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Interview Hedi Hamel, ancien conseiller d'Ahmad Ahmad

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Sport
Transcription
00:00 [Musique]
00:18 Pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous êtes tout d'abord journaliste
00:22 et vous êtes une personne qui connaît parfaitement le circuit du football international et africain
00:29 et vous avez travaillé à la FIFA et à la CAF,
00:32 notamment comme conseiller d'Ahmed Ahmed, prédécesseur de Patrice Moutsepe.
00:37 Tout d'abord, M. Hamel, on aimerait savoir...
00:39 Pardon, et d'avoir été membre de la commission Task Force de la FIFA pendant 17 ans,
00:47 membre de la commission des médias aussi de la CAF et de la FIFA,
00:51 ainsi que je suis aussi instructeur FIFA pour la communication et les médias.
00:57 Voilà.
00:59 Donc on aimerait savoir sous quel prisme regardez-vous le football de notre continent
01:05 après votre expérience au cockpit de la CAF ?
01:09 Écoutez, il est à la fois un football d'avenir,
01:14 mais un football éminemment affecté par des graves tensions
01:20 et également par une crise que je dirais périphérique sur le monde du football.
01:30 Le football africain, c'est connu, il a des valeurs essentielles, de technique,
01:35 il a des valeurs spectaculaires, il a des valeurs d'intelligence
01:39 et c'est l'un des meilleurs du monde.
01:42 C'est connu, c'est connu.
01:44 La qualité d'un footballeur africain inné est d'abord l'attraction, le spectacle,
01:49 la qualité, la qualité technique, la finesse.
01:54 Quand vous voyez Zinedine Zidane ou vous voyez un Madjer ou Mahrez ou d'autres,
02:00 ce sont des joueurs de niveau planétaire, ce ne sont pas des niveaux uniquement africains.
02:05 Donc je dirais que sur le plan de la qualité, il n'y a rien à dire de plus
02:09 que ce sont quasiment parmi les meilleurs joueurs au monde.
02:13 En revanche, le football aujourd'hui en Afrique est affecté par pas mal de maux,
02:20 et notamment la crise catastrophique des clubs qui laissent partir leurs jeunes espoirs
02:27 dès l'âge de 12-13 ans contre une petite somme ridicule de 2000 dollars,
02:32 3000 dollars, 5000 dollars pour les grands clubs qui eux savent les marqueter,
02:37 savent enrichir leur parcours et les vendre et les acheter dans un marché extrêmement juteux.
02:46 Ça, je pense que l'avenir aussi bien de la CAF, d'ailleurs que des clubs,
02:52 ils doivent être centrés sur la protection des jeunes footballeurs africains.
02:57 Donc en dehors de ça, il y a d'autres maux qui affectent le football,
03:01 c'est l'infrastructure par exemple.
03:04 Oui, justement, on ne va pas trop s'étaler sur les aspects techniques.
03:09 Ce qui nous intéresse, c'est le fait que vous aviez déjà travaillé au sein du cockpit de la CAF
03:16 qui chapeautait le football africain.
03:18 Donc vous devez savoir quelques détails qui seraient très intéressants
03:22 à communiquer à nos auditeurs et à nos lecteurs.
03:27 Donc en mars de la CAF 2019, vous avez constaté dans une interview
03:33 que vous nous avez accordé lors de ce tournoi
03:36 que l'Algérie n'est pas assez représentée au sein des instances africaines.
03:40 Près de cinq ans après, le constat n'a pas réellement changé.
03:43 On peut même dire qu'on a reculé au niveau de la représentativité.
03:48 Quelles explications donnez-vous à cette incapacité de se faire de la place
03:53 dans la sphère décideuse de la CAF pour l'Algérie ?
03:56 Il faut une émergence d'une génération de dirigeants au niveau des clubs algériens d'abord,
04:02 au niveau des clubs.
04:03 Il faut qu'il y ait des présidents, des directeurs exécutifs,
04:07 des responsables d'administration centrale des clubs.
04:10 C'est dans ce bastion-là, c'est dans cet environnement-là
04:13 qu'on doit repérer et investiguer de plus en plus en profondeur
04:18 la qualité des jeunes générations de dirigeants
04:22 qui ont la passion à la fois du football,
04:25 mais qui ont la compétence de gérer et de co-gérer un club et une administration centrale.
04:31 C'est là qu'est le vivier qui doit enrichir la CAF.
04:36 La CAF est ouverte aux commissions.
04:38 Il y a plusieurs commissions, 15 à 20 commissions,
04:42 et malheureusement notre pays n'est pas assez représenté.
04:46 Ça a été le premier grief que l'ancienne équipe de la Fédération algérienne
04:54 a exposé au président de la CAF.
04:56 Avant le titre de l'équipe en 2019, le premier grief que la délégation algérienne
05:02 a exposé au président Hamad, c'était ça.
05:05 Est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait plus d'Algériens dans les commissions ?
05:10 Pour qu'il y en ait plus, il faut qu'ils soient connus,
05:13 il faut qu'ils s'expriment, il faut qu'ils soient visibles
05:16 sur le plan de l'attraction quotidienne des championnats, des matchs amicaux, etc.
05:23 Il faut une émergence de jeunes dirigeants des clubs.
05:27 Personnellement, je ne connais pas tous les présidents de club,
05:31 et de D1, et de première division, et de deuxième division.
05:34 Le vivier de la représentation algérienne, il est là.
05:39 Le vivier de présidents de club et de directeurs exécutifs.
05:44 Justement, M. Edehamed, on a vu Diahed Zivizaf,
05:48 qui n'a pas suivi les étapes dont vous avez parlé il y a quelques instants.
05:54 On a vu Diahed Zivizaf se faire battre lors des dernières élections à plate couture
05:59 au comité du Comex en juillet écoulé.
06:02 Y avait-il des erreurs stratégiques selon vous dans l'approche de ce vote
06:06 et de la candidature de Diahed Zivizaf ?
06:09 Je pense que Diahed Zivizaf est une personne de qualité
06:13 qui a un parcours connu.
06:16 Il a été le patron des délégations algériennes dans de nombreuses circonstances,
06:22 et notamment les deux dernières Coupes du monde auxquelles l'Algérie a participé.
06:27 Il a fait ses preuves, il a étalé.
06:30 Maintenant, sur le plan international, peut-être que Diahed n'a pas eu le temps,
06:35 puisqu'il était le président de la Fédération,
06:37 de faire une campagne comme il l'aurait souhaité,
06:39 c'est-à-dire visiter des pays, entretenir des relations avec des dirigeants,
06:45 les plus importants sur le continent africain.
06:48 Il y a 53 pays à visiter, 53 pays à contacter,
06:52 à se rapprocher de la représentation la plus fine du continent africain.
06:58 C'est peut-être ça.
06:59 La prochaine fois qu'il y a un candidat à l'élection algérien,
07:05 il faut d'abord qu'il se trempe dans l'ambiance typiquement africaine,
07:10 de voyager, d'aller au cœur de l'Afrique, de visiter,
07:13 de faire des rencontres, de faire des séminaires,
07:16 d'échanger et d'avoir des amitiés aussi.
07:19 C'est important d'avoir des amitiés avec des présidents de fédérations
07:23 du Niger, de la Zambie, du Malawi,
07:25 et que ce soit encore du Zimbabwe et de la Tanzanie.
07:29 Vous voyez, c'est comme ça qu'on peut faire émerger des dirigeants algériens.
07:34 Les dirigeants algériens qui doivent gagner,
07:37 qui veulent gagner des places dans les instances internationales,
07:41 doivent absolument voyager,
07:44 construire un réseau de relations très important et le fidéliser.
07:49 – Oui, M. Hamel, vous parlez d'un long processus quand même
07:52 qui a besoin de temps,
07:53 mais la Fédération algérienne dernièrement n'a pas connu la stabilité nécessaire
07:57 pour mettre en place le plan dont vous parlez.
08:00 Pensez-vous que cela a été préjudiciable dans cet échec ?
08:04 – Ce n'est pas un plan qui prendrait, comme vous le dites, beaucoup de temps.
08:10 Ça peut se faire, une campagne, ça peut se faire très rapidement.
08:13 Lorsque j'ai été responsable de la campagne du président Hamad,
08:18 c'est une campagne qui a été serrée sur trois mois
08:21 et il a été élu président de la Confédération africaine de football.
08:25 Donc, ce n'est pas une question de temps,
08:27 c'est une question d'ajuster la bonne campagne.
08:30 On est candidat à un poste, par exemple, du comité exécutif ou à une commission.
08:35 Il faut être connu, il faut avoir quelques relations,
08:39 il faut construire ce réseau typiquement africain et voyager,
08:43 et voyager et recevoir également à Alger, à Constantine, à Oran, à Annabar
08:48 et partout dans le pays d'autres présidents de fédérations, d'autres présidents de clubs.
08:54 Moi, je pense que c'est l'objectif que doit s'assigner aujourd'hui
09:00 la Fédération algérienne et les responsables de clubs,
09:03 s'ils veulent envoyer, investir en tout cas, des commissions à la FIFA et à la CAF,
09:09 ils doivent se faire connaître par leurs activités, par leur intelligence,
09:13 par leur réseau, par leurs relations.
09:16 C'est comme ça qu'on pourrait arriver.
09:18 On va rester sur l'Algérie, bien évidemment.
09:21 On a constaté que l'Algérie a subi des décisions qui paraissent "injustes" à son égard,
09:27 comme ce fut le cas pour la désignation du Pays Haut de la Coupe d'Afrique des Nations 2025.
09:33 Qu'est-ce qui peut influer, selon vous, directement sur les décisions du COMEX
09:37 et les autres départements vitaux de la CAF dans ce cadre-figure ?
09:41 Encore une fois, la sensibilisation des autres fédérations,
09:44 la sensibilisation des autres dirigeants,
09:48 la sensibilisation des principaux responsables des 53 autres pays.
09:53 Il faut avoir ce réseau sans lequel il n'est pas possible à la fois de gagner en stature,
10:00 en demesure, en planification et en notoriété sans ce réseau-là.
10:05 Nous avons un déficit important sur le plan du réseau relationnel
10:11 avec les autres pays du continent africain.
10:14 Vous savez, il y a une vingtaine d'années, l'Algérie était le leadership absolu sur le continent africain.
10:22 C'était la voie qui portait, la voie qui était entendue et surtout la voie qui était suivie.
10:29 En 1990, lorsque l'Algérie a organisé sa première Coupe d'Afrique des Nations,
10:36 vous savez, c'est grâce à l'Algérie, grâce aux autorités politiques,
10:41 les plus hautes autorités de notre pays,
10:44 que la Coupe d'Afrique des Nations a été vue par l'ensemble du continent.
10:50 Jamais auparavant, la Coupe d'Afrique des Nations n'était visible sur le plan de la télé par l'ensemble du continent.
10:58 C'est quelque chose qui a été construit, conçu par les autorités algériennes
11:03 qui ont délégué pendant deux mois des émissaires, des délégations partout en Afrique
11:10 et leur ont dit "Est-ce que vous voulez que l'Algérie vous offre les images ?
11:15 Est-ce qu'il est possible de s'entendre ? Est-ce qu'il est possible d'avoir... ?"
11:18 C'est un travail diplomatique, un travail d'approche,
11:22 un travail également de sportivité, de fair-play et d'amitié.
11:27 Et d'amitié...
11:28 – Monsieur Hamel...
11:29 – Ça a marché, ça a marché.
11:31 – Justement, justement, monsieur Hamel...
11:32 – Il faut reconstruire ça. Pardon, je finis sur ça.
11:36 Il faut reconstruire ce type de réseau qu'avait l'Algérie sur le continent africain.
11:42 Il est un réseau diplomatique, un réseau amical, un réseau sportif et un réseau relationnel
11:49 très, très dense et très important et surtout permanent, permanent.
11:54 – Vous parlez de réseau et de relationnel,
11:58 donc on peut déduire que cela relève aussi du politique
12:02 qui a pris un peu trop le dessus sur le sportif dernièrement, notamment à la CAF.
12:08 Vous pensez quoi sur ce constat ?
12:11 – Vous savez, la politique n'a pas sa place dans le sport,
12:14 mais elle existe quand même sous différents aspects, malheureusement.
12:19 On ne peut pas combattre ce qui est implicite, ce qui est non-dit, ce qui n'est pas visible.
12:25 On ne peut pas le combattre, on peut simplement s'en protéger en amont.
12:31 Alors pour s'en protéger, comment faire ?
12:33 C'est être encore plus fort, sûr de ses bases, sûr de son argumentaire
12:38 et sûr de ses positions au sein de la communauté du football international.
12:44 C'est ça qu'il faut faire, on revient toujours à la même chose,
12:47 on revient à notre position, la renforcer, être encore, être écouté,
12:51 être entendu par les autres et c'est à ce moment-là que si on rencontre des problèmes,
12:57 si on a des écueils devant et des problèmes sérieux,
13:01 eh bien on est soutenu par ce réseau, on est soutenu par la communauté africaine
13:05 comme on l'était avant, comme on l'était avant.
13:08 – Monsieur Hamel, vous parlez de soutien,
13:11 mais on va rentrer dans le vif du sujet, du thème de notre interview.
13:17 Aujourd'hui, on peut parler d'une même mise du Maroc sur la CAF entre guillemets.
13:22 Avant, c'était l'Égypte qui semblait avoir du poids au sein de l'instance,
13:26 mais à partir de quel moment pensez-vous que les Égyptiens ont perdu les manettes ?
13:30 – Vous savez, l'Égypte a été parmi les nations fondatrices du football africain,
13:40 on ne peut pas l'oublier. Dans les années 54, 52, 53, 54,
13:46 quand les Européens ont aidé les Africains à construire et à créer la Confédération africaine,
13:53 ce sont les Égyptiens qui ont combattu à la fois la parteille de l'Afrique du Sud,
13:57 qui ont interdit aux Sud-Africains, à cette époque de la parteille,
14:01 d'être membres fondateurs et qui ont construit le siège de la Confédération.
14:07 Donc, l'Égypte a un poids quand même sur le football continental.
14:11 C'était normal que l'influence s'en dégage, c'était normal que les Égyptiens aussi donnent des dirigeants.
14:17 Ils ont donné beaucoup de dirigeants, beaucoup de présidents de confédérations africaines,
14:21 des secrétaires généraux, Moustapha Afermey est resté 27 ans secrétaire général.
14:26 Il ne faut pas le critiquer, il faut simplement dire qu'ils ont été là aux premières heures.
14:33 C'est quand même la première équipe qui a joué une Coupe du Monde en 1930.
14:37 Donc, l'influence de l'Égypte, elle était normale et elle était acceptée par l'ensemble de la communauté africaine.
14:44 Aujourd'hui, il y a d'autres pays qui veulent casser cette influence, mais c'est normal aussi.
14:51 C'est le jeu aujourd'hui politique des influences pour gagner plus en stratégie,
14:56 pour avoir une place prédominante qui fait avoir plus de place dans les commissions,
15:03 qui fait avoir des compétitions.
15:05 Regardez, le Maroc organise beaucoup, beaucoup de compétitions aujourd'hui.
15:10 Alors, vous allez me dire, mais par quel miracle le Maroc organise autant de compétitions ?
15:16 La Cannes féminine, le Championnat du monde des clubs, maintenant ils sont candidats,
15:21 ils vont organiser la Coupe du Monde, ils ont organisé le Shann, etc.
15:25 Bon, c'est une influence qu'ils ont construite.
15:28 Qu'est-ce qui nous empêche de, non pas de contrecarrer,
15:34 laisser les influences telles qu'elles sont et construire notre propre influence ?
15:38 La construire plutôt que de combattre d'autres.
15:41 Moi, je pense qu'il faut construire notre propre influence.
15:44 Si un pays veut aujourd'hui s'attacher l'influence sur le football africain,
15:49 il doit construire sa base lui-même, lui-même avoir des dirigeants, avoir des équipes,
15:54 avoir une bonne organisation et accueillir.
15:58 C'est ça qu'il nous faut, accueillir des compétitions régulières.
16:01 Le U17, la Cannes féminine, le Championnat du monde des U20.
16:06 Pourquoi l'Algérie ne prendrait pas l'organisation d'un championnat du monde des U20 ?
16:11 On est tout à fait capable, on a les stades, on a les dirigeants, on a les moyens.
16:15 Il faut aujourd'hui bâtir toute une stratégie dans le pays
16:20 pour recevoir les pays africains en stage, en regroupant le plus possible.
16:27 Écrire et construire des protocoles d'accord avec la Zambie, avec la Tanzanie,
16:33 avec le Malawi, avec le Zimbabwe, avec l'Afrique du Sud,
16:36 avec tous ces pays là qui sont loin de l'Algérie
16:39 et qui aimeraient bien venir dans notre pays.
16:42 Voilà comment on peut gagner et construire une influence sur le monde du football,
16:47 qu'il soit international ou typiquement africain.
16:50 Je milite pour que notre pays construise une influence stratégique
16:57 par l'accueil des pays africains, par la signature de protocoles d'accord,
17:03 pour le perfectionnement des entraîneurs, pour des stages d'arbitre,
17:08 pour des stages de jeunes.
17:09 Multiplier les protocoles d'accord et ensuite organiser des compétitions de la CAF et de la FIFA.
17:16 Vous étiez au sein de la CAF, vous devez savoir qu'il y a quand même des,
17:20 on ne va pas parler de pratiques, mais un certain lobbying
17:23 qui dépasse le cadre sportif pour parvenir à avoir autant d'influence
17:28 au sein d'une structure confédérale.
17:31 Écoutez, moi j'ai vécu plusieurs campagnes présidentielles,
17:35 de celle de monsieur Issa Hayatou, j'étais là aussi,
17:39 j'étais à la fois à ses côtés, mais j'étais aussi journaliste
17:42 et j'ai couvert beaucoup de campagnes présidentielles.
17:45 Moi, le cas que vous citez, il a été rendu possible d'abord par les relations qui en existaient
17:55 et ensuite également par l'aide de la FIFA.
17:58 La FIFA voulait aussi un certain nombre de dirigeants qui étaient favorables à sa position.
18:04 Le président de la FIFA aime et n'aime pas certains dirigeants.
18:09 Il aime certains dirigeants, donc il favorise leurs élections et il n'aime pas d'autres,
18:16 donc il interdit un peu, pas il interdit, il n'a pas le droit d'interdire en tant que président de la FIFA,
18:22 mais il fait en sorte pour que les gens qu'il préfère, dont il pense qu'ils sont meilleurs,
18:35 il va favoriser leurs élections, il va aussi faire en sorte de les aider à atteindre leurs objectifs.
18:44 Moi, je pense, vous savez, cher ami, il faut qu'on ne…
18:49 plutôt que de voir à côté, à gauche et à droite, moi je suis pour bâtir,
18:55 je suis l'âme d'un bâtisseur et notre pays a toujours bâti.
19:00 Depuis la révolution, elle a bâti une révolution, elle a bâti,
19:04 ce sont des bâtisseurs qui ont obtenu notre libération en 1962.
19:08 Je voudrais rester dans ce cadre, on a un pays magnifique, un pays qui regorge de talents,
19:15 qui regorge d'hommes et de femmes de qualité,
19:18 il faut qu'on se recentre sur nos capacités, nos capacités à construire des équipes de qualité,
19:26 des dirigeants et c'est comme ça qu'on aura une influence internationale importante.
19:31 Moi, je ne perds pas mon temps, vous savez, de voir qui a réussi, qui n'a pas réussi
19:36 et de quelle manière, est-ce qu'il a comploté, pas comploté, ça c'est le monde du sport.
19:41 Il n'y a pas que le sport.
19:42 Oui, monsieur Hamel, mais vous parlez…
19:45 Permettez-moi juste de conclure, de dire, il faut que nous, nous avons un pays avec l'âme de bâtisseur,
19:53 il faut qu'on se concentre sur nos potentialités, or elles sont énormes.
19:58 Nous avons la possibilité de créer et de faire émerger des dirigeants,
20:02 des jeunes dirigeants, hommes et femmes.
20:04 Nous avons la capacité de recevoir des pays africains pour faire grandir notre réseau.
20:10 Nous avons la capacité de faire des opérations typiques pour faire grandir,
20:16 pour faire grandir toute la nation sportive et le mouvement sportif algérien.
20:22 Oui, monsieur Hamel, vous parlez de construire, bien sûr, on vous rejoint sur ça.
20:27 Il faudra qu'on se concentre sur nos capacités pour essayer d'aller de l'avant et tout.
20:32 Mais il y a certaines décisions qui proviennent de la CAF qui cassent un peu le football algérien,
20:40 peut-être la sélection ou les clubs, comme ça s'est passé avec l'USM Alger contre l'ARS Berkane.
20:48 Est-ce que vous pensez que le poids de l'AQJ et ses liaisons ont pesé dans l'affaire du match entre l'USM Alger et l'ARS Berkane ?
20:56 Non, je pense plutôt à la responsabilité première du commissaire de match.
21:05 Bien sûr, il y a des soupçons de provocation, évidemment, ça vous avez raison, il y a des soupçons de provocation.
21:12 On ne vient pas dans un pays avec une carte géographique sur un maillot, ça ne se voit nulle part, ça n'existe nulle part.
21:20 C'est interdit par la réglementation, il n'y a aucune allusion, si minime soit-elle, d'une allusion politique,
21:28 un slogan politique sur les maillots ou sur l'enceinte à l'intérieur, l'enceinte des stades.
21:34 Ça c'est clair et c'est pour toutes les fédérations internationales de sport, que ce soit les scrims, la natation,
21:40 ou le football, ou le baseball, il n'y a pas de politique.
21:45 Donc je suis d'accord sur vous, peut-être il y a des soupçons très forts de provocation.
21:52 Donc ça il faut le combattre bien évidemment, c'est contre le code, ça contrevient au code de l'éthique de la FIFA,
22:00 ça contrevient au statut de la CAF dans son préambule, l'article 2.
22:05 Vous avez également l'article 10 de la FIFA, des statuts de la FIFA, qui interdit toute allusion et slogan politique.
22:13 Donc moi je pense que c'est un fort soupçon de provocation, il faut le dépasser en portant plainte bien sûr,
22:21 parce que ça ne doit pas exister, ça ne doit pas exister.
22:24 Ce qui doit exister c'est les valeurs du sport lors d'un match.
22:28 Deux pays ne s'entendent pas, ok, mais la valeur du sport doit prédominer, et elle l'a été, elle l'a toujours été.
22:36 Donc il faut combattre ces méthodes qui sont illégales, et il faut surtout s'en tenir à la réglementation stricte du respect du code de l'éthique de la FIFA.
22:48 Du code de l'éthique, il n'existe plus, il n'y a plus de commission d'éthique à la CAF.
22:55 Mais pourquoi donc ? Pourquoi la commission d'éthique a disparu ?
22:58 Vous voyez cher ami, pourquoi cette commission n'existe plus à la CAF ?
23:02 Il y a des ombres quand même depuis un certain moment au sein de la CAF.
23:08 Même les décisions de la CAF ne sont même pas étayées par des articles de loi pour appuyer les décisions.
23:15 On a vu la CAF prendre un communiqué et les sanctions contre l'USMALG sont trop justifiées.
23:21 Donc on a pensé qu'il y a quand même un abus de pouvoir de la part de la CAF,
23:26 qui s'est inscrit peut-être en porte-à-faux par rapport aux règlements internationaux,
23:31 que ce soit ceux de la FIFA ou de l'USMALG.
23:35 Justement, la CAF et l'USMALG ont porté plainte auprès des décisions compétentes.
23:42 Ils ont contesté la décision qui dénonce l'USMALG.
23:46 Si vous pouviez faire une procédure, que feriez-vous ?
23:50 Le règlement est simple. C'est déjà faire un rapport très solide, très complet, exhaustif,
24:01 avec des photos, avec des vidéos, avec des témoignages, un bon rapport.
24:06 Faire répondre à la requête du tribunal arbitral du sport, le TAS,
24:12 parce que c'est là que doit s'opérer cette requête-là, la déposer.
24:17 Et puis après, il y a soit une tentative de médiation,
24:21 parce qu'il faut épuiser les recours à l'amiable, il ne faut pas s'en séparer non plus.
24:26 Et ensuite, s'il y a cette tentative à l'amiable, d'une solution à l'amiable,
24:31 et dépassée et que personne n'en veut, les deux parties n'en veulent pas,
24:34 eh bien aller vers l'enquête du TAS.
24:36 Ça peut prendre 15 jours, 21 jours, un peu plus, quelques fois.
24:40 Mais pour le moment, c'est la plainte au TAS pour non-respect du code de l'éthique,
24:46 et de l'article 10 de la FIFA, qui fait allusion à l'interdiction absolue
24:52 de tout slogan politique sur les maillots ou dans l'enceinte du stade.
24:56 Bon, ça, c'est la forme.
24:58 Je pense que les dirigeants du Luisman sont intelligents de ce côté-là,
25:03 et ont fait ce qu'il fallait faire, et de cette manière-là.
25:06 Après, il faut attendre le résultat de cette enquête,
25:09 ou de la médiation du TAS, du tribunal arbitral,
25:13 et puis ensuite porter l'affaire devant le comité exécutif de la CAF.
25:18 Écrire, demander un rendez-vous pour s'expliquer,
25:21 et dire "voilà les griefs que nous avons,
25:25 pourquoi nous déclarer un forfait alors qu'il y a une réglementation bafouée ?"
25:32 Voilà, donc c'est ça.
25:34 Et puis après, demander quand même le comportement de ce commissaire
25:40 qui déclare un forfait sans la légalité des codes et des lois du football.
25:47 Il a déclaré un forfait alors que la méthode est totalement illégale.
25:51 Ce n'est pas comme ça qu'on déclare un forfait.
25:53 On doit déjà vérifier qu'il y a une absence d'un club,
26:00 et déclarer le forfait.
26:01 Après, il n'a pas déclaré le forfait sur le terrain,
26:04 les arbitres n'étaient pas sur le terrain.
26:06 Donc moi, je pense qu'il y a quelque chose de ce côté-là à faire.
26:10 Dans l'argumentaire du club.
26:15 Vous parlez du commissaire du match,
26:17 mais il y a aussi le rapport de l'arbitre du match
26:20 qui peut peser dans les décisions et les verdicts.
26:24 Pensez-vous aussi que le rapport de l'arbitre était défavorable à l'USM Alger ?
26:29 Alors, vous savez qu'il est tenu par le secret, l'arbitre sans rapport.
26:34 Il est délu par la commission d'abord,
26:36 et c'est le commissaire qui le valide, qui le lit.
26:40 Le premier responsable d'un match, c'est le commissaire du match.
26:44 C'est le premier.
26:45 Il a l'autorité surtout sur la sécurité,
26:49 sur le déroulement du match, sur les arbitres.
26:52 Il leur a, apparemment, moi je n'ai pas la preuve,
26:55 apparemment, je dis bien apparemment,
26:57 il aurait interdit aux quatuors des arbitres de pénétrer sur le terrain.
27:01 Ça, je ne sais pas pour qui il a fait ça.
27:03 Il faut donc enquêter.
27:05 Il faut que les dirigeants de l'USMA restituent exactement le scénario
27:10 de ce qui s'est passé pour pouvoir mieux l'exposer à la requête du commissaire.
27:16 C'est ça, le dossier doit être complet,
27:18 doit être exhaustif et restituer tous les éléments des aspects de ce match.
27:24 Le comportement de l'arbitre, le comportement du commissaire au match,
27:28 qu'est-ce qu'a dit le commissaire ?
27:29 La réunion technique a-t-elle eu lieu ? Je ne sais pas.
27:32 Est-ce qu'elle a eu lieu ?
27:34 C'est pendant cette réunion technique qu'on doit montrer les équipements.
27:40 Est-ce qu'ils sont conformes à la réglementation ou pas ?
27:44 Est-ce qu'il y a une conformité des gants, du gardien de but, de sa tenue ?
27:48 C'est là où tout se fait.
27:50 Voilà, c'est ça qu'il faut.
27:51 Dernière question.
27:52 Je suis sûr, cher ami, que les dirigeants de l'USMA,
27:57 qui ont d'abord de la compétence et qui ont bien analysé,
28:02 je suis sûr que leur dossier sera bon.
28:04 Voilà, justement, la dernière question, elle était inévitable.
28:09 Pensez-vous que l'USMALG puisse être rétablie dans ses droits
28:13 par rapport au contenu de ce que vous venez de citer comme argument ?
28:19 Écoutez, le scénario est simple.
28:21 Il y a deux équipes qui se confrontent au plus haut niveau africain.
28:25 Il y en a une qui s'est présentée, qui a reçu dans la règle de l'art
28:30 en respectant absolument tous les codes de l'éthique,
28:35 tous les codes réglementaires de la CAF et de la FIFA.
28:38 Une autre qui a contrevenu, je pense, c'est sûr,
28:43 puisque c'est au grand jour qu'il contrevient aux codes de l'éthique de la FIFA
28:47 en se présentant avec un maillon illégal,
28:50 parce qu'il contrevient aux codes de l'éthique de la FIFA
28:54 et aux statuts et à la réglementation de la FIFA.
28:57 Donc l'enjeu est simple et simple normalement.
29:01 Ça ne doit pas poser de problème pour les juges et magistrats du TAS.
29:05 C'est l'USMA qui doit sortir vainqueur de cet arbitrage.
29:10 C'est un arbitrage au TAS.
29:13 Moi, je pense que l'USMA peut obtenir gain de cause
29:16 et doit obtenir gain de cause, parce qu'au grand jour,
29:20 c'est une infraction réglementaire qui a eu lieu dans ce scénario.
29:32 Monsieur Hamel, merci pour ces détails et ces éclaircissements
29:35 qui serviraient certainement à nos lecteurs et nos auditeurs
29:39 concernant le football africain qui a ses qualités,
29:42 mais il a aussi ses défauts qui commencent à devenir trop importants ces derniers temps.
29:48 Merci pour le temps accordé pour cette interview.
29:51 On espère vous revoir très bientôt.
29:54 Avec plaisir. Bon courage. Au revoir.
29:57 Merci. Au revoir. Merci.
30:00 [Générique]

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