• il y a 7 mois
Valentin Gendrot, journaliste, a infiltré la police pendant deux ans.
Il publie « Flic », un livre qui raconte son parcours, de l’école de formation à Saint-Malo jusqu’à Paris, au commissariat du XIXème arrondissement.

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Transcription
00:00Aujourd'hui, la police recrute qui elle peut, et c'est pas toujours le haut du paquet.
00:04Aujourd'hui, vous pouvez avoir 6, 7 sur 20 dans les concours et quand même devenir
00:07policier.
00:08C'était, je crois, le 4 septembre que je suis rentré en école de police, et j'en
00:11suis sorti le 27 ou 28 novembre, donc je suis resté même pas trois mois dans une école
00:15de police, et je suis sorti de là avec une habilitation pour porter une arme sur la
00:18voie publique.
00:19Donc une arme, c'est un pistolet, une arme à feu avec 12 cartouches à l'intérieur
00:23qui peuvent tuer.
00:24Un autre révélateur, effectivement, c'est la question des violences conjugales.
00:26On a vu un cours, c'était trois heures, une heure où le formateur explique comment
00:30est-ce que des coupes peuvent en venir à des situations de violences conjugales, et
00:33les deux heures restantes, on a regardé Mon Roi de Maïwenn avec Vincent Cassel.
00:36Et il n'y a pas si longtemps, j'avais fait une intervention dans une médiathèque en
00:39Normandie, et j'avais discuté avec un policier contractuel qui m'avait dit « Toi, t'as
00:43eu trois heures sur les violences conjugales, t'as eu de la chance, nous on a eu zéro.
00:46» Ça, c'est une phrase qu'avait dit un formateur, on n'est pas là pour vraiment
00:49s'occuper de la qualité des policiers qu'on envoie, on est simplement là pour rassurer
00:53la mémé.
00:54Rassurer la mémé, c'est envoyer du bleu, donc autrement dit envoyer des policiers sur
00:58la voie publique, et en fait on s'en fout de savoir comment on va les former.
01:00Aujourd'hui, la police recrute qui elle peut, et c'est pas toujours le haut du paquet.
01:04Il y a un bonhomme que j'ai beaucoup regardé, un réalisateur qui s'appelle Olivier Marchal,
01:08qui a fait beaucoup de films sur des gros flics.
01:10C'est des mecs, ils ont des vies de dingue et tout.
01:12Et je pense que la personne qui veut devenir policière se dit « Tiens, je vais être
01:16policier parce qu'ils ont des vies de fous, il y a de l'action, il y a de l'adrénaline,
01:19ils ont pas l'air de s'embêter, etc.
01:20Sauf que quand vous êtes policier, vous êtes pas du tout dans un film d'Olivier Marchal,
01:23vous êtes dans un milieu où il y a beaucoup d'ennuis.
01:25Et je pense que ça, il faudrait venir rompre le côté sensationnaliste, l'adrénaline,
01:29etc.
01:30Ça pose vraiment problème quand on est un jeune policier de 18, 20, 25 ans qui veut
01:34candidater à ce poste-là.
01:35Et après on voit toute la difficulté que les gens peuvent avoir dans l'exercice de
01:39ces fonctions-là.
01:40Et notamment la frustration.
01:41Et des violences policières peuvent notamment naître de ça.
01:43Ce que j'en ai retenu de cette enquête, c'est la satisfaction d'avoir pu parler
01:47de ce sujet-là, d'avoir pu en parler sans filtre.
01:50C'est-à-dire en contournant parfaitement le mur de la communication qu'il y a systématiquement
01:54autour du sujet police.
01:55Donc ce que j'en retiens, c'est ça.
01:57C'est d'avoir réussi à tenir bon et d'avoir réussi à parler de ce qui, pour moi, est
02:02un vrai sujet important dont on parle régulièrement mais où en fait on ne traite absolument jamais rien.
02:07Comme le ministre de l'Intérieur, comme les GPN ne sont pas au niveau des enjeux,
02:11ils peuvent continuer de faire n'importe quoi ces policiers-là.
02:13Et de l'autre côté, vous avez chaque année 50, 60 policiers qui mettent fin à leur jour.
02:17Et c'est traité en 20 lignes, aussi bien par les syndicats de police que par les médias.
02:23Il y a une forme de banalisation du suicide des policiers alors qu'en fait ces gens
02:26sont quand même représentants de l'État.

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