Ça fait 80 ans que les femmes ont le droit de vote. Morgane souhaite un joyeux anniversaire de droit civique élémentaire à toutes !
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-morgane-cadignan
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AmusantTranscription
00:00 Mais voici Morgane !
00:02 (applaudissements)
00:04 Morgane, ce qu'il en reste !
00:06 Ce qu'il en reste !
00:08 Ça fait que 80 ans cette semaine que les femmes ont le droit de vote.
00:10 Eh les filles, joie aux anniversaires de droits simples et élémentaires !
00:12 Alors, la piste !
00:14 Non, allez !
00:16 80 ans, c'était il n'y a pas si longtemps, c'est court !
00:18 8 décennies, c'est à peine une demi-chronique de Tanguy Pastureau !
00:20 C'est fou !
00:22 C'est fou de se dire que quand ma grand-mère est née,
00:24 c'était pas encore un droit acquis.
00:26 Ça me paraît dingue ! Raison de plus de veiller aux droits des femmes
00:28 qui sont en cause à chaque crise politique, économique ou religieuse
00:30 comme le disait Mercotte.
00:32 Ou Simone de Beauvoir, pardon, je mélange toutes mes femmes fortes,
00:34 c'est terrible !
00:36 Sous l'article qui parlait des 80 ans du droit de vote,
00:38 il y avait le commentaire de Fabrice
00:40 qui disait "Oh ça va, arrêtez avec votre féminisme,
00:42 on n'en peut plus !"
00:44 Puis un autre commentaire de Tchadbot, vous savez, les robots,
00:46 qui disait "Viens sur mon profil, tu ne vas pas croire ce que j'ai trouvé dans mes fesses !"
00:48 (rires)
00:50 Et je trouve que c'est super sensé
00:52 que tout ça cohabite joyeusement sur Internet,
00:54 puisque moi, dans mes fesses,
00:56 par exemple, on y trouve l'opinion de Fabrice
00:58 sur le féminisme.
01:00 Tout se recoupe, c'est fou !
01:02 Après j'ai vu d'autres articles sur le fait
01:04 que ce sont bientôt les 10 ans
01:06 du #MeToo, déjà, et je me suis demandé
01:08 où on en était. Tous les milieux y passent,
01:10 le mien compris, #MeToo stand-up,
01:12 #MeToo cinéma, #MeToo hôpital, et comme la violence
01:14 est partout, tous les milieux vont y passer.
01:16 #MeToo pâtisserie, bien entendu, vu qu'il y a un chef à la mode
01:18 qui va être accusé d'avoir pétri une commis de cuisine.
01:20 #MeToo loose, pour les abus chez Airbus.
01:22 Et #MeToo...
01:24 - Oh non !
01:26 - Et #MeToo tatis,
01:28 parce qu'au casting de tous les astérisques confondus,
01:30 on va bien réussir à en trouver un ou deux.
01:32 Et pour finir, #MeToo much,
01:34 pour l'utilisation de deux jeux de mots d'affilée dans une chronique.
01:36 - Allez, merci !
01:38 - Tout ça pour dire que oui, c'est partout, on le sait,
01:40 mais quel est le dénominateur commun
01:42 de toutes ces accusations ?
01:44 Que vous pouvez retrouver très bien classées et résumées sur l'Instagram
01:46 d'Andréa Bescon. Le point commun, c'est la
01:48 question d'inexistence d'aveu. Quasi aucun agresseur
01:50 supposé n'admet jamais, donc on ne peut
01:52 pas, en tant que société, passer après.
01:54 #MeToo, c'est la partie de ni oui ni non la plus longue
01:56 et chiante de l'histoire.
01:58 Ni sont-en. "Tu l'as agressée, cette fille ?"
02:00 "Peut-être, elle était
02:02 libre, possiblement consentante."
02:04 "C'est plus compliqué que ça, oh là là !"
02:06 Ni en bloc. Moi, c'est quelque chose que je trouve fou.
02:08 L'audace d'humain qu'il faut pour dire
02:10 "Non, c'est pas moi, je savais pas,
02:12 vous devez avoir un niveau de zinzin au loup-garou,
02:14 j'ai rien fait, je vois pas de quoi elle parle."
02:16 C'est fou que tant d'acteurs moyens arrivent à bien
02:18 jouer la comédie d'un coup. Franchement, les gars,
02:20 faites ça quand la caméra tourne, on aura bientôt des comédies françaises
02:22 regardables, qui sait ? C'est fascinant !
02:24 C'est fascinant ! Moi, quand j'ai des
02:26 six titres, je somatise ma naturopathe, elle me dit que
02:28 c'est parce que je retiens trop de choses secrètes psychologiquement.
02:30 Mais les gars, vous devez parler,
02:32 sinon vous allez uriner de la lave !
02:34 C'est urgent ! Les mecs vont aller pisser dans un champ
02:36 à We Love Green, ça va partir en Pompéi !
02:38 Libérez-vous !
02:40 Libérez-nous ! Allez, le village se réveille,
02:42 s'il vous plaît ! Et pour ceux qui disent
02:44 encore "Ouais, enfin, ça va, ça fait 15 ans, pourquoi
02:46 on parle maintenant ?" Eh ben oui, surprise, c'est dur
02:48 pour les victimes de parler. Mais vous devriez le savoir,
02:50 ça a maintenant un mois et demi du bac, on l'a vu l'année
02:52 passée. Romane, Jacques, Benoît, je vais prendre les carnets
02:54 si vous n'écoutez pas. Je ne comprends pas
02:56 que ça étonne encore le processus de parole
02:58 qui prend du temps. Il y a des hommes adultes qui s'évanouissent
03:00 de peur devant un clown à cause d'un film qu'ils ont
03:02 vu il y a 8 ans et demi, mais qui bloque devant la notion
03:04 de traumatisme. Alors que le clown du film,
03:06 il n'a même pas abusé de toi ! Tu as juste été aspiré
03:08 dans un égoût un jour de Fortepuis, c'est une journée classique
03:10 pour un Parisien sous Hidalgo !
03:12 Vous croyez qu'on est venus comment jusqu'ici ?
03:14 Zyoup ! Jusqu'à la maison de la radio.
03:16 C'est dur pour les victimes de parler.
03:18 Vous avez déjà essayé de réouvrir une plaie qui tente de se
03:20 refermer. Je me suis opéré de la main récemment
03:22 et le chirurgien m'a bien expliqué, pour que ça cicatrise
03:24 correctement, il faut désinfecter, sinon
03:26 il faudra recommencer. Après, il m'a aussi expliqué
03:28 qu'on ne jongle pas avec des couteaux
03:30 juste parce que Leïla vous a dit
03:32 "Je suis sûre que tu ne sais pas jongler avec des couteaux"
03:34 *Rires*
03:36 Et que vous avez une petite fierté.
03:38 Bref,
03:40 vraiment,
03:42 s'il vous plaît, avançons dans cette histoire.
03:44 Pas tout le monde en plus ne veut d'une cancel culture,
03:46 parce qu'on a l'impression que c'est un peu ça qui est frais.
03:48 Moi, je ne veux pas annuler des gens. Même si ça serait un
03:50 super pitch de série de science-fiction si d'un coup, on annule
03:52 l'existence de tous les hommes violents et abusifs.
03:54 Un matin, on se réveille, paf, ils ont disparu.
03:56 La place en terresse !
03:58 *Rires*
04:00 Et disons qu'aux cérémonies de remise de prix du cinéma,
04:02 on pourrait garder quelques sièges pour les manteaux.
04:04 Puis on se rendrait compte que les femmes violentes qui agressent,
04:06 qui sont l'argument principal et préféré de
04:08 beaucoup de gens, oh bah elles n'étaient pas si nombreuses.
04:10 Tiens, elles existent bien sûr, mais ce n'est pas un argument de défense
04:12 utilisable. Sinon, c'est comme dire "oui, bah le gâteau
04:14 était à l'amiante et à l'arsenic, mais vous noterez
04:16 la présence de 4 coquilles d'œufs,
04:18 donc mollo". Bah non, là, ma mère cote, elle te poche-à-douille
04:20 la gueule. Ça n'existe pas cette expression,
04:22 mais j'aime bien, on dirait une expression du Sud
04:24 pour parler d'une bagarre. "Oh Nagui, le petit,
04:26 il s'est fait poche-à-douille en discothèque, c'était pas joli."
04:28 *Rires* Et je parlerais du fait de faire
04:30 des accents la semaine prochaine, un militantisme à la fois,
04:32 je suis super, mais je suis un humain. *Rires*
04:34 Non, la cancel culture,
04:36 vous effraie, je comprends. Tantons quelque chose d'autre, tant on
04:38 peut passer à une repentance culture, une culture qui dit
04:40 "j'ai merdé, pardon", pour que la société puisse dire
04:42 "ok, ou pas, venez, on sort de ça, s'il
04:44 vous plaît, allons-y, passeport ouvert, page photo,
04:46 fil de gauche, fil de droite, on y va, dans 2 ans,
04:48 ça fera 10 ans qu'on a libéré la parole".
04:50 Alain Souchon, dans "J'ai 10 ans", il dit que si tu le crois
04:52 pas, il va te casser la gueule. Donc croyez-nous,
04:54 s'il vous plaît, croyez-le, comme ça personne ne se fait casser la gueule à la récré. *Applaudissements*