• il y a 7 mois
Déposer une trace de notre patrimoine humain, culturel et scientifique… sur la surface de la Lune. Voici l’ambition du projet Sanctuary on the Moon, mené par Benoît Faiveley et une équipe de 11 scientifiques et artistes internationaux. La capsule d’une masse de 1,4 kg contenant des informations de notre humanité devrait s’envoler pour la Lune en 2024 dans le cadre de la mission Artemis de la NASA.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:04 Allez, on part quelques minutes sur la Lune grâce à mon premier invité, Benoît Fevelay. Bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Alors, vous êtes le directeur du projet Sanctuary on the Moon.
00:13 C'est une mission qui vise à transporter notre patrimoine humain sur la surface de la Lune, tout ça dans une capsule.
00:21 Cette capsule, elle va être envoyée dans le cadre de la mission Artemis de la NASA.
00:25 D'abord, pourquoi ce projet puisque vous en êtes à l'initiative, Benoît ?
00:28 Eh bien, parce que l'espace m'a toujours fait rêver et puis qu'ancien ingénieur et journaliste, j'ai conjugué mes deux passions,
00:38 à savoir la passion pour l'exploration spatiale et puis le fait de raconter des histoires.
00:43 À qui vous allez raconter des histoires sur la Lune, Benoît ?
00:46 Justement, je pense qu'en sanctuarisant des connaissances de l'art, mais aussi des génomes pour toujours sur la Lune,
00:54 on s'adresse non seulement à nos descendants dans un très très très très très lointain futur,
00:58 mais aussi à nous aujourd'hui, à nous autres humains aujourd'hui.
01:02 Et on pense que le spatial est un vecteur génial pour pouvoir communiquer ce genre de thématique.
01:11 Et qu'est-ce qu'on va embarquer comme information ?
01:13 Alors, je vous l'ai dit, Sanctuary va s'articuler autour d'un triptyque, ce que l'on est avec des génomes,
01:21 ce que l'on sait avec de la science et ce que l'on fait avec de l'art.
01:24 Donc on va y inclure notamment le patrimoine mondial de l'humanité.
01:27 Et notre patrimoine génétique aussi.
01:29 Exactement. Donc sur la première partie du triptyque, vous avez deux génomes qui ont été tirés en double aveugle,
01:34 donc tirés au hasard parmi la population canadienne, et donc qui ont été intégrés in extenso sur quatre disques.
01:41 D'accord, patrimoine donc laédit scientifique et puis culturel.
01:44 Il y a des artistes qui sont impliqués dans le projet.
01:46 Et puis oui, alors aujourd'hui je ne peux encore trop rien dire, parce qu'il y a encore des choses qui sont confidentielles,
01:53 mais voilà, donc l'UNESCO, qui est quand même la maison de tous les artistes, des créateurs, qui s'est joué en projet.
02:00 Donc c'est la première fois en 46 ans que et l'UNESCO et la NASA participent à un tel type de projet dans l'espace.
02:06 La dernière fois c'était le disque qui avait été envoyé sur les sons de voyageurs en 77.
02:09 Et donc oui, oui, c'est une première et cocorico, le projet est français.
02:13 Bravo. Alors parlez-nous un peu de cette capsule. Elle va être fabriquée en quoi, comment, par qui ?
02:20 Alors on a des disques de saphir. C'est une technologie qui était au départ militaire,
02:26 et qui était disponible au commissariat à l'énergie atomique à Grenoble,
02:30 et puis qui a été rendue à la vie civile, si je puis m'exprimer ainsi.
02:35 Et donc c'est des disques de saphir sur lesquels on peut en coder, on peut graver entre 3,4 et 7 milliards de pixels par disque.
02:44 Des disques, il y en aura 24. Alors là, montrez-le, vous en avez apporté un exemplaire.
02:48 Exactement, donc ça c'est un disque science, dont la thématique est l'espace. Donc on y a assemblé...
02:53 Donc c'est un mini-cd ?
02:55 Ben oui et non, ça fait à peu près la taille d'un cd, mais les informations qu'on trouve dessus peuvent être lues à l'œil,
03:01 à l'œil nu, et/ou avec une loupe. D'accord.
03:04 Donc ce qui prémunit le découvreur de l'objet...
03:09 La nécessité d'avoir un support physique.
03:11 Exactement, exactement.
03:12 Ça c'est la complexité.
03:13 Exactement.
03:14 Ok, alors cette capsule, elle pèsera 1,4 kg quand même ?
03:19 Oui, ce qui en fait une masse assez conséquente posée sur la surface de la Lune,
03:24 et donc choisie par la NASA, et on est très heureux qu'elle nous ait alloué cette masse, cette quantité de masse,
03:33 et puis ça sera 2 fois 1,4 kg parce qu'il y a toujours...
03:36 On aura un autre lancement en backup, donc en secours, si jamais le premier lancement venait à échouer.
03:41 D'accord. Vous avez cité des partenaires prestigieux autour de ce projet, peut-être les relister ensemble,
03:47 donc l'UNESCO, le CNES, le CEA, l'INRIA, le Centre des sciences du génome de la Colombie-Britannique au Canada,
03:54 tout ça sous le haut patronage d'Emmanuel Macron, le président de la République française.
03:59 Pourtant, vous m'avez dit en préparant cette émission qu'il manquait encore des fonds.
04:03 Eh bien oui, on aimerait faire en sorte d'avoir un...
04:08 Là, pour le moment, on a un projet qui est exceptionnel, mais on aimerait en faire un projet historique.
04:14 Et comme je vous l'ai dit, c'est de pouvoir réaliser une œuvre qui puisse être déposée sur le sol de la Lune
04:20 pour nos descendants dans un très lointain futur, mais aussi pouvoir en exploiter les contenus sur Terre.
04:24 Donc à travers une sorte d'écosystème d'événements qu'on pourrait recréer,
04:29 avec des expositions qui pourraient être créées en France à l'étranger,
04:33 des concerts diffusés en live stream sur les réseaux sociaux,
04:36 parce qu'on va mettre entre 6 et 8 heures d'audio sur un disque, et puis des conférences.
04:43 - Ça serait une sorte d'exposition universelle à l'ère du numérique.
04:47 - Exactement. Et puis on pense aussi qu'il y a un côté incroyablement fédérateur,
04:51 parce que sur les disques Génome, par exemple,
04:56 la différence de génome entre le vôtre et celui d'une péruvienne ou d'une éthiopienne est de l'ordre de 0,1%.
05:02 Donc ce qui fait que visuellement vous ne voyez rien, il n'y a aucune différence.
05:06 Donc ce côté, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare.
05:11 - Super. Donc vous cherchez des fonds publics, privés également j'imagine ?
05:15 Pourquoi pas les particuliers qui peuvent...
05:17 - Un peu les deux, pourquoi pas. Aujourd'hui, on a assis la légitimité du projet
05:23 avec des partenariats avec des institutions et des organisations que vous avez citées.
05:28 Mais aussi, on va chercher des fonds auprès de France 2030 par exemple,
05:32 auprès des régions, mais aussi avec certaines sociétés privées
05:37 avec lesquelles on aimerait pouvoir développer des partenariats autour de la musique,
05:40 autour de l'art par exemple.
05:43 On voudrait faire aussi une curation d'art qui s'étale du paléolithique jusqu'à l'art contemporain
05:47 sur tous les continents et qui emmènerait une espèce de best-of sur la Lune
05:51 mais qu'on pourrait aussi exploiter sur Terre.
05:53 - Merci beaucoup Benoît Fevelet. Je vous rappelle le nom de la mission,
05:57 Sanctuary on the Moon. Merci beaucoup.

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