C'est le lieu où ils reçoivent les confidences, où ils écoutent les problèmes, où ils tentent d'apporter des solutions. Un moment dont on ne parle jamais. Les permanences parlementaires sont pour les députés l'endroit où ils sont en prise directe avec leurs administrés. Loin du palais Bourbon, ils touchent du doigt le quotidien parfois difficile des citoyens, venus en dernier recours solliciter leur aide.
Pour comprendre ce rapport si particulier entre les élus et les Français, nous avons suivi 3 parlementaires dans le huis clos de leur bureau.
Elsa Faucillon, Mathilde Paris et Didier Martin ont accepté nos caméras qui ont capté des tranches de vie où se mêlent difficultés sociales, peur de l'étranger, et refus d'une décision de l'Etat.
Un reportage de Céline Crespy et Pierre Yves Deheunynck qui va à l'encontre de l'idée qu'il existerait un fossé abyssal entre politiques et citoyens.
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Pour comprendre ce rapport si particulier entre les élus et les Français, nous avons suivi 3 parlementaires dans le huis clos de leur bureau.
Elsa Faucillon, Mathilde Paris et Didier Martin ont accepté nos caméras qui ont capté des tranches de vie où se mêlent difficultés sociales, peur de l'étranger, et refus d'une décision de l'Etat.
Un reportage de Céline Crespy et Pierre Yves Deheunynck qui va à l'encontre de l'idée qu'il existerait un fossé abyssal entre politiques et citoyens.
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NewsTranscription
00:00 -Asseyez-vous. -Merci beaucoup.
00:02 -Entrez, prenez place.
00:03 -Bonjour, monsieur.
00:05 -C'est un lieu où on a le droit de craquer.
00:09 -Je suis désolée.
00:11 Je suis arrivée à un stade, ça va plus.
00:13 -Un lieu où on exprime sa colère.
00:17 -Si vous faites ça, moi, je sors le fusil.
00:20 -Un lieu où on confie son incompréhension
00:23 face à une société qui change.
00:25 -J'ai du mal à comprendre, qu'on puesse franco quelque chose.
00:29 -Durant les permanences parlementaires,
00:32 les députés sont en prise directe avec les citoyens.
00:35 Pour comprendre, nous avons suivi
00:38 Mathilde Paris,
00:40 Didier Martin
00:41 et Elsa Fossillon dans le huis clos de leur bureau.
00:45 Musique intrigante
00:48 ...
00:54 Tous les samedis matins,
00:56 la journée commence ainsi pour la députée
00:59 de la 3e circonscription du Loiret.
01:01 -Il y a pas mal de rendez-vous ce matin.
01:05 -Au fond d'un hangar,
01:08 Mathilde Paris, députée Rassemblement national,
01:11 va chercher son bureau, en quelque sorte.
01:14 Un camping-car pour aller à la rencontre
01:17 de ses administrés et tenir permanence.
01:20 -Dites-moi où on va, là.
01:24 -On va aller au Moulinet-sur-Solens.
01:26 C'est une petite commune de la circonscription,
01:29 au nord de la Serco, à l'est.
01:30 C'est une commune de 130 habitants,
01:33 donc c'est vraiment une petite commune rurale.
01:35 -Au volant de sa permanence mobile,
01:39 elle incite les citoyens à venir la rencontrer
01:42 et lui parler de leurs problèmes,
01:44 quelle que soit la commune où ils habitent.
01:46 -C'est une circonscription très rurale,
01:49 qui est assez étendue, puisqu'il y a une heure et demie de route
01:53 d'un bout à l'autre,
01:54 et c'est d'où l'intérêt d'avoir opté pour une permanence mobile,
01:58 qui permet vraiment de sillonner l'ensemble du territoire
02:02 et d'aller dans les communes les plus reculées,
02:04 on va dire, de la circonscription.
02:06 -La mise en place est rodée.
02:10 -Je vais vite mettre le chauffage.
02:14 -Et c'est parti pour six rendez-vous en une matinée.
02:18 Pour commencer, un premier visiteur, bien remonté.
02:24 -Bonjour, monsieur.
02:25 Bienvenue.
02:26 -Merci.
02:28 -Si vous voulez, il y a des choupiettes.
02:30 C'est là pour ça.
02:31 -Il est agriculteur et n'est pas content de l'image de son métier.
02:35 -On n'arrive plus à faire notre métier,
02:38 on nous regarde en chien de faïence, comme si on était des pollueurs.
02:41 -Il en vient à ce qui l'amène vraiment,
02:44 un problème qu'il a avec les services de l'Etat.
02:46 -J'ai une affaire un peu plus particulière
02:49 d'histoire de clôture avec le département.
02:53 J'ai refait cette clôture, et une fois qu'elle a été refaite,
02:56 les gens de la DDT me disent qu'il faut la démonter,
02:59 qu'il faut la déplacer d'un mètre.
03:01 Ils m'ont dit qu'ils allaient faire venir un bulle,
03:04 que je me débrouillerais après.
03:05 Si vous faites ça, je sors le fusil, je porte plein.
03:08 Non, mais ça va se régler que comme ça,
03:12 parce que c'est des gens qui, a priori,
03:14 sont un peu têtus.
03:16 Voilà.
03:18 -Vous savez pas quelle a été la personne qui, précisément,
03:21 à la DDT, vous avez différents pôles en fonction...
03:24 -Non, la DDT, là, j'ai eu son nom, mais je l'ai pas retenu.
03:27 -Et là, vous avez combien de temps ?
03:29 C'est quoi, la deadline, là ?
03:31 -Ils m'ont dit qu'il me resterait
03:33 plus de six mois.
03:34 -Bon, je devrais avoir un rendez-vous d'ici, là.
03:37 Ca devrait aller, ça va être bon.
03:38 -La députée lui promet d'intervenir en sa faveur,
03:41 et elle enfonce le clou quand l'agriculteur
03:44 se plaint des élus qui seraient déconnectés de la vie réelle.
03:47 Et ça marche.
03:49 -Nos élus réagissent face à ce petit tas de...
03:52 de l'Europe...
03:53 On peut dire "stop", quoi.
03:55 -Ah, y a ça, et puis, enfin, même au niveau national,
03:58 on voit très bien qu'il y a des idéologies
04:00 qui poussent en permanence.
04:02 On est gouvernés par des urbains
04:04 qui ne connaissent rien à la campagne
04:06 et à la nature, en réalité.
04:08 On voit bien, même vis-à-vis de la chasse,
04:11 certaines réflexions qui peuvent être faites,
04:13 y a une méconnaissance profonde de la nature.
04:16 Ils la connaissent idéologiquement,
04:18 ils la connaissent pas concrètement.
04:20 Parce que ça décourage, y a tellement de complexité,
04:23 de normes, faut plus rien faire, enfin, voilà.
04:26 -Et puis, bravo pour ce que vous faites.
04:28 Il faut continuer, parce que je vous dis,
04:30 auprès du monde agricole, enfin, rural,
04:33 les ruraux sont vraiment très impressionnés
04:35 de voir qu'on prend soin d'eux,
04:37 on vient dans leur petit village,
04:39 et ça change que d'autres pays.
04:41 -Merci.
04:43 Rires
04:44 -Merci.
04:45 Gardez le moral, on a besoin de nos agriculteurs.
04:49 -Au revoir.
04:50 -Au revoir.
04:51 -Deuxième rendez-vous, et une fois de plus,
04:54 une diatribe contre l'Etat.
04:56 -Est-ce que vous voulez un café ?
04:59 -Bah, écoutez, il y a eu un projet
05:03 de développement éolien à Varennes-Changy,
05:06 et il se trouve que suite à une enquête publique
05:09 qui a été défavorable à ce projet,
05:12 la préfète, c'est son pouvoir discrétionnaire
05:15 qui ne lui le permet, a tout de même donné
05:17 l'autorisation de développement de ce projet.
05:20 On ne comprend pas très bien, donc nous nous interrogeons.
05:23 -Ils auraient pu demander un aménagement du projet,
05:26 en tout cas une révision du projet,
05:28 et là, non, on leur donne un blanc-seing,
05:31 "Allez-y", donc c'est vrai que malheureusement,
05:34 maintenant, la seule voie de recours possible,
05:36 elle est judiciaire.
05:38 -Vous avez déjà un avocat
05:40 en contact ou pas ? -Oui, oui.
05:43 -Vous êtes un avocat spécialisé sur ces sujets ?
05:46 -Oui, on avait déjà rencontré,
05:48 bien avant le début de l'enquête administrative.
05:51 -L'élu les encourage à faire un recours contre l'Etat
05:54 et leur donne même des astuces
05:56 pour les aider à payer leurs frais d'avocat.
05:59 -Si vous avez des riverains
06:01 qui ont une covisibilité avec le projet,
06:03 une protection juridique,
06:05 certaines protections juridiques
06:07 peuvent couvrir une partie des frais d'avocat.
06:09 -Vous avez peut-être déjà fait le tour...
06:12 -Sur des cubes. -Ca peut aider.
06:13 Enfin, voilà, ces 3 000 euros par là,
06:16 mine de rien, ça peut aider à boucler.
06:19 -Encore une fois, elle déroule un discours
06:21 qui oppose les campagnes aux villes.
06:23 -Vous dites aux gens qu'ils vont avoir des éoliennes
06:26 qui vont produire pour alimenter les gens d'Orléans.
06:29 Donc, les nuisances dans la ruralité,
06:31 dans les villes, on est tranquille.
06:33 Je sais pas s'ils se rendent compte de ça.
06:36 Il y a un mépris des territoires ruraux
06:38 pour les habitants de la ruralité,
06:40 qui est innommable.
06:41 Il y a un viol des paysages, j'aime bien ce terme,
06:44 on est vraiment là-dedans.
06:45 -Rien de tel pour faire campagne.
06:47 -C'est un collectif d'associations...
06:50 -J'en profite pour vous laisser mon petit document
06:52 de bilan de l'année.
06:54 -Ca fait combien d'annuités ?
06:55 -Tenter si bien que ses habitants lui prêtent un destin national.
06:59 -Vas-y, on le fait avec...
07:01 -Le coup de jeune qui vient d'arriver avec Atal, Bardella, etc.,
07:05 vous avez de l'avenir.
07:07 -On verra, l'avenir nous le dira.
07:08 -Non, mais quand je dis...
07:10 Bien sûr qu'on verra, mais ça va vite.
07:12 -Tout va vite en politique.
07:14 -C'est mon carburant, c'est Permanence mobile,
07:17 parce que pour moi, il y aurait pas ça,
07:19 je serais vite découragée, on aurait l'impression
07:22 qu'on peut pas faire bouger les choses,
07:24 mais là, je me bats pour des personnes,
07:26 pas juste pour une idée, un projet politique,
07:29 je me bats pour des personnes, pour des vies,
07:31 et ça rend les choses tellement plus vivantes et humaines
07:35 que c'est phénoménal.
07:36 -C'est un grand moment.
07:37 -Autre ambiance, autre style, à la mairie de Gennevilliers.
07:42 C'est ici qu'Elsa Faucillon, députée communiste
07:45 de cette circonscription très populaire,
07:48 exerce son second mandat.
07:50 On vient d'abord pour des problèmes sociaux
07:53 que la députée côtoie depuis toujours.
07:56 -J'habite ma circonscription depuis que j'ai 8 ans,
08:02 donc je vis avec et au milieu de gens
08:04 qui sont issus de milieux très populaires,
08:07 et c'est pour les défendre que je suis entrée en politique.
08:10 -Le rôle des députés est de faire la loi,
08:13 mais dans les faits, tous tiennent permanence.
08:16 Plus que trouver des solutions,
08:18 ils servent d'intermédiaires avec les institutions
08:21 pour aider les gens, presque des assistantes sociales.
08:24 -Asseyez-vous. -Merci.
08:26 -Je vous en prie.
08:28 Alors, vous me dites... Vous me parlez de votre situation
08:31 et de la raison.
08:33 -Voilà, je suis un père de famille, j'ai trois enfants,
08:36 et ma femme, on a un tout petit logement.
08:38 Mes enfants, ils ont 13 ans.
08:40 Ils sont au collège, ils ont du mal à installer des bureaux,
08:44 et l'autre, les derniers...
08:46 -Il y a 13 ans ? -13 ans, les jumeaux.
08:48 -Ah, il y en a deux qui ont 13 ans. D'accord.
08:51 Et le troisième ?
08:53 -Il a 7 ans. -7 ans.
08:55 -Ca me dérange pas, moi-même, d'habiter dans un petit logement,
08:59 mais pour mes enfants, non.
09:00 -L'appartement, il fait combien de mètres carrés ?
09:03 -46. -46.
09:04 Et donc, vous êtes à 5 dans 46 mètres carrés.
09:08 Vous avez déjà fait une demande d'allô ?
09:10 -Non.
09:11 -Vous savez ce que c'est ou pas ?
09:13 -J'ai déjà entendu parler de ça.
09:15 -Normalement, la règle, c'est qu'il y ait 9 mètres carrés par personne.
09:19 Donc là, vous êtes 5.
09:20 Vous y êtes...
09:22 tout juste.
09:24 D'accord ?
09:25 Et est-ce que... Là, vous, vous travaillez ?
09:29 -Oui, je travaille à la ville de Colombes.
09:31 -Vous êtes contractuel ou vous êtes...
09:34 -Contractuel.
09:35 -Vous avez déjà demandé à être reçu par le maire adjoint au logement ?
09:40 -Oui, mais ils ont du mal à trouver les...
09:42 les logements F3...
09:44 F4.
09:45 -Hm.
09:46 -C'est sa dernière réponse qu'il m'a envoyée.
09:49 Toujours pas de solution.
09:51 -C'est sûr que 67 F4 sur une année,
09:53 c'est qu'ils en ont vraiment pas beaucoup.
09:56 Nous, par téléphone, d'ailleurs, on peut lui dire
09:59 qu'en vrai, un grand T3, ce serait déjà une bonne solution.
10:02 -Moi, des grandes chambres, quoi.
10:04 -Je comprends, mais ça, on peut leur dire par téléphone.
10:07 Je fais pas de promesses, c'est pas moi qui ai la main.
10:10 Donc, je suis juste là pour essayer d'appuyer.
10:14 D'accord ? -D'accord.
10:15 -Mais ça, appuyer, on va le faire.
10:17 -Merci beaucoup. -D'accord ?
10:19 Bon, je vous en prie. -Merci beaucoup, madame.
10:21 -Au revoir. -Les collègues,
10:23 vous connaissez bien la ville de Colombes.
10:26 -Merci. Vous leur passez le bonjour aussi.
10:28 -Merci. -Au revoir.
10:29 -Venez, madame.
10:31 -Ici, la grande majorité des personnes
10:33 qui viennent demander de l'aide sont des femmes,
10:36 seules, avec enfants. Ce jour-là,
10:38 une d'entre elles, coincée dans une spirale infernale,
10:41 est particulièrement à bout.
10:43 -Oui, c'est ça. -On vous a prévenu.
10:45 -Je suis seule avec deux enfants à charge.
10:49 Tous les matins, je vais aller travailler.
10:52 J'ai mon véhicule qui empale.
10:53 Ca fait plus d'un an qu'il est dans le parking.
10:56 Je peux pas me mettre en réparation,
10:58 car je touche 1 400 euros.
11:01 -C'est quoi, votre travail ?
11:02 -Je suis assistante SAV.
11:04 On pense pas. J'ai une demi-heure,
11:06 trois quarts d'heure de retard. Pour préserver mon travail,
11:09 j'ai dû louer un véhicule,
11:11 parce qu'il faut bien nourrir mes enfants.
11:14 En fait, je suis rentrée dans...
11:17 -On a le temps. D'accord ?
11:19 On a le temps.
11:20 -Je suis désolée, madame. -Non, non.
11:22 -Vraiment, faut pas être désolée.
11:25 Ici, vous pouvez tout dire.
11:27 D'accord ? Et vous êtes fatiguée, je comprends.
11:30 Tout ça, c'est épuisant.
11:31 -J'aime mes enfants plus que tout le monde.
11:34 J'ai pas le caractère de bloquée.
11:37 J'ai demandé de l'aide autour de moi,
11:39 y a personne pour m'aider.
11:41 Je suis désolée.
11:44 J'arrive à un instant, ça va plus.
11:47 -Ca, c'est votre loyer ?
11:48 -Oui.
11:50 -Hm-hm.
11:51 Donc là, ça vous coûte combien, la voiture, par mois ?
11:55 -500, 600.
11:57 -Par mois ?
11:58 -Hm-hm.
11:59 -Loyer, cantine, location de voiture...
12:04 Elle a accumulé près de 10 000 euros de dettes.
12:07 -Je suis désolée. -Non, je suis désolée.
12:10 -Eh, eh, on est là pour vous aider.
12:12 -Je suis rentrée dans...
12:14 -Il y a trop de choses.
12:15 Il y a beaucoup trop de choses.
12:17 C'est clair.
12:18 -Vous savez...
12:20 ...
12:22 -Donc là, par exemple, sur la dette,
12:25 il y a une demande de FSL qui peut être faite.
12:27 Il faut la faire via une assistante sociale du département.
12:31 -Hm.
12:33 -Je sais, mais il faut le faire.
12:35 Et...
12:36 Et ils peuvent vous aider jusqu'à 5 000 euros
12:39 sur la dette.
12:41 On veut bien faire le lien avec cette assistante sociale,
12:44 c'est-à-dire pouvoir préparer le premier rendez-vous,
12:47 aider s'il y a besoin de faire des...
12:49 Si on a besoin de faire des lettres, par exemple,
12:52 à votre banque, tout ça, je suis disponible pour le faire.
12:55 Mais je n'ai pas la compétence d'une assistante sociale.
12:58 -Oui, oui. -D'accord ?
12:59 Donc, nous, on peut vous orienter
13:01 vers quelqu'un de confiance.
13:03 Vous nous faites confiance ? -Oui.
13:05 -D'accord.
13:06 -Bon courage. -Merci beaucoup.
13:08 -Merci. Au revoir.
13:09 -J'arrive, je vous accompagne. -Voilà, voilà.
13:12 -C'est dur, là. -Ouais, très.
13:14 Euh... Alors, c'est souvent,
13:16 mais heureusement, c'est pas tous les vendredis comme ça.
13:19 Non.
13:20 Non, là, c'est dur.
13:23 Je crois que je vais me refaire un café.
13:25 -Dans sa circonscription,
13:27 25 % des familles sont monoparentales,
13:30 et ce sont elles qui sont les plus vulnérables.
13:33 -J'avoue qu'au premier mandat, avec ma collaboratrice,
13:36 il y a eu une petite période où on a fini par détester les hommes.
13:40 Rires
13:41 Pardon, mais...
13:43 Mais, en fait, au fur et à mesure,
13:45 le nombre de femmes qui se retrouvaient seules
13:48 parce que soit elles étaient tombées malades,
13:50 soit elles étaient parties.
13:52 Soit l'enfant était malade ou dans un handicap,
13:55 le mec était parti, soit parce qu'elles étaient victimes de violences.
13:59 Et donc, il y a eu un petit moment où on s'est dit,
14:01 "Bon, je crois que les hommes, là, on va ramasser complètement."
14:05 Rires
14:07 -Et ben, on a fini la matinée.
14:09 Rires
14:11 -La permanence parlementaire est parfois un lieu
14:14 où les citoyens ne viennent pas pour réclamer quelque chose,
14:18 mais pour confier leur crainte quant à l'évolution de la société.
14:21 A Dijon, il n'est pas rare que le député de la majorité,
14:26 Didier Martin, reçoive des courriers de retraités
14:29 qui veulent juste s'entretenir avec lui,
14:31 de sujets d'actualité.
14:33 Et le député ne rechigne jamais à les recevoir,
14:35 car c'est aussi pour lui une façon de prendre le pouls de la société.
14:40 -Tenez, je vous en prie.
14:42 Prenez place, monsieur Lachal.
14:45 Donc, vous m'avez fait ce courrier
14:47 souhaitant engager
14:50 un échange...
14:53 -Oui, tout à fait. -sur ces différents sujets.
14:55 -C'est pas de faire de la polémique.
14:57 Sans faire focus sur une communauté,
15:00 je trouve que, chaque fois qu'il y a des dérives,
15:03 des actes de terroristes,
15:05 on a tendance à étouffer...
15:07 les affaires.
15:09 Alors, quand je dis "on", c'est...
15:15 tout parti politique confondu,
15:17 à part celui qui est à l'extrême droite.
15:20 -M. Macron, il dit que le flanc national est l'ennemi.
15:23 Pourquoi ? Oui, oui.
15:26 Oui et non, mais si on fait rien
15:28 pour éclaircir tous les problèmes dont je parle,
15:31 si on n'est pas clair, eh bien, oui.
15:33 Mais c'est pas lui, l'ennemi, c'est notre silence.
15:36 J'allais dire "votre", excusez-moi,
15:38 si vous n'êtes pas visé. Le silence des hommes politiques.
15:42 Je respecte l'histoire de la France, avec un grand H.
15:45 On est chrétien depuis 2000 ans. Je souhaite qu'on en reste.
15:49 -Si vous permettez, et pour aller un petit peu plus loin,
15:53 vous tenez à cette identité chrétienne de notre pays,
15:56 et vous vous rendez compte qu'il y a des citoyens français
15:59 qui peuvent avoir une autre religion.
16:02 -Oui, mais qui l'est.
16:04 -Ils ont cette liberté de pratique. -Tout à fait.
16:07 Par contre, qui nous l'impose, parce que c'est plutôt ça.
16:10 Nous, on a fait une loi, je le rappelle,
16:13 le 22 août 2022,
16:15 qui réaffirme,
16:17 qui renforce le respect,
16:19 renforce le respect des principes républicains.
16:23 Voilà. -D'accord.
16:25 -Vous pouvez y jeter un coup d'oeil.
16:27 -Je connais pas. -On vous la sortira.
16:29 -Je n'en ai pas entendu parler. -OK, ça me va.
16:32 J'ai un deuxième point,
16:34 c'est ce que j'appelle la double nationalité.
16:36 Je pense qu'à un moment donné, la personne,
16:39 il faut qu'elle choisisse.
16:41 On peut pas jouer sur les deux tabous.
16:43 -Bon, alors là...
16:46 On est... -Là, c'est pas une...
16:48 Je râle pas entre guillemets.
16:50 C'est un élément perturbant, la double nationalité.
16:53 -Nous devons ensemble constater
16:55 que c'est un principe international.
16:58 Et puis, il y a nos familles,
17:00 nos familles d'amis proches,
17:03 qui ont des racines à l'étranger.
17:06 Il y a nos enfants qui se marient,
17:08 qui ont des enfants eux-mêmes.
17:10 -Oui. -Moi, je peux vous le dire,
17:12 j'ai deux petits-enfants franco-britanniques,
17:14 parce qu'ils sont nés à Londres, de parents français.
17:18 -Oui, mais...
17:19 -Et moi, je suis très content qu'ils soient français.
17:22 -Vous me choquez pas, mais je suis perturbé.
17:24 -Vous avez changé d'avis sur certains points ?
17:27 -Bah, sur le premier, oui.
17:30 On a... Oui. Sur le deuxième,
17:33 sur la double nationalité,
17:35 bon, là, j'ai compris.
17:37 Je suis pas d'accord, mais bon, je comprends,
17:40 il y a des lois et tout.
17:41 -Au revoir. Merci d'être venu.
17:43 -Faire preuve de pédagogie et faire évoluer notre démocratie,
17:46 c'est le credo de Didier Martin.
17:48 -On a vraiment besoin de renouer et créer de la confiance
17:53 entre l'électeur, le citoyen, l'électeur et les élus.
17:57 L'abstention ne fait que augmenter.
18:00 On a vraiment besoin de...
18:02 d'être à nouveau complètement avec la population
18:07 dans un débat qu'il faut organiser, avec des moyens.
18:10 Avec des moyens.
18:11 Et avec une méthode, aussi.
18:13 La Convention citoyenne sur la fin de vie,
18:16 c'était des moyens, c'est une méthode.
18:18 On a retiré des conclusions.
18:22 Ca va servir à éclairer le débat dans la société.
18:25 -La permanence est aussi le lieu
18:28 où les associations demandent de l'aide aux députés.
18:32 -Ce jour-là,
18:33 des représentantes de l'université,
18:36 qui agissent pour que les étudiants étrangers
18:39 puissent obtenir leur papier.
18:41 -Vous pouvez nous rappeler un petit peu
18:44 du béné Mv1 ?
18:46 -Du Béné est un étudiant gabonais
18:49 qui a une licence professionnelle
18:51 de production industrielle et qui est maintenant ingénieur.
18:54 Son titre de séjour n'avait pas été renouvelé.
18:57 On a fait tout un dossier,
18:59 comme c'est quelqu'un de très sérieux, très compétent,
19:01 et qui est quand même en France depuis 10 ans,
19:04 pour qu'il puisse obtenir une prolongation de titre de séjour,
19:07 qu'il a obtenue avec votre intervention.
19:10 Pour Dieu donner, c'est bien parti.
19:12 -Bonne nouvelle. -Oui, bonne nouvelle.
19:14 Sinon, là, on est sur un autre dossier.
19:16 Il est donc, lui, doctorant en physique,
19:18 qui a eu aussi son master d'art en physique.
19:21 Il a un sacré CV, on peut lui tirer une sacrée révérence,
19:24 qui est arménien.
19:26 Et lui, son titre de séjour a expiré au mois de décembre.
19:29 Donc, là, si la préfecture tarde à donner sa prolongation,
19:33 je vous demanderais de...
19:34 de voir avec la préfecture,
19:36 puisque là, on demande vraiment une prolongation de titre
19:39 pour qu'il puisse honorer ses entretiens auprès des entreprises.
19:43 -Nous, on peut, évidemment,
19:44 donner un coup de pouce sur les dossiers administratifs
19:47 vis-à-vis des titres de séjour
19:49 et dans les relations avec la préfecture.
19:52 On le fait.
19:53 On vous fait confiance, évidemment.
19:55 On a toutes raison de vous faire confiance.
19:57 Donc, à chaque fois que vous nous solliciterez, on le fera.
20:01 -Merci.
20:02 -Bon, à bientôt.
20:03 -Sans avoir de baguette magique,
20:05 le député a encore du poids auprès des administrations
20:09 ou parfois même de certains employeurs.
20:12 Mais ce qui frappe surtout lors de ces séances
20:18 auprès des députés,
20:19 c'est la diversité des sujets abordés.
20:22 Ce vendredi-là,
20:24 Mathilde Paris a conduit son camping-car
20:26 jusqu'au marché de Briare.
20:28 Et on attend d'elle des réponses à toutes les questions.
20:32 La matinée commence par un problème d'emploi.
20:38 -Bonjour.
20:39 -Bonjour.
20:41 Rires
20:42 -Bonjour.
20:43 -Attention, là-bas.
20:45 -En fait, j'ai travaillé pendant sept ans en déchetterie,
20:48 en atterrie.
20:49 Le jour au lendemain, on m'a dégagé du commande.
20:53 Le truc, c'est qu'ils n'ont aucune obligation
20:55 de l'embaucher.
20:56 -Je pense qu'il est marqué en rouge.
20:58 -Ouais.
20:59 -Puis il s'agit d'un citoyen inquiet
21:02 du tracé d'une future ligne ferroviaire.
21:04 -Je n'ai toujours pas réussi, donc, à déterminer
21:08 si les études qui ont été mises au contrat de plan Etat-région
21:12 concernent bien Orléans-Gien ou Orléans-Châteauneuf.
21:15 -Le CPR qui a été voté
21:17 mentionne bien la ligne Orléans-Châteauneuf-Gien.
21:21 Ensuite, arrive un monsieur au projet ambitieux,
21:23 mais pas très bien ficelé, qui attend de l'aide de la députée.
21:27 -Oui, donc, en fait, là, c'est le projet
21:29 de créer un établissement d'équithérapie,
21:33 en fait, quelque part, pour des enfants en situation de handicap,
21:37 notamment trisomies ou autistes.
21:39 -Comment on peut finaliser ce genre de choses ?
21:42 Financièrement, comment ça fonctionne ?
21:45 Parce que... Parce que moi, j'ai pas un ravi, hein.
21:48 Je suis en retraite. Bon courage.
21:50 Et puis, bravo, hein. -Merci.
21:52 -On va gagner.
21:53 -Et enfin, un futur médecin bien décidé
21:56 a testé la députée sur ses connaissances
21:58 en matière de déserts médicaux.
22:00 -Vous êtes interne ? -Je suis interne, oui.
22:03 Je suis président du syndicat des internes de la région Centre.
22:06 -OK. Ah oui. -Donc, l'idée, c'est un peu
22:09 de savoir ce que vous savez des internes.
22:11 Pour vous, madame la députée, qu'est-ce qu'un interne ?
22:14 -C'est l'étudiant en médecine qui se met en pratique
22:17 pour la fin de sa formation,
22:19 pour exercer son métier en conditions réelles,
22:21 donc au sein des structures hospitalières.
22:24 Voilà. Enfin, c'est la vision que j'en ai.
22:26 -Il m'a dit que vous aviez une personne.
22:28 -Les gens qui viennent la solliciter
22:31 ne sont pas forcément des électeurs d'extrême droite.
22:34 En cela, l'ERN est devenu un parti comme les autres.
22:37 -On va mettre ça en permanence.
22:38 -Je pense qu'on a conscience que le moment est important.
22:42 Aujourd'hui, on a un moment charnière.
22:44 Les gens croient plus beaucoup aux politiques.
22:47 C'est pas mal à avoir confiance en disant qu'on peut changer,
22:50 qu'il peut y avoir une alternative.
22:52 Je crois qu'on a tous conscience de ça et qu'on est à 200 %
22:56 parce qu'on a conscience que c'est maintenant qu'il faut se battre.
23:00 -Pourtant, quand il s'agit du ERN,
23:03 les stigmates du passé s'invitent parfois.
23:05 -J'allais faire un petit passage.
23:08 -Vous êtes revenue ? -Oui, je reviens.
23:10 -Je croyais, il y avait Marie-Le Pen qui était là.
23:13 -Non.
23:14 -Son papa et moi, on était à Paris.
23:17 -Ah oui ?
23:18 -On était pour Jeanne d'Arc. -Ah oui !
23:21 -Il a fait la guerre d'Algérie, comme moi.
23:24 Je mangeais avec lui, avec Bruno Maigret, tout ça.
23:28 Pour que ça change.
23:30 Si on ne gagne pas, Marie-Le Pen...
23:32 -On se bat pour que ça change.
23:34 -Je veux plus, monsieur.
23:36 -Autant de séquences comme des petits bouts de France,
23:39 des témoignages souvent invisibilisés.
23:43 -C'est ainsi qu'Elsa Faucillon a voulu laisser une trace
23:48 de ces moments de huis clos.
23:50 -Je dirais, depuis 3 ans, maintenant,
23:54 je réfléchis à comment ce qui est raconté dans ma permanence
23:57 peut être révélé aux autres.
23:59 Je trouve que c'est important,
24:01 c'est des récits de vie, des histoires,
24:03 qui disent quelque chose, je trouve,
24:06 de la vie des gens et donc de la politique,
24:08 ou des choix politiques qu'ils subissent,
24:11 parfois durement, et des choses qu'il faut changer,
24:14 politiquement.
24:15 Et donc, au bout d'un moment, la forme podcast s'est imposée.
24:21 Je suis hyper heureuse, parce que je trouve que,
24:24 de ce fait, ce qu'on écoute vraiment,
24:26 c'est des histoires.
24:28 "Permanence", épisode 3.
24:30 Je viens vous parler de la permanence,
24:34 ce lieu, ce temps où j'accueille les habitants,
24:37 parfois les salariés ou les bénévoles de ma circonscription.
24:40 Je leur dis "je ne peux pas vous promettre que ça va marcher",
24:43 ils répondent "merci déjà de m'avoir écoutée".
24:46 C'est à la fois touchant et frustrant.
24:49 Une fois, je vois arriver une femme, épuisée, amégrée,
24:52 elle pleure rapidement, et puis ça a démarré comme ça.
24:56 "Je sais pas pourquoi je suis venue, mais je n'en peux plus.
24:59 "Je veux juste que ça s'arrête, que tout redevienne normal.
25:03 "Je ne peux plus me concentrer au travail.
25:05 "Je ne peux pas porter plainte.
25:07 "Ca reste un bon père, il aime ses gosses,
25:10 "il ne veut pas qu'il en soit privé."
25:12 Je faisais attention à ce que je disais,
25:14 et les coups ont commencé à tomber, de plus en plus souvent.
25:18 Je me revois encore lors de mes premières permanences
25:21 être persuadée d'avoir le bon réflexe
25:24 en cherchant à convaincre de la nécessité d'une plainte.
25:27 Et ce, avant même d'avoir assuré la personne
25:30 sur le fait que je la croyais,
25:32 que nous ferions comme elle décide,
25:34 qu'on allait l'accompagner.
25:36 Ces vies comptent, ces histoires comptent.
25:39 On sera bientôt pour une nouvelle permanence.
25:41 -Des expériences de permanence
25:44 qui distocient autre chose sur le lien entre élus et citoyens.
25:49 -T'es vraiment dans un ton...
25:51 -Dans la période où on parle beaucoup,
25:53 et à juste titre, de la défiance vis-à-vis de la politique,
25:57 et je ne peux pas revenir dessus, c'est réel,
25:59 on entend aussi beaucoup parler des violences contre les élus,
26:03 et en réalité, c'est pas tellement ce que je vis.
26:08 Je pense que quand il y a ce lien de proximité,
26:11 mais pas simplement d'être là,
26:13 la proximité, c'est pas juste d'être accessible
26:16 au sens où on vous voit,
26:17 c'est aussi de créer un lien d'accessibilité.
26:20 Je crois quand même que les gens vous le rendent
26:23 plus que bien, quoi, vraiment.
26:25 -Les permanences parlementaires,
26:27 véritable moment de proximité, d'écoute et de dialogue,
26:32 nourrissent le travail des 577 députés
26:37 à l'Assemblée nationale.
26:38 [Musique]