La Nouvelle-Calédonie n’en finit plus de se déchirer : les pillages succèdent aux violences avec, des habitants qui subissent de plein fouet ce climat de guerre civile. Malgré la tension et les risques, certains d’entre eux ont accepté de filmer pour nous leur angoissant quotidien.
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00:00 C'est un spectacle de désolation qui se révèle chaque jour un peu plus dramatique.
00:09 Les enseignes détruites, calcinées, ne se comptent plus.
00:17 Carrefour Kenwin s'est fait complètement piller.
00:24 Partout sur le territoire, des magasins mis à sac.
00:35 Après les émeutiers, ce sont les habitants des quartiers qui viennent se servir au milieu des décombres pour récupérer ce qu'ils peuvent et tenir le siège en attendant le retour au calme.
00:49 -Donc là, on va se diriger au rond-point pour espérer avoir du pain. Apparemment, il y a une file devant. Donc voilà.
01:00 -Donc, c'est vraiment le manque alimentaire qui va nous arriver. Les pharmacies qui ont été pillées, voire incendiées. Donc demain, nous n'aurons plus de médicaments, nous n'aurons plus de nourriture et nous n'aurons plus non plus de locaux pour pouvoir vendre ces nourritures.
01:15 Les émeutes ont éclaté soudainement. La population a été prise de court et n'a pas pu anticiper ni s'organiser.
01:23 -C'est arrivé tellement rapidement qu'on n'a pas eu le temps de faire des courses.
01:27 Karine, une mère de famille, a filmé pour nous ses réserves de nourriture qui s'amenuisent.
01:33 -Lundi, on a été pris au dépourvu. Donc ça va être très compliqué. Le congélateur, c'est pareil. Donc voilà. On est 8 dans cette famille avec des enfants.
01:44 -Notre réserve d'eau, c'est tout ce qui nous reste. On avait le double il y a 2 jours. Là, pareil, il n'y a pas grand-chose. Donc quelques aliments pour tenir 2-3 jours, on va dire.
01:55 -Donc on va voir si demain, il y a, parait-il, quelques supermarchés qui vont pouvoir ouvrir quelques heures. On va voir s'il n'y a pas trop de monde parce que tout est rationné, bien sûr.
02:04 Karine nous emmène au pied de son immeuble dans les quartiers sud de Nouméa où des voisins ont érigé des barricades. Ils veulent se protéger d'une éventuelle attaque.
02:18 -Donc on sait pas ce qui va se passer cette nuit vu que depuis plusieurs nuits, on est tous dans la peur.
02:23 -Pour l'instant, c'est très calme. Mais on est prêts à se défendre par nous-mêmes vu que nous manquons de force de l'ordre.
02:32 Dans la ville, la menace se fait pesante. Alors chaque quartier a mis en place son propre groupe d'autodéfense.
02:47 -Ces barrages, ils sont montés avec les moyens du bord, c'est-à-dire des palettes, des plaques de métal, des pneus, enfin ce qu'on peut trouver pour empêcher les assaillants de les franchir.
02:59 Un barrage de ce genre est monté chaque 200 mètres autour de la résidence.
03:04 -Tous ces points stratégiques de défense sont en relation téléphonique. Donc on est tous aux aguets.
03:14 Pour assurer sa sécurité, nous avons foutu le visage de ce retraité.
03:19 -On appelle ça militia, mais en fait le terme n'est pas vraiment approprié. Ce serait plutôt des citoyens qui défendent leur vie et leurs biens. On est assiégés en fait.
03:35 Un pont aérien avec la métropole a été mis en place hier. Il achemine en renfort un millier de policiers et gendarmes dont les premiers viennent d'arriver en Nouvelle-Calédonie.
03:48 Il permettra également d'approvisionner l'archipel en produits essentiels.
03:55 [Bruit de moteur]