Brumath Vernissage Juanita Kirch 3 Mai 2024

  • il y a 4 mois
Coucou les amis.
Ce soir, le 3 Mai 2024 c'était le vernissage de l'artiste Juanita Kirch qui est une ancienne Brumathoise.
Elle a fait un magnifique discours, et en bonus, une question d'un brumathois, qui est également un poète.
Transcript
00:00 Merci d'être venu, je suis très contente d'exposer à Brumat une ville qui est propre à mon enfance.
00:10 On est arrivé à Brumat quand j'avais 6 ans.
00:14 J'ai fait mes études à Brumat et j'ai eu comme professeur Étienne Wolf.
00:20 Donc je garde un bon souvenir.
00:23 Ensuite je suis allée à Fussel où j'ai fait mes études d'art.
00:27 J'étais à Strasbourg et pour la faculté j'ai décidé de partir d'abord à Metz et après à Aix-en-Provence.
00:36 On m'avait conseillé de changer de lieu pour rencontrer différentes méthodes de travail.
00:41 Ce qui a été très bien parce que dans le sud on travaille plus à couleur que dans le nord.
00:47 Donc voilà, ça a été une bonne initiative.
00:50 Ce que je vous présente aujourd'hui, c'est mes dernières créations.
00:58 C'est plutôt fauviste et expressionniste.
01:01 C'est vraiment pour exprimer tout mon voyage intérieur.
01:07 A la fois des émotions qui sont sensibles, émotives mais plus brutales aussi.
01:17 Et puis il y a les nues féminins qui sont liées à mon apprentissage à la grande chaumière à Paris.
01:29 J'ai fait du modèle vivant pendant trois ans.
01:32 J'ai fait beaucoup de réalisme et mon but était de sortir du réalisme.
01:37 C'est ce qui a pu l'être pour un artiste, je pense.
01:40 C'est de sortir de sa zone de confort.
01:43 De pouvoir dire "maintenant j'arrête de recopier, d'imiter".
01:47 Je prends mon imagination en main, j'y vais et je me lance.
01:54 Comme j'ai fait beaucoup de danse, je pense que le mouvement que je transmets dans certaines de mes œuvres vient de là, de la danse.
02:03 Et puis pour mes photographies.
02:07 J'ai commencé à faire de la photographie parce que j'ai fait beaucoup de bénévolat.
02:13 D'abord au Népal et en Inde.
02:17 Je me suis rendu compte qu'il y avait une telle pauvreté.
02:21 Je faisais du bénévolat pendant deux mois généralement.
02:24 Il y avait tellement de pauvreté qui n'était pas transmise ici en Europe.
02:33 On ne voyait pas l'écart.
02:35 J'ai essayé de capter la mélancolie d'où le titre "Ode à la mélancolie" de mon exposition.
02:44 Cette mélancolie qu'on peut ressentir notamment au Népal, puisqu'il y a eu le tremblement de terre en 2015.
02:51 Toutes les maisons ont été détruites, en une grande partie.
02:55 J'ai participé à la reconstruction des maisons du Népal pendant deux mois.
03:02 En même temps, je prenais des photos de la reconstruction.
03:05 En Inde, j'ai fait aussi une reconstruction d'une école dans le sud, vers Goa.
03:13 Après, j'ai plus une démarche anthropologique.
03:18 J'ai voulu voir des communautés qui étaient exclues de la société, comme en Afrique du Sud, dans les townships.
03:27 Les personnes de peau noire sont exclues des personnes de peau blanche.
03:34 Elles ne vivent pas ensemble.
03:35 Il y a les townships où il y a 2,5 millions qui vivent entre eux et sont tous noirs.
03:43 Et de l'autre côté, il y a les blancs.
03:46 C'est terrible.
03:49 Pour moi, c'est un endroit concentrationnaire.
03:51 J'ai voulu retransmettre ça dans les photographies.
03:57 Je n'ai pas exposé, mais j'ai exposé une peinture, "Retour d'Afrique du Sud",
04:01 qui a été un moment difficile.
04:05 C'est pour ça que cette toile est un peu à part.
04:08 J'ai pu faire un voyage, j'ai vu les Quechua au Pérou,
04:12 qui sont une minorité exclue par le gouvernement et qui vivent en pauvreté.
04:19 Globalement, j'essaie de transmettre un peu.
04:24 Je ne fais pas de voyage touristique guidé, mais je m'imprègne vraiment à la population.
04:31 Je reste généralement deux mois.
04:33 D'abord, pour voir un peu les coutumes du pays.
04:38 La possibilité de capter les visages, parce qu'il y a des coutumes
04:43 où on ne peut pas prendre des photographies de personnes.
04:46 Il faut leur demander avant.
04:48 C'est par respect aussi que je prends du temps avant de prendre des photographies.
04:53 Je prends les photographies environ deux ou trois semaines après mon arrivée dans le pays.
04:59 Deux mois, c'est bien pour rencontrer du monde,
05:05 pour rencontrer une nouvelle manière de vivre.
05:10 Une autre manière de vivre aussi, parce qu'il y en a qui vivent avec peu de choses.
05:15 Il y a une richesse dans les pays. En Afrique du Sud, il y a une richesse.
05:18 Au Népal, il y a une richesse, mais elle n'est pas partagée.
05:21 Voilà ce qu'il faut lui dire aujourd'hui.
05:24 C'est la justice du peuple.
05:26 Voilà.
05:28 Je voulais citer une phrase d'Adorno, qui est pour moi très importante,
05:34 parce que ma maman est colonniste.
05:37 Adorno a dit qu'après Auschwitz, la poésie n'était plus possible et ne le sera plus.
05:44 Et finalement, on se retrouve aujourd'hui entouré de couleurs et plein de poésie.
05:50 La peinture m'a permis de trouver le chemin vers la poésie
05:57 et vers une pensée peut-être un peu mélancolique, mais phobiste à la fois.
06:04 Et c'est ce que je cherche à dépasser.
06:08 Voilà.
06:10 [Applaudissements]
06:16 Un grand merci à l'artiste au nom de la ville de Brumatte.
06:19 Nous sommes heureux de l'accueillir ici dans cette salle Lafibule
06:22 que la municipalité a voulu ouverte à ceux qui ont envie de faire partager
06:28 leurs rêves de couleurs, de formes et de vivacité.
06:33 Alors, on est heureux d'accueillir une ancienne brumatoise
06:36 qui sait peut-être un jour une future brumatoise, on ne sait jamais.
06:40 La vie nous réserve plein de surprises.
06:42 Puisque vous vous êtes baigné dans la lumière du sud et du Montpellier et de ses environs,
06:48 on est heureux que vous puissiez nous faire partager un peu votre vision de la couleur,
06:53 peut-être une forme de mélancolie, certes, mais pour moi avant tout,
06:57 les couleurs c'est quelque chose qui vous fait vibrer
07:01 et où le ressenti est davantage de la joie et de la luminosité
07:06 plus que de la mélancolie en ce qui me concerne.
07:09 Je suis heureuse de savoir que nos concitoyens vont pouvoir partager tous ces moments
07:14 et peut-être reconnaître en vous la jeune fille qui a vu nos paysages
07:20 et qui s'en est imprégnée aussi parce que quelque part on a toujours un parcours à travers l'art
07:25 et on voyage, on voit plein de choses.
07:28 La photo permet d'avoir un autre angle de vue, une autre approche.
07:32 Je dirais que c'est finalement tout un chemin de vie qu'on retranscrit sur la toile
07:37 et je voulais très sincèrement vous féliciter pour partager ces moments avec nous
07:42 et vous dire que c'est du bonheur qu'on va partager tous ensemble.
07:46 Merci beaucoup et je veux remercier évidemment la mairie de Brumatte
07:52 et en particulier Mickaël qui a bien voulu accepter mon portfolio
07:58 et donc qui m'a permis d'exposer aujourd'hui.
08:02 Il est vigilant mais expert.
08:06 Donc on peut prendre le poids de l'amitié.
08:09 Merci beaucoup.
08:11 Comment avez-vous fait pour parler ces langues étrangères
08:16 et entrer en communication avec la compréhension ?
08:22 Quel a été le moyen de capter les autres ?
08:25 Donc soit j'avais un traducteur anglais avec moi
08:30 donc en Inde au Népal c'est les traducteurs anglais
08:35 qui traduisait en fait l'hindi en anglais et moi donc je pouvais comprendre
08:41 soit au Népal directement en espagnol. J'ai appris l'espagnol en un mois
08:47 avant de partir au Pérou.
08:50 Donc seulement deux langues français et espagnol. Pas d'anglais.
08:56 Et anglais.
08:57 Non mais un peu puisque vous aviez un traducteur.
08:59 Oui, oui, le traducteur en fait...
09:01 Ah c'est à cause de l'autre langue.
09:04 En fait les indiens parlent anglais en majorité mais pas tous
09:09 et au Népal ils parlent pas anglais. Ils apprennent à la maternelle maintenant
09:13 mais avant ils apprenaient pas l'anglais du tout.
09:16 Donc j'avais un traducteur sur place qui me parlait en anglais
09:20 et au Pérou j'ai pu parler en espagnol.
09:26 J'ai fait une méthode assimile rapide, intense
09:30 et l'espagnol est quand même très proche du français.
09:34 Et sinon pour la Mongolie en fait j'ai pris une traductrice qui parlait elle française.
09:42 Voilà.
09:44 Du pays là-bas.
09:46 Du pays là-bas.
09:47 Oui, j'avais contacté l'Institut français
09:50 et du coup j'ai pu être directement en relation avec elle
09:55 et avec elle on a pu rencontrer les familles et aller de yurte en yurte.
10:00 Et là vous avez dit "je m'en rappelle plus"
10:04 elle m'a énormément surprise dans votre liste des pays que vous avez visités
10:12 sous "N" ou "M" Mongolie.
10:14 Vous avez ajouté un commentaire qui m'a bien plu.
10:19 "Terres partagées"
10:21 "Terres partagées"
10:22 Parce qu'en fait en Mongolie ils n'ont pas de terres.
10:27 Ils peuvent se placer où ils veulent avec leur yurte.
10:31 Ah oui c'est vrai.
10:32 Voilà.
10:33 Ils se déplacent 4 fois par an.
10:35 Combien ?
10:36 4 fois par an.
10:37 Au cas de saison.
10:38 Au cas de saison.
10:39 Et ils peuvent s'installer où ils veulent.
10:42 Et ils ont leur pâturage.
10:45 Et ils ont leur pâturage.
10:48 C'est préservé ou ils ne le baladent pas encore ?
10:50 Non non c'est leur pâturage à eux
10:53 qu'ils vendent après au marché dans les petites villes locales.
10:57 Non non il n'y a pas de...
10:59 Ils s'entraident au contraire.
11:01 De Mongolie.
11:03 Oui.
11:05 C'est intéressant.
11:08 C'est intéressant parce que vous l'achetez en plus.
11:10 Parce qu'il ne faut pas passer entre les deux poteaux.
11:13 C'est interdit.
11:15 C'est sacré.
11:18 Il y a une pierre.
11:20 Il y a une pierre au centre.
11:22 Et il faut savoir que tous les éléments sont à respecter.
11:26 Donc par exemple si on se baigne dans une rivière,
11:28 il ne faut surtout pas se laver avec du savon.
11:31 Ni salir l'eau.
11:32 On a le droit de tremper les pieds.
11:34 Mais c'est respecté.
11:36 Dans le feu on n'a pas le droit de mettre de papier.
11:38 Juste du bois.
11:40 Et il y a un déciclage ?
11:43 Là oui c'est leur poêle.
11:46 Il y a une pierre.
11:48 Et c'est sacré.
11:50 On ne peut pas passer.
11:53 Merci.

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