Brest : "Personne n'aurait misé une pièce sur nous", rapelle Grégory Lorenzi
Au lendemain de la folle victoire de Brest sur la pelouse de Rennes (4-5), Grégory Lorenzi était l'invité de l'After foot ce lundi soir. Le directeur sportif du club, actuellement 3e au classement à deux points de Monaco, confirme les ambitions brestoises tout en rappelant qu'il ne faut pas banaliser ce qu'ils sont en train de réaliser car "personne n'aurait misé une pièce" sur eux.
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00:00 Ah y'a un autre stade où parfois on se prend la pluie dans la tronche, c'est vrai !
00:03 Ah oui non mais c'est vrai, toutes les tribunes ne sont pas protégées.
00:05 — Si t'es au balcon de l'immeuble en face, tu peux t'abriter.
00:09 — Là t'es bien.
00:10 Et on a la chance d'avoir avec nous Grégory Lorenzi, directeur sportif...
00:13 — Mais lui il est pas sous la pluie quand même, regarde les mains.
00:14 — ...du stade, je pense pas, je pense qu'il est bien protégé.
00:16 Bonsoir Grégory !
00:18 — Monsieur, bonsoir à vous.
00:20 — Oh bah attendez, parce qu'il y a un nouveau but pour Auxerre !
00:22 Djibo !
00:24 — Ah oui, il a parlé en communicité.
00:26 — Deux à pour Auxerre, on le retrouve tout à l'heure. Excusez-nous Grégory, mais c'est la Ligue 2, parfois ça s'enflamme.
00:31 — But de Marat Mabayru.
00:32 — En direct, Gaëtan Courtet, contre son camp.
00:36 — Ah bah voilà, merci pour notre envoyé spécial Grégory Lorenzi.
00:39 [Rires]
00:41 — Non c'est une vraie question, qu'est-ce qu'un sudiste comme vous est allé faire dans ce club le plus à l'ouest de la France ?
00:49 — Le soleil évidemment. — C'est plus là ou pas ?
00:51 — Voilà, il y en avait pas assez, donc il fallait pour moi prendre un petit peu plus de pluie, donc c'est pour ça que, avec plaisir, on est venu goûter aux joies de la Bretagne.
01:02 — En tout cas, en plus, je crois qu'on en avait parlé tous les deux pour un numéro de la revue de l'after, du rôle des directeurs sportifs en général, et donc du vôtre à Brest.
01:13 C'est quand même une sacrée aventure, et une aventure, j'ai envie de dire, que vous pouvez revendiquer,
01:19 parce qu'à Brest, il y a un président qui est présent, certes, mais qui n'est pas dans vos pattes,
01:25 parce qu'il fait tout ce qu'il faut pour le bien du club, mais c'est pas un dingue de...
01:30 Enfin, comment dire, c'est pas un dingue de foot, c'est pas un grand connaisseur de foot, donc il vous laisse travailler.
01:35 Chacun est à sa place dans ce club, et ce que vous avez réussi à construire, vous, depuis des années maintenant,
01:43 je sais pas si c'est un aboutissement, je sais pas si vous-même, parce que Brest aurait très bien pu travailler au-delà de bien,
01:51 sans faire la saison que vous faites cette année, sans viser la Ligue des Champions, parce que Brest, qui travaille bien en étant 6e, 7e, 5e,
01:58 c'était déjà sacrément bien, mais là, vous faites encore mieux.
02:02 Greg, vous avez... Vous-même, imaginez que ça pouvait être aussi bien.
02:06 C'est vrai qu'au départ, quand on a la chance d'avoir un rôle important dans un club professionnel,
02:13 à l'époque, on était en Ligue 2, c'était pas forcément facile, parce qu'on avait 8 joueurs sous contrat,
02:20 on avait pas d'entraîneurs, on avait une nouvelle équipe dirigeante qui arrivait, donc moi avec mon président,
02:26 très peu d'expérience à ce niveau-là, et le voir 8 ans après, aujourd'hui,
02:31 acter une compétition européenne pour la saison prochaine, et être aujourd'hui à la lutte pour les derniers passes de Ligue des Champions,
02:40 c'est magique. C'est vrai qu'il y a un bout de chemin qui a été fait.
02:45 Comme tu le disais, ou vous le disiez tout à l'heure en introduction, on a un président qui préside, tout simplement,
02:53 on a un directeur qui essaye d'avoir un projet sportif à développer, à mettre en place,
03:00 et puis un entraîneur qui entraîne, qui coache, qui fait progresser ses joueurs,
03:04 et puis les joueurs qui prennent beaucoup de plaisir, qui donnent beaucoup de plaisir également,
03:08 et qui arrivent à faire des choses extraordinaires quand c'est la saison.
03:10 Et est-ce que ces choses extraordinaires, honnêtement, elles vous surprennent ?
03:14 Le groupe, c'est vous qui l'avez façonné, vous connaissez les joueurs quand vous les recrutez, bien sûr, je sais comment vous bossez,
03:19 mais de là à être deuxième ou troisième de la Ligue 1 avec ce groupe-là,
03:25 moi je vois bien que surperformer c'est génial, mais est-ce que vous les connaissez mieux que personne ces joueurs ?
03:30 Vous pensez qu'ils pouvaient être à ce niveau ?
03:33 Non, on va être réaliste, de toute façon quand on est Brest, on sait très bien que le plus important et l'objectif prioritaire c'est de se maintenir.
03:40 Quand on vit une saison comme on a vécu l'année dernière, très compliquée, avec un début de saison où on est relégable,
03:47 et on fait une deuxième partie de saison exceptionnelle et on arrive à se maintenir à trois journées de la fin,
03:52 quand on démarre ce championnat cette année, bien évidemment on ne voit pas autre que d'avoir un maintien en bout de saison.
03:59 Aujourd'hui quand on commence la saison et quand on voit ce que les joueurs sont capables de faire et ce qu'ils ont surtout produit depuis cette première partie de saison,
04:08 on se dit que peut-être ça ne va pas durer parce que bien évidemment les gros rentreront dans la case,
04:14 et que peut-être les petits retrouveront leur place,
04:18 mais force est de constater que depuis cette deuxième partie de saison, l'équipe a continué à être en progression constante,
04:26 et qui fait qu'aujourd'hui on est au port de l'équipe des champions.
04:30 Je pense que ce n'est pas le hasard, bien évidemment, parce que si on est là, c'est que les joueurs le méritent,
04:34 c'est qu'il y a aussi un travail qui est fait notamment de la part des différents staffs,
04:40 mais après bien évidemment qu'aujourd'hui ça perturbe, parce que voir Brest aujourd'hui, on ne s'y attendait pas du tout,
04:47 mais encore une fois on ne va pas gâcher ce plaisir et surtout minimiser ce qu'on su fait jusqu'à présent les joueurs.
04:55 - Ça perturbe qui ? C'est vous qui êtes perturbé ?
04:59 - Non, les gens, parce que c'est vrai qu'aujourd'hui...
05:01 - Vous faites allusion à ceux qui disent "oui, Brest, aux ligues des champions, ce n'est pas forcément bien pour le foot français" ?
05:06 - Je vous dis sincèrement, je ne vais pas m'arrêter à ça, parce que honnêtement, je vous dis sincèrement, je m'en fous,
05:11 excusez-moi de parler comme ça, je m'en contrefiche.
05:15 Moi ce qui est le plus important c'est ce qu'on fait sur le terrain et ce que l'équipe produit.
05:18 Si aujourd'hui l'équipe est là, c'est que bien évidemment ce n'est pas le hasard.
05:22 Alors on peut toujours reprendre bien évidemment des excuses,
05:25 "oui mais Paris n'est pas bon", "oui mais Lyon n'a pas été bon", "oui mais Célide qui a mal joué".
05:30 À un moment donné, moi ce qui est le plus important c'est quand on voit une équipe qui joue sans complexe,
05:35 qui à un moment donné même quand elle gagne 3-1, elle a envie de marquer un quatrième et puis parfois à défaut de perdre un match.
05:41 Comme à Rennes ce week-end, quand on gagne 4-2, on a envie de continuer et puis finalement on se fait égaliser.
05:48 Et puis ce qui est beau c'est qu'on continue à y croire et que finalement on gagne 5-4.
05:52 C'est aussi un petit peu ce qui fait la beauté de cette équipe.
05:56 - Ce match-là c'est votre plus gros kiff de la saison, Gregory, quand vous avez vécu ça dimanche.
06:00 Là c'est le match qui vous a le plus transporté ou il y en a eu d'autres avant ?
06:05 - Je pense qu'en termes d'émotion, ce qu'on a connu cette année à Lyon et ce qu'on a connu ce week-end à Rennes,
06:11 il est difficile pour moi d'avoir plus fort.
06:14 Parce qu'on est passé par toutes les émotions, on est passé par tous les scénarios possibles.
06:19 Et à un moment donné forcément quand on est directeur, ce qui est compliqué c'est qu'on ne le maîtrise pas.
06:24 Et moi quand je vois mon défenseur à la 94ème, mon défenseur droit,
06:28 aller à l'opposé du terrain pour faire une longue touche,
06:32 alors que je me dis que déjà prendre un point à Rennes par rapport au scénario c'est exceptionnel.
06:37 - Et surtout ça validait l'Europe le point.
06:39 - Oui et qu'il y a des tarés sur le terrain qui disent "non, non, on va y aller pour gagner".
06:43 Donc des fois je me dis qu'ils ne sont pas lucides.
06:45 Mais d'un autre côté, c'est ce qui fait aussi la beauté de cette équipe,
06:48 c'est qu'elle joue vraiment sans complexe et comme elle l'a fait depuis le début de saison,
06:52 c'est ce qui nous anime et ce qui je pense rend aussi beaucoup de plaisir à nous les Brestois.
06:57 Maintenant après pour répondre à ce que vous disiez tout à l'heure,
06:59 Brest pas content parce qu'ils vont faire une Coupe d'Europe,
07:03 je vous dis, chacun a le droit de donner son avis, chacun a le droit de dire ce qu'il pense,
07:07 mais nous aujourd'hui ce qu'on fait, on ne pourra pas nous l'enlever
07:10 et personne ne pourra aujourd'hui contredire ce que font les joueurs
07:16 parce qu'encore une fois, s'ils sont là c'est qu'ils méritent
07:19 et tout simplement c'est peut-être aussi l'année d'une équipe comme Brest.
07:23 - Non mais en fait Greg, je pense que surtout, parce que moi dans la première partie de saison,
07:28 j'ai certainement fait partie parce qu'à chaque fois qu'il y a une petite équipe qui fait ça,
07:31 je suis toujours en train de me demander "mais comment font nos locomotives
07:35 pour la Ligue 1, c'est jamais bon de voir des Marseilles et des Lyon qui traînent".
07:43 Sauf que la force de Brest a été au fur et à mesure de la saison,
07:47 d'éliminer cette idée et de dire exactement ce que tu viens de dire il y a deux secondes,
07:51 "tu n'as rien volé, vous avez tout mérité, non seulement par le jeu,
07:56 par la continuité tout au long de la saison,
07:58 qui fait qu'on a oublié l'idée que certains clubs n'ont pas été à la hauteur
08:03 et que c'est un petit qui va aller jouer la Ligue des Champions".
08:06 Hier, pendant le match, j'ai échangé avec Walid,
08:08 je lui ai dit "mais franchement ce que fait Brest, on parlait de la qualité du jeu".
08:11 Il me sort cette phrase assez drôle, il me dit "honnêtement, moi je m'en fous,
08:15 qu'ils aillent jouer la Ligue des Champions, même s'ils prennent des rackets contre le Real Madrid,
08:18 c'est pas un problème, ils ont largement mérité ce qu'il faut".
08:20 Et je lui ai dit "ouais t'as raison, on s'en fout, maintenant il faut qu'ils y aillent
08:23 et qu'ils continuent leur kiff parce que vous méritez mille fois
08:28 avec la qualité de vos productions dans le jeu ce qui va vous arriver".
08:31 - Le Real Madrid, ils connaissent pas le doigt rond ?
08:34 - Non mais après pour revenir un petit peu sur tout ça,
08:36 c'est vrai que quand on regarde la qualité intrasect de l'effectif,
08:40 et sans faire injure à mes joueurs,
08:42 il y a bien évidemment des effectifs qui sont beaucoup plus armés
08:45 que le nôtre pour pouvoir rivaliser et faire une saison pour être dans l'eau du classement.
08:51 Mais ce que je pense qu'on a réussi à faire aujourd'hui,
08:54 c'est cet état d'esprit, c'est ce collectif et c'est ce qu'on a eu aussi comme chance,
08:59 c'est que nos meilleurs joueurs sont bons au même moment et en même temps.
09:03 Ce qui fait qu'on arrive forcément à avoir très peu de failles
09:07 et on a aussi une chance c'est qu'on a été longuement épargné par les blessures,
09:12 ce qui nous a permis d'avoir aussi des joueurs clés tout au long de cette saison
09:16 pour pouvoir être dans cette continuité de résultats.
09:20 Mais après voilà, bien évidemment qu'aujourd'hui,
09:23 alors c'est pas encore acté parce qu'il y a encore trois matchs,
09:25 en trois matchs il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer,
09:28 mais comme je le disais, si demain on a la chance de pouvoir accéder à cette Ligue des Champions,
09:32 j'ai envie de vous dire, ça sera encore une autre saison l'année prochaine.
09:35 - Si vous finissez 5e maintenant, vous allez être triste, franchement.
09:40 - C'est sûr que ça serait regrettable,
09:43 même si aujourd'hui on ne va pas banaliser notre qualification en Europa League,
09:46 parce que pour le club c'est historique,
09:48 parce qu'aujourd'hui personne n'aurait misé une pièce sur le stade brestois.
09:52 - Pour rappeler un truc quand même, c'est qu'il y avait 20 ans,
09:54 il n'y avait pas eu un nouveau club français en Coupe d'Europe,
09:57 depuis Châteauroux, qui est encore une autre histoire,
10:00 il y avait 20 ans, donc il n'y avait pas un nouveau club français qui accédait.
10:03 - Qui ne l'avait jamais joué. - Qui ne l'avait jamais joué, exactement.
10:05 C'est un phénomène extraordinairement rare qui arrive à Brest.
10:08 - Généralement, les clubs comme les nôtres, c'est soit par le biais d'une Coupe de France,
10:13 ou soit parce qu'une saison, vous terminez 7e,
10:18 et qui fait qu'il y a une place qui s'est libérée supplémentaire,
10:23 qui permet à ce petit club de pouvoir évoluer dans cette compétition.
10:26 Mais sinon, c'est très rare qu'un club sur une saison entière arrive à ce niveau,
10:33 et comme je vous le dis, ce n'est pas tiré par les cheveux,
10:36 je trouve que c'est mérité, et que Brest mérite sa place pour être dans le top 6 de cette saison.
10:42 - Merci. - Merci à vous.
10:44 Merci à tous !
10:46 [SILENCE]