• il y a 6 mois

Alain Di Crescenzo, président CCI France, répond aux questions de Lionel Gougelot. Ensemble, ils s'intéressent aux enjeux des élections européennes pour les entreprises françaises et aux attentes de leurs dirigeants.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00Europe 1 bonjour, 5h, 7h, Lionel Gougelot en Bline Roche, Europe 1, 6h41.
00:06Quelles sont les attentes du monde de l'entreprise vis-à-vis de l'Europe ?
00:10Quelles sont les propositions, les suggestions des chambres de commerce et d'industrie
00:15pour une Europe souveraine au service de la croissance et de la prospérité vaste programme ?
00:20Votre invité ce matin sur Europe 1, Lionel Gougelot, il s'agit d'Alain Di Crescenzo, président de CCI France,
00:25le réseau des chambres de commerce et d'industrie.
00:28Bonjour Alain Di Crescenzo, merci d'être dans les studios d'Europe 1.
00:31Vous êtes par ailleurs le parrain des trophées de l'avenir Europe 1
00:34qui seront prochainement décernés dans le courant du mois de juin.
00:38Mais c'est pour nous parler des aspirations du monde de l'entreprise
00:41vis-à-vis de l'Union Européenne, de l'Europe que nous vous avons invité ce matin.
00:45Des chefs d'entreprise que vous avez sondés dans une vaste enquête
00:48et dont ressortent 19 propositions.
00:51Alors on ne va pas toutes les passer en revue,
00:53mais si je dis pour résumer que le monde économique est en demande d'efficacité,
00:57de simplification et de proximité, est-ce que ça vous semble juste ?
01:01Oui, j'aurais peut-être pas donné le même ordre, mais en gros c'est ça, oui, tout à fait.
01:05Bon, la simplification en premier, c'est ce que demandent clairement les entrepreneurs,
01:10notamment, vous savez, on a un sondage dédié au PME-PMI,
01:13donc c'est ce segment-là que l'on vise.
01:15Deuxièmement, ils demandent la protection, qu'on protège,
01:18notamment contre la concorse déloyale,
01:21on va y revenir, ouais,
01:22de la souveraineté et du soutien à l'économie et à l'emploi.
01:26Il y a aussi une forte demande des entreprises de les débarrasser
01:30de ce que l'on appelle la surtransposition des normes européennes dans le droit.
01:35Ça rejoint un peu ce que disaient les agriculteurs dans leur mouvement de l'hiver dernier, finalement.
01:40Tout à fait, parce qu'il y a effectivement la réglementation européenne,
01:43et donc les entreprises demandent qu'on puisse différencier cette réglementation
01:48en fonction de la taille des entreprises,
01:50c'est-à-dire qu'on n'a pas les mêmes moyens en termes de structuration pour mettre en place les normes,
01:54donc qu'on fasse un distinguo entre les plus grandes et les plus petites, point numéro un.
01:59Évidemment, cette normalisation, il ne faut pas en ajouter,
02:02et c'est ce que nous disent les entreprises,
02:03pas de surtransposition nationale des normes européennes, elle suffit comme ça.
02:07Donc, c'est effectivement la demande des entreprises.
02:10Il y a un sentiment de, comment dirais-je, d'abandon finalement,
02:13dans cette espèce de jungle européenne de la part des entreprises ?
02:16Alors, c'est très particulier parce que, dans le fond,
02:20les entreprises en nous disent, l'Europe c'est bien,
02:22voilà, et dans le principe c'est bien,
02:24et par contre, dans les faits, à 60%, ils nous disent que ça n'apporte rien à leur entreprise,
02:28et ça n'apporte rien au pays, ce qui est bien sûr faux.
02:32Mais, comment dirais-je, malgré tout, est-ce qu'il n'y a pas une sorte d'ingratitude,
02:38finalement, du monde économique vis-à-vis de l'Europe ?
02:40Parce que l'Europe, elle vous a ouvert les marchés,
02:42elle vous a ouvert la libre concurrence,
02:44donc, d'une certaine façon, vous devriez dire merci à l'Europe.
02:48Alors, je crois que, si je devais qualifier l'Europe, je dirais cette grande méconnue.
02:54On connaît mal l'Europe, parce qu'au fond, quand il y a des aides européennes,
02:58on oublie des fois de mettre les logos, voilà, ça c'est bien de l'Europe.
03:01Je regardais simplement ce que nous coûte l'Europe,
03:03on dit que l'Europe nous coûte beaucoup d'argent, 21 milliards d'euros par an,
03:06et je regardais ce matin, pour préparer notre émission,
03:09entre les fonds européens, entre la politique agricole commune,
03:13et donc, ce qu'on a eu sur le plan de relance, c'est 21 milliards d'euros, à minima.
03:18Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, sur la période 2021-2027,
03:22on s'aperçoit que l'Europe, ça ne coûte pas grand-chose, déjà, en termes de financement.
03:26Et puis après, il y a tout, effectivement, toute la protection qu'on peut avoir sur ce marché européen.
03:30N'oublions pas que nos premiers clients sont européens,
03:33nos premiers fournisseurs sont européens, c'est l'Allemagne.
03:35Donc, cet univers européen, il est excessivement important pour nous,
03:39avec une monnaie unique, bien sûr, mais aussi cette protection,
03:42et ce marché qui nous permet d'être en compétition,
03:47et de pouvoir rivaliser avec la Chine, et avec les Etats-Unis.
03:49Alors, justement, les entreprises, elles demandent quoi ?
03:52Elles demandent plus de soutien, une meilleure lutte contre la concurrence déloyale hors Union Européenne ?
03:58Oui, et donc, même un petit peu au sein de l'Union Européenne,
04:01vous savez, il y a toujours ce plombier bulgare, ou ce plombier polonais,
04:05qui arrive chez nous, avec des prix un petit peu qui défient toute concurrence.
04:08Voilà, il y a toujours cet élément-là, mais là-dessus, c'est la convergence vers une Europe sociale,
04:13que tout le monde souhaite, mais surtout, se protéger essentiellement contre les produits asiatiques.
04:18C'est ça, on parle de ça d'ailleurs, c'est de l'actualité aux Etats-Unis actuellement, sur les voitures électriques.
04:22Et l'Europe n'est pas assez forte, de ce point de vue-là ?
04:24L'Europe, aujourd'hui, est en train de se structurer là-dessus,
04:26et c'est vrai que le monde bouge beaucoup, et c'est un monde complexe,
04:29parce que l'Europe est aussi un échange avec ses clients, qui sont les clients américains et chinois,
04:32donc il faut à la fois être dur et déménager, c'est toute la finesse qu'on doit avoir au niveau européen.
04:37En même temps, l'Europe, elle est ce qu'en font les dirigeants européens,
04:41donc le discours que vous adressez à l'Europe, vous pourriez l'adresser au Président de la République, d'une certaine façon ?
04:45Écoutez, la France est un campion européen, donc c'est valable pour tous.
04:49Encore quelques mots dans le détail, les grands enjeux pour l'avenir, vous diriez quoi ?
04:52La transition écologique, l'innovation, le défi de l'intelligence artificielle aussi,
04:57là, ça va apporter un bouleversement phénoménal.
05:00Donc si on regarde aujourd'hui, vous avez compris, sur les PME, un point particulier, c'est la souveraineté.
05:04En premier, ce que nous disent les entreprises, souveraineté.
05:07Mais ça veut dire quoi, la souveraineté ?
05:08Qu'on puisse nourrir nos populations, avec sérénité, qu'on puisse les soigner, point numéro 1.
05:13Et ensuite, il y a une souveraineté plus orientée vers le futur, vous l'avez cité, la souveraineté technologique.
05:18Attention avec l'intelligence artificielle, attention avec le stockage des données là-dessus, attention avec la cybersécurité,
05:24et on s'aperçoit, attention avec les composants, les puces électroniques qui vont pouvoir faire fonctionner l'intelligence artificielle,
05:30on s'aperçoit que là-dessus, on a des dépendances fortes.
05:32Il faut absolument qu'on se structure au niveau européen, point numéro 2.
05:35Point numéro 3, vous l'avez compris, la protection.
05:37Et point numéro 4, on n'en a pas encore parlé, la compétence.
05:40On a besoin d'une libre circulation au niveau européen des compétences, des savoirs.
05:44Donc ça veut dire qu'il faut que les titres soient reconnus au niveau européen.
05:47Et puis, vous savez qu'au niveau des chambres de commerce, on a un point particulier sur l'apprentissage,
05:51on forme chaque année 130 000 apprentis, on veut un statut européen de l'apprentissage.
05:55Que nos apprentis puissent circuler au niveau européen, pour pouvoir après voyager et travailler un peu partout dans le monde.
06:01Un Erasmus de l'apprentissage, par exemple, ce serait une bonne chose.
06:04Vous publiez, Alain Di Crescenzo, je rappelle que vous êtes le président de CCI France,
06:08qui regroupe le réseau des chambres de commerce et d'industrie,
06:11vous publiez donc ces recommandations à deux semaines du scrutin européen.
06:15Est-ce que parmi les listes en présence, il y a des candidats qui répondent à ces aspirations ?
06:19Écoutez, j'ai fait le point hier sur toutes les listes qui sont là,
06:22je pense que si on fait du stock picking,
06:24ça veut dire que si on regarde dans toutes les listes, on y retrouve tous les éléments.
06:27Idéalement, il faudrait qu'il y en ait une qui reprenne tout, voilà.
06:30Mais la sensibilité sur ces éléments-là, que sont la protection,
06:34la souveraineté, les compétences,
06:36et puis un sentiment de protection des PME,
06:39donc ça figure dans pas mal de listes.
06:42Donc en fait, c'est une aspiration qui est reprise par l'essentiel des candidats, si je vous entends bien.
06:48Merci infiniment Alain Di Crescenzo, merci d'avoir été en direct ce matin dans les studios d'Europe 1,
06:52président de CCI France, le réseau des chambres de commerce et d'industrie. Merci, bonne journée.

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