Le tennis est-il un sport de sadomasochistes ?
Service Volée x Eurosport explore cette semaine l'épineuse question du mental en tennis. Des confessions étonnantes de Nadal à la détresse de Garcia, le tennis se révèle être un sport fou et indomptable, un concentré d'humanité. | Service Volée est à retrouver sur YouTube. Les chaines Eurosport sont disponibles au sein des offres Canal+, Prime Video, Bouygues Telecom et Free avec TV by Canal
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00:00 Le tennis pousse tout le monde à bout, les joueurs, les spectateurs et même les entraîneurs.
00:04 "Trouve les forces en toi, allez, allez Daniel, allez, courage, allez !"
00:10 Non vraiment, il te met dans un état.
00:13 "Mon rêve d'aller gagner à Grand Chelem il est toujours là et c'est pour ça que
00:16 des fois t'as l'impression que tu t'affliges sur certaines choses parce que c'est dur en fait,
00:21 c'est dur physiquement, c'est dur mentalement, t'as un adversaire en face de toi, tu dois trouver des solutions.
00:27 Dans le match j'arrivais même plus à respirer donc comment je peux trouver la solution sur mon service
00:31 si j'arrive même pas à respirer le truc le plus simple au monde ?"
00:34 Du coup on pourrait presque se demander mais est-ce qu'il n'y aurait pas finalement un certain plaisir à souffrir autant ?
00:38 Est-ce que ce ne serait pas des sadomaso tous là comme ça ?
00:40 D'abord, et c'est inévitable, le tennis est un pur rapport de force.
00:44 Il faut battre l'adversaire, parfois coriace, le public si vous vous appelez Novak Djokovic,
00:49 et accepter d'être envahis par des pensées négatives mais réussir à les transcender.
00:54 Vous en conviendrez, tout un programme, et la subtilité avec le tennis c'est qu'on ne peut jamais vraiment s'échapper
00:58 sauf à condition d'aller aux toilettes pendant 10 minutes et de se faire un TED talk.
01:02 Si si ça existe.
01:03 Bref, quand ce rapport de force devient trop violent, quand il devient insupportable à gérer, c'est tout le château de cartes qui s'écroule.
01:09 Les cas de dépression et le sujet de la santé mentale ont pris une importance capitale ces dernières années,
01:13 mais ce n'est pas tout, l'évolution moderne du tennis a renforcé sa dimension pugilistique et asphyxiante.
01:18 Les matchs sont de plus en plus durs et éprouvants, la dimension physique est devenue essentielle.
01:23 Donc je résume, des efforts extrêmes, des enjeux financiers colossaux,
01:26 et des critiques sans filtre en provenance des réseaux sociaux, le cocktail est explosif.
01:32 Maintenant, prenons Nadal. Une boule de muscle, un génie du tennis, 14 Roland Garros.
01:36 Mais, et c'est moins connu, Nadal est un joueur qui a beaucoup douté au cours de sa carrière.
01:41 Pour El Pais, en fin d'année dernière, il livrait ceci.
01:43 "Il y a eu un moment dans ma carrière où gagner était vécu comme un match nul. Et ce sentiment est horrible.
01:49 Tout le monde part du principe que tu vas gagner. D'un coup, remporter Monte Carlo est une simple tâche que tu dois accomplir.
01:54 Ça fait de toi un travailleur qui doit juste accomplir son devoir.
01:58 Et soudainement, même gagner Roland Garros devient juste comme finir sa journée de travail.
02:02 J'ai essayé de ne jamais me laisser envahir par cette pensée, et quand ça a été le cas, j'ai parlé avec mon équipe,
02:06 et je leur ai dit, analysons ça, je dois me débarrasser de cette idée.
02:10 Parce que le sport ne peut pas être vécu comme une simple tâche à accomplir.
02:13 Il doit y avoir du rêve, de la folie, une flamme."
02:16 Ce témoignage de Nadal est précieux parce qu'il nous indique que le doute n'est pas forcément lié à la victoire ou à la défaite.
02:22 Surtout, sous le poids des réseaux sociaux et du débat du Gauth,
02:25 l'époque s'est vertue à transformer les émotions en froide statistique dans un exercice purement comptable qui oublie l'essentiel.
02:32 Car l'essentiel c'est le chemin, le rêve démesuré, le fil qui nous relia à l'enfance.
02:37 C'est l'idée que la souffrance est acceptable à condition de la regarder en face, de lui tenir tête et de l'apprivoiser.
02:43 Et de comprendre que les plus belles victoires n'existent que dans la probabilité immense de la défaite,
02:48 quand le gouffre nous appelle.
02:50 [Musique]