• il y a 8 mois
Visite virtuelle de l'exposition Précieux déchets en compagnie de Dorothée Vatinel, commissaire de « Précieux déchets », adaptation française de l’exposition « Waste age » conçue initialement par le Design museum de Londres ; Stephana Albericci, professeure de design et métiers d’art en lycée technologique et Charlotte et Caroline, élèves de seconde générale option Culture et création design. 

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Transcription
00:00 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue pour cette visite virtuelle de l'exposition "Précieux
00:14 déchets" qui est proposée jusqu'au 1er septembre à la Cité des sciences et de l'industrie.
00:18 Cette exposition, qui est en fait l'adaptation française de l'exposition "West Age" conçue
00:24 initialement par le Design Museum de Londres, nous allons la parcourir en compagnie de Dorothée
00:29 Patinelle, qui est la commissaire de cette adaptation française "Précieux déchets"
00:35 et Stéphana Alberici, qui est professeure de design et métier d'art en lycée technologique,
00:41 le lycée Absomption de Bondy, et qui est venue avec deux élèves de seconde générale
00:47 option culture et création design, Charlotte et Carolina.
00:52 Bonjour.
00:53 Voilà, alors nous sommes, quelques règles à vous rappeler, vos micros si vous nous
00:58 suivez en direct sont coupés, mais vous pouvez bien sûr amener des commentaires dans le
01:03 chat, poser des questions que nous essaierons de relayer, évidemment pendant la visite
01:07 de l'exposition.
01:08 Alors nous sommes pour l'instant à l'entrée de l'exposition, devant un mur un peu particulier,
01:14 qui est un mur en fait de métal compressé, alors c'est à la fois assez saisissant et
01:19 très beau, et c'est le parti pris je crois de l'exposition, et bien les déchets, si
01:24 encombrants soient-ils, ils peuvent être beaux, et il y a une vraie attention portée à l'esthétique
01:29 notamment dans l'exposition.
01:30 Alors qu'avez-vous voulu nous dire avec ce mur ?
01:34 Alors en effet, comme vous le dites, ce mur est assez spectaculaire, certains le trouvent
01:39 magnifique, d'autres le trouvent étrange, en tout cas l'idée c'est de présenter
01:43 dans le mur exactement le message de l'exposition, c'est-à-dire qu'à partir des déchets,
01:47 on peut faire du beau, et ce mur est constitué de plaques métalliques, qui sont en fait
01:54 du métal en cours de recyclage, c'est-à-dire que ces plaques sont formées par la société
02:00 Paprec, qui ensuite les fait fondre pour recycler le métal, et nous on a fait un arrêt sur
02:08 image, on s'est fait prêter toutes ces plaques, et on a tapissé ce mur pour écrire le titre
02:16 de l'expo "Précieux déchets", qui est un bel oxymore, puisque ce sont souvent deux
02:19 mots que l'on n'associe pas.
02:20 Alors on va rentrer maintenant dans l'exposition, je vous invite à nous suivre.
02:25 Et on va s'arrêter devant une première vitrine qui accueille les visiteurs, et là
02:39 on rentre vraiment dans le vif du sujet.
02:42 Alors peut-être que je peux donner la parole à l'une de vous deux, peut-être à Charlotte,
02:47 est-ce que tu peux peut-être nous expliquer ce qu'on a devant les yeux, et surtout ce
02:52 que tu as ressenti quand tu as vu ces plastigloméras, puisque c'est ce qu'on nous apprend, ce
02:57 sont des plastigloméras.
02:58 Donc le plastigloméra, qui est la pierre exposée ici, est un mélange entre une pierre
03:05 naturelle et des études plastiques laissées dans la nature, et ça montre vraiment que
03:10 c'est un impact fort sur ce qui est présent sur notre planète, et que ça évolue au
03:17 fur et à mesure des années, pas malheureusement pour le meilleur.
03:21 Alors peut-être Dorothée Battinelle, vous pouvez nous en dire un petit peu plus.
03:26 Oui, je peux compléter, mais c'est très bien ce que tu as dit.
03:29 En fait, les plastigloméras sont en effet le triste constat que la pollution humaine
03:34 a fusionné avec la nature.
03:37 Et ce constat-là a été fait par une artiste canadienne, accompagnée d'une géologue
03:43 canadienne, qui ont donc ramassé ces morceaux de minerais, cette espèce de nouvelle pierre,
03:51 qui correspond à du plastique fondu mélangé avec du sable.
03:55 Voilà, et donc d'où l'invention de ce mot plastigloméra.
03:58 Et l'idée c'était de le présenter dès l'entrée de l'exposition pour saisir
04:02 le visiteur en lui disant "l'heure est grave".
04:04 Oui, parce qu'il faut le dire, cette exposition en fait, elle s'organise en trois parties.
04:09 Et cette première partie en fait, c'est l'apogée des déchets.
04:13 Donc là, c'est le constat en fait, c'est ça ?
04:16 Voilà, c'est ça.
04:17 Dans cette première partie, l'apogée des déchets, l'idée c'est de présenter
04:20 des éléments pour comprendre à la fois la surproduction de déchets qu'il y a
04:26 dans le monde et pour en connaître les raisons.
04:28 Alors peut-être, oui, vous vouliez compléter peut-être ?
04:31 Je voulais rajouter un petit détail concernant ce matériau un peu intriguant
04:39 qui est le plastigloméra, qui est souvent perçu un peu comme le fossile
04:44 de l'ère de l'anthropocène, c'est-à-dire que dans un futur pas si lointain que ça,
04:49 si nous ne réagissons pas, finalement ça risque d'être un matériau
04:54 qui va être de plus en plus fréquent.
04:57 Donc finalement, l'amorce de cette exposition, ce matériau qui est aussi intriguant
05:04 qu'alarmant, permet finalement d'entamer une réflexion beaucoup plus large
05:10 et beaucoup plus responsable sur comment on va pouvoir rebondir sur ce constat
05:19 qui ne nous sensibilise pas forcément de la même façon.
05:24 Et en fait, c'est quelque chose qui peut sembler insignifiant de prime abord,
05:28 mais le plastigloméra, c'est quelque chose, je le répète,
05:32 qui pourrait être qualifié de fossile de l'ère de l'anthropocène.
05:35 Donc l'ère de l'anthropocène, c'est l'ère durant laquelle l'homme a conditionné,
05:39 et je vais même dire maltraité la nature de manière un peu individualiste
05:45 et un peu égoïste.
05:47 Et justement, on va renverser ce rapport sur le sujet.
05:51 On va poursuivre un petit peu, parce qu'effectivement, cette première partie,
05:55 elle a pour but vraiment de sensibiliser, c'est une prise de conscience en fait,
06:00 d'Orothée Battenel.
06:02 Oui, tout à fait. L'idée avec cette partie, l'apogée des déchets,
06:05 c'est vraiment que le visiteur prenne conscience à la fois de la quantité
06:11 incroyable de production de déchets, et en comprenne les raisons.
06:17 En fait, on produit beaucoup de déchets, d'abord parce qu'on consomme de trop,
06:22 ça c'est la première chose sur laquelle on peut jouer, arrêter de consommer autant.
06:26 Et puis aussi, parce qu'il y a eu la culture du jetable,
06:30 par exemple à l'apparition des couches culottes jetables,
06:34 il faut dire que la mère de famille était drôlement contente
06:38 de ne plus avoir à laver les linges comme ça tous les jours.
06:42 Sauf que, qu'est-ce qu'on fait maintenant de tous ces déchets ?
06:44 Et donc, bien sûr, aujourd'hui, on essaye de limiter les bouteilles plastiques,
06:52 on prend des gourdes, on fait tous des efforts,
06:54 parce qu'il faut changer notre comportement.
06:56 Mais il faut avouer que ça se fait pas sans mal,
06:58 et que ça va demander un effort collectif.
07:02 Ce qui est assez intéressant dans cette exposition aussi,
07:04 c'est que ces déchets qu'on n'a généralement pas très envie de voir,
07:08 finalement, on les montre.
07:10 On les montre, et puis parfois, ça peut même être assez beau en vérité,
07:14 comme finalement ce rideau de bouchons.
07:16 Alors, c'est des bouchons, c'est assez saisissant aussi,
07:19 qui ont été collectés en un unique hiver sur une plage des Cornouailles,
07:22 au sud-ouest de l'Angleterre.
07:23 Oui, exactement.
07:24 En fait, comme vous le disiez, c'est des bouchons de plastique
07:30 qui ont été ramassés.
07:31 En tout, il y en a environ 6 000.
07:32 Alors ici, pour être honnête, on n'en présente pas tout à fait 6 000,
07:34 mais quand même de très, très nombreux.
07:36 Et en fait, c'est moche.
07:39 Et en même temps, ce qui est troublant,
07:40 c'est que ce grand rideau qui est présenté dans l'exposition
07:43 en hélice, comme ça, c'est assez esthétique.
07:48 Donc, c'est pour ça qu'on l'a mis aussi dès l'entrée de l'exposition.
07:51 C'est "précieux déchets", on y est.
07:53 En fait, on arrive quand même à faire du beau avec du moche.
07:55 Oui, puis vous me disiez, c'est un oxymore, "précieux déchets".
07:58 On n'a pas l'habitude de rapprocher de ces deux mots.
07:59 Oui, exactement.
08:01 Et donc, là, dans tous les projets de l'exposition,
08:07 il y a des textes et des films qui expliquent la jeunesse
08:09 de chacun de ces projets.
08:10 Et là, il y a un film qui montre justement cet élan collectif,
08:14 toutes ces personnes qui ont ramassé ces bouchons pendant,
08:17 comme vous avez dit, un hiver en cornouaille.
08:20 Et vous les voyez enfiler, tous ces bouchons,
08:24 sur le long de ce fil, et puis de tout tendre le long de cette plage.
08:28 C'est à la fois émouvant, c'est motivant parce que c'est frappant.
08:34 Et ce sont des citoyens qui ont dit, ça ne peut plus durer.
08:37 Il faut qu'on marque les esprits avec la pollution quotidienne
08:40 sur nos plages.
08:42 Alors, Carolina, vous êtes en seconde.
08:45 Donc, c'est seconde générale, option,
08:47 "Culture et création design".
08:48 Donc, vous êtes au tout début, en fait, de votre apprentissage,
08:52 en fait, en tout cas du design.
08:54 Est-ce que vous étiez déjà sensibilisée à ces questions
08:57 environnementales ou est-ce que là, c'est un peu une prise de conscience
09:01 sur tout le fait de venir dans cette exposition ?
09:03 On nous avait parlé le cours d'avant, le mercredi dernier,
09:07 et on nous avait présenté plein de vidéos,
09:09 et surtout ce qu'on allait voir durant cette expo.
09:12 Et je pense que c'est pour ça qu'on nous a montré cette expo,
09:15 pour prendre conscience dès maintenant pour plus tard,
09:19 ce qu'on pourrait faire.
09:20 Et en voyant ce rideau, justement ?
09:23 Je trouve ça très joli.
09:24 Et après, ça nous montre quand même l'impact qu'on a sur l'environnement
09:28 parce qu'il y a autant de bouchons sur une plage,
09:31 c'est grave quand même.
09:33 Alors, justement, Stefana Alberici,
09:35 vous avez préparé cette exposition,
09:37 en tout cas la visite avec vos élèves.
09:39 Comment vous l'avez préparée ?
09:41 Alors, en fait, j'ai commencé par leur diffuser une vidéo
09:47 qui montre un peu le constat actuel,
09:49 c'est-à-dire la présence de quantités exponentielles de déchets
09:57 en France et à l'international,
09:59 et qui justement permet de déresser un constat alarmiste
10:05 si nous ne réagissons pas à temps,
10:08 pour vraiment mettre en danger notre bien-être,
10:13 mettre en danger même l'existence humaine.
10:15 Et ça vous semblait important, en tout cas,
10:16 de les préparer un petit peu avant d'arriver ?
10:18 C'est-à-dire que cette exposition, en fait,
10:20 elle s'inscrit dans un contexte,
10:23 dans un contexte dans lequel les élèves vont évoluer,
10:26 vont devoir trouver des solutions,
10:28 quel que soit leur champ d'activité.
10:31 Même si eux s'orientent plus précisément vers les métiers du design,
10:36 en fait, il faut vraiment montrer le sens de cette exposition.
10:40 On n'est pas là uniquement pour contempler des œuvres,
10:43 bien au-delà du côté spectaculaire, du côté esthétique,
10:46 un certain nombre d'œuvres ou de productions,
10:50 puisqu'on oscille du champ des arts plastiques
10:54 aux différents champs du design.
10:55 C'est des productions qui sont là pour porter un message,
11:00 pour sensibiliser, pour transmettre,
11:02 pas forcément pour alarmer de manière abrupte,
11:05 mais pour montrer que tout n'est pas perdu
11:08 et qu'il y a encore des choses à faire
11:10 et qu'il y a plusieurs moyens d'envisager
11:14 ce fin de cycle de vie qui, en fait, n'est qu'un nouveau départ.
11:17 Justement, on ne va pas s'attarder trop sur cette première partie
11:20 qu'effectivement le constate la prise de conscience,
11:22 parce que ce qui est extrêmement intéressant,
11:24 c'est ce qu'on peut en faire de ces déchets.
11:25 Donc, on va poursuivre un petit peu la visite.
11:29 Alors, peut-être un tout petit arrêt
11:30 sur peut-être les trois panneaux qu'on voit là,
11:33 de côté vaccinal ?
11:34 Oui, en fait, ces panneaux parlent du plastique.
11:37 On a vu qu'il y a beaucoup de déchets,
11:38 parce qu'on les utilise dans la culture du jetable.
11:42 Et puis, il y a beaucoup de déchets,
11:43 et notamment des déchets plastiques
11:45 qui sont dénoncés maintenant.
11:49 Mais en fait, le plastique, c'est quand même un matériau formidable.
11:52 Il n'est pas cher, on peut le mouler,
11:55 on peut le mettre à la couleur que l'on veut,
11:56 on peut le faire en série.
11:57 Donc, ça permet d'avoir des objets pas chers.
12:00 Et d'ailleurs, ces objets en plastique,
12:02 on les retrouve dans les objets du quotidien,
12:05 comme on voit derrière nos étudiantes,
12:08 dans le monde du travail et dans le monde de la santé.
12:12 On a bien vu d'ailleurs, avec le Covid,
12:14 toutes les quantités de plastique à usage unique que l'on jetait.
12:19 Et ce plastique, on les retrouve aussi
12:21 dans les objets du quotidien à travers les âges,
12:24 du biberon jusqu'à la pince, pour ramasser sans se baisser,
12:28 pour les personnes âgées.
12:30 Et par ces objets du quotidien, avec des boîtes Tupperware
12:34 qui pourraient jouer sur la nostalgie de certains et certaines,
12:37 on voit bien que là encore,
12:40 quand il va falloir changer nos habitudes,
12:42 il va falloir aussi accepter de ne plus utiliser
12:44 ces objets qu'on a tous chez soi.
12:45 Et Stéphane Alberici, c'était un peu les années du design pour tous,
12:48 parce que le design a sa part de responsabilité
12:50 aussi dans cette situation.
12:51 C'est ça, donc c'est un peu la même chose.
12:53 C'est ça, donc c'est une période qui démarre dans les années 1950-1960.
12:58 On parle d'ère du prix unique, on parle du design populaire.
13:03 Il y a plusieurs appellations.
13:04 On parle d'utopie du tout plastique.
13:06 Je dois reprendre le nom d'un célèbre ouvrage
13:09 qui n'est plus réédité à l'heure actuelle,
13:11 mais qui montrait quand même tout un éventail de productions
13:15 qui ont proliféré et qui ont permis,
13:17 grâce aux matériaux issus de l'industrie pétrochimique,
13:20 d'élargir le champ des possibles.
13:22 Les designers s'en donnaient à cœur joint,
13:24 puisqu'ils pouvaient produire en grande quantité,
13:27 de manière peu coûteuse, des belles formes, des beaux objets.
13:30 Donc le design se démocratisait.
13:32 Et bien sûr, cela allait de pair avec la société de consommation
13:37 et tout ce qui est développement des médias,
13:39 qui accompagnaient, qui alimentaient un peu ces objectifs mercantiles
13:45 et qui a placé aussi bien les créateurs-concepteurs que les consommateurs
13:50 finalement dans une posture qui est un peu irresponsable, un peu unilatérale.
13:57 Et c'est quelques décennies plus tard, à l'aube du nouveau millénaire,
14:02 qu'on a commencé à tirer la sonnette d'alarme en disant
14:05 "Maintenant, il faudra un peu revoir nos habitudes de consommation et repenser".
14:11 Maintenant, il est temps de rectifier le tir.
14:14 Intéressant sur la galerie graphique qui est derrière nous,
14:17 c'est peut-être un élément sur les 7 milliards de tonnes de déchets plastiques
14:20 générés à ce jour dans le monde, moins de 10% recyclés.
14:22 Donc on comprend qu'il y a un besoin de faire mieux.
14:26 Et on va tout de suite entrer dans la seconde partie de l'exposition,
14:29 qui est effectivement le potentiel des déchets,
14:31 parce que ces déchets, ce sont aussi des ressources.
14:45 Alors ce qu'on a là, c'est un projet qui s'appelle "Materialism de Studio Drift",
14:51 où on a des artistes qui se sont emparés de cette question des déchets
14:54 et qui pointent finalement notre dépendance déjà à ces déchets,
14:58 et surtout qui matérialisent finalement les matériaux, les composants qui les composent.
15:05 Ce sont aussi des ressources.
15:06 Oui, l'idée avec ces objets qui sont quand même surprenants,
15:12 très beaux, très minimalistes comme ça,
15:14 c'est de montrer dès le départ, dès l'entrée de cette deuxième partie potentielle de déchets,
15:18 que là, c'est vrai, ils ont tout de suite un potentiel,
15:22 puisque ce que l'on a devant nous, c'est un aspirateur Dyson qui a été jeté,
15:27 et que ce Studio Drift, donc de designers hollandais,
15:31 ont dépiété, décortiqué, décomposé, en séparant tous les éléments qu'ils composaient.
15:37 Donc de mémoire, il y en a 18,
15:40 et qui ont compacté chacun de ces éléments en respectant la proportion de leur présence dans cet aspirateur Dyson.
15:49 Ce qui est intéressant aussi, et quand on travaille sur la fonction de l'objet,
15:52 c'est de comparer finalement tout ce qu'il faut pour faire un aspirateur Dyson par rapport à un balai,
15:58 donc c'est quand même toujours ramasser la poussière,
16:01 donc c'est aussi intéressant de pouvoir comparer ces deux objets.
16:04 Mais ce qui est très intéressant dans le travail du Studio Drift,
16:08 c'est d'une part de se pencher sur ce qu'est-ce qui compose ces objets technologiques,
16:13 qui sont maintenant des objets magiques, et on ne réfléchit plus tellement à comment ils sont construits,
16:18 et aussi que finalement, au lieu de jeter cet aspirateur, ils en ont fait une sculpture absolument magnifique,
16:23 et on montre d'autres choses, d'autres œuvres d'eux.
16:26 On montre par exemple un téléphone iPhone que l'on peut comparer à un Nokia,
16:30 on présente aussi un menu McDo avec une cup Starbuck.
16:37 Donc voilà, c'est très intéressant parce que tout de suite on se dit "mais en fait c'est dingue,
16:42 moi je ne vais plus jeter l'aspirateur qui traîne à la cave ou dans mon placard, je vais en faire quelque chose".
16:48 Justement, Charlotte et Carolina, ne vous cachez pas, venez là,
16:51 justement, l'une de vous peut réagir peut-être ?
16:55 Quand vous avez vu ça, c'est quand même assez étonnant comme dispositif,
16:58 qu'est-ce que vous avez ressenti ?
17:00 Est-ce que vous avez ce sentiment vous aussi d'être déconnectée des objets que vous utilisez quotidiennement ?
17:07 Que ça montre vraiment tout ce que ça peut mener avant,
17:12 parce que ça montre les matières premières utilisées,
17:16 et toutes les tables que ça a avant, et à quel point ça peut consommer,
17:21 alors qu'on pourrait tout simplement avoir un équivalent qui serait plus respectueux,
17:27 moins coûtant, comme un balai par exemple, par rapport à l'aspirateur d'Aizen,
17:32 qui est plus simple, qui nécessite moins de technologie, moins d'argent,
17:36 et surtout beaucoup moins de production.
17:37 Donc là, on comprend que vous êtes déjà sensibilisée,
17:40 en tout cas sensible à ce type de création, en tout cas.
17:44 Stéphana ?
17:44 Alors moi, je voulais ajouter quelque chose,
17:47 c'est-à-dire que moi, j'ai particulièrement apprécié la démarche du studio Drift,
17:51 et qui pour moi, en fait, est un peu une symbiose,
17:57 ça s'inscrit au croisement de ce qu'on connaît actuellement sur le terme de data visualisation,
18:04 et ce qu'on pourrait qualifier un peu de déchet matérialisation,
18:07 c'est-à-dire que cette démarche fait écho un peu à celle des artistes néo-réalistes des années 1960,
18:17 comme Armand, comme César, et toute cette génération-là,
18:20 qui ont voulu s'inscrire dans une démarche similaire à celle du pop art,
18:26 mais sans esthétiser justement tout ce qui est lié au consumérisme,
18:30 mais au contraire, le montrer de manière un peu brute de décoffrage.
18:34 Et en fait, on a cette transposition matérielle des quantités,
18:39 qui justement, moi, je le redis, est à la croisée de la data visualisation
18:47 et de la matérialisation, on va dire sublimée des déchets,
18:51 mais qui est quand même là pour porter un message.
18:53 Oui, que les déchets, justement,
18:56 ils sont bel et bien présents et parfois dans des choses qui nous sont familiers,
19:00 le menu Big Mac, l'iPhone 4S ou l'aspirateur Dyson,
19:05 c'est vrai que quand on voit le produit fini,
19:08 on ne s'en rend pas forcément compte de la quantité de tel ou tel matériau,
19:12 quel qu'il soit, qui peut-être, avec des solutions alternatives,
19:17 pourrait être repensé de manière théorétique.
19:19 C'est une très bonne transition, puisque là, on comprend bien que nos déchets sont des ressources
19:24 qui sont constituées de plein de ressources différentes,
19:26 de plein de matériaux différents et ces matériaux, on peut les recycler,
19:29 et notamment le plastique.
19:31 Alors là, devant nous, on va se mettre derrière pour qu'on puisse les voir correctement.
19:35 Venez, suivez-nous.
19:37 Alors là, devant nous, on a un tas de chaises
19:39 et ces chaises, en fait, elles sont toutes issues du recyclage du plastique.
19:43 Oui, alors, celle-ci est issue du recyclage du plastique, ainsi que ces deux-là.
19:50 Celles-ci sont issues d'un recyclage de réfrigérateurs.
19:54 Mais en tout cas, la démarche de ces designers est la même,
19:57 c'est-à-dire qu'ils récupèrent un déchet, ils en font une ressource,
20:01 après, ils la retravaillent, ils refont de…
20:05 ce designer a fait tout un travail pour passer d'un réfrigérateur
20:12 et en faire une pâte qu'il travaille ensuite avec son imprimante 3D.
20:15 Ici, c'est un travail aussi à partir de plastique qu'il a collecté,
20:22 puis dont il a travaillé la matière pour en faire une autre.
20:27 Et là, ce qui est intéressant, c'est que souvent, on se dit,
20:30 oui, c'est très beau, mais tout ça, c'est des pièces uniques et hors de ma portée.
20:34 Et bien là, non, finalement, pas tous, puisque là, on présente une série de chaises,
20:38 des chaises faites en série, des chaises uniquement en plastique recyclé
20:42 qui sont faites en série et qui donc sont accessibles, que l'on peut acheter,
20:46 que tout le monde peut acheter, ce ne sont pas des pièces de collection
20:48 comme les autres chaises que l'on présente ici.
20:50 Alors, Stéphana Albenci, le recyclage, est-ce que c'est une démarche
20:56 qu'on peut imaginer faire dans un établissement scolaire ?
20:58 Alors, je crois que vous, justement, vous faites cette démarche
21:01 en partenariat avec un Fab Lab.
21:04 C'est ça qui se trouve à Montreuil.
21:05 Alors justement, la nouvelle génération d'élèves,
21:09 que ce soit les élèves du second degré qui sont inscrits dans une filière design
21:14 et davantage en post-bac, dans des diplômes de type DLMAD,
21:19 comme on a ouvert chez nous ici à Assomption Bondy.
21:22 Les élèves et les étudiants sont justement familiarisés avec cette démarche
21:27 de recyclage, de réexploitation des déchets, quel qu'il soit,
21:31 avec notamment ce qu'on a mis en place dans notre établissement,
21:36 c'est un partenariat avec un Fab Lab qui se trouve à Montreuil,
21:40 le Fab Lab La Verrière, et qui est équipé de machines
21:44 entre guillemets "precious plastic" qui permettent de démocratiser
21:50 et d'ouvrir vraiment au plus grand nombre ce recyclage du plastique.
21:54 Alors, pas tous les plastiques peuvent être exploités.
21:57 Donc, nous, on a travaillé essentiellement sur des catégories 2 et 5
22:01 qui ont été préalablement triées, sélectionnées par les élèves.
22:06 Et donc, ces déchets plastiques sont devenus de nouvelles matières à créer.
22:10 Et à partir de ça, nos élèves ont pu imaginer des objets
22:14 à partir de plastiques qui ont été préalablement broyés.
22:17 Donc, c'est devenu des paillettes qu'ils ont ensuite fait fondre.
22:20 Et en fonction de la machine utilisée,
22:24 ils ont pu vraiment donner forme à des objets utiles,
22:28 des objets décoratifs, des objets vraiment qui satisfaisent,
22:31 qui satisfont, pardon, une dimension utilitaire, des cendriers, etc.
22:35 Oui, et donc, même dans des filières qui ne seraient pas spécialisées,
22:38 on peut très bien imaginer, en faisant un projet dans un Fab Lab finalement,
22:42 déjà toucher un peu au recyclage du déchet, du plastique.
22:47 C'est quelque chose qui est abordable.
22:49 D'autres disciplines sont concernées, pas uniquement les enseignants,
22:53 les enseignements liés au design et aux métiers d'art.
22:55 Ça peut être aussi bien la technologie au collège que la science physique au lycée, etc.
23:01 Donc, on voit que de plus en plus d'enseignements abordent ces points-là,
23:08 mais de manière différente et en lien avec les programmes officiels, bien sûr.
23:13 Et ça concerne beaucoup de disciplines, en fait, on se rend compte.
23:17 Et pas seulement le design, il y a tout le côté matériaux,
23:20 le travail sur les matériaux et donc les sciences, etc.
23:23 Alors, peut-être une parenthèse...
23:24 Aussi bien de la science de l'ingénieur.
23:26 Maintenant, avec ces nouvelles spécialités du bac général,
23:29 bien sûr qu'il y a plusieurs entrées possibles pour remplir les mêmes objectifs,
23:34 c'est-à-dire les sensibiliser à toutes ces questions environnementales
23:37 et bien sûr, convoquer des savoirs techniques, des savoirs scientifiques, etc.
23:43 qui permettent finalement déjà d'envisager des projets comme ça.
23:48 Alors, ça part du micro-projet,
23:50 suite à une posture qui va être beaucoup plus professionnalisante,
23:53 mais là qui s'envisagera dans les spécialités suivies en études supérieures.
23:58 Alors, juste une petite parenthèse sur la communauté Precious Plastic,
24:02 parce que vous l'avez citée et peut-être ça peut intéresser les personnes qui nous suivent.
24:05 C'est quoi cette communauté, cette nouveauté vaccinale ?
24:09 Alors, c'est une communauté qui a été créée,
24:13 alors je ne sais plus dans quel pays à l'origine,
24:15 mais qui s'est développée dans le monde entier.
24:17 Donc, il y a un Precious Plastic France.
24:20 Et donc, c'est une communauté qui met à disposition,
24:23 c'est en open source, tous les éléments, tout ce qu'il faut pour pouvoir,
24:26 en effet, ce que vous disiez, ce que fait le Fab Lab de Montreuil,
24:29 pouvoir recycler le plastique.
24:33 Parce qu'en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que le plastique,
24:35 il y a comme, avant de le recycler, il faut le collecter, les déchets plastiques.
24:38 Et il y a des vraies questions sur la collecte des déchets de plastique.
24:43 Et donc, les entreprises qui créent, qui génèrent énormément de déchets plastiques,
24:49 la collecte de leurs déchets est assurée.
24:52 En revanche, il y a des entreprises qui créent, qui génèrent des déchets en plastique,
24:56 mais qui ne rentrent pas dans des circuits de recyclage bien organisés.
25:00 Et c'est là où Precious Plastic prend tout son sens.
25:03 Et c'est ce qu'on présente ici, avec le travail de la plastiquerie,
25:10 des designers qui sont du côté, en Gironde, du côté de Bordeaux,
25:14 et qui, eux, récupèrent soit des déchets de tubes de médicaments,
25:20 des déchets plastiques, vous savez, pour les gaines en électricité,
25:23 des choses comme ça.
25:25 En effet, avec tout ce travail, là, avec un science de l'ingénieur,
25:28 sur quel type de plastique, des PETG, des PET, toutes ces choses-là,
25:33 qu'est-ce qui, en fonction de la composition même de ces déchets plastiques,
25:36 comment ils peuvent les travailler, les recycler ?
25:38 Donc, on présente ici des exemples d'échantillons qu'ils font à partir de tubes de médicaments,
25:43 de tubes pour les gaines d'électricité, de flacons de cosmétiques, des choses comme ça.
25:49 Ils travaillent pour essayer de trouver une matière agréable à l'œil,
25:55 touchée avec certaines caractéristiques techniques,
25:57 et ensuite, ils travaillent avec des designers pour en faire des objets,
26:00 comme par exemple ici, c'est un pic lumineux.
26:02 Et donc, c'est vraiment un travail très, très intéressant
26:04 qu'ils ont fait à partir de l'open source de plageuses plastiques.
26:08 Et alors, valoriser les déchets, finalement, il y a plusieurs démarches, en vérité.
26:14 Il y a la démarche du recyclage, effectivement, on va travailler le matériau,
26:17 on va le transformer, mais il y a aussi, tout simplement, le fait de pouvoir les réutiliser, réparer.
26:22 Ça, c'est une autre démarche, et on va voir tout de suite sur le dispositif suivant.
26:27 Oui, en effet, les déchets, on peut les magnifier, les faire des sculptures,
26:34 comme on avait avec les studios Drift, les déchets plastiques, on peut les recycler.
26:38 Là, on va pouvoir aussi encore faire une autre approche, comme vous le disiez, c'est réparer, tout simplement.
26:43 Donc là, on a un Nokia, c'est le Nokia G22 qui est sorti en 2023.
26:48 Alors là, la coque, elle est en plastique 100% recyclée, et l'usager, surtout,
26:52 il peut remplacer la batterie, l'écran, par lui-même.
26:56 Voilà, alors là, ce qui est très intéressant dans cet exemple de Nokia G22,
27:00 c'est que le constructeur de téléphones finlandais, Nokia, s'est dit,
27:05 ben, pour concevoir ce téléphone, ce que je vais faire, c'est que je vais sortir de mes bureaux d'études
27:09 et je vais me rapprocher de cette communauté de réparateurs qui s'appelle iFixit,
27:13 qui est une communauté de réparateurs que des individus, des particuliers ont montés,
27:19 et qui, quand ils réparent quelque chose, mettent des guides de réparation de ces objets,
27:24 pareil, en open source, qu'on peut télécharger sur Internet.
27:29 Ils ont un manifeste de la réparation que l'on montre ici.
27:32 C'est vraiment international, on le montre en japonais, par exemple.
27:38 Et donc, il y a tellement un souci de réparation que le constructeur Nokia s'est dit,
27:43 ben, pour mon prochain modèle, je vais travailler avec cette communauté de réparateurs
27:48 pour qu'ensemble, on conçoive un nouveau téléphone que le consommateur, le client,
27:53 peut réparer grâce à la notice de réparation définie par iFixit.
27:58 Donc, bien sûr, ça peut être un argument de vente, mais finalement, c'est pas mal comme argument de vente.
28:03 Plutôt que de dire "il est beau", là, on peut dire "il est réparable par vous-même".
28:08 Et je trouve que le fait que ce soit tout d'un coup un constructeur
28:11 qui s'approprie cette initiative de particulier, ça inverse un petit peu la vapeur,
28:17 et c'est aussi porteur d'espoir, parce que peut-être ça peut être repris
28:21 par d'autres constructeurs dans d'autres objets.
28:23 Et ça aussi, en design, ce changement de regard et surtout ce changement de démarche,
28:29 c'est quelque chose qui commence, vous commencez à l'enseigner,
28:31 c'est-à-dire penser à tout le cycle de vie de l'objet dès sa conception.
28:35 Oui, et aussi veiller à, on va dire, démystifier la technique et la technologie.
28:42 Quand on voit justement le développement relativement important ces dix dernières années
28:49 des Fab Labs, mais aussi des Hyper Cafés et des plateformes comme ça en open source,
28:54 qui permettent finalement aux consommateurs, même les plus réticents à la technique,
28:58 de pouvoir réparer, de pouvoir comprendre comment son objet fétiche est fabriqué,
29:06 quels sont les différents composants.
29:08 Ça lui permet justement de mieux envisager une seconde vie.
29:12 Et on a tous entendu parler de l'obsolescence programmée,
29:16 on sait tous que les objets qu'on a consommés jusque-là
29:20 étaient majoritairement conçus pour ne pas durer.
29:23 Et en fait, ce type de démarche permet finalement de contrebalancer
29:29 ce calcul au préalable qui raccourcissait volontairement
29:35 la durée de vie des objets dans une optique consumériste.
29:40 Et maintenant, grâce à ces différents dispositifs
29:46 qui permettent de démystifier la technique et la technologie,
29:50 tout le monde peut s'improviser,
29:52 j'ai mis une petite réserve là-dessus,
29:54 mais comme un réparateur, du moins pour trouver des solutions.
29:59 Alors bien sûr qu'on ne veut pas prolonger la durée de vie
30:03 d'un téléphone portable d'un siècle,
30:05 mais d'être moins dans ce "je consomme, je jette, je consomme, je jette".
30:09 Carolina, est-ce que vous êtes sensible à cette démarche-là
30:13 ou est-ce que vous lâcheriez un portable comme ça ?
30:15 Ça vous parle de pouvoir réparer, de l'ouvrir, de le réparer,
30:18 de le changer, de le faire durer ?
30:20 Je pense que ça serait bien parce que j'ai cassé plusieurs téléphones
30:23 jusqu'à maintenant et à chaque fois j'en rachetais un
30:26 parce que ça coûtait plus cher de faire changer une vitre
30:28 par exemple que de racheter un téléphone.
30:30 Du coup, à chaque fois j'en rachetais un, même si ce n'est pas bien techniquement.
30:34 Je trouve que ça, c'est une idée intéressante
30:38 et ça pourrait révolutionner.
30:41 Le fait, en tout cas, d'en connaître les composants
30:45 et de pouvoir agir dessus, de pouvoir réparer, etc., de faire durer.
30:48 Oui, et du coup, ça limite l'impact environnemental qu'on a aussi.
30:54 Alors, une autre démarche intéressante aussi,
30:56 on va peut-être la définir aussi, c'est l'upcycling.
30:58 Alors, ce n'est pas toujours très clair, il y a le recyclage et l'upcycling.
31:01 C'est quoi l'upcycling dans votre approche ?
31:03 Alors, en effet, ce n'est pas toujours facile de distinguer
31:06 recyclage et upcycling.
31:08 Le recyclage, on prend un déchet
31:10 et on modifie le matériau pour en faire autre chose.
31:13 L'upcycling, on prend le déchet, on ne change rien à l'objet,
31:16 simplement, on en fait autre chose, sans changement de matière.
31:21 Par exemple, ici, nous avons une table, la table Clavex,
31:26 qui a été imaginée, conçue par la Manufacture Maximum,
31:30 qui est en région parisienne.
31:32 Ces designers se sont spécialisés dans le upcycling,
31:35 ou le upcyclage, si je veux parler français,
31:39 des déchets issus de l'industrie et du bâtiment.
31:44 Donc, par exemple, cette table que l'on a ici,
31:47 le plateau est une vitre de train.
31:52 D'ailleurs, on voit qu'elle a été un petit peu graffitée.
31:55 Et maintenant qu'on le sait, on dit,
31:57 "Oui, c'est vrai, c'est pour ça qu'elle a des angles arrondis."
32:00 On voit très bien comment elle était dans son wagon.
32:04 Et le piétement de cette table est en fait un échafaudage à la retraite,
32:09 si je puis dire, puisque les échafaudages ont une durée de vie.
32:12 Et au bout d'un certain nombre d'années,
32:14 pour des raisons de sécurité,
32:15 on ne peut plus proposer aux ouvriers de monter dessus.
32:19 Donc, on les retire.
32:20 Néanmoins, ils peuvent tout à fait servir à autre chose.
32:24 C'est ce que montrent très bien les designers Maximum.
32:27 Donc, ensuite, ils les sablent, ils les travaillent.
32:29 Ils ont mis juste des espèces de petites boules en liège
32:32 pour ne pas abîmer la vitre quand on va la poser sur ces échafaudages.
32:39 Et donc, ce modèle de table, c'est très pratique.
32:42 Vous pouvez l'avoir plus ou moins haute ou plus ou moins basse,
32:44 plus ou moins longue, plus ou moins courte.
32:46 Vous pouvez en choisir la couleur du piétement.
32:48 Donc, c'est vraiment du upcycling parce qu'on voit bien qu'à partir de deux déchets existants,
32:52 mais qui n'ont pas du tout été modifiés dans leur matériau,
32:55 on en fait un nouvel objet.
32:56 Oui, et puis ça, c'est vrai que c'est une démarche
32:58 qu'on imagine pouvoir faire facilement dans un établissement.
33:01 Je veux dire un projet d'upcycling, de recyclage valorisant.
33:05 Je ne sais plus exactement comment on le traduit en français,
33:07 mais c'est quelque chose qui est adaptable.
33:09 Recyclage par le haut.
33:10 Sachant que quand on prend, par exemple, un objet qui avait une fonction bien précise
33:17 et quand on transforme, on le détourne de sa fonction première,
33:20 on parle plutôt de détournement du déchet.
33:23 Voilà, ça peut être de la sublimation, de l'hybridation, du détournement, de l'assemblage.
33:29 Donc, bien sûr qu'il y a toute une dimension narrative qui va se déployer,
33:33 puisque quand un objet a été upcyclé,
33:37 quand un objet a été reconstruit à partir de fragments d'objets disparates,
33:44 il y a quand même ces traces, ces stigmates du passé
33:49 qui sont là aussi pour raconter une histoire.
33:52 Donc, il faut aussi envisager le upcycling
33:55 comme une manière un peu de rendre hommage à un passé qui est bel et bien présent,
34:00 qui est là justement pour porter une histoire, pour porter des traces
34:05 et pour finalement changer le regard qu'on a sur le rebut,
34:09 sur quelque chose qui était finalement voué à démolition, à destruction.
34:14 Ce n'est plus un point final, c'est finalement un nouveau départ.
34:17 Donc, il faut voir.
34:18 Justement, on va partir sur la troisième partie de l'exposition.
34:21 On comprend en tout cas que finalement, le maître mot, c'est aussi la créativité.
34:25 Il faut avoir beaucoup de créativité finalement pour repenser les objets,
34:28 pour repenser les déchets.
34:29 Et puis évidemment, imaginer des matériaux peut-être biosourcés,
34:36 en tout cas des matériaux qui ne soient pas issus des énergies fossiles.
34:41 Donc, ça, on va le voir sur la troisième partie.
34:42 […]
35:01 Alors, anticiper la fin de vie des objets dès la conception,
35:06 ça, c'est quelque chose dont on a déjà parlé.
35:09 Alors là, on est devant une vitrine, c'est l'ampoule Bloom.
35:11 Alors là, elle est réparable à vie, en fait.
35:14 C'est ça l'idée ?
35:15 Presque.
35:15 Puisque là, on entre dans la dernière partie de l'exposition,
35:19 la fin des déchets, où l'idée, c'est de se dire,
35:21 allez, les designers, nos artistes, nos ingénieurs, nos architectes,
35:24 puisqu'on a aussi des projets d'architecture dans cette exposition,
35:27 vont continuer la réflexion sur ces déchets, vont aller au-delà,
35:31 et vont se dire, imaginons un monde sans déchets.
35:33 Donc, un monde sans déchets, comment on fait ?
35:35 Déjà, en effet, on peut imaginer des objets réparables à l'infini ou presque,
35:40 comme cette ampoule Bloom.
35:42 Quand on jette une ampoule,
35:44 quand l'ampoule ne marche plus et qu'on la jette,
35:46 on est déjà très fier de la garder et de la mettre de côté
35:49 jusqu'au moment où on la pose dans le carton de recyclage
35:52 à l'entrée de son magasin de bricolage.
35:54 Et pourtant, il n'y a qu'un tout petit composant qui est cassé,
35:58 la plupart du temps.
36:00 Le reste des éléments est tout à fait en bon état.
36:05 Le verre est rarement cassé, la goulotte aussi.
36:08 Donc, en fait, on jette tout alors qu'il n'y a qu'un morceau qui est cassé.
36:12 C'est justement le constat qu'ont fait ces designers
36:16 en proposant cette ampoule Bloom,
36:17 qui est d'abord conçue pour durer longtemps.
36:19 Donc, en effet, on est contre l'obsolescence programmée,
36:21 qui est un délit quand même depuis 2015.
36:23 Les choses avancent.
36:25 Et quand la pièce qui est cassée est cassée,
36:30 vous l'enlevez, un peu comme une petite puce de votre téléphone.
36:34 Vous la renvoyez au fabricant.
36:38 C'est ce qu'on montre sur cette photo-là,
36:39 où en fait, c'est une petite boîte.
36:40 Vous renvoyez la petite puce.
36:41 Il vous renvoie cette pièce réparée,
36:44 que vous remettez dans votre ampoule et c'est reparti pour un tour.
36:47 Et le petit morceau cassé que vous lui avez envoyé,
36:51 il le répare, qu'il remette dans la boucle.
36:53 En fait, ce qui est dingue, c'est que l'idée est simplissime.
36:57 Mais en fait, ça n'existait pas avant.
36:59 D'accord. Alors, on est néanmoins encore dans l'idée de réparation.
37:02 Donc, il peut y avoir du plastique dans cette ampoule, j'imagine.
37:04 On peut montrer d'autres projets qui sont un petit peu innovants.
37:07 Donc là, on a aussi un matériau qui est fait à partir de coquilles d'huître,
37:11 c'est ça, et de minéraux.
37:13 Alors, en fait, c'est fait.
37:14 Ça, c'est un projet très intéressant également de Malakio,
37:18 qui travaille les déchets coquillés.
37:20 Donc, en fait, c'est toutes les coquilles,
37:22 tous les coquillages vides que l'on peut trouver soit sur les plages,
37:26 soit dans les restaurants,
37:27 quand on a fini de manger notre plateau de fruits de mer.
37:29 Et donc, en fonction du type de coquillage qu'ils utilisent,
37:34 on a des rendus différents.
37:35 Donc ça, par exemple, c'est de l'ormeau.
37:39 On a des moules, on a de l'huître, on a des coquilles Saint-Jacques,
37:43 on a des mélanges de ces différents coquillages.
37:45 Et donc, Malakio récupère ces déchets coquillés, les broies,
37:51 les lie avec un lien naturel pour créer un matériau qu'ils ont appelé Istrene,
37:57 qui est extrêmement résistant puisqu'ils en font des plans de travail pour la cuisine,
38:03 des planches à découper, nous on présente un miroir.
38:05 Et donc, en fonction de la couleur du lien et surtout de la gradulométrie,
38:10 la façon dont il broie ces déchets coquillés, plus ou moins finement,
38:14 et la composition même de ces déchets,
38:17 on a des rendus extrêmement différents et extrêmement élégants.
38:20 Alors, Carolina et Charlotte, est-ce que ça vous donne des idées ?
38:23 Parce que c'est vrai que c'est extrêmement créatif,
38:25 il faut en avoir des idées pour créer des matériaux pareils.
38:29 Oui, c'est sûr que ça donne beaucoup plus de possibilités
38:33 parce que ça montre que d'autres alternatives au plastique sont disponibles
38:36 et surtout que les matériaux qu'on a peut-être laissés de côté à l'apparition du plastique
38:41 peuvent s'apparaître vraiment utiles et même plutôt écologiques
38:44 en les utilisant par exemple, comme vous l'avez cité plus tôt,
38:47 par rapport au restaurant ou ce qui est laissé de côté.
38:51 Et ça a vraiment beaucoup de possibilités et je trouve ça super intéressant personnellement.
38:54 Et Carolina ?
38:57 Moi, je trouve que le rendu on dirait presque du plastique,
39:00 mais du coup, ce n'est pas du plastique et je trouve ça impressionnant.
39:03 Et limite, si on le met par exemple dans une maison ou pour une décoration,
39:08 on ne remarquerait pas la différence, je pense.
39:10 Oui.
39:11 Ça peut faire aussi penser à du marbre, je trouve, un peu.
39:15 Vous imaginez peut-être un projet dans votre établissement, dans votre classe,
39:19 peut-être vous imaginez un nouveau matériau comme ça,
39:22 même utiliser peut-être les déchets de l'établissement ?
39:25 Moi, je trouverais ça intéressant de faire ça.
39:27 Après, c'est à l'établissement de choisir, je ne sais pas.
39:31 Oui, totalement, parce qu'il y a toujours des choses à améliorer partout,
39:35 toujours créer un monde nouveau.
39:37 Et c'est sûr qu'on peut se tourner vers des options plus orientées vers le futur,
39:45 sur la durée et aussi sur l'impact que ça va avoir.
39:49 Et c'est vrai que ça pourrait être une super possibilité.
39:53 On va continuer un petit peu juste sur cette table
39:55 parce qu'elle est quand même extrêmement impressionnante.
39:57 C'est une table, on dirait qu'elle est aux cheveux.
39:59 C'est une table de cisale faite à partir de feuilles d'agave, c'est ça ?
40:03 Voilà, c'est du déchet d'agave.
40:04 C'est un designer mexicain qui s'appelle Fernando Lapos,
40:07 qui réhabilite ce que faisaient les anciens.
40:11 Vous en parliez tout à l'heure.
40:13 Autrefois, au Mexique, on récupérait les déchets d'agave,
40:17 l'agave étant utilisée pour fabriquer la tequila.
40:20 Et les anciens, avec cette fibre d'agave tissaient, créaient des tapis.
40:28 Et puis avec l'apparition du nylon, ils ont arrêté cette technique,
40:31 cette tradition et Fernando Lapos remet ça aujourd'hui au goût du jour,
40:36 en récupérant, en faisant travailler aussi en circuit court
40:40 avec tout un souci de réinsertion sociale et les ouvriers
40:44 de différents endroits du Mexique.
40:46 Et donc pour sortir, non pas cette fois-ci des tapis à partir de ces déchets d'agave,
40:53 mais des objets très différents.
40:55 Donc ici, on présente cette table quand même assez amusante et saisissante.
41:02 Et dans le film qui explique son projet,
41:05 on voit aussi d'autres de ces objets qui sont vraiment dingues.
41:08 Alors en plus, ce qui est intéressant, et à plusieurs reprises dans l'exposition,
41:11 c'est qu'on comprend qu'on a là une démarche globale.
41:13 D'autant plus que là, en fait, ces agaves, elles servent,
41:17 elles sont replantées sur un terrain qui a été abîmé,
41:20 qui est un sol qui a été très dérodé en fait par l'agro-industrie.
41:24 Et donc l'idée, c'est de planter ces agaves parce qu'il n'y a que ça qui pousse à cet endroit-là
41:28 pour retenir les eaux, pour revégétaliser.
41:30 Et avec les ventes finalement de ces objets,
41:34 les ventes vont financer finalement le projet d'agave.
41:37 En fait, c'est vraiment, comme vous dites, vraiment une vraie démarche globale.
41:40 Et l'objet d'à côté que l'on présente aussi, il relève de la même démarche,
41:44 c'est-à-dire qu'à côté, il fait de la marquetterie à partir de maïs,
41:51 et il réintroduit des espèces de maïs qui ont été abandonnées depuis des décennies
41:56 parce qu'elles ne sont pas assez rentables pour l'agroalimentaire,
41:59 et il réintègre donc des espèces locales de maïs qui sont sublimes,
42:04 et à partir desquelles il travaille pour faire cette marquetterie.
42:07 Et donc il y a aussi ce...
42:10 associer sa démarche de designer à une réhabilitation,
42:14 une réinstallation de la biodiversité qui avait été perdue.
42:17 Donc ça aussi, Stéphane Alberici, ça fait partie de l'éco-conception ?
42:20 Oui, alors justement, dans une époque où justement on essaye de renouveler le savoir-faire traditionnel,
42:27 on se rend compte, à travers la démarche de ce designer,
42:32 que renouveler le savoir-faire traditionnel,
42:34 ce n'est pas forcément convoquer des nouveaux outils de création et de conception
42:38 qui permettent de gagner du temps et de la productivité,
42:40 genre faire de la néo-marquetterie en n'utilisant plus des outils traditionnels de découpe de bois,
42:46 mais plutôt des outils numériques, par exemple la découpeuse laser.
42:51 Là en fait, ce qu'on change, ce ne sont pas les outils, c'est la matière à créer.
42:56 Et on va puiser dans des ressources locales, on va faire en quelque sorte de la bio-marquetterie,
43:01 donc le savoir-faire traditionnel, il ne va pas être renouvelé du côté des outils utilisés,
43:06 mais plutôt du côté de la matière première.
43:10 Et en fait, comment composer avec des ressources locales,
43:13 comment composer avec le vivant, comment redéfinir sa pratique
43:17 en puisant dans des ressources finalement qui sont vernaculaires,
43:22 qui permettent justement d'avoir ce respect pour l'environnement
43:25 et de déployer tout un panel de potentialités,
43:31 d'atteindre des dimensions esthétiques qui sont plus que convaincantes.
43:35 On en arrive vraiment à sublimer la matière première,
43:39 à garder ce côté mystérieux, ce côté un peu onirique, ce côté poétique.
43:45 J'ai l'impression qu'on inverse aussi la démarche de conception,
43:49 c'est-à-dire que plutôt que de concevoir un objet et de lui appliquer une matière,
43:52 on va partir d'une matière…
43:53 C'est la matière qui est au cœur en fait de la procédure.
43:55 Le processus créatif, c'est elle en fait qui va…
43:58 elle ne va plus être subordonnée aux gestes et à la pensée humaine,
44:02 c'est la matière qui va être un peu le…
44:04 voilà, le maître d'œuvre, c'est elle qui va dicter tout le scénario créatif.
44:11 C'est-à-dire qu'elle va revendiquer une place quand même légitime
44:15 et elle va se placer finalement en amont du processus créatif et non plus en aval.
44:21 Justement, je voulais terminer là-dessus, c'est…
44:24 dans une période où on a cessé de tendre vers la sophistication,
44:32 vers l'innovation, vers les nouveaux outils,
44:34 toujours cette quête de prouesse, de performance,
44:37 là on se rend compte avec le travail de Fernando Laposte
44:39 que c'est parfois dans des techniques ancestrales,
44:43 parfois justement dans des territoires reculés,
44:46 on va avoir les meilleures idées,
44:48 et que finalement ce n'est pas forcément les démarches les plus alambiquées,
44:54 les plus sophistiquées et tout,
44:55 qui vont permettre d'obtenir les meilleurs résultats.
44:57 Et des fois, il faut savoir être pragmatique,
45:02 puiser son inspiration dans des savoir-faire,
45:07 dans des pratiques, dans des rituels qui datent parfois de plusieurs siècles
45:12 ou qui sont issus de territoires ruraux
45:16 qui étaient un peu en décalage avec les tendances récentes du design,
45:21 et en fait maintenant le design et les métiers d'art
45:24 se renouvellent pas forcément en quête de performance
45:27 et en quête de sophistication,
45:28 mais se renouvellent aussi en redonnant un second souffle
45:34 à des choses un peu oubliées.
45:37 Oui, et cette démarche d'éco-conception,
45:38 on se rend compte qu'elle peut s'appliquer dans plein de domaines,
45:42 ce n'est pas seulement le design, on a dit l'architecture, etc.
45:45 Et aussi la conception d'une exposition comme celle de la Cité des sciences,
45:50 parce qu'en fait tout ce qu'on voit là, elle est magnifique,
45:52 et tout ce qu'on voit là, ce sont des matériaux récupérés.
45:56 Alors oui, en effet, avec mes collègues Renaud Jean et Zoé Koulibaly,
46:00 on s'est dit, la meilleure preuve pour expliquer aux visiteurs
46:04 que les messages de l'exposition ont un sens,
46:07 on va se l'appliquer nous-mêmes.
46:09 Et donc on s'est dit, puisqu'on essaye d'expliquer que les déchets sont précieux
46:14 et qu'on peut en faire quelque chose de chouette,
46:16 et bien nous, dans cette exposition,
46:18 toute l'exposition a été construite à partir de matières,
46:22 matériaux de récupération.
46:24 Et c'est ce qu'on présente avec ce dernier mobilier,
46:28 qui expose deux travaux différents de designers.
46:33 Le mobilier en lui-même n'a pas été fini volontairement,
46:40 pour que le visiteur voit qu'il a été fait de portes de bureaux
46:49 qu'on a récupérées dans des chantiers de démolition.
46:54 Donc là, par exemple, la porte du dessus,
46:56 il y a même encore l'étiquette "Vert sous-sol, réfectoire, vestiaire, femme".
47:01 Toute l'exposition est faite à partir de ces portes
47:04 qu'on a récupérées autour de la Cité des Chances et de l'Industrie.
47:07 Bien sûr, l'idée n'était pas d'aller les chercher trop loin.
47:10 Ensuite, on les a travaillées, on les a enduites,
47:12 on les a peints, on les a poncées, etc.
47:13 D'ailleurs, la peinture qu'on a utilisée dans l'exposition
47:15 est une peinture faite à partir d'algues,
47:17 que l'on présente aussi dans l'exposition.
47:19 Et donc, en fonction de la façon dont on a superposé ces portes,
47:23 la longueur, etc., ça fait ces mobiliers différents,
47:26 où on en a fait des cimaises.
47:28 Évidemment, parfois, elles étaient trop longues ou trop larges,
47:31 donc on les a coupées.
47:32 Et toutes les chutes de bois,
47:34 on les retrouve ici dans ce mur mosaïque à la sortie,
47:37 qui termine cette façade de l'exposition.
47:41 Tous les écrans des films, en fait,
47:45 sont des écrans qu'on a récupérés dans les anciennes expositions
47:48 et qui ne servaient plus, donc il n'y a pas deux écrans pareils.
47:52 Pareil pour l'éclairage, ce sont des vieux spots.
47:54 Pareil pour les vitrines,
47:58 on a récupéré le plus possible des vitrines
48:01 qu'on avait utilisées pour d'autres expositions.
48:03 Et en fait, cet expo, finalement,
48:05 on l'a imaginé à partir d'objets de récupération.
48:09 Et au démontage, à son démontage,
48:11 tous ces éléments qui composent la scénographie,
48:15 le graphisme et l'éclairage
48:17 vont repartir dans le circuit de recyclage.
48:20 C'est-à-dire que ces tables,
48:21 si on ne les utilise pas pour d'autres expositions,
48:24 vont repartir dans le circuit de recyclage.
48:27 Tout à l'heure, on a commencé la visite devant ce grand mur
48:29 avec ses panneaux métalliques.
48:32 C'est pareil, au démontage,
48:33 on enlève tous ces panneaux métalliques
48:34 et on les rend à Paprec qui nous les a prêtés
48:37 et ils vont retourner dans le circuit de recyclage de métal.
48:41 Donc, en fait, on ne va pas générer de déchets.
48:43 Et on espère aussi qu'avec cet expo fait de récupération,
48:46 on en a fait quelque chose d'élégant,
48:49 preuve à l'appui, donc les déchets sont précieux.
48:52 Et on peut imaginer que ça peut donner des idées,
48:54 notamment aux enseignants et dans les établissements.
48:56 Alors, je voulais finir peut-être sur un projet
48:58 qui était le projet "Comment penser l'école de demain ?
49:00 Pensez avec un E ou avec un A".
49:02 C'est un projet qui a eu lieu dans votre établissement.
49:05 Il y avait quatre axes.
49:06 Il y avait la Green School, la Social School,
49:08 la Smart School, la Green School.
49:10 Je l'ai déjà dit, il m'en manque un.
49:13 - L'Effective School.
49:14 - L'Effective School, voilà, je m'y ai dit, il m'en manque un.
49:16 Et beaucoup de jeunes ont choisi l'axe de la Green School
49:19 et ils ont eu des superbes idées,
49:20 vous avez été assez impressionnés.
49:21 - Ah ben oui, surtout pour un projet, un micro-projet,
49:25 mais à Morse et en classe de seconde,
49:28 les élèves ont quand même débordé d'imagination
49:31 et ont vraiment pensé de A à Z leurs idées.
49:34 C'est-à-dire qu'ils sont partis d'un constat,
49:35 ils devaient chacun travailler sur un lieu choisi
49:39 dans l'établissement.
49:40 Ça pouvait être une salle de cours,
49:41 ça pouvait être la cantine,
49:42 ça pouvait être la cour de récréation,
49:43 ça pouvait être le CDI.
49:45 Et ils ont en premier lieu dressé un bilan critique.
49:49 Qu'est-ce qui ne va pas,
49:50 mais qu'est-ce qui ne va pas d'un point de vue spatialité ?
49:53 Qu'est-ce qui ne va pas...
49:54 - En termes de déchets, par exemple ?
49:55 - Voilà, en termes de déchets, en termes de décors,
49:58 en termes de confort,
49:59 puisque là aussi, il faut penser à l'apprenant,
50:01 le corps apprenant dans une classe,
50:04 s'il est en situation d'inconfort,
50:06 forcément l'optimisation des apprentissages
50:08 ne pourra pas être garantie.
50:09 Donc à partir de ça, ils ont vraiment repensé
50:12 l'école de demain et plutôt l'espace choisi
50:16 pour justement remédier à ces petites défaillances.
50:20 Et c'est vrai qu'il y en a beaucoup qui ont choisi
50:22 comme axe la Green School en proposant
50:26 des espaces de compost,
50:28 en proposant même des espaces auto-suffisants.
50:31 Ils ont repensé même la cantine scolaire.
50:33 Et je peux laisser la parole à mes deux élèves de seconde.
50:36 - Ah, vous avez fait partie du projet, peut-être ?
50:38 - Voilà.
50:40 - Fieres d'être.
50:43 - C'est que du coup, on s'inspirait aussi
50:45 des écoles Montessori qui imaginaient une nouvelle façon
50:49 d'imaginer l'éducation en mettant l'élève au premier plan.
50:53 Et du coup, on a réinventé plusieurs espaces
50:58 en rajoutant des contraintes.
51:01 Et c'était très sympa à faire en tout cas.
51:04 Et ça nous a permis de vraiment mettre le point sur des problèmes.
51:09 Et aussi, ça peut nous aider pour nos carrières
51:12 si on a besoin de faire les mêmes choses,
51:14 de poser des bilans critiques et de proposer des améliorations.
51:18 - Et cette éco-conception, imaginez un mobilier
51:21 qui serait issu de récupération,
51:24 c'est quelque chose qui est antiplagable ?
51:26 - Oui, c'est totalement possible.
51:28 - Ça vous donne des idées, cette exposition ?
51:31 Vous avez envie d'agir ?
51:32 - Oui, forcément.
51:33 C'est vraiment une exposition qui est plutôt sur le ton alarmiste
51:37 et qui nous montre qu'il est temps d'agir,
51:39 enfin, après des années d'alerte constante.
51:44 - Je la trouve quand même plutôt optimiste.
51:46 Moi, je trouve qu'elle donne beaucoup d'espoir.
51:47 Le constat est un peu alarmant,
51:49 mais je trouve qu'elle donne beaucoup d'espoir indernement.
51:51 - Oui, Charlotte, tu as raison.
51:52 Le constat au départ est alarmant,
51:53 mais moi, ce que je trouve très intéressant dans cette exposition,
51:56 c'est qu'elle donne de l'élan.
51:57 C'est-à-dire se dire, par exemple, devant nous,
51:59 là, on a une designer qui s'est dit
52:01 « je vais faire quelque chose du déchet de pisciculture
52:03 pour remplacer le plastique pour emballer les t-shirts ».
52:06 Moi, je trouve ça génial de se dire
52:08 « j'ai des arêtes qui ne servent à rien,
52:09 je vais en faire quelque chose ».
52:11 Je trouve que ça donne de l'élan
52:12 et que c'est des illustrations,
52:15 l'imagination n'a pas de limite.
52:18 Et que je me dis que des jeunes gens, des lycéens,
52:21 des étudiants en école supérieure,
52:23 s'ils se disent « ah, mais moi, j'ai une idée,
52:24 mais en fait, je ne peux pas la dire, c'est débile ».
52:26 Ben non, il n'y a pas d'idée débile.
52:27 C'est ça que je trouve formidable dans cette exposition.
52:30 Alors, est-ce qu'on avait peut-être une réaction
52:33 du côté du public ? Non ?
52:35 Eh bien, merci alors à tous, merci à toutes.
52:38 Merci de nous avoir suivis pendant cette visite virtuelle.
52:41 Et ma foi, j'espère qu'elle vous aura donné plein d'idées.
52:44 Bonne soirée.
52:45 Merci.

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