• il y a 7 mois
Grand témoin : Maroun Eddé, essayiste, spécialiste de philosophie politique et auteur de « La destruction de l'Etat » (Bouquins)

GRAND DÉBAT / La liberté d'expression en danger ?

« Le récap » par Valérie Brochard


Mardi 30 avril, Mathilde Panot, Présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale ainsi que Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, ont été entendues par la police judiciaire pour « apologie du terrorisme ». Ces enquêtes ont lieu à la suite de propos tenus dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas. Juridiquement, « l'apologie du terrorisme » est un délit qui peut entrainer une sanction de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende. Les réactions ont été nombreuses après les convocations policières des deux politiques de gauche. Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) condamne un « événement sans précédent dans l'histoire de notre démocratie ». Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a quant à lui rappelé que « personne n'est au-dessus des lois, pas plus Madame Panot qu'une autre ». Une convocation policière pour « apologie du terrorisme » peut-elle être un moyen déguisé de restreindre la liberté d'expression des soutiens à la cause palestinienne ?

Invités :
- Violette Spillebout, députée Renaissance du Nord,
- Jean Garrigues, historien,
- William Martinet, député LFI des Yvelines,
- Maître Arié Alimi, avocat au barreau de Paris.

GRAND ENTRETIEN / Maroun Eddé : services publics en crise, à qui la faute ?

École et hôpitaux publics fragilisés, tribunaux et forces de l'ordre étouffés, fleurons industriels abandonnés... Dans « La destruction de l'État », l'essayiste et philosophe Maroun Eddé revient sur 30 ans de démantèlement de l'appareil étatique qui auraient laissé les services publics à l'agonie. Il démontre que ce phénomène est le résultat d'une idéologie néolibérale tout droit issue des Etats-Unis des années 1980, à laquelle toute une génération d'hommes d'Etat français a été formée. Est-il possible d'enrayer le déficit structurel de l'Etat français ?

Grand témoin : Maroun Eddé, essayiste, spécialiste de philosophie politique et auteur de « La destruction de l'Etat » (Bouquins)

LES AFFRANCHIS

- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »,
- Isabelle Lasserre, journaliste diplomatique au Figaro,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 ...
00:05 -Bonsoir à tous et bienvenue dans "Ça vous regarde".
00:08 Notre grand témoin, les séillistes marronnés.
00:11 Vous publiez "La destruction de l'Etat".
00:14 C'est un ouvrage dans lequel vous reprochez
00:16 à nos dirigeants d'avoir désarmé l'Etat français
00:19 sous prétexte de le moderniser.
00:21 Avec vous, on s'interrogera sur ce que vous qualifiez
00:24 de paradoxe français. Pourquoi nos services publics
00:27 sont-ils forts alors que la dépense publique continue d'augmenter ?
00:31 On s'interrogera sur la liberté d'expression en France
00:34 alors que la présidente du groupe LFI,
00:36 Mathilde Panot, et Rima Hassan, candidate aux élections européennes,
00:40 étaient convoquées par la police dans une enquête
00:42 pour "apologie du terrorisme".
00:44 Ce concept menace-t-il la liberté d'expression ?
00:47 Y a-t-il une tendance à vouloir faire taire son adversaire
00:50 plutôt que de débattre avec lui ? On en débattra avec nos invités.
00:54 En fin de nos affranchis, ce soir, on parlera Europe
00:57 avec Richard Verli, international, avec Isabelle Lasser.
01:00 Enfin, on verra l'actualité du jour à l'Assemblée
01:03 avec Elsa Mondingava dans sa chronique "Bourbon Express".
01:06 Voilà pour le sommaire.
01:07 C'est parti pour "Une heure de débat".
01:09 Générique
01:11 ...
01:20 Faut-il s'inquiéter qu'une présidente de groupe
01:23 soit convoquée par la police
01:25 dans une enquête pour "apologie du terrorisme" ?
01:27 Ou s'agit-il du fonctionnement normal de la justice
01:30 dans un régime démocratique où la liberté d'expression
01:33 est encadrée par le respect de certains principes ?
01:36 Pour en débattre avec nous,
01:37 j'accueille Violette Spilboud.
01:39 -Bonsoir. -Vous êtes députée
01:41 Renaissance du Nord. Face à vous,
01:43 William Martinet, bonsoir.
01:45 Vous êtes député de la France insoumise des Yvelines.
01:48 Jean Garrigue, bonsoir. -Bonsoir.
01:50 -Vous êtes historien spécialiste d'histoire politique.
01:53 Enfin, Arie Halimi, bonsoir.
01:55 Vous êtes avocat, membre de la Ligue des droits à l'homme.
01:58 Vous venez de publier "Juifs français de gauche dans le désordre"
02:01 aux éditions de La Découverte.
02:03 Pour lancer ce débat, j'accueille Valérie Brochard.
02:06 Générique
02:07 ...
02:15 -Bonsoir, Valérie. -Bonsoir, Clément.
02:18 -Deux figures de la France insoumise
02:20 étaient entendues par la police.
02:22 -Absolument. Clément Mathilde Panot,
02:24 la chef des députés LFI,
02:25 et Rima Hassan, candidate LFI pour les Européennes,
02:28 ont été convoquées dans une enquête pour apologie du terrorisme.
02:32 De quoi parle-t-on précisément ?
02:34 L'apologie du terrorisme apparaît dans la loi
02:37 sur la liberté de la presse dès 1880.
02:39 Pour être honnête, ce texte a plutôt servi,
02:42 tout au long du XXe siècle,
02:43 à réprimer les discours anarchistes
02:46 ou les militants communistes opposés à la guerre d'Indochine.
02:49 Mais en 2014, la loi renforçant les dispositions
02:52 relatives à la lutte contre le terrorisme
02:54 transfère ce délit dans le Code pénal,
02:57 un délit qui consiste à présenter publiquement
02:59 ou commenter favorablement
03:01 soit les actes terroristes en général,
03:03 soit des actes terroristes précis déjà commis.
03:06 Alors, dans cette affaire,
03:08 si on rentre dans le détail,
03:10 eh bien, Rima Hassan a été entendue librement
03:12 sur les faits d'apologie publique d'un acte de terrorisme
03:16 commise au moyen d'un service de communication
03:19 au public en ligne,
03:20 eh bien, c'est-à-dire tout simplement
03:22 des écrits ou des interviews sur Internet
03:25 entre le 5 novembre et le 1er décembre 2023.
03:27 L'audition de Mathilde Panot
03:29 est liée à un communiqué de presse officiel
03:32 publié le 7 octobre 2023,
03:34 ici, à l'Assemblée nationale,
03:35 par le groupe LFI, dans lequel on pouvait lire
03:38 "l'offensive armée de forces palestiniennes
03:41 "menée par le Hamas intervenait dans un contexte
03:44 "d'intensification de la politique d'occupation israélienne".
03:48 La question est de savoir si les propos tenus
03:50 rentrent dans le cadre de l'apologie du terrorisme
03:53 ou s'il s'agit de liberté d'expression.
03:55 Eh bien, pour nos deux Insoumises, la réponse est nette.
03:58 -On peut avoir des débats en France,
04:01 c'est ce qui fait aussi la beauté de ce pays.
04:03 On peut partager des idées,
04:05 on peut même avoir des confrontations assez vives
04:08 sur un sujet aussi chargé,
04:10 mais on se doit collectivement de dénoncer
04:12 ces pressions, ces intimidations, ces menaces,
04:15 qui, aujourd'hui, se matérialisent par ces convocations.
04:19 -Aucune attaque politique,
04:22 aucune intimidation policière ou judiciaire
04:26 ne nous fera jamais changer les idées que nous portons.
04:29 Oui, j'assume le dire qu'il y a un génocide en cours
04:35 et que c'est notre devoir et notre honneur de le dénoncer.
04:39 Nous le dénonçons et nous le dénoncerons encore.
04:42 -C'est donc maintenant à la justice de trancher,
04:45 attaqué cet après-midi même dans l'hémicycle
04:48 sur la criminalisation des voix de l'opposition.
04:50 Le garde des Sceaux a rappelé que les convocations judiciaires
04:54 des deux représentants de la France insoumise
04:56 ne sont pas à l'initiative de l'Etat,
04:59 mais font suite aux plaintes déposées
05:01 par l'Organisation juive européenne.
05:03 -Vous êtes injurieux à l'encontre de tous les magistrats
05:07 de ce pays, monsieur Bompard.
05:11 Laissez faire la justice en toute indépendance
05:15 et elle fera son travail.
05:17 Soit c'est une infraction, et elle le dira,
05:20 soit ce n'est pas une infraction, elle le dira.
05:23 Personne n'est au-dessus des lois, pas plus Mme Pannot qu'une autre.
05:27 -Si jamais la justice estime que c'est bien
05:30 de l'apologie du terrorisme,
05:32 alors Mathilde Pannot et Rima Hassan
05:34 pourraient encourir jusqu'à 50 prisons et 75 000 euros d'amende,
05:37 peine allongée à 7 ans et 100 000 euros
05:40 si les faits sont commis via Internet.
05:42 Mais l'enquête pourrait aussi être classée sans suite.
05:45 -Merci à vous, Valérie Brochard.
05:47 On va commencer par vous, William Martinet.
05:50 On a entendu Mathilde Pannot dénoncer ce matin
05:53 un abus de pouvoir.
05:54 Clémence Guettet parle d'une criminalisation
05:57 des oppositions.
05:58 Est-ce que vous parlerez d'abus de pouvoir
06:00 si la plainte est classée sans suite ?
06:03 -Bien sûr, parce que j'espère que cette plainte sera classée
06:06 sans suite, mais cela ne va rien enlever
06:09 la politique dans laquelle nous sommes,
06:11 c'est-à-dire la façon dont cette plainte
06:13 et cette accusation d'apologie du terrorisme
06:15 est utilisée pour nous nuire, intimider.
06:18 -Utilisée par qui ? Par le gouvernement ?
06:20 -D'abord, vous avez eu raison de rappeler
06:23 que c'était au mois d'octobre que nous avions
06:25 un groupuscule d'extrême droite,
06:28 qui est proche du gouvernement Netanyahou,
06:30 qui a porté plainte.
06:31 Et on ne sait pas trop pourquoi, il faut attendre sept mois,
06:35 il faut attendre que nous nous approchions
06:38 de l'élection européenne pour que le parquet
06:40 décide de faire cette action,
06:42 c'est-à-dire de convoquer au commissariat
06:45 Rima Hassan et Mathilde Panot.
06:46 -Ce n'est pas le cours normal de la justice
06:49 quand une plainte est déposée ?
06:51 -Ce n'est pas normal qu'une présidente de groupe
06:54 parlementaire soit convoquée au commissariat
06:56 pour apologie du terrorisme au nom d'un communiqué de presse
07:00 du groupe parlementaire.
07:01 -Elle ne serait pas convoquée,
07:03 elle ne pourrait pas se défendre. Vous le dénonceriez ?
07:06 -Il ne faut surtout pas qu'elle soit attaquée.
07:09 Il ne faut pas que la police et la justice
07:11 servent à cautionner ce qui est une forme d'intimidation politique.
07:15 Il y a nous, et madame Panot l'a très bien dit,
07:18 nous, ça ne nous fera pas peur, nous continuerons à parler,
07:21 mais derrière nous, il y a des dizaines de personnes
07:24 qui sont des militants syndicaux, de la cause palestinienne,
07:28 qui subissent la même forme de répression,
07:30 et nous sommes aussi très inquiets pour eux,
07:33 car ils n'ont pas les mêmes moyens pour pouvoir résister.
07:36 C'est un contexte global de recul des libertés publiques
07:39 dont nous sommes inquiets.
07:41 Je ne pense pas que la justice
07:43 doive servir à des fins politiques
07:45 pour intimider les opposants.
07:47 -Violette Spilbout, on a entendu Valérie Brochard
07:49 rappeler les termes du communiqué de la France insoumise.
07:52 Votre famille politique a dénoncé une forme d'ambiguïté de la part de LFI.
07:57 Est-ce normal, selon vous, que tout cela sorte
07:59 de la sphère du débat politique pour rentrer dans une sphère judiciaire ?
08:03 -C'est un débat qui mérite d'être posé.
08:06 Finalement, quand on est élu,
08:07 élu de la République parlementaire,
08:10 on a le droit de tout dire.
08:11 Est-ce que la liberté d'expression
08:13 doit ou ne doit pas s'arrêter
08:16 à une limite, qui est celle, pour moi, en tout cas, des délits ?
08:20 Ici, il y a une plainte qui est déposée
08:22 contre une personne qui, oui, est élue,
08:25 et c'est une plainte pour apologie du terrorisme.
08:27 C'est le travail de la police, de l'enquête judiciaire,
08:30 de faire les choses normalement, d'avoir une convocation,
08:34 d'exagérer un moment de rendez-vous dans un commissariat de police
08:37 où la personne est entendue, explique ses dires
08:40 ou son communiqué de presse, ce qu'a fait Mathilde Panot,
08:44 ce qu'a fait Rima Hassan,
08:45 et c'est les juges qui instruiront cette plainte.
08:48 Inversement, s'il n'y avait pas de suivi judiciaire
08:51 quand il y a une plainte contre un élu,
08:53 on dirait qu'ils ont un traitement de faveur.
08:56 Je crois que là, tout ça est normal.
08:58 La France insoumise ne s'est pas offusquée
09:00 quand il y avait Éric Zemmour
09:02 convoqué au commissariat de police
09:04 pour de l'atteinte à la liberté d'expression
09:07 ou la même chose, François Fillon,
09:09 en 2017, pendant l'élection présidentielle.
09:11 -Est-ce qu'il n'y a pas un risque
09:13 à judiciariser la parole politique quand elle nous déplaît ?
09:17 On n'est plus dans le cas du débat.
09:19 -Je ne suis pas pour la judiciarisation
09:21 systématique du débat politique, heureusement,
09:24 parce que je vais vous dire, moi, encore aujourd'hui,
09:27 je viens de prendre des insultes sur Twitter
09:30 des collègues de M. de la France insoumise.
09:32 Je ne porte pas plainte à chaque fois,
09:35 je ne judiciarise pas, mais j'estime
09:37 qu'un homme ou une femme politique a le droit,
09:39 s'il se sent diffamé, de porter plainte
09:42 pour diffamation, y compris d'un opposant politique.
09:45 Je crois qu'on n'est pas des sous-citoyens
09:47 parce qu'on est élu.
09:49 Si on est atteint dans sa dignité,
09:51 si on porte atteinte aux valeurs de la République,
09:53 si on fait une insulte antisémite ou l'apologie du terrorisme,
09:57 si quelqu'un porte plainte,
09:59 c'est normal.
10:00 -Arièle Imi, on a entendu William Martinet
10:02 évoquer le cas de militants syndicaux
10:05 qui ont pu être poursuivis pour apologie du terrorisme.
10:08 Vous avez défendu le secrétaire départemental
10:11 de la CGT du Nord, qui a lui été condamné
10:13 pour apologie du terrorisme.
10:15 C'est la façon dont il a évoqué les attentats du 7 octobre
10:18 dans un communiqué qui a fait l'objet d'une plainte.
10:21 La liberté d'expression a toujours été encadrée.
10:24 Elle ne peut pas basculer dans la diffamation,
10:27 l'injure, la provocation ou la haine.
10:29 Pourquoi ne pas ajouter à cette liste
10:31 ce délit d'apologie du terrorisme ?
10:34 -Vous savez, je tenais juste à dire une petite chose avant
10:37 pour voir d'où je parle.
10:39 J'ai été...
10:41 J'ai subi un trauma au moment du 7 octobre,
10:44 notamment dans le cadre des communiqués d'Amie de Gauche.
10:48 Je l'ai dit, j'ai même écrit un livre qui a suscité cela,
10:51 car j'ai considéré qu'il y avait une insensibilité
10:54 dans la non prise en considération suffisante
10:57 pour ce qui s'est passé le 7 octobre.
10:59 Après, ce que je vois depuis le 7 octobre,
11:01 c'est effectivement une instrumentalisation
11:04 des propos et de la chose judiciaire.
11:06 Depuis 2014, on l'a rappelé tout à l'heure,
11:09 l'apologie du terrorisme est passée dans le code pénal.
11:12 Ca change tout. Avant, c'était dans la loi de 1881.
11:15 -Expliquez-nous, qu'est-ce que ça change ?
11:17 -La loi de 1881 est une loi assez protectrice
11:21 de l'expression des propos dits à la télé,
11:24 écrits dans les journaux,
11:26 et donc, vous avez une procédure extrêmement protectrice
11:29 avec des prescriptions.
11:31 Il y avait d'ailleurs une pénalité inférieure.
11:34 On était à 5 ans, on est passé à 7 ans
11:36 lorsque maintenant, on est sur Internet.
11:38 Imaginez, vous dites un mot, vous écrivez une phrase
11:41 dans un communiqué de presse syndical,
11:44 comme pour Jean-Paul Delesco, secrétaire départemental du Nord,
11:47 l'une des plus grosses fédérations de la CGT,
11:50 le syndicat de la Fraternité, et il se retrouve menotté
11:53 à 6h du matin,
11:54 avec des services antiterroristes, devant ses enfants,
11:58 placés en garde à vue, perquisitionnés chez lui,
12:01 simplement pour une phrase dans un communiqué.
12:04 La phrase, je peux vous la dire,
12:06 pour voir ce qui va se passer pour 621 procédures.
12:10 Je simplement... -Je l'ai, la phrase,
12:12 on peut la dire, pour que les gens se fassent leur opinion.
12:16 -Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées.
12:19 Depuis le 7 octobre, elles reçoivent les réponses
12:22 qu'elles ont provoquées. -C'est ça.
12:24 -Ca donne un peu le sentiment qu'Israël récolte ce qu'elle a semé.
12:28 -Ca veut dire beaucoup de choses.
12:30 Ca peut vouloir dire qu'il y a un enchaînement de violences.
12:33 Il y a lieu à une interprétation.
12:35 A une époque, s'il n'y avait pas eu la circulaire
12:38 de Dupond-Moretti du 10 octobre, qui donne instruction
12:41 au procureur de la République,
12:42 et c'est là qu'il y a une mauvaise foi de la majorité,
12:45 de dire que c'est la justice, non. Il y a eu une volonté d'organiser...
12:50 -On est d'accord que le parquet ne s'est pas auto-saisi
12:52 de cette affaire ? -Si.
12:54 -Il y a 621... -Il y a une plainte
12:56 qui a été déposée. -C'est un signalement
12:58 du préfet du Nord, c'est-à-dire de l'Etat.
13:01 -C'est pas lié à une plainte ? -Non, pas du tout.
13:03 C'est le préfet du Nord qui a signalé,
13:07 avec un article 40, c'est donc l'Etat.
13:09 Ce que je veux dire, c'est qu'avant ça,
13:11 il y a eu une circulaire de Dupond-Moretti,
13:14 qu'on a entendu parler, qui a organisé
13:16 ces différentes poursuites.
13:18 Il y a 621 poursuites actuellement sur ces propos-là.
13:21 Ce que je veux vous dire, c'est que ce qu'on oublie de vous dire,
13:24 quand on nous dit que c'est à la justice de s'exprimer,
13:27 c'est qu'il y a d'abord les poursuites.
13:30 Qui engage les poursuites ? Le ministère public.
13:32 Il dépend de qui ? De la chancellerie.
13:35 Donc quand je vous dis que c'est une organisation
13:37 de dérestrictions manifestes et dangereuses
13:41 et une criminalisation de l'expression politique,
13:44 c'est vraiment organisé par la majorité gouvernementale.
13:47 -Violette Spilbout ? -D'un mot,
13:49 je crois que vous êtes avocate,
13:51 donc la loi de 2013 est très claire sur les instructions.
13:54 -2014, je crois. -Le ministre ne peut adresser
13:57 aucune instruction individuelle à un parquet.
13:59 En revanche, une circulaire générale
14:01 que j'ai sous les yeux, celle du 10 octobre,
14:04 elle peut donner une instruction générale
14:06 à l'ensemble des parquets
14:08 pour qu'il y ait une réponse pénale ferme et rapide.
14:11 Et là, c'était quoi ? C'était une réaction
14:13 trois jours après les attentats du 7 octobre,
14:16 l'attaque du 7 octobre,
14:18 pour qu'il y ait une prévention
14:20 de tout ce qui allait arriver sur les actes antisémites.
14:23 La vraie réalité, c'était de prévenir
14:25 et d'organiser la réponse pénale sur des actes antisémites,
14:29 qui se sont d'ailleurs multipliés, puisqu'il y a près de 700 actes
14:33 qui sont aujourd'hui sous le coup de poursuites judiciaires,
14:36 et ce n'était pas destiné à museler une parole politique
14:40 comme vous l'exprimez aujourd'hui.
14:42 Simplement, effectivement, quand on légitime
14:45 une action d'un groupe terroriste
14:47 qui est reconnu par l'Union européenne, le Hamas,
14:50 quand on a des propos qui tendent à légitimer
14:53 ou à soutenir un acte terroriste, c'est l'apologie du terrorisme.
14:56 -J'aimerais vous entendre, Jean Garrick,
14:59 l'historien, prendre de hauteur et de recul.
15:01 Quel regard vous portez sur ce débat ?
15:03 Est-ce que la liberté d'expression vous semble
15:06 davantage menacée ou contrainte qu'elle n'a pu l'être
15:09 dans l'histoire de notre République ?
15:11 -Evidemment non, si je prends un peu de profondeur historique.
15:15 C'est une période de notre histoire,
15:17 et on évoquait avant cette réunion
15:21 ce qui s'est passé, par exemple,
15:23 au moment des attentats anarchistes des années 1880,
15:26 où des lois ont été votées,
15:28 que la gauche a appelées à raison, d'ailleurs,
15:32 des lois scélérates, et qui étaient, me semble-t-il,
15:35 beaucoup plus loin dans la restriction
15:37 de la liberté d'expression.
15:39 Je suis pas là pour trancher, évidemment,
15:43 la subtilité aussi de ce que sont les incriminations
15:48 et des plaintes qui ont été déposées
15:51 pour interpeller à la fois Mathilde Panot
15:55 et Rima Hassan.
15:57 Simplement, je suis comme tout le monde,
16:00 au moment du 7 octobre,
16:01 j'ai été surpris par le manque de réaction,
16:06 d'empathie de certains responsables de la France insoumise
16:09 par rapport à ce qui s'était passé,
16:12 et j'observe qu'aujourd'hui,
16:13 il y a dans la campagne menée par la France insoumise,
16:17 dans les mots qui sont employés,
16:19 un certain nombre d'excès, me semble-t-il,
16:23 qui sont contraires à la vérité historique
16:25 d'une histoire extrêmement complexe,
16:28 celle des rapports entre Israéliens et Palestiniens
16:31 depuis 1947.
16:32 Simplement, je constate aussi
16:34 qu'aujourd'hui, il faut veiller, effectivement,
16:37 à ce que la liberté d'expression,
16:39 notamment des parlementaires,
16:41 soit scrupuleusement respectée,
16:44 et c'est vrai qu'il y a,
16:45 je répète, l'interprétation
16:48 de ce terme d'apologie du terrorisme,
16:50 une grande zone de flou, me semble-t-il,
16:54 et je pense qu'au fond, pour tout dire,
16:56 et là, encore, me détacher un peu
16:59 de ce...
17:01 de toute polémique, c'est plutôt un service
17:04 que rend aujourd'hui le pouvoir politique
17:08 à la France insoumise.
17:09 Cette histoire-là contribue à les victimiser
17:14 par rapport à des positions qui, au départ,
17:16 ont choqué une grande partie de l'opinion,
17:19 et pas seulement l'opinion du centre-droite,
17:21 mais de l'opinion de gauche.
17:23 D'ailleurs, l'avocat qui est là l'a dit le premier.
17:27 Et donc, c'est aujourd'hui,
17:29 cette traduction
17:32 de responsable de la France insoumise
17:36 devant un commissaire de police, etc.,
17:39 tout ça, je le répète, va alimenter
17:42 cette idée de victimisation.
17:44 D'ailleurs, ça a été repris par le député à France insoumise.
17:48 Il a raison de l'utiliser comme une arme politique
17:51 en nous faisant un peu oublier le fond des choses,
17:54 le fond de la réflexion qu'on doit mener,
17:56 et ce qui devrait être, à mon sens,
17:58 mais là, je m'éloigne aussi du champ politique,
18:01 ce qui devrait être la mission première de nos élus,
18:05 l'explication, l'explication de la complexité
18:09 de ce qui se passe aujourd'hui. -On ne peut plus débattre
18:12 dans la nuance, selon vous ? -C'est tout le problème
18:14 de la brutalisation de notre vie publique
18:17 depuis, ça a commencé avant les années Macron.
18:21 C'est un phénomène qui est très grave
18:23 et je ne trouve pas que nos élus prennent suffisamment
18:27 la mesure de ce qui se passe.
18:29 Et je pense que ce qui se passe aujourd'hui,
18:33 cette polémique, ne va faire qu'alimenter
18:35 cette brutalisation. -Cette polémique
18:38 est liée à ce délit d'apologie du terrorisme.
18:40 Il y a d'autres faits dans l'actualité
18:42 de ces derniers mois. On a pu voir plusieurs conférences
18:46 organisées dans des universités sur la Palestine,
18:48 qui ont été annulées, notamment celles que Jean-Luc Mélenchon
18:52 a voulu tenir à Lille, dans votre ville,
18:54 dont vous êtes élu. Dans la foulée,
18:57 on a vu le préfet du Nord, qui a interdit
18:59 une réunion publique de Jean-Luc Mélenchon
19:02 sur ce sujet. C'était dans une salle privée.
19:04 Il y a ces instructions qui ont été données
19:07 aux Sciences Po, qui ont bloqué la sorbonne
19:09 des étudiants pro-palestiniens.
19:11 Arie Halimi, quand vous entendez le président de l'université
19:15 de Lille dire que les conditions ne sont plus réunies
19:18 pour garantir la sérénité des débats,
19:20 pour justifier l'annulation de cette conférence,
19:23 entendez-vous ces arguments quand on voit à quel point
19:26 ce sujet sur le Proche-Orient crée des tensions ?
19:29 -Je connais la difficulté vécue par les directeurs d'établissements
19:32 dans les universités dans ces moments-là.
19:35 Vous avez d'un côté les étudiants qui veulent organiser
19:38 ces conférences, qui sont dans une colère
19:40 et une forme d'injustice par rapport à ce qui se passe à Gaza,
19:44 et de l'autre, ils ont aussi des pressions,
19:46 notamment de personnalités politiques.
19:49 Sauf de ma part, madame Spilbou, vous avez...
19:51 -Je me suis exprimée, oui.
19:53 -Vous avez pris la parole... -C'est une pression.
19:56 -Vous avez pris la parole lors des questions gouvernementales.
19:59 -Vous avez demandé l'interdiction de cette conférence.
20:03 -Voilà. Et je ne le comprends pas.
20:06 Et c'est dangereux.
20:07 Pourquoi c'est dangereux ?
20:09 Parce que c'est justement l'endroit où on peut discuter
20:12 et où on peut se conscientiser.
20:14 On peut considérer que des débats de ce type
20:16 n'ont pas à avoir lieu dans les universités, mais alors où ?
20:20 Et la deuxième chose... -Ca veut dire que, par exemple,
20:23 vous seriez prêt, vous, à prendre la défense de Jordan Bardella
20:27 si un président d'université l'interdisait à tenir
20:29 une conférence sur sa politique migratoire européenne
20:33 d'aujourd'hui ? -Je vous prends l'antériorité
20:35 de tout ça, et notamment l'interdiction qui est venue après,
20:38 qui est encore plus compliquée. -C'est la question que je vous pose.
20:42 -J'ai besoin de retrouver l'antériorité.
20:44 La réunion d'après a été interdite par le préfet.
20:47 Interdire une réunion par un préfet,
20:49 c'est encore plus lourd en termes de liberté publique
20:53 que d'interdire une manifestation.
20:55 C'est d'autant plus qu'elle a été faite au dernier moment.
20:58 On a franchi des capes monstrueux.
21:00 Ca vient d'une jurisprudence, celle de l'affaire Diodonné,
21:04 avec son spectacle, qui avait été interdit
21:07 à l'initiative de Manuel Valls.
21:10 A l'époque, on ne voulait pas en écouter Diodonné,
21:13 surtout qu'il avait des propos antisémites
21:16 du matin au soir.
21:17 Personne n'avait envie qu'il fasse son spectacle.
21:20 Pourtant, les défenseurs des libertés ont dit
21:23 que si vous, avant même que le spectacle ait lieu,
21:26 avant même qu'on sache ce qui va être dit,
21:28 vous interdisez, ça sera applicable partout.
21:31 C'est ce qui se passe.
21:32 Cette jurisprudence Diodonné s'étend.
21:35 -Vous évoquez le cas de figure de cette réunion publique
21:38 dans une salle privée.
21:39 Dans le cadre de l'université,
21:41 vous auriez tenu les mêmes propos
21:43 si Jordane Bardella avait été interdit
21:46 de faire une conférence sur sa politique migratoire européenne
21:50 dans le cadre des Européennes.
21:52 Jean-Luc Mélenchon est dans le cadre des Européennes.
21:55 Cette cause palestinienne a été mise au coeur
21:58 par le président de l'FI.
21:59 -Bien sûr que oui, je vous réponds de mon sens en bas.
22:02 D'ailleurs, ils tiennent des conférences à Sciences Po
22:05 ou ailleurs en permanence, et ça ne pose pas de problème.
22:08 Que cela pose problème, ça pose pas de problème
22:11 d'un point de vue légal, puisqu'il n'y a pas d'interdiction.
22:14 Je ne vois pas la majorité, ni les préfets de la majorité
22:17 demander l'interdiction de ces débats par l'extrême droite,
22:21 où souvent, on a des débats terribles sur les immigrés.
22:24 Pourquoi est-ce qu'on demande l'interdiction
22:27 de cette conférence ? -Virée Spilmouth,
22:29 pourquoi avez-vous demandé ? -Je ne comprends pas.
22:32 -J'ai été alertée très fortement par des citoyens,
22:35 par des professeurs de l'Université de Lille,
22:37 par des enseignants, des chercheurs,
22:39 qui ont vu pour la troisième fois en trois mois
22:42 des candidats aux élections de la France insoumise
22:45 venir tenir une conférence dans l'Université de Lille,
22:48 mais cette troisième fois était différente,
22:51 parce que la communication sur cette conférence,
22:54 qui était un meeting politique et pas une conférence
22:57 avec du contradictoire, revêtait le logo de l'association
23:01 "From the river to the sea", qui est, on le sait,
23:04 pour beaucoup, une interprétation du négationnisme
23:09 de l'Etat d'Israël.
23:11 -C'est une façon de décrire l'Etat palestinien
23:15 qu'il souhaite voir créer. -L'Etat d'Israël n'existe pas.
23:20 Moi, j'ai demandé cette annulation au chef d'établissement,
23:24 je l'ai appelé, et j'ai fait une déclaration sur Twitter.
23:27 Je ne considère pas que ce soit une pression,
23:29 c'est mon rôle politique de donner mon avis sur ma ville de Lille.
23:33 Je l'ai fait parce qu'en pleine campagne européenne,
23:36 quand dans une université, qui est, vous avez raison,
23:38 le lieu du débat où on doit pouvoir échanger les idées,
23:41 où les jeunes forment leurs opinions et leur esprit critique,
23:45 il faut qu'il y ait un pluralisme.
23:48 Et depuis le mois de janvier,
23:51 nous avions eu Manon Aubry le 5 février,
23:53 le 5 mars, Rima Hassan,
23:55 et à nouveau Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon,
23:58 avec un logo qui niait l'existence de l'Etat d'Israël.
24:01 -On va en faisant de William Martin.
24:03 -Il a pris sa décision, je n'ai pas fait de pression sur lui,
24:06 je me suis exprimée, il a pris sa décision
24:09 au regard du trouble à l'ordre public
24:11 et de la sécurité et de la sérénité des débats
24:14 qui ne pouvaient pas être tenus au sein de son université.
24:17 -Que répondez-vous à Violette Spilbouck,
24:19 qui vous accuse d'instrumentaliser ce mouvement étudiant ?
24:23 -Ce que je veux dire, c'est que plusieurs points
24:26 finissent par faire une ligne.
24:28 Il y a le point d'accusation d'apologie du terrorisme.
24:31 Je voudrais rappeler ce qu'il y a dans ce communiqué.
24:34 Cette offensive politique produit un effet.
24:36 On dit "France insoumise", "apologie du terrorisme",
24:39 mais on ne sait pas de quoi on parle.
24:41 On parle d'un communiqué de presse où on a écrit
24:44 "nous déplorons les morts israéliens",
24:46 où on a dit "il faut appliquer les résolutions de l'ONU
24:49 "et l'arrêt de la colonisation".
24:51 C'est pour ça que Mathilde Panot a été entendue au commissariat.
24:55 -C'est pour ne pas avoir qualifié de terroriste
24:58 les actes du Hamas.
24:59 -On n'a pas le droit, dans ce pays,
25:01 de dire ce qu'on a fait.
25:02 Le lendemain de l'attaque du 7 octobre,
25:05 c'est-à-dire ce qu'a fait le Hamas, c'est un crime de guerre,
25:08 c'est-à-dire parler le langage du droit international.
25:11 Quand on parle le langage du droit international,
25:14 il faut aller se justifier devant la police dans les commissariats ?
25:18 -Pourquoi elle a été convoquée par la police ?
25:20 -C'est le premier point.
25:22 Le deuxième point, ce sont les interdictions de conférence.
25:25 Le motif de l'interdiction de la conférence est fallacieux.
25:28 On est allés s'intéresser au logo de l'association étudiante
25:32 qui a organisé cette conférence.
25:34 D'ailleurs, l'association étudiante n'avait pas de problème
25:37 car elle est reconnue par l'université.
25:39 On lui reproche que dans ce logo,
25:41 c'est-à-dire les territoires israéliens et palestiniens,
25:44 l'association n'a pas placé la frontière
25:47 pour savoir où est Israël et la Palestine.
25:49 On ne va pas demander aux étudiants de savoir où est la frontière.
25:53 Tout ça pour dire le ridicule...
25:55 Tout ça pour dire le ridicule de cette accusation.
25:58 Le dernier point, c'est une pression politique
26:00 de Mme Spilbout et d'autres membres de la majorité
26:03 qui ont fait pression sur le président.
26:05 D'ailleurs, le président le dit lui-même.
26:08 Il ne dit pas "j'interdis la conférence
26:10 "car trop d'insoumis viendraient discuter dans mon université".
26:13 Il dit "il y a un risque de trouble à l'ordre public
26:16 "qui n'est pas nous, les insoumis,
26:19 "mais le risque de trouble à l'ordre public".
26:21 Ce sont justement les gens que Mme députée Renaissance a excité.
26:24 -Il ne nomme personne.
26:26 Il évoque des pressions exercées sur le principe d'autonomie
26:29 des universités.
26:30 -Il n'excuse personne.
26:32 -Il n'excuse personne d'extrême droite proche de Netanyahou,
26:35 proche de l'extrême droite israélienne
26:38 qui risquait de perturber la conférence.
26:40 Nous avons été victimes d'une tentative d'intimidation
26:43 et de l'autre de venir perturber cette conférence.
26:46 Je dis que tous ces points, à la fin, ça fait une ligne,
26:49 c'est une dérive autoritaire,
26:51 c'est d'empêcher des opposants politiques
26:53 de pouvoir débattre, de pouvoir s'exprimer clairement
26:56 et juste que le débat soit politique.
26:59 Vous avez le droit de ne pas être d'accord avec nous,
27:01 mais le débat, il faut le mener ici, sur LCP ou ailleurs.
27:05 Le débat, il ne se fait pas au commissariat.
27:07 Si vous avez du mal à convaincre les gens autour de vous,
27:10 je ne pense pas que convoquer vos opposants politiques
27:13 au commissariat, ce soit la solution.
27:16 -La police et la justice, je ne convoque personne.
27:18 -Bien sûr que c'est le ministre de la Justice
27:21 qui a fait cette circulaire,
27:23 bien sûr que c'est le parquet qui a décidé la convocation.
27:26 Vous n'arrivez pas à convaincre qu'il faut utiliser
27:29 l'outil autoritaire et qu'il faut utiliser la répression judiciaire.
27:33 -On va avancer dans le débat. Cette liberté d'expression
27:36 ne s'exerce pas que dans le champ politique.
27:38 Humoristes, dessinateurs ou écrivains,
27:41 l'actualité montre des tensions de plus en plus fortes
27:44 dans le jeu de la liberté d'expression.
27:46 Dario Bargogno.
27:47 ...
27:52 -Depuis le 7 octobre, la parole sur le conflit Palestine-Israël
27:55 est hautement inflammable.
27:57 Même chez les humoristes, une blague douteuse
28:00 et immédiatement, c'est la polémique.
28:02 -Il y a le déguisement Netanyahou qui marche pas mal pour faire peur.
28:06 C'est une sorte de nazi, mais sans prépuce.
28:08 -Pour ces propos, deux plaintes pour provocation à la haine antisémite,
28:12 classées sans suite.
28:13 Le conflit suscite des opinions binaires
28:16 et sûrement pas la nuance.
28:17 Tout est prétexte aux poursuites judiciaires ou aux menaces de mort,
28:21 comme celle reçue par la dessinatrice Coco
28:23 suite à ce dessin dans "Libération",
28:25 où elle ironise sur la famine à Gaza en plein ramadan.
28:28 Le conflit du Moyen-Orient n'est pas le seul sujet à diviser.
28:32 Ce livre a provoqué un flot de critiques,
28:34 certains jugeant les propos tenus dans le livre comme transphobes.
28:38 SOS Homophobie a porté plainte contre ces deux autrices,
28:41 Dora Mouto et Marguerite Stern.
28:43 Les affiches promotionnelles du livre ont été retirées par l'afficheur
28:47 à la demande de la ville de Paris.
28:49 "La transphobie est un délit.
28:51 "La haine de l'autre n'a pas sa place dans notre ville.
28:54 "Paris n'est pas la vitrine de cette haine crasse."
28:56 Autre exemple, celui de Sylvain Tesson.
28:59 Nommé parrain du Printemps des Poètes,
29:01 il a été poussé vers la dimission après une tribune de 1 200 signataires
29:05 l'accusant d'être une figure de proue de l'extrême droite.
29:08 -Quelle fatigue. -Quelle fatigue ?
29:10 -Je me suis posé une question au préalable.
29:13 "Quel est mon crime et qui sont mes juges ?"
29:17 Maintenant, ils ont trouvé un mot qui est le mot
29:20 du conformisme absolu et qui clôt le débat, c'est "extrême droite".
29:24 -Dans ce climat où la liberté d'expression
29:26 est parfois malmenée, le chef de l'Etat a rappelé certains principes.
29:30 -Je pense que ça a toujours été la force de la République,
29:33 c'est de nous battre pour que toutes les voix puissent s'exprimer,
29:37 toujours dans un cadre respectueux,
29:40 mais qu'elles puissent s'exprimer.
29:43 -Comme un rappel de la citation attribuée à Voltaire,
29:46 "je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu'à la mort
29:49 "pour que vous puissiez les exprimer."
29:51 -Vous vous retrouvez dans cette phrase apocryphe de Voltaire,
29:55 "vous êtes prêts à vous battre jusqu'à la mort
29:57 "pour qu'E. Zemmour puisse exprimer ses idées ?"
30:00 -Je suis convaincu qu'aujourd'hui, le débat dépasse la FI,
30:03 dépasse la question de la cause palestinienne,
30:06 même si elle est importante, et que le sujet,
30:09 c'est la République en général.
30:10 J'interpelle ceux qui se disent que les Insoumis
30:13 se font taper dessus, mais c'est toujours les plus radicaux.
30:16 "Nous qui sommes modérés, ça ira,
30:18 "notre liberté d'expression sera jamais remise en cause."
30:22 C'est un piège. S'ils laissent faire pour nous,
30:24 cette répression contre les Insoumis,
30:26 ils sont les prochains sur la liste.
30:28 La dérive autoritaire, le recul des libertés,
30:31 elle ne s'arrête qu'à un moment,
30:33 quand les citoyens se mobilisent pour défendre nos valeurs.
30:36 -Quand vous voyez que les deux plaintes
30:39 qui avaient été déposées contre l'humoriste Guillaume Meurisse
30:42 ont été classées sans suite, est-ce que Radio France
30:45 a mieux raison de le sanctionner ?
30:47 -Il y a la sanction de l'employeur et la liberté d'expression
30:50 qui a été jugée par des juges.
30:52 C'est ce qui arrivera peut-être dans le cas de Mme Panot
30:55 et Mme Hassan, et peut-être que ça sera classé sans suite.
30:58 Selon les experts, ça donne certainement cette direction-là.
31:02 Il faut rester très vigilant à la liberté d'expression,
31:05 c'est une force de notre pays, la France,
31:07 et pour laquelle on est reconnu, au droit de chacun,
31:10 mais il ne faut pas exonérer
31:12 tous les politiques de leur responsabilité.
31:15 Qu'un politique, aujourd'hui, puisse être attaqué
31:18 par un citoyen, par une organisation,
31:20 parce qu'il aurait fait l'apologie du terrorisme à son sens,
31:23 parce qu'il aurait diffamé, fait une injure publique,
31:26 eh bien, ça doit aussi être possible dans notre pays.
31:29 Ca crée une difficulté qui est peut-être la masse de procès,
31:33 notamment la multiplication sur les réseaux sociaux.
31:36 On voit que la moitié des sujets d'antisémitisme
31:39 sont sur les réseaux sociaux, en ce moment,
31:41 dans les enquêtes judiciaires,
31:43 mais ça n'exonère pas le politique de sa responsabilité
31:46 et il doit pouvoir rendre des comptes sur ce sujet-là.
31:49 -Arièle Himy, quand on voit toutes ces plaintes,
31:52 quand on voit aussi parfois la façon dont les militants agissent
31:56 sur les réseaux sociaux pour faire taire leurs adversaires,
31:59 n'y a-t-il pas une tendance à vouloir censurer son adversaire
32:03 sans avoir à débattre avec lui ?
32:05 -Il y a objectivement une brutalisation du débat,
32:07 et je suis d'accord avec cela, une forme de binarité,
32:11 mais indépendamment de ça,
32:13 ce qui, à mon avis, est le plus dangereux,
32:15 c'est le jeu auquel on se prête
32:17 lorsqu'on utilise les rouages institutionnels.
32:20 Cette circulaire, j'y reviens, du 10 octobre,
32:23 est particulièrement dangereuse,
32:25 et elle a été tensée par la CNCDH et le président de la CNCDH,
32:28 Jean-Marie Bourdieu, qui a rappelé qu'elle aurait dû comporter
32:32 les dispositifs sur la liberté d'expression
32:34 pour faire le pendant avec les poursuites.
32:37 Ce que je suis en train de vous dire,
32:39 c'est que lorsqu'on touche à la liberté d'expression
32:42 et qu'on utilise les rouages institutionnels
32:44 lorsqu'on est un Etat, un gouvernement,
32:47 un représentant, et notamment par l'intermédiaire
32:50 du procureur de la République, on risque de voir ce jeu
32:53 se retourner contre soi par la suite.
32:55 Dans trois ans, on a une échéance électorale
32:57 qui va peut-être amener au pouvoir un parti d'extrême droite
33:01 qui n'a pas la même vision de la liberté d'expression.
33:04 Donner les armes et créer les armes et forger les armes
33:07 pour ce parti à l'avenir est d'une dangerosité particulière.
33:10 C'est le message que je souhaite apporter
33:13 pour apaiser les choses en termes de restriction
33:15 de liberté d'expression.
33:17 -Le mot de la fin à vous, Jean Garig.
33:19 Comment voyez-vous la situation ?
33:21 Est-ce que vous avez le sentiment qu'on peut encore débattre
33:25 de tout sereinement dans notre société ?
33:27 Est-ce qu'il n'y a pas une polarisation qui fait que...
33:30 -Je suis aveugle pour ne pas voir cette polarisation,
33:33 la manière dont les élus sont sous la menace des citoyens,
33:36 y compris les maires, à tous les étages,
33:40 et voir cette polarisation en jeu.
33:42 Et la remise en question...
33:44 L'avocat a raison de mettre en exergue le danger
33:49 de cette minimisation de la liberté d'expression,
33:54 des atteintes à la liberté d'expression.
33:56 Je mets aussi en garde la nécessité de protéger
33:59 aussi nos institutions, de ne pas systématiquement
34:03 dénier le pouvoir de ceux qui l'ont gagné devant les urnes,
34:07 de ne pas critiquer le rôle du Conseil constitutionnel
34:10 ou d'autres organes de ce type.
34:13 Je veux dire que respectons la liberté d'expression,
34:16 respectons les élus, respectons la démocratie,
34:19 respectons la citoyenneté, respectons nos institutions.
34:23 Je pense que ce sera déjà un premier pas
34:25 vers une sorte de rapprochement des citoyens.
34:29 -Merci à tous les quatre d'être venus exercer
34:31 votre liberté d'expression, débattre et écouter
34:34 vos adversaires politiques s'exprimer.
34:36 Maroun Eddeh, vous restez avec nous.
34:38 Dans une dizaine de minutes, on va accueillir nos affranchis.
34:42 Richard Verly évoquera les Européennes
34:44 avec ce face-à-face Jordan Bardella,
34:46 Gabriel Attal qui se profile,
34:48 Isabelle Lasser nous parlera de l'Axe,
34:50 Chine, Russie qui se renforcent.
34:52 Une mauvaise nouvelle de plus pour l'Ukraine.
34:55 La chronique Bourbon Express d'Elsa Mondingava.
34:57 Bienvenue à l'Assemblée. -Demandez le programme.
35:00 Ce sur quoi on va travailler d'ici la fin de la session,
35:03 ce sur quoi au début de la session prochaine.
35:05 -A tout à l'heure, tous les trois.
35:07 On passe à notre grand témoin à présent, Maroun Eddeh.
35:10 Bonsoir. -Bonsoir.
35:12 -Vous êtes essayiste, essayiste au profil étonnant,
35:15 normalien, spécialiste de philosophie politique,
35:17 diplômé d'HEC. Vous avez été banquier d'affaires ?
35:20 -Je suis passé par banque d'affaires.
35:22 -Vous avez publié il y a quelques mois
35:25 un réquisitoire contre nos dirigeants
35:27 et contre l'idéologie libérale qui a conduit, selon vous,
35:30 à démenteler, à désarmer notre Etat.
35:32 On regarde votre invitation, signée Marion Becker.
35:35 -Si on vous invite, Maroun Eddeh,
35:42 c'est pour avoir votre regard sur la stratégie de la France
35:45 face à la dette.
35:46 Vertigineuse, plus de 3 000 milliards d'euros.
35:50 Le déficit public a dépassé les 5,5 % du PIB
35:54 l'an dernier.
35:55 Hier, lors du débat sans vote
35:57 d'orientation et de programmation des finances publiques,
36:00 sous le feu croisé des oppositions,
36:03 le gouvernement a défendu des économies
36:05 pour rétablir les comptes.
36:07 -En matière de rétablissement des finances publiques,
36:10 elle est simple, elle est claire, elle est cohérente,
36:13 elle repose sur trois piliers,
36:15 la croissance et le plein emploi
36:17 qui permettent d'accélérer le désendettement,
36:19 les réformes de structure,
36:21 comme la réforme de l'assurance chômage
36:23 dans toutes les PME,
36:24 et la réduction des dépenses
36:26 quand les dépenses publiques ne rendent pas
36:28 les services qu'elles devraient rendre.
36:31 Voilà notre stratégie.
36:32 -La révolution de l'administration,
36:35 la modernisation de la fonction publique
36:37 et le désengagement de l'Etat,
36:39 c'est justement l'objet, Maroun Eddeh,
36:41 de votre dernier livre au titre "Choc,
36:44 la destruction de l'Etat".
36:46 Vous y dressez un constat implacable.
36:49 Comment, depuis 30 ans,
36:51 sous couvert de rentabilité et d'efficacité,
36:54 les gouvernements successifs ont fragilisé les institutions,
36:58 hôpital, école, privatisation de fleurons français,
37:02 en cause, notamment, le recours aux consultants.
37:07 Car, Maroun Eddeh, vous êtes philosophe et essayiste,
37:10 normalien de formation, diplômé d'HEC,
37:14 mais vous avez également été consultant et banquier d'affaires.
37:17 C'est de cette expérience et de multiples rencontres
37:20 au sein de l'administration que vous tirez cette analyse.
37:24 Alors, on a une question pour vous, Maroun Eddeh.
37:28 Avez-vous une recette pour dépenser moins
37:31 tout en préservant les services publics ?
37:34 -Maroun Eddeh, votre livre va bien au-delà
37:36 de cette seule question de maîtrise de la dette
37:39 et des déficits publics, mais c'est sous couvert
37:42 de maîtrise de la dépense publique que la plupart des décisions
37:45 que vous critiquez ont été prises.
37:47 La France aurait-elle pu dépenser moins
37:49 en préservant ses services publics ?
37:51 -Jamais des économies budgétaires n'ont coûté aussi cher.
37:54 A partir du moment où on a commencé à dire,
37:57 dans les années 1990-2000,
37:59 qu'il fallait faire des coupes budgétaires,
38:01 à partir du moment où on a commencé à confondre
38:04 l'efficacité des services publics avec la rentabilité
38:07 et la rentabilité avec juste le fait de faire des coupes budgétaires,
38:11 on a fait exploser le coût des services.
38:13 Si on prend l'hôpital, par exemple,
38:15 quand Nicolas Sarkozy fait entrer en 2007 les consultants privés,
38:19 notamment au coeur de l'hôpital, pour essayer de rationaliser tout ça,
38:22 ce qu'on observe, c'est la création
38:24 d'un ensemble d'usines à gaz, d'institutions intermédiaires,
38:28 avec une vraie inflation de toute l'administration intermédiaire.
38:31 -Du management, en quelque sorte. -Du middle management, oui.
38:35 Du management intermédiaire, mais aussi des tâches
38:38 très chronophages et inutiles que l'on demande aux soignants eux-mêmes,
38:42 des tâches de reporting, de cotation.
38:44 J'interroge plusieurs personnes soignants dans mon livre
38:47 qui disent, un médecin notamment,
38:49 que si il devait remplir toutes les cotations,
38:52 ça prendrait quatre heures par jour.
38:54 Un autre dit qu'il ne demande plus de soigner des patients,
38:57 mais des chiffres. Vous vous retrouvez
38:59 avec une inflation de l'administration intermédiaire
39:02 et sur le terrain, des soignants à qui on demande,
39:05 à qui on exige des tâches de plus en plus déconnectées
39:08 du coeur de leur mission.
39:10 On se retrouve aujourd'hui, parce qu'on a voulu
39:13 chercher l'efficacité de façon brutale,
39:15 sans inclure les personnes dont c'était le métier,
39:18 parce qu'on a pensé qu'en plaquant des modèles venus d'ailleurs,
39:21 on aurait des institutions qui marchent mieux.
39:24 On se retrouve avec des institutions qui marchent moins bien.
39:27 -Quand les libéraux estiment qu'il y a un excès d'étatisme en France
39:31 qui explique cette situation d'augmentation de la dépense
39:34 et de baisse de l'efficacité des services,
39:37 c'est un excès de libéralisme qui provoque ça ?
39:40 -C'est ce qu'on appelle le paradoxe de la bureaucratisation néolibérale.
39:44 On a essayé d'appliquer ce qu'Alain Supir appelle
39:46 une gouvernance par les chiffres à tous les niveaux de l'Etat.
39:50 Ca conduit justement à cette inflation
39:52 de la bureaucratie intermédiaire.
39:55 -C'est le mouvement initié avec ce qu'on a appelé la RGPP,
39:58 la Révision générale des politiques publiques,
40:01 lancée par Nicolas Sarkozy ?
40:02 -Oui, et à partir de ce moment-là,
40:04 toutes ces politiques-là proviennent d'un mensonge
40:07 par rapport aux Français sur ce qu'est vraiment un Etat.
40:10 On a voulu faire passer l'Etat
40:12 à des formalités administratives et le fonctionnaire,
40:15 pour l'image d'un travailleur de 10 à 16 heures,
40:18 sur des formulaires dont personne ne comprend rien.
40:21 En réalité, l'Etat, ce sont les policiers,
40:23 les enseignants, les soignants, les ingénieurs d'Etat,
40:26 par exemple, pour le nucléaire.
40:28 Ce dont on se rend compte, avec ce courant néolibéral,
40:32 c'est que ce n'est jamais là où c'est nécessaire
40:34 qu'on a fait les coupes budgétaires,
40:36 mais c'était le plus facile politiquement.
40:39 Nicolas Sarkozy, que vous citez, lors de la RGPP,
40:42 il s'est attaqué notamment aux enseignants,
40:44 aux ingénieurs, aux techniciens d'Etat,
40:47 parce que personne ne les connaissait,
40:49 à l'armée, parce que la grande muette ne peut rien dire,
40:52 et donc il s'est retrouvé à couper au coeur
40:54 des fonctions vitales de l'Etat.
40:56 On se retrouve avec ces mêmes personnes,
40:59 qui ont orchestré ce démarrant tellement,
41:01 qui vont vous dire qu'on manque d'enseignants,
41:04 de policiers sur le terrain, alors qu'ils ont créé cette situation.
41:08 -Vous en voulez particulièrement à Emmanuel Macron,
41:11 et à la haute fonction publique. Qu'est-ce que vous lui reprochez ?
41:14 -Je dirais qu'Emmanuel Macron s'est attaqué
41:17 déjà au dernier étage de la fusée, si vous voulez.
41:20 Nicolas Sarkozy, c'était essentiellement
41:22 les services publics et l'administration des concentrés.
41:25 Emmanuel Macron, c'est la haute fonction publique, notamment.
41:29 -Les grands corps d'Etat, la diplomatie...
41:31 -Le corps préfectoral, le corps diplomatique.
41:34 Et Emmanuel Macron, à l'inverse du général De Gaulle,
41:37 notamment, ou de Pompidou, dont je cite les écrits sur l'Etat,
41:41 ne perçoit pas l'Etat comme un moyen d'exercer son pouvoir,
41:44 mais comme un contre-pouvoir.
41:45 C'est-à-dire l'idée que ces grands corps techniques
41:48 sont des contre-pouvoirs.
41:50 Il l'a dit au quai d'Orsay,
41:52 "Vous êtes un Etat profond qui s'oppose à mes décisions."
41:55 Donc, lui, il a à l'esprit que si vous les démantelez,
41:58 les court-circuitez, si vous amenez des consultants privés
42:01 qui seront soumis au pouvoir politique,
42:03 vous aurez plus de pouvoir.
42:05 -En même temps, Emmanuel Macron a embauché à nouveau
42:08 dans la police, la justice, l'éducation.
42:11 Il a renforcé le contrôle de l'Etat
42:13 sur les investissements étrangers sur des entreprises françaises.
42:16 Il se bat pour réindustrialiser la France
42:19 dans des secteurs stratégiques.
42:20 Depuis 2017, il porte un concept d'autonomie stratégique
42:24 pour rendre la France et l'Europe plus souveraines
42:27 sur la scène internationale, moins dépendantes des Etats-Unis.
42:30 Vous êtes pas un peu dur avec lui ?
42:32 -Quand on retrace un peu le bilan,
42:34 il faut savoir qu'en étant ministre de l'Economie,
42:37 il a vendu l'équivalent de 10 % du CAC 40
42:40 à des fonds, notamment américains.
42:42 On a eu la vente d'Alstom, d'Alcatel, de Technip,
42:46 des chantiers de Saint-Nazaire.
42:48 Et bien sûr, avec le Covid, il y a un retour à la réalité.
42:51 On se rend compte qu'à force de vendre nos entreprises,
42:54 il y a une véritable perte de souveraineté de la France,
42:57 d'autant plus que le déficit public oblige à revenir en arrière.
43:01 Mais je ne pense pas que l'idéologie de fonds ait changé.
43:05 Si vous voulez comprendre ce qu'Emmanuel Macron pense de l'Etat,
43:09 il a écrit cet excellent livre, "L'Etat en mode start-up".
43:12 Il a très peu écrit sur l'Etat, mais en 2016,
43:14 il avait écrit la préface de ce livre,
43:17 où il explique qu'en fait, pour lui,
43:19 l'Etat est une lourdeur, si vous voulez,
43:21 venue du passé, qu'il faut essayer de privatiser
43:24 et de numériser le maximum,
43:26 et qu'il en résulterait, de façon quasi miraculeuse,
43:29 une libération des individus et des entreprises.
43:31 Sauf que ça, ça fonctionne dans une économie fermée,
43:34 cette idée un peu libérale issue du XIXe siècle,
43:37 où vous avez plus d'indépendance pour l'individu.
43:40 Mais dans un monde globalisé, ça ne marche pas.
43:42 Quand vous retirez votre propre Etat,
43:45 vous vous soumettez à d'autres puissances
43:47 qui remplissent ce vide de pouvoir.
43:49 -Vous accusez nos anciens dirigeants
43:51 d'être en grande partie responsable de la disparition
43:54 de l'industrie française.
43:56 Vous vous appuyez sur l'exemple de Serge Chiruc,
43:59 l'ancien patron d'Alcatel, qui vantait une France sans usine,
44:02 sauf que lui, c'était un patron, pas un homme politique.
44:06 Il y a un Premier ministre français qui a vanté ce modèle-là,
44:09 les mérites d'une France sans usine.
44:11 -Oui, tout à fait. Il y a eu...
44:13 En fait, c'était, si vous voulez, une idéologie globale
44:16 qui a touché la majorité des milieux politico-financiers.
44:19 -Nos gouvernements n'ont pas juste cherché à colmater les brèches
44:22 face à ce mouvement de délocalisation
44:25 que la globalisation a permis ?
44:26 -Pas seulement, il y avait aussi un projet de société.
44:29 Il faut se rappeler que, derrière l'idée,
44:32 l'usine avait une mauvaise réputation, à gauche,
44:35 qui ne l'a pas défendue, mais aussi à droite,
44:37 avec une vision un peu globale de la production.
44:40 Il y avait l'idée de faire de la France
44:42 un pays de Bac +5, en fait,
44:45 qui allait se charger de la conception des produits,
44:48 de l'innovation, tandis que les pays asiatiques
44:50 produiraient pour nous.
44:52 Et c'est collectivement, je pense,
44:54 qu'on a pêché par naïveté et par condescendance,
44:57 par naïveté, parce qu'on a pensé
44:59 que l'activité d'innovation, de recherche,
45:01 pouvait se maintenir indépendamment
45:03 de l'activité productive, et qu'on allait continuer
45:06 à donner du travail à tout le monde
45:08 alors qu'on avait plus les usines,
45:10 et qu'on allait pouvoir consommer avec le même pouvoir d'achat.
45:13 Et par condescendance, parce qu'on n'a jamais pensé,
45:16 politique ou industrielle, que les pays d'Asie,
45:19 notamment la Chine, nous rattraperaient si vite.
45:22 Jusqu'au moment du Covid, on se rend compte
45:24 que les puces pour nos voitures et les doliprane
45:27 sont produits en Inde et en Chine.
45:29 -C'est pas un peu facile de critiquer,
45:31 personne ne parle de globalisation heureuse,
45:33 après le Covid, après le retour de la guerre,
45:36 après le retour des tensions
45:38 entre le Sud global et l'Occident.
45:40 C'est pas facile de critiquer ces décisions
45:42 qui ont été prises dans un contexte très différent ?
45:45 -J'imagine que vous avez suivi les dossiers
45:48 qui sont notamment liés à Atos,
45:50 les dossiers qui sont liés au projet de vente
45:52 de nos barrages hydroélectriques à l'Union européenne,
45:56 la question aussi de la souveraineté
45:58 des données numériques, que l'on ne parvient pas
46:01 à déterminer, sur laquelle le gouvernement
46:03 ne fait pas grand-chose.
46:04 Je pense qu'il y a tout un ensemble de dirigeants
46:08 qui sont encore derrière dans cette idéologie-là,
46:11 soit par contrainte, soit par réflexe,
46:13 soit par conviction profonde.
46:15 Il est absolument essentiel de tirer un bilan.
46:18 Je vous donne un exemple simple.
46:20 Le numérique dans l'Etat a été utilisé
46:22 pour supprimer des services publics
46:24 dans les territoires, et ça n'a pas conduit
46:26 à une réduction des coûts.
46:28 C'était un alibi pour ça.
46:30 Aujourd'hui, l'IA arrive, et qu'est-ce qu'on dit ?
46:33 On dit que l'IA va nous permettre d'avoir moins d'Etat
46:36 parce qu'on va remplacer par un générateur de textes.
46:39 -C'est un mot,
46:40 car vous dressez un tableau noir de la situation.
46:42 Il y a des motifs d'espoir, des solutions ?
46:45 -Il y en a beaucoup, mais c'est pour ça que j'écris ce livre,
46:48 parce que je dresse tout un ensemble de façons
46:51 de se redresser.
46:52 Je pense que la France est encore un pays
46:54 qui a beaucoup d'atouts,
46:56 qui a beaucoup d'alibis, contrairement au Royaume-Uni,
46:59 qui a industrialisé plus que nous,
47:01 dont l'indépendance énergétique est plus importante que la nôtre.
47:05 On a encore le parc nucléaire,
47:06 on a encore des formations très importantes.
47:09 Je pense que nos atouts sont plus à réveiller,
47:12 à réanimer, si vous voulez, qu'à reconstruire de zéro.
47:15 C'est pour ça que j'écris ce livre.
47:17 Le plus important, c'est de gagner la bataille dans les mentalités,
47:21 de se dire que le modèle français n'est pas désuet,
47:24 qu'il n'est pas obsolète, qu'au contraire...
47:26 J'en trace des moyens de faire la synthèse
47:29 entre nos forces héritées et les nouveaux défis,
47:31 mais il faut faire ça plutôt que d'essayer de le démanteler
47:35 et de le remplacer par des modèles issus du privé
47:37 ou des modèles étrangers, qui sont le plus souvent fantasmés.
47:41 -Merci, Maroun Hédé. Je rappelle le titre de votre ouvrage,
47:44 "La destruction de l'Etat", publié par les éditions Bouquin.
47:47 Vous restez avec nous, puisqu'on accueille nos affranchis.
47:51 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
47:53 ...
48:00 -Bonsoir à tous les trois. -Bonsoir.
48:02 -On commence avec vous, Isabelle Lasser,
48:05 grand reporter au Figaro.
48:06 La relation entre la Chine et la Russie
48:09 ne fait que se renforcer.
48:10 Les deux puissances partagent beaucoup d'intérêts communs.
48:13 -Oui, à terme, bien sûr, il existe un risque de vassalisation
48:17 de la Russie vis-à-vis de la Chine, on comprend bien pourquoi,
48:21 mais en attendant, leur amitié sans limite,
48:23 qui est sans cesse réaffirmée,
48:25 sert vraiment des objectifs communs.
48:27 Elle est basée sur une coopération idéologique
48:29 entre autoritarisme.
48:31 La Chine et la Russie ont les mêmes buts,
48:33 repousser les Etats-Unis,
48:35 contester l'hégémonie occidentale
48:37 et réformer le système de gouvernance mondial.
48:40 La Chine n'a pas intérêt à ce que le conflit s'arrête,
48:43 d'ailleurs, elle n'a jamais condamné l'invasion de l'Ukraine
48:46 par la Russie, parce que ce conflit détourne les Etats-Unis
48:50 de la région pacifique
48:51 et qu'il monopolise les énergies occidentales,
48:54 donc il laisse la Chine tranquille.
48:56 -Cette alliance est-elle faite au détriment de l'Ukraine ?
48:59 -Bien sûr, oui, et d'autant plus que les Occidentaux
49:02 ont aujourd'hui la preuve que la Chine fournit une aide militaire
49:06 sous la forme d'un soutien à la base industrielle
49:09 de défense russe.
49:10 Il s'agit de matériel et de technologie à double usage
49:13 qui facilite le réarmement de la Russie.
49:16 Il y a les semi-conducteurs, les composants électroniques,
49:19 des machines-outils qui permettent d'augmenter
49:22 la production de missiles balistiques,
49:24 des explosifs, des moteurs de drones,
49:26 des systèmes de propulsion pour missiles de croisière.
49:29 L'invasion de l'Ukraine serait plus difficile
49:32 sans le soutien de Pékin, c'est ce qu'a affirmé
49:35 Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain,
49:37 au retour de son voyage en Chine,
49:39 parce qu'il est vrai que l'aide chinoise
49:42 à l'industrie de défense russe diminue indirectement
49:45 l'efficacité de l'aide américaine à Kiev.
49:48 Emmanuel Macron entend délivrer le même message
49:50 lors de la visite d'Xi Jinping la semaine prochaine à Paris.
49:54 Il va essayer de convaincre la Chine d'utiliser ses leviers
49:57 pour essayer de convaincre la Russie de calmer la guerre.
50:00 Mais si l'on ajoute à cette aide chinoise
50:03 l'aide qui est apportée par l'Iran,
50:05 des drones et peut-être bientôt des missiles,
50:08 et celle qui est apportée par la Corée du Nord,
50:11 des obus, un million d'obus en six mois,
50:13 on comprend pourquoi Vodou Dimirzou
50:16 exhorte ses partenaires européens à livrer plus d'armes
50:19 et plus vite, parce que, faute de quoi,
50:21 l'Ukraine risque un jour de perdre la guerre.
50:24 -Merci à vous, Isabelle Lasserre.
50:26 D'un mot, Maroun Hédé, que vous inspire
50:28 cette description d'une scène géopolitique internationale
50:32 sous tension de cet axe chino-russe qui se dessine ?
50:36 -Je trouve que c'est très intéressant,
50:39 parce que la France ne prend probablement
50:42 pas suffisamment en compte
50:44 justement le déplacement du centre de pouvoir
50:46 vers ce nouvel axe asiatique,
50:48 et le fait qu'on parlait aussi en termes de puissance industrielle,
50:52 le fait que, quoi qu'on en dise de l'économie chinoise,
50:56 aujourd'hui, ils sont beaucoup plus résilients
50:59 que ce qu'on peut être, nous, en Europe,
51:01 parce que c'est eux qui ont la principale puissance industrielle,
51:05 qui ont repris la majorité aujourd'hui de nos technologies.
51:09 Je pense que la France commence à peine à se rendre compte
51:13 du niveau de puissance auquel est parvenue la Chine,
51:16 et que, pour l'instant, notamment du fait de la guerre d'Ukraine,
51:19 on se range dans un camp quasi exclusivement atlantiste,
51:23 mais qu'il faudrait probablement à l'échelle européenne
51:26 avoir une véritable réflexion sur la position
51:29 que l'on veut adopter dans cette nouvelle guerre froide.
51:33 -On passe à vous, Richard Verli.
51:35 Vous êtes le correspondant en France du média Blic,
51:38 du média suisse Blic.
51:40 On se penche avec vous sur la campagne des Européennes.
51:43 Gabriel Attab semble prêt à débattre avec Jordan Bardella,
51:46 même s'il n'y a pas encore de date fixée pour ce débat.
51:49 Alors, on reste à vous poser cette question.
51:52 Est-ce qu'un tel débat peut changer la donne
51:54 alors que le RN caracole en tête des sondages ?
51:57 -D'abord, Clément, on le veut, ce débat,
51:59 parce qu'il est logique, parce qu'il a du sens
52:02 et qu'il servirait sans doute d'heure de vérité
52:05 dans cette campagne pour les élections européennes.
52:08 Il est là d'abord en raison du profil des deux protagonistes,
52:11 Jordan Bardella et Gabriel Attal. Ils sont tous les deux jeunes,
52:15 ils sont tous les deux promis à incarner
52:17 l'avenir politique de la France, et ils sont tous les deux
52:20 très populaires dans leurs camps.
52:23 Gabriel Attal, qui peut encore, rappelons-le,
52:25 figurer sur la liste Renaissance aux élections européennes,
52:29 même en position inéligible... -Comme Jean-Luc Mélenchon.
52:32 -Il est de facto le dépositaire du projet d'Emmanuel Macron
52:35 pour l'avenir de l'Union.
52:37 Son second discours de la Sorbonne, c'était le 25 avril,
52:40 a tracé des pistes, et pas des moindres.
52:42 A l'horizon 2030, il a parlé d'une Europe puissance,
52:46 plus intégrée et même quasi fédérale
52:48 dans le domaine décisif de l'industrie de la défense.
52:51 Alors que Jordan Bardella, il incarne, on le sait,
52:54 l'exact inverse, c'est une Europe des nations,
52:57 une Europe intergouvernementale,
52:59 qui est peu désireuse de résister à tout prix à Vladimir Poutine.
53:02 Ce que veut Jordan Bardella
53:04 n'est son camp, le RN s'élapait au plus vite,
53:07 même si l'Ukraine devait en payer le prix.
53:10 -Cet affiche, ce débat, peut-il changer la donne ?
53:13 -Il faut dire que Bardella a déjà accepté le principe du débat,
53:17 c'est tout à son honneur, mais il a un problème,
53:20 parce que d'un côté, il a des sondages excellents,
53:23 avec 30 à 35 % d'intention de vote,
53:25 alors que la majorité présidentielle
53:27 est autour de 15 %, talonnée par la liste Glucksmann,
53:30 sauf que le projet de déconstruction
53:32 de l'Union européenne porté par le RN,
53:34 il est tout de même un peu court.
53:36 D'accord, il est bien vu dans les classes populaires,
53:39 au sein d'une partie de la Genèse,
53:42 chez les paysans en colère, par exemple,
53:44 mais après, on fait comment ?
53:46 Ce serait ça, l'objet du débat.
53:48 On se bat comment, dans l'économie mondiale,
53:50 entre les Etats-Unis et la Chine ?
53:52 On lutte comment contre le réchauffement climatique ?
53:55 On se défend comment contre les ingérences de Poutine ?
53:58 Toutes ces questions, un débat à tale Bardella
54:01 permet à la fois de les poser et de les incarner,
54:04 un peu comme les débats de l'entre-deux-tours
54:06 des présidentielles 2017 et 2022
54:08 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen,
54:11 or, je crois, Clément et nous tous, qu'on en connaît le résultat.
54:14 -On s'en souvient d'un mot, Maroun Hédé,
54:17 sur cet enjeu des Européennes et ces deux conceptions
54:20 qui s'affrontent, celle d'Emmanuel Macron
54:22 et celle du RN.
54:23 -Je pense que ce débat témoigne, malheureusement,
54:26 du fait que ces élections sont aussi...
54:29 -Se bipolarisent.
54:30 -Oui, il y a...
54:31 On nous vend quelque chose d'extrêmement bipolaire,
54:34 de quasiment caricatural,
54:36 alors qu'il y a sûrement une voie médiane
54:38 entre l'européisme entièrement fédéral
54:40 que porte Emmanuel Macron et ce que porte aujourd'hui le RN.
54:44 Je pense qu'il y aurait beaucoup à faire
54:46 dans le cadre actuel de l'UE pour défendre nos propres intérêts.
54:50 On peut regretter que des enjeux très profonds,
54:52 comme la place que doit incarner l'Europe dans le monde,
54:56 ne sont pas abordés dans cette campagne,
54:58 parce qu'on veut l'apercevoir
55:00 comme un échauffement des présidentielles.
55:02 C'est là où vous voyez le niveau de vide politique
55:05 auquel on est arrivés.
55:06 Dans le chapitre d'Emmanuel Macron,
55:08 "La dernière partie de l'impuissance",
55:11 on est arrivé à un tel niveau de vide
55:13 qu'on est là en avril-mai 2024 et on se prépare déjà pour 2027.
55:16 Donc, voilà.
55:18 -On passe à la chronique Bourbon Express, à présent.
55:21 Musique rythmée
55:24 ...
55:29 -Bonsoir, Elsa Mandengava. -Bonsoir.
55:31 -Quelle est l'actu du jour ?
55:33 -Vous allez me dire que tout ça n'est qu'une histoire de vacances
55:36 et que je voulais juste savoir quand les travaux finiraient ici,
55:40 mais non, je voulais connaître un peu plus du calendrier
55:43 et du programme du Cap.
55:44 On en sait plus sur la fin de session à l'Assemblée,
55:48 les dernières semaines ont été creuses.
55:50 Dans les prochaines semaines, on aura de quoi travailler.
55:53 Le projet de loi d'orientation agricole
55:55 a commencé en commission, il y aura une réforme
55:58 de l'audiovisuel public, mais aussi le projet de loi
56:00 sur la fin de vie, deux semaines d'examen en séance publique
56:04 à partir du 27 mai, retransmise sur la chaîne parlementaire.
56:07 Et tout ça, Clément, ça nous amène jusqu'au 14 juillet.
56:10 14 juillet, dernier carat, c'était une demande conjointe
56:13 de la présidente de l'Assemblée nationale
56:15 et du président du Sénat.
56:17 Pourquoi ? À cause des Jeux olympiques.
56:19 On parle déjà de stations de métro fermées,
56:22 de QR code pour rentrer, et dans le périmètre
56:24 de l'Assemblée nationale, pour ceux qui ne le connaissent peu,
56:28 il y a la place de la Concorde, la Tour Eiffel,
56:30 le Grand Palais, les Invalides, où se déroulent les compétitions.
56:34 Rien de plus logique que de finir un peu plus tôt cette année.
56:37 -Avec les Jeux olympiques, l'Assemblée devait s'organiser.
56:41 Fallait pas finir trop tard ?
56:42 Vous risqueriez d'être bloquée dans le quartier ?
56:45 -Je crois que la circulation sera très difficile
56:48 au moment des Jeux olympiques,
56:51 donc ça me paraît logique de s'adapter
56:53 à cet événement exceptionnel, donc arrêter un peu plus tôt.
56:56 D'habitude, nous arrêtons en fin juillet.
56:59 Là, ce sera donc une petite quinzaine d'avant
57:02 et on reprendra plutôt en septembre.
57:05 Je pense que c'est de bon sens.
57:08 -C'est pour la fin de la session parlementaire.
57:11 On en sait plus sur le programme de la rentrée parlementaire ?
57:14 Le Premier ministre, Gabriel Attal,
57:16 en réunion du groupe de la majorité Renaissance,
57:19 en a dit un peu plus.
57:20 On aura une réforme du marché du travail,
57:22 un texte sur la justice des mineurs,
57:25 un texte sur le SNU, le service national universel,
57:27 une loi Macron 2, une autre sur le mode de scrutin
57:30 Paris-Lyon-Marseille, sur le statut de l'élu,
57:33 des révisions constitutionnelles autour de Mayotte,
57:36 la Nouvelle-Calédonie et aussi la Corse.
57:38 Pour que tout ça rentre dans le programme,
57:41 il faut reprendre un peu plus tôt.
57:43 Le 9 septembre, c'est une date qui est évoquée,
57:45 pas confirmée à ce stade,
57:47 c'est au lendemain des Jeux paralympiques.
57:49 Certains députés trouvent que c'est trop tôt,
57:52 au début du mois de septembre,
57:54 mais c'est surtout le programme que critiquent les oppositions.
57:58 -Et sur la reprise, cette fois, on parle du 9 septembre.
58:01 Certains députés trouvent que c'est trop tôt.
58:04 -Ecoutez, je pense qu'on a chacun des temps de vacances suffisants.
58:07 Puis derrière, à nouveau, le sujet, c'est pourquoi faire
58:11 le 9 septembre ?
58:12 Comme ils annoncent, c'est le 9 septembre
58:14 pour renier les droits des chômeurs,
58:16 augmenter les prérogatives de la finance.
58:19 Ils partent en vacances plus longtemps.
58:21 -La saison 2 de cette législature à l'Assemblée
58:24 n'est pas encore finie,
58:25 mais voilà un aperçu de la saison 3,
58:27 avec en plus le budget, les 49.3 et d'autres motions de censure.
58:31 -Oui, tout ça sera palpitant à suivre,
58:33 bien entendu, sur LCP.
58:35 Merci beaucoup, Elsa Mondingava,
58:37 merci à tous les trois d'être venus sur le plateau d'LCP.
58:40 Maroun Eddeh, je rappelle le titre de votre livre,
58:43 "La destruction de l'Etat", paru aux éditions, bouquin.
58:46 Ca vous regarde, c'est terminé.
58:48 Vous retrouverez Myriam Ankawa dès demain.
58:50 D'ici là, portez-vous bien.
58:52 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
58:54 Générique
58:56 ...
59:06 [SILENCE]

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