• il y a 6 mois

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00:00 Simon Masrani, un milliardaire égocentrique, a racheté l'entreprise InGen et a réussi à concrétiser le rêve de John Hammond.
00:06 Nous voilà donc plus de 20 ans après les événements du premier film.
00:09 Le parc a enfin ouvert ses portes et les gens du monde entier peuvent depuis plusieurs années voir ces magnifiques créatures que sont les dinosaures.
00:15 Mais l'effet de surprise se dissipant, les dinosaures commencent à redevenir has-been.
00:19 Il faut donc repartir de zéro et créer une nouvelle race hybride, plus féroce, plus effrayante, plus... cool.
00:25 C'est le terme que vous avez utilisé.
00:27 Et c'est là qu'entre en scène Glindominus Rex.
00:29 Le super prédateur par excellence.
00:31 Très, trop intelligent.
00:33 Et qui va, je vous le donne en mille, réussir à s'évader de son enclos et semer la zizanie dans tout le parc.
00:38 Claire, qui est une des responsables du parc, n'a pas d'autre choix que de faire appel à Owen,
00:42 dresseur de raptors sur son temps libre,
00:44 qui va l'aider à arrêter Glindominus, mais aussi à retrouver ses neveux, coincés sur l'île et à la merci de nombreux dinosaures.
00:50 Parallèlement à ça, Owen luttera pour ne pas que les raptors ne deviennent des instruments de guerre,
00:54 mettant le doigt sur leur imprévisibilité.
00:57 Ça ne l'empêchera pas de faire de la moto avec ses bébêtes, dans le but de stopper les ravages de Glindominus.
01:02 Rajoutez à ça le fait qu'il y ait 20 000 civils dans le parc,
01:05 des dinos volants qui ont la dalle,
01:06 et un gigamosasaur qui saute en dehors de l'eau comme les dauphins, mais en beaucoup moins mignon.
01:11 Voilà, c'est mon résumé du film.
01:12 Pas super concis, je vous l'accorde, mais dans les grandes lignes, c'est ça.
01:15 Jurassic World arrive à une époque où la nostalgie devient quasiment un genre à part entière à Hollywood.
01:20 Et ça marche du feu de Dieu !
01:21 En 2015, l'année de sa sortie en salle, le film va récolter plus de 1,3 milliard de dollars au box-office.
01:27 Ce sera le plus gros succès de cette année,
01:29 et il sera détrôné par un autre film nostalgique qui lui rapportera plus de 2 milliards de dollars,
01:33 Star Wars, le Réveil de la Force.
01:35 2 milliards quand même !
01:36 "C'est des milliards qui dorment, c'est des milliards qui dorment !"
01:38 Le film va reprendre tout ce qui a fait le sel du premier opus,
01:41 en y insérant beaucoup, beaucoup de clins d'œil.
01:44 Mais en y ajoutant également une bonne grosse dose de piment,
01:47 parce que toute la structure est la même, mais en plus bourrin, et en moins poétique.
01:51 Je veux dire, ça défouraille du dinosaure à coup de bazooka quand même !
01:54 *Bruit de déchiquetage*
01:56 Les personnages eux sont assez réussis, plus que dans le troisième film déjà.
01:59 Claire par exemple connaît une évolution assez exponentielle mais plutôt efficace,
02:03 puisqu'au fur et à mesure où elle va se défagoter,
02:05 son état d'esprit va évoluer et elle va prendre conscience que ce qu'elle vend depuis des années comme étant de simples attractions,
02:11 sont en réalité des êtres bien vivants qui subissent désormais sa soif de profit.
02:15 Owen lui, je n'ai même pas besoin d'en parler pour que vous compreniez son archétype.
02:19 Il suffit de le voir en photo, et vous savez.
02:21 Quoi qu'il en soit, Chris Pratt parvient à porter le film sur ses épaules sans difficulté,
02:24 et joue à merveille le Golden Boy aventurier qui gueule sur des raptors comme si c'était des gamins insolents.
02:29 "J'ai pensé qu'il avait les bouts pour ça, et Colin l'a croit, et moi aussi."
02:34 "Donc c'était un peu risqué, et bien sûr, quand Guardians of the Galaxy est sorti, on s'est tous pensés être vraiment intelligents."
02:40 "Mais même si on n'a pas réalisé Guardians of the Galaxy, ils nous ont fait ressembler vraiment intelligents."
02:45 Désolé mais moi je l'aurais bien vu en Nouvelle Indiana Jones.
02:48 *Cris de joie*
02:50 C'est bon, ça va, pas besoin d'en faire trop.
02:52 Oh la ctingue, oh la ctingue est nulle.
02:54 Oh j'ai voulu faire un truc, c'était nul.
02:56 Production, Blin oblige, on va suivre les mésaventures d'un jeune garçon et de son grand frère qui...
03:01 *Musique*
03:12 "Mais moi je veux faire l'amour !"
03:13 Les deux sont assez attachants pour le coup, et quand les 4 personnages se regroupent, il y a une alchimie assez cool en vrai.
03:18 Parce que oui, c'est un film que j'aime bien.
03:20 En tout cas je prends toujours plaisir à le revoir.
03:22 La première heure est vraiment superbe.
03:24 Cette double introduction avec l'œuf puis la patte de dino qui est en fait un oiseau.
03:27 La découverte du parc avec la musique de John Williams en fond.
03:30 L'introduction d'Owen avec les Raptors, c'est top.
03:33 Et même la deuxième heure, bien qu'elle soit un poil too much.
03:36 "C'était pas ma guerre !"
03:37 Si si, juste un poil.
03:38 Je la trouve ultra divertissante.
03:40 Alors oui c'est un peu borderline.
03:41 Mais ça par exemple, moi ça me fait toujours marrer, je suis désolé.
03:44 A ce moment là je me dis juste, oui pourquoi pas.
03:47 Après tout, autant aller au bout du délire.
03:49 C'est complètement con et ça n'a pas tellement de sens.
03:51 Mais enfin, si on part sur ce terrain là, le seul fait d'avoir un parc à dinosaures n'a pas de sens.
03:55 Donc autant s'en amuser.
03:56 Mais je comprends les réticences bien sûr.
03:58 Surtout que Colline Trevorrow c'est loin d'être Spielberg.
04:00 Et en terme de mise en scène, on n'est pas toujours à la fête.
04:03 Pourtant, Spielberg a été très présent durant le processus créatif.
04:06 C'est lui qui a mis Trevorrow aux commandes.
04:08 Prenant part à la présélection des comédiens, validant certaines planches du storyboard.
04:12 Et mettant sans aucun doute son nez dans le scénario.
04:14 Parce qu'il y a un sous-texte dans ce film, qui n'est pas sans rappeler celui du premier opus.
04:18 Et qui se veut peut-être un peu trop subtil pour un Colline Trevorrow qui veut juste faire mumuse avec des gros dinosaures.
04:23 Voyez plutôt.
04:24 Je vais vous demander ceci.
04:25 Il y avait à un moment une idée où je pense que Indominus sort et voit un T-Rex animatronique.
04:34 Et puis il le frappe la tête et le déchire.
04:37 Et très bien tuer cette chose.
04:40 Dans un sens, au fur et à mesure que nous avançons avec la technologie,
04:43 le CG devient si bon et l'animatronique devient un peu plus archaïque.
04:47 Est-ce que vous pensez que cette scène en elle-même était une métaphore pour ce qui se passe avec les animatroniques ?
04:52 Et c'est quelque chose que Stephen a pointé.
04:54 J'adore l'idée d'un dinosaure qui frappe la tête d'un robot.
04:57 J'aime ça aussi. C'est tellement mignon.
04:59 Mais je pense que je m'excite parce que quelque chose est génial.
05:04 Et je ne pense pas forcément à toutes les raisons pour lesquelles ça peut être interprété par les gens.
05:09 Et Stephen a un regard vraiment bon pour comment les choses seront processées.
05:14 Et il a vu ça et il a senti qu'il ne voulait pas que les gens pensent que le dinosaure CG
05:21 frappe la tête d'un animatronique et détruit l'animatronique et asserte son dominance.
05:28 Avec cet extrait, Colin Trevorrow nous avoue clairement qu'il ne comprend pas ce que sont les sous-textes au cinéma,
05:33 et qu'une scène peut raconter plusieurs choses à la fois.
05:35 Pourtant Jurassic World est une analogie du blockbuster moderne.
05:38 Le film sait ce qu'il est et fait preuve de pas mal d'autodérision.
05:41 Dans le film, nous sommes en 2015, et en 2015, les dinosaures n'impressionnent plus personne.
05:45 Tout comme les dinosaures en CGI de Jurassic Park.
05:48 Pour remédier à ça, le parc va créer l'Indominus Rex,
05:51 une version tunée du T-Rex, plus féroce, plus flamboyant et plus excessif.
05:55 Là où son aîné était peut-être moins féroce, mais plus authentique, plus naturel, moins superficiel.
06:00 L'Indominus Rex, c'est Jurassic World.
06:02 C'est ce que demandent les exécutifs, ne pas déstabiliser le spectateur en gardant une recette qui fonctionne,
06:07 mais en la brevetant suffisamment pour que ça ait l'illusion d'une certaine modernité.
06:11 Et si l'Indominus, c'est le film, Claire, c'est Colleen Trevorrow.
06:14 Masrani, c'est Universal. Owen, c'est Spielberg.
06:17 Le T-Rex, c'est le cinéma d'antan.
06:19 Et les employés du parc, des victimes en gros, bah c'est nous.
06:22 Pour faire simple, ça se profile de cette manière.
06:24 Trevorrow crée Jurassic World pour Universal,
06:26 mais secondé par Spielberg, il prend conscience que tout ça manque d'authenticité.
06:30 Et les deux décident de s'allier afin de détruire cette abomination qu'est le blockbuster moderne,
06:34 en libérant ce bon vieux cinéma d'antan, qui va lui mettre une branlée dans un premier temps,
06:38 mais la pression étant trop grande, ce dernier se sabotera lui-même,
06:42 après bien sûr avoir fait un max de victimes, en les attirant dans le parc/en salle, c'est-à-dire nous.
06:47 Et allez pas me faire croire que c'est Colleen Trevorrow qui a pensé à tout ça.
06:51 Alors oui, on pourrait dire que c'est grossier de se moquer de son propre gagne-pain,
06:54 mais c'est un peu ce qu'a fait Spielberg en son temps.
06:56 Je veux dire, Jurassic Park, avant d'être une oeuvre extraordinaire, c'est du génie marketing.
07:01 La preuve en est qu'aujourd'hui, le logo du film est désormais reconnaissable sans son titre,
07:05 exactement comme les plus grosses entreprises du monde.
07:07 Ce même logo qui est utilisé partout.
07:09 C'est à la base celui du livre, repris par le film, notamment sur l'affiche,
07:13 repris par le parc, qui fait donc de la pub à ses propres produits, littéralement, durant le film.
07:18 Avant même la sortie du film, le studio Universal était déjà en train de négocier avec les plus gros fabricants de jouets,
07:23 jeux vidéo, vêtements, goodies, et j'en passe.
07:26 Il faut pas se leurrer.
07:27 À son époque, Jurassic Park a vu le jour en salle pour des raisons tout aussi mercantiles que son petit frère.
07:32 Spielberg a simplement fait ce film pour pouvoir avoir le droit de réaliser la liste de Schindler.
07:37 Mais Spielberg étant Spielberg, il a conscience de tout ça, et le dénonce à demi-mot dans son récit.
07:41 Quand il montre le merchandising du film dans le film, ça précède la remise en question de son créateur,
07:46 qui doute de ce qu'il a construit et ce que ça va réellement apporter au monde,
07:50 n'ayant que pour seul argument à sa folie,
07:51 "J'ai dépensé sans compter."
07:53 Tout ça pour dire que Jurassic World est une oeuvre assez paradoxale,
07:57 tout aussi intelligente que stupide, tout aussi divertissante qu'aberrante.
08:01 C'est un objet hybride assez fascinant, grossier certes, mais qui ne laisse pas indifférent.
08:05 Et au vu du succès phénoménal du film dans le monde,
08:07 la Dinomania allait reprendre du service,
08:10 et une nouvelle trilogie était en marche avec un second opus prévu pour 2018.

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