56% des Français sont favorables à ce que l’on autorise en France le recours à une mère porteuse dans un cadre réglementé et 44% y sont opposées.
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00:00 Alors déjà je ne voudrais pas être désagréable, mais quand vous dites que la majorité des Français sont favorables à la GPA, non.
00:07 C'est un sondage qui a été...
00:09 Oui c'est le principe.
00:10 Absolument, donc sur quoi ? Un échantillon de 1000 personnes.
00:13 Oui.
00:14 Donc ce n'est pas la majorité des Français non plus.
00:16 La majorité des personnes interrogées.
00:17 Voilà.
00:18 Donc ce n'est pas...
00:19 Alors on va préciser, une majorité très nette.
00:21 Une majorité très nette peut-être, mais moi je peux vous renvoyer aussi un rapport qui a été fait en 2018 par le comité d'éthique, où la majorité des citoyens interrogés à cette époque-là, donc on est en 2018, étaient absolument contre la GPA.
00:39 Alors maintenant, si vous voulez, dans la GPA on centralise un petit peu toutes les questions qui sont absolument essentielles d'un point de vue féministe.
00:48 Dans une société, si vous voulez, il y a des principes qui sont intouchables, qui sont sacrés, qui sont tabous, il faut le dire.
00:57 C'est le principe du caractère inaliénable du corps humain, l'IVG, ou par exemple la pénalisation de la paie de criminalité.
01:07 Ce sont des socles qui font qu'une société, qu'on va dire qu'une société, elle est éthique, qu'une société elle est morale.
01:15 Moi je suis fondamentalement contre la GPA. D'ailleurs je ne suis pas la seule, le code pénal est fondamentalement contre la GPA, il faut le dire, d'accord ?
01:24 Puisque depuis, c'est la loi, ce sont les termes de la loi de 1994 qui a posé ce principe d'interdiction de la GPA.
01:33 Moi je suis fondamentalement opposée à la GPA parce que, si vous voulez, on s'inscrit dans un désir qui est absolument égoïste, qui efface l'intérêt supérieur de l'enfant.
01:45 C'est la toute puissance, si vous voulez, du "moi je désire", "moi je veux un enfant".
01:51 C'est nier l'existence même d'une mère pour en faire un outil, un objet.
01:58 D'ailleurs ce n'est pas pour rien qu'on parle de mère porteuse, qui porte, c'est quelque chose qui porte, c'est réduire un être humain à une chose.
02:07 Si vous voulez, je sais qu'on va parler de GPA éthique, mais louer un utérus ne sera jamais éthique.
02:15 – Mais vous avez déjà mis beaucoup d'arguments sur la table, je voudrais qu'Alexandre Ruffes vous réponde.
02:20 Désir égoïste, on ne se soucie pas de l'intérêt de l'enfant, la mère serait un outil.
02:27 Qu'est-ce que vous répondez à ces arguments-là ?
02:29 – Écoutez, je ne veux pas être le toreador qui évite, mais je ne me sens absolument pas concerné par ce que je viens d'entendre.
02:34 Dans l'association, on a vu naître un millier d'enfants depuis sa création.
02:39 – Vous-même, vous avez eu des enfants par GPA ?
02:41 – Oui, j'en ai deux, oui. J'en ai deux, et celle d'ailleurs qui les a portés, ce ne sont pas des jumeaux.
02:47 Quand on a eu le premier à l'aéroport, elle nous a dit "mais les garçons", avec mon mari,
02:51 "si vous pensez en faire un deuxième, c'est moi, je ne supporterai pas l'idée que vous puissiez recourir à une autre femme que moi".
02:57 Donc, c'est pour dire qu'on est dans un fantasme assez incroyable, effectivement,
03:01 des cris d'orfraie qu'on entend sur des pratiques qui peuvent exister dans certains pays.
03:05 Bien sûr, on est tous à dénoncer ces pratiques.
03:08 Le Parlement européen vient justement de dire que ces pratiques,
03:12 lorsque la GPA est contrainte et forcée, ne sont pas acceptables.
03:15 On est tous d'accord avec ça, et c'est pour ça que finalement, deux visions s'affrontent aujourd'hui.
03:20 Celle de Madame qui a une vision abolitionniste, la GPA nulle part,
03:24 et la nôtre qui a une vision réglementariste, qui dit "attention, on peut réfléchir,
03:29 on a le droit de se mettre autour de la table", comme d'ailleurs l'a appelé la ministre Sarah…
03:33 – Sarah El-Heley, qui est ministre de la Famille, qui dit "il va falloir se préparer à avoir ce débat".
03:38 – Elle a tout à fait raison, et on la soutient vraiment dans cette démarche.
03:42 On a le droit de réfléchir, on a le droit de se mettre autour de la table,
03:45 je suis sûr qu'on peut se mettre autour de la table avec Madame et réfléchir
03:48 sur comment on pourrait encadrer cette pratique.
03:51 Je ne pense pas, pour terminer, que le Danemark, que la Belgique, que le Royaume-Uni,
03:55 que le Canada, soient des pays où on puisse comparer la pédocriminalité avec la GPA,
04:00 et je ne pense pas qu'ils soient plus ou moins morales que nous.
04:03 – Alors, je voudrais rebondir sur ce que vous avez dit par rapport justement
04:08 aux propos de Sarah El-Haïry, elle n'a pas été la seule d'ailleurs dans la majorité présidentielle,
04:13 elle en a parlé dernièrement, Clément Beaune l'a fait à plusieurs reprises.
04:17 Alors moi, si vous voulez, ça m'interpelle vraiment, mais beaucoup.
04:21 Déjà d'une part parce qu'on parle, il faut le rappeler,
04:24 d'un concept qui est interdit et illégal aujourd'hui en France.
04:28 – Oui, oui.
04:29 – C'est quand même important, il faut aujourd'hui rappeler qu'on doit respecter la loi.
04:35 – Mais le mariage homosexuel était interdit il n'y a pas si longtemps,
04:38 l'homosexualité était interdite il n'y a pas si longtemps,
04:40 vous voyez la loi évolue aussi.
04:42 – Oui absolument, mais là si vous voulez, vous ne pouvez pas comparer le mariage homosexuel,
04:47 si vous voulez, qui est de l'ordre du consentement entre deux personnes,
04:51 et la marchandisation d'un corps humain.
04:53 – Je ne comprends pas, je vous dis simplement que la loi évolue,
04:56 sur ça mais comme sur plein de choses.
04:58 – Oui, les mentalités peuvent évoluer, comme peut-être demain,
05:00 on peut nous dire qu'après tout, on pourra considérer qu'un enfant à 12 ans
05:05 est en âge d'avoir une sexualité, après on peut aller dans tout et n'importe quoi.
05:08 Je voudrais aussi rappeler que…
05:10 – Mais là c'est vous qui faites des parallèles.
05:12 – Oui, mais à partir du moment où on lève tous les tabous, alors tout est permis.
05:16 Et je voudrais rappeler, si vous permettez, un engagement qui a été fait
05:19 par le candidat Macron en 2017.
05:21 Le candidat Macron en 2017 a dit qu'il ne reviendrait jamais sur l'interdiction de la GPA,
05:27 car selon lui c'est un procédé qui n'est pas éthique et qui n'est pas moral.
05:32 Alors moi je voudrais savoir, je voudrais qu'aujourd'hui,
05:34 le président de la République, face à cette espèce de propagande,
05:39 parce qu'il faut le dire, c'est comme ça que, de mon point de vue, ça s'appelle,
05:43 à la fois d'hommes et de femmes politiques de sa majorité,
05:48 et de beaucoup d'intervenants qui viennent nous dire qu'aujourd'hui la GPA
05:52 c'est absolument formidable, que l'autorisation d'un utérus d'une femme
05:55 ça ne pose aucun problème, que de considérer une femme et un enfant
05:59 comme quelque chose que l'on peut échanger, ça ne pose pas de problème.
06:03 Donc je voudrais qu'aujourd'hui, le président de la République
06:06 vienne nous donner sa position d'aujourd'hui.
06:08 Pour l'instant vous n'avez pas le président de la République face à vous,
06:10 vous avez Aleksandr Nurovitch.
06:11 Oui mais si vous voulez ça commence à prendre des proportions
06:13 qui sont quand même assez inquiétantes.
06:16 Je voudrais aussi dire qu'en mars 2023, il y a eu une centaine d'experts
06:22 qui se sont réunis, des médecins, des juristes,
06:26 qui ont conclu eux aussi qu'il ne fallait absolument pas,
06:32 absolument pas, revenir sur l'interdiction de la GPA.
06:35 Est-ce que, Aleksandr Nurovitch, il pourrait y avoir une GPA éthique ?
06:40 C'est quelque chose que l'on entend beaucoup, un expression que l'on entend beaucoup,
06:43 où par exemple, la gestation pour autrui serait, comment dire ça,
06:47 débarrassée du côté commercial, de l'aspect financier.
06:50 Tout d'abord, je pense que c'est quand même un discours assez dangereux
06:53 que celui qui consiste à confisquer la parole des femmes
06:56 d'une manière individuelle, pas collective,
06:59 et de les interdire de réfléchir sur un engagement solidaire
07:03 qu'elles pourraient avoir si elles le décident,
07:05 dans un contexte qui est celui de l'Occident, avec ses garanties,
07:09 et dans une République qui donne à chacun des droits et des devoirs.
07:13 Je ne vois pas en quoi on devrait parler à la place des femmes,
07:16 et vous en tant que féministes, ça devrait doublement vous interroger comme question.
07:19 Laissons aux femmes la possibilité de se déterminer sur leur choix,
07:23 sur l'utilisation de leur corps.
07:25 Pour revenir à votre question, nous avons un modèle de bioéthique
07:28 qui est basé sur le don et la gratuité.
07:32 Aujourd'hui, on peut donner des gamètes, on peut en recevoir d'une manière gratuite,
07:36 on peut aussi donner un rein de son vivant,
07:38 ce qui pose aussi des problèmes médicaux, des risques chirurgicaux.
07:41 Tout ça, c'est dans le modèle de bioéthique.
07:42 On pourrait parfaitement intégrer un don de grossesse ou un don de gestation
07:46 dès lors qu'on a les mêmes gardefous qui existent déjà sur d'autres pratiques,
07:50 et réfléchir encore une fois de plus à toutes les garanties qu'on pourrait mettre dans ce don
07:55 pour permettre une GPA à la française, une GPA éthique,
07:59 ou en tout cas, moi j'appelle ça une GPA solidaire,
08:01 parce que je compte beaucoup sur la solidarité des françaises, on le voit dans le sondage.
08:04 On a 72% des français qui ont une bonne image d'une femme
08:07 qui, dans un cadre réglementé, choisirait de porter l'enfant d'un couple.
08:11 C'est quand même incroyable comme score.
08:13 72% ? Bonne image pour une femme porteur.
08:15 Donc on pourrait réfléchir à mettre ça en place.
08:18 Si c'était un don ?
08:19 On ne donne pas plus à un enfant qu'on le vend.
08:22 Le problème éthique qui se pose avec la GPA,
08:28 ce n'est pas tant sur l'aspect financier qui vient rajouter,
08:34 on va dire, un caractère indécent à la chose.
08:39 Louer un utérus en donnant de l'argent ou gratuitement,
08:45 ça n'enlève en rien le caractère de violation de la dignité de l'autre.
08:51 Mais les femmes qui portent n'ont pas ce vocabulaire-là.
08:53 Quand vous interrogez, moi j'ai rencontré des centaines de femmes porteuses,
08:55 elles ne disent jamais à n'utiliser.
08:57 Des centaines ? Vous en avez rencontré ?
08:58 Dans l'association, évidemment.
09:00 Il y en a plein qui viennent en France voir les enfants pour les anniversaires.
09:03 On échange à Noël, on échange aux grandes occasions.
09:07 Ce ne sont pas des personnes qui sont dans une location neuf mois
09:10 et qu'on ne verra plus jamais dans notre vie.
09:12 Elles font partie de nos familles, ces femmes qui ont fait des actes incroyables.
09:16 Et chez elles, les photos de nos familles sont sur les cheminées,
09:19 en trophée, parce qu'elles se sentent valorisées par ce qu'elles ont fait.
09:22 On est vraiment très loin de l'image caricaturale que vous donnez de ces femmes.
09:26 Je ne crois pas que ce soit totalement caricaturel,
09:29 parce qu'il y a aussi des témoignages d'enfants qui sont issus de la GPA,
09:35 qui vivent avec d'énormes traumatismes,
09:37 de la même manière qu'il y a aussi des mères porteuses qui témoignent,
09:40 qui sont traumatisées.
09:42 Je crois qu'on ne parle pas assez du fait que la grossesse,
09:47 ce n'est pas un acte banal.
09:49 C'est pour ça qu'elles doivent être mères avant d'être mère porteuse.
09:52 On fait peser sur une femme des risques psychiques,
09:56 des risques physiques, des risques relationnels,
09:59 parce que souvent elles ont elles-mêmes des familles.
10:02 Il y a aussi un autre problème qui se pose, qui est très important,
10:06 un problème d'eugénisme.
10:07 Il y a aussi des cas où il y a des femmes qui ont accouché des mères porteuses de jumeaux,
10:11 où un des deux était trisomique.
10:13 Non, ça c'est faux, ça a été jugé en Australie.
10:15 Si vous parlez de l'affaire GAMI,
10:17 il y a un jugement en Australie qui a complètement disculpé les parents d'intention.
10:21 Donc ça aussi c'est de la propagande, madame. Renseignez-vous.
10:23 Non, mais il y a d'autres cas.
10:25 Ce n'est pas de la propagande.
10:27 Il y a des risques d'eugénisme qui sont évidents.
10:30 De la même manière qu'on va choisir la mère porteuse.
10:32 Attendez, c'est suffisamment grave.
10:33 On prend 20 secondes pour répondre à cette accusation-là, si je puis dire, Alexandre Hurlit.
10:36 Sur les risques d'eugénisme.
10:38 En fait, les risques d'eugénisme sont relativement limités,
10:41 dès lors qu'encore une fois, dans les pays qui l'encadrent et qui l'organisent,
10:45 ne serait-ce qu'à côté de la France,
10:47 on n'est pas dans cette méfiance, dans cette défiance systématique sur le processus.
10:53 En France, le choix des gamètes,
10:56 lorsque un mari stérile va recourir aux dons de sperme,
11:01 vous avez un collège de médecins qui va choisir le profil du donneur
11:05 en essayant de se rapprocher du père qui n'est pas le père biologique.
11:10 Est-ce que c'est de l'eugénisme ou pas ?
11:11 Moi, je n'en sais rien, je ne pense pas.
11:12 C'est simplement un procédé et une utilisation médicale
11:15 de dispositions qui peuvent exister pour aider à faire famille.