• il y a 6 mois
Transcription
00:00 Le 29 octobre dernier, par ce qu'on peut appeler un trait d'humour, qui dans le contexte qu'on vient d'évoquer,
00:05 en semble indigné lorsque l'humoriste du Grand Dimanche soir, c'est l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker sur France Inter,
00:12 avait ironisé sur Benjamin Netanyahou, le qualifiant de nazi sans prépuce.
00:17 Après deux semaines de controverses, d'accusations d'antisémitisme, de menaces de mort,
00:22 et après avoir reçu un avertissement de la part de Radio France, l'humoriste était de retour hier à l'antenne.
00:27 Guillaume Meurice se savait attendu, mais il n'a pas renoncé à son droit à l'outrance.
00:33 Et puis c'est là de chronique, j'ai l'impression qu'elle est pas mal attendue.
00:36 On va faire un bon score Médiamétrie, notamment je pense à la DRH de Radio France.
00:40 Alors allons-y. Déjà je voudrais remercier les auditeurs et les auditrices pour leur message de soutien.
00:46 Désolé, je n'ai pas pu répondre à tout le monde, j'étais quand même pas mal occupé.
00:49 C'est mon point commun avec l'assist Jordanie d'ailleurs.
00:52 Je voulais vous dire que j'ai lu aussi les remarques constructives suite à cette histoire de Netanyahou nazi prépuce.
00:58 On m'a dit "ouais mais le Hamas aussi sont des nazis sans prépuce".
01:01 Et oui ! Et oui ! Et j'ai jamais dit le contraire.
01:04 Je me demande même s'il n'y a pas un problème avec cette absence de prépuce.
01:07 Ça les énerve en fait. Parce que ça gratte ? Je ne sais pas.
01:10 Bonsoir Sybille Veil.
01:11 Bonsoir.
01:12 Présidente, directrice générale de Radio France, merci de votre présence ce soir à l'occasion de votre premier essai.
01:17 Un plaidoyer pour la modération intitulé "Au commencement était l'écoute, en finir avec la société du défouloir".
01:23 C'est à paraitre mercredi aux éditions de l'Observatoire. On va en parler.
01:26 Ce n'est pas sans rapport avec le sujet qu'on aborde là tout de suite, notamment Guillaume Meurisse.
01:33 On vient de l'entendre, vous vous imaginez à l'écoute de sa chronique hier avec toute la direction des ressources humaines de Radio France.
01:40 C'était le cas ? Et qu'en avez-vous pensé ?
01:42 Alors non, je n'étais pas avec la direction des ressources humaines.
01:47 J'étais en train de revenir de la marche, qui est un moment fraternel.
01:53 Et j'ai entendu ce que vous disiez à l'instant, c'était un moment important.
01:58 Donc j'étais de retour, j'ai mis mes écouteurs et donc j'ai écouté et j'ai entendu surtout Charline Fonenacker,
02:06 qui est la productrice de l'émission, qui a donc démarré en prenant du recul par rapport à ce qui s'était passé,
02:13 en disant qu'elle avait entendu, elle avait lu tous les courriers des auditeurs qui nous ont écrit ces dernières semaines,
02:20 qui ont fait part de leur indignation, de leurs blessures, qu'ils en avaient beaucoup débattu.
02:26 Vous avez divisé entre eux, ils avaient compris ce que ça avait pu susciter comme réaction.
02:30 Certains avaient oublié, certains avaient regretté d'avoir oublié, certains avaient été choqués.
02:33 Ils avaient réfléchi, ça les a, je pense, beaucoup marqués. Je pense que c'était important qu'elles reviennent sur ça.
02:40 Après, Guillaume Meurice, vous venez de le dire, on vient de l'entendre tous, Guillaume Meurice a fait du Guillaume Meurice.
02:47 Et il m'avait dit que de toute façon, il ne souhaitait pas s'excuser.
02:53 Et c'est la raison pour laquelle...
02:54 Ce que vous auriez souhaité, vous ?
02:55 Ce que je lui avais demandé. C'est-à-dire, je pense que l'humour est un exercice qui est compliqué.
03:00 Faire la caricature, on est toujours à une certaine limite. Je pense que tout le monde le sait autour de cette table.
03:04 Pierre, vous l'avez connu à Canal+ avec les guignols. Tout le monde, dans cette émission, vous l'avez aussi.
03:11 On ne sait jamais quand est-ce qu'on peut franchir la ligne rouge ou pas.
03:14 Par contre, je pense que quand on la franchit, il faut avoir la responsabilité de le reconnaître.
03:19 Et je lui ai demandé, il n'a pas souhaité le faire, donc j'en ai tiré des conséquences.
03:23 Effectivement, j'ai pris une mesure de sanction disciplinaire qui est un avertissement.
03:27 Un avertissement, pas une éventualité de licenciement ?
03:33 Vous craignez qu'elle puisse être instrumentalisée éventuellement ?
03:36 Une sanction trop lourde, plus lourde en tout cas, qu'un avertissement ?
03:40 Je vais vous dire franchement, sur la sanction que j'ai prise, il y a tous ceux qui ont trouvé que ce n'était pas assez.
03:44 Il y a ceux qui ont trouvé que c'était trop.
03:46 Que c'était une restriction de sa liberté d'expression.
03:48 Sa liberté. Moi, je trouve que ça montre à quel point on est toujours polarisé.
03:51 C'est toujours soit plus, soit moins.
03:53 Et quand on a une mesure de modération, les gens ne le reconnaissent pas.
03:57 Je pense que c'est la meilleure décision à prendre.
03:59 D'autant que oui, je pense qu'un licenciement pour ces propos-là, ça aurait évidemment été instrumentalisé.
04:05 Je pense que cette affaire est assez instrumentalisée.
04:08 Ça fait quand même 15 jours que ça a lieu, on en parle encore ce soir.
04:12 C'était une phrase. Et que là, les missions qu'ils ont fait hier doivent nous permettre de tourner la page.
04:18 – Pardon, mais une phrase violente qui touche en fait aussi à la religion.
04:22 Et si vous avez parlé des guignols, mon âge avancé fait que je suis un enfant des guignols.
04:26 J'ai grandi avec les guignols, j'ai adoré les guignols.
04:29 C'était toujours "bon enfant", il faut toujours sourire.
04:32 Il n'y avait pas de violence.
04:33 Là, il n'y avait pas assez de guignols, il y a un parti pris.
04:37 Alors moi, je ne demande pas à ce qu'on soit amoureux d'Enthania ou chacun s'exprime comme il l'entend.
04:42 Mais la comparaison entre Hitler et Netanyahou, elle est violente parce qu'elle n'est pas fondée.
04:51 Mais je trouve que c'est très difficile pour vous, je conçois ça.
04:56 Et mettre et faire un martyr, c'était ridicule.
05:00 Mais en gros, ça dit peut-être quelque chose sur la responsabilité qu'on a
05:04 quand on a ce magistère de la parole que vous avez.
05:07 Au fond, une radio, une télé, c'est le magistère de la parole.
05:10 Et c'est exactement l'objet de cet essai, Sybille Veil.
05:14 Dans cet essai, vous décrivez justement une société du défouloir, que vous dénoncez.
05:19 Est-ce que le temps du vrai débat est-il définitivement en train de disparaître ?
05:23 On ne veut plus s'écouter ou on ne peut plus s'écouter ?
05:27 Alors, peut-être juste pour clore le sujet précédent,
05:31 l'affaire de la phrase de Guillaume Meurice, si je l'ai sanctionnée,
05:36 c'est parce que moi aussi, ça m'a mis très mal à l'aise.
05:38 Ça m'a mis mal à l'aise, honnêtement, ça m'a même mise en colère
05:41 parce que je sais le travail de fond remarquable qui est fait par la chaîne France Inter
05:46 et d'ailleurs toutes les autres chaînes de Radio France,
05:48 notamment dans les épisodes très douloureux que nous sommes en train de vivre.
05:52 Donc c'est pour ça que j'étais en colère, parce que je pense que
05:55 dans des périodes où il y a un traitement si remarquable et fin
05:58 qui est fait d'une actualité qui est dramatique, qui est forte,
06:01 eh bien il faut être très responsable.
06:03 Et c'est aussi ça qui m'a conduit à prendre une mesure qui est...
06:06 C'est la première fois qu'il y a une sanction disciplinaire
06:10 qui marque qu'à un moment donné, il y a des choses sur lesquelles,
06:14 quand on franchit une ligne, il faut en avoir la responsabilité
06:18 et au moins le reconnaître.
06:19 Et c'est ça que j'ai voulu marquer.
06:21 Mais moi ce que j'écris dans ce livre, qui est un plaidoyer pour l'écoute,
06:24 la modération et l'écoute.
06:26 Pour l'écoute, moi je remarque que si on vit beaucoup de polémiques
06:31 et le fait que cette phrase-là ait été instrumentalisée
06:35 par des chaînes d'opinion qu'on a retrouvées sur les réseaux,
06:38 c'était dans les sujets numéro 1 sur Twitter pendant plusieurs jours,
06:42 la semaine d'avant, c'était quelque soit, et ça n'excuse pas,
06:46 ça n'excuse pas la nature du propos, néanmoins ça montre qu'on est
06:50 quand même dans un monde qui vit de polémiques.
06:52 Et de quoi on vit ? Ce monde-là, ce que je qualifie de société du défouloir,
06:56 c'est les réseaux dont le carburant c'est l'indignation, la colère,
07:00 qui mettent en avant les propos qui clivent.
07:03 C'est ces propos-là.
07:05 Et donc ça, c'est ce que j'appelle la société du défouloir.
07:07 Et je pense que face à cette société-là, oui, il faut qu'on propose autre chose,
07:11 que votre émission aussi, ce soir, elle propose autre chose,
07:14 que sur nos antennes, on essaie de proposer autre chose.
07:16 Et que pour y remédier, il y a quelque chose auquel on ne fait pas suffisamment attention,
07:22 c'est aux vertus de l'écoute.
07:24 Et la capacité à écouter des choses qui parfois nous dérangent,
07:27 parfois nous enrichissent, parfois développent notre imaginaire.
07:31 Et c'est ça le plaidoyer que je fais dans ce livre.

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