• il y a 6 mois
Grand témoin : Matthias Tavel, député LFI de Loire-Atlantique, directeur de la campagne LFI pour les élections européennes

GRAND DÉBAT / Nouvelle-Calédonie : faut-il revoir la méthode ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Alors que la situation est toujours explosive en Nouvelle-Calédonie, le Président de la République a décidé de se rendre sur l'île le 22 mai 2024. Emmanuel Macron refuse pour l'instant d'accorder un nouveau délai pour le vote du projet de loi constitutionnelle, qui vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Le chef de l'Etat convoquera le Congrès à Versailles quoi qu'il en coûte, si un accord n'est pas conclu avant la fin juin entre indépendantistes et loyalistes. Une stratégie « de l'ultimatum » critiquée jusque dans son propre camp, notamment par la Présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui plaide pour un recul de cette date. La maire de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), demande aussi au Président de ne pas convoquer le Congrès. Comment peut-on analyser la gestion de la crise calédonienne par l'exécutif ?

Invités :
- Louis Margueritte, député Renaissance de Saône-et-Loire,
- Philippe Gosselin, député LR de la Manche,
- Benoît Trépied, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie,
- René Dosière, ancien député socialiste, rapporteur du statut de la Nouvelle-Calédonie.

GRAND ENTRETIEN / Matthias Tavel : comment comprendre la stratégie de LFI pour les élections européennes ?

Le baromètre Ifop-Fiducial du 21 mai 2024 crédite la liste menée par Manon Aubry de 7,5% des intentions de vote pour les élections européennes du 9 juin 2024. Quelles dernières cartes La France Insoumise peut-elle abattre alors qu'elle semble perdre du terrain face à Raphaël Glucksmann, le candidat « Place publique » ? Les multiples et médiatiques prises de positions en faveur des Palestiniens peuvent-elles avoir un impact sur le scrutin européen ?

Grand témoin : Matthias Tavel, député LFI de Loire-Atlantique, directeur de la campagne LFI pour les élections européennes

LES AFFRANCHIS

- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po et ancien grand reporter,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:06 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans Savourgarde ce soir.
00:11 LFI, radiographie d'une stratégie avec vous, Mathias Stavelle, bonsoir.
00:16 - Bonsoir.
00:16 - Notre grand témoin ce soir pour évoquer la campagne des insoumis aux européennes,
00:20 campagne que vous dirigez, vous êtes un très proche de Jean-Luc Mélenchon,
00:24 député LFI de Loire-Atlantique, une campagne totalement concentrée sur Gaza.
00:29 Choix stratégique qui interroge au vu des sondages qui ne décollent pas franchement pour Manon Aubry,
00:35 la tête de liste LFI, on va en parler longuement tous les deux.
00:38 Dans la deuxième partie, mais d'abord c'est un tournant dans la crise calédonienne,
00:44 Emmanuel Macron reprend le dossier en main.
00:47 Le chef de l'État se rend personnellement dans l'archipel ce soir pour y installer une mission de conciliation.
00:53 Alors faut-il y voir un changement de méthode ?
00:57 À l'heure où le calme revient progressivement à Nouméa,
00:59 c'est l'une des questions de notre grand débat.
01:01 Dans un instant avec mes invités sur ce plateau.
01:03 Enfin, nous a franchi ce soir le billet international de Vincent Huges et puis Bourbon Express,
01:09 l'histoire du jour à l'Assemblée signée Elsa Mondin-Gava.
01:12 Voilà pour le sommaire, on y va.
01:14 Mathias Tavel, ça vous regarde, top générique.
01:17 *Musique*
01:28 Le retour au calme était un préalable.
01:34 Et si le report de la réforme était en train de le devenir ?
01:39 Plus d'une semaine après le début des émeutes,
01:41 la crise en Nouvelle-Calédonie entre dans une toute nouvelle phase,
01:45 beaucoup plus politique avec l'annonce surprise du chef de l'État.
01:49 Emmanuel Macron est en route ce soir pour l'archipel avec deux de ses ministres,
01:54 Gérald Darmanin pour l'intérieur, Sébastien Lecornu pour la défense.
01:58 L'armée est déployée sur place, 3 000 gendarmes en renfort.
02:03 Et maintenant, c'est la question qu'on va se poser ce soir,
02:05 quels peuvent être les contours de cette mission de conciliation installée par le président ?
02:10 Bonsoir, Louis-Marguerite. -Bonsoir.
02:12 -Merci d'être là, vous êtes député Renaissance de Saône-et-Loire.
02:16 Vous débattez ce soir avec René Dozière, bonsoir.
02:19 -Bonsoir. -Grand plaisir de vous accueillir.
02:21 Vous êtes ici chez vous à l'Assemblée nationale,
02:23 bien sûr, ancien député socialiste, spécialiste des Outre-mer
02:27 et rapporteur du statut de la Nouvelle-Calédonie en 1998,
02:31 après les accords de Nouméa, vous étiez sur le caillou pour ces accords.
02:37 Enrentouré de Michel Rocard et de Lionel Jospin,
02:40 vous nous avez amené une petite photo, on en parlera tout à l'heure.
02:43 Bonsoir, Philippe Gosselin. -Bonsoir.
02:45 -Merci d'être là, député Les Républicains de la Manche.
02:47 Vous aussi, vous étiez dans l'archipel mi-mars, je crois.
02:50 Vous nous direz si tout était là, toutes les alertes,
02:53 déjà avant le vote de ce dégel du corps électoral.
02:57 Enfin, bonsoir, Benoît Trépied. -Bonsoir.
02:59 -Bienvenue, vous êtes anthropologue, chargé de recherche au CNRS
03:02 et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie.
03:05 Mathias Tavel, inutile de vous dire que vous pouvez intervenir.
03:08 D'ailleurs, vous aviez proposé la création,
03:11 par voie d'amendement, d'une mission de dialogue.
03:14 C'était la semaine dernière lors du débat à l'Assemblée.
03:16 Vous allez nous dire ce que vous en attendez.
03:19 On va commencer par la situation sur place.
03:21 Le calme est-il vraiment revenu
03:23 et que peut changer cette visite présidentielle ?
03:25 C'est dans le récap de Bruno Donnet qu'on accueille.
03:28 ...
03:37 -Bonsoir, mon cher Bruno. -Bonsoir, Myam.
03:39 -Dans votre récap, ce soir, un président de la République en mission.
03:43 -Huit jours après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie,
03:47 la porte-parole du gouvernement a fait ce matin une annonce inattendue.
03:51 -Je vous annonce aujourd'hui qu'il a été annoncé
03:54 par le président de la République en Conseil des ministres
03:57 qu'il partira sur place dès ce soir pour y installer une mission.
04:02 -Emmanuel Macron s'envolera dès ce soir pour installer une mission.
04:06 Allons bon. Une mission, d'accord, mais quelle mission ?
04:09 Eh bien, une mission de dialogue.
04:11 Qu'est-ce que c'est ? C'est pas facile à résumer.
04:13 Ecoutez les explications qu'a tenté de nous fournir Priska Tevezneau.
04:18 -Le président de la République part en Nouvelle-Calédonie
04:21 dans un esprit de responsabilité,
04:23 l'esprit qui est le sien en tant que chef de l'Etat
04:25 et en tant que responsabilité politique de haute importance.
04:29 -Alors si la responsabilité politique est de haute importance,
04:34 c'est d'abord parce que le climat est extrêmement tendu.
04:38 En Nouvelle-Calédonie, les émeutes ont fait six morts,
04:41 dont deux gendarmes.
04:43 L'état d'urgence a été instauré,
04:44 3 000 gendarmes et policiers vont être mobilisés
04:48 et les dégâts ont déjà coûté plus d'un milliard d'euros.
04:51 Mais le plus gros enjeu est ailleurs,
04:54 car en annonçant le dégel du corps électoral,
04:56 Emmanuel Macron s'est en fait créé deux grosses difficultés.
05:00 La première, c'est l'hostilité d'une partie des indépendantistes canaques.
05:05 -On attend que ce texte-là, il soit retiré,
05:06 parce que ce texte-là, c'est l'élimination du peuple canaque.
05:09 Déjà, quand on est minoritaire,
05:11 s'ils font passer ce texte, on tomberait de Versailles,
05:13 et nous, on n'est plus plus.
05:15 C'est ça qu'ils comprennent pas, là-bas.
05:17 -Et la seconde difficulté, maintenant,
05:18 eh bien, c'est la date butoir
05:20 que le président de la République a fixée lui-même
05:22 à la fin du mois de juin, au moment du Congrès de Versailles,
05:26 pour parvenir à un accord.
05:27 -Oui, justement, cet ultimatum, Bruno,
05:29 est contesté au sein même de la majorité.
05:32 -Oui, Yael Brown-Pivet a affirmé qu'elle n'y était pas favorable,
05:35 tout comme Manuel Valls, qui se souvient probablement
05:38 de la fameuse méthode Rocart et des accords de Matignon
05:42 qui avaient été obtenus après de très longues concertations en 1988.
05:47 -J'affirme qu'on ne peut pas travailler sur le dossier calédonien
05:51 en posant des ultimatums.
05:53 Ca ne marche pas comme ça.
05:54 Donc, il faut reporter la date du Congrès de Versailles.
05:59 D'autant plus que si on regarde bien les choses,
06:03 on n'est pas certain d'obtenir la majorité qualifiée des 3/5e.
06:08 -La mission d'Emmanuel Macron est donc une mission délicate
06:12 et très politique, car elle pourrait, si elle réussit,
06:15 lui permettre de renoncer à son ultimatum
06:18 sans avoir l'air de se contredire.
06:20 -L'objectif derrière le président de la République,
06:22 c'est d'avoir un argument pour dire
06:24 "Regardez, ce calendrier que j'avais fixé pour fin juin
06:27 n'est plus nécessaire,
06:28 puisque tout le monde s'est remis autour de la table."
06:30 -Pour terminer, il faut encore que je vous montre un document.
06:33 Je l'ai trouvé en fouillant dans mon grand placard
06:35 "Archives politiques", car figurez-vous
06:37 que le coût du déplacement, toutes affaires cessantes,
06:40 vers une nouvelle Calédonie à feu et à sang,
06:42 ce n'est pas tout à fait neuf.
06:44 -Vous iriez jusqu'à aller en Nouvelle-Calédonie ?
06:47 -Vous êtes allé au Liban ?
06:48 -Oui, Madame, j'irai en Nouvelle-Calédonie.
06:50 -Et peut-on savoir quand ?
06:52 -Demain.
06:53 -Vous partez demain ?
06:55 -Demain.
06:56 -Eh oui.
06:57 -Imité Mitterrand en faisant le contraire de Rocart,
07:00 en politique comme en Nouvelle-Calédonie,
07:02 Myriam, la mission la plus délicate
07:04 revient souvent à bien choisir son camp.
07:06 -Merci.
07:07 Merci beaucoup, Bruno,
07:09 pour ce récap' très complet et pertinent comme chaque soir.
07:13 Louis-Marguerite, on comprend tous
07:14 que ce déplacement va être décisif.
07:17 Est-ce qu'il n'arrive pas trop tard ?
07:19 -Je crois pas.
07:20 Je crois que d'abord, il y avait deux préalables.
07:22 Il faut avoir une pensée pour ceux qui ont payé de leur vie
07:25 dans cette crise, même si on devrait leur consacrer...
07:28 -6 morts.
07:29 -6 morts, dont deux gendarmes,
07:31 qui portaient l'uniforme de la République.
07:33 Je pense à ceux qui subissent,
07:35 qui ont leurs maisons brûlées, leurs entreprises brûlées.
07:38 C'est une situation très catastrophique.
07:40 -Est-ce qu'il fallait en arriver là pour dire "mission",
07:43 "médiation", ces mots-là ?
07:45 C'était le prix à payer, cette insurrection, et c'est mort ?
07:49 -En tout cas, le préalable, c'était le retour de l'ordre.
07:53 Il y a eu des moyens très importants.
07:55 Je tiens à saluer les forces de gendarmerie et de police
07:58 qui se sont déployées sur l'île.
08:00 Il y a des escadons de gendarmes en route
08:02 pour l'île de la Nouvelle-Calédonie.
08:04 C'était le préalable.
08:05 On ne peut pas discuter, parce que des discussions existent,
08:08 mais elles n'existent pas dans un cadre qui est établi.
08:11 C'est ça, le deuxième sujet.
08:13 Je suis à cœur, en installant cette mission,
08:15 de dire qu'il faut que les partis discutent entre elles,
08:18 à la fois l'Etat, bien évidemment,
08:20 mais également les loyalistes, ceux qui sont partisans
08:23 du fait que la Nouvelle-Calédonie est française,
08:26 elle est dans la République française.
08:28 Je rappelle que par trois fois, la Nouvelle-Calédonie,
08:31 les Calédoniens ont souhaité rester
08:33 dans la République française, et les indépendantistes.
08:36 -On va y venir dans le détail.
08:38 Est-ce que vous pensez aussi qu'Emmanuel Macron
08:41 serait capable d'entendre toutes les critiques sur la méthode ?
08:44 -Je crois...
08:45 -Yael Braune-Pivet, c'est votre camp.
08:47 Emmanuel Valls, il était député République en marche
08:50 il n'y a pas si longtemps. -Oui, et en même temps,
08:53 on a voté assez largement le texte,
08:55 et ce sera à lui de l'apprécier.
08:57 Qu'aurait-on dit si, au bout du jour,
08:59 il n'avait pas soit pris la parole, soit, là,
09:02 et c'est encore plus fort, annoncé son départ pour Lille,
09:05 pour y installer cette mission ?
09:07 Je crois que, un, c'est pas trop tard.
09:09 On sent, heureusement, que les choses sont moins tendues.
09:12 -Le calme revient progressivement.
09:14 -Tout à fait, c'est bon. -Il faut être vigilant.
09:17 -Il va installer cette mission de dialogue
09:19 pour qu'il y ait une discussion à trois.
09:21 -René Dozière, je vous ai lu depuis le début de cette crise.
09:24 Vous avez dit "l'Etat doit retrouver l'impartialité
09:27 "qu'il a perdue en Nouvelle-Calédonie".
09:29 C'est fort, ces mots.
09:31 L'Etat a perdu son rôle de neutralité, selon vous,
09:34 historique, dans les accords que vous connaissez bien,
09:37 dans l'art de négocier.
09:39 Depuis quand ? Qu'est-ce que vous voulez dire précisément ?
09:43 Qui est sorti de cette neutralité ?
09:45 -Écoutez, ça fait 30 ans que j'ai consacré
09:48 une grande partie de mon activité parlementaire
09:51 à la Calédonie.
09:53 Et donc, je suis atterré, effaré,
09:55 de voir que tous les efforts
09:57 qui ont été entrepris sont remis en cause
10:01 par les émeutes qui se passent à Nouméa.
10:04 Alors que tout était... -Pour vous, ce sont quoi ?
10:07 Tout l'esprit des accords de Nouméa-Matinon
10:10 sont piétinés ? -Complètement.
10:12 L'esprit des accords Matinon et Nouméa,
10:16 c'est de faire un compromis
10:20 entre des indépendantistes
10:22 qui veulent naturellement l'indépendance,
10:24 c'est un problème identitaire,
10:26 et des Européens qui veulent rester dans la France.
10:30 Et donc, Matinon, c'est un compromis,
10:34 et puis Nouméa, c'est un autre compromis.
10:38 -1998 et 1990. -Depuis Nouméa,
10:40 la Nouvelle-Calédonie n'est plus une colonie française.
10:44 C'est un pays qui dispose de son assemblée législative,
10:49 qui dispose de toutes les compétences
10:52 qui concernent la vie quotidienne,
10:54 je veux dire, qui a un gouvernement
10:57 à la proportionnelle.
10:59 Les loyalistes, les indépendantistes
11:01 siègent ensemble, je dirais, au gouvernement.
11:04 Donc, la France n'a pratiquement plus de pouvoir
11:08 qu'en police, en sécurité, affaire étrangère.
11:11 Donc, il y avait là un processus de décolonisation
11:15 absolument unique dans notre histoire française
11:18 pour que, au fond, la Nouvelle-Calédonie
11:21 ne se termine pas comme l'Algérie.
11:24 -Quand vous dites "l'Etat doit retrouver son impartialité",
11:27 ça veut dire quoi ?
11:28 Ca veut dire que ce pouvoir a mis en avant des élus,
11:31 a choisi un camp ?
11:33 -Oui, mais tout à fait.
11:34 Premier acte où le gouvernement ne se montre pas impartial.
11:41 Il a choisi la date de la troisième consultation
11:45 sans l'accord des indépendantistes.
11:47 -Donc là, on parle du dernier référendum
11:49 pendant le Covid, qui a été largement poécoté
11:51 par les indépendantistes.
11:52 -Le résultat, c'est que les indépendantistes
11:55 ne sont pas allés voter.
11:56 Et donc, cette consultation, qui est juridiquement valable,
11:59 bien entendu, mais politiquement,
12:01 elle n'a aucun sens à partir de ce moment-là.
12:04 Et six mois après cette consultation,
12:06 on nomme l'une des représentantes, Sonia Baquès,
12:10 qui est la présidente de la province sud,
12:12 loyaliste, et pas une loyaliste modérée,
12:15 plutôt radicale, voire très radicale.
12:17 -Sonia Baquès ?
12:18 -On la nomme au gouvernement de la République française.
12:21 -Secrétaire d'Etat à la Citoyenneté.
12:23 -C'est vraiment un geste.
12:25 Et en plus, pour la cerise sur le gâteau,
12:28 au moment où le texte vient en discussion à l'Assemblée,
12:31 on nomme comme rapporteur...
12:33 -Nicolas Metzdorf.
12:34 -...un député loyaliste,
12:36 qui fait même pas un rapport parlementaire,
12:39 qui fait un tract électoral en faveur,
12:41 contre les indépendantistes.
12:43 -Un tract électoral ?
12:44 -Tout à fait. Vous savez...
12:46 -Vous allez répondre, Louis-Margret.
12:48 -J'ai lu ce texte, les contre-vérités,
12:50 et je vous le formule. C'est une position des loyalistes.
12:53 D'accord ? C'est pas normalement l'impartialité
12:56 qu'aurait dû avoir l'Assemblée nationale.
12:58 -Vous allez pouvoir répondre. -Tout ça a fait que,
13:01 depuis trois ans, les indépendantistes
13:03 ne veulent plus discuter avec le gouvernement.
13:06 Donc tout ça a été prévisible.
13:08 -Tout ça a été prévisible.
13:10 Benoît Trépied, vous êtes aussi sur cette même ligne.
13:13 Je vous ai lu dans Le Monde.
13:15 Vous dites...
13:16 "L'Etat français a pris fait et cause pour le camp loyaliste,
13:19 "quoi qu'en disent l'Elysée et Matignon."
13:21 Pour vous, il n'y a que ce dégel du corps électoral,
13:24 réforme constitutionnelle,
13:26 qui explique l'insurrection de la Nouvelle-Calédonie ?
13:29 -C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
13:32 C'est-à-dire que, comme l'a dit M. Dozière,
13:35 ça fait trois ans que l'Etat, le gouvernement,
13:38 a perdu tout crédit aux yeux des indépendantistes.
13:41 Depuis qu'ils ont fait dérailler le troisième référendum,
13:44 avec le choix de cette date qui ne faisait pas l'unanimité,
13:47 sans entendre la demande des Kanaks de repousser de six mois,
13:51 parce qu'ils étaient en plein deuil,
13:53 coutumiers, liés au Covid,
13:55 qui a frappé massivement les communautés kanakocyaniennes.
13:58 Le respect de la culture kanak, de l'identité kanak,
14:01 c'est dans l'accord de Nouméa, qui lui-même est dans la Constitution.
14:05 On ne peut pas rigoler...
14:07 -Comment ça s'explique ?
14:09 Il n'y a pas une malveillance ou un parti pris de fait ?
14:12 C'est de l'incompétence ?
14:14 -Ah non, je pense que c'est la stratégie indo-pacifique
14:17 qui fait qu'il ne veut plus décoloniser la Nouvelle-Calédonie,
14:20 parce que c'est la nouvelle priorité politique
14:23 énoncée de point de vue stratégique par le pouvoir macroniste,
14:26 qui consiste à dire que maintenant,
14:28 on se déploie sur l'indo-pacifique,
14:30 c'est l'endroit le plus important de la planète,
14:33 sauf qu'il y a deux façons d'aborder
14:35 cette problématique de l'influence de la France dans le Pacifique.
14:39 Le faire sur un mode conservateur, autoritaire,
14:42 qui consiste à dire que notre influence passe forcément
14:45 par une partialité en faveur des loyalistes,
14:48 qui est incontestable dans les faits,
14:50 ou alors, au contraire, ils auraient pu dire
14:53 qu'on continue d'accompagner le processus en toute impartialité,
14:56 en toute loyauté, et puis advienne que pourra.
14:59 Si la Calédonie, au troisième référendum,
15:01 parce que les écarts se resserraient,
15:03 on a bien compris qu'après le deuxième référendum,
15:06 l'écart du oui était possible, ce n'était pas le cas avant.
15:09 Le oui l'emporte, et à ce moment-là,
15:11 on écoute les indépendantistes qui disent qu'on veut faire
15:14 une indépendance en association avec la France,
15:17 on construit un nouveau mode de décolonisation,
15:20 comme l'ONU le prévoit, comme les indépendantistes le demandent,
15:24 en lien avec tous ceux qui veulent construire le pays,
15:27 parce que la citoyenneté calédonienne,
15:29 c'est une forme de décolonisation inclusive,
15:31 où le peuple autochtone colonisé inclut les anciens colons
15:34 dans une communauté de destin, c'est quelque chose d'unique,
15:37 et comme ça, au contraire, l'influence de la France
15:40 se maintient, en fait, par une logique
15:42 beaucoup plus diplomatique et fine et nuancée
15:45 correspondant à ce pays très compliqué.
15:47 Quand on arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine,
15:50 ça ne peut pas fonctionner. -C'est très intéressant.
15:53 Vous allez pouvoir répondre, mais là, on nous explique,
15:56 en gros, depuis trois ans, il y a un processus précieux,
15:59 historique, qui a été cassé.
16:01 Voyez-vous les choses de la même manière, Philippe Gosselin ?
16:04 Est-ce que c'est la stratégie indo-pacifique,
16:07 avec la puissance de la Chine, il y a l'Australie aussi,
16:10 pas loin, on se rend bien compte que c'est une région
16:14 où les Etats-Unis aussi ont leur présence,
16:17 garder à tout prix une présence française dans cet endroit-là
16:21 a complètement changé notre perspective politique
16:25 vis-à-vis du caillou ?
16:27 -Il y a sans doute cet élément-là.
16:29 Maintenant, on a un processus en Nouvelle-Calédonie
16:32 qui ne date pas d'aujourd'hui.
16:34 René Dozière le disait, ça fait plus d'une génération
16:37 que ce processus, dans la continuité des accords
16:40 de Matignon puis de Nouméa,
16:42 cherche absolument à construire quelque chose,
16:45 construire ce qu'on appelle le destin commun,
16:48 s'appuyant sur des communautés qui ont des origines différentes.
16:52 Personne ne nie qu'il y a eu une colonisation,
16:55 personne ne dit qu'il n'y a pas eu des ombres et des lumières.
16:58 On comprend le texte des accords,
17:00 mais les indépendantistes eux-mêmes reconnaissent
17:03 qu'il y a les victimes de l'histoire.
17:05 Ne pas oublier qu'une partie de la population d'origine européenne
17:09 est descendante directe des Bagnards.
17:11 Ca n'a rien à voir avec des petits colonisateurs blancs
17:14 qui viendraient absolument s'accaparer des terres, etc.
17:17 C'est cette histoire qui est très différente.
17:20 -Vous entendez René Dozière et M.Trépier
17:23 parler de décolonisation.
17:25 -Un processus qui est différent.
17:27 -Un processus qui est exclusif.
17:29 -On a aujourd'hui des éléments d'inclusion beaucoup plus forts
17:33 qu'on ne peut le penser, des institutions qui ont été mises en place
17:37 pour permettre le rééquilibrage.
17:39 C'est vrai aussi sur le plan économique.
17:41 -Il y a des assemblées, de l'autonomie.
17:43 -Par contre, tout ça est à continuer de construire.
17:46 Donc, si on veut continuer à bâtir,
17:48 il faut éviter des ruptures et d'être totalement binaire.
17:52 -Est-ce qu'il faut sortir d'un chantage au calendrier
17:55 avec cet ultimatum ou pas ?
17:57 -L'esprit, et ça va répondre en partie à votre question,
18:00 l'esprit des accords Matignon-Nouméa doit continuer.
18:03 C'est cette recherche du consensus.
18:05 Maintenant, on ne peut pas, et c'est toute la difficulté,
18:08 continuer à exclure indéfiniment 20 % du corps électoral.
18:12 -Je rappelle que les Républicains ont voté ce déjà-là,
18:15 du corps électoral, qui privait un cinquième des électeurs
18:18 de pouvoir participer aux élections locales.
18:21 -Le président de la République lui-même est un peu ambigü.
18:24 Dimanche, il y a dix jours, à la veille du débat parlementaire
18:27 à l'Assemblée nationale, lui-même dit finalement
18:30 "Je ne convoquerai plus le Congrès fin mai,
18:33 "mais fin juin, à quelques heures seulement,
18:36 "du début du débat parlementaire."
18:38 Il y a une hésitation du côté de l'Elysée.
18:41 -Vous vous demandez quoi, côté Républicain ?
18:44 Il faut tenir coûte que coûte et aller au Congrès ?
18:47 -Quand on est au milieu du guet, on risque de s'écraser,
18:51 de rester au milieu du fleuve ou de la rivière.
18:54 Il faut passer cette étape.
18:56 La priorité, aujourd'hui, c'est la restauration
18:59 de l'ordre républicain.
19:01 Ca semble aller dans le bon sens.
19:03 -Et la restauration du dialogue ?
19:05 -J'y arrive. On a encore des poches de non-droit.
19:08 Il faut que ces poches de non-droit puissent aussi se dégonfler
19:12 et qu'on ait une circulation, un approvisionnement
19:15 qui soit complet. On a aujourd'hui un problème
19:18 d'approvisionnement en nourriture, de médicaments.
19:21 Des gens se terrent chez eux, ont la peur chevillée au ventre.
19:25 Et, de façon concomitante, évidemment,
19:28 pouvoir renouer le dialogue...
19:30 -Renouer le dialogue ?
19:32 -Excusez-moi, renouer le dialogue.
19:34 -En retirant, en reportant le Congrès ?
19:36 -Ca appartient au président de la République.
19:39 -Vous, qu'est-ce que vous attendez ?
19:41 Il n'est pas clair, vous l'avez dit,
19:43 mais vous le demandez, ce retrait ?
19:45 -Le retrait, à ce stade, on demande déjà le retour de l'ordre
19:48 et qu'on puisse discuter, se remettre autour de la table.
19:51 Et peut-être, peut-être, à ce moment-là,
19:54 faudra-t-il avoir d'autres approches.
19:56 Mais aujourd'hui, la priorité, c'est le retour de l'ordre
19:59 et du dialogue.
20:00 -Et du dialogue. Je pense que tout le monde est d'accord
20:03 pour dire que l'ordre doit revenir le plus vite possible
20:06 et que personne ne peut vivre dans un état d'insurrection
20:09 avec des milices autodéfense sur place.
20:11 La question, c'est le dialogue.
20:13 Les politiques fonctionnaires vous disent,
20:15 là, je vous cite Jean-François Merle,
20:17 qui a, vous le connaissez, piloté les accords également,
20:22 "Le chantage au calendrier, c'est quelque chose
20:25 "qui n'a jamais marché. Les non-indépendantistes,
20:28 "qui ont obtenu ce qu'ils voulaient avec le dégel du corps électoral,
20:32 "quel intérêt ont-ils d'aboutir à un accord ?
20:35 "Aucun, dit-il. Et pour les indépendantistes,
20:37 "ça s'appelle négocier avec un pistolet sur la tempe."
20:40 Vous êtes prêt à dire au président, là,
20:42 c'est très important de changer de méthode, ou pas ?
20:45 -D'abord, je redis les choses.
20:47 Qu'aurait-on dit si le président ne s'était pas exprimé
20:50 et ne serait pas allé sur place ?
20:52 C'est du jamais vu, qu'au bout de huit jours,
20:54 il aurait pu à nouveau envoyer quelques-uns de ses ministres,
20:57 avec lesquels il part sur l'île, bien évidemment,
20:59 mise à interv' et mise à défense.
21:01 Déjà, il s'expose du même, donc il prend ses responsabilités.
21:04 On ne peut pas faire plus en termes de responsabilité de l'Etat.
21:07 C'est le premier élément.
21:08 Avec la condition, à nouveau, que le retour de l'ordre soit...
21:11 -Oui, oui, j'entends bien. -Le sujet, c'est qu'il y a
21:14 beaucoup de discussions.
21:15 D'abord, c'est une extrême complexité,
21:17 c'est peut-être un des points que nous avons en accord.
21:20 Les parties sont divisées pour plein de sujets dans leur nuance.
21:23 Le sujet, c'est qu'il y ait une discussion à trois.
21:26 Encore une fois, les loyalistes, les indépendantistes et l'Etat.
21:29 Je rappelle que l'Etat a transféré beaucoup de compétences.
21:32 A raison, dans ce processus de décolonisation,
21:34 beaucoup de compétences.
21:35 L'Etat, au final, la République française,
21:37 a la compétence de l'armée, de la justice,
21:39 des affaires étrangères, mais pas l'économie,
21:41 pas la santé, etc.
21:42 Et ça, c'est vraiment au Congrès et aux provinces.
21:45 Donc, effectivement, il faut qu'il y ait ça.
21:47 Je ne veux pas préempter le président de la République,
21:49 d'abord, c'est sa responsabilité, de savoir s'il faut convoquer
21:51 le Congrès ou pas.
21:52 Je te rappelle un point.
21:53 Dans la loi qui a été adoptée, la loi ne s'appliquait pas
21:56 dès lors qu'il y aurait eu un accord trouvé,
21:58 même postérieurement à son application.
22:00 Donc, il y avait quand même cette possibilité.
22:02 -On va essayer de voir.
22:03 -On ne sait pas si il est dans cet accord global,
22:05 s'il est trouvé avant le 30 juin,
22:07 puisqu'on attend les règles du jeu fixées,
22:09 et même après, par le président de la République.
22:11 Mathias Tavet, je vous donne la parole dans un instant.
22:13 Pour ceux qui sont un peu plus jeunes, peut-être,
22:15 que certains d'entre vous, qui ne savent pas
22:17 ce que c'est que l'esprit de Nouméa ou de Matignon,
22:19 la méthode rocard, puis Jospin, c'est signé Marion Becker,
22:23 tout en archive, regardez.
22:25 Et on verra si vous pouvez reproduire cela ou pas après.
22:29 ...
22:33 -Dans l'histoire tourmentée entre la métropole
22:36 et la Nouvelle-Calédonie, Michel Rocard incarne
22:39 l'homme du compromis, celui qui a évité
22:42 que l'archipel ne sombre dans la guerre civile
22:44 après la tragédie de la grotte d'Uvea,
22:47 le 22 avril 1988.
22:49 Pour ramener la paix, François Mitterrand confie
22:52 le dossier à son Premier ministre, Michel Rocard,
22:55 qui fait dialoguer tous les acteurs.
22:57 Son ancien conseiller pour l'Outre-mer,
22:59 Jean-François Merle, se souvient.
23:01 -C'est une volonté de sortir des difficultés par le haut,
23:07 c'est-à-dire en donnant aux interlocuteurs
23:11 la possibilité d'aller au-delà de leurs préoccupations immédiates,
23:17 mais pour ça, il faut se mettre dans la tête
23:21 des uns et des autres alternativement,
23:24 pour comprendre ce que sont les ressorts essentiels.
23:27 -Michel Rocard s'implique personnellement
23:29 dans les négociations et réussit l'impensable.
23:32 Le 26 juin 1988, la poignée de main
23:35 entre l'indépendantiste Jean-Marie Djebaou
23:37 et le leader loyaliste Jacques Lafleur.
23:40 -Au terme de longues heures de négociations,
23:44 les délégations de Nouvelle-Calédonie,
23:47 conduites par messieurs Lafleur et Djebaou,
23:50 ont ensemble donné leur accord
23:54 à ce que l'État reprenne pour les 12 prochains mois
23:59 l'autorité administrative sur le territoire
24:03 de manière à garantir l'impartialité de l'action publique.
24:08 -Nous avons réussi à comprendre, tous autant que nous sommes,
24:14 que nous devions savoir donner, savoir pardonner.
24:21 -Choisir entre pouvoir travailler en sécurité et s'entretuer,
24:26 je pense que les délégations étaient conscientes,
24:31 c'était même émouvant parfois.
24:34 -Pacte historique qui seules les accords de Matignon
24:37 avaient calaclé la perspective d'un référendum
24:40 d'autodétermination et surtout,
24:42 qui consacre cette méthode rocard, aujourd'hui abandonnée.
24:46 -Ce qui est certain, c'est qu'il y a eu du mépris
24:51 pour tous les messages qui ont été formulés
24:56 pour dire aux premiers ministres, au gouvernement,
24:59 que ce n'était pas la bonne façon de procéder.
25:03 -C'est le retour de ce dialogue et de cette méthode
25:06 qui sont réclamés pour amener le calme sur l'archipel
25:09 et préparer son avenir.
25:11 -Je voudrais qu'on se pose la question de cet accord global,
25:15 puisque maintenant, les partis vont se retrouver
25:18 autour d'un médiateur qui va être nommé,
25:21 ou peut-être que c'est lui-même le président.
25:24 Mathias Tavel, qu'attendez-vous de cette visite présidentielle ?
25:28 Est-ce qu'il faut aider au dialogue ?
25:30 Et est-ce que ces appels au dialogue doivent venir
25:33 de l'ensemble de l'arc républicain ?
25:35 -Bien sûr qu'il faut le dialogue,
25:37 c'est ce que nous avons défendu la semaine dernière
25:40 avec la proposition de la création d'une mission
25:43 pour faciliter ce dialogue.
25:45 On attend de voir la mission que le président va installer,
25:49 qui va la composer, etc., parce que pour l'instant...
25:52 -Il faudrait un médiateur impartial,
25:54 un ancien Premier ministre, Edouard Philippe, par exemple.
25:58 -Le président de la République lui-même
26:01 doit donner le premier le signe du dialogue
26:04 et retirer le texte, ou Aminima,
26:06 comme le demande même la maire Renaissance de Nouméa,
26:09 ne pas convoquer le Congrès
26:11 et laisser le temps d'avoir cet accord global.
26:14 Si vous dites "on vient faire une médiation,
26:17 "mais je vais convoquer le Congrès,
26:19 "mais je ne retire pas le texte",
26:21 c'est exactement ce qui a été dit tout à l'heure,
26:24 les indépendantistes ont le sentiment
26:26 de négocier avec un pistolet sur la tente,
26:28 et que l'Etat n'est pas impartial.
26:30 Comme vous dites, il faut un dialogue à trois,
26:33 il faut d'abord le dialogue entre les Calédoniens
26:36 qui sont indépendantistes et loyalistes,
26:38 et l'Etat dans une position impartiale.
26:40 -On comprend qu'on est dans le face-à-face.
26:42 Les Canacs, les indépendantistes,
26:44 attendent le retrait du texte, ou au moins son report,
26:47 mais pour sortir de là, il y a cette idée d'accord global.
26:50 M. Trepied, expliquez-nous
26:52 de quoi il s'agit dans cet accord global potentiel.
26:55 Est-ce qu'il faut réfléchir à un nouveau statut de Lille ?
26:59 Est-ce qu'on peut rester dans le giron français
27:03 tout en gagnant davantage d'autonomie ?
27:06 Il y a les îles Cook, par exemple,
27:08 avec les Britanniques, les îles Marshall,
27:12 avec les Etats-Unis. Est-ce qu'il y a d'autres modèles ?
27:15 -Il y a d'autres modèles possibles,
27:17 et il y a eu une ouverture de réflexion
27:19 dans le courant des années 2000-2010.
27:21 Il y a eu un fameux rapport parlementaire
27:23 très détaillé sur les différentes options
27:25 qui s'ouvraient pour la Nouvelle-Calédonie,
27:27 le rapport martial soukramanien,
27:29 qui envisageait quatre possibilités statutaires,
27:32 et en particulier les deux qui étaient entre les lignes
27:35 très privilégiées, c'est les deux du milieu,
27:38 c'est-à-dire, grosso modo, une forme
27:40 d'indépendance-association qui permet de tout concilier.
27:43 Une autre façon de le dire, c'est qu'il faut comprendre
27:46 de quoi les gens ont peur, en fait, dans les deux camps.
27:49 Les Kanaks, la grande peur, c'est d'être noyés,
27:52 et c'est de finir comme les aborigènes d'Australie,
27:55 qui représentent 4 % de la population.
27:57 C'est pour ça que la venue régulière
27:59 sans aucun frein des hexagonaux qui pensent
28:02 qu'on peut s'installer en Nouvelle-Calédonie
28:04 comme on s'installe en Nouvelle-Aquitaine,
28:06 ça ne va pas. D'autre part...
28:08 (Sonnerie)
28:09 D'autre part... Excusez-moi. -Allez-y, on est en direct.
28:12 Le téléphone sonne, on l'éteint. Ne perdez pas le fil.
28:15 -Ce que craignent les loyalistes de leur côté,
28:18 c'est qu'une forme d'indépendance
28:20 amène à un appauvrissement du pays,
28:22 qu'il n'y ait plus les mêmes niveaux de soins,
28:25 les mêmes niveaux d'éducation, de croissance économique.
28:28 C'est autour de ces enjeux-là qu'il faut discuter.
28:31 Il faut voir de quelle façon, en fait,
28:33 la Calédonie pourrait retrouver sa pleine souveraineté,
28:36 parce que les Canacs n'abandonneront jamais
28:39 la revendication d'indépendance, quoi qu'il en coûte,
28:42 comme dirait l'autre. Donc il faut trouver
28:45 une forme de recouvrement de souveraineté,
28:47 et puis après, que la Calédonie décide
28:49 de nouer un partenariat spécifique avec la France.
28:52 Ca a été exploré, ce sont des choses qui existent.
28:55 Les pouvoirs publics, en 88 et 98,
28:57 ont fait preuve d'une immense imagination politique
29:00 que les juristes disaient impossible à mettre en oeuvre.
29:03 C'est quoi cette histoire de corps électoral gelé ?
29:06 Mais quand le droit est au service de la politique,
29:09 c'est pas l'inverse. C'est pour ça que d'avoir lancé
29:12 cette réforme en disant "attention, le Conseil d'Etat nous dit
29:15 que ça va coincer", c'est mettre la charrue avant les deux.
29:18 -On se pose la question de savoir si on a beaucoup de temps
29:21 dans ce dossier ou si, au contraire,
29:23 on a pas beaucoup de temps. -D'un point de vue juridique,
29:26 il y a pas de lecture claire, c'est-à-dire un débat juridique.
29:29 Il y a pas une lecture univoque de ce qui doit se passer.
29:32 -C'est-à-dire déjeuler le corps électoral
29:34 pour inviter pour les futures élections
29:36 un cinquième des Calédoniens qui sont nés sur place
29:39 et qui payent leurs impôts sur place.
29:41 Ca semble une question de démocratie.
29:43 -Ce qu'il faut comprendre de ce point de vue-là,
29:46 c'est que l'enjeu, c'est qui est citoyen de la Nouvelle-Calédonie.
29:50 Ce sont les citoyens de la Calédonie qui votent.
29:53 La logique de "un homme = une voix"
29:55 s'applique pas à tous les citoyens français qui sont là.
29:58 Elle s'applique aux citoyens calédoniens.
30:00 Le corps des citoyens calédoniens,
30:02 sachant que la décolonisation passe par la citoyenneté,
30:05 a été défini en 98.
30:07 Comme un corps électoral, je l'ai.
30:09 Les gens arrivaient après 98,
30:11 dans un pays qui était en voie de décolonisation.
30:14 C'est pas un mot partisan, le mot est dans l'accord,
30:17 dans la Constitution française.
30:19 La Calédonie est en décolonisation.
30:21 Maintenant, on arrive au terme du processus.
30:24 L'enjeu, c'est de discuter d'un nouveau code de la citoyenneté.
30:28 -Ca peut pas se faire en un mois.
30:30 -C'est pas à Paris que ça se décide.
30:32 C'est comme si on demandait à un autre pays
30:35 de décider du code de la nationalité en France.
30:38 -Ca veut dire qu'il faut qu'il y ait plusieurs mois devant nous
30:42 pour que le médiateur, qui sera sans doute nommé,
30:45 pour une mission de conciliation, puisse se dire
30:48 "je travaille sans ultimatum" pour retrouver les voies
30:51 de l'apaisement sur ces questions de citoyenneté ?
30:54 -Bien entendu qu'il ne faut pas d'ultimatum,
30:57 mais Matignon comme Nouméa,
30:59 ça s'est pas négocié en plusieurs mois.
31:02 Il a fallu quelques semaines, quelques jours.
31:05 Par conséquent, dès lors que les choses sont bien préparées,
31:08 on peut très bien... Mais il faut pas avoir,
31:11 comme le disait Jean-François Merle, le couteau sur la tempe.
31:14 Or, le Conseil d'Etat a reconnu qu'on pouvait reporter
31:18 les élections qui auraient dû avoir lieu au mois de mai, cette année.
31:22 On pouvait les reporter, et il a dit jusqu'en novembre 2025.
31:27 Donc on a le temps de pouvoir discuter,
31:31 et on peut très bien... Et lorsque la discussion interviendra,
31:35 alors c'est plus difficile qu'en 98,
31:38 d'abord parce que depuis quelques mois,
31:41 les uns et les autres s'envoient à la figure des mots
31:44 qui sont particulièrement blessants,
31:47 et puis, d'autre part, il y a plus deux chefs,
31:50 comme en 98. Les indépendantistes sont très divisés,
31:54 on le voit, puisqu'il y a un certain nombre de radicaux,
31:57 il y a des gens plus modérés.
31:59 Les loyalistes, alors, là, sont ultra-divisés,
32:03 et donc c'est difficile, c'est plus difficile,
32:06 mais il y a dans chaque camp des gens raisonnables,
32:10 modérés, et il est donc possible,
32:13 avec une certaine compétence,
32:16 parce que Rocard, comme Jansmin,
32:19 ils avaient derrière eux des équipes
32:22 particulièrement compétentes pour imaginer...
32:25 -Vous trouvez que ça manque ? -Imaginer ces systèmes.
32:28 -Les ressources, la compétence, on a l'impression.
32:31 -Gabriel Attal ne connaît pas la Nouvelle-Calédonie.
32:34 -Il y a moins de gens, de façon générale,
32:37 qui ont des compétences, qui ont aussi des relations.
32:41 C'est important, ces relations humaines sur ces sujets-là.
32:44 Il faut donner un peu de temps,
32:46 des contacts souvent un peu personnels,
32:48 et effectivement, dans tous les groupes politiques,
32:51 il y a moins de compétences qu'il y en avait,
32:54 je le pense, à un certain temps.
32:56 Mais par contre, qu'on donne un peu de temps, pourquoi pas ?
32:59 Mais attention, le fonds,
33:01 et aujourd'hui, économique, social,
33:03 n'est pas celui des années 88 ou 98.
33:06 On a aujourd'hui une Nouvelle-Calédonie
33:09 qui est réellement, sur le plan économique,
33:12 dans une situation explosive et dramatique.
33:15 -Avec la crise du nickel. -Il ne peut pas y avoir,
33:18 dans l'accord global, de réponses politiques, institutionnelles,
33:22 de compétences, etc., sans qu'il y ait une part
33:25 au nickel, consacré au nickel.
33:27 -La grande ressource menière.
33:29 -Mais qui a souvent été fantasmée.
33:31 -Qui est en crise aujourd'hui.
33:33 -Les gens ont longtemps pensé que le nickel
33:36 pourrait assurer le financement de l'indépendance.
33:39 Aujourd'hui, ce n'est plus vrai.
33:41 -Vous aurez le mot de la fin.
33:43 Est-ce que vous entendez, ceux qui ont travaillé,
33:46 il faut donner du temps au temps ?
33:48 -Bien sûr. -Rien ne presse.
33:50 -Il faut entendre tout le monde.
33:52 Je voudrais juste revenir sur un point.
33:55 Ce qu'aurait-on dit si on n'avait pas nommé un député
33:58 qui n'est pas calédonien ?
34:00 -Il est plus noyé.
34:02 -Il y avait deux députés Renaissance.
34:04 -L'un était rapporteur, l'autre,
34:06 il n'aurait pas fait une telle provocation.
34:09 -Qu'aurait-on dit si ça n'avait pas été eux ?
34:12 -On s'arrête là. On va suivre ça, évidemment,
34:15 sur LCP, le président et sur le Caillou.
34:18 Ce soir, on verra ce qu'il annonce ou pas.
34:21 Merci d'être venu débattre en direct.
34:23 Vous restez avec moi, Mathias Tavel.
34:25 Ce soir, Vincent Huges va revenir sur le mandat
34:28 d'arrêt international requis contre Benyamin Netanyahou
34:31 pour le procureur de la Cour pénale internationale.
34:34 Elsa Mondingava, vous nous racontez quoi ce soir ?
34:37 -Les syndicats unis ici, à l'Assemblée,
34:40 contre la réforme de l'assurance-chômage.
34:43 -D'abord, gros plan sur une campagne pas comme les autres,
34:47 la vôtre, la campagne des Européennes.
34:50 Mathias Tavel, vous avez fait le choix
34:52 de braquer tous les projecteurs sur la guerre à Gaza.
34:55 En quelques semaines, la juriste et militante
34:58 de l'Assad a pris toute la lumière
35:00 jusqu'à éclipser la tête de liste Manon Aubry.
35:03 Pourquoi cette stratégie ?
35:05 En quoi va-t-elle sans doute laisser des traces
35:08 après le scrutin à gauche ?
35:10 Les mémondes réponses dans l'invitation
35:12 de Marco Pommier.
35:14 -Si on vous invite, Mathias Tavel,
35:20 c'est parce que vous dirigez le navire insoumis
35:23 pour les Européennes.
35:25 -Avis de Grotan, alors que les sondages se suivent
35:28 et se ressemblent, 6 à 8 % dans les intentions de vote,
35:32 la campagne de Manon Aubry, tête de liste, ne décolle pas.
35:36 -Venez nous aider ! Venez nous aider !
35:39 -Le point levé, l'indignation dans l'âme,
35:42 sans aucun doute, Mathias Tavel, vous êtes un insoumis.
35:45 Député de Loire-Atlantique depuis 2022,
35:48 première manif à seulement 15 ans contre Jean-Marie Le Pen,
35:52 qualifiée pour le second tour de la présidentielle.
35:55 Partisan du nom en 2005 contre la Constitution européenne,
35:59 vous voulez changer l'Europe de fond en comble.
36:02 Protectionnisme écologique, refus de l'austérité,
36:05 défense de la paix.
36:07 -C'est l'énergie et le souffle de l'Union populaire,
36:10 celle qui nous donne la force de tout changer
36:13 le 9 juin prochain.
36:15 -Alors, Mathias Tavel, comment convaincre les électeurs
36:18 à 3 semaines du scrutin,
36:20 avec une tête de liste presque éclipsée
36:23 par votre mentor Jean-Luc Mélenchon et par Rima Hassan,
36:27 cette juriste et activiste franco-palestinienne
36:30 investie en 7e position sur la liste des insoumis.
36:33 Une figure pour incarner un combat,
36:36 celui d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
36:39 Le conflit israélo-palestinien,
36:41 c'est le sujet phare de votre campagne.
36:44 -Nous avons été courageux d'avoir été les premiers
36:47 à dénoncer le génocide qui est en cours.
36:50 -Un sujet phare, mais une campagne entachée de controverses.
36:54 Convocation par la police de Rima Hassan et de Mathilde Panot
36:58 pour apologie du terrorisme.
37:00 Affiche polémique avec un logo niant l'existence d'Israël.
37:04 Polémique encore lorsque Jean-Luc Mélenchon compare
37:07 le président de l'Université de Lille à un criminel nazi.
37:11 De quoi fracturer encore un peu plus la muppesse
37:14 et vous en rajouter une couche en ciblant les socialistes
37:17 de Raphaël Glucksmann.
37:19 La surprise à gauche, 3e dans les sondages,
37:22 entre 12 et 14 %.
37:24 -Ceux qui veulent le grand retour de François Hollande
37:27 peuvent voter pour M. Glucksmann.
37:29 -Ce soir, Mathias Tavel, nous avons une question pour vous.
37:32 Ne regrettez-vous pas cette stratégie
37:34 de la conflictualité permanente ?
37:36 -Réponse.
37:38 -Bien sûr que non.
37:40 La situation qui est devant nous,
37:42 c'est celle d'un pays qui ne sait pas où il va,
37:45 où M. Macron emmène la France dans le mur,
37:48 sur les sujets, les retraites, la Calédonie,
37:51 les services publics, et où les gens cherchent une solution.
37:54 -Votre stratégie, Mathias Tavel, ne porte pas ses fruits.
37:57 Regardez les sondages.
37:59 Manombri est englué entre 8 et 10.
38:01 Ca ne marche pas pour l'instant.
38:03 -Pas du tout. 8 et 10, c'est très dynamique
38:06 par rapport à là où nous avons commencé.
38:09 Si les gens ne viennent pas voter en masse,
38:11 notamment les jeunes, les milieux populaires,
38:13 nous aurons une difficulté.
38:15 S'ils veulent tout changer,
38:17 ils peuvent le faire le 9 juin en votant pour Manombri.
38:20 -Pourquoi ce choix de tout braquer sur Gaza ?
38:22 On ne vous entend que là-dessus.
38:24 Sondage Ipsos pour Le Parisien publié vendredi.
38:27 Gaza arrive en toute dernière position,
38:30 très loin derrière le pouvoir d'achat,
38:33 l'immigration, la santé.
38:35 Pourquoi ne pas écouter les électeurs ?
38:37 -Pardon, madame, mais c'est vous qui ne nous écoutez pas.
38:40 -Regardez ce sondage.
38:42 7 % des Français considèrent que c'est un sujet prioritaire.
38:45 -Ce sont des Français qui considèrent
38:47 que c'est un sujet prioritaire.
38:49 Nous avons un devoir moral de dire
38:51 que nous ne sommes pas d'accord avec les crimes commis.
38:54 Je me félicite que la Cour pénale internationale
38:56 a ouvert un mandat d'arrêt pour tous les crimes de guerre,
38:59 comme ceux de M. Netanyahou.
39:01 -C'est par un directeur de campagne
39:03 que je vais apprendre qu'il y a un sujet stratégique
39:06 qui est utilisé pour tout écraser.
39:08 On ne vous entend, vous n'êtes audible que là-dessus.
39:11 -Votre reportage rappelle que nous parlons d'austérité,
39:14 que nous sommes les seuls à nous opposer
39:16 aux accords de libre-échange qui détruisent notre industrie,
39:19 notre agriculture ou le climat,
39:21 que nous sommes les seuls à avoir voté
39:23 pour arrêter cette folie du marché de l'électricité
39:26 qui fait flamber nos factures,
39:28 et que nous menons ces batailles dans la campagne européenne
39:31 avec la question de la paix à Gaza.
39:33 Pour sortir du marché de l'électricité,
39:35 du libre-échange, on n'est pas obligés
39:37 de choisir et d'être hémiplégique.
39:39 -Quand on est directeur de campagne,
39:41 on sait le pouvoir de la communication
39:43 et de la force d'un message.
39:45 Il y a une autre guerre, la guerre en Ukraine.
39:48 Elle est secondaire, à vos yeux ?
39:50 -Pas du tout. Au contraire. Nous sommes, nous, les défenseurs,
39:53 d'appliquer partout la même règle
39:55 et de ne pas avoir ce deux poids deux mesures
39:57 qui veut que quand ce sont des Ukrainiens
39:59 qui sont tués, c'est affreux, ça l'est,
40:01 et ça l'est tout autant quand ce sont des Palestiniens
40:04 qui sont tués à Gaza. -Sauf que les conséquences
40:07 de la guerre en Ukraine, ce sont les Européens
40:09 et les Français qui les ressentent directement.
40:11 On le voit sur le prix de l'énergie,
40:13 sur les cyberattaques de la Russie.
40:15 Le Canard Enchaîné va montrer ce soir
40:18 que les mains rouges sur le mur des Justes
40:21 au mémorial de la Shoah, c'est la Russie derrière,
40:24 avec de nouvelles ingérences.
40:26 Vous laissez ces sujets-là à Raphaël Glucksmann.
40:29 -Pas du tout, mais nous sommes cohérents.
40:31 -C'est lui qui en parle, pas vous.
40:33 -Il en parle pour dire qu'il faut envoyer des troupes
40:36 en Ukraine, comme le président de la République.
40:38 C'est une folie, c'est aller vers l'escalade,
40:40 vers plus de guerre. Nous, nous disons qu'il faut
40:42 construire la paix et donc travailler
40:44 par les canaux diplomatiques
40:46 à aller vers des cessez-le-feu,
40:48 à aller vers la sécurisation des centrales nucléaires
40:51 en Ukraine, parce que nous avons tous intérêt
40:53 à ce que la guerre ne dégénère pas,
40:55 à aller vers une issue diplomatique.
40:57 -Est-ce que c'est un danger pour l'Europe ?
40:59 Il faut que l'Ukraine ne perde pas cette guerre ?
41:01 -Il faut que la paix revienne. -Pour qui est-il un danger ?
41:03 -Pour les Ukrainiens, ça me paraît évident.
41:05 -Et pour les Européens ? -Bah, clairement.
41:07 En tout cas, il a des objectifs pour son pays
41:09 qui ne sont pas ceux que nous avons, nous, pour l'Europe.
41:11 -Est-ce qu'il est un danger pour les Français ?
41:13 -Il est un danger pour la paix en Europe,
41:15 donc, par définition, oui.
41:17 Mais la question, c'est comment on fait la paix ?
41:19 Comment on impose la paix, pas comment on fait
41:21 toujours plus de guerre ? Et ça vaut pour l'Ukraine,
41:23 et nous, nous le disons de la même façon
41:25 sur les deux sujets, nous n'avons pas le droit international
41:27 à géométrie variable, contrairement à certains concurrents.
41:29 -Rimah Hassan a dit sur BFM TV
41:31 le 5 mai dernier qu'Israël,
41:33 c'est pire que la Russie.
41:35 Est-ce que comparer un Etat démocratique en guerre
41:37 après une attaque terroriste sur son sol
41:39 à Poutine, qui a envahi l'Ukraine,
41:41 est-ce que c'est pertinent ?
41:43 -Pour le coup, Rimah Hassan faisait référence
41:45 au nombre d'infractions que les Etats en question
41:47 ont fait par rapport aux règles de l'ONU.
41:49 Nous, nous nous référons à l'ONU
41:51 et aux droits internationaux.
41:53 Et nous avons besoin, en Ukraine
41:55 comme à Gaza, d'aller vers
41:57 le cessez-le-feu immédiat, de prendre des sanctions
41:59 contre les régimes qui ne respectent pas
42:01 les droits internationaux, et d'aller
42:03 vers une autre politique
42:05 internationale qui permette de faire partout
42:07 baisser le niveau de tension. Moi, je suis affolé
42:09 de voir le président de la République
42:11 dire qu'il faut envoyer des troupes
42:13 en Ukraine, dire qu'il faut
42:15 peut-être demain partager la dissuasion nucléaire
42:17 avec Viktor Orban ou je ne sais qui.
42:19 Tout ça est une folie qui risque d'entraîner le monde
42:21 dans une guerre généralisée. Nous, nous disons
42:23 il faut la paix, et la paix, elle se construit.
42:25 -Israël aura à répondre
42:27 des crimes de guerre commis à Gaza, on va en parler
42:29 tout à l'heure avec Vincent Hugueux
42:31 sur ce mandat d'arrêt requis
42:33 par le procureur de la Cour pénale internationale.
42:35 Je réserve votre réaction
42:37 pour tout à l'heure. Mais pour bien être clair
42:39 sur la position des insoumis, est-ce qu'Israël doit
42:41 continuer à exister ? Est-ce que
42:43 son existence doit être garantie ?
42:45 -Mais madame, nous sommes partisans du droit
42:47 international, donc des résolutions de l'ONU.
42:49 -Oui, oui, oui.
42:51 C'est simple, les questions "oui" ou "non", c'est plus facile
42:53 de comprendre, parce qu'à chaque fois, vous croyez
42:55 que tous les Français lisent les traités internationaux,
42:57 connaissent toutes les conventions de l'ONU.
42:59 -C'est quoi, les résolutions de l'ONU ? C'est deux Etats.
43:01 C'est notre position. L'Etat d'Israël,
43:03 vivant côte à côte d'un Etat palestinien,
43:05 en paix et en sécurité.
43:07 -C'est intéressant, Mathieu Stavel, que vous parliez de deux Etats.
43:09 -Pardon, non, mais... -Rima Hassan, elle n'y croit plus
43:11 aux deux peuples, deux Etats.
43:13 -Elle dit, tout simplement, qu'avec les centaines de milliers
43:17 de colons en Cisjordanie, il n'y aura plus de possibilité
43:19 d'avoir deux Etats, parce qu'il n'y aura plus de possibilité
43:21 de se désengager de la Cisjordanie.
43:23 Elle parle d'un Etat binational,
43:25 et elle veut le droit au retour
43:27 de tous les réfugiés palestiniens.
43:29 Il y en a plus de 4 millions.
43:31 Ça, est-ce que c'est compatible
43:33 avec l'existence d'Israël ?
43:35 -Mais, madame, ce qu'il faut, c'est le droit international
43:37 et deux Etats.
43:39 Aujourd'hui, vous me demandez... -C'est pas ce que souhaite
43:41 Rima Hassan. -Mais bien sûr que si,
43:43 c'est notre programme pour les élections européennes.
43:45 -Elle ne dit plus deux peuples, deux Etats.
43:47 -Il existe, et cet Etat va continuer d'exister,
43:49 et c'est le droit à nous qui sommes favorables.
43:51 Mais quand est-ce que nous posons la question
43:53 du droit des Palestiniens à avoir un Etat ?
43:55 Pourquoi la France ne fait pas partie des Etats
43:57 qui, avec l'Irlande et l'Espagne, vont là reconnaître
43:59 l'Etat de Palestine dans les prochains jours ?
44:01 Où est-on passé ? Pourquoi ça n'a pas été fait
44:03 quand François Hollande était au pouvoir ?
44:05 On se réveille maintenant en versant des larmes de crocodile.
44:07 Non, là encore, pas de droit international
44:09 à géométrie variable,
44:11 le droit à la sécurité pour Israël,
44:13 le droit à un Etat pour les Palestiniens.
44:15 Voilà la ligne de la France insoumise
44:17 que portent tous nos candidats. -Le droit international,
44:19 l'appel, le cessez-le-feu, on entend,
44:21 ce sont les maîtres mots, les mots-clés
44:23 de votre campagne. Est-ce que vous appelez,
44:25 comme Rima Hassan, qui décidément
44:27 prend la lumière dans votre campagne
44:29 au soulèvement des facs, est-ce que vous encouragez
44:31 les étudiants à se mobiliser ? -Moi, j'encourage
44:33 tous ceux qui ne veulent pas regarder impuissants
44:35 et être spectateurs devant les massacres
44:37 qui ont permis à s'engager. Mais je les appelle
44:39 à s'engager pour la paix à Gaza,
44:41 je les appelle à s'engager pour défendre
44:43 l'université de la Sorbonne,
44:45 qui sont faites par le gouvernement
44:47 dans les universités. -Ce slogan-là,
44:49 monsieur Tavel, "sioniste hors de France",
44:51 on est à la Sorbonne,
44:53 "sioniste hors de nos facs",
44:55 pardonnez-moi. Comment vous le comprenez ?
44:57 -Ce n'est pas une affiche de la campagne
44:59 de la France insoumise. -Absolument pas.
45:01 -Je vous laisse le préciser,
45:03 vous m'aurez pu penser qu'il y avait un doute.
45:05 Il n'y a pas d'élu, personne n'est en écharpe,
45:07 il s'agit des mouvements étudiants
45:09 à la Sorbonne que vous encouragez.
45:11 "Sioniste hors de nos facs".
45:13 De qui parle-t-on ?
45:15 -Mais, madame, la question...
45:17 -Est-ce que vous condamnez ce slogan ou pas ?
45:19 -Arrêtez avec vos questions.
45:21 -Ce sont des slogans qui sont très présents
45:23 dans les facultés et les universités.
45:25 -Est-ce que vous condamnez le fait que l'Etat de Palestine
45:27 ne soit pas reconnu par la France ?
45:29 -Je ne suis pas élue, je ne suis pas engagée.
45:31 -Pourtant, vous êtes là tous les soirs.
45:33 -Ca n'a rien à voir. J'essaie de vous interroger.
45:35 -Notre position, c'est la solution à deux Etats.
45:37 J'appelle les étudiants à se mobiliser
45:39 pour la paix, pour le cessez-le-feu immédiat,
45:41 pour l'embargo sur les ventes d'armes vers Israël,
45:43 comme je les appelle à se mobiliser
45:45 pour que les universités et les moyens de fonctionner
45:47 au moment où le gouvernement coupe
45:49 plusieurs centaines de millions d'euros
45:51 à cause du plan d'austérité européen.
45:53 -Vous ne me répondez pas sur ce mot de "sioniste".
45:55 -Il faut se mobiliser.
45:57 -Ce sont les Juifs ou pas qui sont visés ?
45:59 -Bien sûr que non, madame, et vous le savez très bien,
46:01 nous sommes un groupe qui vise à assimiler
46:03 toute critique de la politique de monsieur Netanyahou
46:05 à de l'antisémitisme, mais en faisant ça,
46:07 vous fabriquez de l'antisémitisme.
46:09 -J'essaie de comprendre si vous condamnez ces slogans
46:13 qui font que certains étudiants juifs
46:15 dans certaines facultés
46:17 peuvent se sentir moins bienvenus.
46:19 Je voudrais qu'on parle de Jean-Luc Mélenchon.
46:21 -Je ne peux pas vous laisser dire comme ça,
46:23 au détour d'une phrase, qu'on encouragerait l'antisémitisme.
46:25 -Je ne sais pas ce que j'ai dit.
46:27 -Ce qui fait l'antisémitisme,
46:29 c'est l'extrême droite dans notre pays,
46:31 et c'est le sentiment qu'on laisse faire
46:33 le gouvernement israélien en toute impunité,
46:35 alors que ce qui fait reculer l'antisémitisme,
46:37 c'est de condamner tous les crimes de guerre,
46:39 ceux du Hamas comme ceux du gouvernement israélien,
46:41 avec la même force, c'est-à-dire la force
46:43 de l'humanisme qui est le nôtre.
46:45 -Dernière question, Mathias Tavelle.
46:47 Est-ce que ce qui se passe dans ces élections européennes
46:49 va avoir des conséquences importantes
46:51 sur la présidentielle ? On voit bien que c'est à couteau tiré.
46:53 Avec Raphaël Glucksmann,
46:55 est-ce qu'il est en train de liquider
46:57 le programme de l'ANUP ?
46:59 -Clairement, Raphaël Glucksmann veut liquider
47:01 le programme de l'ANUP. La retraite à 60 ans,
47:03 il n'en veut pas. Sortir du marché de l'électricité,
47:05 il n'en veut pas. Aller vers 100 % renouvelable,
47:07 il n'en veut pas. Donc les électeurs ont un choix
47:09 très simple. S'ils veulent le programme de l'ANUP,
47:11 s'ils veulent la retraite à 60 ans,
47:13 ils votent pour la liste de Manon Aubry.
47:15 S'ils veulent refaire François Hollande
47:17 et la gauche d'avant, ils votent pour M. Glucksmann.
47:19 Mais M. Glucksmann ne prépare pas
47:21 l'après Macron, il prépare l'avant Macron.
47:23 Nous, nous préparons l'après Macron
47:25 écologique et social. -Et on sent bien
47:27 que le divorce est
47:29 presque consommé au sein de la gauche
47:31 dans ces Européennes. -Mais M. Glucksmann
47:33 fait le choix d'être contre la retraite à 60 ans
47:35 alors qu'il y avait un grand mouvement l'année dernière.
47:37 Nous, nous continuons ce mouvement dans les urnes.
47:39 -Aller, rendez-vous le 9 juin prochain.
47:41 Allez donc voter.
47:43 Nathia Stavel, on garde un peu de temps pour que
47:45 vous puissiez réagir à nos affranchis et leurs parties.
47:47 Pris qu'on accueille tout de suite.
47:49 Musique rythmée
47:51 ...
47:53 -Bonsoir, Vincent. -Bonsoir.
47:59 -Vincent Hugel, grand reporter.
48:01 Vous souhaitiez revenir sur cette tempête
48:03 déclenchée hier par le procureur de la Cour pénale internationale.
48:06 Il demande que soient délivrés des mandats d'arrêt
48:08 à l'encontre de cinq individus.
48:10 Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense du Havegalante
48:14 et deux chefs militaires du Hamas à Gaza,
48:17 Yahya Sinwar, Mohamed Deyif
48:20 et le patron du bureau politique du Hamas,
48:22 Ismail Haniyeh.
48:24 -C'était couru d'avance.
48:26 A peine le procureur de la CPI avait-il dévoilé son initiative
48:29 que se mirent à pleuvoir drus les anatèmes.
48:32 Décision scandaleuse pour Joe Biden,
48:34 une honte aux yeux de son secrétaire d'Etat,
48:36 Anthony Blinken, déshonneur historique
48:38 à Senn, ministre de Netanyahou,
48:40 lequel se borne, quant à lui, à dégainer son dégoût.
48:43 Bref, de tel avis Washington,
48:45 il a d'emblée épuisé le lexique de l'indignation,
48:48 qu'elle soit sincère ou surjouée.
48:50 Pas sûr que les dics de la raison puissent résister à un tel tsunami.
48:54 Essayons néanmoins d'en élever une ou deux.
48:56 Au fil d'un exposé argumenté,
48:58 Karim Khan dit le droit conformément au mandat de la Cour,
49:01 ce qui ne préjuge en rien de la suite de la procédure,
49:04 même s'il est d'usage que le trio de juges appelés à statuer
49:07 avalise les recommandations du procureur.
49:10 Pour le reste, nul ne peut prétendre savoir
49:12 ce que serait l'hypothétique verdict d'un très aléatoire procès.
49:16 -Comment comprendre la virulence des réactions en Israël
49:19 comme aux Etats-Unis ?
49:21 -A entendre les Israéliens et leurs parrains américains,
49:24 dont il faut rappeler qu'ils ont toujours récusé la Cour,
49:27 l'obscénité morale de cette démarche résiderait dans le fait de,
49:30 je cite, "placer sur le même plan deux officiels d'un Etat démocratique,
49:33 "cible à l'automne dernier d'un abjecte carnage,
49:36 "et trois figures d'un mouvement terroriste islamiste.
49:39 "Equivalence infâme, martèle-t-il."
49:41 Qu'aurait-on entendu s'il, à ces pays,
49:43 avait omis d'épingler les cahiers du Hamas ?
49:45 Et comment est-ce qu'a moté le caractère aveugle
49:48 de la riposte de Sahal, plus de 35 000 Gazaouis tués,
49:51 civils dans leur immense majorité ?
49:53 Car Imran a au demeurant réitéré son mantra, je le cite,
49:56 "La loi internationale et le droit de la guerre s'appliquent à tous,
49:59 "et personne, soldat, commandant, dirigeant,
50:02 "ne peut agir dans l'impunité."
50:04 Impossible en outre de plaider la surprise,
50:06 la Cour a ouvert dès 2021 une enquête sur les potentiels
50:09 crimes de guerre commis dans les territoires palestiniens,
50:12 tant par Israël que par le Hamas et autres factions armées.
50:15 Enquête étendue et élargie au lendemain du 7 octobre.
50:18 - Quel danger encourt à présent Benyamin Netanyahou,
50:21 si ce n'est une forme d'entrave dans ses déplacements
50:24 dans les 124 pays signataires du statut de Rome ?
50:28 - Soyons clairs là-dessus. Le risque, pour lui,
50:30 d'échouer un jour dans une cellule du centre pénitentiaire de La Haye
50:33 est nul. Aussi insignifiant que celui de voir y atterrir
50:36 Vladimir Poutine, visé depuis mars 2023 par un mandat
50:40 de la même CPI, alors abreuvé de louanges sous ne latitude.
50:44 Voudrait-on doper l'audience de la thèse du deux poids deux mesures,
50:47 tellement en vogue dans le désormais fameux Sud global,
50:50 qu'on ne s'y prendrait pas autrement ?
50:52 Car tout nous ramène à cette question primordiale.
50:55 Le concept de juridiction universelle a-t-il un avenir
50:58 en ce bas monde ? Quel est donc le grief le plus fréquemment
51:01 adressé à la Cour en Afrique, en Amérique latine ou au Moyen-Orient ?
51:05 De rendre une justice de blanc, une justice de vainqueur,
51:08 une justice hémiplégique dont seul l'hémisphère nord serait valide ?
51:11 - Pour conclure, quelles sont les réactions
51:14 de la société israélienne elle-même ?
51:16 - Dans l'immédiat, le pays fait bloc, mais je ne parierai pas
51:19 trois shékels sur la pérennité de ce consensus.
51:22 Dans le quotidien libéral à Arez, un littoraliste écrit ceci.
51:25 "La guerre déclenchée à Gaza était juste, mais sa conduite
51:28 erratique et la stupidité crasse de notre gouvernement
51:31 ont mué Israël en paria planétaire, ce que nous devons autant
51:34 à Netanyahou qu'à Karim Ran." Voilà bien l'autre péril
51:37 qui guette l'Etat hébreu, l'isolement, l'épuisement
51:40 du crédit compassionnel ô combien légitime que lui valait
51:43 l'atroce fardeau de sa genèse, l'holocauste.
51:46 On peut donc gagner sur le champ de bataille et perdre
51:49 la bataille des opinions. - Réaction rapide, Mathias Tabel.
51:52 - Beaucoup de satisfaction à voir la Cour pénale internationale
51:56 aller vers une justice qui s'applique partout
52:01 de la même façon à tout le monde. Je crois que si nous voulons,
52:04 comme idéal, débarrasser le monde de la guerre et de ses crimes,
52:08 il faut être capable d'avoir la même voix partout,
52:11 ne pas avoir de deux poids, deux mesures.
52:13 La décision qui va être prise, si elle confirme la demande
52:16 du procureur, va dans ce sens. Tous les crimes de guerre
52:19 doivent être poursuivis et tous leurs auteurs doivent être
52:22 condamnés, quels qu'ils soient, partout dans le monde.
52:25 C'est ce que nous défendons pour notre part.
52:28 - Bon, Bourbon Express, pour terminer, la petite comme la grande
52:31 histoire du jour à l'Assemblée.
52:33 Bonsoir Elsa. - Bonsoir.
52:42 - Cette histoire du jour se joue du côté d'un petit groupe,
52:45 c'est ça, de députés ? - Exactement, c'est l'image du jour.
52:48 Regardez, il y avait du beau monde à l'Assemblée aujourd'hui,
52:51 du beau monde syndical, la CGT, la CFDT, Force ouvrière
52:55 et la CFE-CGC, les principales centrales donc,
52:58 avaient fait le déplacement ici au Palais Bourbon pour soutenir
53:01 une proposition de loi du groupe LIOT, Liberté indépendante
53:04 Outre-mer et territoire, un texte contre la réforme
53:07 de l'assurance chômage.
53:09 - Depuis le gouvernement Macron, ce sera la 5e réforme
53:12 avec à chaque texte le même objectif,
53:15 le durcissement. Le durcissement des conditions d'accès.
53:18 Je crois que, enfin nous en tout cas, dans le groupe,
53:21 dans certains d'entre nous, ça paraît plus du tout acceptable.
53:25 - On attend l'arbitrage du gouvernement, mais l'exécutif
53:28 devrait choisir de jouer sur les conditions d'entrée
53:31 dans le régime, Thauley à gauche et donc chez le groupe LIOT,
53:34 qui a annoncé le dépôt d'une proposition de loi
53:37 lors de sa niche parlementaire, c'est sa journée d'initiative
53:40 pour maintenir les conditions actuelles de l'assurance chômage
53:43 et donc ils ont réussi à réunir Marie-Lise Léon de la CFDT,
53:47 Sophie Binet de la CGT, Frédérique Souillaud de Force ouvrière
53:50 ou encore François Ombril de la CFE-CGC,
53:53 des soutiens de poids donc pour le petit groupe.
53:56 - Ce n'est pas la première fois que ce petit groupe
53:59 fédère les syndicats derrière lui. - Non, souvenez-vous,
54:02 c'était en 2023 la réforme des retraites, le groupe avait reçu
54:05 Laurent Berger, qui dirigeait alors la CFDT, c'était au moment
54:08 de l'examen du projet de loi, et puis Sophie Binet,
54:11 la tête de la CGT, quand le groupe avait déposé une proposition
54:14 de loi pour revenir sur cette réforme des retraites.
54:17 - C'est donc la reconstitution de la ligue dissoute cette année
54:20 contre l'assurance chômage.
54:22 - Le groupe Lyon, c'est le groupe que les syndicats retrouvent
54:25 à l'Assemblée pour ces combats, il y avait la réforme des retraites
54:27 à l'assurance chômage. - Ça fait partie des groupes
54:30 parlementaires avec qui on travaille bien, mais c'est évidemment
54:32 pas le seul et c'est la raison pour laquelle j'appelle
54:34 l'ensemble des parlementaires à voter cette proposition-là
54:37 le 13 juin prochain. L'enjeu, c'est comme elle est déposée
54:40 par un groupe qui est un peu au centre du Parlement,
54:44 et ça doit permettre à l'ensemble des forces politiques
54:46 de voter cette proposition de loi pour empêcher cette réforme
54:49 de régression majeure qui est la réforme assurance chômage.
54:52 - Un groupe au centre du Parlement, alors vous ne cachez pas
54:55 son plaisir ce matin au groupe Lyot.
54:57 - La photo, elle est belle pour le groupe Lyot,
55:00 votre groupe au centre avec tous les syndicats autour,
55:03 c'est aussi un peu de la politique.
55:05 - Oui, mais bon, d'abord de montrer que nous sommes
55:08 en capacité de rassembler dans un pays qui est autant divisé,
55:12 c'est pour nous effectivement une grande source de satisfaction.
55:16 Pourquoi nous, notre groupe parlementaire,
55:18 on a des gens qui viennent de gauche, de droite, du centre,
55:20 on travaille ensemble ? Pourquoi nous, on réussit
55:22 à travailler avec tous les corps intermédiaires ?
55:24 Pourquoi l'Etat ne pourrait pas le faire ?
55:26 - La proposition de loi sera examinée le 5 juin en commission,
55:28 le 13 dans l'hémicycle.
55:30 - Merci beaucoup Elzabon Dengava, et cette fois-ci,
55:32 pas une voix de gauche ne manquera pour voter ce texte, c'est sûr.
55:35 - Mais pas une voix de gauche n'allait manquer
55:37 pour essayer de censurer la réforme des retraites,
55:39 il faut abroger les réformes de l'assurance chômage
55:41 qui n'attaquent pas seulement les chômeurs,
55:43 mais tous les salariés, parce que le but, c'est de pousser
55:45 les chômeurs à accepter n'importe quel emploi
55:47 et tirer tout le monde vers le bas.
55:49 - Merci beaucoup. - Évidemment, il faut abroger ces réformes
55:51 et venez le dire aussi le 9 juin dans les urnes.
55:53 - Mathias Stabel, directeur de campagne de Manombri,
55:55 très bonne campagne à vous, très belle soirée sur LCP.
55:57 A demain, même nommel.
55:59 ...
56:13 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

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