Antoine Flahault, épidémiologiste assure que la prévention n'a pas le succès qu'elle mérite en France. La prévention ne représente que 5% de nos dépenses de santé.
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00:00 Mieux vaut prévenir que guérir, dit l'adage, et pourtant la prévention ne représente que 5% de nos dépenses de santé,
00:06 aux grandes dames d'Alain et de notre invité.
00:08 Antoine Flau, bonjour. Vous êtes épidémiologiste, on vous a beaucoup vu et vous avez bien informé pendant l'épidémie de Covid.
00:15 Mais vous êtes aussi professeur de santé publique.
00:17 Et vous venez de sortir un livre justement un peu particulier, mais tout à fait passionnant, sur la prévention.
00:23 Prévenez-moi aux éditions, la font.
00:25 Pourquoi est-ce qu'en France, en fin de compte, la prévention n'a pas le succès qu'elle mérite ?
00:28 La prévention est souvent un petit peu le parent pauvre des politiques publiques.
00:33 Il faut reconnaître que ce n'est pas très attractif pour les politiques.
00:36 Les succès, il faut les attendre longtemps avant que...
00:39 Ce n'est pas très spectaculaire non plus.
00:40 Et puis pour les gens aussi, souvent c'est synonyme de choses un peu tristes,
00:43 de restrictions vis-à-vis des libertés individuelles, de faits passifs, etc.
00:48 Donc ce qu'il faut que nous fassions, c'est je crois que nous montrerions que
00:51 on peut véritablement faire de la prévention et prendre des mesures,
00:56 ou des mesures favorables à notre santé, qui ne sont pas si tristes que cela.
00:59 On a des exemples, que ce soit chez nous ou à l'étranger, de succès en termes de prévention ?
01:03 Le Japon, en 7 ans, a réduit de 50% sa consommation de cigarettes
01:07 et ils ont toujours la même consommation de tabac.
01:10 En fait, ils ne fument plus le tabac qu'ils utilisent maintenant.
01:14 Alors ils ne le chiquent pas, c'est les Suédois qui font ça plutôt,
01:16 mais eux, ils font du tabac, ce qu'on appelle du tabac chauffé,
01:19 c'est-à-dire c'est un peu comme des cigarettes électroniques.
01:22 Ils ont de la nicotine, mais ce n'est pas la nicotine qui tue,
01:24 c'est vraiment la combustion du tabac.
01:26 Ils l'ont bien compris et grâce à cela, c'est très vertueux,
01:29 ils vont engranger très rapidement les bénéfices de cette...
01:32 Ce n'est pas une politique publique, ce n'était pas décidé par les politiques,
01:35 on va dire que c'est vraiment des habitudes qui ont changé culturellement au Japon.
01:39 Quel but on poursuit en fait quand on fait de la prévention ?
01:42 C'est vraiment d'avoir une mortalité la plus tardive, de mourir le plus tard possible ?
01:45 On veut que les gens vivent en bonne santé le plus longtemps possible.
01:49 C'est surtout ça qui est important, c'est d'avoir une bonne qualité de vie,
01:52 pas d'handicap, pas de maladies chroniques à traiter,
01:55 invalidantes mais surtout pénibles à vivre, le plus longtemps possible.
01:59 Et ce qui nous montre bien le chemin d'ailleurs,
02:01 c'est les Japonais dont on parlait tout à l'heure,
02:03 ou les Suédois en Europe qui ont 5 à 10 ans de plus d'espérance de vie en bonne santé
02:08 quand ils ont l'âge de 65 ans par rapport aux Français ou aux Suisses.
02:11 Ça vaut le coup d'aller regarder ce qu'ils font et que nous ne faisons pas.
02:14 Vous dites que la prévention est assez genrée, les femmes sont meilleures ?
02:18 On éduque les femmes pour éviter les risques,
02:20 pour avoir des conduites les plus sécurisées possible.
02:24 Alors que les garçons au contraire, il faut qu'ils se battent,
02:27 c'est un petit peu caricatural ce que je dis,
02:29 mais ça a été quand même beaucoup le cas et on a beaucoup confié aux femmes
02:33 tout ce qui relevait de la prévention dans le foyer par exemple,
02:36 c'est la femme qui s'occupe du carnet de santé, des vaccinations des enfants,
02:39 parfois même des comptes du ménage en matière de santé.
02:45 Je pense qu'il faut que l'on puisse genrer davantage les messages de prévention,
02:48 rendre plus viriles la bière sans alcool ou la cigarette électronique.
02:52 – Antoine Flahaut, merci beaucoup, on rappelle votre livre,
02:55 prévenez-moi aux éditions à la fin.
02:57 – Et nous on se retrouve dimanche prochain et d'ici là, prenez soin de vous.