• il y a 7 mois
Transcription
00:00 C'était évidemment l'un des films les plus attendus de la compétition,
00:03 le retour de Francis Ford Coppola,
00:05 Palme d'Or en 1974 pour Conversation secrète,
00:08 Palme d'Or en 1979 pour Apocalypse Now.
00:11 A 85 ans, il a monté les marches au bras d'Adam Driver, sa star,
00:14 avec Mégalopolis, un film qui me méga bassine.
00:19 Mesdames et Messieurs,
00:21 et enfants de tous âges,
00:25 bienvenue.
00:27 Est-ce que cette société,
00:32 cette façon dont nous vivons,
00:35 est la seule qui est disponible ?
00:38 Donc ça se passe dans une sorte de rétro-futur,
00:42 dans une ville qui s'appelle New Rome,
00:44 qui rappelle évidemment New York,
00:45 mais qui est en fait très inspirée de la Rome antique
00:48 et surtout de l'histoire de la chute de Rome,
00:51 la décadence, la fin de la République,
00:54 que proposée finalement dans la société.
00:57 Donc ça passe par l'idée de construire une ville,
00:59 construire la cité.
01:01 C'est un film très long, assez boursouflé,
01:04 qui propose de grandes séquences,
01:09 mais dont l'image artificielle, dorée,
01:12 déjà très datée,
01:14 ne propose pas du tout une vision du cinéma du futur,
01:17 mais plutôt quelque chose d'assez ancré dans le passé.
01:20 La parole à la défense, non, pas non plus.
01:22 Pas de défense de mon côté,
01:23 je trouve que le film est quand même un ratage,
01:26 voire assez catastrophique, il faut le dire.
01:28 On pourrait même dire que c'est une catastrophe industrielle.
01:31 Il n'y a rien qui va dans ce film.
01:32 Commencer par le scénario,
01:34 il y a, Marie l'a dit,
01:36 c'est cette histoire de New Rome à New York aujourd'hui,
01:39 dans une période un petit peu indéterminée.
01:41 Il y a des références à la politique américaine d'aujourd'hui
01:44 avec un personnage qui, on peut dire, est un populiste à la Donald Trump.
01:47 Et le film en lui-même, ce que ça raconte,
01:49 il y a ce portrait de cet architecte,
01:51 et puis une histoire de succession d'un très riche banquier.
01:54 Voilà, ça sera un petit peu la série Succession,
01:57 mais avec des rebondissements de soap opéra.
01:59 Il a aussi beaucoup de mal avec les personnages féminins,
02:02 ça c'est quand même très inquiétant
02:03 pour quelqu'un qui a 85 ans,
02:04 de faire des personnages féminins
02:06 avec une vision aussi immature des femmes.
02:09 En gros, c'est soit des putes, soit des saintes.
02:11 Enfin voilà, j'exagère à peine.
02:13 Voilà, donc le film est un fatras indémêlable,
02:16 vraiment très très problématique.
02:18 Ce qui me fracasse, ce qui me fait du chagrin en réalité,
02:21 on y retrouve son humanisme,
02:24 c'est pas pour rien que c'était le metteur en scène de Tucker,
02:26 on y retrouve son ambition formelle,
02:29 et en même temps on a l'impression que rien ne fonctionne,
02:31 et surtout on a l'impression que,
02:32 en termes de fiction, de construction, de récit,
02:36 il ne sait plus raconter une histoire,
02:37 parce que les trois quarts du temps, on ne comprend pas grand-chose,
02:40 et puis surtout, on s'ennuie beaucoup.
02:42 C'est quand même le réalisateur du parrain,
02:44 c'est quelqu'un qui sait raconter une histoire, normalement, Coppola,
02:46 et celle-ci, vraiment, ça ne marche pas.
02:50 Il y a une chose à sauver dans le film, pour moi,
02:53 c'est ce qu'il dit sur le rapport au temps.
02:55 Le personnage d'Adam Driver, il a beaucoup de talent,
02:58 et notamment un don pour arrêter le temps,
03:01 dans certaines scènes un petit peu fantastiques.
03:03 Évidemment, on peut penser que, pour Coppola,
03:05 c'est quelque chose qu'il aimerait bien lui aussi pouvoir faire,
03:07 en tant que cinéaste des murs, c'est arrêter le temps.
03:10 Il a encore tellement de choses à faire,
03:12 et il a 85 ans, il ne lui reste plus beaucoup de temps pour le faire.
03:14 Cette dimension-là est assez émouvante,
03:17 mais c'est très peu par rapport à tout ce qui ne va pas dans le film.
03:20 Il y a notamment les décors, aussi, on s'attendait à une grande démesure,
03:23 c'est quand même un personnage d'architecte.
03:25 A la fin, on voit cette fameuse Mégalopolis qu'il a commencé à construire.
03:28 Vous imaginez un immeuble géant des Polly Pocket,
03:31 au centre de Central Park, c'est Mégalopolis.
03:33 Ça donne un peu une idée de l'esthétique du film,
03:37 parfois quand même très étrange.
03:40 Esthétiquement, c'est aussi ce qu'on peut appeler un film trip,
03:43 c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de dope,
03:45 il y a beaucoup de substances, il y a beaucoup de narcotiques,
03:48 et qu'il essaye de rendre ça en image.
03:50 Parfois ça marche, parfois ça saoule, franchement.
03:52 C'est le problème des films trip, c'est quand on n'a pas fumé la même moquette,
03:55 on est facilement à l'extérieur des films.
03:58 Entre ça et le fait que les acteurs, aucun n'a l'air de jouer le même film.
04:03 Adam Driver, je l'aime quoi qu'il arrive,
04:05 il peut se poster dans un coin, il peut être hors champ, je l'aime.
04:09 Il est bon, mais c'est vrai qu'il est malgré tout un peu froid, un peu sévère.
04:14 Moi je le paierais, 130 millions de dollars,
04:16 pour qu'Adam Driver rigole dans un film, j'en suis là.
04:19 Mais je le mets un peu à part, parce qu'il s'en sort pas mal,
04:22 et qu'il est capable de sortir la tiara de To Be Another To Be sans être ridicule.
04:26 C'est pas donné à tout le monde.
04:28 Après c'est vrai que les autres, Chia le Bœuf c'est vraiment le bouffon du roi.
04:32 Dustin Hoffman passe, mais à un moment on sait pas,
04:35 il est venu en amitié, porter des cafés, on sait pas, il a deux phrases.
04:38 Et on passe son temps à se demander, il paraît qu'il y a un satellite qui va tomber.
04:43 Ah bon, est-ce qu'il est tombé ? Je ne sais plus, je ne sais plus.
04:45 Je ne peux pas vous dire si c'est la fin du monde,
04:47 mais en tout cas, c'était un petit peu la fin de mon festival, Megalopolis,
04:50 en termes de tristesse.
04:52 Megalopolis, mégalos nanars, hélas.
04:55 Megalopolis, hélas, hélas.
05:00 Quand on pose ces questions,
05:02 quand il y a un dialogue entre nous,
05:05 c'est en fait une utopie.
05:08 ♪ ♪ ♪

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