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Jean-Marie Poiré revient sur la création des Visiteurs dans l'émission de l'Heure des Pros.

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00:00 - Moi, j'ai pas vu le film, mais j'ai vu la bande-annonce
00:02 et j'ai tout de suite su que ça allait.
00:04 Il y a une bonne humeur, il y a un côté généreux,
00:08 il y a de l'énergie, il y a de la connerie,
00:11 il y a tout ce qu'on aime, en fait.
00:13 Donc, moi, j'ai tout de suite, je lui ai dit d'ailleurs,
00:15 on a fait une émission ensemble, j'ai vu la bande-annonce sur l'écran.
00:18 - Et vous lui dites, ça a marché.
00:20 Mais alors pourquoi ? Et c'est votre histoire aussi.
00:22 Les Visiteurs est refusé par TF1 et à l'arrivée,
00:25 Les Visiteurs est produit par France 3.
00:27 C'est-à-dire que, et on vous avait dit, les films en moyen âge,
00:31 ça marche jamais.
00:32 - En fait, Les Visiteurs, c'est particulier
00:34 parce que personne ne voulait le faire.
00:36 J'ai eu une chance incroyable, en vérité,
00:38 c'est que Clavier, ça lui a plu.
00:40 Alors, pour moi, c'est très, très important
00:43 parce que Clavier est un génie comme comique,
00:46 est un génie comme auteur, c'est un type avec un humour fantastique.
00:49 Donc, son expertise, pour moi, est beaucoup plus importante
00:54 que toutes celles des cols gris qu'on peut rencontrer
00:57 dans les bureaux des décideurs,
00:59 vous voyez, je veux dire, qui, généralement,
01:00 rient quand ils se brûlent.
01:01 Donc, voilà, donc moi, le déjeuner, je retrouve ce sujet,
01:08 je lui propose dans un déjeuner le personnage de Jacouille
01:13 et il éclate de rire, il me dit "c'est formidable".
01:16 Et je ne sais pas comment, on a dit tout de suite,
01:18 on va le faire en vieux français.
01:20 Et il a été emballé et moi, j'étais emballé aussi.
01:24 On a pensé que c'était un autoroute et après,
01:27 on n'a pris que des portes dans la gueule, c'est à dire...
01:29 - Mais qui, alors par exemple, à TF1, à cette époque là,
01:32 moi, j'y étais, c'était pas des amateurs, c'était des gens...
01:36 - C'est un copain, je ne sais pas, je gêne d'être animal, d'accord.
01:38 - Non, mais c'était pas des amateurs,
01:40 c'est des gens qui avaient un sens du public.
01:41 Etienne Moujotte, il avait le sens du public.
01:43 C'est ça qui m'intéresse toujours.
01:45 Comment tu peux te tromper sur quelque chose qui est 13 millions de...
01:50 - 14, presque. - 14 millions.
01:51 Ce qui vous... C'est un film qui est dans le top 10.
01:54 - C'est un mensonge parce que le CNC comptabilise les entrées des films
01:59 qui leur plaisent dans la durée, alors que les films dits commerciaux
02:03 s'arrêtent à la fin de l'exploitation, c'est à dire du premier...
02:08 Première exclusivité.
02:09 Donc, les deux, trois ans où les visiteurs sont passés sur les plages
02:13 et dans toutes les sagesses de sport d'hiver,
02:15 tout ça n'a jamais été comptabilisé.
02:17 Mais je m'en fiche, c'est pas mon problème.
02:20 C'est comptabilisé dans ma poche, donc ça allait.
02:22 - Et Clavier est déjà une immense star en 93 avant Jésus-Christ.
02:26 - Je crois qu'en fait, je me suis beaucoup posé la question de...
02:29 Mais ce qui est du refus de TF1, mais en vérité,
02:34 le producteur à l'époque du film s'appelle Alain Terzian.
02:38 Il est très ami avec la personne qui décide,
02:41 qui s'appelle Guillaume,
02:45 qui décide de qui achète
02:49 de comment on achète les films.
02:51 Ils sont très copains et comme Terzian déteste les visiteurs,
02:54 évidemment, pour vendre le film à une chaîne, c'est pas terrible.
02:59 Quand vous jouez au tennis, là, ils ont écrit une merde.
03:03 Mais c'est incroyable parce que moi, c'est ce que m'a avoué son directeur de production.
03:07 Et son directeur de production, qui malheureusement est mort,
03:11 qui est un type charmant, qui m'a dit moi, j'étais d'accord avec lui.
03:14 Il est rentré dans son bureau, il a jeté le script sur la table.
03:17 Il a dit, tu as lu ?
03:20 C'est ça qu'ils ont écrit.
03:23 C'était farang.
03:24 Et donc, moi, il a essayé de me...
03:26 Alors la première chose qu'il a fait, c'est qu'il m'a dit
03:29 on ne va pas parler du sujet, on va parler de pognon.
03:32 Il faut enlever 20 millions.
03:34 Voilà. Et j'ai dit bon, très bien.
03:37 C'était pas bête de dire ça.
03:40 Donc je suis parti, j'ai traversé le parc Monceau.
03:43 J'ai fait le tour du parc pendant, je crois, deux ou trois heures.
03:46 Et puis, je suis revenu, j'ai dit j'ai une idée brillante.
03:48 Voilà. Tu dis qu'il faut enlever de 20 millions.
03:51 C'est des francs, on parle pas d'euros.
03:54 Tu vas en mettre, au contraire, 20 de plus et je te fais deux films
03:58 et on les sort en deux épisodes.
04:01 Et il est tellement abasourdi.
04:03 Je crois que j'ai dit que j'ai aperçu ses inlets.
04:08 Parce qu'il fait "Ah".
04:11 Et il n'a pas osé dire que c'était idiot.
04:14 Voilà. Et donc, il a dit oui, mais il faudrait trouver une fin.
04:17 J'ai dit oui, tu me prends pas pour un crétin.
04:19 C'est un feuille de don à ce moment là.
04:20 Il faut trouver une fin qui amène don.
04:22 Et d'ailleurs, merci, parce que ça m'a permis de faire cette fin
04:26 que je n'aurais jamais osé faire si on avait fait le film.
04:29 C'est à dire une fin qui ne se termine pas.
04:31 Qu'est ce que c'est que ce "Beans"?
04:33 Et on s'arrête comme ça.
04:34 Donc il n'y a pas de fin.
04:35 Ça se termine mal.
04:36 Et ça permet d'avoir un deuxième épisode.
04:38 Fantastique, parce que
04:41 pour moi, la fin des comédies est un énorme problème.
04:45 Les comédies, quand vous écrivez un drame, vous connaissez la fin.
04:51 En fait, vous avez déjà pleuré au départ.
04:53 C'est la fin qui vous plaît et tout est fait pour arriver à cette fin.
04:55 Donc c'est relativement assez facile à faire.
04:58 Dans les comédies, il faut accélérer tout le temps.
05:00 Vous accélérez, vous accélérez.
05:02 Et puis, d'un coup, on vous dit "Ah, dis donc, il faut arrêter maintenant".
05:04 Et alors, vous arrêtez de traviolent.
05:06 Oui, mais il y a une fin.
05:07 Alors, pardonnez-moi, il y a une fin exceptionnelle dans vos films.
05:10 C'est une fin fantastique.
05:11 Oui, mais et puis, il y en a un autre film où la fin est exceptionnelle.
05:14 C'est laquelle ?
05:15 C'est "Papi".
05:16 Ah oui, "Papi".
05:17 C'est la fin de découvrir Alain Jérôme.
05:19 Oui.
05:20 Et de voir, 40 ans plus tard, avec Adolfo.
05:25 Vous parlez français ? Oui.
05:28 Génial, génial.
05:29 Qui n'est pas de moi.
05:30 C'est la fin de cet écrit par Clavier Lamotte dans la pièce de théâtre.
05:34 Mais ça, c'est une fin vraiment fantastique.
05:36 C'est une fin maligne.
05:37 Et d'ailleurs, pareil, Christian Fechner,
05:39 qui, Dieu sait, est un producteur génial,
05:41 m'avait dit qu'il faudrait couper le débat.
05:44 Ah bon ?
05:45 J'ai dit mais ce n'est pas possible,
05:47 parce qu'il faut qu'on coupe des choses.
05:48 Il faudrait couper le débat.
05:50 J'ai dit mais on coupe le débat, donc on termine sur...
05:52 Alors, c'est le film le plus con que tu as jamais vu de ta vie,
05:54 parce que ça se termine par un combat d'épée minable.
05:58 Magnifique, ton combat d'épée.
06:00 Non, c'est un combat d'épée d'une bêtise incroyable.
06:03 Et justement, ça commence le débat par...
06:05 Vous avez vu ce film ?
06:07 Vous avez vu ce combat d'épée grotesque ?
06:09 Donc, le rebond est fantastique.
06:11 Alors que si on terminait comme ça, c'était...
06:15 Je ne sais pas ce que j'aurais fait.
06:16 Mais pas pire, et repasser l'autre jour,
06:18 ce qui est si dérangeant, Papy, c'est la qualité de l'interprétation.
06:21 Vous avez Julien Guillemard, qui est un génie de l'interprétation.
06:24 Vous avez Michel Galabru, vous avez Jacques François,
06:28 qui sont des immenses comédiens, qui étaient les second rôles du cinéma français
06:31 des années 70, 80, que tu vois dans tous les films
06:35 et qui se mettent au service d'une comédie
06:39 pour des moments merveilleux, au-delà de la troupe, évidemment,
06:42 du splendide.
06:44 Mais ces second rôles sont formidables.
06:46 Guillemard est formidable.
06:48 - Ah, j'adorais ! - Et il est mort, paraît-il,
06:49 Guillemard, dans très grandes difficultés financières.
06:54 C'était très compliqué.
06:55 Il ne tournait plus, il ne jouait plus.
06:57 - Oui, parce que c'est très injuste.
06:58 - Mais qui connaît, pardonnez-moi, Julien Guillemard, qui se souvient de lui ?
07:01 - Ah, c'est fantastique, qui était...
07:03 Que j'avais adoré dans un film avec Belmondo qui s'appelait "Le voleur",
07:06 où il était absolument fantastique.
07:08 - "Tricatelle dans la loupe à la cuisse".
07:10 - De Georges Darien.
07:11 - Oui, de Georges Darien.
07:12 Et puis, très, très bon livre.
07:14 Le livre étant meilleur que le film.
07:16 - Et dans "L'incorrigible", où il veut racheter le Mont-Saint-Michel.
07:20 - Antinéa !
07:21 - C'est un acteur avec des trouvailles, il fait des choses.
07:26 Ça, c'est un délice quand vous êtes
07:30 mettez en scène et que les...
07:32 Moi, je suis absolument amoureux des acteurs
07:35 parce que tout à coup, ils vous sortent
07:38 une espèce de chose où on écrit les choses,
07:42 mais on ne s'attend pas à ce qu'elles soient propulsées.
07:44 - C'est le cas du hockey, par exemple.
07:47 - C'est le cas du hockey.
07:47 - Vous le clavier à mis et vous l'écrivez très bien, d'ailleurs.
07:51 Et il a donné à ce hockey quelque chose d'invraisemblable.
07:56 - Oui, mais c'est parce que c'est comme...
07:58 Je prends souvent l'exemple, mais c'est comme le "Atmosphère" de Harlety,
08:03 qui est une réplique très, très, très banale, en vérité,
08:06 qui n'a aucun sens, d'ailleurs.
08:08 Et donc, je suis parce que j'ai la chance
08:11 étant un vieillard d'être né dans le cinéma, si vous voulez.
08:14 Donc, en fait, j'ai une vie de cinéma absolument gigantesque.
08:17 Donc moi, à trois ans, j'étais sur les genoux des acteurs.
08:20 - Votre père était un employé qui était un grand producteur.
08:23 - Et donc, j'ai...
08:26 - Vous étiez sur les genoux de qui ?
08:28 - J'étais sur ma marraine, qui était une femme sublime,
08:30 qui s'appelait Marie Déa, qui jouait dans "Les Visiteurs du soir",
08:32 qui était une beauté, en plus, une femme exquise
08:35 et qui m'a aussi, je pense, donné mon imagination,
08:39 parce que c'était une femme qui ne gagnait pas tellement sa vie.
08:43 Un coup, ça marchait, un coup, ça ne marchait pas,
08:46 ce qui est le problème des acteurs.
08:48 Et quand elle avait des sous, par contre, elle me faisait des cadeaux somptueux.
08:50 Sous-titrage Société Radio-Canada
08:52 [Musique]

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