• il y a 7 mois
Au trentième anniversaire de la mort tragique de la légende de la Formule 1 Ayrton Senna, Marie Portolano reçoit Lionel Froissart, journaliste sportif, qui publie « L'icône immolée » à propos du pilote brésilien. 

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Transcription
00:00Bonjour Lionel Foissart, vous êtes journaliste sportif, vous avez couvert la Formule 1 pendant des années et Ayrton Senna, vous le connaissiez bien.
00:07Oui, depuis 1978, de 1978 à ce 1er mai 1994.
00:12C'était quoi vos rapports avec lui ?
00:14Assez amicaux parce que j'ai eu la chance de le voir pour sa première course en Europe qui était une course de cartes et de l'accompagner jusqu'à la Formule 1.
00:25Donc une sorte de complicité, de confiance qui s'était établie entre nous.
00:30Et quand il est arrivé en Formule 1 en 1984, parmi tous les journalistes qui étaient là, je faisais partie de ceux qu'il connaissait avec quelques journalistes italiens et aussi brésiliens.
00:42Tous les amateurs de Formule 1 et pas que se souviennent où ils étaient.
00:45Est-ce qu'ils faisaient le 1er mai 1994 lorsqu'ils ont appris la mort d'Ayrton Senna sur le circuit d'Imola, vous étiez où vous ?
00:53J'étais à Imola, je commentais pour une chaîne de télévision qui s'appelait Canal Horizon.
00:58Et je travaillais évidemment pour Libération, je travaillais au sport pendant 29 ans pour Libération.
01:04Donc j'ai eu à commenter en direct l'accident d'Ayrton, celui de Ratzenberger le samedi aussi, la veille.
01:13Et quand j'ai vu l'accident, on a vu un petit mouvement de tête du casque.
01:21Un mouvement de tête qui a rassuré certains, mais vous vous êtes tout de suite dit c'est terminé ?
01:25Pour moi, je me suis dit c'est fini.
01:27Pourquoi ?
01:28Je ne sais pas, je l'ai senti comme ça, bien sûr je ne l'ai pas dit à l'antenne.
01:31On a attendu longtemps à avoir des informations contradictoires comme souvent dans ces cas-là.
01:36Il y avait la cabine de la TV Globo à côté où il y avait son ami Galvan Bueno qui est un grand commentateur de la télé brésilienne, son frère Leonardo,
01:45qui avait des informations, disait c'est grave, c'est pas grave, il a un bras cassé, il a rien, comme souvent dans ces cas-là.
01:52Et ce n'est qu'en fin de journée qu'on a été certain que malheureusement il n'était plus là.
01:57Alors il y a 30 ans, c'était un week-end maudit, vous en avez parlé, il y a eu la mort de Roland Ratzenberger qui se tue sur la piste lors des califes la veille.
02:04Et puis le jour d'avant, c'était un accident de Barrichello, Benz Barrichello qui a failli y passer aussi, qui s'en est sorti miraculeusement.
02:11On dit qu'Ayrton Senna ne voulait pas prendre la ligne de départ, on dit qu'il ne voulait pas faire cette course.
02:18Est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est une légende ?
02:20Non, ce n'est pas tout à fait vrai. Il s'est posé des questions le samedi.
02:23Évidemment, d'abord il était très préoccupé par la sécurité à cause de l'accident de Barrichello que vous venez d'évoquer le vendredi, qui était un ami proche.
02:32Et l'accident de Ratzenberger qu'il a vécu comme tout le monde en direct.
02:36Il avait demandé à son physio un drapeau autrichien qu'il avait l'intention de présenter à la fin de la course avec l'espoir de gagner cette course.
02:48Il s'est posé des questions évidemment, mais il était comme en mission et il avait quelque chose à accomplir, ça n'était pas terminé.
02:56Et donc il a parlé avec des proches, avec sa famille évidemment qui était au Brésil, sa maman, sa sœur, etc.
03:04Et il a tout simplement décidé de courir. Dès le samedi soir, il voulait courir, mais c'est vrai qu'il n'était pas très à l'aise.
03:11Il n'était pas dans son assiette. On a vu des images de lui juste avant la course, on voit qu'il est préoccupé.
03:16Il avait même dit, selon les dires, je suis déjà champion, qu'est-ce que j'essaie de me prouver.
03:21Il était vraiment très touché par la mort de Ratzenberger.
03:24C'est le docteur Watkins qui malheureusement est intervenu sur Ayrton le dimanche, qui lui a dit,
03:30mais écoute Ayrton, tu es jeune, tu es riche, tu es trois fois champion du monde, tu as gagné beaucoup de courses, qu'est-ce que tu as encore à prouver ?
03:36N'y va pas si tu n'as pas envie.
03:37Et il lui a dit, non mais j'ai encore des tas de choses à accomplir.
03:41Et ce qui est très étonnant, les images du dimanche sont étonnantes.
03:47Sur la grille de départ, c'est une des rares fois, je pense qu'il l'a fait deux ou trois fois dans sa carrière,
03:52d'enlever son casque en restant dans le cockpit, d'enlever son casque,
03:56qu'il ne faisait jamais parce qu'il tenait à être casqué et être très concentré avant le départ.
04:01Et là, il a un petit peu changé ses habitudes.
04:05Alors excusez-moi cette question qui est vraiment une question étrange.
04:08Il avait 34 ans, il était fougueux, c'était déjà une icône concrètement de son vivant.
04:14Est-ce qu'il aurait pu en être autrement ?
04:17C'est-à-dire que vraiment mourir sur le circuit à 34 ans, au top de sa carrière, c'est presque un destin en fait.
04:24Oui, enfin, ce n'est pas vraiment comme ça qu'il aurait choisi de mourir.
04:29Ça c'est sûr, mais c'était vraiment quelqu'un qui fascine encore aujourd'hui.
04:33D'ailleurs, comment vous expliquez qu'il fascine encore ?
04:35Sa personnalité, parce qu'au-delà de son palmarès qui est brillant,
04:39trois fois champion du monde, 41 victoires, 65 pôles, bon, ça a été battu.
04:43Tous ses records ont été battus depuis.
04:45Mais sa personnalité était vraiment très différente.
04:48C'était assez difficile à expliquer.
04:49Vous savez, il y a des gens dans la vie qui ont une aura très particulière.
04:52Et il avait cette capacité à créer autour de lui une sorte de bulle.
04:57On n'osait pas l'approcher ou être très familier avec lui,
05:00alors qu'il était très gentil, absolument pas arrogant.
05:03Il voulait prouver qu'il était le meilleur.
05:06C'est aussi pour ça qu'il y a eu ce duel incroyable avec Prost,
05:10parce que dès qu'il est arrivé en Formule 1, il connaissait bien son sport.
05:13Il savait que le plus fort et celui qu'il fallait battre, c'était Alain Prost.
05:17Oui, bien sûr.
05:18Vous en parlez d'ailleurs dans votre livre de cette relation entre les deux.
05:21D'ailleurs, on les voit tous les deux.
05:23Meilleurs des nuits.
05:24Alain Prost qui a été très, très touché par la mort d'Anton Senna.
05:26Bien sûr, et ils sont devenus évidemment rivaux encore plus
05:30quand ils étaient dans la même écurie, dans la même voiture,
05:32puisque c'est la comparaison absolue de deux pilotes.
05:35Et ils se sont rapprochés dès qu'Alain a décidé d'arrêter la compétition.
05:41Rapidement, quel pilote actuel lui ressemble le plus, selon vous, aujourd'hui ?
05:45Je crois qu'Ayrton est unique, mais dans l'attaque,
05:48la détermination vers Stappen est pas mal,
05:51et dans la personnalité, parce que ça va au-delà de son sport, Lewis Hamilton.
05:55Qui est d'ailleurs très, très fan d'Ayrton Senna.
05:57Merci beaucoup Lionel Froissart, votre livre consacré à Ayrton Senna,
06:00qui est là-bas, que j'ai oublié de prendre, qui est sur mon bureau.
06:03Thomas va le montrer, l'icône immolée, c'est publié aux éditions en exergue.
06:07Merci d'avoir été avec nous.
06:08Merci à vous.
06:09Absolument, merci pour ce bel hommage à Ayrton Senna.
06:12A suivre, puisqu'en ce 1er mai, il fait un mois de 15 novembre,
06:15on va vous emmener au cinéma avec Charlotte Lipinska.
06:17Ce sera juste après une toute petite page de pub.

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