• il y a 7 mois
Stéphane Blakowski reçoit Jean-François Lamour, ancien ministre des Sports et ancien sportif de haut niveau.Tout comme l'escrime, la politique est devenue un fil rouge de la vie de Jean-François Lamour. Séduit par l'envergure de Jacques Chirac après une rencontre fortuite aux Jeux-Olympiques de Los Angeles il se lance dans la campagne de 1995 pour rendre à son pays ce qu'il lui a donné. Il agit avec la même intensité et le même engagement que pour une préparation à une compétition d'escrime ; à une différence près c'est qu'en politique tous les coups sont permis. Il s'illustre et devient un pilier des gouvernements successifs de la présidence de Jacques Chirac qui l'impose à son premier ministre en 2002. En apprenant « sur le tas » comme il l'explique, il vit les victoires et les échecs politiques à la façon d'un sportif et finit par attraper « le virus » de la politique. Ainsi quand il quitte le gouvernement il décide de se lancer en tant qu'élu de terrain toujours dans cette volonté de découvrir et d'apprendre pour devenir le meilleur dans son domaine. En 1988, dans son discours de politique générale, Michel Rocard s'inquiétait déjà de la défiance croissante entre les citoyens et leurs représentants. Pour afficher sa volonté de "réconcilier l'État et la société civile", le nouveau Premier Ministre confiait donc le Ministère de la Santé au Professeur Schwartzenberg, une sommité en médecine mais un novice en politique. Neuf jours plus tard, l'éviction de Léon Schwartzenberg rappelait qu'on ne s'improvise pas ministre si facilement.La politique est-elle une vocation ou un métier ? Contrairement à ce que croient beaucoup de gens, disait Le Président Chirac en 2004, la politique n'est pas seulement une vocation, c'est aussi un métier qui demande une formation. Il justifiait ainsi l'éviction de tous les ministres de la société civile du nouveau Gouvernement Raffarin.Aujourd'hui, la question se pose avec la même acuité. Lors de sa première campagne, le candidat Macron s'était vanté de ne pas "être un professionnel de la vie politique". Pourtant, quasiment aucun ministre de la société civile ne figure dans le nouveau Gouvernement de Gabriel Attal ...Pourquoi est-il si difficile d'être ministre lorsqu'on est novice en politique ? Quatre personnalités ayant vécu cette expérience à différentes époques, nous livrent leurs témoignages : former un cabinet, organiser des déplacements, faire sa place dans un milieu encore surtout masculin, défendre ses projets à l'Assemblée, s'imposer dans les médias, le tout, sans avoir le temps de reprendre son souffle.Et si c'était le premier pas pour nous réconcilier avec nos responsables politiques ? Tenter de comprendre pourquoi il est si difficile pour un ministre d'être à la hauteur de sa fonction.Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5Suivez-nous sur les réseaux !Twitter : https://twitter.com/lcpFacebook : https://fr-fr.facebook.com/LCPInstagram : https://www.instagram.com/lcp_an/

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Transcription
00:00 *Musique*
00:25 - Bonjour Jean-François Lamoure. - Bonjour.
00:27 - Merci de m'avoir accepté l'invitation de LCP pour cette série d'entretiens consacrée aux ministres issus de la société civile.
00:33 Alors, dans cette série, il nous fallait absolument un grand champion devenu ministre des Sports,
00:37 puisque le ministère des Sports est un de ceux qui a le plus souvent été confié à quelqu'un issu de la société civile.
00:43 Donc, puisqu'on avait le choix, autant essayer d'obtenir le meilleur.
00:46 Vous êtes deux fois champion olympique des scrims au sabre, vous êtes champion du monde,
00:54 treize fois champion de France, donc un palmarès exceptionnel.
00:56 Et puis, en tant que ministre des Sports de Jacques Chirac, vous êtes quand même resté cinq ans en poste,
01:00 ce qui en soit est aussi un record de longévité pour un ministre des Sports.
01:04 Mais commençons par le début.
01:06 Vous ne seriez donc pas devenu ministre, en tout cas vraisemblablement pas si vous n'aviez pas été champion olympique.
01:12 Mais vous ne seriez pas devenu champion olympique si, pendant votre enfance, vos parents ne vous avaient pas inscrit un jour à les scrims.
01:18 Alors pourquoi les scrims ? Ils étaient scrimeurs ?
01:20 - Pas du tout.
01:23 Ma mère ni mon père n'étaient des sportifs.
01:26 Ma mère était institutrice, mon père avait commencé à travailler à 14 ans,
01:29 donc il avait charge de famille.
01:31 Son père était mort alors qu'il était très jeune.
01:34 Donc le sport n'était pas un des piliers de la vie quotidienne de ma famille.
01:41 Il se trouve que j'étais très turbulent à l'école, extrêmement turbulent,
01:45 dans le même établissement scolaire que ma mère,
01:47 et donc ses collègues venaient se plaindre régulièrement de mon comportement.
01:51 Et le pédiatre de la famille,
01:53 nous habitions à l'époque à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne,
01:57 lui a dit "écoutez, faites-lui faire de les scrims, pas trop pour le sport,
02:02 mais parce que le maître d'armes est un maître d'armes militaire".
02:04 Et en gros il va le cadrer.
02:06 Ça a mis un peu de temps, 3-4 ans à peu près.
02:10 Il appelait, le maître d'armes m'appelait, Augustin Parent, il appelait à la maison,
02:14 quand je venais pas à la salle, pourquoi il est malade, non, alors qu'il vienne.
02:18 - Vous y avez été un peu à reculons, vous n'êtes pas de l'anglais.
02:21 - Oui, oui, au début, c'était pas un sport qui me plaisait,
02:28 mais au fur et à mesure, je commençais à 7 ans,
02:32 et je me suis rendu compte que, instinctivement,
02:37 que ça allait être certainement le fil rouge de ma vie.
02:40 - Donc là vous avez déjà commencé à penser à un jour pouvoir des médailles ?
02:43 - Non, pas des médailles, mais me dire que, instinctivement,
02:47 ça serait certainement un des éléments qui allait me construire.
02:51 Grâce aussi à mon maître d'armes, et puis c'est vrai que progressivement,
02:55 j'ai commencé à avoir quelques bons résultats,
02:58 intégré l'équipe de France Junior, puis Senior à partir de 77.
03:03 - Alors pour ceux qui regardent, comme moi, les scrims,
03:06 une fois tous les 4 ans aux Jeux Olympiques, quand on voit le...
03:08 - C'est un tort !
03:09 - Je m'en doute, mais au moins je vous avoue,
03:12 on voit un sport, le sabre, je parle du sabre,
03:15 une grande intensité avec des assauts très brefs.
03:18 Quelles sont les qualités du sabreur ?
03:21 - Beaucoup d'explosivité, vous l'avez dit,
03:23 un match de sabre, contrairement au fleuret à l'épée,
03:26 c'est un match qui dure 2-3 minutes maximum,
03:29 des matchs en 10 touches, donc beaucoup d'explosivité.
03:33 Et je pense qu'une qualité qui m'a beaucoup servi par la suite...
03:38 - Même en politique ?
03:39 - Oui, même en politique, avec un rythme évidemment différent,
03:43 c'est le fait de s'adapter au jeu de l'adversaire,
03:48 mais très rapidement.
03:49 Si vous vous mettez une minute ou deux à comprendre le jeu de l'adversaire,
03:53 le jour de la compétition, vous êtes au vestiaire très vite.
03:56 Donc cette capacité d'adaptation, d'avoir toutes les antennes sorties,
04:01 et finalement de se rendre compte des forces et faiblesses du jour de votre adversaire...
04:05 - Là, vous avez déjà fait le tour de mon jeu, vous m'avez déjà...
04:08 - Parce que finalement, quand on arrive à un très haut niveau de compétition,
04:12 franchement, la technique, le physique, l'expérience,
04:16 tout se vaut d'un sportif à un autre.
04:19 Il faut donc trouver un peu ce qui fait la différence le jour J.
04:23 Il faut avoir un mental, un fort mental,
04:26 mais aussi cette capacité d'adaptation rapide à un élément,
04:31 un événement que vous n'aviez pas peut-être imaginé précédemment.
04:35 - J'imagine que vous avez ce mental de champion,
04:37 que vous êtes du genre qui déteste perdre et qui ne lâche rien ?
04:40 - Détester perdre, c'est sûr, c'est une évidence.
04:44 Chaque heure d'entraînement était aussi considérée par moi comme une heure de compétition.
04:49 Ça énervait beaucoup mes collègues,
04:51 mais je considérais l'entraînement avec la même intensité que la compétition.
04:57 Et ça, ça m'a vraiment forgé à la fois mon caractère,
05:01 ma façon de voir les choses, que ce soit ensuite, quand j'ai fait de la politique,
05:07 ou maintenant, quand je travaille à nouveau dans le privé auprès de Jackie Lorenzetti.
05:11 - On va parler de votre rencontre avec Jacques Chirac en 1984 au JO de Los Angeles.
05:15 Est-ce que vous étiez intéressé à la politique avant cette rencontre avec Chirac ?
05:18 - Je n'avais aucune sensibilité politique.
05:23 La seule que j'avais, c'était mon grand-père, qui avait fait Verdun,
05:28 et qui, quand il voyait le général de Gaulle à la télé, se levait.
05:31 En gros, il se mettait au garde-à-vous, c'était le gaullisme,
05:34 ça voulait dire quelque chose pour lui.
05:36 Mes parents n'étaient pas des militants, n'étaient pas syndiqués,
05:40 donc cette notion de la politique m'échappait.
05:44 Pas totalement, mais en tout cas, m'échappait.
05:46 J'avais vécu un mauvais moment, c'était pour les Jeux de 80 à Moscou.
05:54 Je ne sais pas si vous vous souvenez.
05:56 - Oui, il y a eu un boycott.
05:58 - Giscard d'Estaing, qui était à l'époque le président de la République,
06:01 a hésité très longtemps à envoyer une délégation française aux Jeux de Moscou.
06:06 J'avais mal vécu ça, parce que c'était mes premiers Jeux,
06:09 et je trouvais que c'était un peu gros de nous empêcher d'y aller.
06:12 Moi, je suis contre tout boycott en matière de JO.
06:15 J'avais fait quelques remarques dans la presse,
06:19 et ça m'avait valu un rappel à l'ordre d'un conseiller de Giscard,
06:23 qui était à l'époque conseiller budget,
06:26 un grand champion de Floride qui s'appelle Rodo Canacki.
06:29 Donc j'avais été appelé en me disant "écoute, t'es gentil,
06:32 mais il vaut mieux que tu te taises, en résumé".
06:34 C'était mon premier contact avec la politique.
06:37 - 184, vous avez 28 ans, donc vous descendez du podium,
06:40 où on vient de vous remettre votre médaille d'or,
06:42 et là, comme vous le dites, un grand type vous tape sur l'épaule.
06:45 - Le mêle, c'est très vivant encore, dans ma mémoire.
06:50 Je descends, alors vous imaginez,
06:52 je viens de gagner une première médaille d'or,
06:55 alors que le sabre, il y avait une grande disette
06:58 pendant quasiment plus de 80 années,
07:03 et puis sans même le voir, je sens cette main sur mon épaule,
07:08 et c'était Jacques Chirac qui était venu, avec Guy Druth d'ailleurs,
07:12 voir les Jeux, parce qu'il avait lancé une candidature
07:17 pour les Jeux de 1992, et puis il venait aussi voir
07:22 le bateau Ville de Paris, qui se préparait à San Diego.
07:25 - Alors cette première rencontre, qu'est-ce que vous avez ressenti ?
07:28 - C'est une révélation, parce que, en quelques mots,
07:32 j'ai senti qu'il ressentait ce que nous vivions à ce moment-là.
07:37 À la fois la fierté, le travail accompli,
07:41 une sorte de grande sérénité, de tension qui...
07:45 C'est un peu idiot, tout ça, en quelques secondes.
07:49 - Je me demandais quels sont les mots qui vous ont marqué,
07:51 vous avez convaincu que Chirac n'était pas un homme politique ?
07:54 - C'est pas les mots, c'est le regard, c'est le geste
07:57 que j'ai retrouvé tout au long des années que j'ai passées à côté de lui.
08:02 C'est quelqu'un qui était très proche des gens,
08:05 qui, je pense, ressentait sans trop parler ce que nous pouvions vivre,
08:10 pas simplement à ma tête, mais je pense n'importe quel Français.
08:14 Et ça m'a amené, effectivement, petit à petit,
08:17 à m'intéresser à ce qu'il faisait.
08:19 - À rester en contact avec lui.
08:20 - À rester, entre guillemets, comme tuteur Guy Druth,
08:23 qui était à l'époque son adjoint au sport.
08:26 Et donc, de fil en aiguille...
08:28 - On s'enchaîne, en 88, vous êtes de nouveau médaille d'or,
08:32 à Barcelone, vous êtes porte-drapeau,
08:35 vous êtes à nouveau sur le podium olympique,
08:38 mais là, vous avez 36 ans, c'est la fin de votre carrière,
08:41 vous envisagez votre reconversion,
08:43 puisque vous êtes formé comme kinésithérapeute.
08:45 Avant de partir, vous vous installez à Lyon,
08:48 où tout était prêt pour commencer une nouvelle vie.
08:50 - Qu'est-ce qui se passe ?
08:51 - C'est Jacques Chirac, maire de Paris,
08:53 qui voit son conseiller sport, qui s'appelait à l'époque
08:56 Henri Boerio, lui aussi médaillé aux Jeux, en gymnastique,
09:00 qui s'en va, qui va vers d'autres fonctions,
09:03 et il me dit "Est-ce que tu voudrais bien être mon conseiller au sport ?"
09:07 Je n'y connaissais absolument rien,
09:09 donc j'hésite, avec à l'époque mon épouse,
09:12 qui, elle, était lyonnaise,
09:14 et en une demi-journée à peu près, le lendemain,
09:17 je lui dis "Monsieur, OK, je vous rejoins."
09:20 Donc j'ai appris sur le tas.
09:22 - Vous l'appeliez "Monsieur" ?
09:23 - Oui, j'ai toujours appelé "Monsieur",
09:25 et lui me tutoyait, moi je le lui voyais,
09:27 bon, ça, c'est des codes, on était bien l'un et l'autre comme ça.
09:30 Et donc tous les soirs,
09:32 je rentre dans une période assez compliquée pour lui,
09:36 puisqu'on est en 94, fin 93, début 94,
09:40 on sent qu'Edouard Baladieu va se lancer également
09:43 dans la présidentielle,
09:45 on sent aussi beaucoup de gens qui s'éloignent de Jacques Chirac,
09:48 les sondages sont au plus bas,
09:50 et moi je me lance, parce que, encore une fois,
09:53 je trouvais que cet homme d'Etat était assez extraordinaire,
09:58 et je m'étais dit à un moment donné,
10:00 comment est-ce que je vais rendre au pays ce que le pays a pu m'apporter ?
10:03 Il m'a aidé, la France m'a aidé,
10:06 l'esclime est un sport où on ne gagne pas d'argent,
10:08 donc l'esclime m'a aidé tout au long de ma carrière,
10:11 et comment est-ce que je vais pouvoir rendre à mon pays ce qu'il a pu m'apporter ?
10:14 Et je me suis dit, c'est la belle opportunité, une belle aventure.
10:17 - Vous qui venez du sport de haut niveau,
10:19 qu'est-ce qui vous a le plus surpris quand vous avez débarqué en politique
10:22 au cabinet de Chirac à la mairie de Paris ?
10:24 - C'est des codes évidemment différents,
10:26 un rythme de prise de décision différent,
10:29 sauf qu'on était en pleine préparation de la présidentielle,
10:33 donc je me suis retrouvé finalement dans un rythme
10:36 qui était celui de la préparation d'un grand rendez-vous sportif.
10:38 La même intensité, le même engagement,
10:41 les mêmes réunions où il fallait décider, s'organiser.
10:45 En gros, j'avais le sentiment de repartir pour un tour
10:51 avec une autre forme de compétition,
10:53 une autre forme d'engagement,
10:55 et puis j'ai appris.
10:57 - Je ne sais pas si vous vous maintenez à ces propos,
10:59 mais une différence qui vous avait frappé avec le sport,
11:03 c'est qu'en politique, vous avez dit,
11:05 tous les coups sont permis, il n'y a pas de règle.
11:07 - Pas de règle, aucune règle en politique,
11:09 vous pouvez trahir celui avec qui vous avez fait un bout de parcours,
11:14 sans coup faire rire.
11:16 Et l'autre élément qui m'a beaucoup marqué dans la relation en politique,
11:22 c'est que vous ne voyez jamais votre adversaire.
11:24 Moi, j'avais en face de moi, à chaque compétition d'escrime,
11:27 mes adversaires, en plus dans un cadre très délimité,
11:31 une piste d'escrime, elle fait 14 mètres sur 2,50 à peu près,
11:35 et en politique, vous ne voyez jamais votre adversaire.
11:38 Vous n'êtes jamais quasiment confronté à lui.
11:41 Il y a une fois ou deux, dans la présidentielle, un débat,
11:45 mais moi, en tant que député,
11:47 parce qu'ensuite, j'ai été député,
11:49 vous n'avez quasiment jamais un débat face à votre adversaire.
11:51 Ca, c'est assez difficile à vivre,
11:53 de ne pas avoir son adversaire en face.
11:55 Et l'autre problème en politique, par rapport au sport,
11:58 c'est que par définition, en politique,
12:00 vous avez à peu près 50 % des gens qui vous aiment pas.
12:03 Alors, en gros, vous essayez que ce soit un peu moins de 50 %,
12:06 un peu moins qui vous aiment pas,
12:09 un peu moins, mais en gros, c'est 50-50, quelque chose près.
12:13 Et ça aussi, c'est assez compliqué à vivre,
12:15 quand on a une carrière de sportif, où, en général,
12:19 avec les résultats que vous apportez au pays,
12:22 on vous apprécie plutôt, on vous aime plutôt.
12:26 Là, vous vous dites, il y a quand même 50 % des gens
12:29 qui vont vous regarder d'un air un peu tord,
12:32 en vous disant "il est pas bon",
12:34 ou "c'est pas ma vision de la politique,
12:36 et donc je n'adhère pas à ces idées".
12:39 - Vous dites que tous les coups sont permis en politique.
12:42 Il y a une époque où il y a eu des affaires d'emplois fictifs
12:45 à l'Amérique de Paris,
12:47 Girard a quand même été au tribunal pour ça.
12:49 Vous, on ne vous a jamais demandé de franchir la ligne jaune ?
12:52 - Non, non, non, non, non.
12:54 D'ailleurs, bon, évidemment, je remets pas en cause le jugement,
12:57 mais quand on se souvient des articles qui pouvaient sortir
13:00 avec des centaines d'emplois fictifs,
13:02 quand on voit comment ça s'est terminé,
13:04 il faut faire la part des choses en politique,
13:06 y compris au niveau des journalistes,
13:08 tous les coups sont permis, y compris en politique.
13:10 Donc, vous voyez, là aussi,
13:12 je crois qu'il faut faire la part des choses.
13:14 Moi, le regard que j'avais de Jacques Girard,
13:16 c'est la question que vous me posez,
13:18 c'était encore quelqu'un qui était extrêmement proche des Français.
13:22 Je crois qu'ils ressentaient leurs difficultés,
13:24 leurs objectifs.
13:26 Alors, tout n'a pas été parfait, évidemment,
13:28 mais pour n'importe quel homme ou femme politique,
13:30 c'est le cas,
13:32 mais je trouvais qu'il était un vrai chef d'Etat.
13:35 En tout cas, un chef d'Etat qui correspond bien
13:37 à ce qu'attendent les Françaises et les Français
13:39 du plus haut niveau en matière de gouvernance de la France.
13:44 - Vous le dites, en 95, Chirac est élu face à Jospin,
13:48 et donc il ne vous propose pas de devenir ministre,
13:50 pas encore, mais en revanche, pendant 7 ans,
13:52 vous allez devenir son conseiller à l'Elysée.
13:56 Est-ce que ça a été une période de formation politique pour vous aussi ?
14:00 - Exactement ça. Je pense que j'aurais beaucoup moins bien réussi
14:04 mon parcours de ministre si je n'avais pas eu ces 7 années
14:09 auprès de lui comme conseiller à l'Elysée,
14:12 surtout que c'était 2 ans où Alain Juppé était Premier ministre,
14:16 donc 2 ans de... 2 années d'action politique
14:20 avec un chef d'Etat et un Premier ministre
14:23 du même bord politique, et ensuite 5 ans...
14:25 - De cohabitation. - De cohabitation.
14:27 Et là, vous apprenez très bien votre métier,
14:30 parce qu'il faut effectivement parer des coups,
14:33 trouver des initiatives, aller chercher l'info,
14:35 parce qu'évidemment, la ministre en place,
14:38 que je respecte beaucoup, Marie-George Buffet,
14:40 ne passait strictement aucune information,
14:42 mais c'est de bonne guerre, et c'est de bonne guerre.
14:44 Encore une fois, on a beaucoup de respect l'un et l'autre,
14:48 et elle a fait un grand travail.
14:50 Mais enfin, la réalité, c'était qu'on était sevrés d'informations,
14:53 et là, ça a été très formateur,
14:55 et je pense que ça m'a mis dans les meilleures conditions possibles
14:58 quand, effectivement, entre les deux tours de 2002,
15:01 Jacques Chirac m'a proposé de devenir ministre.
15:03 - Est-ce que vous avez des souvenirs, des conseils
15:05 que vous aurez à donner à Jacques Chirac,
15:07 qui vous sont restés pour toujours ?
15:09 - Aucun, aucun.
15:11 Alors, ce n'était pas qu'à moi, d'ailleurs.
15:13 Le seul qu'il pouvait nous dire, c'est
15:15 "Ne traînez pas trop dans les émissions
15:17 "de deuxième partie de soirée,
15:19 "qui sont plutôt des émissions
15:21 "où on veut amuser le téléspectateur.
15:23 "Concentrez-vous sur vos objectifs,
15:25 "soyez vous-même, appliquez le programme
15:27 "que vous vous êtes fixé, et ça ira bien."
15:29 C'est à peu près ce qui s'est passé pendant 5 ans,
15:31 donc je n'ai pas à me plaindre.
15:33 - Alors, malgré tout, pendant cette période,
15:35 il y a un moment qui a marqué tous les Français,
15:37 c'est 1998, la Coupe du monde de football.
15:39 Vous étiez aux premières loges.
15:41 Conseiller sport de Chirac pour vivre cet événement,
15:43 ça doit laisser des souvenirs.
15:45 - J'ai beaucoup appris de cette période de la part de Jacques Chirac,
15:47 parce qu'il a été celui qui, par exemple,
15:49 dès janvier 1998,
15:51 là où aimait Jaquet et l'équipe de France,
15:53 était quand même très, très, très critiqué,
15:55 par l'opinion publique,
15:57 par la presse en général,
15:59 l'équipe en particulier aimait la presse.
16:01 Je me souviendrai toujours, on avait inauguré
16:03 le Stade de France le 28...
16:05 Vous voyez, j'ai les dates en tête.
16:07 Le 28 janvier 1998,
16:09 il faisait d'ailleurs un froid de gueux,
16:11 et Jacques Chirac, à l'issue du match,
16:13 était allé voir cette équipe,
16:15 qui était encore une fois fortement critiquée.
16:17 C'est Zidane, d'ailleurs, qui avait marqué le but
16:19 ce jour-là,
16:21 et en rentrant,
16:23 j'étais dans sa voiture, en rentrant vers l'Elysée,
16:25 il me dit "écoute, cette équipe,
16:27 "je la sens bien, donc tous les mois,
16:29 "on va appeler Aimé Jaquet,
16:31 "et je vais discuter avec lui,
16:33 "de savoir comment ça va."
16:35 Et tous les mois, entre janvier et le mois de juin,
16:37 où on est allé les voir à Clairefontaine,
16:39 juste avant le premier match,
16:41 eh bien, on a appelé Aimé Jaquet.
16:43 Je pense que ça a fait du bien à Aimé Jaquet,
16:45 qui était quand même fortement attaqué.
16:47 Et il n'y avait pas de calcul,
16:49 vous voyez ce que je veux dire,
16:51 il ressentait.
16:53 C'est ce qui l'a fait être
16:55 beaucoup apprécié des sportifs.
16:57 En gros, les sportifs n'avaient pas le sentiment
16:59 d'être des marionnettes face à Jacques Chirac,
17:01 et c'est ce qui a permis, d'ailleurs,
17:03 après leur victoire,
17:05 quand ils sont venus se faire décorer
17:07 de la Légion d'honneur
17:09 par le président, il n'y a pas eu
17:11 un mot d'opposition à ça,
17:13 quel que soit le sportif,
17:15 quel que soit le joueur de football.
17:17 - En 2002, Chirac est réélu,
17:19 mais même avant d'être réélu,
17:21 je crois que vous êtes l'un des premiers
17:23 à qui il a proposé d'entrer
17:25 dans son gouvernement, ce soir du premier tour.
17:27 - Ça a fait partie des grandes surprises
17:29 de ma vie, ma vie en général
17:31 et ma vie politique.
17:33 - Racontez-nous les circonstances.
17:35 - Il se trouve que
17:37 quelques mois avant,
17:39 Renaud Muselier, que j'appréciais
17:41 et que j'apprécie toujours beaucoup,
17:43 souhaitait finalement
17:45 devenir ministre.
17:47 Il m'avait dit "écoute, j'aimerais bien
17:49 que tu me fasses rencontrer
17:51 ceux qui comptent dans la vie sportive
17:53 de notre pays."
17:55 J'avais demandé à Jacques Chirac
17:57 si c'était OK, il m'avait dit "oui".
17:59 Et effectivement, j'étais
18:01 extrêmement surpris qu'entre les deux tours,
18:03 je rappelle qu'on était face à...
18:05 - Le Pen, Jean-Marie.
18:07 - Jean-Marie Le Pen. Chirac me dit
18:09 "bien, monte me voir."
18:11 Et je lui dis "écoute,
18:13 je pense à toi pour être ministre des sports."
18:15 À l'époque, uniquement sport.
18:17 Il y avait les jeunesses civiles associatives,
18:19 un peu plus tard. - Votre réaction ?
18:21 - J'allais te dire
18:23 "écoutez, bien monsieur,
18:25 mais qu'est-ce que je fais de Muselier ?"
18:27 Il me dit "Muselier, t'inquiète pas,
18:29 on verra bien."
18:31 Et il me dit "écoute, tu réfléchis,
18:33 dans ces cas-là, on réfléchit assez vite,
18:35 je ne sais pas si vous voyez."
18:37 Et donc ça a été aussi
18:39 une expérience assez incroyable.
18:41 - Là, dans votre récit,
18:43 vous avez fait ça, il vous a dit
18:45 "va voir Raffarin pour commencer."
18:47 - Voilà, que je connaissais peu, j'avais dû le croiser
18:49 une fois ou deux. - Qui est le premier ministre qu'il avait choisi ?
18:51 - Qui était le premier premier ministre,
18:53 ensuite il y a eu le 8-20.
18:55 Très bien, ça s'est vite passé,
18:57 puisque Raffarin m'a dit
18:59 il m'a vouvoyé au début,
19:01 il me dit "le président vous a choisi,
19:03 donc vous êtes mon ministre des sports."
19:05 Donc ça s'est fait en 5-10 minutes.
19:07 - Et lui, il n'avait pas prévu qu'il nous nommait quelqu'un d'autre ?
19:09 - Je pense qu'on s'apprécie bien
19:11 avec Jean-Pierre, quelqu'un que
19:13 j'ai appris à connaître et c'est réciproque,
19:15 mais c'est vrai qu'au début, je pense qu'il aurait
19:17 certainement, avec les équilibres politiques
19:19 nécessaires à la constitution d'un gouvernant,
19:21 peut-être pensé à un autre profil.
19:23 Mais à partir du moment où le président lui
19:25 demande... - Parce que le ministre des sports,
19:27 c'est parfois ce qu'on appelle un ministre d'ajustement,
19:29 on le confie. - Ça peut arriver.
19:31 Mais je pense qu'avec Jacques Chirac,
19:33 c'était différent,
19:35 il avait nommé Druth,
19:37 vous vous souvenez, de 1995
19:39 à 1997, je pense qu'il avait
19:41 envie que ce soit
19:43 une femme
19:45 ou un "homme de l'art"
19:47 qui devienne ministre des sports.
19:49 - Quand on devient ministre,
19:51 quand on entre au gouvernement de la France,
19:53 est-ce qu'on éprouve la même fierté que lorsqu'on gagne
19:55 une médaille d'or pour la France ? - Je vais vous dire,
19:57 avant la fierté, c'est la trouille,
19:59 parce que le jour où
20:01 je suis nommé, enfin,
20:03 quelques jours plus tard, on a une finale
20:05 de Coupe de France, Bastia-Lorient,
20:07 Marseillaise sifflée,
20:09 le président qui refuse de descendre
20:11 salier les Jeux à cause des sifflets
20:13 de la Marseillaise, etc.
20:15 Donc là, on apprend sur le tas,
20:17 on n'est plus conseiller, on n'est plus dans l'ombre,
20:19 on est vraiment en première ligne,
20:21 et donc j'ai appris très vite aussi, là,
20:23 avec encore une fois beaucoup de tensions,
20:25 et après, l'avantage,
20:27 c'est que j'avais vraiment la confiance du président,
20:29 un budget correct, 5 ans
20:31 pour appliquer le programme
20:33 que j'avais contribué
20:35 à constituer
20:37 pour ce deuxième mandat.
20:39 - Vous avez écrit
20:41 pour Rodomy-Ausselier, que finalement,
20:43 vous avez mis en oeuvre vous-même,
20:45 lors du premier conseil des ministres,
20:47 vous étiez dans vos petits souliers,
20:49 ou vous étiez tout à fait à votre place ?
20:51 - C'est très impressionnant,
20:53 d'ailleurs, il n'y a pas une mouche qui vole,
20:55 parce que je pense que Chirac souhaitait
20:57 effectivement, certainement,
20:59 en me rappelant comment se déroulaient
21:01 les conseils des ministres
21:03 du temps de De Gaulle,
21:05 donc c'était très protocolaire,
21:07 si on ouvrait la bouche, il fallait l'ouvrir
21:09 à bon escient, sinon on se faisait ramasser,
21:11 donc c'était à la fois impressionnant
21:13 de rentrer dans ce salon,
21:15 le salon Murat, vraiment.
21:17 Là, je ne vous cache pas qu'il y a
21:19 beaucoup d'émotions, c'est des émotions
21:21 qui valent celles de l'obtention
21:23 d'une médaille au jeu,
21:25 le sentiment d'avoir fait
21:27 quelque chose, un peu comme
21:29 une médaille d'or, d'avoir fait
21:31 quelque chose de A jusqu'à Z, et d'arriver
21:33 dans ce lieu, je pensais
21:35 aussi à mes parents,
21:37 je pense que mes parents sont venus
21:39 à plusieurs reprises
21:41 à l'Elysée, je pense que c'était
21:43 pour eux aussi une grande fierté, on pense aussi
21:45 assez proche à ce moment-là.
21:47 - En tant que ministre, on doit négocier
21:49 chaque année son budget, lorsque vous avez négocié
21:51 votre premier budget avec Bercy,
21:53 est-ce que vous avez obtenu ce que vous voulez ?
21:55 - Ça a été difficile,
21:57 c'était Alain Lambert,
21:59 il y a eu,
22:01 comme on dit en politique,
22:03 des échanges francs,
22:05 et puis finalement,
22:07 ensuite les arbitrages qui sont souvent ceux
22:09 de Matignon et un peu de l'Elysée,
22:11 ont fait que j'ai pu... - Vous aviez le soutien de Chirac, ça comptait,
22:13 un soutien politique quand on est ministre.
22:15 - On le veuille ou non, ça aide, c'était pas faire un jure
22:17 à Alain Lambert, mais c'est vrai
22:19 que ça a beaucoup aidé, mais
22:21 c'était pas maintenir un budget pour maintenir un budget,
22:23 c'est maintenir un budget parce qu'on avait
22:25 des projets à faire valoir,
22:27 je pense à un en particulier,
22:29 c'était par exemple de rénover de fond en comble
22:31 l'Institut national des sports,
22:33 qui était en piteux état,
22:35 qui était en très, vraiment très, très, très
22:37 mauvais état, il était menacé de fermeture,
22:39 quand je vois aujourd'hui
22:41 nos grands champions se préparer à l'INSEP
22:43 dans les meilleures conditions possibles,
22:45 je me dis que ça a servi à quelque chose.
22:47 - La fierté, des moments peut-être difficiles,
22:49 moi j'ai pensé qu'en 2005,
22:51 quand c'est Londres qui a été chouette
22:53 et plutôt que Paris,
22:55 c'est un peu le pire moment pour vous ?
22:57 - En 2005, pour moi, c'est une blessure
22:59 qui reste ouverte, mais je ne vous cache pas
23:01 que cette candidature
23:03 qui n'était pas la première,
23:05 que nous avions perdue, parce que je rappelais
23:07 que Jacques Chirac avait candidaté pour
23:09 92, on avait eu également
23:11 2004, Lille,
23:13 c'est un très, très, très,
23:15 très, très mauvais moment pour moi
23:17 en tant que ministre, on avait quand même porté
23:19 une très jolie candidature,
23:21 on s'est un petit peu laissé aller,
23:23 on a pensé que c'était gagné, et Londres est revenu
23:25 très, très vite dans les derniers mois,
23:27 c'était assez violent
23:29 comme résultat, très, très violent.
23:31 - Donc vous avez passé 5 ans
23:33 au gouvernement, vous êtes un des ministres
23:35 qui a marqué ce poste avec, vous le disiez vous-même,
23:37 Marie-George Buffet,
23:39 quand en 2007, Sarkozy
23:41 succède à Chirac, est-ce qu'il vous sollicite
23:43 ou est-ce que vous le sollicitez avec l'expérience
23:45 que vous avez là ?
23:47 - Moi, j'avais fait mon temps,
23:49 je trouvais,
23:51 j'avais aussi testé ma capacité
23:53 à vouloir être un élu
23:55 de terrain, j'avais déjà été conseiller
23:57 régional, et j'avais
23:59 vraiment envie de tenter l'expérience
24:01 de la députation, donc j'avais
24:03 trouvé cette circonscription, la 13e,
24:05 en gros, c'est le
24:07 15e sud,
24:09 entre la rue de la Convention
24:11 et la porte de Versailles, pour essayer
24:13 de montrer une circo
24:15 qui me correspondait bien, des quartiers
24:17 un peu chics,
24:19 et puis des quartiers assez
24:21 populaires sur la partie sud
24:23 de l'arrondissement.
24:25 Je sentais que pour moi, il était temps
24:29 vraiment de m'engager
24:31 sur... - Mais vous n'avez pas eu envie, une question
24:33 qu'on peut se poser, c'est de tourner définitivement la page
24:35 de la politique, après avoir été ministre ?
24:37 - Non, parce que je ressentais le besoin de continuer
24:39 en politique, j'avais le virus,
24:41 j'avais vraiment envie de continuer
24:43 sous une autre forme. Ce qui est bizarre,
24:45 c'est qu'en arrivant à l'Assemblée, j'ai souhaité
24:47 en revanche ne plus du tout
24:49 m'occuper de dossiers sportifs.
24:51 Je me suis dit, là, j'ai fait le tour,
24:53 vraiment, de, vous voyez, 7 ans
24:55 conseiller à l'Elysée, 2 ans à la Ville de Paris,
24:57 7 ans à l'Elysée, 5 ans ministre,
24:59 il faut que je fasse, il faut que je découvre
25:01 autre chose. - Vous voulez plutôt devenir
25:03 ministre d'autre chose ? - Non,
25:05 après, il faut avoir des
25:07 compétences et une expérience.
25:09 Alors je cherchais,
25:11 j'ai trouvé avec
25:13 tout ce qui était défense,
25:15 défense nationale, j'ai trouvé
25:17 vraiment un secteur
25:19 humainement passionnant,
25:21 humainement passionnant, avec des
25:23 femmes et des hommes qui
25:25 gèrent nos sujets de défense nationale,
25:27 qui sont vraiment passionnants, et j'ai trouvé
25:29 là aussi le
25:31 moyen de poursuivre.
25:33 Tout à l'heure, vous me demandiez
25:35 ce que l'esprit m'avait pu m'apporter,
25:37 cette capacité
25:39 toujours de se remettre en question et d'aller
25:41 chercher de nouveaux secteurs pour
25:43 apprendre, pour mieux
25:45 comprendre, avec
25:47 ces sujets de défense nationale, j'étais dans
25:49 mon élément. Je découvrais un secteur
25:51 et j'apprenais,
25:53 j'apprenais vite,
25:55 je me concentrais sur cet
25:57 apprentissage et ça m'a vraiment
25:59 beaucoup, beaucoup plu. Il y a un homme
26:01 que je remercie également,
26:03 c'est Gilles Carez, qui en a,
26:05 quand je suis arrivé à l'Assemblée, m'a dit "écoute, j'ai besoin
26:07 d'un profil comme toi
26:09 à la Commission des Finances".
26:11 J'ai dit "mais j'y connais rien",
26:13 il m'a dit "non, mais justement, ça me va bien,
26:15 j'ai besoin que tu m'apportes un
26:17 oeil différent, de part ton expérience,
26:19 et j'ai vécu, en tout cas
26:21 mon premier mandat, tout en m'occupant
26:23 des sujets de défense, à la Commission
26:25 des Finances, ça a été vraiment
26:27 passionnant et je le dois vraiment à Gilles Carez.
26:29 - Une dernière question, Jean-François Lamour,
26:31 celle qu'on a posée à chacun de nos invités.
26:33 Pendant 5 ans, vous avez
26:35 participé au gouvernement de la France,
26:37 alors je vous demande, quelles sont les 3 qualités
26:39 indispensables pour être un bon ministre ?
26:41 - On n'arrive pas de la société
26:43 civile
26:45 sans un minimum d'expérience de la
26:47 chose politique, sinon c'est extrêmement
26:49 compliqué. - Un peu d'expérience politique,
26:51 première qualité ? - C'est indispensable.
26:53 Il ne faut pas avoir peur
26:55 de constituer son cabinet avec des profils
26:57 assez radicalement
26:59 différents avec le sien,
27:01 donc avoir un cabinet
27:03 qui vous arme,
27:05 qui vous protège, bien sûr, mais qui vous
27:07 arme, parce que là aussi, les codes
27:09 sont compliqués,
27:11 et puis la troisième, et ça, ça va bien,
27:13 c'est la persévérance,
27:15 la longévité, donc
27:17 un ministre qui est ministre
27:19 un an d'un portefeuille,
27:21 il ne fait pas le job, il fait de la com,
27:23 il n'y arrivera pas. Avoir
27:25 la longévité, je l'ai eu grâce à Chirac,
27:27 donc la persévérance
27:29 dans l'action, la persévérance,
27:31 parce que l'administration française
27:33 est une belle administration, mais pour la faire
27:35 bouger, il faut vraiment
27:37 avoir un certain tonus,
27:39 et aussi de la persévérance,
27:41 donc je pense que ces trois éléments-là
27:43 sont indispensables.
27:45 Après, il faut savoir l'exprimer,
27:47 parce que si vous êtes ministre
27:49 sans communiquer,
27:51 malheureusement, vous faites peut-être du bon
27:53 travail, mais les Français ne le savent pas.
27:55 On pourrait rajouter également
27:57 cette capacité à bien communiquer,
27:59 mais pour communiquer, il faut être légitime.
28:01 - Merci beaucoup, Jean-François Lamorne.
28:03 - Merci.
28:05 ...

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