• il y a 7 mois

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Transcription
00:00 Sur les 4 premiers mois de l'année, les urgences de Laval ont été fermées ou régulées environ 50 nuits.
00:07 La régulation se ferait également en journée. Stéphanie Deneuveau, vous recevez celle qui fait ce constat.
00:12 L'ex-chef des urgences de Laval et fondatrice du mouvement des Gilets Blancs.
00:16 Bonjour Caroline Brémeau. Bonjour Stéphanie.
00:19 50 nuits sans urgence à Laval sur 4 mois, alors j'ai pris ma calculette, ça fait près d'une nuit sur deux. On n'a jamais vu ça ?
00:26 Non, la situation s'aggrave et la communication sur la situation disparaît aussi.
00:33 Ça veut dire que vous n'avez plus de communication avec la direction là-dessus ou que la direction ne communique plus au grand public les nuits de fermeture ?
00:41 La communication vers l'extérieur n'existe plus. Évidemment avec la direction il y a une communication en interne, le travail se fait main dans la main.
00:49 C'est indispensable et heureusement que cette communication existe parce que c'est nécessaire et vital pour l'hôpital.
00:56 Mais une décision a été prise de ne plus communiquer vers l'extérieur.
01:00 De ce qu'on m'avait dit la dernière fois qu'on en a parlé, c'était que des fois les dates qui étaient données n'étaient pas finalement celles qui étaient faites.
01:10 Parce que la veille pour le lendemain on trouve un remplaçant, donc finalement on arrive à ouvrir complètement.
01:16 Ou finalement on a un arrêt inopiné, on ferme ou alors il y a un arrêt inopiné dans un autre établissement.
01:22 Et donc on change la stratégie pour qu'il y ait au moins deux services d'urgence d'ouvert.
01:27 Donc c'était pas forcément le reflet de la réalité.
01:30 Mais moi je pense qu'on pourrait faire une communication régulière à posteriori sur la fin de chaque mois.
01:35 Pour que les gens continuent de se rendre compte que la situation elle est grave, elle existe et même elle s'aggrave.
01:42 Puisque depuis les quatre premiers mois on a fait quelques journées où on a filtré les entrées.
01:48 C'est à dire la journée, non plus la nuit.
01:50 Alors des fois on a commencé, au lieu de commencer à 18h30, on a commencé à 15h30.
01:55 Mais il y a des fois où on a commencé aussi dès le matin.
01:57 Et là au mois de mai on a eu un arrêt inopiné d'un praticien.
02:00 Et donc il y a eu beaucoup de journées qui ont été régulées.
02:05 Pourquoi ça ne marche pas ?
02:08 C'est parce qu'il y a encore moins de médecins urgentistes ou que certains prennent des arrêts maladie ?
02:13 Alors nous on a eu deux départs qui ont été effectifs au mois de mai.
02:17 On a deux médecins qui ont changé de spécialité.
02:21 Crise de vocation, compte tenu des conditions de travail difficiles, épuisés.
02:26 Et vous n'arrivez pas à faire venir d'autres médecins ?
02:29 Si, on a des bonnes nouvelles en perspective.
02:33 Mais compte tenu...
02:35 On a un recrutement pour le mois de septembre d'un jeune praticien qui a été diplômé l'année dernière.
02:43 Qui a pris une année pour faire des remplacements à droite à gauche.
02:46 Et qui a choisi de s'installer chez nous et de venir chez nous.
02:49 Donc c'est une excellente nouvelle, c'est un praticien de grande qualité.
02:51 Mais ça ne compense pas déjà les deux départs.
02:54 Et la crainte aussi c'est compte tenu des conditions de travail qui sont difficiles.
02:59 C'est qu'on risque d'essuyer aussi d'autres départs d'ici là.
03:03 Alors le fameux "J'ai acheté la coopération entre les trois gros hôpitaux Mayennais"
03:08 devait arranger les choses ?
03:10 C'est ce qui a été prévu et finalement ce n'est pas le cas ?
03:14 Non ce n'est pas le cas.
03:15 En tout cas à mon niveau je n'ai pas de visibilité par exemple sur l'été au niveau des trois hôpitaux.
03:22 Il n'y a pas forcément de coordination évidente.
03:26 On sait que tous les jeudis les urgences de Mayenne sont régulées.
03:29 Donc on sait que tous les jeudis les urgences de Laval sont forcément ouvertes.
03:33 Ça c'est une certitude.
03:35 De plus en plus souvent il n'y a plus de médecins dans le véhicule du SMUR de Château-Gontier
03:39 parce qu'ils privilégient eux l'ouverture de leurs urgences.
03:42 Mais au-delà de ça, je n'ai pas plus d'informations à vous donner et d'informations coordonnées.
03:48 Et à mon niveau, avec mes calculs que je fais moi-même, le planning de l'été va être extrêmement compliqué.
03:55 Ça signifie quoi pour le patient ?
03:58 Ça veut dire qu'il peut se passer un drame ?
04:01 Est-ce qu'il y en a déjà eu et on n'est pas au courant ?
04:03 Des drames à ma connaissance il n'y en a pas.
04:06 Mais il y a des retards de prise en charge et ça peut être dramatique sur le moyen et long terme.
04:11 Et puis ce qui est compliqué c'est que par exemple là au mois de mai on a été en régulation 36 heures d'affilée deux fois dans la même semaine.
04:19 Ce qui fait que notre stratégie d'habitude de reconvoquer les gens pour le lendemain matin,
04:22 le lendemain on continue à être en régulation donc c'est compliqué.
04:26 Les gens ne comprennent pas du tout pourquoi on leur demande de faire 30 km de plus.
04:31 Parce qu'en fait on ne parle plus des urgences depuis plusieurs mois.
04:35 Donc les gens se sont certainement imaginés que ça allait mieux.
04:38 Mais partout en France, je peux vous dire que ce soit les urgences, la psychiatrie, la pédiatrie,
04:42 ce sont des spécialités qui sont extrêmement en tension.
04:45 Et dans la médecine de ville, les infirmiers libéraux, les cliniques,
04:49 il y a plein de spécialités, c'est compliqué aussi et c'est national.
04:53 Merci Caroline Brémeau, je rappelle que vous êtes la fondatrice du mouvement des Gilets Blancs
04:58 et ex-chef des urgences de Laval. Merci d'avoir été notre invitée ce matin.
05:03 Une interview que vous pouvez réécouter, pas de problème.

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