• il y a 6 mois

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00:00 [Musique]
00:12 [Musique]
00:30 - Donc Lucas, bonjour. - Salut.
00:32 Est-ce que tu peux me parler de Reims et plus particulièrement du quartier Murigny ?
00:38 C'est ça ? Où tu as grandi, c'était quel type de quartier ?
00:43 Pas un quartier difficile déjà. C'était un quartier, on va dire, avec des gens de moyenne classe.
00:52 Il n'y avait pas de problème, tout le monde s'entendait bien.
00:55 Après c'était relativement grand. Nous on habitait sur une esplanade.
01:00 Esplanade Richard Wagner, ça s'appelait.
01:02 Le souvenir que j'ai, c'est que c'était un quartier hyper bétonné, pas beaucoup de verdure,
01:09 et puis souvent s'amuser au foot.
01:13 C'est le souvenir que j'ai, je jouais sur l'esplanade jusqu'à pas d'heure.
01:18 Et puis les parents qui t'appellent de la fenêtre pour que tu rentres.
01:23 Les premiers posters de footballeurs dans ta chambre ?
01:27 Je ne sais pas si j'en ai trop eu. Ça, il faudra demander à ma mère, elle se souvient des trucs comme ça.
01:34 Je ne sais pas, peut-être vers 7-8 ans, je dirais, quand j'ai commencé à aimer le foot,
01:42 à me rendre compte que c'était une passion.
01:45 C'est 1993, ta première licence au Stade de Reims.
01:51 Jouer pour le Stade de Reims, même quand on a 5-6 ans, ça doit être quelque chose de marquant,
01:58 parce qu'il y a plein de petits clubs, j'imagine, autour.
02:00 Et jouer pour Reims, toi, est-ce que ça te... Tu te disais ?
02:04 Moi j'avais 4 ans et demi.
02:07 Je pense que tu n'as pas le recul nécessaire pour te dire que c'était le club phare de la région avant.
02:14 Là, c'était vraiment du département, parce qu'à l'époque où moi j'ai rejoint le club,
02:18 il était en CFA2, je crois, ou peut-être même en DH,
02:22 parce qu'il y avait eu un redressement, je ne sais plus si économique ou judiciaire,
02:28 il y avait eu des problèmes et le club avait chuté de division.
02:32 Donc moi je ne m'en rendais pas compte, mais à la base,
02:35 mon papa qui était plus jeune footballeur, qui avait joué à Reims,
02:41 ne voulait pas me mettre tout d'abord au Stade de Reims.
02:45 Il voulait d'abord me mettre à Saint-Anne, le club où a commencé Robert Piresse,
02:51 parce qu'il est de la région aussi.
02:53 Et finalement, il y a quelqu'un qui connaissait à Reims qui a réussi à le convaincre de me mettre au Stade,
03:03 et puis c'est comme ça que j'ai commencé.
03:05 Tu es quelqu'un de grand, assez costaud, ce que déjà, quand tu étais petit,
03:10 tu étais un peu plus grand que les autres, un peu plus costaud.
03:14 Je ne me considère pas comme costaud, je me considère forcément comme grand.
03:21 J'ai toujours été au-dessus de la moyenne de taille, mais j'étais surtout très frêle.
03:27 Quand je suis arrivé en pro, je me rappelle, j'avais 17 ans,
03:33 je faisais la même taille et je faisais 15 kilos de moins à peu près.
03:38 Tu vois la différence. J'étais surtout longiligne, mais pas forcément plus grand que les autres.
03:46 J'étais dans la norme, on va dire, mais moyenne haute.
03:49 Tu étais quel type d'écolier ? Plutôt turbulent, calme ?
03:54 J'étais l'élève qui fout le bordel, mais qui ne se fait jamais choper.
03:59 Tu vois ? Le genre de gars qui casse un peu les bonbons quand tu es à côté, tu veux travailler, tout ça.
04:06 J'ai toujours eu des facilités pour apprendre, etc.
04:09 Je n'ai jamais eu de difficultés, j'aimais bien travailler.
04:16 Jusqu'à aller en seconde, ça se passait quasiment excellentement bien,
04:22 parce que j'étais dans les meilleurs de ma classe.
04:25 Puis après en seconde, quand tu commences à arriver au lycée,
04:29 tu te prends un peu pour un cahier, mais tu te dis que c'est un peu plus des contrats.
04:37 La seconde première, c'était un peu moins bien.
04:41 Et puis la terminale, j'ai fini avec mon bac tranquillement.
04:46 Parce que toi, dans ta formation de footballeur, il y a une forme de suite logique.
04:50 Tu fais l'école de foot au stade de Reims, la pré-formation et la formation.
04:56 Il n'y avait pas trop de formation quand j'y étais.
04:59 Ce n'était pas le club professionnel qu'on connaît aujourd'hui.
05:02 Non, maintenant, tu vas là-bas, tu vois le centre de formation,
05:05 tu pètes un câble, franchement, il est mortel.
05:08 Mais nous, à l'époque, je me rappelle l'école de foot qui a été mise en place.
05:14 On était déjà dans une zone avec un collège et un lycée où c'était difficile.
05:18 A Reims, c'était des zones difficiles.
05:20 C'était des ZUP.
05:23 Des fois, les parents des gamins étaient un peu réticents à l'idée de mettre leur enfant à cette école-là
05:32 parce que c'était des zones difficiles.
05:35 Mais au final, j'ai intégré à l'école de foot en cinquième,
05:40 jusqu'en terminale et le Jocelyne Pro.
05:43 Mais nous, au tout début, on s'entraînait sur les terrains en stabilisé,
05:47 les terrains rouges.
05:49 Après, on a eu la chance d'avoir un certain...
05:51 - Je ne connaissais pas le couleur.
05:53 - Tu sais, les terrains, tu tombes dessus, tu te fais une pizza de dingue
05:57 et après, tu ne peux plus dormir parce que ça te fait mal.
06:01 C'était l'époque un peu difficile, mais c'était bien
06:05 parce que tu étais avec tous tes potes du foot,
06:07 tu étais à l'école ensemble et tout.
06:09 C'était marrant.
06:11 - Et justement, ce n'est pas un frein pour étudier,
06:14 d'être avec ses potes de foot du stade de Reims.
06:17 - Après, moi, pour rien te cacher, j'ai eu une enfance merveilleuse.
06:22 Franchement, je n'ai jamais eu de problème.
06:24 Je n'ai jamais eu de problème d'argent, j'ai toujours eu ce que je voulais.
06:27 On n'était pas riches, mais je n'ai jamais eu de problème.
06:30 Et on m'a inculqué de travailler pour obtenir ce qu'on voulait.
06:34 Mais c'est sûr que tu avais des mecs avec moi,
06:38 ils avaient trois, quatre frères et sœurs.
06:40 Ils étaient dans des zones un peu difficiles.
06:43 Des fois, c'était des fils d'immigrés
06:45 où des fois, ce n'est pas toujours facile de s'intégrer.
06:48 Donc, quand tu grandis dans une zone difficile,
06:51 avec parfois de la famille dont tu dois t'occuper,
06:54 des fois, tu dois travailler tôt pour apporter de l'argent à la maison.
06:58 Pour eux, je pense qu'il y a des moments où ça devait être difficile.
07:01 Et encore, ils arrivaient à vraiment bien s'en sortir.
07:03 Mais moi, je ne devais que me concentrer sur foot et école.
07:06 Donc, à la limite, si je merdais, c'était de ma faute.
07:10 Je déconnais parce que j'avais toutes les cartes en main
07:13 et je ne pouvais pas bien allier les deux.
07:16 Est-ce que tu peux nous dire quel métier faisaient tes parents ?
07:19 Mon père est toujours prof.
07:22 Il est prof d'électrotechnique en supérieur.
07:25 Et puis maintenant, il s'occupe un peu de la maintenance informatique
07:29 dans le lycée dans lequel il bosse.
07:31 Et ma mère, quand j'étais petit,
07:34 elle était dans une imprimerie.
07:36 Après, elle est passée au journal local du coin, l'Union.
07:41 Elle s'occupait de la mise en page du journal.
07:44 Elle aurait toujours resté à l'Union après sa branche a fermé, etc.
07:48 Mais elle est toujours restée à l'Union.
07:50 Et puis là, actuellement, elle s'occupe...
07:53 Elle est toujours dans la mise en page,
07:56 mais plus dans les vérifications avant d'imprimer les journaux
08:01 pour voir les erreurs, ce qui ne va pas.
08:03 Essayer de pallier aux difficultés rencontrées de dernière minute
08:09 et essayer d'arranger le coucou.
08:10 Je rebondis sur le travail de ta mère.
08:12 Est-ce qu'elle t'a déjà donné des conseils
08:14 quand tu as donné tes premières interviews après les matchs,
08:17 comme elle travaillait dans le milieu de la presse ?
08:19 Non, parce qu'elle n'est pas journaliste.
08:21 Elle a fait journaliste deux ans à peu près,
08:25 les deux dernières années,
08:27 parce qu'elle a été obligée.
08:30 Sa branche, ils ont fermé.
08:33 Donc, tu es obligé de retrouver un moyen de t'exprimer,
08:37 de gagner ta vie, de te sentir bien.
08:39 C'est pour ça qu'elle a fait journaliste,
08:40 mais ça n'a rien à voir avec le journalisme sportif.
08:44 Dans le journalisme, tu as quand même des choses différentes.
08:49 On ne peut pas parler d'un mec qui présente le 20h
08:53 de la même façon qu'un mec qui présente le Canal Football Club.
08:56 Ce sont des présentateurs, mais c'est complètement différent.
08:59 Il y a des choses que chacun peut se permettre
09:02 et qu'à contrario l'autre ne peut pas faire.
09:04 Elle ne m'a jamais donné de conseils,
09:06 mais ma mère a juste à être heureuse.
09:09 Si elle voit que je suis heureux,
09:10 je pense qu'elle est heureuse aussi.
09:11 Mon père, des fois, il m'en parle,
09:15 mais je n'ai jamais de retour par rapport à mes apparitions
09:21 à la télé ou quoi que ce soit.
09:23 Tes parents te suivaient sur les terrains de foot
09:25 quand tu faisais tes matchs ?
09:26 Mon père ?
09:27 Ton père, de quelle manière ?
09:29 Tout le temps ?
09:30 Mon père, c'est simple, il m'a entraîné.
09:33 Au début, il me suivait,
09:34 donc il venait aux entraînements.
09:35 En général, c'est le mercredi après-midi
09:36 quand on n'a pas à l'école.
09:38 Le mercredi, il était au bord du terrain
09:40 et toutes les semaines,
09:42 au bout d'un moment, on lui a dit
09:43 que ça ne s'intéressait pas de prendre une équipe de petits.
09:45 Donc il a commencé avec moi.
09:46 Je crois que j'étais en poussin.
09:48 Il a pris une équipe pour être dedans
09:50 et comme ça, ça lui permettait d'être avec moi.
09:52 Il n'avait pas besoin de faire des allers-retours pour rien.
09:54 Ça ne lui donnait pas une excuse,
09:55 mais c'était un truc à faire en plus
09:57 plutôt que d'attendre autour de la main courante.
09:59 Des fois, c'est un peu chiant,
10:00 surtout quand il fait froid, il pleut,
10:03 ce n'est pas facile.
10:05 Donc ils lui ont proposé ça, il a accepté.
10:07 Il m'a accompagné jusqu'à mes...
10:10 J'ai joué avec lui jusqu'à mes 14-15 ans.
10:14 Après, il était dans le club,
10:18 mais d'une autre manière,
10:19 plus du côté administratif.
10:21 Il se battait beaucoup pour les jeunes
10:23 parce qu'à l'époque à Reims,
10:25 ils n'avaient que pour les pros
10:27 pour essayer de retrouver l'ustre d'antan.
10:31 Il se battait aussi pour que les jeunes aient une place.
10:33 Au final, je suis content
10:35 parce que le travail qu'il a amorcé,
10:37 tout ça bénévolement en plus,
10:38 parce que c'était à côté de son travail.
10:41 Ça a débouché sur un...
10:43 C'était le début aussi du travail de maintenant
10:46 avec le centre de formation.
10:48 - Peut-être personnellement aussi,
10:49 toi le symbole, c'est que tu fais partie de l'équipe
10:51 qui fait monter Reims de Ligue 2 en Ligue 1 plus tard.
10:55 - Oui, après 33 ans.
10:57 Ça faisait 33 ans qu'ils n'avaient pas eu la Ligue 1.
11:00 Moi, j'étais le premier joueur à sortir pro
11:04 depuis 20 ans, je crois.
11:07 Et le clin d'oeil de l'histoire,
11:08 c'est que le dernier à être sorti pro là-bas,
11:10 c'est le père d'un de mes meilleurs amis,
11:13 Jean-Pierre Bertolino,
11:15 avec qui j'ai de belles affinités
11:18 et avec qui je m'entends bien.
11:20 C'est une fierté,
11:22 mais après, quand tu montes en Ligue 1
11:25 et qu'au final, le club ne te garde pas,
11:27 ça ne sert pas à grand-chose.
11:30 - Pour nous restituer dans ta période adolescente,
11:33 qu'est-ce que tu écoutais comme musique à l'époque ?
11:36 - Rap US.
11:38 Rap US.
11:40 Avant, j'écoutais tout.
11:42 Et à partir de seconde,
11:44 à partir du moment où j'étais au lycée,
11:47 j'avais un coéquipier à moi qui, à l'époque,
11:51 c'était l'époque du téléchargement illégal
11:54 où ça commençait.
11:55 Donc il téléchargeait avec les Torrents
11:58 tous les derniers albums qu'il y avait aux États-Unis.
12:01 Tu ne pouvais pas avoir à la FNAC tout ça
12:03 parce que ce n'était pas encore diversifié comme maintenant.
12:06 Là, tu veux un album de n'importe où du monde, tu l'as.
12:09 Mais à l'époque, on n'en avait pas.
12:11 Et puis, lui, il achetait des CD gravés
12:13 et puis il te les revendait.
12:15 Donc il se faisait de la marge.
12:17 Après, ça faisait de la monnaie pour lui.
12:19 C'était une manière pour lui de gagner de l'argent.
12:22 La culture américaine, un peu hip-hop de là-bas.
12:27 Même si je ne comprenais pas les paroles,
12:29 c'est surtout le rythme, le beat,
12:33 le flow que les mecs pouvaient avoir,
12:35 l'apparence, le charisme qu'ils pouvaient dégager
12:38 qui m'intéressait.
12:39 C'est ça, c'est ça.
12:40 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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