• il y a 7 mois
Extrait de l’émission «Chez Jordan» du 28 mai 2024 avec Maryse Gildas. ©C8

Category

🗞
News
Transcription
00:00 -Vous connaissez les drames de la vie,
00:02 parce que vous avez perdu aussi votre mari,
00:04 qu'on aimait tant, Philippe Gildas.
00:06 Philippe Gildas est mort il y a combien de temps, aujourd'hui ?
00:10 -Ca fera six ans, le 28 octobre prochain.
00:13 -C'est une maladie compliquée qu'il a eue, parce qu'il...
00:16 -Il a eu... C'est parti d'une...
00:18 -Vous n'avez pas voulu lui dire, d'ailleurs ?
00:21 -Non, il l'a jamais su.
00:22 Une tumeur sur le rein gauche.
00:25 Il a passé un scanner,
00:26 et le professeur Gayet, c'est lui qui s'en est allé.
00:29 Il s'est occupé de lui.
00:32 Et il m'a fait venir, pendant qu'il se rhabillait,
00:37 le professeur me fait rentrer dans son bureau,
00:39 il me dit qu'il y a une tumeur sur le rein gauche.
00:42 Moi, il avait quand même 81 ans.
00:44 Je lui dis, d'abord, il y a deux reins.
00:47 -C'est ça ? C'est pas bête.
00:48 -Et puis, il me dit, "Oui, mais c'est pas opérable."
00:51 Bon, mais je lui dis, "Mais à son âge,
00:53 "ça va doucement." Ca m'a pas fait peur, la tumeur.
00:56 -Il s'en est rendu compte comment, qu'il avait une tumeur ?
00:59 -Il avait un problème à la chev...
01:01 -Il avait beaucoup de fatigue et mal dans le dos.
01:05 -D'accord. -Mais pas plus que ça.
01:07 -Un truc qui pourrait... -Souvent, j'ai mal dans le dos.
01:10 -Bien sûr, un truc bénin.
01:12 -Non. Et là, il me dit, "Le problème,
01:16 "ah, le problème, c'est que c'est métastasé partout au cerveau."
01:21 C'est métastasé au cerveau.
01:22 Et à partir de là, il n'y avait plus rien à faire.
01:27 Je le savais déjà. -Ouais.
01:29 -Quand vous l'avez su... -Il est parti en sept mois.
01:31 En mars, il est parti en octobre.
01:34 -Comment vous avez fait pour cacher le secret ?
01:37 -Parce qu'il ne souffrait pas. -D'accord.
01:40 -Alors, il l'a pas su et il avait des délires.
01:43 Il délirait. Et quand il a été en soins palliatifs,
01:46 il y restait trois mois.
01:48 La Jeanne Gardier, qui est une maison formidable...
01:51 -Bien sûr, et puis on envoie un gros bisou
01:53 à tous les sept soignants.
01:54 Et puis en palliatifs, c'est vraiment...
01:57 -C'est très important, les palliatifs,
01:59 parce que c'est un autre... C'est totalement différent.
02:02 -Il est resté trois mois.
02:04 C'est déjà beaucoup.
02:06 Et là, je lui ai dit que c'était une maison de santé,
02:09 parce que j'expliquais, tu as besoin de faire une santé.
02:12 -Il savait pas que c'était des palliatifs ?
02:15 -Jamais su, sa maladie.
02:16 -Il voyait bien que c'était marqué "palliatif" ?
02:19 -Non, c'est pas marqué "palliatif".
02:21 C'est la maison Jeanne Gardier.
02:23 -Ah oui, donc on va à la maison Jeanne Gardier.
02:26 -Il se renseignait pas...
02:27 -Il était viré, toujours.
02:29 Il refaisait nulle part ailleurs.
02:31 Quand Muriel est venue le voir...
02:33 -Robin ? -Oui.
02:34 Quand elle est venue le voir, il a refait nulle part ailleurs
02:38 à Barcelone.
02:39 Il me prenait pour son assistante.
02:41 Il me dit "Vas chercher l'invité."
02:43 Il refaisait nulle part ailleurs. -Mais dans le lit ?
02:46 -Lui, il était dans son lit,
02:47 puis Muriel était au pied du lit, moi, j'étais à côté.
02:51 "Il va y avoir un invité, tu vas le chercher."
02:53 Oui, dès le...
02:55 Mais c'était presque gai. -Oui, mais...
02:57 -Oui, alors elle refaisait le truc.
03:00 Antoine, il est... De Cogne était à Inter à cette époque-là,
03:04 et c'était juste en France.
03:06 Il venait pratiquement tous les jours.
03:08 -Muriel Robin a joué le jeu ? -Complètement.
03:11 -Donc elle faisait l'invité. -Oui.
03:13 Parce qu'il fallait le faire. On a ri par moments, vraiment.
03:16 -C'est incroyable, ce que vous me racontez.
03:19 -Bien sûr.
03:20 -Il va partir à...
03:23 Vous le savez, le moment où il part ?
03:25 Vous arrivez à lui dire quelques petits mots avant...
03:28 -Je ne sais même...
03:29 C'était plus lui, de toute façon.
03:31 C'était son enveloppe.
03:33 Il est parti à 35 kg.
03:35 -A 35 kg ?
03:36 -C'est comme une bougie qui s'éteint.
03:38 -Il mangeait plus ? -Non, rien.
03:40 Rien.
03:41 Il me voyait pas.
03:43 Enfin, il me voyait... Enfin, il me voyait pas, non.
03:46 -Le jour où il part, vous...
03:48 -Il est parti dans la nuit. -Dans la nuit, oui.
03:51 Le 27 octobre, à 2h40.
03:54 On m'a appelée. Il est parti dans son sommeil.
03:58 -D'accord, OK.
03:59 Vous arrivez aujourd'hui...
04:01 Ça fait combien de temps qu'il est parti, aujourd'hui ?
04:04 -Ça fera six ans, le 27 octobre.
04:07 -Vous arrivez aujourd'hui à vivre sans cet amour ?
04:10 -Je suis quand même avec lui.
04:12 -Vous gardez des choses à la maison ?
04:15 -Oui, oui. J'ai beaucoup de photos.
04:18 Oui, il y a des photos. J'en ai besoin.
04:22 J'ai sa boîte de cigares.
04:24 -Qu'est-ce qui a été le plus dur ?
04:26 Qu'est-ce qu'il faut faire pour tous les gens
04:29 qui perdent un proche, Marie-Gilda ?
04:31 Qu'avez-vous fait avec le départ de votre mari
04:34 pour réussir à encaisser ce choc ?
04:36 -On fait ce qu'on peut.
04:37 C'est pas...
04:38 Non, c'est pas facile,
04:41 mais je pense que tout le monde vit un moment de sa vie,
04:45 ce genre de... -Le départ, oui.
04:47 -De blessures et de peines.
04:50 Et on fait avec.
04:53 Il m'a dit, quand il était encore lucide,
04:56 il m'a dit...
04:59 Je partirais forcément le premier.
05:01 Je lui ai dit que c'était pas sûr.
05:03 C'est souvent au restaurant,
05:05 on plaisantait avec la mort, mais on plaisantait.
05:07 -Oui, oui.
05:08 -Il me dit "Tu referas ta vie, toi."
05:11 Je lui ai dit "Non, sûrement pas."
05:13 "Et toi, alors ?"
05:15 Alors, il me disait "Si,
05:17 "moi, je partirais avant, je suis sûre.
05:19 "Tu essaieras de vivre sans moi, tu voyageras.
05:23 "Qui tu veux, tu voyageras, tu feras sans moi."
05:26 J'ai dit "Non, pas ça."
05:28 -Justement, vous allez repenser
05:30 à repartir à un petit bout de chemin avec quelqu'un
05:33 ou pas du tout ?
05:34 C'est impossible. Vous vous interdisez ?
05:36 -Il y a quelqu'un qui a dit "C'est pas un mandalire."
05:39 Il a dit "C'est fini, la boutique est fermée."
05:41 -Ah ! -Eh bien, écoutez, voilà.
05:44 -La boutique est fermée, Maryse. -Oh oui.
05:46 -Vous vous faites rire.
05:49 Vous n'avez pas...
05:50 Sincèrement, vous êtes interdite de retrouver quelqu'un.
05:53 On peut le retrouver à 83 ans. -Ca, je suis pas sûre.
05:57 -Oui. -Et alors, non, moi,
05:59 la Barthrow...
06:00 Je crois que je mettrai encore la Barthrow,
06:03 et à mon âge, il peut pas.
06:04 -Avez-vous eu des signes de Philippe Gildas ?
06:07 -Des signes ? -Des signes.
06:10 -Ah, des signes.
06:11 C'est-à-dire que je lui parle,
06:14 et j'ai encore sa chatte, elle est là avec moi.
06:17 -Ah, oui, son animal. -Elle a 19 ans et demi.
06:19 C'est une brown tabby, c'est une persanne.
06:22 -OK. -Que j'adore,
06:23 que je surveille comme elle est sur le feu,
06:27 parce qu'évidemment, elle a de l'arthrose.
06:29 Bref, elle a sa piqûre tous les mois.
06:32 Elle est là, mais c'était vraiment...
06:34 Il adorait sa chatte. -Et vous lui parlez ?
06:36 -Ca va être encore une blessure. -Vous lui parlez, il vous répond ?
06:40 -Bah, je lui... Il me répond.
06:42 J'ai l'impression qu'il me répond.
06:44 Je lui pose des questions, je lui dis "tu ferais ça ?
06:47 "Non, je le fais pas." Voilà, c'est tout.
06:49 C'est moi qui réponds à sa place,
06:51 mais je pense que c'est ce qu'il me dirait.
06:54 Mais bon... Voilà.
06:56 Par moments, ça m'arrive encore de temps en temps, ça.
06:59 -Merci de nous parler de Gildas avec ton émotion, chère Maryse.
07:03 On l'aime beaucoup encore aujourd'hui.
07:05 Il a marqué la télé. -On l'a pas oublié.
07:07 -Il est comme vous, je crois que vous partagez
07:10 ses symptômes, j'ai envie de dire. -Oui.
07:12 -Ses symptômes de bienveillance.
07:14 ♪ ♪ ♪
07:17 [SILENCE]

Recommandations