Le "GI français" à Omaha Beach fait référence à Bernard Dargols, un jeune juif français qui a débarqué en Normandie avec les troupes américaines le 6 juin 1944, le jour du Débarquement.
Voici l'histoire de Bernard Dargols :
Exil aux États-Unis : En 1938, à l'âge de 18 ans, son père l'envoie aux États-Unis pour un stage dans une entreprise de machines à coudre, alors que la menace nazie grandit en Europe.
Déclenchement de la guerre et mobilisation : Lorsque la guerre éclate en 1939, Bernard est coincé aux États-Unis. En tant que Français, il est mobilisable et se tient à disposition du consulat français.
Engagement dans l'armée américaine : La France étant vaincue en 1940, Bernard décide de s'engager dans l'armée américaine. Il suit des mois d'entraînement et devient sergent-chef des renseignements militaires de la deuxième division d'infanterie américaine.
Débarquement à Omaha Beach : À l'âge de 21 ans, Bernard débarque à Omaha Beach, la plage la plus meurtrière du Débarquement, à bord d'un navire américain. Il est le seul soldat français à avoir participé au Débarquement sous uniforme américain.
Libération de la France et retour : Après le Débarquement, Bernard participe à la libération de la Normandie et de la Bretagne. Il retrouve Paris en septembre 1944, après six ans d'exil.
L'histoire de Bernard Dargols est unique et méconnue. Il a raconté son parcours dans des documentaires et des interviews.
Voici l'histoire de Bernard Dargols :
Exil aux États-Unis : En 1938, à l'âge de 18 ans, son père l'envoie aux États-Unis pour un stage dans une entreprise de machines à coudre, alors que la menace nazie grandit en Europe.
Déclenchement de la guerre et mobilisation : Lorsque la guerre éclate en 1939, Bernard est coincé aux États-Unis. En tant que Français, il est mobilisable et se tient à disposition du consulat français.
Engagement dans l'armée américaine : La France étant vaincue en 1940, Bernard décide de s'engager dans l'armée américaine. Il suit des mois d'entraînement et devient sergent-chef des renseignements militaires de la deuxième division d'infanterie américaine.
Débarquement à Omaha Beach : À l'âge de 21 ans, Bernard débarque à Omaha Beach, la plage la plus meurtrière du Débarquement, à bord d'un navire américain. Il est le seul soldat français à avoir participé au Débarquement sous uniforme américain.
Libération de la France et retour : Après le Débarquement, Bernard participe à la libération de la Normandie et de la Bretagne. Il retrouve Paris en septembre 1944, après six ans d'exil.
L'histoire de Bernard Dargols est unique et méconnue. Il a raconté son parcours dans des documentaires et des interviews.
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ÉducationTranscription
00:00 Un témoignage rare, les souvenirs d'un soldat qui a débarqué en Normandie, il s'appelle Bernard Dargols.
00:08 Bernard Dargols est le seul français à être engagé sous le drapeau américain.
00:15 Il débarque sur Romard, des années qu'il n'avait pas vu son pays.
00:19 Seule façon pour lui de se battre, s'enrôler dans l'US Army.
00:24 Ça tombe bien pour l'armée du débarquement, tout francophone c'est une mine d'or.
00:30 Il fut donc le seul français à avoir participé sous l'uniforme américain au débarquement des forces alliées.
00:37 Outre le fait d'avoir survécu à la terrible bataille de Normandie, cet homme fait partie des exceptions que l'histoire a contées.
00:46 Il s'appelle Bernard Dargols et il débarque avec les américains sur Romard pour délivrer son pays.
00:56 Je pensais que personne ne croirait ce que je dirais.
01:00 (Musique)
01:28 Ma mère est née à Londres, mon père est né à Eudessa et ils se sont mariés à Paris.
01:35 Je suis né en 1920, je suis l'aîné de trois frères, nous sommes tous les trois nés à Paris.
01:43 Mon père lui était plutôt sévère, ma mère c'était soit gentil avec tout le monde, tolérant, laïque.
01:53 Mon père, si j'étais le premier, il me disait "c'est tout, tu es le premier de ta classe".
01:58 Alors je lui disais "non mais j'ai aussi le prix de camaraderie".
02:01 "Ah bon, c'est déjà pas mal".
02:03 Et il n'était jamais content lui.
02:05 (Musique)
02:21 Comme mon père représentait des maisons américaines, des firmes qui fabriquaient des machines à coude spéciales ou machines à couper,
02:30 qui étaient fabriquées soit à Cincinnati, à New York, à Chicago, ça a commencé.
02:37 Quand moi je préparais les arts et métiers, il m'a dit "tu vas partir en Amérique,
02:43 j'ai arrangé pour que tu fasses un stage d'un an pour apprendre le métier,
02:48 comme ça quand tu prendras la relève, on ne pourra pas dire que tu es devenu le patron
02:54 parce que tu es le fils du patron, tu sauras comment ils travaillent en Amérique,
03:00 c'est autre chose que notre petit atelier qu'on a à rue des Francs-Bourgeois.
03:05 (Musique)
03:12 Ma mère m'accompagne au Havre, j'avais 18 ans.
03:16 C'était pour un an, alors elle a commencé à pleurer, mais je lui ai dit "pour un an, écoute, c'est pas grave".
03:24 Et... mais pour elle c'était grave.
03:29 (Musique)
03:38 Et moi j'étais content de partir en Amérique que je ne connaissais pas,
03:42 que par les films, que par les Fred Astaire, les chanteurs Frank Sinatra,
03:49 ou les orchestres comme Glenn Miller ou Benny Goodman.
03:53 (Musique)
03:58 Au bout d'une dizaine de jours, je suis arrivé à New York, j'ai tout de suite été ébloui.
04:03 J'ai vu la hauteur des immeubles et la largeur des rues.
04:08 On a l'air d'être écrasé quand on vient de Paris par tout ce qui paraît immense.
04:14 (Musique)
04:32 Ça s'est très bien passé, j'ai appris le métier.
04:35 Et c'était une usine immense, et quand on avait besoin d'une pièce,
04:41 on levait le doigt et il y avait un type à patins à roulettes qui venait demander ce que vous vouliez,
04:47 il repartait en patins à roulettes et il revenait avec la pièce.
04:51 Alors quand je pensais au petit atelier que nous avions au Défense Bourgeois, ça faisait quand même un peu rigoler.
04:59 (Musique)
05:04 Mais enfin je suis très bien reçu, et mes collègues sont subjugués de voir un type qui vient de Paris.
05:10 J'étais comme un phénomène.
05:13 Ils me posaient un tas de questions.
05:15 Est-ce que toutes les Françaises sont belles ?
05:18 Ça c'était automatique.
05:21 Il paraît que vous fermez pendant deux heures pour déjeuner.
05:26 Alors naturellement je leur disais oui, chez nous, les ouvriers rentrent chez eux manger et reviennent.
05:34 Alors ils disaient mais comment ça se passe ?
05:37 Ici on mange un sandwich à midi pendant une demi-heure, et puis on se remet au travail.
05:43 Donc c'était un mode de vie qui était complètement différent.
05:47 Et moi qui croyais être un vénère pour arriver en Amérique,
05:53 ce sont eux qui me disaient quel vénère tu es, tu peux voir la tour Eiffel tous les jours.
05:59 (Musique)
06:04 (Voix de l'annonce de la guerre)
06:11 (Voix de l'annonce de la guerre)
06:28 Je travaillais à ce moment-là au coin de Broadway de la 5e avenue, chez un fabricant de machines.
06:35 Et je reçois un coup de téléphone du consulat français à New York,
06:41 qui me dit vous êtes convoqué pour faire votre service militaire et passer la visite médicale.
06:49 (Musique)
06:58 Le docteur m'examine et me dit vous êtes bon pour le service.
07:02 Ne changez pas de logement, d'adresse, on va vous convoquer.
07:06 Et je lui dis quoi, qu'est-ce qui va arriver ?
07:09 On va vous acheminer sur la France, où vous allez servir dans l'armée française.
07:16 Alors moi j'étais assez content de rentrer en France, ça faisait plus d'un an que j'y étais.
07:23 (Musique)
07:48 Ça paraissait tellement incroyable qu'en quelques jours, la moitié de la France soit occupée.
07:55 (Musique)
08:06 Jusqu'au jour où aux actualités en Amérique, je vois Hitler serrer la main de Pétain.
08:14 Alors moi ça ne me convenait pas du tout, cette collaboration.
08:19 Et c'est à partir de là que j'ai dit, ils pourront m'appeler, jamais je ne rentrerai en France pour servir l'armée de Pétain.
08:27 (Musique)
08:29 (Voix de l'annonce)
08:46 Alors j'ai essayé de m'engager chez De Gaulle, le représentant de De Gaulle vienne voir, il écoute mon histoire,
08:54 et il me dit, si vous inscrivez avec nous, je vous envoie immédiatement en Angleterre,
09:01 et vous serez fait officier au manque de combattants, et vu vos études, vous deviendrez officier tout de suite.
09:09 Quand je suis rentré travailler, mes copains m'ont dit, alors qu'est-ce que tu vas faire ?
09:15 Et bien je lui ai dit, je pense que je vais m'engager dans l'armée de De Gaulle.
09:19 Alors ils me disent, mais t'es malade, qu'est-ce que tu vas faire avec De Gaulle ?
09:23 Il ne s'entend pas avec Churchill, il ne s'entend pas avec Roosevelt, mais reste avec nous,
09:29 t'es plus utile à réparer des machines à coude spéciales que d'aller dans l'armée.
09:35 Alors bon, ils m'ont convaincu un peu, mais ça ne me suffisait pas.
09:40 Alors avec un copain, j'ai fondé Jeunesse France Libre, JFL,
09:46 qui réunissait pas seulement des Français qui étaient dans la région de New York et à New York,
09:51 mais aussi des sympathisants américains.
09:54 Alors pour la faire connaître, j'écris au New York Times, le plus grand journal américain à l'époque,
10:07 sous le nom de Darville, Bernard Darville, je ne voulais pas mettre mon vrai nom à cause de la famille en France.
10:15 Ça a mené à faire connaître des sympathisants qui éventuellement donnaient de l'argent, Jean Croix-Rouge quoi.
10:24 Et c'est dans cette Jeunesse France Libre qu'un jour, une jeune fille s'est présentée avec sa sœur, c'était Françoise.
10:36 Je lui ai demandé 25 cents, c'était la carte de membre, et on est devenus copains.
10:43 À Paris, au Palais Berlitz, vient de s'ouvrir l'exposition "Les Juifs et la France".
10:54 Pendant les trois premiers jours, 13 000 personnes ont visité cette remarquable exposition
11:04 où se trouvent rassemblés les documents, les photographies démontrant le péril juif dans tous les domaines de l'activité nationale.
11:32 Mon père, il était président de l'Amicale des Pêcheurs de la Bastille,
11:37 et dans cette amicale, il y avait un monsieur Bonin, qui était inspecteur de police.
11:44 Ils étaient très copains tous les deux, ils aimaient bien prendre un petit coup de pinard, c'était vraiment des amis.
11:53 Et un jour, Bonin s'amène et dit à mon père, "Paul, il faut que tu foutes le camp, sans ça ils vont venir t'arrêter".
12:01 Alors, c'est grâce à lui, parce que mon père, lui, il croyait que moi, je vais leur montrer que...
12:14 Et Bonin lui a dit, "Écoute, commence pas avec les Allemands, fous le camp".
12:26 "Chers fils, ne t'en fais pas, je m'arrangerai pour le mieux".
12:31 Cette situation devient insupportable pour tout être humain.
12:35 "Ne t'en fais pas, reste en Amérique, et bientôt on pourra respirer, et le soleil brillera pour tout le monde de nouveau".
12:47 Il y avait un drame, parce que mon père devait laisser sa mère, et ma mère devait laisser ses parents aussi, qui étaient très âgés.
13:00 Alors, ma mère a décidé qu'elle resterait à Paris, parce qu'à ce moment-là, on touchait moins aux femmes.
13:08 C'est les hommes qu'on poursuivait, alors elle est restée comme ça.
13:14 "Mon chère Bernard, ne t'inquiète pas pour nous, nous avons le temps d'être sains et saufs.
13:20 Si nous avons tout au moins réussi à vous mettre en sécurité, je serai toujours heureuse, et n'aurai que le regret de n'avoir pu mieux vous rassurer.
13:29 J'espère que tout ira bien pour vous, et que vous pourrez vous réconcilier avec vos amis".
13:35 Et alors après, mon père est parti comme ça, avec mes deux frères, en zone dite libre.
13:46 Ils sont partis pour Tangier, en Afrique du Nord, et de là-bas, ils sont partis, mes deux frères et mon père, à Cuba.
14:06 Où ils sont restés 14 mois.
14:08 Quand ils ont réussi à avoir le droit de venir en Amérique, mais il fallait déposer une somme en milliers de dollars,
14:22 alors une des maisons à New York, qui était à la base de la maison,
14:27 a tout de suite donné la garantie, et c'est ainsi que mon père et mes frères ont réussi à rejoindre l'Amérique.
14:35 Le crime du siècle !
14:38 Le crime du siècle !
14:41 Le crime du siècle !
14:43 Le crime du siècle !
14:53 Le crime du siècle !
15:07 Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardent Pearl Harbor.
15:14 Alors j'ai essayé de m'engager dans l'armée américaine, et on m'a convoqué quelques semaines plus tard, et on m'a envoyé à Fort Dix.
15:26 C'était de la rigolade, il fallait changer les vêtements, savoir faire les choses, et tout ça.
15:40 C'était de la rigolade, il fallait changer les vêtements, savoir faire son lit correctement, avec des "hospital corners", des coins au carré.
16:02 Une hygiène impeccable, ils avaient peur des poux à l'époque.
16:10 Corvée de patates, KP, ça s'appelait KP, "Kitchen Police", ça c'était la honte suprême quand on était condamné à KP,
16:20 je sais pas pourquoi, parce qu'au moins on était dans la cuisine et il y avait de quoi bouffer.
16:29 Après ils m'envoient à Camp Croft, j'en ai bavé là, parce que c'est la première fois que j'ai eu vraiment peur,
16:36 parce qu'il fallait sauter par-dessus des murs, ramper sous les tirs de mitrailleuse, sous un treillis métallique, avec des balles réelles.
16:47 Fallait faire une cinquantaine de mètres en rampant, et surtout pas lever le derrière, parce qu'on entendait les balles passer au-dessus.
16:58 À la fin de cet entraînement qui était très difficile, il y a un officier qui vous interroge, il a mon dossier,
17:12 et il me dit "You're French?" "Vous êtes français?" Je lui dis "Oui, je suis français."
17:17 "Et tu veux combattre dans l'armée américaine?" "Oui, je veux combattre."
17:24 "Qu'est-ce que tu connais de la France?" C'est là qu'il me sort une carte de France, avec les fleuves marqués 1, 2, 3, 4,
17:34 c'était les villes principales marquées A, B, C, D, etc. Il me dit B2, je lui dis "C'est Lyon sur le Rhône", C3, je lui dis "C'est Orléans sur la Loire."
17:44 Alors il me dit "Quelle est la capitale de New York?" Alors je dis "Albany."
17:49 Alors déjà il est surpris, parce que tout le monde pense que c'est New York.
17:55 J'ai vu que dans son regard, où j'étais un ancien prof de géo, où j'étais bon pour le prix Nobel de géographie, des choses comme ça.
18:06 Et puis après il me dit "Écoute, je vais t'envoyer dans un camp, mais je t'avertis, si tu restes français,
18:16 et si on débarque en France un jour, si tu es fait prisonnier, on pourra rien pour toi,
18:22 parce que tu ne seras pas américain, tu seras considéré comme un terroriste pour les allemands, et on n'entendra plus parler de toi."
18:32 Par contre il me dit "Si tu veux, tu peux devenir américain, sans perdre ta nationalité française,
18:40 et comme ça, si tu es fait prisonnier, tu seras traité comme n'importe quel autre prisonnier américain."
18:49 "That you will support and defend the constitution and laws of the United States of America,
18:54 against all enemies, foreign and domestic.
18:57 That you will bear true faith and allegiance to the same."
19:00 J'ai été devant cette cour de justice, en cinq minutes j'ai levé le bras droit,
19:06 "I do, I do", et ça y est j'étais américain et français.
19:12 Un jour je reçois une convocation pour aller à Camp Ritchie.
19:24 Avant de rentrer à Camp Ritchie, il faut signer un papier comme quoi on ne va rien révéler
19:30 de ce qui va se passer dans ce camp de renseignement, même pas à sa femme.
19:36 C'est le Military Intelligence Camp, c'est plutôt service de renseignement militaire.
19:46 Il y avait en vérité trois sections, la plus grande c'était les GIs qui étaient destinés
19:54 à interroger les prisonniers de guerre allemands.
19:57 Il y avait une deuxième section chargée d'analyser les photos aériennes prises par les avions
20:07 de reconnaissance américains.
20:09 La troisième section, celle à laquelle on m'a affecté, c'était des Américains
20:16 qui étaient chargés d'interroger les civils français si on débarquait en France.
20:22 Dans les trois camps où j'ai été, je ne pouvais pas dans le cafétéria manger à
20:42 la même table où il y avait des Noirs.
20:45 Si j'arrivais, toutes les places étaient prises, mais il y avait deux Noirs à une table,
20:51 je posais mon plateau, les Noirs s'en allaient.
20:55 Et un Blanc n'aurait même pas voulu ni osé être dans une unité Noire.
21:02 Et on se battait contre le racisme, c'est quand même curieux, quelle contradiction.
21:12 [Musique]
21:29 Bernard chéri, ici, quoi que bientôt étoilé, nous nous portons bien.
21:35 Et ma joie est grande de vous savoir là-bas.
21:37 Vous pouvez largement vous en réjouir.
21:40 L'essentiel est que vous soyez tous en bonne santé et que vous vous débrouillez.
21:45 Ne soyez pas tristes.
21:47 Peut-être qu'un jour proche, il nous sera permis d'être heureux tous ensemble.
21:52 [Musique]
21:58 Décembre 1943, je suis appelé pour aller sur le Queen Elizabeth avec mon équipe
22:06 pour aller vers l'Angleterre.
22:09 [Musique]
22:11 Et avec Françoise, avant de partir, on s'était juré que si nos sentiments ne changeaient pas
22:18 et si je revenais en un seul morceau, à ce moment-là, on se marierait.
22:24 [Musique]
22:32 [Musique]
23:00 Je me souviens d'avoir rédigé mon testament.
23:03 Il prenait leurs précautions pour au cas où vous seriez mort,
23:08 vous puissiez dire à qui vous vouliez léguer tous vos biens.
23:15 Moi, je n'avais rien.
23:17 Alors, c'était facile de dire, je laisse ça à mes parents.
23:24 On sentait qu'on allait à un combat.
23:29 [Musique]
23:52 Pendant les six mois au Pays de Galles, j'ai subi l'entraînement avec mes copains.
23:59 Mon activité principale, c'était de mettre dans un champ en pente
24:06 quelques centaines de GIs et leur parler.
24:10 Si on débarque en France, voilà ce que vous allez trouver.
24:14 Vous en faites pas, vous serez traités comme des sauveurs et non pas comme des envahisseurs.
24:20 [Musique]
24:35 3 avril 1944.
24:37 Cher papa, il me reste quelques minutes.
24:40 J'en profite pour t'envoyer un bonjour.
24:43 Eisenhower lui-même nous a fait un speech de dix minutes.
24:46 Très impressionnant, très bien.
24:48 J'aiguise mon couteau.
24:50 Ma santé et le moral sont très hauts.
24:53 N'oublie pas que si tu reçois moins de lettres de moi, c'est que je vais être très occupé.
24:57 Alors surtout, ne t'en fais pas.
24:59 Bernard.
25:01 [Musique]
25:13 On embarque le 5 juin 1944.
25:17 À Cardiff.
25:18 Le bateau sur lequel je suis, c'est un Liberty Ship.
25:23 Un bateau de transport dans lequel il y a nos deux Jeeps, notre Mork et puis un 3 GI.
25:31 Et on apprend sur le bateau qu'on va débarquer en France.
25:36 Le nom de côte c'était Easy Red.
25:39 C'est-à-dire entre Saint-Laurent-sur-Mer et Vierville.
25:43 [Musique]
25:50 On est parti. La mer n'était pas bonne.
25:53 Ça a été retardé. On était à fond de cales.
25:56 On avait l'air de faire du sur place.
25:59 Et quand on connaît la carte de Cardiff, il faut faire un détour immense pour arriver sur la France.
26:06 [Musique]
26:11 D'abord le bateau a démarré seul, seul, toujours seul.
26:15 On s'est dit, c'est pas possible, on va pas débarquer tout seul.
26:18 [Musique]
26:20 Et petit à petit, se sont agglomérés des dizaines, des centaines et même des milliers de bateaux
26:29 qui allaient de la petite embarcation à des navires de guerre alliés qui nous ont accompagnés.
26:36 [Musique]
27:05 [Bruit de bateau]
27:16 La mer est mauvaise. Il y en a certains qui ont mal de mer et puis il y en a qui ont la frousse.
27:22 Et il y en a d'autres qui en volent. Il y a un peu de tout dans ce bateau.
27:27 [Musique]
27:33 Alors bien sûr on est angoissé, mais alors descendre une échelle de corde, ça c'est un truc, on s'était pas entraîné.
27:41 Quand on avait tout le barda, descendre un bateau qui remue à droite, à gauche, tangage, roulis,
27:49 pour aller dans un tout petit bateau pour faire les derniers 200 mètres,
27:54 c'est là où on a une trouille au ventre parce qu'on sait qu'on va au casse-pipe quoi.
28:00 [Musique]
28:16 Il y en avait qui commençaient à trembler, d'autres pleuraient.
28:20 Et enfin moi ça m'affectait mentalement, mais pas au point de pleurer.
28:27 [Musique]
28:33 Moi j'avais une raison pour débarquer dans mon pays,
28:41 alors que les vrais américains, eux, ils avaient leurs parents en Amérique,
28:48 ils avaient laissé tomber leur boulot, ils n'avaient qu'une envie, c'est "Let's get it over".
28:56 "Finissons-en". Ils voulaient "Allez, on va écraser les allemands et on rentre à la maison".
29:02 [Explosions]
29:10 On est arrivé peut-être à quelques centaines de mètres de la plage,
29:14 au milieu d'un bombardement qui vous prenait les tripes.
29:18 Pas un bombardement des allemands, un bombardement allié,
29:22 pour qu'on puisse arriver sains et saufs sur la plage au moins.
29:27 [Explosions]
29:54 Je suis descendu de ma Jeep, rien que pour toucher le sol d'ailleurs,
29:59 et ça m'a remué les tripes. Je vais revoir ma mère, j'espère,
30:04 je vais revoir ma famille, j'espère.
30:09 Il y a un mélange d'être content et de faire attention quand même de ne pas se faire descendre
30:15 avant d'arriver au moins à Paris.
30:19 [Musique]
30:22 Sur la plage, il y a des blessés, encore des morts,
30:26 que le service médical américain s'empresse de transporter directement en Angleterre.
30:34 [Musique]
30:40 [Explosions]
30:47 [Bruits de moteur]
30:55 Un de mes supérieurs me dit, tu vas prendre ta Jeep, la Bastille,
31:01 tu vas rentrer dans Formigny, qui est à trois kilomètres d'à peu près de Saint-Laurent-sur-Mer,
31:07 et tu me ramènes les renseignements dont j'ai besoin.
31:11 [Musique]
31:14 J'arrive à Formigny, les gens regardent la Jeep,
31:18 ils ne comprenaient pas ce que c'était ce type qui parlait français.
31:22 Il a une Jeep qui s'appelle la Bastille, il a un uniforme américain,
31:26 il a des grades d'officier, de sous-officier.
31:29 [Musique]
31:33 Mais au bout de cinq minutes, alors ils m'embrassent,
31:36 ils vont chercher dans la cave la bouteille de Calva qu'ils avaient gardée pour ce grand jour.
31:42 Ils étaient un peu vexés quand on leur disait, non je ne peux pas,
31:46 c'était le troisième Calva qui nous était offert à droite et à gauche,
31:51 non, non, je suis dans l'armée, je ne peux pas.
31:53 [Musique]
32:06 Il fallait localiser d'abord les dépôts de carburant, les dépôts de munitions,
32:12 il fallait que je ramène très vite les renseignements, il ne s'agit pas de faire la bringue.
32:17 Alors j'interrogeais de préférence les habitants pour savoir
32:22 qu'est-ce que les GI pouvaient faire pour occuper un endroit avec le moins de pertes possible.
32:29 Ça c'était vraiment mon travail.
32:31 [Musique]
32:36 22 juin 1944.
32:38 Cher papa, avant de t'écrire une plus longue lettre, je veux te dire que tout va bien
32:44 et que tu ne dois pas t'inquiéter comme je te l'ai souvent répété.
32:48 Inutile de te dire que je m'entends bien avec la population,
32:51 ils sont tellement surpris quand ils m'entendent parler.
32:54 C'est tout pour le moment.
32:56 Un jour, cette radio que tu écoutes t'annoncera la plus belle des informations, la paix.
33:02 Embrasse Marcel, Simon, je t'embrasse, Bernard.
33:08 [Musique]
33:18 Je suis à Cerisy-la-Forêt et il y a un copain américain du corps photographique
33:25 et cinématographique de l'armée américaine qui me dit
33:29 "trouve une fermière avec des sabots, je vais prendre ta photo avec elle,
33:35 tu vas faire semblant que tu remplis ses sauts d'eau".
33:40 [Musique]
33:46 Alors je dis au copain de l'armée "surtout ne met pas mon nom,
33:51 ne met pas mon adresse, j'ai de la famille en France encore".
33:55 Alors naturellement le 1er juillet 1944, sur la plupart des journaux américains,
34:03 surtout new-yorkais, apparaît ma photo avec mon vrai nom, mon adresse, tout.
34:11 J'étais tellement en colère.
34:14 [Musique]
34:18 C'est comme ça que Françoise apprend que je suis en France et que j'étais vivant.
34:25 [Bruit de moteur]
34:33 Alors je pensais aller sur Paris, toute ma division est partie vers Paris
34:38 et je reçois un ordre d'aller en Bretagne, libéré, sauf la poche de Brest.
34:44 Et j'arrive à l'entrée de Brest qui était occupée par des allemands
34:48 et ça recommence, il faut que je rentre dans Brest occupé.
34:53 Et je me balade comme ça et puis je vois un sous-piraille avec des grilles
34:59 et je regarde dans le sous-piraille et je vois un soldat allemand.
35:05 Je ne sais pas si lui a eu plus peur que moi et il lève les bras tout de suite,
35:11 il lève les bras tout de suite.
35:13 Alors je lui dis dans mon meilleur allemand "Raus, raus"
35:17 et alors il sort du truc comme ça et il pensait que sa dernière heure était venue
35:23 et je l'ai remis au policier militaire.
35:26 [Musique]
35:41 Quand je remontais vers Paris, les jeunes filles viennent m'embrasser,
35:46 me jettent des fleurs, on n'est pas habitué à voir des gestes comme ça.
35:52 [Bruit de voiture]
35:55 J'avais toujours du chocolat et des chewing-gums.
35:59 Les enfants, ils étaient épatés avec le chewing-gum.
36:03 [Musique]
36:25 J'étais parti à 18 ans et puis je revenais à 24 ans.
36:30 Je partais avec un complet civil et je revenais avec un uniforme.
36:37 Quel changement pour moi.
36:40 Et l'idée de revoir ma mère, ça m'a remu les tripes.
36:44 [Musique]
36:48 Je rentre par la porte que j'ai très lourde comme il y a à Paris.
36:54 Il y a la concierge qui a sa petite loge à droite
36:58 qui me reconnaît à peine.
37:02 Je laisse la Jeep dans la cour et je monte au troisième étage où nous habitions.
37:07 Et puis là, c'est les retrouvailles, elle pleure, je pleure, nous pleurons.
37:12 [Musique]
37:22 Elle m'avait vu partir adolescent et d'un seul coup je reviens militaire,
37:29 six ans plus tard presque.
37:33 Elle était tellement contente.
37:36 On fait un petit tour de Place des Vosges.
37:39 C'était très émouvant, ces retrouvailles.
37:44 [Musique]
38:00 "Cher père, c'est la lettre que tu attendais.
38:03 Maman va bien et est sauve.
38:06 Demain je t'écrirai un plus long courrier,
38:08 incluant une lettre de maman qui donne des détails.
38:11 Tant bonne santé.
38:14 Porte-toi bien. Amour à tous. Bernard."
38:18 [Musique]
38:39 J'avais été muté au CIC, le CIC,
38:45 qui est le Counter Intelligence Corps,
38:50 celui qui s'occupe des terroristes entre autres.
38:54 Et on m'attribue un bureau, Place de l'Opéra.
38:58 C'était le quartier général allemand de la région parisienne.
39:04 J'étais en train de me faire des copains
39:09 quand je pense que j'ai mis mes fesses sur un siège
39:12 où un type de la Gestapo allemande a mis les siennes.
39:17 Et alors mon boulot consistait à interroger des Français
39:23 qui voulaient travailler pour des organisations américaines
39:27 comme des dépôts de vivres.
39:31 De deux hôtels.
39:34 Ils avaient la tremblote, ils se demandaient pourquoi, pourquoi.
39:38 Et ils avaient tous travaillé pour les Allemands.
39:41 Mais il fallait quand même les interroger
39:43 pour voir que ce ne soit pas des collabos.
39:47 [Bruits de la foule]
39:50 Et le deuxième boulot que j'ai eu à faire,
39:54 c'était, il y avait des Françaises
39:56 qui voulaient se marier avec des GIs.
39:59 Il fallait quand même s'assurer que le GI n'était pas déjà marié
40:04 et que la Française n'était pas déjà mariée
40:07 et qu'elle voulait simplement partir en Amérique
40:10 parce que l'Amérique c'était quand même un petit paradis à l'époque.
40:14 Alors il fallait que je fasse une interrogation
40:17 et que je fasse un petit circuit auprès de la concierge
40:21 où elle habitait, auprès des voisinages
40:24 pour voir si vraiment elle était célibataire
40:27 et si pendant la guerre elle s'était conduite plus ou moins correctement.
40:31 [Musique]
40:35 [Musique]
40:39 [Musique]
40:42 [Musique]
40:48 [Musique]
40:54 [Musique]
41:00 [Musique]
41:07 [Musique]
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41:13 [Musique]
41:19 [Musique]
41:25 [Musique]
41:31 [Musique]
41:37 [Musique]
41:40 J'étais là quand les premiers internés des camps
41:45 sont descendus à l'hôtel Lutetia.
41:48 [Musique]
41:51 C'était pas possible, je vois des cadavres descendre du train,
41:55 des types qui pouvaient à peine marcher.
42:00 [Musique]
42:03 Et c'est là que j'apprends que mon oncle s'est fait prendre
42:09 et ma tante s'est fait prendre par la RAF de juillet 1942.
42:14 [Musique]
42:17 J'ai un cousin à camp qui est revenu d'Auschwitz
42:21 et il avait été embarqué, c'était un type costaud,
42:25 alors il est revenu, c'est un squelette qui est revenu.
42:30 Il faisait peur à tout le monde.
42:33 Et alors quand il me racontait, alors j'étais avec lui visiter Auschwitz.
42:39 [Musique]
42:41 Et alors il m'a montré la baraque où les lits étaient superposés,
42:48 il m'a montré là où il mangeait.
42:51 [Musique]
42:54 Et alors comment, il y a certains moments,
42:57 il se battait avec d'autres déportés
43:01 pour bouffer une épluchure de pommes de terre qui était par terre,
43:06 à tel point ils avaient faim.
43:09 [Musique]
43:21 Et l'image qui me reste le plus, c'est un bout d'actualité
43:25 tourné par les Allemands,
43:28 c'est quand les déportés squelettiques creusent un fossé,
43:36 comme une tombe quoi, ils se mettent devant le fossé
43:41 et il y a un soldat allemand qui leur tire une balle dans la tête et ils tombent.
43:46 [Musique]
44:09 Personne n'a été capable de m'expliquer
44:13 comment un type comme Hitler,
44:17 qui vient d'un pays le plus développé d'Europe,
44:23 le plus instruit probablement d'Europe, avec des écoles, des trucs,
44:28 comment un pays comme ça a pu être embobiné par un criminel comme ça ?
44:34 Raciste, antisémite, fabricant de camps de concentration,
44:41 est-ce que des hommes sont capables de faire des choses comme ça ?
44:49 S'il y avait un bon Dieu, je me demande pourquoi il a laissé faire ça.
44:53 [Musique]
45:03 [Musique]
45:32 J'ai été démobilisé au début 1946
45:37 et je me suis marié en mars 1946 avec Françoise
45:43 et on décide de se marier en Amérique.
45:47 Chez les Juifs, quand on rentre dans une synagogue, il faut avoir un couvre-chef
45:53 et c'était une synagogue très libérale,
45:58 il n'y avait pas besoin de porter de chapeau,
46:02 et ça a duré un quart d'heure et puis on était mariés.
46:06 [Musique]
46:17 Moi, mon rêve, c'était de rester aux États-Unis
46:21 parce que la vie américaine correspondait à ce que j'aimais, tout.
46:27 La façon de manger, la musique, la mentalité, tout, vraiment.
46:36 Mais du côté de Françoise, les parents, c'était des Français,
46:43 nés en France de longue souche et ils voulaient qu'on reste en France plutôt.
46:49 [Musique]
46:52 Je ne sais pas comment ça s'est copié, mais on est rentrés en France après
46:58 et c'est là que nous avons eu notre premier enfant.
47:02 Mais plutôt que de rester en France, on est revenus en Amérique
47:06 parce que si l'enfant est un garçon, il pouvait devenir éventuellement président des États-Unis.
47:16 Mais il fallait être né aux États-Unis pour ça.
47:20 Mais c'était une fille.
47:22 [Musique]
47:26 Le deuxième enfant, on a dit on va retourner en Amérique.
47:31 C'était une fille encore.
47:34 [Musique]
47:36 Le troisième, on a dit c'est pas la peine d'aller et on est restés et c'était un garçon
47:41 [Rires]
47:43 qui est né à Paris.
47:45 [Musique]
48:14 [Musique]
48:31 Cette semaine est consacrée à ces vétérans qui se font un devoir de transmettre leurs souvenirs
48:36 d'une page d'histoire.
48:38 Parmi eux, une exception, un GI qui a combattu à Omaha Beach, jusque là rien d'étonnant.
48:43 Mais celui-ci est français et aujourd'hui il ne cesse de raconter son débarquement en France
48:48 à des élèves qui restent bouche bée.
48:50 [Musique]
48:54 Pendant près d'un demi-siècle, Bernard Dargolz n'a pas parlé de la guerre, pas même à sa famille.
49:00 Mais aujourd'hui, il a rompu le silence et témoigne inlassablement,
49:04 comme ce jour-là devant 2000 écoliers au cimetière militaire de Colville-sur-Mer.
49:09 Quand je me suis engagé dans l'armée américaine, j'ai débarqué à environ 300 mètres d'ici,
49:20 à Saint-Laurent-sur-Mer.
49:22 Je ne savais pas du tout ce que voulait dire le mot « guerre ».
49:29 [Musique]
49:37 Je pensais que personne ne croirait ce que je dirais.
49:42 Je n'aurais jamais trouvé les mots susceptibles de faire comprendre
49:50 que ça soit la peur, la douleur, les pleurs.
49:58 Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas, il n'y avait rien à faire.
50:01 [Musique]
50:11 Je reçois un coup de téléphone.
50:13 « Le président Hollande voudrait vous inviter à déjeuner. »
50:17 Alors j'ai cru que c'était une blague parce que ce n'est pas courant quand même.
50:23 Alors j'ai dit « oui, oui, c'est ça, il veut m'inviter à déjeuner. »
50:26 « Non, non, non, il veut vraiment vous inviter à déjeuner. »
50:30 Le repas se passe très bien, très copieux.
50:34 Et à la fin du repas, il dit « est-ce que vous avez, on est une demi-douzaine de GIs,
50:42 est-ce que vous voulez me poser quelques questions, vous avez quelque chose à dire ? »
50:47 Personne ne bouge.
50:49 Alors moi je lui dis « qu'est-ce qu'on peut faire pour pas que ça recommence ? »
50:55 Alors il me dit « écoutez, il y aura toujours des guerres,
51:01 les hommes sont faits de cette façon qu'il y aura toujours ceux qui veulent la paix,
51:07 ceux qui veulent la guerre, il y aura toujours des hommes différents
51:11 qui voudront prendre la place d'autres et ça vous pouvez rien y faire. »
51:17 Alors ça c'était sa conclusion à lui et je crois qu'il a raison finalement.
51:24 Tout peut recommencer, on a beau faire tout ce qu'on veut,
51:27 c'est pour ça que je témoigne, c'est pour ça que je voudrais au moins que nos enfants,
51:33 nos petits-enfants ne connaissent pas ce que moi j'ai connu.
51:38 Je ne veux pas que dans un avenir le plus lointain possible,
51:48 quand il n'y aura plus de vétérans, quand je ne serai plus là,
51:50 que des négationnistes racontent aux élèves « mais vous savez, le débarquement ça n'a jamais existé ».
51:57 Moi je veux leur dire « c'était pas du cinéma et ça peut revenir si on n'est pas vigilants ».
52:04 [Musique]
52:22 Vous voulez que je raconte tout ?
52:26 Quand 30 ans après la fin de la guerre, je reviens avec Françoise vers le 6 juin en Normandie
52:35 et il y a une femme qui s'approche « ah Bernard, t'as pas changé, comment tu vas ? »
52:43 Tu sais Bernard, quand t'es venu me chercher pour prendre la photo,
52:48 j'ai été dire à ma mère « t'inquiète pas, c'est juste pour une photo ».
52:53 Elle m'a dit « t'es sûr que c'est pour une photo ? »
52:58 [Musique]