Manon Aubry, tête de liste La France insoumise aux élections européennes, était l'invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC.
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00:00 Il est 8h32, vous êtes bien sur AMC et BFM TV dernière ligne droite avant les européennes le 9 juin et on inaugure avec vous Manon Aubry, bonjour.
00:09 Bonjour Apolline de Manon.
00:10 Vous êtes tête de liste La France Insoumise aux élections européennes. J'explique les règles du jeu à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 9 juin, un candidat par jour.
00:19 Je vais recevoir les principaux candidats tête de liste, c'est vous qui a inauguré donc cet exercice.
00:24 Les auditeurs sont invités aussi à vous appeler directement, à vous poser leurs questions. Il y en a quelques-uns d'ailleurs qui m'ont déjà laissé des questions.
00:32 Vous n'hésitez pas à réagir en direct. Vous pouvez appeler le standard d'RMC au 32 16 ou envoyer vos questions à vosquestions@rmc.fr.
00:41 Que vous nous écoutiez sur RMC ou que vous nous regardiez sur BFM TV bien sûr.
00:46 Manon Aubry, d'abord pour poser le décor avant de parler immigration, avant de parler fiscalité, avant de parler de tout ce qui est aussi au cœur de votre campagne.
00:55 Trois questions un peu pour poser le décor de ce que l'Europe fait ou ne fait pas aujourd'hui pour les Français.
01:01 Je dirais qu'on commence par parler de la voiture. La vente des voitures thermiques sera interdite en Europe à partir de 2035.
01:09 Est-ce que vous vous estimez qu'on doit assumer cette décision ou qu'on doit la journée ?
01:13 Moi je pense qu'on doit assumer cette décision parce qu'un véhicule à moteur thermique, donc les véhicules actuels, est six fois plus polluant qu'un véhicule à moteur électrique.
01:26 Mais la question qui est posée et qui est quelque part un impensé de cette décision, c'est l'acceptabilité sociale.
01:33 Comme souvent, l'Union Européenne...
01:35 Ce que vous appelez l'acceptabilité sociale, derrière ce mot un peu technique, en gros ce que vous voulez dire c'est que les Français n'ont pas les moyens d'acheter de la voiture électrique.
01:42 Exactement.
01:43 Donc on va leur forcer à acheter une voiture trop chère.
01:45 Exactement. Et donc le vrai sujet qui est posé, c'est à la fois comment on produit des voitures électriques en France et en Europe,
01:51 parce que jusqu'à présent on importe massivement, y compris de la Chine, ce qui pose la question de la protection de nos frontières à l'arrivée de marchandises des quatre coins du monde.
02:00 Et la deuxième question qui est posée...
02:01 C'est même pas vraiment écolo du coup.
02:02 Exactement. Et la deuxième question qui est posée, c'est la capacité financière à acheter une voiture à moteur électrique, parce que oui, ça coûte une fortune,
02:10 et je ne suis pas d'accord pour qu'on fasse payer les plus pauvres de la transition écologique, qui sont déjà les premiers à subir les effets de la transition écologique.
02:17 Mais donc on le fait ou on le fait pas ?
02:18 On le fait, mais différemment. On le fait en accompagnant financièrement les ménages les plus pauvres, on le fait en développant les transports en commun.
02:25 Je veux dire, c'est une aberration totale. Dans le même temps, la Commission européenne demande de privatiser une partie du transport de marchandises,
02:33 demande de fermer un certain nombre de petites lignes du quotidien. Je prends un exemple très concret.
02:37 La ligne entre Limoges et Angoulême. C'est une ligne de TER que des gens prennent tous les jours pour aller travailler, à la place de la voiture.
02:44 Donc on peut se dire c'est écolo. Eh bien c'est une ligne à la fermer. Pourquoi ?
02:48 Parce que la France décide d'abandonner, de ne plus investir dans ces petites lignes du quotidien, parce que la Commission européenne a, vous savez, la concurrence libre et non faussée comme principe cardinal.
02:59 Eh bien ça c'est un problème et c'est clairement un manque de cohérence.
03:02 Deuxième question, l'élargissement. Est-ce que oui ou non vous êtes favorable à l'élargissement jusqu'à l'Ukraine ?
03:06 Non, et je suis défavorable à tout élargissement tant qu'il n'y a pas d'harmonisation sociale, fiscale et environnementale.
03:13 En Ukraine, le salaire minimum est de moins de 200 euros par mois. En Ukraine, on produit un kilo de poulet à 3 euros contre 7 euros en France.
03:22 Donc évidemment que ça produit de la concurrence déloyale. Et je ne pense pas que c'est aider l'Ukraine que d'affaiblir notre agriculture, notre industrie en France.
03:31 Donc très clairement, pas d'élargissement, faute de quoi sinon on ne va pas tirer les enseignements du dernier élargissement.
03:37 Vous savez, après le dernier élargissement, il y a eu 10 nouveaux États dans l'Union européenne et la moitié des usines qui ont fermé ont délocalisé au sein même de l'Union européenne.
03:45 C'est par exemple l'usine Whirlpool à Amiens qui a délocalisé en Pologne.
03:49 Et je ne suis pas d'accord pour qu'on mette en concurrence les travailleurs de toute l'Europe, les uns contre les autres en concurrence.
03:56 Et à la fin, tout le monde sera perdant. Ici, les ouvriers, les travailleurs en France, mais aussi à l'autre bout de l'Europe.
04:01 Puisque vous évoquez spontanément la question du poulet ukrainien, vous le dites comme si ce serait à terme une conséquence de l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne.
04:09 Mais aujourd'hui, l'Ukraine n'est pas dans l'Union européenne et pourtant, le poulet ukrainien à 3 euros le kilo, contre près de 10 en France, il rentre sans droit de douane.
04:19 Exactement, parce qu'il a été décidé une libéralisation des droits de douane. Personnellement, je me suis posée.
04:24 Pour aider les Ukrainiens.
04:26 Mais moi, je pense qu'on peut et qu'on doit aider les Ukrainiens. Et d'ailleurs, on l'a fait avec un programme d'aide de 50 milliards d'euros que j'ai voté.
04:33 Voilà comment on aide concrètement l'Ukraine. J'ai aussi proposé l'annulation.
04:37 Si vous pouviez, vous remonteriez les droits de douane sur le poulet ukrainien.
04:42 Oui, parce qu'à les dire à tous les agriculteurs en France qui souffrent de la concurrence déloyale aux producteurs de poulet, mais je pense aussi aux producteurs de miel qui subissent cette concurrence déloyale.
04:51 Et le pire dans tout ça, c'est que les exploitations agricoles en Ukraine, en fait, participent d'un giga mégalopole en faveur d'un oligarque qui possède 60% des territoires agricoles.
05:05 Et pour terminer sur la question agricole, pour comprendre pourquoi c'est un problème, l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, si je les entre, la taille moyenne de leurs exploitations agricoles, c'est 1000 hectares.
05:14 En France, c'est 70 hectares. Donc évidemment qu'ils vont toucher une grande partie de la politique agricole commune et en moyenne, ça fera baisser de 20% la politique agricole commune en France.
05:25 Notamment, c'est la raison pour laquelle je suis aussi en désaccord avec l'élargissement.
05:28 Est-ce qu'il faut plus ou moins d'Europe ? Si j'ai bien compris, l'harmonisation fiscale, l'harmonisation sociale, c'est plus d'Europe.
05:35 Pour le coup, vous voulez pousser plus loin ?
05:37 Ça dépend de pourquoi faire, Apolline de Malherbe. Si c'est pour obtenir, comme on l'a obtenu au bout de 50 batailles, une directive européenne pour les travailleurs de plateforme,
05:45 c'est très concret, pour les travailleurs ubérisés, vous savez, ceux qui travaillent pour Uber, Deliveroo, on a réussi à obtenir une directive européenne qui va leur offrir une protection sociale.
05:56 Pour 5 millions de travailleurs ubérisés, ils vont toucher une assurance chômage, une assurance retraite, ils vont enfin cotiser si jamais ils ont un accident du travail, ils seront protégés.
06:05 Ça, c'est une immense victoire et on l'a obtenue contre Emmanuel Macron qui s'y est opposé.
06:10 En revanche, si c'est pour davantage d'accords de libre-échange, c'est-à-dire une mise en concurrence déloyale de notre industrie, de notre agriculture,
06:17 on est à l'heure du petit-déj, faire venir du lait de la Nouvelle-Zélande, ça n'a aucun sens et pour ça, il faut moins d'Europe.
06:22 Vous savez quoi ? Justement, précisément, sur cette question agricole, mais y compris au sein même de l'Union européenne, il y a Philippe qui est avec nous,
06:29 Philippe qui nous écoute et nous regarde depuis le Lot, vous êtes éleveur de vaches et de veaux à Casiac dans le Lot.
06:37 Votre question à Manon Aubry, Philippe.
06:39 Oui, bonjour Manon, bonjour Madame Aubry et bonjour à Pauline.
06:43 Merci de pouvoir poser cette question.
06:45 Moi, je voulais poser la question à Madame Aubry, que compte faire au sein de l'Europe pour protéger les agriculteurs français de la concurrence déloyale au sein de l'Europe
06:55 sur les productions, voire les fruits, légumes, tomates et viandes, cette concurrence déloyale qui tue notre agriculture française ?
07:02 Au sein de l'Europe, vous avez bien dit Philippe, vous pensez quoi ? À ce qui vient d'Espagne, à ce qui vient d'ailleurs ?
07:07 À ce qui vient d'Espagne et les mêmes réglementations environnementales, agro-environnementales qu'on impose dans la français-franco-française
07:14 et que tout ce qui vient de l'Europe n'ont pas du tout les mêmes règles et ça rentre avec aucune contrainte que nous on subit sur le territoire
07:22 avec des contrôles et des astreintes en plus infini ou les agriculteurs français baissent les bois et un désarroi, une désertification de notre paysage français.
07:31 Merci beaucoup Philippe Manon Aubry.
07:32 Merci Philippe, deux éléments de réponse. Le premier c'est qu'il faut mettre un terme aux accords de libre-échange qui sont une folie d'un point de vue sanitaire.
07:39 On importe des produits de l'autre bout du monde qui sont produits avec notamment des pesticides qui sont interdits dans l'Union Européenne.
07:48 Mais là attention, Manon Aubry, là vous nous répondez libre-échange, mais là il parle de ce qui arrive d'autres,
07:53 c'est-à-dire il parle des normes qu'on impose aux français et qu'on n'impose pas aux autres européens qui passent donc du coup sans frontières.
07:59 Il y a d'abord l'extérieur de l'Union Européenne, pour cela il faut qu'on arrête d'importer du lait de la Nouvelle-Zélande, des haricots verts du Kenya, de la viande du Brésil.
08:07 Et je tiens à le dire à Philippe et à tous ceux qui nous écoutent, je préside au Parlement Européen le seul groupe qui n'a jamais donné aucune voix aux accords de libre-échange.
08:14 Donc le 9 juin, si vous voulez protéger votre industrie et votre agriculture de la concurrence déloyale, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
08:21 Ensuite, pour la concurrence infra-européenne, oui il faut une harmonisation des normes sociales et environnementales et on n'y est pas encore tout à fait.
08:28 Mais si on veut permettre aux agriculteurs de vivre dignement, il faut aussi ce qu'on appelle des prix planchers rémunérateurs, des prix minimum garantis.
08:35 Et pour ça, on s'est battus à l'Assemblée Nationale, on s'est battus au Parlement Européen et qui s'y opposait ? L'extrême droite, le Rassemblement National.
08:42 Mais alors là, pardon, vous faites de la politique, vous ne répondez pas à Philippe.
08:44 Philippe, je vais reprendre sa question, elle est très précise.
08:46 Il faut qu'on leur donne des moyens de vivre.
08:47 Au sein de l'Union Européenne, donc dans l'espace Schengen, la France est un des pays qui a le plus de normes, notamment environnementales, que respectent et que doivent respecter les agriculteurs français.
08:59 Sauf qu'au sein de cet espace, donc ce n'est pas du bout du monde, il y a les tomates qui viennent d'Espagne, qui ne respectent pas du tout les mêmes normes,
09:06 qui sont vendues moins cher et qui viennent concurrencer les produits français.
09:10 Qu'est-ce que vous dites là-dessus ?
09:11 C'est pour ça que je vous disais qu'il faut harmoniser les normes environnementales pour que les normes environnementales qui s'appliquent dans toute l'Union Européenne, en France, en Espagne, en Italie...
09:18 En faisant monter les autres au niveau de la France ou en faisant baisser celle de la France au niveau des autres ?
09:22 En faisant monter les autres au niveau de la France. Après, on peut aller dans le détail en fonction de normes par normes.
09:25 Il y en a sur lesquelles c'est un peu moins fort, il y en a sur lesquelles c'est un peu plus haut.
09:28 Et puis, il y a un autre principe qu'on peut poser, c'est utiliser la commande publique.
09:32 Je pense notamment dans les écoles, vous prenez les cantines publiques.
09:36 Dans les cantines publiques, je propose un principe très simple qui est un approvisionnement en fonction de la distance.
09:42 Donc, dit autrement, je ne sais pas où exactement Philippe...
09:45 Dans le lot.
09:46 Dans le lot, si vous prenez toutes les écoles du département, qu'elles s'approvisionnent en priorité à partir de production qui vient du lot.
09:53 Mais pour ça, ça suppose à Pauline de Manerbe de désobéir à un principe de la concurrence libre et non faussée en Europe
09:59 qui veut qu'on considère du poulet qui vient de la Pologne de la même manière que du poulet espagnol, que de la même manière que du poulet français.
10:05 Là, vous êtes pour une forme de préférence nationale, préférence locale.
10:08 C'est un peu la même chose que ce que propose l'URN.
10:10 Alors, l'URN, excusez-moi, ce n'est pas de la préférence nationale qu'ils veulent, c'est de la préférence actionnariale
10:15 parce que sans cesse, ils défendent les intérêts des grandes entreprises agroalimentaires auxquelles ils ne veulent pas toucher aux marges.
10:21 Le problème aussi de l'agriculture, pardon, mais quand les gens qui nous écoutent, ils font leurs courses,
10:25 les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 20% en moyenne.
10:28 Et les agriculteurs en bout de chaîne n'ont pas vu leur revenu augmenter.
10:31 C'est qu'au milieu, il y a des entreprises agroalimentaires qui se sont gavées, qui ont augmenté leur profit, leur marge de 70%.
10:37 Moi, je propose simplement de bloquer les marges de ces entreprises.
10:40 Ça permettra de mieux rémunérer les agriculteurs et de baisser les prix pour les consommateurs.
10:44 Manon Aubry, on a aussi été dans la rue donner notre micro.
10:47 Florent a décidé de vous poser une question.
10:49 Il s'adresse à vous sur la question de l'immigration.
10:52 Bonjour, madame Aubry. Comment peut-on réduire l'immigration tout en restant dans l'Union européenne ?
10:58 Alors, évidemment, il part du principe qu'il faut réduire l'immigration.
11:00 D'abord, vous êtes d'accord là ou pas ?
11:02 Non, je ne suis pas d'accord.
11:03 La question qui nous est posée, c'est comment d'un côté, on accueille dignement,
11:09 parce que je veux le dire à tous ceux qui nous écoutent,
11:12 en général, on ne quitte pas sa terre, son territoire.
11:15 Vous, à Pauline de Malherbe, si vous êtes heureuse à Paris et en France,
11:18 vous n'avez pas de raison de traverser la mer Méditerranée au péril de votre vie.
11:22 Donc, il y a deux questions qui nous est posées.
11:24 La première, c'est comment on agit sur les causes d'immigration pour que les gens n'aient pas à quitter leur territoire ?
11:28 Donc, en gros, ce n'est pas réduire, c'est faire en sorte que les gens n'aient plus besoin de migrer.
11:31 Exactement. Donc, ça, c'est le premier enjeu.
11:33 Donc, ça veut dire augmenter l'aide publique au développement
11:37 que le gouvernement a coupé à cause de l'austérité budgétaire.
11:39 Ça veut dire mettre fin aux accords de pêche.
11:41 Ça veut dire mettre fin aux accords commerciaux inégaux.
11:43 C'est la première chose.
11:45 Agir sur les causes du réchauffement climatique qui poussent aussi des gens sur les routes du monde entier.
11:49 Et le deuxième élément, quand les gens traversent la mer Méditerranée au péril de leur vie,
11:54 quand notre mer Méditerranée s'est transformée en cimetière à ciel ouvert,
11:57 qu'est-ce que vous faites ?
11:58 Vous allez les renvoyer dans des pays comme la Libye où ils sont torturés ?
12:01 On a un devoir d'accueil, mais pour ça, il faut un minimum de solidarité.
12:04 On a su le faire pour les Ukrainiens.
12:06 Pourquoi on ne saurait pas le faire pour des gens qui fuient la guerre en Syrie ?
12:09 Est-ce que vous partagez, Manon Aubry, l'avis de 61% des Français qui sont interrogés par l'IFOP,
12:13 à qui on demande si l'on peut ou doit accueillir davantage de migrants ?
12:18 61% disent qu'il faut mettre sur pause et stopper. On ne peut plus en accueillir.
12:22 Mais la question, ce n'est pas plus ou moins ou un nom précis.
12:25 C'est la question qu'il aurait posée, il y répondra en fait.
12:27 Il y a le droit international.
12:29 Quand vous avez quelqu'un qui fuit la guerre en Syrie, par exemple,
12:33 vous allez lui dire de repartir en Syrie avec Bachar el-Assad,
12:38 vous vous enrôlez chez Daesh, c'est ça qu'on va leur dire ?
12:41 De la même manière aux réfugiés ukrainiens, on va leur dire
12:43 vous retournez sous les bombes de Vladimir Poutine en Ukraine.
12:45 Donc on a un devoir d'accueil. On a su le faire pour l'Ukraine.
12:48 Pourquoi on a su le faire ? Parce qu'on a su l'organiser.
12:51 Il faut un devoir de solidarité au sein de l'Union européenne
12:54 qui n'existe absolument pas.
12:55 Est-ce que vous êtes favorable à une régularisation massive
12:57 de tous les travailleurs ou de toutes les personnes qui sont présentes
13:00 aujourd'hui sur le sol français ?
13:01 Oui, pour les travailleurs sans-papiers.
13:02 Vous savez, si demain les travailleurs sans-papiers arrêtaient de travailler,
13:06 le nombre de bureaux qui ne seraient pas nettoyés, d'ordures qui ne seraient pas ramassées.
13:09 Mais est-ce qu'il faut régulariser ? Est-ce qu'il faut aujourd'hui régulariser ?
13:11 Oui, il faut régulariser ces travailleurs sans-papiers.
13:12 Vous savez, il y a beaucoup de gens, y compris à l'extrême droite,
13:14 qui ont fait campagne sur le thème de l'immigration au zéro.
13:17 Regardez ce que font leurs alliés.
13:19 Georgia Meloni, en Italie, a fait campagne sur le thème de l'immigration au zéro.
13:22 C'est l'allié de Mme Maréchal, mais aussi de Mme Le Pen.
13:25 Et une fois au pouvoir, elle a régularisé près de 450 000 travailleurs.
13:30 Parce que c'est juste un principe de réalité.
13:32 C'est juste un principe de réalité.
13:33 C'est si dément que finalement, vous vous en venez tous à dire
13:36 « Finalement, vous voyez, Georgia Meloni n'est pas si mal. »
13:38 Rassurez-vous, je ne la prends pas pour exemple.
13:40 Non, mais je veux dire, elle est censée être votre opposante.
13:43 Et vous n'êtes pas la seule, Manon Aubry.
13:44 Mais vous êtes nombreux à dire « Finalement, vous voyez, sous-entendu, bon,
13:48 l'EURN ne ferait pas... »
13:50 Non, elle remet en cause le droit à l'avortement,
13:52 parce qu'elle s'attaque au RSA.
13:54 Une des premières choses qu'elle a faites, c'est aussi de couper le RSA,
13:56 c'est-à-dire l'équivalent du RSA.
13:57 C'est-à-dire de quoi ? Le minimum pour survivre.
13:59 Et donc, elle s'attaque aux plus pauvres.
14:01 Rassurez-vous, je ne prendrai jamais l'extrême droite comme exemple.
14:03 Mais simplement, je dis qu'il y a un principe de réalité,
14:05 et qui s'imposerait y compris aux dirigeants d'extrême droite,
14:08 et qui sont d'une démagogie totale.
14:10 Et je vais même plus loin.
14:11 Dans cette campagne, moi j'en ai assez.
14:13 Qu'on utilise les exilés, mais aussi tous leurs descendants.
14:16 C'est les 2e, 3e, 4e génération,
14:18 qui n'ont pas le bon prénom, pas la bonne couleur de peau,
14:20 pas la bonne religion,
14:21 comme de la chair à canon électorale.
14:23 C'est ce que fait l'extrême droite à l'heure actuelle.
14:25 Et je ne suis pas d'accord avec cela.
14:27 Je ne suis pas d'accord qu'on remette en cause notre devoir de solidarité.
14:30 Et si on veut éviter des drames en mer Méditerranée,
14:32 oui, on peut aussi agir sur les causes d'immigration.
14:34 Un mot encore d'ailleurs sur les salaires,
14:36 parce que Erwann nous a appelés ce matin sur RMC
14:39 pour nous demander ce que vous feriez face à cette concurrence
14:42 au sein de l'Union Européenne, non pas agricole là, mais ouvrière.
14:45 Il dit que les ouvriers des pays de l'Est,
14:47 notamment la Bulgarie, sont payés 3 euros de l'heure,
14:50 quand nous on est payés 11 euros de l'heure.
14:52 Il dit qu'ils viennent bosser chez nous pour toucher plus.
14:55 Mais en revanche, la dépense de l'argent se fait dans leur pays
14:58 et il estime que ce n'est pas juste.
15:00 Je suis complètement d'accord avec Erwann, je crois.
15:02 Vous savez, c'est la grande Europe sociale qu'on nous avait promise,
15:06 mais en réalité, pardon, c'est une chimère.
15:08 Elle ne s'est absolument pas réalisée.
15:09 En Bulgarie, vous l'avez dit,
15:10 le salaire minimum est de 330 euros
15:12 et au Luxembourg, il est de 2500 euros.
15:14 Donc déjà, il faut une harmonisation sociale par le haut
15:16 avec un salaire minimum en Europe de 75 % du salaire médian.
15:20 Mais je vais plus loin.
15:21 Pourquoi la vie coûte cher ?
15:22 Elle coûte cher parce que les prix explosent
15:24 et c'est pour ça que je propose le blocage des prix,
15:26 mais elle coûte cher aussi parce que les salaires ne suivent pas.
15:29 Et si pour une fois, on s'inspirait de choses bien qui se font en Europe ?
15:32 Par exemple, en Belgique, ils ont un principe
15:35 qui est l'indexation des salaires sur l'inflation.
15:37 Pourquoi on n'indexerait pas les salaires sur l'inflation ?
15:39 Pour que les salaires suivent l'augmentation des prix.
15:41 C'est une proposition très simple que je fais
15:43 et qui changera la vie des gens.
15:44 Quand je vous écoute, Manon Aubry,
15:46 je constate que vous êtes extrêmement à l'aise
15:49 sur toutes les questions sociales, fiscales.
15:51 J'avoue que vous le reconnaissiez.
15:52 Non, mais c'est d'ailleurs...
15:53 Et il faut le dire, vous êtes vous-même déjà parlementaire européenne.
15:56 Vous êtes reconnue pour être une de celles qui a beaucoup bossé.
16:00 Beaucoup plus que Jordan Barnel, en tout cas.
16:02 Vous avez beaucoup bossé.
16:04 Mais du coup, je ne comprends pas.
16:05 En fait, je ne comprends pas pourquoi vous avez fait cette campagne sur Gaza.
16:07 Ça ne se comprend pas.
16:09 Alors, Napolean de Malherbe, première chose.
16:10 On a l'impression, quand on regarde la campagne, qu'il y a deux campagnes.
16:12 Il y a votre campagne, Manon Aubry, et vous êtes pourtant à tête de liste.
16:15 Et puis en vrai, vous êtes reléguée comme si vous étiez sur le siège arrière, enfant.
16:19 Et que c'était Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan qui pilotaient la voiture.
16:23 Je vous rassure, je suis une grande fissie.
16:25 Et je serai notamment en meeting demain avec Jean-Luc Mélenchon à Toulouse.
16:30 Et d'abord, deux choses.
16:31 La première, je suis ravie que vous ayez reconnu mon travail au Parlement européen.
16:34 Parce qu'on a quand même face à nous...
16:35 Oui, mais moi je le reconnais, mais je n'ai pas l'impression que nos camarades le reconnaissent tellement.
16:38 Parce que franchement, ils ont pris toute la place.
16:40 Non, je vous rassure, ils le reconnaissent.
16:42 Et d'ailleurs, je pense que tout notre mouvement politique est fier aujourd'hui du combat que j'ai mené au Parlement européen.
16:48 Et vous l'avez dit, pardon, mais Jordan Bardella, c'est un député fantôme.
16:50 En cinq ans de mandat, il en a déposé 76.
16:53 On a les derniers chiffres, quand j'en ai déposé 4630.
16:56 Pour le reste, sur Gaza, deux choses.
16:58 La première, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion, vous avez un emploi du temps chargé.
17:02 Mais d'écouter nos meetings, collectifs, pas que les miens.
17:04 Ce que l'on dit dans nos meetings.
17:06 Évidemment, il est question de Gaza, mais il n'est pas que question de Gaza.
17:08 On parle de la fin des accords de libre-échange.
17:10 Non, mais moi, ce qui m'intéresse, c'est aussi la question de la méthode.
17:12 C'est-à-dire qu'au fond, quand je vois, par exemple, j'ai étudié effectivement votre manière de faire au Parlement,
17:17 vous êtes, et d'ailleurs, y compris vos adversaires le reconnaissent,
17:20 quelqu'un qui est dans le dialogue et dans le compromis.
17:23 C'est d'ailleurs le mot "compromis" qui a été choisi comme titre d'un documentaire qui vous a été consacré.
17:29 Le compromis, c'est très passionnant.
17:31 Et c'est très passionnant d'ailleurs de rentrer dans les coulisses de votre travail.
17:33 Le compromis, honnêtement, on n'y est pas du tout quand on écoute vos codiciers qui ne sont pas du tout dans le compromis.
17:39 Quand vous regardez hier soir Rima Hassan, qui est dans une logique de boycott, de refus d'écouter ce qui se passe sur LCI et TF1 hier pour l'interview.
17:48 Mais ça, ce n'est pas du tout la même logique. Qu'est-ce que vous faites là ?
17:50 Madame Apolline de Malherbe, vous pensez sérieusement qu'un dirigeant politique, Benjamin Netanyahou,
17:54 qui est en train de massacrer une population dans la bande de Gaza, sa place est sur les plateaux ?
17:59 Est-ce que vous avez écouté cette interview ?
18:00 J'étais en débat hier soir.
18:01 Vous avez regardé après, j'imagine.
18:03 J'ai regardé en bref replay, mais juste pour finir sur le point.
18:05 Journalistiquement.
18:06 Non, mais vous trouvez ça normal que quelqu'un qui est poursuivi pour crime de guerre et crime contre l'humanité,
18:11 est-ce que vous pensez que sa place est sur les plateaux télé ?
18:13 La question que je vous pose, c'est que est-ce que vous estimez que c'est votre rôle à vous et à vos codiciers de boycotter, de bloquer le périphérique hier soir ?
18:22 Notre rôle, Apolline de Malherbe, est de ramener un peu d'humanité.
18:25 Donc jusqu'à preuve du contraire, en démocratie, on peut manifester.
18:28 Et Benjamin Netanyahou, je vous le redis, quand on fait l'objet de poursuites en droit international pour crime de guerre et crime contre l'humanité,
18:35 la place de ce dirigeant politique génocidaire n'est pas sur les plateaux télé, il est sur le banc des accusés.
18:41 Et oui, j'assume, Apolline de Malherbe, de ne pas détourner le regard de ce qu'il se passe dans la bande de Gaza.
18:46 Benjamin Netanyahou, vous avez vu ces images ?
18:48 Son gouvernement a massacré un peuple, prend pour cible des camps de réfugiés humanitaires.
18:55 Vous avez vu les images de ce bébé décapité ? Ces images d'hommes et de femmes brûlées à vif ?
19:01 On ne va pas ici refaire les questions aussi de où était la bombe, etc.
19:06 Mais au-delà de ça, sur la méthode, je veux dire...
19:08 Mais c'est 35 000 civils qui sont morts.
19:11 Alors oui, madame Apolline de Malherbe, j'assume de dire que Gaza est aussi un sujet européen.
19:16 Nous défendons des sanctions à l'égard du gouvernement israélien, un embargo sur l'envoi d'armes,
19:20 la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël et la reconnaissance de l'État de Palestine.
19:25 J'entends Emmanuel Macron dire "ce n'est pas le bon moment".
19:28 Mais quand ce sera le bon moment ? Quand il n'y aura plus de peuple palestinien parce qu'il aurait été complètement massacré ?
19:32 Et donc, j'en appelle à l'humanité de tous les Françaises et les Français.
19:36 Je pense que tout le monde doit être sensible à ce qu'il se passe dans la bande de Gaza.
19:39 Et j'assume de dire que oui, nous avons été la seule liste à défendre non seulement un cessez-le-feu,
19:43 mais à être conséquent et à défendre des sanctions à l'égard du gouvernement de Benjamin Netanyahou.
19:47 Et cette voix, on va la porter avec beaucoup de fierté au Parlement européen.
19:50 Merci Manon Aubry d'avoir été mon invitée ce matin, tête de liste La France Insoumise aux élections européennes
19:55 et première de cette série d'interview de face à face spéciale Europe. Merci à vous.