Category
📺
TVTranscription
00:00Bonjour à tous, il est midi sur LCI. Merci d'être avec nous à la une de ce samedi, le récit d'un fiasco aux conséquences potentiellement dramatiques pour les Ukrainiens.
00:10L'armée russe a fait une percée d'importance cette semaine à l'Est, lorsqu'une brigade ukrainienne s'est retirée avant l'arrivée des renforts.
00:18Alors que s'est-il vraiment passé ? On vous raconte ce qu'on en sait. On vous dit aussi ce que cet incident révèle de l'état de fatigue de l'armée de Kiev.
00:27On vous parle aussi de ces armes ultra performantes sur le papier, oui, mais inutiles sur le terrain, et parfois c'est de fleurons occidentaux dont il est question.
00:35Après le char Abrams retiré du front cette semaine, on apprend que la fameuse bombe glidée et planante, le GLS-BD, dont on avait tant parlé, n'aura en fait jamais servi à rien.
00:47Et puis comment rapatrier les déserteurs ukrainiens ? Plus de 650 000 hommes en âge de combattre seraient toujours à ce jour réfugiés dans divers pays d'Europe.
00:57On verra ce que proposent les Ukrainiens, les Polonais aussi, qui accueillent la grande majorité d'entre eux.
01:03Et d'ailleurs, un réfugié est-il un déserteur ? On demandera à nos invités ce qu'ils en pensent.
01:07Voilà pour le programme. On développe tous ces points juste après le journal avec Mathieu Carman. Bonjour Mathieu.
01:13Bonjour Florence.
01:15À 13h31 sur LCI, ce qu'on va vous raconter à présent, c'est l'histoire d'une défaite certes limitée, mais qui pourrait être lourde de conséquences sur le front Est.
01:25C'est rare d'avoir autant de détails sur un événement du front, surtout un événement qui marque peut-être un tournant.
01:30Cette semaine, les Russes ont marqué une avancée conséquente à Ocheretinye, cette ville ici qui ne vous dit peut-être rien.
01:38Mais il suffit de regarder cette carte pour comprendre effectivement que cette avancée pourrait être lourde de conséquences.
01:44On va en parler avec vous, Général Chauvency.
01:46On a une idée très précise, grâce notamment aux médias américains Forbes, du déroulé de cette bataille et de ce qui ne s'est pas passé comme prévu.
01:55Une avancée de plusieurs kilomètres pour les Russes à l'issue de ce qui semble être une relève de brigade qui s'est mal déroulée.
02:03Alors Général, que s'est-il passé cette semaine ? Pourquoi cette défaite ukrainienne ? Comment l'explique-t-on aujourd'hui ?
02:09D'abord, c'est une défaite tactique, certainement, mais qui a été en partie palliée par une réaction relativement rapide des Ukrainiens.
02:14Cependant, ce à quoi on a assisté, en fait, c'est une mauvaise relève d'unité.
02:19C'est sans doute l'exercice tactique le plus difficile qui soit en temps de guerre, qu'une brigade d'en gros 2 à 3 000 hommes se fasse relever par une autre brigade de 2 à 3 000 hommes.
02:27Ça se fait très souvent de nuit, ça se fait progressivement.
02:30Ça veut dire que ceux qui s'en vont ne partent que quand ceux qui doivent les remplacer les ont remplacés.
02:35Manifestement, à un moment donné, ça ne s'est pas bien fait et il y a eu un trou dans le dispositif.
02:38Alors, ce qui est en jeu là, ce n'est pas n'importe quelle brigade, vous allez d'ailleurs nous l'expliquer, c'est la 47e brigade mécanisée,
02:43celle qui est équipée notamment de ces fameux chars à Brahms dont on apprend le retrait du front.
02:48Ils étaient présents à Haute-Chéretigny et puis ils doivent partir, ils reçoivent cet ordre. Qu'est-ce qui se passe alors ?
02:53Il faut bien rappeler qu'ils ont reçu l'ordre de partir.
02:55C'est-à-dire qu'au point de vue planification de l'état-major, il y a quelque chose qui ne s'est pas fait, notamment avec l'autre brigade, certainement.
03:00Bon, maintenant, cette unité particulière de plus de 2 000 hommes d'élite, puisqu'on en entend parler depuis des mois,
03:06étant une unité particulièrement valeureuse, c'est un bataillon de chars M1 à Brahms, en gros 30 chars,
03:12et en gros 3 bataillons mécanisés de 30 bradelais chacun. Donc on a 120 blindés américains.
03:19C'est une unité qui a été formée par les Américains, qui faisait partie des 6 brigades formées pour la contre-offensive
03:25et qui a montré sa valeur sur le terrain depuis des mois.
03:27Sauf qu'elle est épuisée.
03:29Elle est épuisée, un an de combat en première ligne et à un moment, il est normal de relever cette unité.
03:34Et c'est cette relève qui s'est mal passée, puisque finalement, il n'y a pas eu les bonnes passations de consignes
03:39entre les 2 commandes-brigades, certainement, un mauvais timing, et ce qui s'est passé, c'est que les Russes s'en sont aperçus.
03:45Le champ de bataille, on se renseigne, on met des drones, on met du renseignement.
03:49Leur drone passe au-dessus des tranchées, ils voient qu'il n'y a plus personne sur cette zone.
03:54Tout à fait, donc ça fait partie de la guerre, c'est-à-dire qu'il y a eu une opportunité faisant suite à la prise d'advocat
03:59et cette progression vers l'Ouest, les Russes se sont bien aperçus qu'il y avait un déficit de défense ukrainienne
04:05et ils avaient surtout, ce qu'on ne dit pas, des unités capables d'exploiter, parce qu'en fait, il fallait des unités pour exploiter.
04:09Et là, on a une brigade de fusillés motorisés, donc c'est sur des roues, qui sont vite engouffrées pour essayer d'exploiter effectivement cette faiblesse.
04:16Et alors 715e brigade mécanisée qui doit prendre le relais, que fait-elle ?
04:20Le problème, c'est que justement, elle n'était pas là où il fallait, donc comme elle n'était pas en poste de combat,
04:24elle a permis finalement à l'unité russe de progresser et de prendre plusieurs kilomètres en progression.
04:29Et ce qui s'est passé, c'est que la 47e brigade qui était partie, elle a reçu l'ordre de revenir.
04:34Donc, est-ce qu'elle avait tout son recomplétement en munitions ou en carburant, peu importe,
04:38mais elle est revenue se mettre au combat et donc éviter que la défaite soit trop magistrale.
04:42On disait, c'est rare qu'on ait tous ces détails, c'est effectivement très précis.
04:46Le résultat, c'est donc cette zone aujourd'hui prise par les Russes et pourquoi c'est important et crucial ?
04:51Parce que cette ligne noire que vous voyez ici, c'est une voie ferrée générale qui mène à la ville de Pokrovsk.
04:57Et on sait que c'est un nœud capital aujourd'hui pour l'armée ukrainienne.
05:01Oui, tout à fait, mais je crois qu'il faut bien remarquer, on voit très bien sur cette carte,
05:04que les Russes sont à l'offensive ici, ils ne sont pas vraiment à l'offensive ailleurs.
05:07Ils savent que là, il y a des faiblesses et ils poussent le plus possible pour essayer d'avancer,
05:11et aussi vers Kamatorsk, beaucoup plus au nord.
05:13C'est cette avancée aujourd'hui qui nous interroge.
05:15Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, c'est un vrai danger pour les Ukrainiens ?
05:18Qu'est-ce qu'on peut faire avec une position aussi avancée ?
05:21Ça veut dire que les lignes de défense ont été franchies par l'ennemi.
05:24Ça veut dire que les Russes ont dépassé les lignes de défense.
05:26Ça veut dire que les Ukrainiens doivent pallier au plus pressé cette offensive et se réinstaller.
05:33Ils sont pris de vitesse.
05:34Donc c'est ça qui est important.
05:35C'est-à-dire qu'aujourd'hui, par cette percée comme cela, qui a l'air de se concrétiser,
05:39ça veut dire aussi contourner les lignes de défense par le nord ou vers le sud des lignes ukrainiennes.
05:43Ça veut dire que les troupes ukrainiennes ici et là risquent d'être complètement encerclées
05:47et d'être dans une situation militaire très difficile.
05:49Une situation d'autant plus difficile qu'on le sait, les combats ont aussi lieu à Chassiviar.
05:53On parle là de dizaines de milliers de soldats russes qui sont massés aujourd'hui
05:57pour tenter de percer là-bas également.
05:58Nous sommes dans cette offensive à partir d'Advika.
06:00À Advika, on ne se rend pas compte de l'importance que la prise de cette ville a eue.
06:05C'était une ville hyper fortifiée du côté ukrainien qui était un verrou sur la ligne de défense.
06:09Ce verrou est tombé au bout de 8 ans quand même, à part les mois de combat qu'on a eus.
06:13Au bout de 8 ans.
06:13Et maintenant, le fond est faible.
06:15C'est l'endroit où les Russes peuvent avancer.
06:17Merci beaucoup Général.
06:19On va se rasseoir et on va discuter de tout cela avec nos autres invités.
06:23On accueille aujourd'hui Ulrich Buna.
06:25Bonjour Ulrich, analyse géopolitique.