• il y a 7 mois
Face à l’escalade guerrière décidée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu et le « risque génocidaire » que cela fait courir au peuple gazaoui, le secrétaire national du PCF dénonce « l’impuissance coupable » des occidentaux et particulièrement de la France. Il appelle à ce que la France porte l’exigence d’un « cessez-le-feu immédiat » et d’une résolution du conflit sur la base de » l’ensemble des résolutions de l’ONU sur le sujet ».

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Transcription
00:00Nous sommes aujourd'hui place du colonel Fabien à Paris, sous la très belle coupole de ce bâtiment dessiné par Oscar Neymeyer pour aborder la situation au Proche-Orient,
00:07le drame humanitaire qui se joue dans la bande de Gaza,
00:10depuis le début de l'opération militaire israélienne au lendemain des attaques terroristes atroces perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier.
00:17Nous sommes avec Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français.
00:21Bonjour à vous et merci de nous accueillir.
00:23Bonjour, merci pour l'invitation.
00:24L'offensive israélienne sur Rafa a été redoutée depuis des semaines.
00:28Elle a débuté malgré les avertissements du secrétaire général de l'ONU, malgré les avertissements des ONG et même de Washington.
00:34Benyamin Netanyahou confirme son intention de frapper le sud de l'enclave palestinienne où plus de 1,2 million de civils se sont réfugiés.
00:41Comment jugez-vous cet acharnement du gouvernement israélien ?
00:44D'abord, ce qui se passe en ce moment avec cette offensive terrestre que vient de décider le gouvernement Netanyahou,
00:51quelques heures après que le Hamas ait accepté les conditions d'un cessez-le-feu, c'est terrible.
00:57Et ça vient s'ajouter aux mois de souffrance qui viennent de s'abattre sur le peuple palestinien.
01:03Plus de 40 000 victimes, essentiellement des civils, des femmes, des personnes âgées, des enfants.
01:09C'est terrible. Le risque génocidaire est en cours.
01:14Et l'impuissance de l'Union européenne, de la France, des États-Unis est une impuissance coupable.
01:22C'est la honte. C'est la honte parce que c'est toute la communauté internationale qui abandonne un peuple entier
01:30et qui fait la démonstration qu'en matière de droit international, il y a deux poids, deux mesures.
01:34Il y a ces résolutions qu'il faut à tout prix faire respecter en Ukraine et il y a celles qui peuvent être bafouées là-bas, en Palestine.
01:42Et c'est une cicatrice béante qui restera longtemps marquée sur le visage de l'humanité en ce XXIe siècle.
01:51Vous vous êtes rendu sur place en Israël et en Cisjordanie récemment.
01:55Vous avez rencontré des familles de victimes des deux côtés, y compris des familles d'otages israéliens.
02:00Que vous ont-elles dit ? Que faut-il en retenir ?
02:03D'abord, ce que j'ai retenu de ces échanges, c'est que ce qui se passe là-bas ne date pas du 7 octobre.
02:10Depuis l'élection d'un gouvernement d'extrême droite avec des ministres racistes et suprémacistes,
02:17la violence s'est développée à l'encontre du peuple palestinien, avec un blocus dur à Gaza,
02:25mais aussi avec une colonisation qui s'est accélérée dans les territoires occupés, à Cisjordanie notamment et à Jérusalem-Est.
02:33Les attentats du 7 octobre, terroristes, d'une violence extrême, un pogrom à l'encontre des Israéliens, des Juifs,
02:45puisqu'ils ont été tués parce que Juifs, ont déclenché une offensive terrible contre le peuple palestinien.
02:51Aujourd'hui, on rencontre là-bas les victimes de cette guerre menée par le gouvernement israélien contre les Palestiniens,
03:02j'ai rencontré un papa dans le camp de réfugiés de Haïda, c'est pas à Gaza.
03:09Dans le camp de réfugiés de Haïda, j'ai rencontré un papa qui venait de perdre son fils de 13 ans,
03:14abattu comme ça par des militaires qui font des descentes tous les soirs dans le camp de réfugiés
03:21et qui balancent des salves et qui tuent comme ça, sans jugement, sans raison, des enfants.
03:28C'est horrible et ce père enterre son fils qui devient un martyr parce qu'il n'y a pas de justice, il n'y aura aucune justice.
03:37Et j'ai rencontré de la même manière un père de famille qui a perdu son fils dans un des kiboutz qui a été attaqué par le Hamas
03:44et qui est dévasté par la disparition de son fils et sa colère, elle est aujourd'hui dirigée contre le gouvernement de Netanyahou
03:54parce que le gouvernement de Netanyahou, comme il me l'a dit, est complice du Hamas.
04:00Complice du Hamas parce que le gouvernement de Netanyahou a participé au financement de cette organisation terroriste via le Qatar
04:07pendant des années et en ce sens, il n'a pas protégé le peuple israélien non plus.
04:15Aujourd'hui, il y a deux peuples qui se regardent, qui s'affrontent, nourris par la haine, la vengeance et donc la situation est extrêmement grave.
04:28Et il n'y a qu'une voie politique qui pourra leur permettre d'en sortir par le haut et que par une volonté forte de la part de la communauté internationale.
04:39L'Union Européenne et les États-Unis ont un rôle extrêmement important à jouer pour imposer une solution politique par le respect des résolutions de l'ONU
04:50et notamment deux États correspondant aux frontières de 1967 comme les résolutions de l'ONU le réclament.
04:58Vous parliez de la communauté internationale, de l'Union Européenne, mais de quel levier la France en tant qu'État dispose-t-elle pour faire cesser ce massacre ?
05:06Comment est-ce qu'on explique les terriversations des chancelleries occidentales ?
05:09La France est en dessous de tout. Le président de la République, qui est là depuis sept ans, n'a pas pris la mesure de ce qui se passait là-bas.
05:20Il a considéré l'arrivée du gouvernement Netanyahou et la pression mise sur le peuple palestinien, les exactions, les meurtres commis par des colons
05:32contre les Palestiniens dans les territoires occupés comme un conflit de second rang, tel qu'il me l'a dit.
05:38La France n'a pris aucune initiative diplomatique, aucune pression contre ce gouvernement. Il l'a laissé faire.
05:45Quand il a appelé un soutien inconditionnel au gouvernement israélien après le massacre du 7 octobre,
05:52bien sûr, il y a eu l'émotion et le soutien au peuple israélien, mais il y a eu aussi de la colère.
06:00Parce qu'il était où le soutien pour le peuple palestinien qui se fait massacrer depuis des années et des années ?
06:07Aujourd'hui, le gouvernement français peut prendre des initiatives.
06:10La première initiative politique, la plus forte, la plus emblématique, c'est de reconnaître l'État de Palestine.
06:17Et on sait que si la France faisait ce choix, immédiatement, après d'autres pays de l'Union européenne et de la planète feraient le même choix,
06:26ça créerait une situation nouvelle et ça empêcherait certainement le gouvernement israélien de maintenir cette guerre terrible contre le peuple palestinien.
06:37Et puis, on peut prendre tout de suite des mesures.
06:39Là, on peut convoquer, on doit convoquer l'ambassadeur d'Israël en France au ministère des Affaires étrangères,
06:45comme on sait le faire avec l'ambassadeur de Russie en France.
06:50On peut décider d'interdire de séjour en France les colons qui ont été responsables de meurtres sauvages de Palestiniens dans les territoires occupés.
07:02On peut s'en prendre à ceux qui imposent des colonies dans ces territoires alors qu'ils sont interdits par les résolutions de l'ONU.
07:12Donc, nous avons des outils juridiques, politiques, diplomatiques.
07:16La France s'honorerait d'être aux côtés de l'Afrique du Sud pour dénoncer le risque génocidaire.
07:24C'est ça l'honneur de la France.
07:26Et la voix de la France aujourd'hui, elle est muette dans ce complice et parce qu'elle est muette, elle se rend complice.
07:32Et la voix de la France politiquement est muette.
07:36Par contre, depuis des semaines, il y a un mouvement massif de solidarité qui s'exprime, notamment dans les campus universitaires.
07:42On le voit aussi à Sciences Po Paris, des deux côtés de l'Atlantique, d'ailleurs aux États-Unis et en Europe.
07:47Un mouvement que je vous soutenais, vous l'avez dit.
07:49En quoi est-ce que c'est nécessaire que la jeunesse se mobilise ?
07:52La jeunesse française, la jeunesse européenne, la jeunesse du monde, elle s'identifie à ce peuple qui se fait massacrer sous les yeux du monde entier.
08:02Il y a une forme de parallélisme qui se fait.
08:05On se reconnaît.
08:06Ces images sont insupportables.
08:09Et elle est belle, cette jeunesse étudiante française qui appelle à un cessez-le-feu, qui appelle à mettre fin au massacre,
08:17qui demande à pouvoir en débattre dans les universités, dans les facs.
08:21Et au lieu de ça, on se fait réprimer, insulter.
08:27Enfin, elle est où, la France des libertés, la France révolutionnaire de l'égalité des citoyens,
08:36la France qui a assumé de fin au colonialisme, la France qui dit se battre pour l'application des résolutions de l'ONU
08:43et qui empêche notre jeunesse de s'exprimer ?
08:46Bien sûr, nous le disons.
08:48Le débat sur ce sujet doit se faire sans propos racistes, antisémites, de quelque bord que ce soit.
08:58On doit avoir un débat politique, serein, apaisé.
09:02Mais surtout, je suis certain qu'on doit pouvoir avoir une expression quasi unanime pour demander le respect des résolutions de l'ONU.
09:11Le respect des résolutions de l'ONU, le cessez-le-feu, la libération des otages, dont les trois Français encore emprisonnés aujourd'hui.
09:19La libération des prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti.
09:24Nous devons, nous pouvons trouver un consensus plus large sur ces appels-là.
09:32Et je regrette qu'aujourd'hui, le gouvernement français, le président de la République n'ait pas eu les mots, les gestes, les initiatives politiques pour rassembler les Français sur cette question.
09:43Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il y a ce mouvement de colère, de contestation, d'occupation des facs.
09:51Je l'ai fait, moi, ça, quand j'étais jeune, pour demander la libération de Mandela, la fin de l'apartheid.
09:57On est dans la même situation aujourd'hui. Dans les territoires occupés, c'est l'apartheid.
10:03Et la France laisse faire. Comment réprimer derrière une jeunesse qui demande à la fin de cette injustice, de cette inhumanité à l'encontre d'un peuple ?
10:15Nous appelons, nous, à soutenir les forces progressistes qui appellent à une solution politique, que j'ai rencontrée aussi en Israël.
10:24Il y a des forces progressistes en Israël, des citoyens israéliens, arabes, juifs, musulmans, qui manifestent ensemble pour un cessez-le-feu.
10:34Il faut s'appuyer sur ces mouvements-là. Ce sont les plus beaux mouvements.
10:38D'ailleurs, nous les avons reçus ici, place du colonel Fabien, lors d'une journée consacrée à la paix dans le monde,
10:44où iraniens, israéliens, palestiniens se sont retrouvés ensemble pour appeler à un cessez-le-feu en Israël, en Palestine, et à la création de deux États.
10:56Et comment est-ce que vous expliquez que cette guerre, la situation au Proche-Orient, crispe à ce point-là le débat politique en France, et notamment à gauche ?
11:03D'abord, il y a une responsabilité du gouvernement qui a décidé de taper fort sur tous les mouvements pro-palestiniens,
11:10et de cataloguer tous ceux qui dénoncent le massacre à Gaza comme étant pro-hamas. C'est inadmissible.
11:17Et puis, il y a aussi une collusion très forte entre l'extrême droite française et l'extrême droite israélienne.
11:24Ils se soutiennent, ils se parlent, c'est extrêmement grave, et il faut en avoir conscience.
11:29Je regrette aussi des prises de position qui, à l'extrême gauche, n'ont pas été assez claires pour écondamner le terrorisme du Hamas,
11:37mais aussi pour appeler à une solution politique à deux États.
11:40C'est quand même terrible qu'aujourd'hui, le débat sur ce sujet soit réduit entre ceux qui disent qu'il faut une solution palestinienne de la mer au Jordan,
11:50et ceux qui disent qu'il faut une solution israélienne, avec un seul État israélien, du Jordan à la mer.
11:55Ce n'est pas ce qui doit nous rassembler. Ce qui doit nous rassembler tous ensemble, c'est le cessez-le-feu, la libération des otages,
12:02le respect de toutes les résolutions de l'ONU, la création de deux États, le retour des réfugiés, la fin de l'occupation, la décolonisation,
12:11la fin de l'apartheid dans les territoires occupés. Ça, ça doit tous nous rassembler, et c'est la France, la politique française,
12:18qui devrait appeler l'ensemble des Français à se rassembler là-dessus.
12:21La cause palestinienne est un des combats historiques du Parti communiste français.
12:25Comment est-ce qu'on peut continuer à porter la voix de la lutte du peuple palestinien dans cette cacophonie politico-médiatique actuelle ?
12:32Il ne faut pas dévier de ce combat que nous menons pour la coexistence pacifique de deux peuples, dans deux États.
12:42C'est ce combat que nous portons depuis le début, aux côtés de l'OLP.
12:47J'ai eu l'honneur de rencontrer Yasser Arafat il y a quelques années, mais le Parti communiste français est aux côtés de l'OLP depuis le début
12:56pour exiger la création d'une Palestine libre, démocratique et laïque.
13:03Et c'est toujours ce combat-là que nous avons mené, avec les Palestiniens, comme avec les forces israéliennes progressistes,
13:13qui aspirent aussi à cette coexistence pacifique.
13:18Et de Georges Marchais à Marie-Georges Buffet, en passant par Robert Rue, Pierre Laurent, moi-même, nous avons tous été sur place, nous avons tous porté cette voix-là.
13:30Nous avons participé à la création d'un collectif pour la Palestine sur cette base-là.
13:37Et nous avons même été à l'origine d'une association, l'association pour les jumelages entre les villes des camps de réfugiés et les communes françaises.
13:49Et grâce à cette association, présidée par Charlotte Blandio-Faride, de nombreuses communes sont aujourd'hui jumelées avec des villes palestiniennes.
13:57C'est l'honneur du Parti communiste français, c'est l'honneur de la France de participer à ça.
14:02Et d'ailleurs, le consul général, comme l'ambassadeur, que j'ai rencontré sur place, salue le rôle du Parti communiste français dans cette coopération que nous avons su mener avec ces camps de réfugiés.
14:13Et donc, nous sommes très attachés au respect des peuples, à leur indépendance, et à soutenir toutes les forces qui se battent dans ce sens par les moyens politiques qui sont les nôtres aujourd'hui.
14:33Et nous continuerons de mener ce combat avec eux.
14:36Merci beaucoup, Fabien Hausset, merci d'avoir répondu à nos questions.

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