Brigitte Boucher et Yves Thréard (Le Figaro) reçoivent cette semaine Nathalie Loiseau, députée européenne du groupe Renew.
Pour mieux comprendre les élections européennes 2024, qui se dérouleront le Dimanche 9 juin 2024, la politique de l'Union sera passée au crible chaque semaine dans « L'Europe c'est nous ! », présenté par Brigitte Boucher, journaliste de la rédaction de LCP, à partir du lundi 18 mars à 19h30.
Chaque semaine, Brigitte Boucher recevra les têtes de listes des principales formations politiques pour cerner les grands enjeux de ce temps fort démocratique. Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste au Figaro livrera son regard sur les candidats et leurs ambitions pour l'Europe à venir dans une chronique.
Des experts de l'Union européenne, Britta Sandberg du Spiegel, Paolo Levi de la Stampa et Richard Werly de Blick partageront quant à eux chaque semaine leur carte blanche pour comprendre les incidences des mesures politiques et leurs applications concrètes dans notre Europe de demain.
Une diffusion à suivre en direct chaque lundi à 19h30.
Production : LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro
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Pour mieux comprendre les élections européennes 2024, qui se dérouleront le Dimanche 9 juin 2024, la politique de l'Union sera passée au crible chaque semaine dans « L'Europe c'est nous ! », présenté par Brigitte Boucher, journaliste de la rédaction de LCP, à partir du lundi 18 mars à 19h30.
Chaque semaine, Brigitte Boucher recevra les têtes de listes des principales formations politiques pour cerner les grands enjeux de ce temps fort démocratique. Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste au Figaro livrera son regard sur les candidats et leurs ambitions pour l'Europe à venir dans une chronique.
Des experts de l'Union européenne, Britta Sandberg du Spiegel, Paolo Levi de la Stampa et Richard Werly de Blick partageront quant à eux chaque semaine leur carte blanche pour comprendre les incidences des mesures politiques et leurs applications concrètes dans notre Europe de demain.
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00:00 Bonsoir à tous et bienvenue dans l'Europe c'est nous, votre rendez-vous européen tous les lundis soirs de 19h30 à 20h30 sur LCP pour comprendre et décrypter tous les enjeux des élections européennes.
00:13 Alors quel sera le nouveau visage de l'Europe le 9 juin prochain ? Quelle Europe pour demain ? Nous allons poser la question ce soir à Nathalie Loiseau, elle est députée européenne Réunion.
00:24 [Générique]
00:41 Dans cette émission nous retrouverons dans quelques instants Yves Tréhard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro qui interrogera notre invité sur la politique nationale.
00:49 Et puis à 20h nous vous proposons un débat sur l'agriculture, un des thèmes forts de cette campagne avec des députés Réunion, Rassemblement National, Les Républicains et écologistes.
01:01 L'Europe c'est nous, c'est parti !
01:03 [Générique]
01:09 Nathalie Loiseau, bonsoir. Vous êtes députée européenne Réunion, vous êtes candidate à votre élection et en 2019 vous étiez la tête de liste pour ces élections européennes.
01:20 Alors on va commencer si vous le voulez bien avec une question sur la défense européenne. Emmanuel Macron s'est exprimé dans la presse régionale ce week-end au groupe ÉBRAH et il a plaidé pour intégrer l'arme nucléaire française dans une future défense européenne.
01:34 Ça consiste en quoi réellement ? Est-ce que ça veut dire donner des ogives à d'autres pays européens comme le font par exemple les Américains ?
01:40 Non, ce qu'a dit Emmanuel Macron, en fait il a décrit une réalité. C'est qu'aujourd'hui la dissuasion nucléaire française, qui est un choix fait par le général De Gaulle, qui est une spécificité.
01:53 Nous sommes les seuls dans l'Union Européenne à avoir l'arme nucléaire. Cette dissuasion, elle participe à la défense du territoire européen.
02:01 Vous savez que chaque pays qui dispose de l'arme nucléaire décrit l'utilisation de l'arme nucléaire comme nécessaire à ses intérêts vitaux.
02:12 C'est ce que disent les Etats-Unis, c'est ce que dit la Russie, c'est ce que dit chaque pays doté de l'arme nucléaire.
02:16 Et les intérêts vitaux de la France, c'est ce qui s'arrête aux frontières de la France depuis longtemps, depuis plusieurs présidents de la République.
02:24 La France a dit que les intérêts vitaux de la France intégraient la situation en Europe.
02:31 Sans être plus précis, parce que la dissuasion ne doit pas être précise. Le but, c'est évidemment de ne pas utiliser l'arme nucléaire.
02:38 Et donc un agresseur potentiel ne sache pas exactement où se situe la ligne rouge.
02:44 Est-ce qu'on peut partager cette technologie ?
02:46 Alors ce qu'on ne partage pas, ce qu'on ne partagera jamais, c'est ni la décision, ni le financement de notre arme nucléaire.
02:54 Ce sont des outils de souveraineté nationale et je ne connais aucun pays qui partagerait ou la décision ou le financement.
03:02 Mais depuis plusieurs années, Emmanuel Macron a invité les autres Européens à avoir un débat, un dialogue sur la dissuasion nucléaire.
03:12 La première fois qu'il l'a fait, les autres Européens étaient un peu embarrassés, ne savaient pas trop quoi dire,
03:20 parce qu'ils étaient encore dans l'idée que le parapluie américain serait éternel.
03:26 Aujourd'hui, avec un isolationnisme américain qui est plus grand, avec une perspective d'élection de Donald Trump,
03:36 dès que compter à 100% les yeux fermés et pour toujours sur l'allié américain, ça pose quelques questions.
03:45 Et c'est cette discussion-là qu'Emmanuel Macron propose et j'ai entendu des échos plus intéressés que dans le passé.
03:53 Alors sur cette proposition d'Emmanuel Macron, je vous propose d'entendre des oppositions de droite et d'extrême droite.
03:58 François Asselineau, tête de liste de l'Union populaire républicaine, et Florian Philippot, tête de liste des patriotes pour les élections européennes du 9 juin.
04:06 La transférer comme ça, de fait, à l'Union européenne, à une armée européenne, c'est un crime.
04:11 C'est un crime de haute trahison, vous savez. C'est un crime contre l'indépendance nationale.
04:14 Et c'est très dangereux d'ailleurs. Qui déciderait, qui aurait le bouton nucléaire ? Selon quelle légitimité ?
04:20 Tout ça est grave et démontre la réalité du projet européen et la nécessité vraiment d'en sortir, de sortir de l'Union européenne.
04:27 Et sur le fond, ça me choque beaucoup, puisqu'en fait, il s'agit d'enterrer la politique d'indépendance et de souveraineté nationale qu'avait voulue Charles de Gaulle.
04:34 Je rappelle quand même que le titre 1 de notre Constitution, c'est « la souveraineté ».
04:38 Et donc M. Macron, mine de rien, sans jamais le dire, est en train de brader la souveraineté nationale.
04:44 Nathalie Loiseau, est-ce qu'on brade notre souveraineté nationale ? Est-ce qu'on brade notre indépendance en faisant cela ?
04:49 En tout cas, Florian Philippot et François Asselineau ont bradé leur propre indépendance à la Russie depuis des années.
04:55 On les a entendus glorifier la Russie, aller sur tous les médias prorusses possibles et imaginables,
05:01 donc ils n'ont de leçons d'indépendance et de souveraineté à donner à personne.
05:04 Comme je vous le disais, il est hors de question de partager et la décision et le financement de l'arme nucléaire.
05:10 Mais à partir du moment où nous sommes une puissance nucléaire, en discuter avec nos voisins, ça n'est pas la partager,
05:16 mais c'est avoir un débat sur tout ce qui constitue, tout ce qui s'adhésionne pour faire la défense du territoire européen.
05:23 Alors voilà ce qu'a dit la droite, maintenant on va voir ce que dit la gauche et notamment Elle et FI,
05:28 qui disent que ça nous emmène dans un risque de conflit nucléaire.
05:32 Est-ce que finalement, après le possible envoi de troupes en Ukraine, comme l'a dit Emmanuel Macron, on ne va pas inévitablement vers un conflit ?
05:41 Est-ce que le président ne nous embarque pas là-dedans ?
05:43 Ce qui est intéressant, c'est de voir comment les extrêmes se rejoignent avec à la fois une détestation de l'OTAN,
05:49 une détestation de la défense européenne, qui aujourd'hui subit un conflit, un conflit meurtrier, un conflit injuste, illégitime.
05:58 C'est l'Ukraine agressée par la Russie.
06:00 Pourquoi la Russie s'est permis d'agresser l'Ukraine ?
06:03 Parce que dans un grand moment de naïveté internationale, les puissances occidentales, les Etats-Unis, le Royaume-Uni,
06:09 avaient forcé l'Ukraine à rendre les têtes nucléaires qui étaient sur son sol et qui dataient de l'époque soviétique.
06:15 Si l'Ukraine avait gardé ses têtes nucléaires, jamais la Russie ne l'aurait attaquée.
06:20 La dissuasion, c'est pour éviter d'être attaquée, c'est pour protéger la paix en France.
06:26 Et disons-nous bien que si demain un de nos voisins européens était attaqué, est-ce que nous serions nous-mêmes en paix ?
06:34 Je vous pose la question, mais on serait évidemment dans une toute autre configuration.
06:39 La dissuasion, c'est fait pour ne pas s'en servir, mais pour rappeler à des agresseurs potentiels à qui ils ont affaire.
06:46 À la Sorbonne, il y a quelques jours, le président Emmanuel Macron a émis le souhait de bâtir un concept stratégique de défense européenne crédible.
06:54 Ça passe par quoi ? On a l'impression d'un serpent de mer de cette défense européenne qui ne verra finalement jamais le jour.
07:00 Elle a commencé à voir le jour. Je dirais qu'elle est en train d'apprendre à marcher.
07:04 Moi, quand je suis arrivée au Parlement européen en 2019, j'ai demandé à présider ce qui n'est encore qu'une sous-commission de la défense,
07:11 parce que pendant très longtemps, la défense n'était pas vraiment une compétence européenne.
07:15 Et puis pendant très longtemps, on s'est cru à l'abri des tourments du monde.
07:20 Mais qu'est-ce qui s'est passé depuis cinq ans ?
07:22 On a commencé par financer de la recherche, du développement, d'industries de défense européenne, en les forçant à travailler ensemble.
07:31 Et puis est arrivé le 24 février 2022, et l'Union européenne s'est réveillée et s'est rendue capable d'aider l'Ukraine à se défendre
07:42 en envoyant et en finançant l'envoi d'équipements militaires, d'armes, de munitions à l'Ukraine.
07:49 Tout ça, c'est ce sur quoi...
07:50 - On a l'impression que chacun fait ça un peu de son côté. On n'a pas de troupe commune.
07:53 On ne voit pas très bien comment ça se formalise, tout ça.
07:56 - Il n'y aura pas d'armée européenne, mais il y a des armées qui sont capables de travailler ensemble.
08:00 Regardez, par exemple, depuis que les outils en mer rouge attaquent des navires de commerce, des navires qui viennent vers l'Europe.
08:07 L'Union européenne a été capable de mettre en place une opération navale où vous avez des navires français, allemands, grecs, italiens,
08:16 qui travaillent ensemble sous un seul commandement, qui protègent ces navires, qui écartent les missiles qui les visent ou les drones qui les visent,
08:24 qui pour autant ne tirent pas sur les Yémens, mais qui jouent son rôle de protection de nos intérêts.
08:31 Parce que si les navires ne pouvaient plus prendre le canal de Suez, s'ils devaient faire le tour, on aurait eu une infallation forcée, subie,
08:40 contre laquelle nous luttons, et ça aide aussi les pays riverains de la mer rouge à survivre alors que les outils profitent de cette situation.
08:48 - Alors je ne prends pas qu'on parle un peu d'économie, mais toujours dans le même sujet des intérêts de la France et de la dissuasion nucléaire,
08:53 avec le groupe informatique français Atos qui est en grave difficulté financière et l'État souhaite acquérir des activités stratégiques.
09:01 Là aussi c'est une question de souveraineté ?
09:03 - Absolument. Il y a beaucoup d'activités dans Atos, peut-être il y en a eu trop à un moment, une forme de gourmandise qui a conduit ce groupe à grossir très vite,
09:12 mais pas forcément à être très solide.
09:15 - Une dette de 5 milliards aujourd'hui.
09:17 - Mais il y a des activités chez Atos qui relèvent de notre souveraineté et l'État français a évidemment raison de considérer que ces activités, on ne peut pas les laisser partir.
09:26 - Et Bruno Le Maire a appelé à ce que d'autres groupes viennent en même temps sauver Atos comme l'État. Est-ce qu'il faut parler de groupes français ou de groupes européens ?
09:36 - Alors je crois de groupes européens en priorité, mais de groupes européens qui ont l'intention de rester européens,
09:42 parce qu'on sait ce que c'est que les grandes entreprises, si du jour au lendemain elles se font racheter par un acteur non européen,
09:48 on retourne dans un système de dépendance dont on sait depuis le Covid et puis maintenant la guerre en Ukraine et le chantage aux drogueurs durs que nous a livré Vladimir Poutine,
09:59 à quel point ce système de dépendance sur des objets stratégiques pour nous est dangereux.
10:06 - Est-ce que l'Europe doit faire du "By European Act" comme les Etats-Unis le font ?
10:10 - Oui, évidemment. - Et pourquoi c'est toujours pas le cas ?
10:13 - Alors c'est ce que le président a proposé dans son discours de Sorbonne 2, c'est de dire que dès lors que de l'argent du contribuable européen est sollicité,
10:23 par exemple pour aider les industries de défense européennes, ça doit être pour des industries de défense européennes.
10:30 Les Etats-Unis ne se sont jamais cachés derrière le petit doigt, ils font du "By American Act".
10:36 Très bien. La Chine, on a cru très naïvement dans l'Union européenne que les règles de l'OMC s'appliquaient à tout le monde.
10:44 On s'aperçoit aujourd'hui qu'on est à peu près les derniers à les respecter.
10:48 On peut regretter que le multilatéralisme ne fonctionne pas bien, mais est-ce qu'il faut être naïf au point de réciter une litanie à laquelle les autres ne croient plus ?
10:57 Il faut simplement qu'on se fasse respecter et qu'on aide nos entreprises à devenir les champions européens dont nous avons besoin.
11:04 On va parler aussi finance publique, puisqu'à l'Assemblée nationale, il y a eu un débat cet après-midi après l'annonce d'un déficit budgétaire bien supérieur aux prévisions,
11:12 5,5% en 2023 au lieu de 4,9%. Alors comment on peut expliquer un tel dérapage ? C'est de l'ordre de 20 milliards d'euros.
11:19 Est-ce que c'est une mauvaise gestion ? Les oppositions reprochent même à Bercy d'avoir caché ce dérapage.
11:25 Alors vous avez remarqué que depuis 2022, les oppositions n'ont comme objectif que de s'opposer. Jamais de construire, jamais de proposer.
11:34 C'est toujours la critique systématique, comme s'il n'y avait plus de parti du gouvernement dans les oppositions.
11:39 Qu'est-ce qui s'est passé ? Il s'est passé le Covid et une protection exceptionnelle des entreprises et des particuliers en France,
11:46 notamment grâce à l'Europe, grâce au plan de relance. Et puis il s'est passé le bouclier tarifaire quand les prix de l'énergie ont augmenté.
11:53 On a été beaucoup mieux protégés en France que chez nos voisins. Moi je vis à cheval entre la Belgique et la France,
11:59 et j'ai vu la différence de mes factures d'électricité entre Bruxelles et Paris. Mais tout ça, ça coûte.
12:05 Et quand il n'y a pas en face plus de recettes, c'est-à-dire des entreprises qui vont mieux, quand les entreprises ont eu du mal à embaucher,
12:13 on l'a tous constaté, les recettes sont en retard sur les dépenses et ça n'est pas durable.
12:18 Et ça creuse le déficit. Mais il y a eu quand même 1000 milliards de dettes en plus sous Emmanuel Macron,
12:23 et là tout n'est pas dû au Covid, tout n'est pas dû au quoi qu'il en coûte.
12:27 Non, je crois qu'il faut que nous tous, collectivement, nous, Français, on se désintoxique de la dépense publique.
12:34 On apprenne à faire ce qu'on fait dans nos vies personnelles, à ne pas vivre au-dessus de nos moyens.
12:40 On a ce réflexe assez français que dès qu'il y a une initiative ou une difficulté, on en appelle à l'Etat, on en appelle à la dépense publique.
12:52 Quand c'est pour investir, moi je n'ai pas de problème à ce qu'on emprunte, à ce qu'on construit la France de demain, l'Europe de demain.
13:00 Mais quand c'est pour des dépenses de fonctionnement, on risque d'entrer un jour dans une période d'impuissance publique,
13:06 le jour où le remboursement de la dette serait le plus gros budget de l'Etat.
13:12 Et ça, ça n'est pas possible.
13:14 Donc ça demande un changement de mentalité, pas seulement des décisions du gouvernement, pas seulement des votes à l'Assemblée,
13:20 mais un changement de mentalité un peu général.
13:24 Alors, la France a prévu quand même de revenir dans les clous, c'est-à-dire sous les 3% de déficit, les fameux critères de Maastricht en 2027,
13:31 mais le Haut Conseil des Finances Publiques, dans sa dernière note du 17 avril, juge que la trajectoire manque de crédibilité et de cohérence.
13:40 Est-ce que cette trajectoire vous paraît réellement sincère ?
13:43 Bien sûr. Et ce qu'il faut, c'est aider les entreprises...
13:47 C'est le Haut Conseil des Finances Publiques qui se trompe ?
13:50 Vous savez, les prévisions en matière économique, si on reprenait les prévisions des 5 ou des 10 dernières années,
13:55 elles seraient sans doute cruelles pour tout le monde.
13:57 On est dans un monde extraordinairement chahuté.
14:01 Donc c'est difficile de faire ces prévisions.
14:03 Mais ce qu'on voit, c'est qu'on a des entreprises qui ne demandent qu'à avoir un climat des affaires
14:09 qui leur permettent d'avancer, de faire du chiffre d'affaires, de recruter.
14:14 Combien d'entreprises sont aujourd'hui limitées dans leurs capacités par le fait qu'elles ont du mal à trouver de la main-d'oeuvre ?
14:22 J'étais ce matin à Toulouse, dans une entreprise assez formidable qui fabrique des drones, des drones civils et des drones militaires,
14:29 qui a réussi, parce qu'elle a été aidée par l'Europe, parce qu'elle a été aidée par la France, à se développer.
14:36 Elle a même réussi à recruter.
14:38 Mais j'interrogeais le directeur général ce matin.
14:41 Il disait que les cadences n'étaient pas encore celles qu'ils espéraient,
14:44 parce que les nouvelles recrues n'ont pas encore le métier dans les mains de ceux qui font ça depuis 10 ans.
14:50 Donc le rythme est lent. C'est tout ça qu'il faut qu'on déverrouille...
14:53 Retrouver notre industrie aussi.
14:54 ...pour faire de la richesse et pour avoir des emplois, et des emplois qui ne sont pas délocalisables.
14:59 Est-ce qu'il faut revoir ces fameux critères de Maastricht ?
15:02 Ou est-ce que pour vous, ils sont toujours d'actualité ?
15:05 Et est-ce qu'il faut peut-être sortir les investissements pour la transition énergétique ?
15:08 On sait que c'est...
15:09 Alors, il y a déjà eu une révision qui vient d'être décidée des critères de Maastricht, qui sont moins étroits qu'avant.
15:16 Mais évitons d'imaginer de faire un rêve où, finalement, la dette ne serait jamais un problème,
15:22 parce qu'on trouverait toujours le moyen de ne pas la rembourser
15:25 ou de changer le thermomètre pour ne pas savoir qu'on a la fièvre.
15:28 Je crois que si on veut laisser à nos enfants un monde sans dette écologique,
15:35 mais aussi sans dette à rembourser, il faut tous qu'on soit prêts à faire des efforts.
15:38 Et juste une petite question sur est-ce qu'il faut revoir la règle de l'unanimité sur la fiscalité en Europe ?
15:43 Absolument. C'est un des restes de la règle de l'unanimité.
15:48 Heureusement, elle ne s'applique plus dans beaucoup de domaines.
15:51 Elle s'applique sur le plan fiscal.
15:53 Ça veut dire qu'on a un espace commun, on a une monnaie unique, on a un marché unique,
15:57 mais on a encore des pays qui se font une concurrence fiscale.
16:01 Ce qu'on a obtenu, c'est un niveau d'impôt sur les sociétés minimum de 15 %,
16:06 alors c'est très en dessous du niveau français,
16:09 mais je ne suis pas sûre que le niveau français soit celui qui fasse référence en Europe.
16:12 Mais c'est très au-dessus du niveau qu'on trouvait jusqu'à présent en Irlande, au Luxembourg, en Hongrie.
16:18 Et on ne peut pas avoir cette espèce de concurrence entre Européens,
16:22 alors qu'on a face à nous la Chine, les États-Unis, l'Inde, qui sont des blocs.
16:27 On doit apprendre à être moins dans la concurrence entre nous et plus dans la consolidation de nos efforts.
16:32 Avant d'accueillir Yves Tréhard, nous allons voir quelle est l'Europe des macronistes,
16:37 quel est le poids du groupe Renew aussi au Parlement européen
16:41 et quels sont vos principaux votes, ceux que vous incarnez.
16:44 C'est un sujet de Marc Opomier.
16:46 Nathalie Loiseau, l'Europe des macronistes, c'est celle de la défense et de la souveraineté.
16:54 Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe aujourd'hui est mortelle.
17:01 Elle peut mourir.
17:02 Et cela dépend uniquement de nos choix.
17:06 Emmanuel Macron a choisi Valérie Ayé comme tête de liste de la majorité présidentielle,
17:12 majorité qui compte 23 élus français au Parlement européen,
17:16 rassemblée au sein du groupe Renew, la troisième force politique de l'hémicycle,
17:21 derrière les conservateurs du PPE et les sociodémocrates.
17:25 Regardons à présent les votes.
17:27 Le groupe dans lequel vous siégez, Nathalie Loiseau, a voté pour la politique agricole commune 2023-2027,
17:35 pour aussi la stratégie de la ferme à la fourchette, première pierre du pacte vert.
17:41 Le groupe Renew a toujours affiché son soutien à Kiev,
17:45 en faveur de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne.
17:49 C'est la principale ligne de fracture avec votre premier adversaire,
17:53 le Rassemblement national, que vous accusez de russophilie.
17:57 Le RN prétend défendre nos valeurs matin, midi et soir.
18:02 Mais à la première secousse de l'histoire, ce sont les premiers assombrés dans la soumission.
18:08 Voilà pourquoi nous devons lutter contre l'entrée et l'entrisme des amis de Poutine au Parlement européen.
18:18 Pilonner le parti de Marine Le Pen, une stratégie qui ne porte pas ses fruits.
18:23 Valérie Ayé stagne, voire décroche dans les sondages, entre 17 et 19% d'intention de vote.
18:30 Le 10 a 15 points derrière Jordan Bardella, et bientôt rattrapé peut-être par les socialistes de Raphaël Glucksmann,
18:37 qui joue le duel avec le chef de l'Etat.
18:40 Le risque d'un match à trois, alors Emmanuel Macron s'invite dans la campagne,
18:44 à la rescousse du soldat Ayé.
18:46 Nathalie Loiseau, comment inverser la dynamique ?
18:50 Nous sommes avec Yves Fréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
18:54 Yves, c'est à vous.
18:55 Bonsoir Brigitte, bonsoir Nathalie Loiseau.
18:57 Alors oui, comment inverser ? Parce que les sondages sont quand même assez inquiétants aujourd'hui, je dois le dire.
19:02 Il y a deux sondages qui sont tombés. Le premier de l'Ipsos, qui donne la liste de madame Ayé à 17% contre 14% à monsieur Glucksmann.
19:12 Et puis une deuxième étude, le rolling de l'IFOP, qui donne 14,5 pour Glucksmann,
19:20 et puis 16, simplement 1,5 point d'écart avec votre liste.
19:25 Comment faire pour remonter la pente ?
19:29 Je vais vous donner mon avis personnel, mais il y a quelque chose de très juste qui a été dit dans le reportage qu'on vient de voir.
19:36 Je pense qu'on a trop parlé de nos adversaires et pas assez de nous-mêmes.
19:39 On n'a pas dit ce qu'on avait fait, on n'a pas dit les promesses que nous avons tenues,
19:43 on n'a pas montré qui avait travaillé au Parlement européen dans cette délégation de 23 députés européens,
19:50 où je peux vous assurer qu'il n'y avait pas un passager clandestin, pas un touriste.
19:54 Tous sont venus par conviction et ont construit des solutions au service des Européens, en particulier des Français.
20:03 Par exemple sur la question migratoire, dont on sait qu'elle est haute dans les préoccupations des Français.
20:09 On sait aussi que c'est un sujet sur lequel c'était très difficile de mettre les Européens d'accord.
20:13 Depuis 2015, la politique migratoire européenne avait explosé, il n'y en avait plus.
20:17 Nous y sommes parvenus, il a fallu beaucoup de travail, de conviction, de dialogue.
20:25 Nous avons voté le pacte asile et migration.
20:27 Nous sommes les seuls Français à l'avoir voté, parce que nous ne considérons pas que la situation actuelle soit satisfaisante.
20:34 Est-ce que vous n'avez pas un peu trop tardé ? Est-ce que vous ne tardez pas trop à le dire et à expliquer tout cela ?
20:39 Alors que le président de la République a fait une déclaration très générale et de longue portée, je dirais.
20:47 Mais est-ce que c'est compréhensible, ça ? Les Français, ils veulent qu'on leur parle de la vie quotidienne.
20:51 Et on a l'impression qu'ils planaient à des milliers de kilomètres d'altitude par rapport à toutes ces préoccupations.
20:58 C'est aussi ce qu'on disait en 2017 sur le premier discours de la Sorbonne.
21:01 On s'aperçoit à quel point il était visionnaire quand il parlait de souveraineté,
21:05 quand il parlait de nécessité d'une Europe souveraine, unie, démocratique.
21:09 Beaucoup de choses qu'il avait annoncées ou proposées en 2017 sont devenues réalité.
21:15 Le discours qu'il a fait la semaine dernière, c'était à destination des Européens,
21:18 parce qu'on va changer de président du Conseil, parce qu'on entre dans un nouveau cycle de cinq ans,
21:23 et qu'il s'est placé en chef d'Etat pour dire "voilà la vision de la France".
21:27 - Beaucoup d'électeurs, eux, ce qu'ils voient, c'est la réalité d'aujourd'hui.
21:32 - La vraie campagne, le moment où les Français sont en train d'entrer dans cette campagne des Européens, c'est maintenant.
21:39 C'est pour ça que je vous parle de ce qu'on a fait.
21:41 - Est-ce que vous parlez vraiment à vos électeurs ?
21:43 - Vous parlez au français.
21:44 - Ecoutez, moi je suis tous les jours en réunion au public, aux quatre coins du territoire,
21:48 et avec énormément de plaisir, ça me rappelle le plaisir de la campagne de 2019,
21:52 qui a été une belle campagne, et je pense qu'on a encore plus de choses à leur dire.
21:56 En 2019, on leur faisait des promesses alors qu'on n'avait aucun député au Parlement européen.
22:01 Maintenant on peut leur dire que les promesses ont été tenues,
22:04 que ce qu'on avait annoncé, y compris ce sur quoi on nous avait dit,
22:07 mais vous n'y pensez pas, vous ne le ferez jamais.
22:09 Regardez, moi j'avais parlé en 2019 d'un salaire minimum d'essent dans chaque pays de l'Union européenne.
22:15 Qu'est-ce que j'ai pas entendu ?
22:16 - Sauf que le président de la République est un petit peu plus usé, si vous permettez l'expression,
22:22 aujourd'hui qu'il ne l'était en 2019.
22:24 - On sait que c'est difficile dans un deuxième mandat, à mi-mandat,
22:27 quand on est la majorité qui représente le camp présidentiel,
22:31 bien sûr qu'il y a un coup d'entrée dans la campagne,
22:35 parce que c'est très facile d'être une opposition,
22:37 de ne jamais avoir été en responsabilité,
22:39 de parfois même avoir été irresponsable,
22:43 et de dire "mais vous savez, avec nous ce serait beaucoup mieux".
22:45 Mais moi quand je vois Raphaël Gluckswann qui n'a pas voté le plan de relance,
22:49 c'est-à-dire ce qui a sauvé des emplois et des entreprises en France,
22:53 moi je voudrais le mettre devant ses responsabilités.
22:56 Il a voté d'ailleurs comme le RN et comme les Républicains.
23:00 C'est des postures d'opposants installés dans leurs fauteuils.
23:03 Gluckswann a eu les mains dans le cambouis pendant 5 ans.
23:06 - Un exemple qui n'est pas une posture, celui de Sciences Po, Sciences Po Paris,
23:10 qui a été agité pendant tout le week-end par ce qu'on a appelé
23:14 des étudiants et des manifestants pro-palestiniens
23:17 qui ont mis l'école sans dessus dessous,
23:20 et la ministre de l'Enseignement supérieur qui a dit
23:24 "Mais j'applaudis à la direction de l'école,
23:29 "pour que le chahut s'arrête",
23:32 qui a dit "Il n'y aura pas de sanctions pour les fauteurs de troubles,
23:38 "et les accords qui seraient passés avec des établissements israéliens
23:44 "pourraient être rompus".
23:46 - La ministre n'a pas dit ça.
23:48 Ne mettez pas dans la bouche de madame Retailleau ce qu'elle n'a pas dit.
23:53 - Elle a dit que les décisions de la direction étaient,
23:56 pour que le chahut cesse, dévalidées.
23:59 - Il y a quelque chose qui s'appelle la liberté académique.
24:02 Je suis une ancienne élève de Sciences Po, diplômée de Sciences Po,
24:06 il y a longtemps. - Vous avez dirigé l'ENA.
24:09 - Je suis triste de ce que j'ai vu.
24:11 Qu'on soit émus par la situation en Palestine, je crois qu'on l'est tous,
24:15 qu'on trouve que le nombre de morts est disproportionné,
24:18 je crois que c'est largement partagé.
24:20 De là à répéter des slogans d'un groupe terroriste
24:23 et preneur d'otages, le Hamas, en disant "de la rivière à la mer,
24:27 la Palestine sera libre"...
24:29 - C'était inacceptable. - En niant l'Etat d'Israël.
24:32 - C'est extraordinairement choquant.
24:34 Il y a quand même des relents d'antisionisme virulent.
24:38 - Antisionisme dit antisémitisme.
24:41 - Oui, on va être honnêtes.
24:43 Je vois des jeunes dans la rue, après tout,
24:46 il faut être jeune, il faut manifester, très bien.
24:49 Je les ai pas vus le 7 octobre.
24:51 Je les ai pas vus quand on a su que des femmes avaient été enlevées,
24:55 violées, torturées, coupées en morceaux par le Hamas.
24:58 - Est-ce qu'on peut faire une généralité ?
25:00 C'est toute la jeunesse qui est en train de changer ?
25:03 - C'est une toute petite minorité, y compris à Sciences Po.
25:06 Il y a que Jean-Luc Mélenchon qui croit qu'il va faire
25:09 un soulèvement, comme dit Mme Hassan.
25:11 Il se trompe, mais il donne une image épouvantable.
25:14 Les jeunes valent 10 fois mieux que ça.
25:16 - Est-ce que Gabriel Attal a raison de porter plainte
25:19 et le gouvernement contre Jean-Luc Mélenchon ?
25:22 - Ce qui est grave dans ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon,
25:25 c'est quand il a comparé le président de l'université de Lille
25:28 à Adolf Eichmann.
25:29 Il faut quand même...
25:30 M. Mélenchon, c'est le poids des mots.
25:32 - Le logisticien de la solution finale.
25:34 - C'est quand même épouvantable.
25:36 Quand on voit ce qui s'est passé à Sciences Po,
25:39 on comprend à posteriori pourquoi le président de l'université
25:42 de Lille avait pas très envie qu'il se fasse la même chose
25:45 qu'il l'a fait.
25:46 On a des étudiants qui sont émus, je respecte l'émotion,
25:49 je voudrais qu'ils soient aussi émus par les morts,
25:52 par les otages qui sont toujours pris en occasion.
25:55 - Mais la liberté d'expression, qu'est-ce qu'on en fait ?
25:58 - Vous avez l'impression que M. Mélenchon s'exprime pas ?
26:01 Moi, je l'entends tous les jours, tout le temps.
26:04 Je l'entends beaucoup plus que la pauvre Manon Aubry
26:07 qui s'est fait voler sa campagne par Jean-Luc Mélenchon
26:10 et Rima Hassan.
26:11 Vous allez m'expliquer ce qu'une campagne
26:14 d'un président européen a à voir avec une activiste
26:17 pro-palestinienne qui, par ailleurs, n'a jamais dit
26:20 quoi que ce soit sur les horreurs commises par le dictateur syrien.
26:24 500 000 morts, là, je l'ai pas vu émue,
26:26 je l'ai pas vu aller dire aux étudiants de faire un sit-in.
26:29 Moi, ça me choque beaucoup.
26:30 - Est-ce que Mme Pécresse a raison d'interrompre les financements ?
26:33 - Elle a dit qu'elle les suspendait, je ne sais pas,
26:36 mais ce qui me trouble, c'est l'idée qu'on remettrait en cause
26:40 des partenariats avec des universités israéliennes.
26:43 Mais enfin, si on veut, ce qu'on veut tous,
26:46 la paix entre Israël et la Palestine,
26:49 si on veut une solution à deux Etats,
26:51 il faut au contraire un maximum d'échanges entre les jeunes.
26:54 Moi, j'ai été la première directrice de l'ENA
26:56 à créer une coopération avec les jeunes,
26:59 ce qu'on appelle les cadets du service public israélien.
27:02 Tous mes prédécesseurs avaient refusé,
27:04 pour des raisons idéologiques qui m'ont terriblement choquée.
27:07 Qu'est-ce que ça a donné ?
27:08 Des jeunes israéliens qui n'étaient jamais venus en France,
27:10 qui avaient énormément d'idées reçues,
27:12 plutôt négatives sur la France, et cette coopération se poursuit,
27:15 et je pense que c'est pour le bien de tout le monde.
27:17 -Encore une question.
27:18 Yvan Attal, le réalisateur homonyme du Premier ministre,
27:22 a dit ce week-end,
27:24 "C'est pesant d'être juif aujourd'hui."
27:27 -C'est terrible d'entendre ça.
27:29 C'est terrible, et pour moi, pour une femme politique,
27:32 c'est un constat d'échec épouvantable.
27:34 Épouvantable, ce qu'on a dit pendant des siècles,
27:37 "heureux comme un juif", en France.
27:39 Je voudrais qu'on continue à le dire.
27:41 Je voudrais que quiconque, quelle que soit sa croyance
27:44 ou son absence de croyance, soit heureux dans ce pays.
27:47 -Merci, Yves Fréard, d'avoir été avec nous.
27:50 Merci, Nathalie Loiseau, de nous avoir accompagnés
27:52 dans la première partie de cette émission.
27:54 Nous allons passer à cette deuxième partie à présent,
27:57 avec notre débat du jour consacré à l'agriculture,
28:00 avec quatre invités,
28:01 mais avant cela, voyons les enjeux de ce débat.
28:05 (Générique)
28:07 ---
28:11 L'Europe, c'est plus clair, c'est avec vous,
28:13 Marco Pommier, bonsoir. -Bonsoir, Brigitte.
28:15 -On va parler d'un acronyme qui fait l'actualité,
28:18 c'est la PAC, expliquez-nous.
28:19 -Oui, PAC, pour Politique Agricole Commune,
28:22 objectif, soutenir la production agricole en Europe
28:26 et garantir un revenu minimal aux agriculteurs.
28:29 Ça passe par des subventions de l'Union européenne.
28:32 Concrètement, ces aides sont versées en fonction
28:35 de la surface de l'exploitation ou du nombre de bêtes.
28:38 Des aides conditionnées aussi au respect d'une série de normes
28:42 en matière d'environnement, de santé publique
28:44 ou de bien-être animal.
28:45 Soutien et encadrement, donc.
28:47 -Pour mieux comprendre la PAC, il faut avoir quatre chiffres en tête.
28:50 -Oui, avec d'abord une date, 1962,
28:53 c'est l'année où la politique agricole commune
28:55 est entrée en vigueur.
28:56 Aujourd'hui, le budget de l'Europe pour la PAC,
28:58 c'est 386 milliards d'euros.
29:01 Vous le voyez sur la période 2021-2027.
29:03 C'est énorme, c'est le premier poste de dépense
29:06 de l'Union européenne.
29:07 Et regardez ce que ça donne en France,
29:09 9 milliards d'euros, c'est ce que nous recevons chaque année
29:12 de la part de l'Union européenne
29:14 pour 400 000 bénéficiaires en France.
29:16 -Et en Europe, qui bénéficie le plus de ces aides ?
29:19 -Eh bien, regardez cette carte.
29:21 Clairement, c'est la France qui est le premier bénéficiaire
29:24 de la politique agricole commune, avec 9 milliards d'euros.
29:27 On vient d'en parler.
29:28 Logique, me direz-vous, puisque nous sommes
29:30 la première puissance agricole de l'Union européenne.
29:33 Derrière, on retrouve l'Espagne, l'Allemagne ou encore l'Italie.
29:37 Puis, en bas du tableau, l'Estonie, la Slovénie ou encore Malte,
29:40 avec 20 millions d'euros d'aide de l'Union européenne.
29:43 -Certaines têtes de liste sont déjà députées européennes.
29:46 Est-ce qu'elles ont voté la PAC ?
29:48 -C'est en 2021 que les parlementaires européens
29:50 se sont prononcés sur la politique agricole commune,
29:53 actuellement en vigueur.
29:54 Jordane Bardella a voté pour une PAC,
29:57 loin d'être parfaite pour le candidat du RN,
30:00 mais qui améliore à minima le quotidien des agriculteurs.
30:03 C'est ce qu'il a dit.
30:04 Valérie Ayé a aussi voté pour la tête de liste
30:07 de la majorité présidentielle,
30:08 tout comme François-Xavier Bellamy pour les Républicains.
30:11 En revanche, vous le voyez, unanimité à gauche,
30:14 ils ont tous voté contre.
30:15 Raphaël Glucksmann pour les socialistes,
30:17 Marie Toussaint l'écologiste ou encore l'insoumise Manon Aubry,
30:21 la gauche, critique une agriculture productiviste
30:24 néfaste pour l'environnement et une mauvaise répartition des aides
30:27 qui profitent surtout aux plus grandes exploitations.
30:30 -Dernière question, Marco,
30:31 pourquoi on parle de la PAC dans ces élections ?
30:33 -Ca ne vous a pas échappé.
30:35 Pendant la fronde agricole cet hiver,
30:36 partout sur les barrages routiers,
30:38 les agriculteurs pointaient du doigt les règles de cette PAC,
30:42 certaines règles de cette PAC,
30:43 normes écologiques trop contraignantes,
30:45 pas de prasse administrative trop importante.
30:48 Le Parlement européen a d'ailleurs voté la semaine dernière
30:51 une révision pour assouplir les règles environnementales.
30:54 Ce même Parlement européen qui devra,
30:57 lors de la prochaine législature,
30:58 renégocier la politique agricole commune.
31:01 On parle de celle de 2028 à 2034.
31:04 Vous le comprenez, Brigitte, les enjeux sont colossaux.
31:07 -Merci, Marco Pommier.
31:08 L'agriculture, vous l'avez compris,
31:15 c'est un des thèmes forts de cette campagne,
31:17 Marco vient de nous le dire.
31:19 Ce thème s'est imposé en début d'année
31:21 avec la colère des agriculteurs,
31:23 on l'a vu dans différents pays d'Europe,
31:24 en Pologne, en Allemagne, aux Pays-Bas,
31:26 et puis bien sûr en France.
31:28 Et tous ces agriculteurs,
31:29 ils tiennent l'Union européenne
31:31 pour responsable de leurs difficultés.
31:33 Alors on va essayer de voir
31:34 quelles solutions sont proposées par nos invités ce soir.
31:38 Je vous prie d'accueillir Jérémy de Serles.
31:40 Bonjour. -Bonjour.
31:41 -Et merci d'être avec nous.
31:42 Bonsoir, plutôt, vous êtes député du groupe Renew Europe.
31:46 Hans Sander, bienvenue à vous.
31:48 Vous êtes député du groupe du Parti populaire européen.
31:51 Ensuite, Benoît Bitho, bienvenue à vous,
31:53 député du groupe des Verts Alliances Libres Européennes.
31:57 Et Julien Aoudoul, vous êtes député de Lyon,
31:59 porte-parole du Rassemblement national.
32:02 Bonsoir.
32:03 Jérémy de Serles, vous êtes éleveur de vaches charolaises.
32:06 Ça mérite d'être dit.
32:08 On voit bien les agriculteurs qui sont en colère,
32:10 qui se plaignent des normes, de la surtransposition,
32:13 des contraintes environnementales.
32:15 Vous, comment vous le vivez ?
32:17 Et est-ce que ce n'est pas un peu schizophrénique ?
32:19 Parce que, finalement, votre groupe a voté la PAC.
32:22 -C'est pas... Dans ce que reprochent les agriculteurs à la situation,
32:27 c'est pas que la politique agricole commune.
32:29 C'est ce qui va avec les contraintes,
32:32 la surcharge administrative,
32:35 et puis la grosse problématique quand même
32:38 qui est apparue dans tous les pays européens cette fois-ci,
32:42 sur cette mobilisation-là,
32:44 c'est la problématique du prix des produits payés aux producteurs.
32:47 -Ca, on va reparler, mais spécifiquement la PAC.
32:49 Certains trouvent qu'elle est mal distribuée,
32:52 que les petits, par exemple, ont moins que les gros,
32:55 que ça dépend du nombre de têtes dans son cheptel,
32:59 ça dépend de la taille de l'exploitation.
33:01 -Il y a des choses à modifier,
33:03 mais c'est pas là le plus gros des problèmes.
33:05 Il y a une chose sans doute plus socialement acceptable à trouver,
33:12 c'est l'aide aujourd'hui qui est donnée à l'hectare
33:15 pourrait être imaginée un peu différemment
33:18 et être plutôt basée sur les hommes et les femmes
33:21 et l'activité humaine.
33:23 Ca, c'est quelque chose qui pourrait changer.
33:25 Mais aujourd'hui, sur la répartition des aides entre productions,
33:29 il n'y a pas tant d'écart que ça.
33:31 Il y a eu beaucoup, justement, de rééquilibrage de fait
33:35 à plusieurs étapes de la politique agricole commune.
33:38 -Alors, Julien Audoul, vous pour le Rassemblement national.
33:41 Pendant la crise agricole, on vous a vu critiquer,
33:44 finalement, ce qui a été fait, la politique du gouvernement.
33:47 Et vous, vous êtes depuis toujours pour distribuer
33:50 des aides directement aux agriculteurs.
33:53 Et pourtant, vous avez voté la PAC.
33:56 Est-ce que c'est pas un peu contre-intuitif ?
33:59 -Ah, pas du tout. C'est pas du tout contradictoire.
34:01 Vous savez, la PAC, comme l'intégralité des fonds européens,
34:05 c'est d'abord l'argent des Français.
34:07 C'est l'argent des contribuables français.
34:09 Nous versons chaque année, en tout cas en 2022,
34:12 près de 27 milliards d'euros à l'Union européenne.
34:16 L'Union européenne, dans sa grande générosité,
34:19 ne nous en rend que 17 milliards.
34:22 Donc il y a véritablement un souci.
34:25 Et cette PAC, c'est l'argent des Français
34:27 qui doit revenir à nos agriculteurs,
34:29 sachant que cette PAC a évolué,
34:31 et nous avons salué sa renationalisation.
34:34 Nous souhaitons véritablement que la PAC soit adaptée
34:38 aux économies de chaque pays, et notamment à notre spécificité.
34:42 Nous sommes le premier pays agricole de l'Union européenne.
34:46 -Marc-Onoly, on est quand même le premier bénéficiaire de la PAC.
34:49 -Encore une fois, nous sommes les premiers bénéficiaires,
34:52 mais nous sommes aussi des perdants,
34:54 puisque nous perdons 10 milliards d'euros par an.
34:57 Donc il est normal, effectivement, que cet argent revienne.
35:00 -Pourquoi vous l'avez voté, alors, au groupe...
35:02 -Pour que cet argent revienne à notre pays,
35:04 revienne à nos agriculteurs.
35:06 -C'est quand même hallucinant et même dramatique
35:09 que nous refusions que l'argent des Français...
35:11 Encore une fois, les fonds européens,
35:13 il faut quand même rappeler comment ça fonctionne.
35:16 L'Etat français, les contribuables,
35:18 envoient une somme, donc 27 milliards d'euros,
35:21 à l'Union européenne, qui en prend 10,
35:23 et qui nous rend ensuite... -Il n'y a pas que l'agriculture.
35:26 -Excusez-moi. Qui nous rend le restant.
35:28 Et surtout, le problème, c'est qu'il nous dit comment les dépenser.
35:31 C'est un véritable problème.
35:33 Nous considérons que notre pays doit rester souverain
35:36 et que nous devons déterminer, donc,
35:38 les politiques que nous devons mener
35:40 avec cet argent qui, je le répète,
35:42 est l'argent des Français.
35:44 J'ajoute un point important,
35:46 c'est que l'Union européenne,
35:48 de manière assez perfide,
35:50 renvoie l'argent via les conseils régionaux.
35:53 Et M. De Serres le sait bien,
35:55 il y a des couacs énormes
35:57 au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté,
35:59 par exemple, qui suscitent beaucoup de colère,
36:01 en plus de la colère nationale,
36:03 en plus du problème de prix,
36:05 en plus de la misère et des problèmes sociaux.
36:08 Il y a aussi une mauvaise gestion
36:10 de ces fonds européens
36:12 par les conseils régionaux,
36:13 qui, quelquefois, n'arrivent pas à gérer,
36:15 à traiter les demandes.
36:16 Donc, ça fait beaucoup.
36:17 Et on comprend, effectivement,
36:18 que les agriculteurs soient en colère
36:20 depuis un certain nombre de mois, voire d'années.
36:22 -Alors, Anne Sander, vous, vous avez aussi voté
36:24 pour le Parti populaire européen.
36:26 Vous avez voté cette PAC.
36:28 Est-ce que vous vous sentez, du coup,
36:30 responsable des contraintes qui pèsent
36:32 aujourd'hui sur les agriculteurs ?
36:34 -Moi, je voudrais d'abord rappeler
36:35 que nous avons voté la PAC
36:37 dans un contexte qui n'était absolument pas
36:39 celui de la guerre en Ukraine.
36:41 Et moi, j'ai fait partie de l'équipe de négociation...
36:43 -C'était en 2021 que vous avez voté cette PAC.
36:45 -Exactement, de la PAC.
36:46 Et nous nous sommes battues
36:48 pour garder ce double volet,
36:50 un volet environnemental,
36:52 mais aussi un volet économique.
36:54 Et ce volet économique,
36:55 il est absolument essentiel
36:57 pour le monde agricole,
36:58 parce que sans revenus,
37:00 nous n'aurons plus d'agriculteurs.
37:02 Ca veut dire qu'il n'y aura pas de renouvellement
37:04 des générations, ça veut dire qu'il n'y aura plus d'emplois
37:06 dans les territoires ruraux,
37:08 et il n'y aura plus de souveraineté
37:10 agricole et alimentaire.
37:12 Alors, c'est vrai que depuis,
37:14 le monde a changé.
37:15 Et le problème, c'est qu'on a imaginé,
37:17 certains au niveau européen,
37:19 ont imaginé des réglementations
37:21 toujours plus contraignantes,
37:23 allant beaucoup plus loin que la PAC.
37:25 Je vous rappelle, la PAC,
37:27 c'est le groupe de Jachère,
37:29 dans le texte qu'on a examiné sur la restauration de la nature,
37:31 pour lequel nous, les Républicains,
37:33 nous nous sommes opposés,
37:35 et d'ailleurs, nous avons ensuite emmené l'ensemble du Parlement
37:37 avec nous, parce que nous avons travaillé
37:39 sur ce texte, contrairement...
37:41 -C'était 10 %, non ?
37:43 -C'était 10 % de Jachère, contrairement au Rassemblement national,
37:45 qui n'a fait... -Votez contre.
37:47 -Mais vous n'avez fait aucune proposition, aucun amendement.
37:49 -C'est faux, madame.
37:51 -Moi, j'étais en charge du texte, au niveau européen,
37:53 en Commission de l'Agriculture,
37:55 et nous avons rejeté ce texte.
37:57 -Donc vous avez permis de réduire les contraintes, finalement.
37:59 -Et maintenant, nous avons réformé la PAC,
38:01 nous avons apporté davantage de flexibilité,
38:03 pour revenir...
38:05 -Mais les agriculteurs sont toujours en colère.
38:07 -Mais parce que c'est une première étape,
38:09 c'est une partie des solutions,
38:11 mais il faut dire aussi
38:13 qu'il y a des problèmes au niveau européen,
38:15 mais il y a aussi des problèmes au niveau national.
38:17 C'est une première réponse.
38:19 C'est vrai qu'aujourd'hui,
38:21 sur la répartition de la valeur,
38:23 sur les alliances européennes,
38:25 aujourd'hui, on n'a pas encore de solution,
38:27 ni au niveau européen, ni au niveau national,
38:29 mais je crois que cette première réforme
38:31 votée la semaine dernière
38:33 est vraiment un bon pas dans la bonne direction.
38:35 -On va poser la question à Benoît Viteau.
38:37 Vous êtes agriculteur, vous êtes écologiste.
38:39 Vous avez voté contre cette PAC.
38:41 -J'ai voté contre, également,
38:43 mercredi,
38:45 le détricotage de la PAC, aussi.
38:47 -Alors, pourquoi, justement ?
38:49 -Parce que, pour remettre les choses dans le contexte,
38:51 aussi, on a eu une crise agricole
38:53 au début de cette année 2024,
38:55 où les agriculteurs, leur principale revendication,
38:57 c'est des revendications de revenus.
38:59 Et dans ce qu'on a proposé mercredi
39:01 et qui a été soumis au vote,
39:03 il n'y a aucune mesure qui va dans le sens du revenu.
39:05 Et il n'y a aucune mesure qui va dans le sens du revenu
39:07 parce que, de toute façon, la PAC
39:09 qui a été déjà votée en 2021
39:11 était décalée par rapport à ce sujet-là.
39:13 On est sur des logiques de distribution
39:15 des aides publiques de la PAC,
39:17 qui distribuent par unité de surface,
39:19 dans le propos introductif,
39:21 qui fait que, si on regarde à l'échelon européen,
39:23 81% de l'enveloppe est captée par 20% des agriculteurs.
39:25 Les plus grosses structures,
39:27 ça, c'est une donnée européenne.
39:29 En France, c'est un peu moins,
39:31 c'est 53% de l'enveloppe à 20% des agriculteurs.
39:33 Et donc,
39:35 cette distribution de l'enveloppe
39:37 crée des disparités
39:39 de revenus importantes
39:41 d'un secteur d'activité à l'autre.
39:43 -Et ça, ça n'a pas été réformé.
39:45 -Et on a des secteurs d'activité qui,
39:47 quand on a une petite avancée sur les maraîchers et tout ça,
39:49 font qu'aujourd'hui,
39:51 on a des secteurs, des pans entiers
39:53 de l'agriculture qui ne sont pas soutenus par la PAC.
39:55 -Mais cette PAC, c'est un frein pour vous ?
39:57 -Mais la PAC, moi, je ne suis pas en train
39:59 de dire qu'il faut se retirer de la PAC.
40:01 Je dis qu'il faut la réformer.
40:03 Il faut changer le cœur du réacteur.
40:05 Et ça va dans le sens de ce que disait Jérémy.
40:07 Jérémy disait "Imaginons une distribution des aides par unité de main d'œuvre".
40:09 Eh bien, si on distribue les aides par unité de main d'œuvre,
40:11 les secteurs qui sont oubliés
40:13 de la distribution de la PAC seront mieux soutenus.
40:15 Et surtout, on aura
40:17 des répartitions
40:19 où la PAC
40:21 devient un levier du changement.
40:23 Ce qui menace aujourd'hui la souveraineté alimentaire,
40:25 ce qui menace le revenu des agriculteurs,
40:27 c'est l'effondrement de la biodiversité,
40:29 c'est le dérèglement climatique.
40:31 Et encore une fois, ce n'est pas moi qui le dis,
40:33 c'est le commissaire à l'agriculture
40:35 à la Commission européenne qui le dit lui-même.
40:37 Donc, on doit orienter tout ça
40:39 pour préserver les agriculteurs sur ce sujet-là.
40:41 Et c'est ce qui manque dans cette PAC.
40:43 Juste pour revenir par rapport au budget de M. Odule,
40:47 déjà 27 milliards
40:49 et 17 milliards,
40:51 on ne va pas récupérer...
40:53 Il n'y a pas que l'agriculture
40:55 pour récupérer l'enveloppe.
40:57 Donc, attention à ça.
40:59 Et puis, quand même, on a aussi nous proposé
41:01 que le budget de l'Union européenne
41:03 se constitue sur des ressources propres.
41:05 De manière à ce que, quand les États membres
41:07 viennent discuter de politique
41:09 communautaire, de politique européenne,
41:11 ce soient des nouvelles enveloppes
41:13 qui viennent et que ce ne soit pas
41:15 la récupération des dotations,
41:17 qu'on ne soit pas dans les logiques tachériennes
41:19 du "I want my money back".
41:21 Et si on fait ça, on a des vrais outils pour changer la politique.
41:23 - Alors, on va parler de la rémunération
41:25 parce que c'était une des principales revendications
41:27 des agriculteurs.
41:29 Je vous propose d'entendre deux têtes de liste
41:31 aux élections européennes. Jean-Marc Governatori
41:33 pour l'écologie au centre,
41:35 qui est réservé, vous allez le voir, sur le modèle productiviste.
41:37 Et Yann Verling, tête de liste
41:39 écologie positive et territoire
41:41 qui pointe, lui, les limites
41:43 de l'APAC en matière de rémunération
41:45 des agriculteurs, un peu comme vous, Benoît Bitton.
41:47 On les écoute.
41:49 - Le fait de vouloir faire de la performance à tout prix
41:51 et du productivisme à tout prix
41:53 est incompatible avec le
41:55 bon objectif d'une agriculture
41:57 de qualité qui est la santé. La santé
41:59 de ceux qui consomment et la santé des agriculteurs
42:01 et la santé des écosystèmes.
42:03 - Une des revendications importantes des agriculteurs
42:05 a été
42:07 de demander que
42:09 pour beaucoup d'entre eux,
42:11 un salaire minimum, un revenu minimum
42:13 puisse être assuré à travers
42:15 cette distribution de l'APAC.
42:17 Et donc, nous, c'est une proposition importante
42:19 pour nous de dire que l'APAC
42:21 doit servir à assurer
42:23 un revenu minimum pour
42:25 chaque agriculteur. Il y a des agriculteurs qui gagnent bien
42:27 leur vie, il y en a d'autres qui ne la gagnent pas du tout.
42:29 Et donc, on veut rééquilibrer les choses,
42:31 faire en sorte qu'au moins un SMIC soit
42:33 assuré à chaque agriculteur.
42:35 - Jérémy Desserle, est-ce que c'est effectivement
42:37 une des ambitions de cette PAC,
42:39 pour vous, qu'il y ait un revenu minimum
42:41 par agriculteur ?
42:43 - Je voudrais déjà redire qu'on a la chance
42:45 de vivre sur un continent
42:47 et dans un pays où l'agriculture
42:49 et l'alimentation respectent
42:51 les standards de production les plus
42:53 élevés au monde. On a déjà
42:55 les agricultrices
42:57 les meilleures du monde.
42:59 Ce qu'on a besoin de faire,
43:01 c'est de mettre en adéquation
43:03 cet effort
43:05 qui est fait par les agricultrices
43:07 et par les agriculteurs, avec
43:09 justement le prix de leurs produits.
43:11 - Est-ce qu'ils n'en vivent pas ?
43:13 - Parce qu'ils n'en vivent pas.
43:15 - Certains vivent très mal.
43:17 - Je ne pense pas que la PAC doit faire le revenu
43:19 ou être le revenu des agriculteurs.
43:21 La politique agricole commune devrait permettre
43:23 aux agriculteurs de
43:25 tirer un revenu. Et ça, ça passera aussi
43:27 par un meilleur accompagnement
43:29 de la structuration des filières.
43:31 Ce qui existe aujourd'hui en France
43:33 avec les Etats généraux de l'alimentation.
43:35 Si on pouvait décliner ça...
43:37 - Sauf qu'il y a eu une loi EGalim 1, 2, 3...
43:39 - Oui, parce qu'il y a aussi
43:41 des distributeurs et des transformateurs
43:43 qui ne veulent pas jouer le jeu
43:45 et qui passent par justement les possibilités
43:47 européennes pour contourner la loi française.
43:49 - Est-ce que la solution, c'est les prix planchers,
43:51 comme l'a dit Emmanuel Macron ?
43:53 - Ce n'est pas la seule solution.
43:55 - Mais c'en est une pour vous ?
43:57 - Pour certaines productions, ça peut être une idée
43:59 ou quelque chose qui peut faire avancer les choses.
44:01 Allons-y.
44:03 Mais la droite ligne
44:05 et la ligne, je pense, qu'il faut suivre,
44:07 c'est celle des Etats généraux de l'alimentation.
44:09 L'état d'esprit, en tout cas.
44:11 Essayer de faire, j'allais dire,
44:13 péter tous les freins qui existent
44:15 encore au niveau européen, notamment autour
44:17 du droit de la concurrence.
44:19 C'est pour ça qu'on doit mener aussi ce combat
44:21 au niveau européen.
44:23 - Hans Sander, à droite, on a entendu défendre
44:25 les prix planchers. C'est un peu étrange
44:27 pour un parti libéral.
44:29 Vous, vous vous y êtes convertie
44:31 à cette idée. Vous pensez que c'est
44:33 la solution pour qu'aujourd'hui
44:35 les agriculteurs soient bien rémunérés ?
44:37 - Je ne crois pas aujourd'hui que ce soit la solution.
44:39 Les agriculteurs ne le croient pas non plus.
44:41 Parce que très vite, le risque,
44:43 c'est que ce prix plancher devienne
44:45 la référence. - Le prix plafond, quoi.
44:47 - Voilà, c'est ça. Moi, je crois vraiment que les agriculteurs,
44:49 ce qu'ils demandent, c'est de pouvoir
44:51 produire et c'est qu'on leur fasse confiance
44:53 pour produire de manière
44:55 ambitieuse pour l'environnement,
44:57 mais aussi pour arriver à dégager
44:59 un revenu. La difficulté aujourd'hui
45:01 du monde agricole, elle est double.
45:03 Il y a d'un côté de plus en plus
45:05 de normes, de plus en plus contraignantes
45:07 et quand on fait de la paperasse derrière,
45:09 on n'est pas dans ces champs, on ne peut pas
45:11 produire. Et puis, d'un autre côté,
45:13 il y a le problème d'incohérence.
45:15 Le problème d'incohérence au niveau de l'Union
45:17 européenne, avec des règles différentes
45:19 et là, moi, je ne me
45:21 félicite pas, contrairement
45:23 au Rassemblement national
45:25 qui nous dit aujourd'hui qu'il faut renationaliser
45:27 la PAC. Moi, je crois au contraire
45:29 qu'il faut être extrêmement vigilant
45:31 et c'est ce que demandent les agriculteurs aussi.
45:33 C'est des mêmes règles partout. Moi, je suis alsacienne,
45:35 je vis à la frontière avec l'Allemagne,
45:37 il y a quelques mètres à traverser.
45:39 Eh bien, je peux vous dire que les règles en France
45:41 et les règles en Allemagne ne sont pas les mêmes
45:43 et ça fait une concurrence déloyale
45:45 totalement insupportable
45:47 pour le monde agricole. On fait
45:49 aujourd'hui la récolte des asperges,
45:51 eh bien, c'est tout à fait dramatique.
45:53 Et puis, il y a un problème de cohérence avec le reste du monde.
45:55 On parle beaucoup des closures... - Mais il y a la taxe carbone
45:57 aux frontières, non ? Ça, ça ne permet pas d'équilibrer
45:59 les prix ? - Alors, voilà. Donc, on est en train
46:01 de mettre en place la barrière écologique
46:03 que les Républicains ont portée
46:05 pendant la dernière campagne des Européennes.
46:07 On la met en place, mais on la met en place
46:09 progressivement, uniquement pour certaines
46:11 matières, mais pas encore pour l'agriculture.
46:13 Et donc, nous avons besoin
46:15 de cohérence et nous avons besoin
46:17 de faire en sorte que les productions
46:19 qui rentrent dans l'Union européenne
46:21 respectent nos standards.
46:23 Et ce n'est pas le cas. Voilà pourquoi,
46:25 nous nous sommes opposés, à travers nos votes,
46:27 aux accords commerciaux,
46:29 le Mercosur, Agélie,
46:31 mais aussi le Chili
46:33 ou la Nouvelle-Zélande.
46:35 - Julien Aoudoul, alors, Jordan Bardella, lui,
46:37 s'est prononcé contre
46:39 les prix planchers, et puis Marine Le Pen pour.
46:41 Du coup, on a du mal à y comprendre quelque chose
46:43 sur votre position par rapport à cette proposition.
46:45 - La position, elle est très claire.
46:47 Mais déjà, j'aimerais réagir sur le constat.
46:49 Quand on entend
46:51 les Républicains, on a l'impression
46:53 que, heureusement qu'ils étaient là,
46:55 heureusement qu'ils agissent,
46:57 et que... Oui, c'est vrai. - Tu confires ?
46:59 - C'est ce que nous disent, d'ailleurs, les agriculteurs
47:01 partout sur le territoire. - On a déposé
47:03 beaucoup d'amendements, notamment à M. Bardella.
47:05 - Ils font une prière pour les Républicains tous les matins
47:07 parce qu'ils se disent que ça va beaucoup mieux
47:09 depuis que vous êtes au Parlement européen.
47:11 Mais très clairement, ce que veulent les agriculteurs,
47:13 c'est effectivement travailler.
47:15 Ils ne veulent pas des aides,
47:17 ils ne veulent pas des subventions, ils ne veulent pas des perfusions,
47:19 ils veulent pouvoir vivre dignement de leur travail
47:21 comme tout travailleur en France.
47:23 Encore une fois, le travail
47:25 qui est fait n'est pas un travail anodin.
47:27 C'est la souveraineté alimentaire,
47:29 c'est la santé, c'est l'approvisionnement.
47:31 On l'a bien vu pendant le Covid.
47:33 Heureusement qu'il y avait des producteurs français.
47:35 On a retrouvé les vertus du localisme
47:37 qu'on a malheureusement un petit peu
47:39 oublié depuis, avec les circuits courts,
47:41 avec des marchés de producteurs locaux.
47:43 Heureusement qu'ils établissent eux ce qu'ils veulent,
47:45 c'est produire, c'est travailler.
47:47 Ils en ont ras-le-bol de l'inflation normative,
47:49 ils en ont ras-le-bol de l'écologie punitive
47:51 qui consiste à les flageller,
47:53 à les discriminer,
47:55 alors que tous les autres dans le monde entier
47:57 n'ont pas du tout les mêmes règles
47:59 et n'ont pas du tout les mêmes contraintes.
48:01 Monsieur De Serles disait qu'on a des très hauts standards.
48:03 - Mais ces contraintes, elles nous protègent aussi, non ?
48:05 Ces normes-là, finalement, c'est une agriculture saine.
48:07 - Il y a des normes qui sont totalement inutiles.
48:09 Il y a des normes, surtout, qu'il faudrait imposer aux autres.
48:11 Il est totalement anormal et scandaleux
48:13 qu'un éleveur néo-zélandais,
48:15 un pêcheur chilien ou vietnamien,
48:17 ou un éleveur brésilien ou canadien
48:19 n'ait pas les mêmes contraintes,
48:21 que ce soit en termes de droits du travail,
48:23 que ce soit en termes de normes environnementales
48:25 ou sanitaires,
48:27 et que ces produits puissent être déversés
48:29 sur le continent européen,
48:31 puisque c'est ça qu'il se passe.
48:33 - Donc on dit non aux accords de libre-échange, c'est ça ?
48:35 - Il faut sortir l'agriculture
48:37 des accords de libre-échange.
48:39 Nous, ce que nous demandons, et ce que Jordan Bardella veut,
48:41 c'est l'exception agriculturelle française.
48:43 L'agriculteur est un trésor,
48:45 à la fois patrimonial...
48:47 - Donc on exporte beaucoup, aussi, notre agriculture ?
48:49 - Mais oui, bien sûr, mais il faut faire, en fait...
48:51 - Donc si on sort des accords de libre-échange, on fait quoi ?
48:53 - Il faut faire comme nos voisins allemands.
48:55 Les Allemands défendent férocement et farouchement
48:59 leurs industries, leurs marchés, leurs intérêts.
49:03 Nous, nous, ce que nous demandons, c'est que les Français
49:05 fassent pareil.
49:07 C'est qu'ils fassent exactement pareil.
49:09 Et notre agriculture est un trésor,
49:11 il ne faut pas la mêler et la mettre en concurrence
49:13 avec des pays qui ne respectent aucune des normes
49:15 qui sont imposées aux agriculteurs.
49:17 Et d'autant plus qu'en France, nous avons
49:19 la double inflation normative.
49:21 Nous avons celles qui sont imposées par l'Union européenne
49:23 et celles qu'imposent le gouvernement français
49:25 qui sont d'ailleurs encore pires.
49:27 - Benoît Bitho, est-ce que vous vous en vivez
49:29 de votre travail ?
49:31 Et est-ce que vous, vous êtes pour une économie administrée
49:33 pour l'agriculture ?
49:35 - Ce n'est pas une question d'administration.
49:37 Ce que je viens d'entendre,
49:39 c'est une logique de développement agricole
49:41 qui soit ultra-libérale. C'est-à-dire que le seul
49:43 revenu des agriculteurs, c'est ce qui se passe
49:45 sur le cours mondial, sur le marché mondial.
49:47 C'est le seul outil qui va définir
49:49 si oui ou non les agriculteurs vont être rentables.
49:51 Ça va être la Bourse de Chicago qui va faire...
49:53 Si on n'a plus ces outils de régulation
49:55 que porte la PAC,
49:57 si on n'a plus ce filet de sécurité du revenu
49:59 que peut être la PAC,
50:01 on met à la merci de la Bourse de Chicago
50:03 le revenu des agriculteurs.
50:05 Je suis surpris que le Rassemblement National,
50:07 d'ailleurs, soit sur cette ligne-là.
50:09 Plus libéral encore que
50:11 mes interlocuteurs en face.
50:13 Et donc, moi, je suis aussi surpris
50:15 par M. Odulle
50:17 qui nous dit qu'il faudrait qu'on impose
50:19 aux produits qui rentrent
50:21 sur le pays européen... - Les closes miroirs.
50:23 - Eh bien, oui, mais les closes miroirs...
50:25 Nous, tous les trois, on était au Parlement européen.
50:27 Et les closes miroirs...
50:29 - Que ce soit...
50:31 Je ne devrais pas faire ça.
50:33 On est en campagne électorale.
50:35 On a défendu les closes miroirs.
50:37 Sauf qu'à un moment donné, on a buté
50:39 sur 2 ou 3 votes
50:41 qui ne nous ont pas permis de les mettre en place.
50:43 Sauf qu'on pouvait l'inscrire dans le marbre.
50:45 On pouvait faire en sorte que ces closes miroirs existent.
50:47 On pouvait imposer que les produits
50:49 qui rentrent dans l'Union européenne
50:51 respectent et exécutent les normes.
50:53 On a attendu un petit peu le Front National.
50:55 - Mais ce n'est pas le cas avec le CETA ?
50:57 Ce n'est pas le cas avec l'accord de Nouvelle-Zélande ?
50:59 - Bien sûr que ce n'est pas le cas.
51:01 Et c'est bien regrettable.
51:03 On n'a pas réussi à imposer...
51:05 On a parlé de la Nouvelle-Zélande tout à l'heure.
51:07 Moi, je suis à l'aise.
51:09 Je n'ai pas voté l'accord de libre-échange sur la Nouvelle-Zélande.
51:11 J'avais même déposé un amendement de Roger.
51:13 Mais, par exemple, on a une molécule
51:15 qui est interdite en Europe depuis plus de 20 ans
51:17 qui s'appelle la trazine
51:19 et qui est toujours autorisée en Nouvelle-Zélande.
51:21 Donc, on ne peut pas continuer à fonctionner comme ça.
51:23 On donne la parole aujourd'hui, soit dans les actes,
51:25 exactement au même endroit que quand ils prennent la parole à la tribune.
51:27 Et c'est ça qui nous manque.
51:29 C'est cette cohérence-là qui nous manque
51:31 au moment de définir.
51:33 On a parlé des prix planchers.
51:35 Les prix planchers, je suis désolé, ça ne fonctionnera pas
51:37 si on reste dans un système ultralibéral
51:39 et si on n'adosse pas aux prix planchers
51:41 également la régulation des volumes.
51:43 C'est-à-dire...
51:45 Je vais dire un gros mot
51:47 parce que quand je l'utilise parfois en commission agricole,
51:49 il y a des levées de boucliers.
51:51 Mais revenons sur les quotas.
51:53 Si on ne réinstalle pas de quotas,
51:55 on n'arrivera pas non plus...
51:57 - Il en existait pour les produits laitiers, par exemple.
51:59 - Oui, mais au moment où les quotas
52:01 se sont mis en place, personne n'en voulait.
52:03 Et au moment où on les a retirés, tout le monde a dit
52:05 qu'il y a eu le désastre de les retirer.
52:07 Donc, on voit bien qu'il y a quand même des choses
52:09 et des enseignements à tirer
52:11 de ce modèle ultralibéral sur le sujet agricole.
52:13 On ne peut pas parler de souveraineté alimentaire
52:15 et tout miser sur une économie
52:17 ultralibérale et sur les échanges
52:19 à l'échelon planétaire. Il va falloir
52:21 relocaliser notre agriculture, il va falloir
52:23 trouver des réponses qui
52:25 nous affranchissent... - Là, vous allez être d'accord
52:27 avec le Rassemblement national et le localisme.
52:29 - ...de ces logiques mondialisées. Et ça tombe bien
52:31 parce que quand on relocalise notre production,
52:33 on diversifie nos productions, on revient
52:35 sur des rotations des cultures qu'on a retirées
52:37 dans le vote de mercredi dernier... - Et là, c'est l'écologiste
52:39 qui parle. - Et on revient sur des logiques
52:41 agronomiques qui nous éloignent de la dépendance
52:43 aux pesticides, aux engrais de synthèse. Bref,
52:45 ça devient un manichéen entre un cercle vicieux
52:47 et un cercle vertueux. - Alors, refaisons
52:49 un dernier tour de table avec vous, Jérémy De Serles,
52:51 pour commencer, sur ce qu'a dit
52:53 Emmanuel Macron, il faut atteindre une souveraineté
52:55 alimentaire européenne.
52:57 Qu'est-ce qu'il y a derrière ça ?
52:59 Est-ce que ça veut dire qu'on sera autosuffisants ?
53:01 Comment on y parvient, à cette
53:03 souveraineté alimentaire ? - Il faut
53:05 l'atteindre, ou en tout cas, pas la perdre.
53:07 C'est surtout ça qu'il faut essayer de redire.
53:09 Et je pense qu'en fait, il y a un juste
53:11 milieu, pour le coup,
53:13 entre ce que peuvent dire
53:15 Julien Aoudoul ou
53:17 Benoît Bitho, je pense qu'on ne peut pas
53:19 sortir l'agriculture des accords
53:21 de commerce comme ça, manu militari.
53:23 Il faut effectivement, je pense,
53:25 et ça fera partie de nos propositions,
53:27 imaginer un cadre
53:29 dédié pour l'agriculture,
53:31 que ça reste peut-être un outil
53:33 de négociation à la fin,
53:35 mais que ce ne soit pas une variable
53:37 d'ajustement, et qu'on puisse
53:39 regarder, justement, quand il y a des secteurs
53:41 impactés, comment on peut faire en sorte
53:43 que les secteurs qui, justement,
53:45 sont bénéficiaires, viennent à la
53:47 rescousse. Et on doit effectivement
53:49 être clair, mais ça,
53:51 malheureusement, la France est peut-être
53:53 un peu isolée sur le sujet, sur le fait
53:55 d'avancer encore plus loin
53:57 sur ces fameuses clauses miroirs.
53:59 Il n'y en aura pas dans tous les accords, ça ne sera pas
54:01 forcément facile. - Mais c'est quoi
54:03 le modèle
54:05 d'agriculture de demain pour parvenir
54:07 à cette souveraineté ? - Eh ben, donc, du coup,
54:09 après, il faut avancer aussi. Ce qu'a
54:11 dit Benoît Bitho, il faut peut-être remettre
54:13 un peu de régulation, remettre
54:15 un peu de système de protection des agriculteurs.
54:17 Il faut reparler de protectionnisme,
54:19 il ne faut pas avoir peur, il faut reparler
54:21 d'une manière
54:23 de sécuriser aussi,
54:25 bien sûr, le revenu des agriculteurs,
54:27 mais aussi notre
54:29 progression agricole,
54:31 parce que, voilà, je le redis, on a la chance
54:33 d'avoir l'agriculture la meilleure du monde
54:35 pour pouvoir la garder... - Pourquoi avoir voté
54:37 le traité de libre-échange avec le Chili, alors ?
54:39 Pourquoi avoir engagé cette négociation ?
54:41 - Mais encore une fois, vous avez dit... - Est-ce que c'est une protection ?
54:43 - Mais c'est une protection.
54:45 - Pour vous, c'est une protection ? - C'est pas une protection
54:47 par rapport à l'agriculture, c'est une protection
54:49 pour d'autres paramètres qui étaient
54:51 aussi dans cet accord. - Vous sacrifiez...
54:53 - J'avoue. - ...les agriculteurs ?
54:55 - Pour l'instant, il y a pas de tonnes
54:57 de produits agricoles qui sont
54:59 arrivés sur les territoires. - Demain, ils y arrivent ? - Demain, oui.
55:01 - Eh ben, on va tout faire, justement, pour avancer
55:03 sur ces clauses miroirs, essayer de
55:05 mettre en place aussi
55:07 les fameuses clauses
55:09 de sauvegarde pour éviter que ça percute
55:11 le marché mondial, mais...
55:13 Enfin, le marché européen, pardon. - Anne Sander,
55:15 votre modèle européen d'agriculture
55:17 pour demain, c'est quoi ? - Moi, je crois
55:19 qu'on a aujourd'hui un certain nombre de productions
55:21 qui sont fragilisées en Europe
55:23 et en France en particulier. Je prends
55:25 l'élevage, par exemple, qui est dans une situation
55:27 difficile, avec des normes,
55:29 avec une volonté aussi,
55:31 par certains, de
55:33 taper, de réduire
55:35 l'élevage. Donc, moi, je crois qu'il faut
55:37 accompagner ce secteur
55:39 parce que c'est un secteur qui est particulièrement
55:41 fragilisé dans les accords
55:43 commerciaux, et il faut effectivement
55:45 des clauses de sauvegarde. Mais nous avons aussi,
55:47 au niveau européen, des productions
55:49 qui, elles, s'exportent
55:51 et qui ont besoin d'accords commerciaux.
55:53 Donc, il y a un travail national
55:55 à faire, et puis, il faut
55:57 voir comment on peut accompagner le secteur
55:59 du vin ou des produits laitiers,
56:01 les produits sous signe de qualité. Mais je voudrais
56:03 vraiment insister sur la nécessité
56:05 de ne pas opposer les différents types
56:07 d'agriculture. On a une agriculture
56:09 qui est produite et consommée
56:11 localement en France... - Mais c'est le modèle
56:13 productiviste qui doit l'emporter. - Mais nous avons aussi
56:15 une production qui s'exporte.
56:17 La viticulture... - Un dernier mot,
56:19 Julien Oudoul. - ...qui fait des emplois dans notre
56:21 territoire. - Quelques secondes, pour terminer
56:23 cette émission. - Déjà, dire que la souveraineté
56:25 européenne, ça n'existe pas. La souveraineté
56:27 est arrimée à la nation. Ensuite,
56:29 de dire que nous avons des productions
56:31 qui sont à la hauteur de la production
56:33 locale, c'est-à-dire que nous avons
56:35 des productions qui sont à la hauteur
56:37 de la production locale. - Et c'est une exception.
56:39 Je prends par exemple Charolais
56:41 en Bourgogne-Franche-Comté, que connaît bien
56:43 M. De Serles. Il est totalement
56:45 invraisemblable que dans les cantines
56:47 des lycées de la région Bourgogne-Franche-Comté,
56:49 il n'y ait pas de production
56:51 locale, qu'il n'y ait pas 100% de viande
56:53 et de légumes de production
56:55 locale. On n'est même pas à 30%.
56:57 Il faut donner la priorité à la commande
56:59 de la production locale. C'est bon pour les paysages,
57:01 c'est bon pour le revenu de nos agriculteurs.
57:03 Il faut véritablement aller sur ce localisme
57:05 qui est à la fois la défense
57:07 du revenu de nos terroirs et nos traditions.
57:09 - Merci à vous quatre d'être venus débattre
57:11 sur ce plateau de l'Europe, c'est nous.
57:13 Nous sommes en campagne pour les élections
57:15 européennes qui auront lieu le 9 juin
57:17 prochain. La semaine prochaine, on se retrouve
57:19 pour un autre débat.
57:21 ...