Le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, a tenu une conférence de presse pour faire le point sur l’enquête concernant l’affaire Kendji Girac, blessé par balle lundi 22 avril.
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00:00A 5h38, le centre opérationnel de la gendarmerie des Landes
00:04est avisé par les pompiers d'une suspicion
00:07de découverte d'une personne blessée par balle
00:10dans ce camp des gens du voyage.
00:13A l'intérieur des différences effectives de la gendarmerie,
00:17il y a une redescente d'informations.
00:18C'est la compagnie de gendarmerie de Biscarosse qui est avisée
00:237 minutes plus tard d'une nécessité d'intervention
00:26dans ces terres des gens du voyage.
00:29Et à 5h56, c'est un service strictement judiciaire,
00:33la brigade des recherches, mais qui dépend également
00:35du groupement de gendarmerie départementale des Landes,
00:37la brigade de recherche de Parentis-en-Borne,
00:39qui est avisée de la situation.
00:43A 6h05, les premiers gendarmes,
00:47qui sont donc les gendarmes de la compagnie de Biscarosse,
00:52qui vont être les premiers sur place.
00:56Ils vont découvrir à ce moment-là,
00:58mais j'y reviendrai également, un camp qui est plongé dans le noir.
01:02Il n'y a en apparence personne, en tout cas à l'entrée,
01:07et ils le vont chercher et sont presque prêts à faire demi-tour
01:13parce que, première analyse, pas de traces de pompiers,
01:17pas de traces d'intervention.
01:19Et c'est au bout du camp qu'ils voient, en revanche,
01:22une quinzaine, vingtaine d'hommes qui les attendent
01:25et qui vont à leur rencontre.
01:28Et cet accueil qui est fait aux gendarmes va être un petit peu
01:33en décalage par rapport à celui qui a été fait quelques minutes
01:36auparavant vis-à-vis des pompiers.
01:39Donc, c'est une forme d'omerta qui va marquer le début de cette enquête,
01:44puisque, concrètement, les gendarmes seront,
01:47sans qu'il n'y ait aucune violence particulière,
01:50mais seront accueillis et invités à repartir aussi vite
01:55qu'ils étaient arrivés, avec peu d'explications.
01:58Il ne s'est rien passé.
02:00Nous n'avons rien de particulier à vous dire.
02:03L'identification de la victime va se faire par le biais
02:08d'une plaque d'immatriculation après que l'une des personnes
02:13présentes ait bien voulu préciser où se trouvait la caravane,
02:19où l'effet avait eu lieu.
02:20Donc, cet élément va permettre de localiser cette caravane.
02:25Et devant celle-ci se trouve un véhicule,
02:28un véhicule Porsche Cayenne.
02:30L'immatriculation du véhicule va permettre d'identifier
02:35le propriétaire comme étant Kenji Maye,
02:40plus connu sous le nom de Kenji Jirac.
02:45L'état de l'intéressé, à ce moment-là,
02:50et je l'ai dit tout à l'heure, inquiétant,
02:53il se fera l'objet par la suite d'un examen précis
02:57par un médecin légiste bordelais.
03:01Je vais me rattacher à ces conclusions et vous apporter
03:06un certain nombre de précisions pour que vous puissiez appréhender
03:09exactement l'état qui était le sien.
03:13Il a été victime, donc, d'une plaie par arme à feu.
03:19L'orifice d'entrée est situé au niveau du mamelon gauche,
03:25mais très précisément sur le mamelon gauche,
03:27une partie de l'aéole ayant été emportée par l'impact.
03:33Et l'orifice de sortie se situe à l'arrière,
03:37dans le dos, au niveau de la 9e côte,
03:40donc, entre deux côtes, entre la 9e et la 10e côte.
03:44La balle a suivi, donc, une trajectoire
03:50qui est une trajectoire qui est du haut vers le bas,
03:56du dedans vers le dehors et de l'avant vers l'arrière.
04:00Ce projectile a suivi un angle qui est d'environ 45 degrés,
04:05donc, un angle plan serait celui-ci,
04:07un angle de 45 degrés, donc, du haut vers le bas
04:11et avec une distance qui a été considérée
04:15par le médecin légiste comme étant manifestement proche,
04:19susceptible de correspondre à un tir à bout portant.
04:22Donc, on rappelle que le tir à bout portant
04:24n'est pas un tir à bout touchant.
04:26Touchant, on est directement en contact avec la peau.
04:29À bout portant, on est à portée relativement proche
04:33du corps en question.
04:35Et là, pour le médecin légiste,
04:36nous étions sur un tir à bout portant relativement proche.
04:42Les conséquences de ce tir
04:48auraient pu être beaucoup plus graves qu'elles ne le sont.
04:50À la fin, le médecin légiste va fixer une incapacité totale
04:55de travail d'environ 30 jours, mais très concrètement,
05:00vu le trajet qui a été celui de la balle,
05:04elle est passée à proximité immédiate du cœur.
05:08Il y a une perforation au niveau d'un poumon.
05:14La rate, également, a été touchée, ainsi que le diaphragme.
05:20Aucun organe vital.
05:23Les os, les côtes, notamment, n'ont pas été touchés.
05:26C'est un trajet...
05:31Je n'utiliserai pas de termes religieux en l'espèce,
05:34mais peut-être miraculeux, puisqu'il ne touche
05:38donc aucun organe vital, alors qu'il y en a un certain
05:41nombre sur le trajet potentiel de cette balle.
05:45En substance, il a dit ceci.
05:47J'ai fait ça tout seul.
05:48J'ai acheté une arme à la brocante à la test.
05:51Je l'ai manipulée.
05:53Je n'ai pas trop l'habitude.
05:54J'ai tourné le canon vers moi et le coup est parti.
05:57C'est un pistolet.
05:58Je n'avais pas enlevé le chargeur en bas.
06:00Je ne sais pas où il est.
06:01Peut-être que les autres l'ont jeté.
06:03J'étais seul avec ma femme dans le caravane
06:07quand ça s'est passé.
06:08Il n'y a rien d'autre.
06:09Voilà, de manière quasi exhaustive, les explications
06:13qui ont été les siennes dans les conditions que je viens de rappeler.
06:17Cette arme, cette expertise, pardon, qui a été réalisée
06:21par le laboratoire de police scientifique de Toulouse,
06:24il s'agit d'un pistolet à répétition semi-automatique
06:27de marque Remington, un modèle de 1911.
06:30Donc c'est une arme ancienne, par définition,
06:341911, très répandue, qui a été le panache
06:39du grand banditisme à une certaine époque,
06:42mais qui est aujourd'hui une arme moins utilisée.
06:48Elle est en mauvais état d'entretien et de conservation
06:52puisqu'elle présente des traces de chocs externes.
06:56Mais, j'insiste sur le mais, c'est tout l'intérêt
06:59de l'expertise en question.
07:01Ça, c'est l'extérieur de l'arme, c'est l'apparence.
07:03En revanche, son fonctionnement est parfaitement correct,
07:06indique l'expert qui va pratiquer un certain nombre
07:09de vérifications classiques.
07:12Aucun incident lors de tir.
07:14Elle est en parfait état de fonctionnement.
07:18C'est une arme qui possède des sécurités et des sûretés,
07:23deux sûretés et trois sécurités, qui sont manuelles,
07:28avec un levier sur le flanc gauche de la carcasse,
07:31qui sont manuelles également avec présence d'un arrêtoir
07:34de culasse, automatique s'agissant des chocs.
07:38Concrètement, un coup ne peut pas partir tout seul.
07:41Automatique également lorsqu'on se retrouve en fin de chargeur
07:44et puis surtout automatique par l'existence d'une pédale
07:48qui est située à l'arrière de la poignée.
07:49Concrètement, pour tirer, il faut que la paume de la main
07:54appuie sur cette pédale qui est donc à l'arrière de l'arme,
07:59de la poignée, et en même temps appuie sur la détente.
08:04Si on n'appuie pas avec la paume de la main,
08:06la détente est bloquée.
08:07Le coup ne peut pas partir.
08:09Ça, ce sont des sécurités et des sûretés qui ont été vérifiées.
08:14Elles fonctionnent toutes et elle est donc en état
08:16de fonctionnement tout à fait habituel.
08:20C'est une arme qui est classée en catégorie B de la législation,
08:26une arme de poing qui ne peut pas être mise en circulation
08:32sans autorisation spécifique.
08:36Concrètement, seul, je reviens sur son fonctionnement,
08:39seule l'action sur la queue de détente permet la percussion
08:43de la cartouche qui est chambrée dans le canon.
08:46L'expert précise également que la pression sur la queue de détente
08:49présente une sensibilité qui est tout à fait normale,
08:52donc toutes les sécurités, toutes les sûretés sont opérationnelles.
08:57Il a été effectué, comme d'habitude,
08:59un tir d'essai au fin de reconnaissance et de comparaison
09:02dans le fichier national d'identification balistique,
09:05afin de vérifier si cette arme était susceptible d'avoir été
09:08utilisée dans des affaires antérieures.
09:12Le retour est clair, ce n'est pas le cas.
09:13Elle n'a jamais été utilisée dans des affaires antérieures.
09:17L'autorisation à la récupération à l'identificiation
09:20de quelques conditions négociées,
09:22donc questions du portrait physical de l'armement.
09:25Mais je pense que ce qui est intense,
09:26c'est en vrai que l'agence médiate en fait plein du beloum,
09:29de pouvoir personnellement déclarer la concentration
09:35à liste de recompense face à ces arrêts d'autorité
09:38que nous avons récemment fait.
09:40C'est un project d'action qui fait alors éviter
09:43qui est chambré dans le canon.
09:46L'expert précise également que la pression
09:48sur la queue de détente présente une sensibilité
09:50qui est tout à fait normale,
09:52dont toutes les sécurités, toutes les sûretés
09:54sont opérationnelles.
09:56Il a été effectué, comme d'habitude, un tir d'essai
10:00aux fins de reconnaissance et de comparaison
10:02dans le fichier national d'identification balistique
10:05afin de vérifier si cette arme était susceptible
10:08d'avoir été utilisée dans des affaires antérieures.
10:12Le retour est clair, ce n'est pas le cas.
10:13Elle n'a jamais été utilisée dans des affaires antérieures.
10:17Le chargeur vide, donc, a été remis et examiné.
10:24Le chargeur en question correspond à l'arme,
10:27en tout cas, est compatible avec l'arme.
10:30Il est d'une capacité possible de 7 cartouches de type 11-43
10:34et il est, lui aussi, en état de fonctionnement apparent,
10:38tout à fait normal.
10:39L'étui percuté qui a été remis
10:42a fait l'objet de comparaisons au macroscope.
10:45Il a bien été percuté dans ce même pistolet
10:48semi-automatique en question.
10:51Conclusion, un accident, un tir intempestif,
10:57qui est, de manière générale, extrêmement peu probable
11:00s'agissant d'armes de poing de cette nature,
11:02en l'occurrence, est jugé impossible
11:04dans le cas d'espèces.
11:06Le coup de feu sera tiré aux alentours de 5h,
11:12selon les uns, 5h30, plus vraisemblablement,
11:14vu les horaires d'appel des secours.
11:18Là où les témoignages vont diverger,
11:20c'est sur la consommation d'alcool de Kenji Jirak
11:24durant cette journée.
11:27Si l'on entend l'un de ses cousins...
11:30Kenji Jirak serait resté très sobre,
11:33aurait bu un Perrier.
11:36C'est une version qui est loin d'être confirmée,
11:38et on le verra par la suite, pas par Kenji Jirak lui-même.
11:41La réalité, c'est qu'il a beaucoup bu
11:43durant l'intégralité de la journée.
11:47Il va boire beaucoup lors du repas du midi,
11:52boire encore beaucoup lors de la soirée couscous
11:57avant de partir en direction de Biscarosse.
12:03Les divergences vont également apparaître
12:08au niveau de ce qui a été dit
12:13lorsqu'il est retrouvé après le coup de feu.
12:16Des tensions sont apparues également, dit-elle,
12:21du fait d'une addiction naissante de la part de Kenji Jirak,
12:27addiction à l'alcool,
12:29sujet qui a généré de grandes tensions
12:31dans le couple.
12:32Elle le présente comme étant, à la base, un simple fêtard,
12:38ce qu'il pouvait parfaitement comprendre
12:40et ce qui avait pu, par ailleurs, lui plaire.
12:42Et elle décrit Kenji comme étant l'objet de cuites
12:47de plus en plus nombreuses et de plus en plus longues,
12:50pouvant durer jusqu'à 48 heures,
12:52période dans laquelle il faisait, dit-elle, n'importe quoi
12:55et des situations qui étaient de plus en plus dures à gérer
12:58en ce qui la concernait.
13:00Elle précise néanmoins, je souhaite le faire
13:02pour éviter toute ambiguïté,
13:04que si cette situation générait des disputes,
13:07Kenji n'avait jamais été violent, ni vis-à-vis d'elle,
13:11ni vis-à-vis de sa fille,
13:12mais qu'il pouvait casser des objets
13:14lorsqu'il était dans cet état.
13:17Elle a été interrogée sur d'éventuelles consommations
13:19de stupéfiants de la part de Kenji Jirak.
13:21Elle évoque effectivement une consommation régulière
13:24de cocaïne à raison d'une à deux fois par semaine.
13:28Concrètement, dans ces conditions,
13:30Kenji Jirak était tellement près
13:33de la paroi externe de la caravane
13:37que la présence d'un tiers est matériellement impossible
13:41entre lui-même et la paroi de cette caravane
13:47sous un positionnement tout à fait atypique
13:49qu'on aurait du mal à imaginer.
13:52Il n'y a pas la place, concrètement,
13:53entre le mur extérieur et Kenji Jirak
13:55pour qu'un tiers se trouve à cet endroit-là.
13:58Il est du coup revenu sur sa 1re version.
14:03Il ne dit plus que le coup est parti involontairement,
14:07comme il l'avait déclaré initialement.
14:12Il a indiqué que, en fait,
14:14cette impulsion a consisté pour lui
14:16à vouloir faire peur à sa femme,
14:19à vouloir l'impressionner.
14:22Il indique qu'il a eu lui-même très peur
14:25quand il a entendu parler de départ,
14:29qu'il a eu un moment de panique
14:32et qu'il a, à son tour, voulu lui faire peur.
14:38En quelque sorte, il a simulé un suicide.
14:42Dit-il.
14:45Il précise qu'il a alors omis de vérifier
14:48si le chargeur qui était placé
14:52plus exactement dans cette arme de poing
14:55comprenait des munitions ou pas.
14:58Il le croyait vide, dit-il,
15:01et c'est volontairement qu'il a inséré le chargeur
15:05et c'est volontairement qu'il s'est tiré dessus.
15:09Il dit ceci.
15:11En aucun cas, c'est ma femme qui m'a tiré dessus.
15:15J'ai fait ça parce que j'ai eu peur, j'étais tout seul,
15:19ma famille n'était pas là.
15:20Il faut comprendre son père, sa mère, ses soeurs.
15:24Quand j'ai vu qu'elle allait partir, j'ai eu peur.