• il y a 7 mois
Après un accident domestique dans l'enfance, Inès est hospitalisée. Durant ces longs mois où elle apprend à vivre sans estomac ni œsophage, elle découvre le nail art. Bouffée d'air dans son quotidien, cette activité finit par devenir sa carrière. Elle nous raconte cette vocation.
Transcription
00:00 Aujourd'hui, je me dis qu'il n'y a plus rien qui est inatteignable,
00:02 malgré l'handicap, malgré tous ces doutes,
00:05 malgré le fait que la santé mentale, ce n'est pas forcément évident tous les jours.
00:09 D'avoir trouvé ma passion, ça m'a beaucoup aidée.
00:12 Bonjour, moi c'est Inès, je suis née une artiste, j'ai 24 ans
00:18 et je fais des ongles malgré mon handicap.
00:19 Moi, je me suis retrouvée hospitalisée après un accident
00:23 qui a eu lieu quand j'étais petite.
00:24 Entre-temps, tout allait bien et en fait, suite à une opération qui a raté,
00:29 je me suis retrouvée bloquée à long terme.
00:32 Et c'est là où est venue ma passion pour le nail art.
00:35 J'ai commencé parce qu'une dame était venue me faire les ongles à l'hôpital.
00:39 Et après, en fait, je n'ai pas arrêté de moi-même avoir cette envie d'avoir les ongles propres.
00:43 Et en sortant de l'hôpital, je n'avais pas l'énergie de me déplacer en institut.
00:48 Du coup, j'ai juste acheté le matériel et j'ai commencé en fait sur moi-même,
00:51 mes soeurs, les copines de mes soeurs.
00:53 Et puis c'est parti, c'est parti un peu vite, mais c'est parti.
00:57 En postant sur les réseaux sociaux que c'est parti d'un coup et qu'en repartageant,
01:03 les gens ont aimé ce que je faisais.
01:06 Je ne pensais pas que ça pouvait être un métier.
01:07 Et puis j'étais encore dans mon hospitalisation.
01:09 Techniquement, je suis encore censée être en hospitalisation à domicile.
01:12 Mais en fait, ça a tellement pris vite que du coup, je suis en train de travailler actuellement
01:16 et de vivre ma meilleure vie.
01:18 Au niveau santé, moi, j'ai dû tout réapprendre.
01:20 J'ai dû réapprendre à marcher, à parler, à respirer, à manger, à boire.
01:24 Le fait de faire les ongles, ça m'a beaucoup aidée à équilibrer.
01:27 J'avais tout ça, mais je me rassurais en me disant,
01:30 "OK, je sais que derrière, il y a les ongles qui m'attendent."
01:32 Et en fait, même si je pouvais avoir mal, je pouvais être dans une mauvaise passe,
01:37 le fait de faire les ongles, ça allait me faire oublier et me faire me concentrer sur quelque chose
01:41 qui me faisait oublier la douleur finalement.
01:44 Pour moi, ça a vraiment été thérapeutique parce que ça m'a même aidée à guérir plus vite.
01:50 C'est incroyable.
01:50 Mon inspiration première, même, elle part de l'hôpital parce que finalement, j'avais pas d'autre chose.
01:56 Puis même en devenant ma propre infirmière, j'ai beaucoup été amenée à toucher les instruments,
02:01 à toucher les gants, le matériel.
02:03 Si je peux l'utiliser pour moi, je peux l'utiliser pour plein d'autres choses.
02:07 Donc, j'ai fini par me dire, "OK, je vais tester."
02:09 En testant, je me suis rendue compte que c'était possible.
02:11 Je m'amuse avec ça et j'utilise toujours mes seringues et tout mon matériel
02:15 pour jouer avec mon art finalement.
02:19 Aujourd'hui, je trouve un semblant d'équilibre parce que j'ai toujours des douleurs,
02:23 des rendez-vous médicaux obligatoires.
02:25 Il y a des choses aussi qui arrivent comme des problèmes de sonde
02:28 ou des problèmes techniques, on va dire.
02:30 Évidemment que ça m'impacte dans ma vie professionnelle.
02:34 C'est ça aussi qui fait que je suis encore plus fière de moi.
02:37 Ce qui est bien avec le nail art, du coup, c'est que j'ai cette liberté de pouvoir m'adapter.
02:41 Toute cette partie de travail en amont qui est de ma propre responsabilité.
02:45 Donc, si j'ai mal, je peux faire des pauses.
02:48 Je peux mettre tout le temps que je veux pour faire les ongles.
02:50 Et même on-set, en shooting, c'est toujours très libre.
02:55 Il y a toujours une petite partie où c'est toujours un peu le rush.
02:57 En cas d'éventualité de soucis de santé,
02:59 je peux toujours quitter le shooting ou quoi, une fois que le travail est fait.
03:02 Je peux prendre une assistante.
03:04 Et ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidée d'avoir des assistantes
03:07 parce que c'est vrai que trop de fois, je n'aurais peut-être pas pu le faire toute seule
03:10 parce que quand il y a beaucoup trop de mannequins,
03:13 beaucoup trop de monde dont je dois m'occuper,
03:14 c'est vrai que c'est une grosse charge de travail.
03:16 J'ai un bon entourage, donc ça m'aide à tenir et à faire le taf.
03:21 J'ai fait un shooting il n'y a pas longtemps pour une marque qui s'appelle Movalola.
03:24 J'ai pris deux copines à moi pour être assistantes que j'avais formées avant
03:27 et qui sont super douées aujourd'hui.
03:29 Je ne pensais pas que j'étais capable de faire une campagne aussi grosse
03:33 parce qu'il y avait beaucoup trop de mannequins, il y avait beaucoup trop de faux-ongles.
03:37 Et c'est vrai que je me suis dit, "Ouh là là, dans quoi je m'embarque ?
03:40 Est-ce que je suis vraiment capable de ça ?"
03:41 Je l'ai fait un peu avec toute l'adrénaline du monde
03:45 et avec tout le doute finalement du monde.
03:47 Je l'ai fait et à la fin de la journée, je me souviens même avoir pleuré
03:51 parce que c'était vraiment ma première grosse campagne.
03:54 J'étais très très fière de moi.
03:55 Et donc ça, c'était un accomplissement qui m'a fait me rendre compte
03:57 d'à quel point finalement j'étais capable de tout.
04:00 Parce que si j'ai fait ça, c'est que vraiment je peux faire n'importe quel autre job.
04:05 Il n'y a plus rien qui me fait peur.
04:06 Quand je suis sortie de l'hôpital, c'est vrai que je ne me suis pas reconnue du tout.
04:09 C'est-à-dire que j'avais perdu beaucoup de poids,
04:12 j'avais plus de voix, j'avais plus du tout la même tête qu'avant.
04:14 Et mentalement, il y a tout ce truc de, "Est-ce que je vais pouvoir m'en sortir ?
04:17 Est-ce que je vais pouvoir un jour reparler, remanger,
04:21 revivre normalement juste le strict minimum de la normalité ?"
04:24 Après même si, qu'est-ce que la normalité ?
04:26 Le fait d'avoir trouvé ma voix, c'est vraiment miraculeux.
04:29 Aujourd'hui, je me dis qu'il n'y a plus rien qui est inatteignable.
04:31 Malgré l'handicap, malgré tous ces doutes,
04:33 malgré le fait que la santé mentale, ce n'est pas forcément évident tous les jours.
04:38 S'il y a une seule chose que j'aurais peut-être aimé qu'on me dise
04:41 à ce moment-là, quand j'étais là, Inès, il y a 4-5 ans,
04:44 totalement pleine de doutes et pleine de douleurs, d'handicap et de mal-être.
04:51 J'aurais aimé qu'on me dise qu'en fait, il n'y a rien qui va m'arrêter,
04:53 il n'y a rien qui est impossible, qu'il faut laisser le temps,
04:56 autant croyez en vous et faites ce que vous avez à faire, c'est tout.
04:59 Merci.
05:00 [SILENCE]

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