Lucie est survivante d’un cancer du sein. Sa mastectomie partielle lui a laissé une cicatrice qu’elle a décidé de sublimer avec un tatouage. Nous la suivons dans cette dernière étape de son combat.
Merci à Lucie, Monkey's Factory et Soeurs d'Encre.
Merci à Lucie, Monkey's Factory et Soeurs d'Encre.
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00:00 Je pense que j'ai toujours eu de la force.
00:01 J'ai eu quand même une maladie grave, j'ai eu un cancer hyper agressif.
00:05 C'est un truc je pense qui est au fond de toi,
00:07 que tu soupçons pas et que tu découvres quand tu traverses des épreuves.
00:12 Moi je m'appelle Lucie, j'ai 33 ans.
00:18 J'étais enceinte d'un deuxième petit bouchou.
00:21 J'ai toujours été mon premier.
00:23 J'ai fait un allaitement long par choix.
00:25 Je l'allaitais d'ailleurs plus que du sein droit.
00:27 Et en fait, j'ai senti une petite boule au niveau du côté axillaire de mon sein.
00:31 Donc tout s'est enchaîné.
00:32 Le mercredi, je montre à ma mère.
00:34 Le jeudi, je fais une écho.
00:36 Le vendredi, je fais une biopsie à Curie Paris.
00:38 Et le samedi, je fais une fausse couche.
00:41 Je me retrouve à Poissy avec mon fils et puis mon mari.
00:44 C'est pas des événements très sympathiques.
00:46 On est hyper malheureux.
00:48 On n'a plus du tout en tête la biopsie que j'ai faite.
00:50 Et c'est que le mercredi de la semaine d'après,
00:53 après avoir touché mon fils, j'ai ma mère qui tape au carreau de ma cuisine,
00:58 accompagnée de ma cousine qui habite Paris 16e, donc pas tout à fait à côté.
01:01 Et là, je comprends qu'il y a quelque chose de grave.
01:05 Et je comprends assez vite, puisqu'elle me dit que c'est cancéreux.
01:08 Suite à ça, j'ai enchaîné 5 mois de chignothérapie,
01:12 mastectomie partielle et radiothérapie.
01:14 Au départ, je voulais me faire tatouer.
01:16 Je ne savais pas forcément où.
01:17 Après, je me suis dit que ça pourrait être la cicatrice.
01:21 Je m'appelle Foufi, j'ai 43 ans et je suis tatoueuse depuis 7 ans.
01:32 J'avais déjà entendu parler de cette pratique avant d'être tatoueuse,
01:36 en voyant un reportage sur les États-Unis.
01:38 Et j'avais trouvé ça vraiment génial de pouvoir aider les gens par son métier.
01:44 Et il s'avère qu'en 2019, il y a Sœur d'encre qui m'a contactée
01:49 et qui m'a demandé si ça me disait de faire partie de l'association.
01:52 Et pour moi, naturellement, c'était oui, puisque c'est ce que j'avais déjà envie de faire.
01:56 Elle est belle la cicatrice.
01:59 En plus, comme c'est en dessous, ça ne se voit pas trop.
02:01 Non.
02:02 Là, au niveau de la douleur, ça va ?
02:06 Oui.
02:08 Je ne suis pas très douillette.
02:10 Oui, c'est une force ce tatouage.
02:12 Et puis après, c'est cool de pouvoir l'avoir fait.
02:15 Et puis de me dire que je suis encore là pour réaliser un de mes petits projets de ma buccatrice.
02:20 La signification aussi, elle est assez forte,
02:22 parce que je voulais vraiment des fleurs qui paraissent un peu fragiles comme ça.
02:24 Et en fait, derrière, il y a une grande force.
02:27 Des fois, ce qu'on se dit quand on me regarde, on me voit et un petit bout de femme comme moi.
02:30 Et puis en fait, je me dis, bah ouais, bah en fait, j'ai eu un cancer et je l'ai bien défoncé.
02:35 Donc avec le sourire, j'en ai plus sous le coude que ce que j'en ai l'air.
02:41 En fait, il y a deux fleurs.
02:41 Il y a un lysanthus et il y a de l'acacia.
02:45 Et donc l'idée de l'acacia, c'est vraiment que c'est une fleur qui peut s'épanouir dans des conditions assez extrêmes
02:50 et qui met quand même du temps avant de brûler.
02:52 Par exemple, quand il y a un incendie ou un feu de forêt.
02:55 Je trouvais que ça me correspondait plutôt bien.
02:57 Et puis le lysanthus, c'est un peu la même idée.
02:59 Mais voilà, je voulais avoir deux fleurs qui soient vraiment jolies
03:02 et que ça me corresponde et que ce soit tout en finesse aussi.
03:05 Ça fait toujours vraiment très plaisir de voir à quel point ça change complètement leur vie.
03:11 Mais en fait, finalement, ce qui est intéressant, c'est que ça permet aux gens qui ont des marques
03:16 de se réapproprier leur corps quand on a des marques qui nous complexent.
03:20 Donc que ce soit des cicatrices, des vergétures, des brûlures.
03:23 - Tu peux tatouer sur vos lèvres ? - Oui, bien sûr.
03:25 Moi, j'ai tatoué une grande brûlée déjà.
03:26 - Ah bon ? - Oui.
03:27 Et ça change complètement la vision que tu as de ton corps.
03:32 Ça devient un peu plus une œuvre d'art.
03:34 Et donc du coup, on accepte mieux son corps.
03:37 En fait, je ne voulais pas la masquer, mais je voulais vraiment l'honorer.
03:41 Le fait de l'avoir embellie, ça me permet de m'en souvenir.
03:44 Mais tu ne vois pas de m'en souvenir de manière négative.
03:47 Mais de me dire, voilà, en fait, ça fait partie de moi.
03:50 - C'est ta force. - C'est qui je suis, oui.
03:51 C'est ma force, oui.
03:52 Ah, c'est beau.
03:54 Un beau sein avec...
03:57 - Elle a un petit côté sexy. - Ah, vraiment ?
04:01 En fait, aujourd'hui, le cancer, ça fait vraiment partie de la vie.
04:04 Je pense qu'on est tous concernés.
04:06 Quand on voit que les statistiques ne font que nous démontrer
04:09 que les cancers ne vont faire qu'augmenter,
04:11 ils vont même doubler dans les années futures.
04:14 Donc, en fait, il faut apprendre à vivre avec.
04:17 Et ce n'est pas une fin en soi.
04:18 Ce n'est pas parce qu'on est malade qu'on va forcément mourir.
04:22 On a cette image-là, mais moi, je vais un peu la dépoussiérer
04:25 parce qu'il y a tellement de gens qui ont des cancers et qui s'en sortent.
04:28 C'est ça aussi qu'il faut montrer.
04:29 D'ailleurs, ce sera vraiment pour moi une victoire.
04:32 Le fait de me dire que finalement, le cancer est venu dans ma vie,
04:34 mais il ne m'a pas tout pris.
04:35 Il m'a peut-être privée d'un deuxième bébé pour l'instant.
04:38 Mais voilà, je compte bien en faire un deuxième.
04:42 Et puis, c'était le projet initial, mais qui se réalisera en fait.
04:45 C'est juste que ce n'était pas le bon timing, on va dire.