• il y a 7 mois
Grand témoin : Sophie Sachnine, consultante, auteur de « Merci Élisabeth Badinter » (L'Observatoire)

GRAND DÉBAT / Loi sur l'audiovisuel public : une fusion inefficace ?

« Le récap » par Valérie Brochard

Le 23 et 24 mai 2024, les syndicats de Radio France, France Télévisions, l'INA et France Médias Monde appellent à la grève. Ils protestent contre une proposition de loi plaidant pour la fusion de ces quatre entités. Défendu par Rachida Dati depuis son arrivée au ministère de la Culture en janvier dernier, ce projet doit permettre de renforcer un audiovisuel public « affaibli et en danger », selon l'ancienne garde des Sceaux. Un constat non partagé par plus de 1100 salariés de Radio France, qui évoquent dans une tribune au Monde une réforme « démagogique, inefficace et dangereuse ». Potentielle remise en cause de l'indépendance, formatage de l'information, efficacité improbable sur le plan économique... Alors que France Télévisions et Radio France sont actuellement leaders dans leur secteur, faut-il craindre cette réforme ?

Invités :
- Céline Calvez, députée Renaissance des Hauts-de-Seine,
- Jérémie Iordanoff, député écologiste de l'Isère,
- Patrice Duhamel, éditorialiste politique, ancien directeur général de Radio France et de France Télévisions,
- Célia Quilleret, journaliste environnement à France Inter, élue au SNJ Radio France.

GRAND ENTRETIEN / Sophie Sachnine : Élisabeth Badinter, une féministe encore moderne ?

« Nous avons besoin de grands humains comme vous » écrit l'auteur et consultante Sophie Sachnine dans son livre « Merci Élisabeth Badinter ». Cette phrase conclut son éloge pour la célèbre intellectuelle française dans lequel elle retrace ses combats et son héritage. Sophie Sachnine décrit l'histoire personnelle d'Élisabeth Badinter, sa relation avec son mari, Robert Badinter, mais décrypte aussi les clivages qu'elle peut susciter dans le mouvement féministe. En mêlant nombreuses interviews, déclarations d'Élisabeth Badinter et témoignages de son entourage, l'auteur illustre ce qu'elle appelle « l'effet Badinter ». Qui sont aujourd'hui les héritières de cette pionnière du féminisme en France ?

Grand témoin : Sophie Sachnine, consultante, auteur de « Merci Élisabeth Badinter » (L'Observatoire)

LES AFFRANCHIS

- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à « France Inter »,
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver
00:08dans ça vous regarde ce soir. Merci, Elisabeth Badinter.
00:12C'est le titre de votre livre hommage.
00:15Sophie Sackny, bonsoir.
00:16C'est rare de prendre la plume pour dire sa gratitude
00:20et sa reconnaissance à une personnalité qui est toujours là.
00:23Vous allez revenir sur tous ces combats
00:26dans ce très beau livre sur le féminisme,
00:28sur la laïcité, sur l'école.
00:30C'est aussi un plaidoyer pour la défendre.
00:32Vous l'assumez.
00:33Ses prises de position sont parfois contestées.
00:36Alors, qu'est-ce que nous lui devons ?
00:38Les hommes et les femmes, on va en parler tout à l'heure.
00:42Dans la deuxième partie.
00:43On va commencer par le Big Bang dans l'audiovisuel public.
00:46L'Assemblée se saisit cette semaine
00:48du projet de loi de fusion de France Télévisions,
00:51de Radio France et de l'INA.
00:53Une gouvernance unique, mais pour quoi faire ?
00:56Qu'est-ce qui est attendu de ce futur rapprochement ?
00:59Quelle synergie ? Quel risque ?
01:01C'est notre grand débat dans un instant
01:03avec mes invités sur ce plateau.
01:05Enfin, nous a franchi ce soir le parti prépolitique de Yael Ghose,
01:09l'Europe dans tous ses états,
01:10Richard Verli et Bourbon Express,
01:12l'histoire du jour à l'Assemblée d'Elsa Mondin-Gava.
01:15Voilà pour le sommaire. Vous êtes prêtes ?
01:17Sophie Sachnin, ça vous regarde. Top générique.
01:27Générique
01:28...
01:31De France Télévisions à Radio France,
01:34ce sont tous les salariés de l'audiovisuel public
01:37qui seront en grève demain et vendredi.
01:39L'inquiétude est forte pour l'ensemble du secteur.
01:4216 000 salariés en tout.
01:43Le projet de mariage express de ces entités,
01:46jusqu'ici autonomes,
01:47arrive à l'Assemblée dans un climat de défiance.
01:50Y a-t-il des raisons de s'inquiéter pour l'emploi,
01:53pour la qualité de l'information
01:55dans un univers de plus en plus concurrentiel et concentré ?
01:58Bonsoir, Céline Calves.
01:59Merci d'être là.
02:01Vous êtes députée Renaissance des Hauts-de-Seine.
02:03Vous suivez cette réforme de prêts
02:05en commission des affaires culturelles
02:07et vous siégez au conseil d'administration
02:10de France Télévisions.
02:11Bonsoir, Jérémy Jordanoff.
02:13Bienvenue, député écologiste de l'ISER.
02:15Vous aussi impliqué en commission sur ce sujet.
02:17Bonsoir, Patrice Duhamel.
02:19Ravie de vous retrouver.
02:20Éditorialiste politique,
02:22ancien directeur général de Radio France
02:24qui connaissait bien les deux maisons,
02:26le chat et le renard, aux éditions de l'Observatoire
02:29et toujours dans les bonnes librairies,
02:31sur les relations entre les Premiers ministres
02:34et les présidents.
02:35Bonsoir, Célia Kihiré.
02:36Vous êtes journaliste environnement à France Inter.
02:39Vous êtes la chef adjointe du service SSE,
02:41c'est le service Science, Santé, Environnement,
02:44et vous êtes là parce que vous êtes déléguée
02:47à CNJ Radio France.
02:48Sophie Sachnin, vous connaissez bien les médias.
02:50Vous conseillez certaines entreprises de presse.
02:53N'hésitez pas.
02:54On va planter le décor.
02:55Que prévoit ce projet de fusion ?
02:57C'est dans le récap de Valérie Brochard qu'on accueille.
03:00Générique
03:02...
03:09Bonsoir, Valérie.
03:10Bonsoir, Myriam.
03:11Alors, le texte, que dit-il ?
03:13Il arriverait sans doute demain ou après-demain.
03:16Exactement, un texte pour fusionner l'audiovisuel public.
03:19Pourquoi vouloir fondre entre elles trois entités
03:22qui, a priori, fonctionnent bien séparément ?
03:24Voici la réponse de la ministre de la Culture
03:27dimanche dernier, depuis le festival de Cannes.
03:29Je considère que l'audiovisuel public,
03:32aujourd'hui, est affaibli et est en danger.
03:34Et pour le sauver, le projet de loi propose d'unir
03:38France Télévisions, Radio France et Lina
03:40dès le 1er janvier 2026.
03:42C'est une absolue nécessité pour Fabienne Colbocq,
03:45la rapporteure du projet de loi,
03:47qui était ce matin chez nos confrères de France Info.
03:50Aujourd'hui, l'espace médiatique est quand même déstabilisé
03:53par les plateformes, les réseaux sociaux, par Internet.
03:56Et à un moment donné, il faut pouvoir anticiper cela.
03:59Donc, on n'est pas à penser qu'il faut de la casse,
04:02qu'il faut réduire,
04:03mais qu'il faut au contraire être fort et puissant
04:06face à cet espace médiatique.
04:08Ce n'est pas une réforme pour faire des économies,
04:10c'est une réforme pour être puissant,
04:12pour que l'audiovisuel public soit puissant.
04:15Garder les identités, d'accord,
04:17mais s'il y a fusion, il y aura peut-être des synergies
04:20au niveau des programmes, des rédactions.
04:22La loi prévoit par conséquent la nomination d'un grand patron
04:25pour diriger l'ensemble, qui sera baptisé France Média.
04:29Mais malgré tout, pour les parlementaires,
04:31l'autonomie des différentes maisons reste assurée.
04:34Sur l'indépendance, déjà, c'est sur le choix
04:37de la personne qui sera choisie pour être PDG de France Média.
04:40Il y a quand même l'ARCOM,
04:42qui est là pour garantir l'indépendance,
04:44le pluralisme, l'expression,
04:46voilà, des différentes opinions, expressions,
04:51et voilà, donc on a quand même des garanties.
04:54Vous l'avez entendu, Myriam,
04:55là où le futur PDG de France Média sera donc nommé
04:59par l'ARCOM, dont le président est lui-même nommé
05:02par le président de la République.
05:04Pour France Info, les garanties avancées par la députée
05:07sont insuffisantes, alors, vous l'avez dit,
05:09les syndicats de la radio se sont réunis
05:11pour déposer un préavis de grève qui se tiendra demain
05:14et après-demain.
05:16Dans une tribune publiée aujourd'hui,
05:18dans le monde, les grands noms de différentes radios,
05:21tels que Léa Salamé, Nagui, Guillaume Erner
05:23ou Frédéric Carbone,
05:25se sont associés aux producteurs,
05:27chargés de programmes, techniciens
05:29et tout le personnel de Radio France
05:31pour s'adresser aux auditrices et auditeurs.
05:34En ces termes, nous craignons
05:35pour l'indépendance de vos médias de services publics
05:38lorsque l'on nommera pour cette superstructure
05:41un ou une PDG unique au plein pouvoir.
05:44Il ne faut pas placer les radios et télévisions publiques
05:47en situation de dépendance directe du pouvoir politique.
05:50Et un peu plus loin,
05:51il et elle dénoncent un projet, je cite,
05:54démagogique, inefficace et dangereux.
05:56En dehors de cette tribune,
05:57certains font même la comparaison avec l'ORTF,
06:00car ce projet de loi leur rappelle la création
06:03de l'Office de radio-diffusion télévision française
06:06créé en juin 1964, contrôlé par l'Etat,
06:08qui mettait à l'époque sa main dans l'organisation,
06:11mais parfois aussi un peu dans les contenus.
06:13Une piqûre de rappel tout à fait justifié
06:15pour Jean-Noël Janenet,
06:17l'historien et ancien PDG de Radio France,
06:19a lui aussi signé la tribune du Monde
06:21et précisait, il y a quelques jours,
06:23sur France Inter, ses critiques écoutées.
06:26L'idée de regrouper les différentes sociétés
06:28de l'audiovisuel public pour une meilleure efficacité,
06:32je crois que c'est une pétition de principe
06:34et que c'est une mauvaise idée.
06:36Je suis inquiet, car quand on aura passé un cran,
06:39je crois que le boulevard s'ouvrira
06:41vers cette chose très néfaste
06:42qui sera l'arrasement des différences,
06:45la fin des spécificités
06:48qui font, encore une fois, la force de nos maisons.
06:51Ca marche bien, ne cachons pas les choses.
06:54Radio France est écoutée aujourd'hui
06:56par près de 15 millions d'auditeurs tous les jours,
06:59loin devant les autres groupes radiophoniques.
07:01De son côté, France Télévisions est aujourd'hui
07:04le premier groupe télévisuel français
07:07de part d'audience en 2023.
07:094 Français sur 5 regardent les chaînes publiques.
07:12Je vous laisse avec cette question.
07:14Pourquoi vouloir soigner à tout prix
07:16des entités qui n'ont, a priori, pas l'air malades ?
07:18On va commencer par cette question,
07:20car c'est celle qui interroge les spécialistes
07:23et les journalistes que nous sommes.
07:25Les Français, qui sont très attachés
07:27à leur service public, affaiblis et en danger,
07:30quand on voit les cartons d'audience
07:32que ces deux groupes font ?
07:33Des cartons d'audience qu'il faut soulever.
07:36Il faut préciser qu'on n'a pas forcément
07:38un carton d'audience auprès de toute la population,
07:41notamment auprès des plus jeunes.
07:43Je ne reprendrai pas forcément le terme d'affaibli.
07:46De la ménestrin, de la culture.
07:48Oui, voilà.
07:49Je pense qu'il faut le renforcer.
07:52Mais il n'est pas plus affaibli qu'il y a 5 ou 10 ans.
07:55Par contre, j'ai constaté que quand on avait décidé
07:58de faire des coopérations,
08:00et non pas pour chercher des économies,
08:02mais pour marquer cette différence encore plus
08:04de l'audiovisuel public,
08:06moi, j'ai toujours été super étonnée
08:08qu'une antenne qui traite d'un sujet
08:10ne dise pas qu'il y a un programme
08:12sur une autre chaîne ou une autre antenne
08:14pour pouvoir le faire.
08:16Ca peut faire des passerelles, mais on n'est pas sur ça.
08:19Là, on est sur une fusion globale,
08:21pourquoi même pas des rédactions ?
08:23Je vais terminer un peu mon propos
08:25et dire que j'ai pu constater ça il y a quelques années,
08:28j'ai pu aussi comprendre pourquoi
08:30et j'ai pu regretter que quand on voulait faire plus de coopérations,
08:34on avait des voix différentes parce qu'entreprises différentes,
08:37qu'on a aussi des statuts qui parfois sont différents,
08:40et que ça ne fonctionnait pas forcément.
08:42On doit saluer des réussites,
08:44mais aussi se dire que ça n'a pas été assez loin.
08:47Pourquoi il faut faire ce projet ?
08:49Quelques mots pour ça.
08:50L'année dernière,
08:51quand on était sur la mission audiovisuelle publique,
08:54on avait une raison,
08:56c'était de se dire qu'on allait essayer
08:58d'utiliser les moyens qui sont, pour cinq ans,
09:00communs à l'ensemble des entités audiovisuelles publiques,
09:03d'en faire un outil qu'on peut piloter
09:05pour piloter ces stratégies de coopération et de distinction.
09:09Force est de constater qu'aujourd'hui,
09:11nous sommes au mois de mai,
09:12et ces contrats d'objectif et de moyens
09:15qui courent depuis janvier 2024 ne sont toujours pas signés.
09:18On aurait dû l'année dernière même l'avoir
09:20auprès des parlementaires, on ne l'a pas.
09:23Donc comme ça traîne, vous prenez les devants
09:26avec un projet beaucoup plus global et en visuel.
09:29C'est ça, pour comprendre.
09:30C'est la holding, et on va jusqu'à la fusion.
09:33Pourquoi ? Parce que la holding,
09:34on s'arrête au milieu du chemin.
09:36Il faut donner ce principe de dire que si on fait une holding,
09:40c'est un point de passage,
09:41et l'idée est d'aller vers une entreprise unique.
09:44Une entreprise unique, ce n'est pas enlever toutes les étiquettes,
09:47tous les talents et tout ce qui distingue l'audiovisuel public,
09:51c'est de pouvoir le mettre dans une capacité
09:53à faire que les talents puissent aller d'une entité à une autre.
09:56C'est pas le cas.
09:57Plus de passerelles pour plus de synergie.
10:00Mais sans casser les différents outils.
10:02Comme vous l'avez dit, il y a des réussites.
10:04Il faut pouvoir faire des ponts.
10:06Célia Kihiré, j'aimerais comprendre
10:08quelle est l'atmosphère à Radio France.
10:10Très tendue.
10:12Qu'est-ce que vous craignez le plus ?
10:14L'atmosphère est très tendue.
10:15Le préavis de grève signé pour demain et après-demain
10:18s'annonce très suivi à France Inter,
10:20pour la radio que je représente.
10:22Il y a une très grande inquiétude
10:24parce qu'on ne comprend pas le bien fondé
10:26de cette proposition de loi.
10:28On a beau rencontrer des parlementaires,
10:30Rachid Haddati, elle-même,
10:32qui nous a reçus la semaine dernière,
10:34on ne comprend pas le bien fondé.
10:36Si c'est pour nous rendre plus forts,
10:38nous, en l'occurrence, on est déjà forts
10:40avec 15 millions d'auditeurs par jour pour Radio France,
10:44plus de 40 millions d'écoutes de podcasts
10:46pour France Inter par mois.
10:48On est déjà assez forts.
10:49Pour vous, cette idée de renforcer
10:51face à un univers qui est déjà très concentré,
10:54vous ne le comprenez pas.
10:55Il y a un objectif qui n'est pas clair,
10:57qui est caché ?
10:59On ne sait pas, on n'a pas de procès d'intention,
11:01mais on ne peut pas être rassuré.
11:03On pense que ça peut nous affaiblir.
11:05On n'a aucune garantie budgétaire,
11:07par exemple, pour le périmètre de la radio.
11:10Vous dites qu'on va garder les antennes,
11:12mais aujourd'hui, Radio France a un budget.
11:15Demain, dans une société commune,
11:16il aura un budget commun pour la télé,
11:19pour la radio, pour le numérique.
11:21Il y a des services qui ne sont pas forcément
11:23des services de journalistes.
11:25On appelle ça les fonctions-supports,
11:27l'administration, la communication.
11:29Vous pensez qu'on en fera un an, deux ?
11:32Il peut y avoir des économies d'échelle,
11:34comme dans toutes les fusions,
11:36mais même au niveau des journalistes...
11:38Les syndicats de Radio France ne l'accepteront pas.
11:41Mais même au niveau des journalistes,
11:43on a des inquiétudes là-dessus.
11:45On voudrait qu'un journaliste de radio
11:47prenne son téléphone portable pour faire des images pour la télé
11:50ou un journaliste de télé pour faire du son.
11:53Ces inquiétudes-là, elles n'ont pas été levées.
11:55Personne ne nous a expliqué.
11:57Je termine sur le budget, parce que c'est important.
12:00On a proposé que, dans cette loi,
12:02un amendement permette d'avoir un budget sacralisé pour la radio,
12:05puisque l'idée n'est pas de nous affaiblir.
12:08La ministre ne veut pas.
12:09Elle ne veut pas d'un minimum...
12:11Vous voulez être sûre que le budget du groupe France Média
12:14sera une addition et pas des soustractions.
12:17C'est toujours la peur du petit qui est mangé par le gros.
12:20Il y a un moment, c'est une peur qui est légitime à Radio France.
12:23Jérémie Liordanoff, vous allez répondre,
12:26mais ce n'est pas un débat entre vous deux.
12:28L'opposition va avoir son mot à dire.
12:30Il n'y a pas de majorité absolue dans cet hémicycle.
12:33Chaque voix va compter.
12:34Le gros va manger le petit.
12:36Est-ce que vous comprenez cette crainte ?
12:38C'est pas nouveau, cette histoire de fusion.
12:41C'est pas uniquement la décision de la nouvelle ministre de la Culture.
12:45Ca fait des années qu'on parle de ce projet.
12:48Est-ce que vous comprenez cette crainte ?
12:50En tant que député de l'opposition,
12:52qu'allez-vous faire pour rassurer concrètement sur le texte ?
12:55D'abord, je veux saluer la mobilisation des salariés
12:59de l'audiovisuel public,
13:00soutenir leurs revendications,
13:02parce que je partage leur inquiétude.
13:05Je crois, en réalité, que le projet,
13:07l'intention du gouvernement,
13:10c'est la casse du service public,
13:12de l'information et de diffusion de la culture.
13:15C'est la casse de l'audiovisuel.
13:17C'est en tout cas...
13:19Quel intérêt ?
13:20C'est une vision libérale du monde, de manière générale,
13:23et l'information libre, l'information diverse,
13:27la question de la démocratie, la question de la culture,
13:30ça ne les intéresse pas.
13:32Vous prêtez des intentions au gouvernement
13:34de vouloir remettre en cause l'indépendance de l'information ?
13:37Je regarde la déclaration d'Emmanuel Macron,
13:40qui disait que le service public de l'audiovisuel
13:43était la honte de la France.
13:44Je regarde la baisse des moyens.
13:46Ils ont commencé par enlever un euro sur la redevance,
13:49ils ont ensuite supprimé la redevance
13:52pour la faire passer...
13:53La question du financement de l'audiovisuel public,
13:56c'est ça, le point...
13:57Le nerf de la guerre.
13:59On n'a pas encore trouvé,
14:00vous n'avez pas encore proposé, en réalité,
14:03un mode de financement qui est pérenne.
14:05La question de l'indépendance des médias et de l'audiovisuel,
14:08c'est la question de la hauteur du financement
14:11et de sa déconnexion du pouvoir politique.
14:13Il faut des financements qui soient stables.
14:16Aujourd'hui, c'est une part de la TVA,
14:18on sait qu'on ne pourra pas continuer là-dessus.
14:20On demande une redevance progressive
14:22et suffisamment haute pour que le budget soit stable.
14:25Il y a beaucoup de sujets.
14:27On va essayer d'y répondre les uns après les autres.
14:30L'inquiétude principale, c'est le pilotage politique
14:33de l'information et la concentration.
14:35Je me suis inquiété quand j'ai entendu
14:37nous dire que c'est les contrats d'objectifs et de moyens
14:40qui doivent piloter la politique de l'audiovisuel.
14:42On ne comprend pas, aujourd'hui, la montée de l'extrême droite.
14:46Les contrats d'objectifs et de moyens,
14:48ce sont les obligations auxquelles sont soumises
14:52les différentes chaînes, télévision ou radio,
14:54dans les contrats qui les lient en échange d'un financement.
14:58C'est ça ?
14:59C'est assez responsable que les députés et les sénateurs
15:02aient la vision dessus,
15:03avec des indicateurs qui permettent de savoir
15:06si tout le financement que l'on met dans l'audiovisuel public
15:09sert aussi bien des objectifs au niveau des audiences,
15:12auprès d'une certaine catégorie,
15:14que de parler d'Europe et d'international.
15:16C'est assez valeureux.
15:18J'ai parlé de pilotage politique de l'audiovisuel.
15:21Je n'ai pas parlé de pilotage politique.
15:23Je pensais que nous pouvions avoir des lignes de financement
15:26qui permettent de financer des coopérations.
15:29Les coopérations, c'était quoi ?
15:31Parler plus ensemble de ce qu'on fait sur le numérique,
15:33de ce qu'on fait sur la jeunesse.
15:35Je ne pense pas qu'on puisse s'opposer à ça.
15:38Je vous invite à lire les contrats d'Objectif et de Moyens.
15:41Vous insistez sur ces coopérations.
15:43Est-ce que ça veut dire des services transversaux
15:46par toutes les radios de Radio France
15:49ou, au-delà, avec de la télévision ?
15:51Ca peut aller très loin, une coopération.
15:54Certains parlent de synergie, d'autres, des économies d'échelle.
15:57Vous entendez ces craintes ?
15:59Comment, avec le regard de l'expérience,
16:01vous voyez cette réforme arriver ?
16:03Est-ce qu'elle est bien en manchée ?
16:05D'abord, je comprends totalement l'inquiétude des salariés.
16:09Quand il y a une réforme aussi lourde et aussi importante,
16:12c'est normal qu'ils posent des questions.
16:14Il est indispensable d'y répondre.
16:16Deuxièmement, moi, j'ai l'expérience,
16:19en 2008, avec Patrick Le Carolis, à France Télévisions,
16:22on a proposé, c'est nous qui avons proposé,
16:26et le gouvernement a fait voter une loi
16:28sur ce qu'on a appelé l'entreprise unique.
16:31Il y avait une société, France 2, France 3, France 4, France 5,
16:35qui se faisait souvent en concurrence,
16:37peut-être pas, disons qu'il y avait une compétition
16:40entre les chaînes.
16:41On a voulu mettre un terme à cette compétition.
16:44Il me semble que les années...
16:46La bonne santé de France Télévisions, par exemple,
16:48prouve que c'était une réforme utile.
16:51Les identités des chaînes ne sont pas concurrentes.
16:53Deuxième point, moi, sur le principe de la puissance,
16:57ce qui m'intéresse, c'est la puissance éditoriale.
16:59Ce que j'ai pas aimé dans ce que j'ai entendu,
17:02pardon, mais j'ai adoré diriger Radio France et France Télévisions,
17:07ce sont deux entreprises extraordinaires,
17:09mais je dis pas ça par démagogie, c'est la réalité,
17:12c'est comme ça que je l'ai vécu, et j'y suis très attaché.
17:15Il n'y a absolument pas un grand et un petit, pas du tout.
17:18Radio France est aussi puissant que France Télévisions.
17:21Vous rappeliez le nombre d'auditeurs,
17:2313 ou 14 millions par jour.
17:25Il y a des choses à faire ensemble,
17:28et c'est vrai qu'il n'y a pas le cadre juridique pour avancer,
17:33c'est très difficile, et c'est pour ça qu'avec Carolis,
17:36on a fait l'entreprise...
17:38-...des exemples qu'on traite ces choses à faire ensemble.
17:41-...j'y réfléchissais tout à l'heure, je vais vous en donner deux.
17:45Après avoir dit que ce qui est impératif,
17:47c'est de maintenir l'identité des groupes.
17:51C'est absolument essentiel.
17:54Vous expliquez, il y a ce soir un ou une journaliste,
17:56Anouméa, au moment où l'avion du président se pose.
18:01Si c'est un journaliste radio,
18:02on ne va pas lui demander de faire un direct à la télévision.
18:06Il faut bien être clair,
18:08il faut qu'il y ait une autonomie et une identité claire
18:11de la radio.
18:12-...le journaliste multi-cartes qui sait tourner, écrire
18:15et parler dans un micro, ce ne sera pas possible.
18:18-...peut-être que vos téléspectateurs
18:20ne savent pas qu'à Radio France, par exemple,
18:23il y a deux magnifiques orchestres symphoniques,
18:25l'orchestre national et l'orchestre philharmonique.
18:28Formidables orchestres, enviés dans le monde entier.
18:31Ils ont très peu d'entrées, aujourd'hui,
18:34dans la télévision publique.
18:35Je le dis, ce n'est pas une critique
18:37pour ceux qui la pilotent aujourd'hui.
18:40Nous, on ne l'a pas fait assez, je l'ai regretté,
18:42et c'était de ma responsabilité, en plus.
18:45Mais quand vous aurez une entreprise unique,
18:47vous aurez tout naturellement,
18:49les gens se parleront en permanence,
18:51du matin au soir, il y aura des directions communes.
18:54On garde les deux orchestres,
18:56mais on leur donne la scène de la télévision,
18:58sans en supprimer un des deux.
19:00Dans ce cas-là, si chacun reste à sa place,
19:03nous, la question qu'on se pose, on le comprend bien,
19:06mais à quoi ça sert, la fusion ?
19:07Sur l'exemple que je prends,
19:09les deux grands orchestres
19:11qui existent actuellement dans le cadre de Radio France
19:14et qui ont peu de présence sur les antennes de France Télévisions,
19:17ça permettra d'amplifier...
19:19Deuxième exemple, la semaine dernière,
19:21on m'a interviewé dans un cadre d'un magazine
19:24très bon, Affaires Sensibles.
19:26C'est une marque magnifique.
19:27-"Les coopérations existent déjà."
19:29-"Il y a une coopération."
19:31Ca prouve qu'il y a des coopérations possibles.
19:34Je ne suis pas l'avocat du gouvernement,
19:36je ne demande rien à personne, j'ai une expérience,
19:39j'ai dirigé ces deux groupes, et je trouve
19:41que la puissance éditoriale, c'est ça qui m'intéresse.
19:44J'implement deux, trois conditions.
19:47Un, je l'évoquais, l'identité, ça, c'est impératif.
19:50Deux, alors, surtout, pitié
19:53pour les entreprises, les trois,
19:55puisqu'il y en a aussi, et peut-être France Média Monde.
19:58Pitié qu'on ne fasse pas
20:00de cette holding et ensuite de la gouvernance unique
20:03une usine à gaz à la française.
20:05-"Pour l'instant, on rajoute une structure,
20:07on n'enlève pas quoi que ce soit, c'est plutôt un étage en plus."
20:11-"On est 150 ou 200 au bout de deux ou trois ans."
20:14J'ai connu ça sous tous les régimes.
20:16Je suis éditorialiste politique,
20:17ce que vous disiez sur le pilotage politique,
20:20une seconde, j'ai connu la télé sous la droite,
20:23sous le centre et sous la gauche.
20:25J'ai été viré par la droite et par la gauche.
20:27Donc, vous voyez, pas de problème.
20:29Mais ça n'existe pas, l'indépendance des journalistes,
20:33que j'adore, elle est dans les têtes.
20:35On veut dire aujourd'hui...
20:36On aimerait vous croire.
20:38Là, c'est le professionnel qui parle.
20:40En 2024, de dire qu'on va avoir un pilotage politique
20:43sur la formation, pardon, c'est totalement irréel.
20:46On aimerait vous croire,
20:47mais nous, on a une vraie inquiétude
20:50de débats démocratiques, d'indépendance éditorielle.
20:53Le contexte politique est fragile.
20:55L'audiovisuel public est attaqué.
20:57Certains hommes politiques veulent privatiser l'audiovisuel public.
21:01C'est dans son programme.
21:02Si, un jour, on a créé une grande entreprise fusionnée,
21:05ce ne sera pas plus simple pour elle de nous privatiser ?
21:09Il doit répondre là-dessus.
21:10Vous répondrez, je vous redonne la parole.
21:13Si Marine Le Pen est élue,
21:16ça n'est pas qu'une simple hypothèse, aujourd'hui,
21:19est-ce que lui donner les clés de nommer,
21:21parce que c'est ça qui va se passer,
21:23le président de la holding, via l'ARCOM,
21:26est-ce que vous êtes prêts à prendre ce risque-là ?
21:29En fait, justement, je dirais même que le contraire.
21:31Si vous regardez le programme de Marine Le Pen,
21:34c'est pas privatiser tout l'audiovisuel public.
21:37Ils aimeraient bien garder un peu France 3...
21:39En tout cas, Radio France, c'est privatisé.
21:42France Info.
21:43Là, de tout grouper, à la rigueur,
21:45on évite la vente à la découpe.
21:48Mais ce que je veux ajouter là-dessus,
21:50c'est qu'on a aujourd'hui la question du financement,
21:54vous faites partie de la commission qui va le régler,
21:57ça, par contre, pour nous, c'est hyper important
21:59de le relayer à la gouvernance.
22:01Le financement, aujourd'hui, le modèle est précaire.
22:04On a fait une invention de modèle par la TVA.
22:07Est-ce qu'il est périn depuis la suppression de la redevance ?
22:10Est-ce que tout a été compensé à l'europrès ?
22:13En plus, les perspectives qui se sont données...
22:16On a même compensé les taxes sur les salaires
22:18qui n'étaient pas ajustées.
22:20Là, ça a été vraiment...
22:21Vous ne toucherez pas à la publicité ?
22:23Il y aura toujours les mêmes recettes ?
22:25Ca reste en débat.
22:26Vous avez vu lors du passage en commission
22:29que le gouvernement voulait déplafonner
22:31les recettes de Radio France.
22:33Bien sûr, d'ailleurs, intellectuellement,
22:36pour avoir siégé pendant cinq ans au conseil d'administration
22:39de Radio France, c'est un petit peu délicat
22:42de dire aux équipes qui commercialisent
22:44la régie interne que vous avez tellement bien vendu
22:47que les dernières espaces publicitaires,
22:49vous allez les brader.
22:51J'ai une autre position par rapport à la publicité.
22:53Je pense qu'elle n'a pas sa place sur l'audiovisuel public.
22:56Pour moi, l'audiovisuel public...
22:58Il y a plein de choses.
23:00Aujourd'hui, c'est interdit après 20h.
23:02Et seulement.
23:03Sur France Télévisions, uniquement sur les chaînes linéaires.
23:07Vous voyez bien que la situation aujourd'hui de la publicité
23:10sur l'audiovisuel public est bancale.
23:12Quand on ouvre autant de sujets qui ont autant de conséquences,
23:15est-ce que vous n'allez pas trop vite ?
23:17Pourquoi ce calendrier accéléré ?
23:21Pourquoi ce projet arrive et cette fusion...
23:23C'est un mariage forcé.
23:25On a l'impression que tout va très vite.
23:27Janvier 2025, c'est rien.
23:29Janvier 2026, pourquoi vous allez si vite ?
23:32On va vite en prenant aussi appui sur cette réforme de gouvernance
23:36pour appuyer encore plus notre volonté
23:38à ce qu'on fasse des prélèvements sur recettes
23:41ou une autre pérennisation qui puisse être faite avant septembre.
23:45Avant septembre, si on ne fait pas cette réforme de financement,
23:48on passe à la budgétisation du financement
23:51de l'audiovisuel public.
23:52Par ailleurs...
23:53C'est important aussi de pouvoir le faire.
23:56C'est un argument.
23:57C'est pour ça qu'on le fait dans ce moment.
23:59Vous avez inventé un système de financement
24:02qui, aujourd'hui, ne sera plus permis dans la prochaine loi de finances.
24:06Il faut trouver une solution.
24:07Vous avez besoin de la droite et de l'extrême droite
24:10pour faire passer un texte en vitesse.
24:13La réalité, c'est ça, il n'y a pas de consultation,
24:15pas de débat avec tout le monde.
24:17Vous avez discuté avec la droite
24:19et vous avez voté avec l'extrême droite.
24:21En fait, moi, je pense qu'il y a un...
24:26des intérêts qui sont communs d'affaiblir l'audiovisuel public.
24:30Il y en a qui veulent...
24:31C'est forcé.
24:32Ce sont des accusations fortes,
24:34donc il faut être précis quand on les porte.
24:36Je suis désolé, mais on est dans un moment politique,
24:39actuel.
24:40On ne peut pas faire comme si tout allait bien.
24:45Il y a une montée de l'extrême droite de partout en Europe.
24:48Il y a une OPA sur beaucoup de médias,
24:50de patrons qui viennent imposer des lignes politiques
24:54sur la presse privée.
24:56Il y a des partis politiques d'extrême droite et de droite
24:59qui le disent publiquement.
25:01Il faut arrêter avec le service public de l'audiovisuel.
25:04On ne peut pas faire comme si ça n'existait pas,
25:06comme si l'extrême droite n'était pas au port du pouvoir.
25:09Vous dites qu'avec cette réforme, le gouvernement relaie
25:12l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir ?
25:15Si on veut lutter contre l'extrême droite,
25:17il faut du pluralisme, il ne faut pas une direction unique.
25:20Il faut garder un modèle avec plusieurs directions.
25:23C'est le cas en Allemagne, où il y a plusieurs directions.
25:26Il faut augmenter la part de financement
25:29dans le service public.
25:30C'est pas le cas au Royaume-Uni.
25:32On a cru comprendre que le modèle de la BBC
25:35était mis en avant.
25:37Ca fait plusieurs décennies qu'il y a, comme ça,
25:40un groupe unique, radio et télévision,
25:43au Royaume-Uni, mais les choses se gâtent
25:45et les licenciements se font à tour de bras.
25:48Pourquoi ? Explication.
25:49On revient en débat juste après.
25:51Musique rythmée
25:54...
25:57C'est une institution incontournable
25:59au Royaume-Uni, une référence
26:01dans le paysage médiatique mondial.
26:03Télévision, radio, Internet,
26:05la BBC regroupe aujourd'hui plusieurs dizaines de chaînes
26:09et de fréquences, nationales ou régionales.
26:1190 % des adultes britanniques la regardent,
26:15l'écoutent, la lisent chaque semaine.
26:17Un groupement de médias publics fondé en 1927,
26:20sur lequel veut s'appuyer Rachida Dati
26:23pour créer une BBC à la française.
26:25Il faut rassembler les forces, un pôle puissant.
26:28Et pourtant, le modèle de la BBC est chahuté,
26:31malmené par le pouvoir politique.
26:33La corporation a perdu 30 % de son budget en 10 ans
26:37en raison des coupes budgétaires décrétées par les conservateurs.
26:41Puisque la BBC était accusée par Boris Johnson
26:43et par le Parti conservateur de ne pas soutenir
26:46ce gouvernement dans les décisions, surtout pendant le Brexit,
26:49le gouvernement a décidé de couper les vies de la BBC
26:53en disant que, puisque ils ne soutenaient pas,
26:55ils allaient mettre fin à la redevance
26:57et que c'était à eux de voir comment les sauver.
27:00Autre décision, le gel de la redevance audiovisuelle
27:03depuis deux ans, malgré l'inflation.
27:05C'est pourtant la principale source de financement de la BBC.
27:09Résultat, un gigantesque plan d'économie
27:12de 580 millions d'euros,
27:141 800 salariés en moins,
27:161 000 heures de programmes supprimés.
27:19Les déclinaisons de la BBC en langue étrangère
27:21ne sont pas épargnées non plus,
27:23avec la fermeture de la radio arabe
27:25après 85 ans d'existence.
27:28Autre conséquence de cette restructuration,
27:30la fusion de la chaîne d'information en continu BBC News
27:34et la chaîne internationale BBC World News,
27:37à la clé, 40 à 50 millions d'euros d'économies par an,
27:41mais beaucoup de téléspectateurs frustrés.
27:43Pour les gens qui regardent en Grande-Bretagne,
27:46il y a trop d'informations internationales
27:48qui ne les intéressent pas.
27:50Pour les gens qui regardent à l'étranger,
27:52il y a trop d'informations domestiques
27:54des filles d'hiver de la Grande-Bretagne
27:56qui ne les intéressent pas non plus.
27:58La chaîne est en perte d'audience.
28:01La pression budgétaire pourrait se poursuivre.
28:03Le gouvernement britannique prévoit une nouvelle réforme
28:07de la redevance en 2028.
28:09Certains s'inquiètent déjà de l'arrivée de la publicité
28:12sur les chaînes et les radios de la BBC.
28:14Good evening.
28:15On a un exemple où il y a une crise politique, le Brexit,
28:19qui conduit à une crise économique,
28:21et un gouvernement qui a besoin d'argent
28:23et qui cherche des économies là où il le peut.
28:26C'est une crise politique qui vit son sit pour se renflouer.
28:29Une personnalité un peu singulière,
28:31Boris Johnson.
28:32Absolument. Est-ce que vous comprenez
28:34que, dans le contexte politique dans lequel on est en France,
28:38la crainte d'un scénario à la BBC soit présente ?
28:43Je... Politiquement, je n'en sais rien.
28:46Je pense que, de toute façon, il y a un impératif,
28:49c'est dans les conditions, c'est de garantir absolument
28:52le financement de l'audiovisuel public en France.
28:55J'ai connu plusieurs systèmes,
28:56et même quand il y avait la redevance,
28:59c'est quand même le Parlement qui la votait,
29:01donc un Parlement hostile, une majorité hostile
29:04pouvait déjà le faire.
29:05Moi, je crois qu'il n'y a pas de danger là-dessus,
29:08compte tenu de la qualité et de l'audience générale.
29:13Je ne suis pas obsédé de l'audience,
29:15mais la puissance vient aussi de l'audience,
29:18que ce soit de la radio ou de la télévision.
29:20Vous avez parlé de la puissance éditoriale,
29:23mais vous avez aussi patron des structures,
29:25qui n'étaient pas que des journalistes.
29:27Quand vous avez 200 personnes à la communication,
29:30et je ne sais pas combien il y en a au groupe Radio France,
29:33mettons une cinquantaine, est-ce que, de fait,
29:35on réduit les effectifs ?
29:37Parce que cette caisse sociale...
29:39Oui, ce qu'on appelle les fonctions support,
29:41les finances, le juridique...
29:43Il y aura des doublons, forcément.
29:45Oui, mais il y aura à piloter un groupe
29:47qui est beaucoup plus large, donc...
29:49Moi, si c'est une présentation,
29:52si on dit qu'on fait ça pour des raisons économiques,
29:55financières et sociales, je ne suis pas d'accord.
29:57Je trouve que c'est intéressant, compte tenu de la puissance
30:01éditoriale que ça va apporter face à tous les concurrents
30:04dont vous avez... Vous m'avez parlé.
30:06Juste un mot, parce que je suis un survivant de l'ORTF,
30:09un rescapé, puisque ici, je suis le seul,
30:11compte tenu de l'Etat civil,
30:13à avoir vécu plusieurs années sous l'ORTF.
30:16C'était une chape de plomb sur la formation.
30:18Je suis arrivé après 68,
30:20mais on s'en souvient.
30:21Pompidou disait qu'il y avait beaucoup de qualité,
30:24par ailleurs, que j'étais quelqu'un que j'aimais bien.
30:27Il disait, et là, je n'étais pas d'accord avec lui,
30:30il disait que l'audiovisuel public, l'ORTF,
30:32c'est la voix de la France, les journalistes de l'ORTF
30:35ne sont pas comme les autres.
30:37Les critiques, un retour possible à l'ORTF,
30:39vous ne les entendez pas.
30:41La référence à l'ORTF, aujourd'hui...
30:43Elle est démagogique, pour vous.
30:45Non, mais on a complètement changé de monde.
30:47Dire que l'ORTF reviendrait, ce serait idiot.
30:50...qui va donner un ordre à une rédaction
30:53de télévision ou de radio.
30:54Demain, on sait pas.
30:56C'est bien qu'on termine,
30:57puisqu'on a beaucoup parlé des questions
31:00de synergie éditoriale et de puissance éditoriale.
31:02On est restés sur les journalistes.
31:04C'est la question de l'information et de ceux qui la proposent
31:08et qui la fabriquent qui est en jeu aussi.
31:10Il y a eu un projet d'un service unique à Radio France,
31:15dans lequel vous êtes,
31:16Santé, Sciences, Environnement.
31:18Finalement, il n'a pas été mis en place.
31:22L'idée était de faire un service unique
31:25qui proposerait les mêmes sujets à France Info
31:27et à France Inter à des horaires différents.
31:30C'était une idée de regroupement de la présidente Sibylle Veil
31:33dans le projet stratégique,
31:35de regrouper les journalistes qui s'occupent
31:37des sujets environnement, santé, sciences,
31:40des radios du groupe de France Culture, France Info, France Inter,
31:43etc.
31:44Ca peut sembler intéressant sur le papier,
31:47de rassembler les journalistes pour les mettre tous
31:49dans un même service, mais nous, on a eu peur
31:52d'une perte de diversité et d'une perte de qualité de travail.
31:56Aujourd'hui, on additionne nos forces de façon intelligente.
31:59Certains journalistes de France Info vont faire tel sujet
32:02parce que ça correspond à leur ligne éditoriale.
32:05A France Inter, où l'environnement est dans l'ADN,
32:08on va mettre l'accent sur certains sujets.
32:11Si on est regroupés dans un service commun,
32:13on ne peut pas démultiplier.
32:15Je vais faire un sujet, en priorité pour France Info,
32:18parce qu'ils auront besoin du sujet tout de suite,
32:21et j'en donnerai un extrait à France Inter,
32:23à France Culture.
32:24Vous coopérez déjà suffisamment bien.
32:26On coopère. On mutualise déjà intelligemment.
32:29D'ailleurs, j'ajoute que les budgets de Radio France
32:32et de France Télévisions sont à l'équilibre,
32:35des économies ont été faites, il y a déjà des regroupements.
32:38La question initiale, c'est qu'on ne comprend toujours pas
32:41le bien fondé de cette proposition de loi.
32:43Vous avez le mot de la fin.
32:45C'est vrai que c'est un peu le point Godwin du débat.
32:48Pourquoi ?
32:49Non pas forcément se dire qu'on travaille tout le temps ensemble,
32:52mais quels sont les échanges qu'il y a avec ceux qui couvrent
32:55chez France Télévisions, les sujets sciences, etc., aujourd'hui ?
32:59On peut améliorer les échanges avec France Télévisions,
33:02mais ça ne suppose pas une société commune.
33:05Je vous propose qu'on revienne,
33:06on a vécu des crises difficiles
33:09avec des exécutifs différents, comme Patron.
33:12Si les gens veulent du mal,
33:14si les politiques veulent du mal à la future entité France Média,
33:20aujourd'hui, s'ils veulent du mal,
33:22ils peuvent aussi en faire à Radio France
33:25et à France Télévisions. C'est la même chose
33:27que dans une hypothèse...
33:29Vous voulez voir le verre à moitié plein
33:31et faire confiance pour essayer de gagner en puissance.
33:34Le débat commence.
33:35On va voir s'il y aura même lieu ou pas
33:37en fonction du calendrier parlementaire après-demain.
33:40Vous reviendrez, il va se poursuivre.
33:42Un tout petit mot ?
33:44Juste donner le temps à un projet d'émerger,
33:46d'être construit collectivement par l'ensemble des participants
33:50et des contributeurs.
33:51Ce n'est pas le cas, là.
33:52Ca revient pas mal en Macronie, ces derniers jours.
33:55Allez, on s'arrête là, le débat va se poursuivre
33:58et je vous propose, si vous le voulez,
34:00de revenir dans les prochains jours pour en parler.
34:03Vous restez avec moi, Sophie Sacknin.
34:05Dans une dizaine de minutes, les partis pris de nos affranchis.
34:08Ce soir, Macron, médiateur en chef en Nouvelle-Calédonie,
34:11ce sera dans les billets politiques de Gaël Gauze,
34:14le divorce entre le RN et l'AFD, le parti d'extrême droite allemand,
34:18on verra ça avec Richard Verlis.
34:20Et le menu de Bourbon Express ?
34:21Je vous parle du projet de loi sur la fin de vie,
34:24c'est lundi dans l'hémicycle.
34:26A tout à l'heure, les amis, mais d'abord,
34:28merci, Elisabeth Badinter, aux éditions de l'Observatoire.
34:31Je suis sûre que beaucoup de femmes et d'hommes vont se reconnaître,
34:35Sophie Sacknin, dans votre livre Hommage.
34:37Vous prenez la plume pour dire, avec d'autres,
34:40tout ce que vous lui devez à Elisabeth Badinter,
34:42à ses combats, à son exigence,
34:44dans une époque où la nuance a quasiment disparu.
34:47Elle reste pour vous un phare et une boussole.
34:50L'invitation de Dario Borgogno,
34:52interview juste après.
34:57-"Si on vous invite, Sophie Sacknin,
34:59c'est pour parler de votre icône du féminisme,
35:02Elisabeth Badinter."
35:03En près de 300 pages, vous faites l'éloge de la philosophe,
35:06l'occasion surtout de la remercier.
35:09On dit jamais assez merci aux gens qu'on aime quand ils sont là,
35:13ou aux gens qu'on admire,
35:14et je crois qu'on a tellement besoin d'admirer des gens aujourd'hui
35:18que j'avais besoin de le faire.
35:20J'avais besoin de le faire parce que dire merci à quelqu'un,
35:23c'est être dans la reconnaissance d'un parcours,
35:27de quelque chose qui a été fait et qui compte.
35:29-"Sophie Sacknin, après des années dans la publicité et les médias
35:33et à présent dans le Conseil,
35:35vous signez votre premier livre sur cette figure du féminisme
35:38qui n'aime pas qu'on s'intéresse à elle."
35:40-"Eh ben, tu vois, Robert,
35:42tourner un film sur moi, c'est pas plaisant."
35:46-"Pourquoi c'est pas plaisant ? C'est ton narcissisme."
35:49-"Ben oui, mon narcissisme n'est pas heureux."
35:51-"Souvent indissocié de ce défunt mari garde des sceaux de Mitterrand,
35:55dont elle a pris le nom."
35:56-"C'est toujours Elisabeth qui parle plus que Robert ?"
35:59-"Ecoutez, Robert, écoutez et admire."
36:01-"Vous faites l'inventaire de ses talents,
36:04à la fois philosophe, spécialiste des Lumières
36:06et féministe, furieusement moderne."
36:08-"Partager les tâches féminines, c'est toujours ressenti par eux
36:12un petit peu comme un écrasement de leur virilité."
36:15-"Selon vous, on a tous quelque chose d'elle en nous,
36:18un effet Elisabeth Badinter.
36:20Vous interrogez dans votre livre
36:22une dizaine de journalistes politiques universitaires.
36:25Tous conquis par la philosophe, adeptes des positions tranchées,
36:29comme son opposition au voile ou son regard critique sur MeToo.
36:32Avec la même boussole, les hommes doivent faire plus d'efforts.
36:35-"J'appelle les hommes à être enfin égalitaires,
36:39égalitaires, féministes,
36:41égalitaires surtout."
36:43-"Peut-elle être encore écoutée par cette nouvelle génération
36:47où parfois la nuance n'est pas admise ?
36:49Dans cette société à présent binaire
36:51et face au mur des critiques, Sophie Sagnin,
36:54qui sont les héritières d'Elisabeth Badinter ?"
36:57Réponse.
36:59Elles sont très nombreuses.
37:00J'en suis une. Je ne me considère pas comme une héritière.
37:04Je pense que j'ai pris beaucoup d'elles
37:06et elle m'a apporté beaucoup, donc...
37:08Qu'est-ce qu'elle vous a apporté, personnellement ?
37:11Elle m'apporte... C'est une femme qui rayonne.
37:14C'est une femme qui, à la fois, m'a apporté très jeune
37:18par ce qu'elle a pu écrire...
37:20Quand j'avais 20 ans, j'ai lu l'un et l'autre
37:23et ça m'a ouvert des portes
37:25sur, justement, les différences hommes-femmes
37:28et les ressemblances plutôt hommes-femmes.
37:31Je pense que ça a contribué à construire
37:33qui je suis aujourd'hui.
37:36Et puis, ces incursions dans la vie publique,
37:38ces... Au fil des années,
37:41ces contributions au débat public sont précieuses
37:44parce qu'elle a toujours cet art de poser les sujets,
37:48de poser les questions,
37:50de prendre le temps d'expliciter,
37:52de prendre le temps de dérouler sa pensée
37:55et des arguments pour arriver, non pas à un prêt-à-penser,
37:59mais à quelque chose qui est construit,
38:02qu'on partage ou qu'on ne partage pas.
38:04On n'est pas obligés d'être d'accord avec Elisabeth Bain d'Inter
38:08pour apprécier sa contribution au débat public.
38:11C'est ce qui fait sa force, la force d'une philosophe.
38:14Il y a un fil qui relie toutes les femmes
38:17et quelques hommes que vous avez interviewés,
38:19avec qui vous avez eu des conversations,
38:22parfois des anonymes, on va en voir quelques-unes,
38:25Caroline Fourest, Valérie Thoragnan,
38:27Fatia Boudjalat, Anne Rosencher, Fadela Amara,
38:30il y en a beaucoup d'autres.
38:32On a mis des femmes, mais on aurait pu rajouter des hommes,
38:35Jack Lang, notamment, et d'autres.
38:37Quel est ce fil qui les relie, ces héritières ?
38:41Est-ce qu'il y a...
38:43Elles parlent beaucoup toutes de la cohérence
38:45d'Elisabeth Bain d'Inter.
38:47C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui a pu avoir
38:50une pensée qui a évolué avec le temps,
38:52mais elle est dans une cohérence parfaite
38:54par rapport à des principes et à des valeurs
38:57dont elle se sent elle-même l'héritière.
38:59On est les héritières, quelque part, des Lumières,
39:03et c'est plutôt l'approche de la raison
39:06et donc de l'universalisme
39:09qui régit nos façons de penser
39:12et les façons de penser de toutes ces femmes.
39:14C'est l'idée que l'on est des humains sur Terre...
39:18-"L'universalisme avant la différence".
39:21-...avant de considérer nos différences.
39:23C'est beaucoup plus qu'une biographie, ce livre.
39:26C'est pas du tout une biographie, c'est une forme de dialogue.
39:29On va venir à la rencontre, parce que c'est, au terme,
39:32un escalier en collimation, que vous arrivez dans son bureau
39:36perché plein de Lumières et plein de livres,
39:38mais c'est un livre politique.
39:40Vous faites aussi le procès d'une époque, la nôtre.
39:43Je sais pas si c'est le procès, c'est peut-être le procès en creux,
39:46mais j'ai eu plutôt envie de m'enthousiasmer
39:49sur tout ce qui a été ou tout ce qui est.
39:52C'est pas un livre nostalgique du tout,
39:54c'est un livre qui prend ce qu'il y a à prendre dans chaque époque.
39:58Et donc, j'ai plutôt essayé de m'enthousiasmer
40:01pour ce qui apporte, quelque part,
40:05de la joie dans un environnement et dans un monde, aujourd'hui,
40:09dans lequel il est compliqué de se réjouir.
40:12Et me plonger dans des archives de l'INA
40:16et assister à certains débats politiques
40:19auxquels Elisabeth Badinter contribuait
40:22dans la marche du siècle ou autre,
40:24c'est replonger dans un monde d'écoute,
40:28d'intelligence qui n'est pas toujours présent, aujourd'hui.
40:31-"Elle oblige à penser", ça revient beaucoup,
40:34c'est le titre de l'un de vos chapitres,
40:37et lui dire merci, c'est quand même une manière de la défendre
40:40dans un moment où elle est attaquée, on y reviendra.
40:43Racontez-nous.
40:44Je me garderai bien d'avoir l'idée ou la prétention de la défendre.
40:49Elle n'a pas besoin de moi pour être défendue.
40:52C'est toujours agréable d'avoir des sentiments malgré tout.
40:55Je pense qu'elle soutient des idées et des valeurs
41:00qui ont plus que jamais besoin d'être défendues
41:03et on a besoin d'être une armée à le faire
41:06et j'ai envie que cette armée grossisse.
41:08-"Une armée", j'entends ce mot,
41:10d'hommes et de femmes.
41:11Quelle impression vous a-t-elle faite ?
41:13Quel effet vous a-t-elle fait quand vous êtes arrivée
41:16rue de Guinemère, à Paris, et que vous la voyez
41:19pour la première fois en vrai, toutes les deux,
41:22il y a le regard bleu acier, cette présence, les silences aussi.
41:25C'est cette présence et ce regard, elle est présente à l'autre,
41:29c'est cette écoute absolument parfaite,
41:31c'est-à-dire que je la rencontre et je lui pose
41:34un certain nombre de questions, mais elle m'en pose
41:37parce qu'elle a cette vraie curiosité
41:40pour les idées, mais aussi pour les humains.
41:43Elle vous parle de vos origines ?
41:44Elle me parle de mes origines, absolument.
41:47De ma renvenue d'Ukraine,
41:48comme en partie, c'est l'histoire de son père.
41:51D'ailleurs, elle dit les origines, c'est très important,
41:54elle renie pas du tout cette question-là,
41:56mais elle veut pas trop en parler.
41:58Il y a une forme de ligne rouge, c'est-à-dire que les idées,
42:02pas le privé, pas l'intime.
42:03C'est la raison pour laquelle je ne suis pas allée
42:06du tout sur ce terrain-là,
42:08et c'était pas l'objectif de mon livre.
42:10L'objectif, c'était vraiment de permettre aux lecteurs
42:14de vivre la diversité, finalement,
42:16des apports et des contributions d'Elisabeth Badinter
42:19à ce qu'on est aujourd'hui et au débat de société.
42:23Elle est intervenue dans de tellement nombreux domaines
42:28que j'avais envie de rendre cette richesse
42:31qui n'est pas forcément perceptible à l'œil nu
42:35et qu'on ne peut pas percevoir
42:37quand on l'entend cinq minutes dans une interview
42:40ou qu'on lit une petite interview d'elle dans un...
42:45Elle a une très grande modernité,
42:47évidemment, elle arrive avec la philosophie,
42:50avec ses passions intellectuelles du XVIIIe siècle,
42:53les philosophes des Lumières, les biographies
42:56qu'elle a écrites également, à sentir la société.
42:59C'est l'une des premières à avoir parlé des hommes.
43:02Elle n'en parle pas tant que ça.
43:04Elle a fait des grands combats féministes
43:06pour l'égalité homme-femme, la liberté de choix,
43:09les tâches ménagères, la charge mentale.
43:12Elle en parle encore dans son dernier livre
43:14sur le défi démographique et le corps des femmes,
43:17mais les hommes, elle en parle très tôt.
43:19On ne peut pas parler de la condition des femmes
43:22sans parler du reste de l'humanité.
43:24Parler de la condition des femmes, c'est parler de l'égalité,
43:27donc parler de l'égalité homme-femme.
43:30De ce type-là, il y a l'autre côté de l'équation,
43:32c'est celle des hommes.
43:34Elle aperçut aussi cette question du malaise des hommes
43:38face à la conquête de l'égalité des femmes.
43:42Tout à fait, et d'ailleurs, plusieurs fois dans son oeuvre,
43:46elle dénonce d'une certaine manière,
43:48elle pointe du doigt le silence des hommes
43:51sur un certain nombre de sujets,
43:53sur le fait aussi que les femmes,
43:55à force de trop se victimiser à certains endroits,
43:59se sont peut-être tirées une balle dans le pied
44:02et que les hommes regardent ça
44:04dans un silence absolument éloquent,
44:07c'est-à-dire en laissant les femmes s'enliser elles-mêmes
44:11dans certains débats qui ne devraient plus avoir lieu,
44:14qui ne sont pas véritablement des débats
44:16qui défendent la cause des femmes.
44:18-"L'identité, oui, mais à sa juste place."
44:21Elle est très inquiète de la place grandissante
44:23de la religion dans la sphère publique.
44:25On se souvient de son combat pour la crèche Babylou.
44:29Ce combat-là, pour la laïcité à l'école,
44:32est-ce qu'il est perdu, aujourd'hui ?
44:35Si on est très pessimiste
44:37et si on regarde un peu la réalité en face,
44:40la laïcité est très fortement attaquée.
44:43Donc, c'est un combat...
44:45Je pense que c'est pas parce qu'un combat est en danger
44:49qu'il faut cesser de combattre.
44:52Il y a des combattants qui combattent
44:54jusqu'à la dernière heure
44:56et des résistants qui combattent jusqu'au dernier moment.
45:00Et oui, la laïcité est en danger,
45:04mais c'est elle qui est le dernier rempart
45:07de l'égalité homme-femme,
45:09même si ça n'était pas l'intention de cette loi
45:12sur la laïcité, originellement.
45:14Et en s'en faisant la défenseuse,
45:18une fois de plus, Elisabeth Badinter rappelle
45:21que c'est une républicaine convaincue.
45:24Et des fois, c'est sur la République chevillée au corps,
45:28la question du collectif et de l'individuel
45:30qu'elle est tout le temps en train d'essayer de garder ensemble.
45:34Dans Marianne, elle est classée
45:36comme l'intellectuelle française la plus influente.
45:38Elle ne se vivait pas comme une philosophe,
45:41elle n'est pas une vraie philosophe.
45:43Pourquoi cette modestie ?
45:45Elle dit même, par exemple, que sa génération a été incapable
45:48de théoriser les bouleversements de la mondialisation.
45:51Elle avait pensé le monde de demain,
45:53le Marx d'aujourd'hui n'existe pas encore.
45:56Elle a toujours cette modestie aussi,
45:58qui consiste à dire que...
46:01Elle n'est certainement pas
46:03la plus grande intellectuelle de son époque,
46:07mais je pense que ce qui la rend unique,
46:11c'est justement cette capacité de recul, d'analyse.
46:15Et...
46:17Oui, elle a reçu cette idée
46:23de l'intellectuelle la plus influente de France.
46:26C'était en 2010, Marianne lui avait décerné,
46:29à l'issue d'un sondage, ce titre.
46:31Elle l'a reçu comme un cadeau,
46:33mais aussi comme une énorme responsabilité.
46:36Elle disait elle-même,
46:38on verra, mais je ne suis qu'une parmi tant d'autres.
46:44Et il est important de relever le gant des combats à venir.
46:51Merci beaucoup. Merci, Sophie Sakhnin.
46:53Merci, Élisabeth Badinter.
46:55C'est le très beau titre de ce livre,
46:57pas comme les autres. C'est un hommage,
46:59mais c'est aussi les résonances
47:01d'une génération d'hommes et de femmes.
47:03On comprend qu'Élisabeth Badinter, à vous lire,
47:06va encore inspirer et pour longtemps.
47:08Vous restez avec moi.
47:10C'est l'heure des Affranchis. On les accueille tout de suite.
47:13Générique
47:16...
47:22Bonsoir à tous les deux.
47:24Yael Ghoz, de France Inter,
47:27chef du service politique,
47:29et Richard Verly, correspondant du quotidien Suisse Blic.
47:33Votre parti pris pour commencer, Yael,
47:35c'est la visite surprise d'Emmanuel Macron.
47:37L'avion présidentiel doit se poser à Nouméa,
47:40vers 23h30, heure de Paris.
47:42Après un périple de plus de 17 000 kilomètres,
47:46forcément, ça prend du temps,
47:48y a-t-il encore une piste d'atterrissage
47:50dans cette crise ?
47:51Effet de surprise, bien sûr.
47:53À part une poignée de conseillers et de ministres
47:56mis dans la confidence, le secret est gardé jusqu'au bout.
47:59Primeur de l'annonce, hier, en Conseil des ministres,
48:02j'y vais, je pars, ce qui nous replonge
48:05près de 40 ans en arrière, le 16 janvier 1985,
48:07plus exactement, François Mitterrand, Antenne 2,
48:10alors que la situation dégénère à Nouméa.
48:12Christine Ockrent lui demande
48:14s'il allait jusqu'à aller en Nouvelle-Calédonie.
48:17Mais oui, madame, répond le sphinx.
48:19Peut-on savoir quand ? Oui, demain.
48:21Alors, disons-le, c'est une figure de style
48:24auquel le président actuel nous a habitués aussi.
48:27Il adore faire du judo dans l'adversité,
48:29la chemise mouillée du Grand débat des Gilets jaunes
48:32ou, plus récemment, dans le chaudron du Salon de l'agriculture.
48:36Emmanuel Macron théorise depuis longtemps
48:38ce pilotage par gros temps,
48:40son décennat étant une succession,
48:42voire une juxtaposition de crises.
48:44Avant qu'il n'arrive, il faut le rappeler,
48:46deux écoles et 300 voitures d'un concessionnaire brûlés,
48:49est-ce qu'il débloque la situation ?
48:51Il fait évidemment partie de la solution,
48:54c'est à son niveau, au niveau maximum,
48:56qu'il y a une marge de manoeuvre pour débloquer.
48:59Il fait partie de la solution, mais aussi du problème.
49:02Personne ne voulait négocier avec lui en visioconférence
49:05la semaine dernière, donc il y va en présentiel
49:07pour préparer ce qu'il a lui-même provoqué
49:10sans l'avoir forcément anticipé.
49:12Ce troisième référendum contesté six mois avant la présidentielle
49:15en plein Covid, boycotté par les Canacs,
49:18c'est sa responsabilité.
49:19La nomination d'une ministre loyaliste,
49:21clivante, Sonia Bakess, c'est encore lui.
49:24L'ultimatum d'une révision constitutionnelle
49:26avant l'été pour dégeler le corps électoral,
49:29c'est toujours lui.
49:30Que peut-il faire concrètement sur place ?
49:33Il y a une grande part d'improvisation,
49:35actuellement, parce que son agenda n'était même pas encore
49:38calé tout à fait avant de décoller,
49:40donc il est en train de le caler en ce moment dans l'avion.
49:43A minima, commencer par annoncer le report du Congrès,
49:46quitte à froisser le camp loyaliste,
49:48qui le vivra comme une trahison,
49:50des fonds pour reconstruire, bien sûr,
49:52et puis, l'urgence, rétablir des vols commerciaux.
49:55Mais un saut de puce, un touch and go,
49:57comme on dit, doit se conjuguer avec le temps long.
50:00On ne dira jamais assez que la politique express
50:03version Paris n'a rien à voir avec la pratique,
50:05la coutume, les palabres qui caractérisent
50:08la société calédonienne.
50:09D'ailleurs, sur cette question du rythme,
50:12le président s'est épanché dans l'avion
50:14auprès de nos confrères, le Wi-Fi marche,
50:17donc on a eu quelques confidences.
50:19Il dit que négocier trop vite et aller signer ensuite à Paris,
50:22ça a coûté la vie à des signataires historiques,
50:25référence à l'assassinat en 89 de Jean-Marie Thibaut.
50:29Emmanuel Macron arrive seul en scène,
50:31car la mission qu'il installe n'est pas politique,
50:33elle est composée d'un trio de hauts fonctionnaires,
50:36seul en scène, à qui tout double,
50:38si près des Européennes et à l'aube de sa fin de mandat.
50:41Merci beaucoup. Là encore, c'est une affaire de temps.
50:44Savoir donner du temps au temps dans cette crise calédonienne,
50:48il y a un vrai sujet de calendrier, non ?
50:50Savoir prendre du recul
50:52et prendre effectivement le temps d'analyser la situation.
50:55Ne pas négocier sous ultimatum.
50:57On verra ce que donne cette visité éclair.
51:00Richard, le divorce est acté.
51:02Marine Le Pen a sèchement pris ses distances
51:05avec l'AFD allemande, le puissant parti d'extrême droite,
51:08qui cherche, vous allez nous l'expliquer,
51:11à excuser ceux qui portaient l'uniforme de la Waffen-SS.
51:14La crise, la guerre, même, est ouverte ?
51:17Oui. Marine Le Pen a deux obsessions, on le sait.
51:20La première, c'est de se débarrasser
51:22du fantôme encombrant de son père, Jean-Marie,
51:24qui édita longtemps pour gagner sa vie
51:27des disques de musique militaire, y compris ceux du Troisième Reich.
51:30La seconde obsession, c'est la tutelle économique
51:33et monétaire que l'Allemagne exerce, selon elle, sur la France,
51:36à travers l'euro.
51:37La chef du Rassemblement national ne réclame plus
51:40l'abandon de la monnaie unique européenne,
51:42mais elle combat sans cesse la Banque centrale,
51:45basée à Francfort, bien trop assujettie, selon elle,
51:48à la très puissante Bundesbank.
51:50Quel rapport me direz-vous ?
51:51L'occasion rêvée vient de se présenter
51:54pour Marine Le Pen de dire neuf,
51:56parce que ce mardi, le leader de l'AFD allemande,
51:59Maximilien Kras,
52:00y est allé fort dans la nostalgie fasciste
52:02en estimant que quiconque a porté un uniforme de la Waffen-SS
52:06n'est pas automatiquement un criminel.
52:09Dans sa bouche, l'objectif était clair,
52:11c'était gommer les horreurs commises par Hitler et les siens,
52:14dont certains néo-nazis allemands, on le sait,
52:17continuent de cultiver le souvenir.
52:19Inacceptable pour Marine Le Pen,
52:21qui a aussitôt annoncé son intention de ne plus siéger
52:24dans le même groupe parlementaire que l'AFD à Strasbourg et Bruxelles,
52:28identité et démocratie idées, ce qui était le cas jusque-là.
52:31Vous allez nous expliquer les conséquences possibles.
52:34L'ORN franchit une étape de plus dans sa dédiabolisation.
52:37Et oui, et vous savez bien que demain, jeudi 23 mai,
52:40Jordan Bardella, le chef de file du RN aux Européennes,
52:43débattra avec le Premier ministre Gabriel Attal.
52:46Alors, la nostalgie nazie à l'allemande
52:48dans le décor d'un groupe qui aurait pu siéger...
52:51Ca fait mauvais genre, évidemment.
52:53Mais il y a plus important. Avec ce divorce de l'AFD,
52:55Marine Le Pen éloigne encore plus l'ombre du passé brun
52:59de son parti et elle se rapproche, ce faisant,
53:02de la stratégie à la Giorgia Melloni en Italie.
53:05On met l'AFD au rencard, ce qui arrange tout le monde,
53:08vu le contexte, la guerre en Israël et la guerre en Ukraine.
53:12Ce couple franco-allemand, celui de l'extrême droite,
53:15n'avait depuis longtemps plus aucune envie l'un de l'autre.
53:19Ca peut changer les choses
53:20au niveau du scrutin européen, au niveau du Parlement de Bruxelles.
53:24Ils peuvent aller dans le groupe conservateur et réformiste.
53:28Pas sous ton contrôle, mais groupe ID et groupe ECR,
53:31tout ça a peut-être vécu.
53:33On va avoir des recompositions après le 9 juin.
53:35Pas forcément un groupe, mais...
53:37Parce que, déjà, ID, il faut sept pays
53:40pour pouvoir faire un groupe.
53:42Avec le départ de la France, l'AFD devient une personne à non grata.
53:45Ca change les choses.
53:47Il faudra surveiller ECR, le groupe au siège Melloni,
53:50puisque vous avez Ursula von der Leyen,
53:52qui fait des oeuvres de service en disant qu'il faudra
53:55travailler ensemble.
53:56Tout est possible dans cette élection.
53:589 à l'Allemagne, ça paye.
54:00On termine avec Bourbon Express,
54:01l'histoire du jour à l'Assemblée.
54:10Une histoire du jour qui nous est racontée par Elsa Mondingava.
54:14Bonsoir, une histoire assez grave, sur un sujet sensible.
54:17Exactement, c'est un mot pronostic vital.
54:20Ce mot, vous allez beaucoup l'entendre
54:22à partir de lundi, puisque c'est le début des débats
54:25dans l'hémicycle sur le projet de loi de la fin de vie.
54:28Ce projet de loi met en place une aide à mourir
54:30avec cinq conditions.
54:32Être majeure, avoir un discernement libre et éclairé,
54:35être français ou vivre en France,
54:37présenter des souffrances physiques réfractaires au traitement.
54:41Ca n'a quasiment pas bougé en commission.
54:43En revanche, un point a été modifié.
54:45Dans la version initiale, la personne devait être atteinte
54:48d'une condition grave et incurable,
54:50engageant son pronostic vital à court ou moyen terme.
54:53La commission a enlevé la référence au pronostic vital
54:56et l'a transformée en phase avancée ou terminale.
54:59Sur ce point précis, il y a une fracture
55:01entre deux responsables du texte.
55:03Ils ont passé une semaine côte à côte en commission.
55:06Ils vont siéger deux semaines ensemble au banc.
55:09C'est la présidente de la commission spéciale,
55:11Agnès Firmin-Lebaudot, du groupe Horizon.
55:14Elle veut garder la référence au pronostic vital
55:17et Olivier Falorni, le rapporteur général du texte.
55:20Lui, il est du groupe Modem, favorable à la réécriture.
55:23Ils sont donc, on l'a compris, tous les deux de la majorité,
55:26mais en désaccord.
55:28Vous n'êtes clairement pas sur la même ligne tous les deux.
55:31Là, il y a clairement une fracture.
55:33Il y a une différence sur un des verrous.
55:37On a liberté de vote sur le sujet.
55:40Voilà. Donc, c'est très clairement,
55:42entre deux personnes qui appartiennent
55:44à la majorité présidentielle,
55:46nous avons un point de vue différent sur ce verrou,
55:48qui, pour moi, il est important de laisser en l'état,
55:51parce qu'il crée, j'allais dire,
55:53des conditions restrictives d'accès.
55:55Là, on voit bien qu'on les élargit.
55:57C'est un point de vue différent et ce n'est pas complètement anormal.
56:01Il y a un débat, Myriam,
56:02pour savoir si cette nouvelle formulation
56:05élargit les conditions d'accès.
56:07Exactement.
56:08Toujours est-il que la présidente de la commission spéciale,
56:11qui, on le rappelle, est la ministre qui a écrit le texte,
56:14nous rapporte que certains collègues de la majorité,
56:17qui étaient sûrs de voter, s'interrogent.
56:19Le rapporteur général, Olivier Falorni,
56:22lui, est favorable à ces évolutions votées en commission.
56:25Oui, et pour beaucoup, ce n'est pas une surprise.
56:28Beaucoup rappellent qu'il est un militant favorable
56:30d'une aide active à mourir depuis longtemps.
56:33Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent
56:35qu'on le savait, Olivier Falorni, c'est son combat,
56:38il voulait aller plus loin et il l'a fait ?
56:41Vous savez, mon combat, ma cause, je préfère, c'est mon guerrier,
56:46c'était de faire en sorte que l'aide à mourir
56:49soit possible dans notre pays.
56:50La pire des choses, c'est qu'on vote une loi
56:53qui soit inapplicable et inappliquée,
56:56parce qu'on aurait créé de faux espoirs
56:58pour beaucoup de Français.
57:00Moi, aujourd'hui, l'enjeu, c'est pas d'ouvrir,
57:02c'est pas de fermer, c'est de rendre effectif.
57:05Et pour vous, le pronostic vital engagé à court ou moyen terme,
57:08ça ne voulait rien dire, ce n'était pas bien défini.
57:11Ce n'est pas moi qui le dis,
57:12ce sont la quasi-totalité des intervenants,
57:15qui soient des fervents défenseurs du texte
57:17ou des farouches opposants.
57:19Voilà, pronostic vital engagé à court ou moyen terme
57:22ou phase avancée au terminal,
57:24ce sera vraiment le nœud du débat,
57:26définir bien ces termes,
57:27c'est à partir de lundi dans l'hémicycle.
57:29Et vous savez, LCP se mobilise au grand complet,
57:32Elisabeth Mondingava, moi-même et tous mes confrères,
57:35toute la production, la rédaction et la direction,
57:38qui va vous permettre de regarder ce débat
57:42en exclusivité et en intégralité
57:45pour tous ceux qui se sentent concernés,
57:47qui veulent comprendre.
57:49C'est un débat qui traverse tous les partis,
57:52qui transcende les clivages et qui nous concerne tous.
57:55Voilà pour le petit point promo.
57:57Merci, les Affranchis.
57:59Et merci, Elsa.
58:00Merci à vous, Sophie Sakhnitnizet.
58:02Merci, décidément, Elisabeth Badinter.
58:05Peut-être qu'elle nous a regardées,
58:07vous nous direz ce qu'elle a pensé de votre livre
58:09et de cet entretien.
58:11Très belle soirée. A demain.
58:12SOUS-TITRAGE RED BEE MEDIA
58:15Générique
58:17...

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