sait pas qui est qui.
04:30 Tout le monde est en tenue de sport, on fait des épreuves,
04:32 et à la fin de la journée, on se dévoile, les recruteurs, les candidats,
04:36 et on va chercher des candidats qui ont l'esprit sportif, qui se sont donnés,
04:40 qui ont l'esprit d'équipe, plutôt que des candidats qui n'auraient pas passé les filtres
04:44 du CV de l'entretien d'embauche. Et ça, c'est très caractéristique de ce dispositif.
04:49 – C'est très intéressant, parce que je me souviens d'une discussion
04:52 avec un invité dans le domaine RH qui disait, on a souvent des candidats,
04:56 parfois qui viennent de quartiers populaires, qui n'ont pas effectivement les diplômes, etc.
05:00 qui sont excellents dans un sport et qui n'en parlent pas dans un entretien d'embauche,
05:04 qui n'osent pas en parler comme si ce n'était pas un argument.
05:06 C'est un argument de recrutement, il faut effectivement le dire.
05:11 Donc on candidate là depuis ce 15 avril jusqu'au mois de juin, c'est ça ?
05:14 – 28 juin. – C'est quoi les critères ?
05:16 C'est de remplir l'un des thèmes dont vous parliez ?
05:20 – C'est ça, c'est d'obtenir le label "Club sportif engagé"
05:24 en répondant à l'un de ces trois critères, en ayant déployé une de ces trois actions.
05:29 Alors les clubs sportifs engagés iront vers ce dispositif à travers les entreprises engage,
05:37 qui vont communiquer auprès d'eux, mais aussi les fédérations qui sont des gros relais.
05:41 La plupart des fédérations sportives vont communiquer auprès des clubs sportifs autour du dispositif.
05:47 Et nous on espère aussi avec notre appel à projet au niveau des caisses d'épargne,
05:50 aider à promouvoir le dispositif.
05:51 – La caisse d'épargne qui est également partenaire premium des Jeux olympiques et paralympiques.
05:56 Et dans ce cadre-là, vous avez créé, c'était 2022, je crois, le pacte utile.
06:01 De quoi s'agit-il ?
06:02 – Alors le pacte utile, c'est dans le cadre effectivement des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024,
06:07 c'est d'être utile sur trois secteurs.
06:11 Utile aux athlètes, utile à la société, utile au territoire.
06:14 Peut-être des exemples, utile aux athlètes, on soutient financièrement et matériellement
06:19 70 athlètes olympiques et paralympiques.
06:21 Chaque caisse d'épargne, il y a un team, une équipe d'athlètes qui soutiennent financièrement jusqu'au JO.
06:28 Et on espère avec des grandes chances de médailles.
06:30 – Avec des médailles, oui.
06:31 – Utile aux athlètes, utile au territoire.
06:34 On a financé la construction de 119 terrains de basket 3-3 partout en France
06:39 pour faciliter l'accès au sport à tous et particulièrement dans les quartiers.
06:44 – Basket 3-3, pour ceux qui ne sont pas faits au sport, c'est 3 contre 3, tout simplement.
06:48 – Au lieu de 5 contre 5.
06:50 – Ce n'est pas la taille du terrain.
06:51 – Et sur un seul panier.
06:52 – Et sur un seul panier.
06:53 Et les Français ne sont pas mauvais d'ailleurs.
06:54 – Et on est très bien, on a de grosses chances de médailles sur ce sujet.
06:56 La compétition aura lieu d'ailleurs à Place de la Concorde.
06:59 – Alors pourquoi vous avez choisi d'accompagner justement ce sport-là, le basket 3-3 ?
07:03 – Vous savez, le groupe BPCE est sponsor premium des Jeux olympiques et paralympiques
07:08 et avec les banques populaires qui sont l'autre marque du groupe BPCE,
07:12 on s'est un petit peu répartis les sports, on est complémentaires.
07:16 Et les Caisses d'épargne sont plutôt orientées sur les sports citadins, indoor, basket, hand,
07:24 mais aussi les nouveaux sports skate, roller, basket 3-3,
07:27 justement les sports urbains qu'on essaye de développer particulièrement.
07:32 – Et vous êtes en partenariat avec la Fédération de basket, comment ça se passe
07:35 quand une grande structure comme la vôtre,
07:37 d'Egypte, décide finalement de s'engager sur un sport particulier ?
07:40 – Oui, on est partenaire des fédérations basket et hand pour les Caisses d'épargne.
07:46 Il faut noter d'ailleurs que pour le hand, on est partenaire de la fédération
07:50 mais aussi des équipes de France, c'est d'ailleurs pareil pour le basket.
07:53 Une petite caractéristique pour le hand, les dotations sont strictement les mêmes
07:56 entre les hommes et les femmes et ça, ça nous tient beaucoup à cœur.
08:00 – Ce n'est pas vrai dans tous les sports.
08:02 – Ce n'est pas vrai dans tous les sports.
08:03 Les dotations des sponsors mais aussi les dotations des fédérations en hand
08:07 sont les mêmes pour les hommes et les femmes.
08:08 Résultat des courses, on est champion du monde et champion olympique
08:10 dans les deux disciplines.
08:11 – CQFD ?
08:13 – CQFD, c'est peut-être une explication.
08:15 – Est-ce qu'il y a… on est dans le sport urbain, citadin,
08:22 il y a un certain nombre de codes, ces terrains de basket 3-3,
08:25 il y a des partenariats avec des artistes, certains sont peints par des artistes,
08:28 vous êtes allé aussi dans cette direction-là ?
08:29 – On est allé assez dans cette partie inclusion dans les cités
08:33 pour vraiment l'intégration des jeunes, on a des partenariats à ce niveau-là.
08:37 Peut-être aussi un exemple de ce qu'on fait au niveau des Jeux olympiques,
08:41 vous savez qu'on est aussi partenaire du relais de la flamme,
08:44 et donc les jeunes des cités, à travers la détection sur les terrains de basket,
08:48 on en a amariné, si je puis dire, 360 sur le Bélème,
08:52 chaque Caisse d'épargne a envoyé des équipes sur le Bélème,
08:54 le navire qui appartient à la fondation Caisse d'épargne Bélème,
08:59 et donc ensuite chaque Caisse d'épargne a sélectionné un jeune
09:02 qui va aller sur le Bélème, direction la Grèce pour aller chercher la flamme olympique,
09:06 ce sont donc des jeunes qui viennent des cités, qui ont été choisis par les Caisses d'épargne,
09:11 qui vont aller chercher la flamme olympique et qui la rapportent le 8 mai à Marseille,
09:16 lorsqu'elle va toucher le territoire français, je crois que là on va vraiment rentrer dans les Jeux.
09:19 - Oui, effectivement, ce sera très symbolique.
09:22 Est-ce que cette population jeune, issue de quartiers populaires, quartiers de banlieue,
09:28 est-ce que c'est un public ou des clients classiques des Caisses d'épargne,
09:32 ou est-ce que finalement vous allez aussi chercher des cibles ou des clients nouveaux d'une certaine façon ?
09:38 - Alors nous sommes des banques universelles, et si on peut être banque inclusive
09:42 et aller chercher du côté de l'insertion, faire de l'éducation financière, faire du microcrédit,
09:48 c'est parce qu'on est banque universelle et qu'on est aussi présent sur les entreprises,
09:52 qu'on est aussi présent sur la banque privée, on est vraiment présent sur tous les marchés
09:56 et dans les territoires, c'est ce qui nous caractérise.
09:58 - Vous parliez d'éducation financière, il y a une association qui s'appelle Finances et Pédagogie,
10:02 je crois que vous en êtes le président, et dans le cadre du partenariat avec les sportifs français
10:09 qui vont s'engager aux Jeux olympiques et paralympiques, il y a un partenariat financier,
10:14 mais pas que, c'est-à-dire vous les aidez quoi ? A préparer l'après, à préparer cette retraite si jeune ?
10:20 - Effectivement, Finances et Pédagogie est donc une association mécénée par les 15 Caisses d'épargne,
10:25 j'en suis le président, on a des professeurs d'argent, vous savez en France on a des professeurs d'un peu de tout,
10:29 mais pas beaucoup de professeurs d'argent, donc on en a mis 2 ou 3 par Caisse d'épargne
10:33 et on fait de l'éducation financière à des publics à l'origine en difficulté.
10:37 Mais on a diversifié l'activité et effectivement dans le cadre des Jeux olympiques et de notre partenariat,
10:43 on forme les athlètes, les Olympiens, on a un partenariat avec les Olympiens français et mondiaux,
10:49 des gens qui ont participé aux Jeux olympiques mais pas obligatoirement médaillés,
10:52 vous avez pu être 12ème ou 3ème à l'arc, et parfois c'est compliqué ensuite,
10:56 vous avez un revenu un peu supérieur pendant la période où vous êtes Olympien,
11:00 mais ensuite c'est un peu plus compliqué.
11:01 Donc on les aide à préparer leur reconversion, à gérer leur argent, à gérer cette irrégularité dans leur argent,
11:07 c'est ce qui nous caractérise aussi.
11:08 Finances et pédagogie, effectivement c'est une association qui nous tient à cœur.
11:11 Merci beaucoup Pierre Massé et à bientôt sur Bismarck.
11:15 Donc voilà, appel à projets destinés aux clubs sportifs lancés ce 15 avril jusqu'au mois de juin.
11:22 On passe à notre débat, l'entrepreneuriat des femmes au programme.
11:26 [Générique]
11:32 Le débat de Smart Impact avec Soazic Barthélémy.
11:35 Bonjour, bienvenue.
11:36 Vous êtes la fondatrice, la directrice d'Empower, réseau international d'organisation fondée en 2013.
11:42 J'accueille également Charlotte Saint-Aromand. Bonjour.
11:44 Bonjour.
11:44 Bienvenue, vous êtes la directrice d'Opérations d'ONU Femmes France, également fondée en 2013.
11:50 Allez, présentation rapide pour démarrer.
11:52 Empower, dites-nous tout.
11:54 Empower, c'est en effet une organisation qui a 10 ans et qui s'est créée avec l'intention et le mandat d'accompagner des femmes dans l'entrepreneuriat.
12:02 Et plus généralement, on porte un double objectif aujourd'hui.
12:05 On promeut ce qu'on appelle l'entrepreneuriat féministe qui dépasse pour nous l'accompagnement de femmes dans l'entrepreneuriat
12:13 pour pouvoir aussi transformer l'environnement économique, entrepreneurial qui les entoure et s'attaquer aux inégalités qui persistent.
12:19 Avec un festival Agir pour un monde féministe qui va se tenir là entre le 19 et 21 avril.
12:23 On en parlera tout à l'heure, on gardera du temps pour en parler.
12:27 Ça veut dire combien de femmes soutenues chaque année, dans quels pays ?
12:30 Vous êtes un peu partout sur la planète, vous avez choisi certaines régions particulièrement ?
12:35 Alors on n'opère pas encore partout comme ONU Femmes France, enfin ONU Femmes tout court d'ailleurs.
12:41 Mais on agit principalement en France, en Europe également, notamment en Europe de l'Est et en Afrique, Afrique de l'Ouest, Afrique de l'Est.
12:49 On accompagne à peu près 6000 femmes par an, donc en tout depuis nos débuts on a accompagné 23 000 femmes à s'insérer économiquement.
12:57 Donc on travaille principalement avec des femmes qui souffrent d'une forme de précarité économique,
13:05 qui sont vulnérables dans l'économie pour les aider à se réinsérer à travers l'entrepreneuriat.
13:10 OK, ONU Femmes, dites-nous quelles sont les missions d'ONU Femmes ?
13:15 Alors ONU Femmes, il faut le savoir, c'est la dernière agence des Nations Unies qui est née en 2010
13:20 et qui a été créée pour défendre et pour promouvoir les droits fondamentaux des femmes et l'égalité des sexes dans le monde entier.
13:27 C'est une agence qui est connue surtout pour sa capacité d'action immédiate dans les zones de conflit et dans les situations d'urgence humanitaires.
13:35 Elle agit sur cinq grands piliers, des piliers qui sont très similaires à ceux que Soazic vient de mentionner.
13:40 C'est le leadership féminin dans la vie publique et dans la vie politique. C'est évidemment la lutte contre les violences faites aux femmes.
13:47 C'est très lié à ce pilier-là, l'autonomisation économique des femmes avec un grand axe sur l'entrepreneuriat des femmes,
13:53 qui est un levier très important pour autonomiser toutes ces femmes.
13:56 C'est aussi un axe très important, Femmes, Paix et Sécurité, avec l'inclusion de plus de femmes négociatrices dans les processus de paix,
14:04 un point très important pour la paix dans le monde, et la double transition écologique et numérique.
14:10 Sur ces cinq piliers, de nombreux pays, de nombreux projets terrains ont lieu dans 150 pays du monde environ,
14:17 et se déploient notamment autour de l'entrepreneuriat des femmes.
14:22 Avec une plateforme, pardon de vous interrompre, numérique qui s'appelle Buy from Women.
14:28 C'est un bon exemple assez concret de ce que vous pouvez faire. C'est quoi ?
14:32 Oui, exactement. Buy from Women, donc acheter aux femmes, c'est un très beau projet qui a été lancé au départ au Rwanda en 2016,
14:38 grâce à BNP Paribas, qui s'est ensuite répliqué au Liberia et au Mali grâce à la Fondation Orange, qui nous a soutenus dès le départ.
14:45 C'est un projet qui bénéficie à des femmes qui sont très souvent dans l'agriculture et dans l'économie verte,
14:51 puisqu'en Afrique de l'Ouest, très souvent, on sait qu'une grande partie de la main-d'œuvre agricole, à 70%, est constituée de femmes.
14:59 Et ce qu'on aide ces femmes à bénéficier d'une plateforme numérique qui leur permet de gérer en ligne la commercialisation de leurs produits.
15:06 Donc les stocks, les terres, l'eau, les alertes météorologiques, l'accès au marché, l'accès au financement numérique également.
15:15 Ce sont des progrès indispensables et très importants pour elles. Ça leur permet de se développer.
15:20 On voit beaucoup parler d'écologie dans ce débat et on voit qu'en fait, l'entrepreneuriat des femmes, la lutte contre la profiterie et l'écologie sont intimement liées.
15:32 Pourquoi, Soazim ?
15:34 C'est une très bonne question. Je pense que la question, pour moi, nous permet de laisser un dézoom sur les problématiques d'égalité, mais aussi de durabilité climatique.
15:47 Et en effet, en fait, nous, notre conviction, c'est que ce n'est pas juste une question de nombre de femmes dans l'économie ou dans la politique ou dans certains secteurs,
15:57 mais c'est aussi une question de modèle. Et notamment, nos modèles économiques sont fondés quand même sur des rapports de domination qui restent assez forts.
16:06 On a une répartition sectorielle typiquement entre différents secteurs économiques qui n'est pas juste un nombre de femmes ou d'hommes,
16:14 mais aussi des inégalités salariales, une distribution de la richesse qui n'est pas la même.
16:19 Et le lien avec l'écologie, alors justement, c'est un modèle à faire évoluer, c'est ça ?
16:23 Bien sûr, bien sûr, parce qu'il y a un lien très fort entre la manière dont les femmes restent d'une certaine manière exploitées dans l'économie
16:31 et la manière dont l'environnement est aussi exploité à travers notre économie et notre modèle économique.
16:36 Donc les deux sont à changer et il faut avoir une vision d'ensemble.
16:40 Ce chiffre, c'est une femme qui donne ce chiffre sur le nombre de propriétaires fonciers.
16:45 Moins de 20% des propriétaires fonciers dans le monde sont des femmes.
16:50 Évidemment, ça cache beaucoup de disparités. C'est une moyenne.
16:52 Donc ça veut dire qu'il y a beaucoup de pays où on est bien en dessous même des 5%.
16:57 J'imagine comment vous accompagnez des femmes agricultrices d'abord pour peut-être faire augmenter cette moyenne.
17:07 Et puis aussi, justement, vers une agriculture plus raisonnée, avec peut-être moins d'intros, moins de produits chimiques.
17:13 Alors en fait, il y a plusieurs méthodes.
17:16 Mais en effet, on aide ces femmes agricultrices à lever les obstacles qu'elles ont quotidiennement à cause des préjugés
17:22 et de la différence éternelle entre le traitement des hommes et le traitement des femmes.
17:26 On les aide à accéder, comme vous le disiez, aux terres.
17:29 Parce que comme vous mentionnez ce chiffre, 14% seulement de femmes sur la terre possèdent des titres de propriétaires aériennes.
17:38 Alors nous, on avait moins de 20%.
17:41 Oui, j'ai 14% d'une étude de loi.
17:44 Pourtant, c'est une source de l'union des femmes. Mais bon, ce n'est pas grave. Ça a dû évoluer.
17:47 Ça a évolué au cours des années.
17:49 Mais ça n'évolue pas forcément dans le bon sens.
17:51 En tout cas, c'est important de leur donner déjà accès. On leur donne accès aux terres.
17:54 C'est la première chose. On leur donne accès à l'eau, évidemment, également, puisque ce sont des pays très arides où l'eau est une denrée essentielle.
18:01 Et le lien avec la transition écologique ?
18:04 Alors, on leur apprend. Elles souffrent énormément, bien entendu, des dérèglements climatiques.
18:09 La plateforme qu'on leur propose les aide à gérer, justement, les alertes météorologiques pour pouvoir pallier ce dérèglement qui impacte, évidemment, qui a un gros impact sur leur culture.
18:20 Et on leur apprend également à limiter l'impact de leur production sur l'environnement.
18:24 Donc, c'est un double gain. Vous aidez une femme, vous aidez sa communauté, vous aidez également à protéger l'environnement.
18:30 Je vous pose cette question parce que quand on est dans un contexte, dans une configuration qui est plus une configuration de sécheresse ou de famine,
18:38 est-ce que c'est facile de faire passer, justement, l'argument de « agriculture raisonnée, moins de produits chimiques, moins d'intrants ». Vous voyez ce que je veux dire ?
18:46 C'est justement un point très important. Il y a une formation que l'on propose à ces femmes pour leur faire comprendre, leur faire utiliser de la meilleure façon les intrants, justement, biologiques.
18:57 Donc, leur faire utiliser des engrais qui ne sont pas des engrais artificiels et qui ne vont pas démolir les sols, mais qui vont, au contraire, respecter la nature.
19:04 C'est vraiment un point important des projets, c'est d'éduquer ces femmes à respecter l'environnement. Ce qu'elles font avec beaucoup de joie quand elles ont compris l'impact.
19:11 Soazic Barthélémy, il y a un programme que vous proposez avec Empower qui s'appelle « Women Grow ». On est en plein dans cette problématique ?
19:19 Oui, absolument. C'est un programme qu'on déploie en Afrique de l'Ouest, notamment sur la région du Sahel. Et si je peux me permettre, sur les statistiques qui ont été évoquées,
19:29 la statistique est donc très faible par rapport à la propriété foncière pour les femmes, mais elle est encore plus faible, en fait, la part de femmes qui détiennent de la terre qui est irriguée
19:40 est encore plus faible. Donc, ça veut dire que non seulement elles ont moins de terre, mais elles ont les moins bonnes terres. Et c'est évidemment une problématique parce que ce qu'elles produisent
19:50 et leur travail, c'est du travail quasiment gratuit sur les terres et elles ne sont pas propriétaires des ressources qui sont produites et qu'elles peuvent utiliser après pour
19:59 soit leur consommation, soit pour aussi de la commercialisation et avoir du financement. Et donc, Women Grow ? Exactement. Nous, on les accompagne dans l'accès à des terres et du coup, l'accès à l'eau, exactement comme ce qui a été évoqué.
20:12 Et on les accompagne ensuite sur la formalisation ou en tout cas l'apprentissage de pratiques agricoles qui sont durables. Et souvent, les femmes sont détentrices déjà de ces pratiques.
20:22 Elles ont grandi, on leur a déjà enseigné de génération en génération des pratiques qui sont généralement respectueuses de l'environnement. Donc, l'idée pour elles, c'est aussi de les valoriser,
20:32 de se rendre compte qu'elles ont des savoirs qui sont extrêmement utiles dans ce cadre-là. Et ensuite, nous, on les accompagne sur un troisième volet qui est la commercialisation pour les aider vraiment
20:40 aussi à transformer leur travail en indépendance financière. Je voudrais qu'il nous reste deux minutes qu'on parle de deux événements. Il y a d'abord cette campagne, Charlotte Saint-Aromand,
20:53 que vous lancez à l'occasion des Jeux de Paris sur le sport féminin. Dites-nous de quoi il s'agit. Oui, c'est vrai qu'on a toutes les vertus d'une femme entrepreneur.
21:02 C'est travailler par le sport. Et donc, nous lançons en effet ONU Femmes France. Du coup, le relais d'ONU Femmes sur le territoire français lance une grande campagne à l'occasion des Jeux olympiques autour du sport féminin.
21:12 L'idée, c'est de mettre à l'honneur les femmes athlètes qu'on voit beaucoup moins dans la presse, aux yeux du grand public, que les hommes. Donc, leur donner une visibilité, leur redonner l'honneur.
21:23 Et par ailleurs, on va vraiment promouvoir le sport comme un outil essentiel d'émancipation, de développement et de reconstruction post-violence pour des femmes.
21:31 Toutes ces valeurs dont ont besoin une femme, le leadership, le jeu en équipe, la confiance en soi, bien entendu, toutes ces valeurs qu'on peut atteindre par le sport.
21:42 Donc, cette campagne va s'appeler "Étincelle" avec un hashtag #GISPAX. Et on serait vraiment ravis que tout le monde puisse la relayer.
21:49 Et puis, il y a donc ce festival "Agir pour un monde féministe" du 19 au 21 avril. Que pourra-t-on y voir, y entendre ? Qu'est-ce qui va se passer ?
21:59 Alors, c'est un événement qui dure 3 jours et qui se déroule au 104 à Paris. C'est notre 4e édition en 5 ans.
22:09 Et c'est un événement que j'aime bien qualifier comme un millefeuille parce qu'il y a beaucoup d'activités. Il y a une vingtaine de conférences sur des thématiques super variées.
22:19 Mpower, c'est une organisation qui s'engage sur le terrain auprès des femmes, mais qui a aussi un mandat de sensibilisation.
22:25 Et donc là, c'est vraiment une mobilisation. C'est ouvert au grand public. On attend un peu plus de 5000 personnes sur ces 3 jours pour s'emparer de thématiques typiquement sur le fléau des violences dans le sport,
22:37 sur les femmes artistes, sur les nouveaux modèles de parentalité ou encore sur la situation en Afghanistan et en Iran.
22:45 Parce que ce sont des thématiques qui structurent notre société. C'est ultra important de pouvoir écouter. On va accueillir 150 intervenantes et intervenants, experts de ces sujets,
22:55 journalistes, entrepreneurs, artistes, etc. qui vont pouvoir débattre de ces thématiques et faire avancer le sujet.
23:02 Il y a plein d'autres formats, des concerts, du divertissement, des ateliers. Donc, il y en a un petit peu pour tous les goûts. C'est du 19 au 21 avril.
23:09 Merci beaucoup. Merci à toutes les deux et à bientôt sur BeSmart. C'est l'heure de notre rubrique Startup. Ça tombe bien, c'est une femme entrepreneur.
23:24 Smart Ideas avec Catherine de Rouincet, la présidente de Terre Oeco. Bonjour, bienvenue. Bonjour.
23:29 Vous l'avez créé en 2012 avec Sylvain Moulerat. Et avec quelle idée ? Dites-moi tout.
23:33 Alors, initialement, on est deux Thésards à cette époque-là. On vient de l'écologie, de la science en écologie.
23:40 Et on s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup de technologies qui existaient dans les laboratoires, mais qui n'étaient pas transférées dans le monde réel
23:47 et qui ne permettaient pas, du coup, de travailler sur la biodiversité avec toute la puissance de la simulation, par exemple, qui permet de savoir l'impact qu'on va avoir sur la biodiversité
23:58 et aussi pouvoir décider d'avoir des projets à plus faible impact, voire gain, sur la biodiversité.
24:06 Qu'est-ce que vous avez mis au point, alors ? Qu'est-ce que vous avez créé ?
24:08 Alors, on a mis au point Simuiko, qui est un modèle et qui fait vivre littéralement les individus d'une espèce sauvage.
24:16 Ça peut être un papillon, ça peut être un écureuil, ça peut être un tout type d'animaux, sur un territoire.
24:22 Et à partir de là, on est capable donc de faire évoluer ce territoire et de comprendre comment l'évolution de ce territoire va impacter la vie de ces espèces.
24:29 D'accord. Donc, c'est un suivi de toutes sortes d'espèces avec une application qui est très concrète, que j'ai trouvé passionnante, sur le risque de collision entre les trains et les animaux sauvages.
24:41 Comment vous avez travaillé sur ce risque ?
24:43 Alors, oui, en effet, l'enjeu est important. Je pense que chacun d'entre nous avons vécu un train à l'arrêt à cause d'une collision.
24:51 L'enjeu pour un aménageur comme SNCF Réseau, c'est qu'il ne peut pas clôturer l'ensemble de son linéaire.
24:58 Donc, il faut déjà identifier où est-ce que les ongulés, donc les chevreuils, les différentes espèces, passent de manière la plus probable.
25:08 Et ensuite, déterminer comment on peut faire évoluer l'infrastructure pour éviter cette collision.
25:15 Mais alors, comment ça marche ? Parce que vous n'avez pas des yeux partout. Comment vous simulez finalement, à la fois la population des ongulés, par exemple, les lieux de passage, etc. ?
25:27 Oui, tout à fait. Alors, bien sûr, on se base sur une cartographie. Déjà, on cartographie le territoire.
25:32 Et ensuite, la grande force de ce modèle, c'est qu'il mime littéralement le comportement et la vie de l'espèce.
25:40 Donc, chaque individu va avoir un comportement qui correspond à ce qu'on connaît de l'espèce.
25:46 Donc, si on prend la France, si on prend par exemple un chevreuil, on va le faire vivre dans les forêts.
25:51 Et après, il aura tendance à se déplacer plus ou moins facilement dans certains milieux.
25:56 Et grâce à ça, on est capable donc de retracer à la fois le nombre d'individus sur le territoire et ses déplacements entre les différentes forêts, par exemple.
26:04 Avec des enjeux à la fois économiques et de biodiversité qui sont très importants. Je reste sur cet exemple des risques de collisions ferroviaires.
26:12 Qu'est-ce que ça représente pour la SNCF ? Je ne me rends pas compte. C'est des milliers de collisions chaque année.
26:18 Donc, de trains arrêtés, comme vous l'avez dit, de coups pour la SNCF, de coups pour les passagers qui ratent des business ou qui ratent des rendez-vous sympas.
26:27 Enfin, vous voyez ce que je veux dire ?
26:28 Tout à fait. On est en millions d'euros sur une région comme l'Occitanie. Parce qu'il y a bien sûr les dégradations sur le train, mais surtout les retards et les remboursements des retards.
26:42 Donc, en effet, c'est un coût économique important. Et face à des populations d'ongulés, de chevreuils et de cerfs qui augmentent au fil du temps, ce risque augmente et donc les coûts augmentent.
26:55 Donc, on est sur à la fois un enjeu aussi, bien sûr, de respecter le vivant, respecter ses déplacements, mais aussi un coût économique réel.
27:03 La SNCF, c'est votre unique client pour ce modèle-là, évidemment ?
27:08 Non, pas du tout. On travaille pour les collectivités territoriales, donc des métropoles. On travaille, par exemple, sur la trame noire, sur le fait de travailler sur l'impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité en ville.
27:21 Ah oui, alors sur toute autre chose que les collisions, évidemment.
27:23 Mais en utilisant le même modèle et en y intégrant des modèles de pollution lumineuse faits par des partenaires.
27:31 Et aussi, on peut travailler pour les espaces naturels. Où est-ce qu'on doit protéger la biodiversité ? Où est-ce que c'est le plus intéressant ? On va aussi pouvoir utiliser ce type de technologie.
27:41 Donc, en gros, on peut toucher tous les sujets qui portent sur l'aménagement du territoire et sur la protection de la biodiversité.
27:50 Merci beaucoup Catherine de Rouincet d'être venue nous présenter Terrioko et donc ce logiciel qui s'appelle Simoico. Merci et à bientôt sur Bsmart. Bon vent à votre entreprise.
28:01 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact. Merci à toutes et à tous de votre fidélité à la chaîne des audacieuses et des audacieux. À très vite. Salut.
28:10 [Musique]

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