Arrogance, VAR, politique : L'arbitrage français au fond du trou

  • il y a 4 mois
L'arbitrage français traverse une crise de gouvernance qui se répercute sur les terrains où les hommes en noir multiplient les mauvaises décisions. Nos journalistes Maxime Dupuis et Martin Mosnier reviennent sur les moments très difficiles que traverse l'arbitrage et tentent d'en expliquer les causes. Le FC Stream Team est à retrouver sur toutes les plateformes de podcasts. Les chaines Eurosport sont disponibles au sein des offres Canal+, Prime Video, Bouygues Telecom et Free avec TV by Canal

Category

🥇
Sports
Transcript
00:00 Qu'est-ce qu'il faut faire pour sauver l'arbitrage français ?
00:02 Est-ce que cet arbitrage français a complètement touché le fond ?
00:05 Je ne sais pas.
00:06 Est-ce qu'il a touché le fond ? Je ne sais pas, j'espère.
00:08 Et en même temps, le paradoxe, c'est que la semaine prochaine,
00:10 vous aurez Clément Turpin à l'arbitrage de Bayerne Réal
00:14 et François Letexier sur Roma, Bayer, Leverkusen.
00:17 Ce qui veut dire que les arbitres français ont une cote certaine à l'étranger.
00:21 Ça me fait un peu penser aux joueurs
00:23 qui ne se comportent pas forcément bien dans un club français,
00:25 mais quand ils partent dans un club à l'étranger,
00:27 se tiennent à carreau, ils ont travaillé plus ici, etc.
00:30 Il n'y a rien à leur projet.
00:31 Ça donne presque cette impression-là.
00:32 Non, mais sérieusement, c'est compliqué.
00:34 Ce qui est compliqué, c'est qu'être arbitre, c'est dur, tout simplement.
00:38 À la base, c'est ça.
00:39 C'est un sport qui va vite, de plus en plus vite,
00:41 même s'ils sont professionnalisés.
00:43 Poem, c'est qu'ils ont des béquilles aujourd'hui.
00:45 Oui, mais la béquille n'est pas bonne.
00:46 Une béquille, c'est une jambe de bois.
00:48 Pourquoi ? Parce que, en fait, déjà,
00:51 la vare, c'est une aide qui n'en est pas une.
00:55 Parce que déjà, en fait, vous multipliez les avis.
00:59 Déjà que l'objectivité n'existe pas,
01:01 donc l'arbitre a sa propre subjectivité,
01:04 mais vous rajoutez plusieurs personnes dans un quart
01:06 qui ont leur propre subjectivité,
01:08 qui vous appellent ou qui sont censés vous appeler
01:10 lorsqu'il y a une erreur manifeste.
01:11 Mais c'est quoi une erreur manifeste, vraiment,
01:13 si on doit définir ?
01:14 Une grosse erreur ?
01:15 Mais c'est quoi une grosse erreur ?
01:16 On la commence où, la grosse erreur ?
01:17 Ce qui fait qu'on ne sait pas, en fait.
01:19 Donc ce qui fait que des fois, on appelle,
01:20 des fois, on n'appelle pas.
01:21 Et l'autre problème, et moi, ça, c'est lié à l'image.
01:24 À l'image et au football.
01:25 Un arbitre est censé juger une action.
01:28 Et quand on juge une action, c'est à vitesse réelle.
01:31 C'est-à-dire qu'une image arrêtée, un ralenti,
01:35 ce n'est pas la même chose.
01:36 Ça trahit, ça travestit, en fait, l'action.
01:39 Et le problème, c'est que l'arbitre
01:42 qui est dans le stade devant le VAR,
01:45 l'écran VAR, avec, il sait très bien
01:48 que tout le monde voit les images en même temps que lui,
01:49 qui a la pression du public,
01:50 c'est comme avec les mains.
01:51 C'est-à-dire qu'il se dit, tu remarqueras
01:54 l'automaticité aujourd'hui des sanctions sur des semelles.
01:57 Les semelles, ça a toujours existé.
01:59 Ça n'a pas toujours valu des cartes rouges.
02:00 Ça n'a pas toujours valu des cartes en jaune.
02:02 Ça arrive de mettre une semelle.
02:03 Et des pénaltys, des pénaltys de l'OM.
02:05 Et là, en l'occurrence, on a l'impression
02:08 que comme il y a une image arrêtée
02:10 qui montre un pied qui écrase un autre,
02:12 il se dit, non, mais tout le monde voit comme moi.
02:14 Il lui a écrasé le pied.
02:15 Il ne sait pas, il ne sait pas contrôler.
02:17 Donc, il y a forcément faute.
02:18 On efface le contexte, en fait.
02:19 On efface le contexte, c'est ça.
02:21 Les mains, c'est pareil.
02:22 Alors ça, c'est mon grand combat.
02:23 Déjà, lisez les textes.
02:26 Il n'y a jamais cette histoire de bras décollés.
02:28 Non, il faut qu'il y ait une notion d'intentionnalité dans la main.
02:30 C'est-à-dire que, et de gestes naturels.
02:33 Sauter avec les bras écartés, c'est un geste naturel.
02:37 Si on touche la balle de la main,
02:38 c'est un geste naturel parce qu'on a le bras écarté.
02:40 Si vous arrivez à sauter comme un pingouin,
02:42 comme un manchot, les bras le long du corps,
02:44 vous m'expliquerez, mais ce n'est pas possible.
02:46 Mais comme vous avez des images arrêtées
02:48 qui montrent clairement que vous avez touché le ballon de la main,
02:50 l'arbitre, je pense, dans sa psychologie, se dit
02:52 « Tout le monde voit comme moi, tout le monde a vu qu'il y avait les mains,
02:54 il faut que je siffle. »
02:55 Alors qu'il va à l'encontre de la règle
02:56 et je ne comprends pas qu'il ne se fasse pas reprendre la suce sur les mains.
02:59 Ça, c'est un truc que je ne comprends pas.
03:01 Pourtant, la règle, elle est très claire.
03:03 Il n'y a pas d'histoire de bras décollés,
03:04 il y a l'histoire de gestes naturels, etc., ou de position naturelle.
03:07 Et je le répète, mettre les bras dans le dos quand on défend,
03:10 ce n'est pas une position naturelle.
03:12 Pourtant, on ne siffle pas main si le ballon touche le coude.
03:14 Donc voilà, c'est assez stupide.
03:16 Et je pense que les arbitres, moi, je n'ai pas envie de leur tirer dessus
03:19 parce qu'ils ne se sont pas aidés non plus.
03:21 Tu parlais de la crise institutionnelle avec Stéphane Lannoy qui s'est fait dégager.
03:24 Il y avait deux têtes, Gauthier et Lannoy, à la tête de l'arbitrage.
03:27 Ils ont gardé Gauthier, ils ont viré Lannoy.
03:29 Ce qui ne va pas aussi, c'est ça.
03:30 Et que quand un président de club envoie un petit SMS pour dire
03:33 « ça va pas du tout », et que l'autre répond « mais on est où là ? »
03:36 Et je finis là-dessus, on est où ? Et que fait la Ligue ?
03:40 Dans les sports américains, si vous critiquez un arbitre, vous prenez une norme sanction.
03:43 En fait, il faut aussi qu'ils soient plus sereins les arbitres.
03:45 Quand ils peinent des coups de pression comme ça tout le temps, ça ne peut pas aller.
03:48 S'ils ne sont pas bons, quand en plus ils peinent des coups de pression, ça ne peut pas aller.
03:51 Donc le fautif, ce n'est pas seulement le mec qui a le sifflet, c'est tout l'environnement.
03:54 En fait, le problème, c'est qu'aujourd'hui, il y a 17 clubs sur 18
03:56 qui ne veulent plus du patron de l'arbitrage professionnel français.
03:59 Donc il y a Anthony Gauthier qui a pris la suite de Stéphane Lannoy,
04:01 qui était son boss avant, mais qui aujourd'hui a pris ses prérogatives.
04:04 Donc 17 clubs sur 18.
04:06 Il y a des clubs qui, aujourd'hui, dégainent un communiqué pour un oui ou pour un non.
04:11 Et donc, on est dans un contexte autour de l'arbitre
04:17 qui ne le pousse pas à prendre les meilleures décisions.
04:19 Ça, on est bien d'accord tous les deux.
04:21 Après, il y a un problème pour moi des arbitres, leur comportement, leur arrogance.
04:29 Et quand tu regardes toutes les erreurs,
04:35 moi je me souviens de la demi-finale de Coupe de France, Lyon-Valenciennes,
04:38 où il y en a eu quand même un paquet.
04:40 On a eu OMPSG, avec l'expulsion de Beraldo, le but refusé à Veretout.
04:47 On est dans des arbitres qui sont parfois...
04:50 Benoît Bastien, il vient à la fin du match, il nous explique que tout est normal.
04:55 Reconnaître ces erreurs, je pense que c'est déjà un premier pas.
04:58 Être un peu plus ouvert, sourire, dédramatiser ce qui se passe sur le terrain,
05:04 être moins dans une attitude martiale, je pense que déjà ce serait un premier pas.
05:10 Ça décrisse près tout le monde, ça décrisse près peut-être les présidents de club, les joueurs, etc.
05:15 Et je pense que ce serait une première ouverture.
05:17 Après, la crise qui secoue l'arbitrage français, c'est ce que je disais tout à l'heure.
05:23 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, les arbitres deviennent un sujet à chaque match, qu'on les voit trop.
05:28 Ils deviennent les acteurs centraux des matchs.
05:34 Ça a été le cas sur le dernier match, Marseille-Nice, on ne parle plus que de ça.
05:38 L'utilisation du VAR, et aussi quand Turpin ne demande pas,
05:46 quand on ne l'appelle pas pour aller voir ce tacle de Minamino,
05:49 c'est ce qui rend le plus fou, ça, les entraîneurs, vous verrez à chaque fois.
05:52 Il n'est pas allé vérifier sur la télé.
05:55 Fixons un cap clair sur l'utilisation du VAR.
06:00 Et Anthony Gauthier, une de ses attributions, c'est ça.
06:03 C'est que c'est le patron du VAR, c'est le patron de comment on utilise tout ça.
06:07 Il y a du fou au-dessus, il y a du fou dans les règles,
06:10 il y a des arbitres qui se prennent pour des cow-boys,
06:12 il y a des présidents qui, en plus, mettent du sel sur les plaies.
06:17 Bref, oui, est-ce que l'arbitrage français touche le fond ?
06:20 Oui, et en plus, tu l'as dit, il y a deux arbitres en demi-finale de Coupe d'Europe,
06:23 il y a deux arbitres à l'euro, si je ne raconte pas de bêtises, qui sont les mêmes.
06:26 Le Teixier, moi, personnellement, je trouve que c'est un super arbitre,
06:28 et Turpin aussi, il est souvent dans l'œil du cyclone parce qu'il fait des gros matchs
06:32 et que parfois, c'est là où ça se voit le plus.
06:35 Mais ce n'est pas tellement le talent des arbitres français que je mets en cause,
06:40 c'est plus la façon qu'ils ont d'exercer leur métier.
06:43 [Générique]

Recommandée