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00:00Peter Folk, bonjour. Merci de nous recevoir ici à l'Hôtel Crayon lors de votre passage à Paris.
00:05On va parler de Columbo, sauf si ça vous enduit, parce que j'imagine que depuis 25 ans, on vous parle tous les jours de Columbo partout où vous allez dans le monde.
00:14On peut parler d'autre chose, sauf si vous êtes d'accord, pour qu'on parle tout de suite de Columbo.
00:19Columbo.
00:20D'accord.
00:22Alors, Columbo, c'est l'imperméable, c'est la 403, c'est le succès mondial à chaque fois que la série passe sur TF1 en France.
00:29Il y a à peu près 9 à 10 millions de téléspectateurs.
00:31Alors, qui est le père de Columbo ? Est-ce qu'aujourd'hui, on a l'impression que Columbo, c'est vous à 100% ?
00:38Non, Columbo, initialement, c'est une pièce de théâtre qui avait été écrite pour Broadway, par Livingstone, et passait un soir seulement.
00:48Ça a été un flop à Broadway.
00:50Le comédien était un acteur de composition qui s'appelait Thomas Mitchell, qui avait joué d'ailleurs dans Autant en Emporte le Vent.
00:59Joseph Cotton était le psychiatre.
01:02Mais en tournée, la pièce a très bien marché.
01:05Ça a été le début de Columbo, vous voyez ?
01:08Ensuite, c'est arrivé en série télévision.
01:10Vous avez été choisi par qui et pourquoi ?
01:15Je n'étais pas le premier choix.
01:17Le premier choix, c'était Bing Crosby.
01:20Mais Bing Crosby devait participer à un tournoi de golf.
01:25Et donc, je suis très reconnaissant au golf, parce que c'est grâce au golf que je suis là.
01:31Bing Crosby avait refusé, n'est-ce pas ?
01:34Alors, le scénario prévoyait la 403, prévoyait l'Imper.
01:37Non, il n'y avait pas de Peugeot et pas d'Imper.
01:41Pourquoi est-ce que j'ai choisi la Peugeot ?
01:44Pourquoi ?
01:45Ah, pourquoi diable est-ce que j'ai choisi la Peugeot ?
01:49C'est une bonne question, ça, hein ?
01:52Je suis allé au garage pour choisir une voiture.
01:56Il y avait là 300 voitures, mais elles se ressemblaient toutes.
02:00Des Chevrolet, des Ford, ça ne me plaisait pas du tout, non ?
02:04Je m'apprêtais à tourner les talons, et en sortant, j'ai vu cette voiture tout à fait au fond.
02:10Très loin, et puis il y avait un petit bonhomme qui était là.
02:13Alors, je lui ai dit, qu'est-ce que c'est que cet engin ?
02:16Et j'ai dit, voilà, c'est la voiture qu'il me faut, et je ne peux pas vous dire pourquoi.
02:21Mais il avait un certain caractère, une personnalité.
02:25Il me semblait que c'était justement le genre de voiture que le personnage utiliserait.
02:30Une voiture pas comme les autres, vous voyez ?
02:33Je ne savais même pas que c'était une voiture française, d'ailleurs.
02:36Enfin, c'était un très bon choix.
02:38Quant à l'impère, il se trouve que c'était mon impère à moi.
02:41J'étais à New York, il pleuvait, j'ai acheté cet impère en vitesse.
02:44Et quand il a fallu acheter les accessoires pour le personnage, j'ai dit, non, non, non, j'ai ce qu'il faut.
02:48J'avais mon propre impère, mes propres chaussures, mon propre costume, tout ça, c'était à moi.
02:52Et j'ai dit, il faut changer la couleur.
02:55Et voilà, c'était fait.
02:5825 ans de succès, et ça va continuer, car je crois que vous allez tourner à nouveau des séries de Columbo ?
03:03Oui, c'est vrai, on va en faire d'autres.
03:06Je ne sais pas si on arrive à trouver des scénarios.
03:09C'est très difficile de trouver de bons scripts.
03:12C'est le principal problème, vous voyez, trouver de bons scénarios.
03:15Mais enfin, je pense qu'on y arrivera.
03:17Parmi les réalisateurs des séries de Columbo, il y a...
03:20Bon, j'imagine que tous les réalisateurs vous les appréciez, sinon ils n'auraient pas tourné les séries,
03:24mais je crois qu'il y a des réalisateurs de cinéma.
03:28Il y a Spielberg qui a tourné un Columbo.
03:32Oui, Spielberg a tourné un épisode de la toute première série.
03:36Le deuxième, d'ailleurs.
03:39On avait fait venir ce jeune homme que je ne connaissais pas, et on m'a dit, voilà, c'est lui qui va réaliser.
03:44Et le troisième jour, j'ai dit au producteur,
03:47non, non, mais lui, il est trop bon pour nous, il est trop bon pour faire ce genre de boulot.
03:51Il est trop bon pour faire de la télé, vous voyez.
03:54J'ai été très impressionné, très très très impressionné par son travail, vous voyez, très impressionné.
04:01Et Cassavetes ?
04:04Ah, John, évidemment.
04:10John, il n'y a personne comme lui, personne.
04:14John, c'était vraiment un homme très original.
04:18Il y a beaucoup de gens dans ce métier qui ont infiniment de talent, c'est vrai,
04:22mais il y a très peu de gens qui sont vraiment des originaux.
04:27John était un de ceux-là.
04:30Il était très en avance sur son temps,
04:32mais à la fois sur la teneur des films et sur la façon dont les films se tournaient.
04:40J'aime cet homme, vous voyez, j'aime cet homme.
04:43Y-a-t-il eu un lien entre Cassavetes et Columbo ?
04:47Oui, John a joué dans la deuxième série de Columbo comme guest star,
04:56mais de temps en temps, quand j'avais un problème avec le scénario,
05:01je lui téléphonais, je prenais un crayon et je lui disais,
05:04« Bon, rédige-moi une scène. »
05:07Et il la faisait tout de suite au téléphone, alors que nous étions sur le plateau en train de tourner.
05:12Et quand j'arrivais à le joindre, je disais, « Voilà, je le note, on va le tourner tout de suite. »
05:18C'est la première fois que je dis ça, vous voyez, c'est tout à fait inédit.
05:22Vous êtes le premier à qui je le dis.
05:25C'est une chose qui est arrivée, c'est une chose qui m'est arrivée, vous voyez.
05:29Oui, c'est vrai, c'est vrai.
05:31Vous êtes à Paris pour un hommage qui vous est rendu.
05:34Vous êtes sensible aux hommages ?
05:36Est-ce que j'aime ce genre d'hommage ?
05:39Oui, disons-le, oui. Je dis oui.
05:44Nous allons voir maintenant un reportage consacré à votre séjour à Paris,
05:49d'un plateau de télévision à une remise de décorations par Gérard Depardieu,
05:53et puis au festival de Saint-Denis.
05:57Hôtel de Crion, place de la Concorde.
05:59Peter Falk est à Paris depuis quatre jours.
06:01Mais pour la première fois depuis son arrivée en France,
06:03les photographes ont droit à une séance officielle.
06:06Ils ont cinq minutes pour tirer le portrait du lieutenant Columbo.
06:09Peter ! Peter !
06:14C'est bien mieux que dans les États-Unis.
06:17Beaucoup mieux.
06:20Le seul truc qu'on a besoin maintenant, c'est d'ouvrir.
06:22Ah, c'est ici.
06:25Invité d'honneur du festival de cinéma de Saint-Denis,
06:27Peter Falk se plie aux règles de la conférence de presse.
06:30L'homme est double.
06:32D'un côté Columbo, de l'autre l'acteur fétiche du réalisateur américain John Cassavetes.
06:39Cérémonie suivante.
06:40Pour honorer Peter Falk, Gérard Depardieu va le faire chevalier de l'ordre des arts et lettres,
06:45tout en essayant de calmer les photographes.
06:47Oh, mais ils sont chiants, vraiment.
06:50On peut se calmer.
06:52Gérard, Peter !
06:54À droite, s'il vous plaît.
07:03Est-ce que vous êtes aussi un fan de Columbo et de la télévision ?
07:05Absolument. J'aime beaucoup Columbo.
07:08Est-ce que c'est un ami de vous ?
07:10Non.
07:12Mais vous l'aimez ?
07:14Oui, je l'aime comme acteur.
07:16Et j'aime ce qu'il fait pour John Cassavetes.
07:19Ça me dit ce qu'il est comme.
07:21Reculez !
07:22Difficile pour Peter Falk de passer inaperçu à Saint-Denis,
07:25il vient rencontrer son public.
07:27Bonjour, Mr Falk.
07:28Vous appréciez votre résidence à Paris ?
07:30Très bien.
07:31Je vous ai parlé de Ralph.
07:33Un peu de Ralph.
07:34Qu'est-ce qu'il y a de Ralph ?
07:36Qu'est-ce qu'il y a de Ralph ?
07:37C'est beau.
07:38Allez, reculez !
07:44C'est pas trop fatiguant, parfois ?
07:48Je pense que ça s'alterne entre,
07:52d'un côté, la douleur dans les yeux,
08:03et de l'autre côté,
08:05la douleur dans la tête.
08:07C'est pas trop fatiguant, parfois ?
08:09Je pense que ça s'alterne entre,
08:13et de l'autre côté,
08:15l'écstasie.
08:17En même temps, c'est pas dingue.
08:19Quelques minutes plus tard, au théâtre de l'Empire,
08:22une véritable expérience pour Peter Falk,
08:24voir Columbo sur grand écran et en français.
08:269 700 000 téléspectateurs en moyenne lui sont fidèles sur TF1.
08:30Lui ne s'était jamais vu doublé par le comédien Serge Chauvion.
08:35Alors, qu'est-ce que je me fais ?
08:37Eh bien, quand des malfaiteurs cambriolent un appartement,
08:41pour quelle raison est-ce qu'ils perdraient un temps précieux
08:44à allumer le chauffage ?
08:46Je ne vois pas pourquoi ils le feraient.
08:48Ils ne le feraient pas.
08:49Où voulez-vous en venir ?
08:51S'ils ne l'ont pas fait, qui l'a fait ?
09:03Mais après une journée de tournée à Paris,
09:05à minuit et demi, Peter Falk a dîné d'un magret de canard.
09:08Le menu avait été décidé à l'avance.
09:12Vous êtes toujours arrivé à trouver votre propre équilibre
09:15et votre réussite entre Columbo,
09:17qui est à la fois pesant et un énorme succès pour vous,
09:21et le cinéma dans des univers qui sont très différents.
09:24Vous venez de parler de Casavets, on peut parler de Wim Wenders.
09:28Comment vous vous y retrouvez dans tout ça ?
09:31Comment je m'y retrouve ?
09:33Casavets, ça me rappelle un peu ce film de Charlot,
09:36où l'autre personnage est milliardaire le jour et poivreau la nuit.
09:41Columbo, c'est assez banal.
09:43Ça plaît à tout le monde,
09:45alors que certains films que j'ai faits sont moins grand public.
09:50C'était des films à petit budget.
09:53Remarquez, je suis ravi de faire les deux.
09:59J'ai toujours été attiré par les films différents.
10:02Ceux de John Casavets, de Wim Wenders, etc.
10:08J'aime aussi ce genre de films.
10:10Est-ce que c'est vous qui avez choisi votre voix,
10:14la voix qui vous double en français,
10:16la voix de Serge Sauvion,
10:18qui double aussi cette interview pour nous à Télé Dimanche ?
10:22Non, franchement, je n'ai pas choisi la voix.
10:26Je n'intervenais absolument pas dans le choix des personnes
10:29qui ont doublé Columbo dans les différents pays du monde.
10:33Mais c'est un acteur formidable.
10:36D'ailleurs, je l'ai rencontré en 1973,
10:39quand je suis venu à Paris.
10:41C'est un gars formidable.
10:43Vous aimez venir à Paris ?
10:45La réponse générale des acteurs américains est toujours oui.
10:48Oui, oui.
10:50Moi aussi, je dis oui.
10:53J'adore Paris.
10:55Évidemment.
10:59J'adore la cuisine, la ville.
11:02Paris.
11:04En 1950, donc il y a 46 ans,
11:09j'étais jeune à l'époque,
11:12j'étais amoureux d'une femme qui vivait tout près d'ici.
11:16Et j'étais venu la retrouver ici.
11:19C'était à Billancourt.
11:22C'était une banlieue ouvrière à l'époque.
11:25Billancourt, oui.
11:27Donc j'ai beaucoup de souvenirs de Paris.
11:31J'aime Paris.
11:34Pierre Peterfold, je vous remercie de nous avoir reçus.
11:37Les questions sur Columbo, il n'y a pas des jours où vous en avez marre ?
11:41Est-ce que j'en ai marre de parler de Columbo ?
11:45Non, franchement, non, non.
11:48Donc quelquefois, les questions sont évidemment un peu répétitives.
11:51C'est vrai ça, mais j'ai beaucoup d'affection pour le personnage.
11:56Il m'inspire et je peux en parler pendant des heures.
12:00Des heures.
12:02Merci, salut, à la semaine prochaine. Dans un instant, la semaine des guignols.