Raymond, 77 ans, s’accroche à son bar, le Nant, qu’il tient depuis 37 ans, rue du Ruisseau, à Paris XVIIIe. La retraite, ce n’est pas pour tout de suite, car il lui reste encore des dettes à régler à sa copropriété à la suite de travaux sur les fondations du bâtiment. Pour le bonheur de ses fidèles clients, Raymond refuse néanmoins d’augmenter ses tarifs.
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00:00 Comme je dis, je tiens ouvert tant que j'ai la santé.
00:03 Je dis, ben voilà, je tiens.
00:08 Sauf si le jour où ça ne va pas, la question de santé, je trouve que j'ai d'arrêter.
00:11 - Et qu'est-ce qui vous pousse à continuer, justement ?
00:14 - Déjà les dettes.
00:15 Déjà les dettes et puis bon, je ne sais pas, c'est peut-être l'ambiance, les gens.
00:21 Tu as des gens qui t'aiment bien aussi.
00:22 Raymond, c'est une institution du 18e arrondissement.
00:27 A 77 ans, il est toujours à la tête de son bar, le Nant, situé rue du Ruisseau.
00:31 Et depuis qu'il en est devenu le propriétaire il y a 37 ans, quasiment rien n'a bougé.
00:35 Pas même les prix qu'il essaye de maintenir malgré l'inflation.
00:37 - Le tiers, c'est un 40, le bas, 6, c'est 2,50.
00:40 - C'est combien le café ?
00:42 - 1,10 euro, il n'y a pas longtemps.
00:44 Et encore, j'oublie.
00:45 - Tu as augmenté ?
00:46 - Oui, une centaine.
00:48 Mais souvent, j'oublie ou ça dépend, ouais, 2 euros trop.
00:50 Mais aujourd'hui, Raymond croule sous les dettes et pourrait être obligé de vendre.
00:53 La dernière facture en date, des travaux lancés par la copropriété pour rénover le bâtiment.
00:57 - Moi, comme j'ai une grande surface, c'est moi qui ai payé beaucoup.
01:01 - Ça fait combien ?
01:03 - Je ne sais plus.
01:04 Les chiffres...
01:05 Alors, je paye de temps en temps quand j'ai compté un peu trop d'argent.
01:09 Hop, j'en envoie là.
01:11 Mais c'est pareil, il faut payer le compta.
01:13 Comme l'électricité, ça va être une sacrée masse.
01:17 Je paye tout de temps en temps, des petits bouts.
01:21 - Ça ne te fait pas un peu mal au cœur de dire que ça fait 37 ans que tu bosses ?
01:25 - Si j'y pense, oui.
01:26 Si j'y pense, c'est catastrophe.
01:28 Mais il ne faut pas y penser.
01:29 - Vous avez regardé la flamme à Marseille, vous, Raymond ?
01:35 - Un petit peu.
01:36 J'y arrive, mais bon, c'est difficile.
01:39 Disons qu'heureusement que moi, je suis assez sobre.
01:41 Je ne fais pas trop de dépenses personnelles.
01:46 Que vraiment le nécessaire.
01:48 - Et tu arrives à te dégager justement un salaire ou ça dépend des mois ?
01:51 - Non, non.
01:52 Non, je vis comme ça.
01:57 Je ne pourrais peut-être me permettre,
02:03 mais si c'est après, c'est encore d'autres difficultés en plus.
02:07 Quand tu as des dettes, pourquoi encore rallonger ?
02:10 C'est embêtant.
02:11 Ce n'est pas des vacances.
02:13 Si tu pars en vacances même une semaine,
02:15 puis tu dis "moi j'ai ça à payer" ou "j'ai ça".
02:18 Il ne faut pas que je dépense trop,
02:19 parce que quand je reviens, il y a ça à payer.
02:21 Ce n'est pas des vacances.
02:24 Ce n'est pas bon.
02:25 Toute ma vie, c'est mélangé dans le travail.
02:29 Voilà.
02:30 - C'est peut-être pour ça que vous continuez aussi ?
02:31 - Oui, les bons moments, ça se passe avec les clients en même temps.
02:37 - Et ça venait d'où cette envie de faire des prix aussi bas ?
02:39 - Je ne sais pas.
02:41 Il ne faut pas assassiner les gens.
02:44 C'est tout simple.
02:47 Et puis pour travailler, peut-être attirer des clients aussi.
02:53 - Attirer de nouveaux clients, justement,
02:55 c'est ce sur quoi Raymond compte pour permettre à son bar de survivre.
02:59 - On a vu dans le 18ème, là-haut, on s'abaisse.
03:03 On passe devant à chaque fois.
03:05 Et on se dit "c'est beau".
03:07 - Ce soir, on s'est dit "on y va".
03:10 - C'est 1,40€ plus 20€.
03:15 - Je ne comprends pas.
03:18 - Anomalie.
03:19 - En fait, moi je ne m'attendais pas à ça.
03:21 - Ne faites pas cet article.
03:22 - Il ne faut pas.
03:23 - Vous allez niquer le bar en fait.
03:24 - Grâce.
03:25 - Qu'est-ce qui te permettrait d'être bien, justement ?
03:27 - Je ne sais pas, quand tu en as déjà une vingtaine,
03:29 c'est déjà même plus, ça fait plus.
03:31 Mais bon, le bar est plein, puis que ça consomme,
03:35 puis que les gens s'entendent bien aussi.
03:37 - Merci.
03:39 Merci.