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AmusantTranscription
00:00Le 1er juillet 1997, dans la banlieue de Durban, en Afrique du Sud, machette au point, les
00:12paysans fendent les dernières cannes à sucre brûlées.
00:16Il faut arracher les dernières plantes restées debout, tout est noir, le paysage a quelque
00:23chose d'apocalyptique.
00:26Soudain, la mort, là, en plein milieu d'un champ, trois corps de femmes gistent au sol,
00:33trois cadavres calcinés, l'état des corps donne peu d'indices, il y a trois victimes,
00:42trois femmes, la piste d'un serial killer est envisagée.
00:47Dans la ville portuaire de Durban, l'une des plus dangereuses du pays, la traque va
00:54durer un mois et demi, un mois et demi pendant lequel les enquêteurs vont mobiliser toutes
01:01leurs forces à la recherche de Sifo-Twala, le tueur des champs de cannes à sucre.
01:07La saga meurtrière de Sifo-Twala, le tueur des champs de cannes à sucre, débute le
01:271er juillet 1997, après la découverte de trois cadavres en décomposition.
01:35La brigade criminelle de Durban est saisie de l'affaire, leur patron, c'est le superintendant
01:42Philippe Veldhuysen et son adjoint est Alan Alford.
01:46Tous deux ont suivi les cours de Mickey Pistorius, la spécialiste mondiale des tueurs en série.
01:54Il se concentre d'abord sur le rituel du tueur, mais le meurtrier ne laisse pas de
02:00temps aux enquêteurs, à peine quelques jours plus tard, un coupeur de cannes découvre un
02:06quatrième corps de femme. Il est en état de décomposition avancée, mais n'a pas brûlé.
02:13La victime a les pieds et les mains ligotés. Le tueur a fabriqué un harnais autour de sa
02:23bouche et de sa gorge, elle a été étranglée. La police comprend que le tueur ne va pas
02:30s'arrêter là, il faut faire vite et empêcher que d'autres crimes ne soient commis.
02:35Une cellule spéciale composée de neuf enquêteurs est chargée de l'affaire.
02:41Il y a très certainement des victimes supplémentaires.
02:45Tous les services de police des environs sont en alerte. Les anciens dossiers sont
02:52passés au peigne fin, les champs ratissés. Le 14 juillet, les investigations aboutissent.
02:59La police met en relation dix meurtres identiques. À chaque fois, le mode opératoire est le même,
03:07position identique, strangulation, membres ligotés. Mais le tueur, qui est-il ? On ignore tout de lui.
03:16Les enquêteurs ont épinglé au mur tous les éléments dont ils disposent. Vues aériennes
03:23des lieux, photos des victimes, scènes de crimes, articles de presse. Rien n'est laissé au hasard.
03:30Un premier portrait robot d'un suspect, aperçu en compagnie d'une des victimes, est dressé.
03:37Pendant ce temps, les fouilles continuent dans les champs. Grâce à des chiens spécialisés,
03:43la police retrouve cet autre corps. Tous sont en état de décomposition à des stades différents.
03:52À proximité, il y a des mégots. La police scientifique est mise sur le coup et analyse les traces d'ADN
03:59dans la salive déposée sur le filtre des cigarettes. Résultat, les biologistes trouvent deux ADN,
04:07celles de la victime et celles de son bourreau. La victime a-t-elle été piégée ? S'est-elle sentie
04:15en confiance avec son futur meurtrier, au point de partager avec lui sa dernière cigarette ? Ont-ils
04:23échangé un baiser ? Un baiser volontaire ou forcé ? Une semaine plus tard, le 1er août,
04:30un 18e corps est retrouvé. L'affaire prend une tournure sexuelle. Du liquide séminal est
04:38collecté et analysé. C'est un indice de taille. La victime a été abusée. Pour l'instant,
04:46il y a donc 18 victimes avérées. Le serial killer est un adversaire de taille. La célèbre profileuse
04:54Mickey Pistorius est appelée en renfort. Il faut absolument avancer sur le profil psychologique du
05:02tueur. L'assassin a probablement des antécédents d'agressions sexuelles. Il faut chercher dans les
05:09archives. Un indice interpelle Mickey Pistorius. Les dix mégots retrouvés sur une des scènes de
05:17crime. D'après elle, si le tueur a pris le temps de fumer autant de cigarettes, c'est qu'il se
05:24sentait en sécurité. Il doit être familier des lieux. Le tueur serait-il un habitant du coin ?
05:32Un cultivateur de cannes à sucre ? Une chose est certaine. Il s'agit d'un individu de race noire
05:39d'origine Zoulou. Car les victimes sont retrouvées, jambes attachées et serrées dans la position de
05:49Lou Kouzouma. C'est une pratique sexuelle traditionnelle des Zoulous. Elle permet aux
05:55jeunes gens d'avoir des rapports sexuels sans pénétration et de préserver ainsi leur virginité
06:03jusqu'au mariage. Pour la profileuse, le tueur a probablement entre 32 et 40 ans. Il est peut-être
06:12divorcé et il semble incapable d'entretenir une relation intime avec une femme. Son apparence
06:20est normale, c'est un manipulateur qui charme ses victimes. Il est doté d'une grande confiance en
06:27lui puisqu'il agit en plein jour. L'homme ne souffre d'aucune maladie mentale, mais l'experte
06:34est formelle, il est incurable. Il n'arrêtera jamais de tuer, sauf s'il est arrêté. Les
06:42enquêteurs ressortent tous les anciens dossiers de délinquants sexuels. Ils repèrent une série
06:48d'agressions identiques avec le même mode opératoire. On en sait un peu plus sur le
06:55rituel meurtrier et Mickey Pistorius semble capable de décrire avec précision le déroulement du
07:03crime. Avant même d'entraîner sa proie, le serial killer est en trance, à l'abri dans les champs de
07:11canne à sucre. Il saisit une pierre et assomme la victime. Il la ligote avec les habits qu'il
07:18lui a arrachés, fabrique un harnais pour étouffer ses cris. Ensuite, il peut en disposer à sa guise.
07:26Il l'abuse et l'étrangle presque simultanément, puis il repart avec les vêtements de celles qu'il
07:34vient de tuer. Le profil du tueur fait la une des journaux. La population est informée du danger,
07:42mais les meurtres continuent. La traque se poursuit. Il faut davantage d'éléments,
07:47un nom, une adresse, un métier. Début août, la police tient enfin une piste. Elle établit une
07:55corrélation avec une tentative de viol datant de mars 1996. Un suspect est identifié. Il s'appelle
08:05Sifo Twala. La brigade criminelle de Durban active ses indicateurs. Il faut vite localiser
08:13l'individu. Nous sommes le 14 août. Il est 3 heures du matin dans les bidonvilles de
08:19Quamachou. Un groupe d'intervention, lourdement armé, se dirige en silence entre les cabanes.
08:26L'obscurité est totale. L'adjoint Alan Alford, le superintendant Philippe Veldhuysen,
08:34et deux de leurs hommes frappent à une porte. Ils ont dégainé leurs armes. Un individu d'une
08:42trentaine d'années leur ouvre, aveuglé par l'éclat des lampes torches. C'est lui,
08:48Sifo Twala. Il est arrêté sans opposer aucune résistance. Puis on l'emmène directement au
08:56labo pour y subir les prélèvements sanguins. Ils sont indispensables pour établir son ADN.
09:03La police pénètre dans l'antre du tueur. À l'entrée, un tissu est noué sur une canne à
09:11sucre. Dans la chambre, un matelas est posé à même le sol, près du lit des montres de femmes.
09:17Éparpillées dans l'unique pièce de la cabane, des bouts de tissu sont liés entre eux. Un nombre
09:25impressionnant de vêtements féminins pendent à une poutre du plafond. La maison du serial
09:32killer domine tous les champs de cannes à sucre. De cet endroit, Sifo Twala peut fantasmer à loisir
09:41sur son cimetière privé. La mère et la sœur de Sifo Twala sont conduites à la brigade pour y
09:49être interrogées. On cherche à comprendre la personnalité du tueur. Sifo provient d'un milieu
09:57rural. Il n'a pas connu son père. Son beau-père, violent, l'a abandonné alors qu'il était encore
10:04enfant. Sifo s'entend mal avec sa mère. C'est un garçon intelligent, avec une éducation sommaire.
10:11Il est calme, solitaire et plutôt introverti. Il commence à travailler dès l'adolescence comme
10:19conducteur de camion. Mais il est instable. Il vit en couple, mais sa compagne enceinte décide
10:26d'avorter sans le prévenir. Cet événement lui a brisé le cœur et son attitude change. Il s'emporte
10:35dans d'effroyables colères qui font trembler les femmes de la maison. Le 14 août, à la brigade
10:42criminelle de Durban, Mickey Pistorius s'apprête à faire parler le suspect. Il est 10 heures du
10:49matin lorsque l'interrogatoire de Sifo Twala commence. La profileuse utilise une ruse. Elle
10:58raconte l'histoire des crimes, comme si le tueur de canne à sucre était quelqu'un d'autre. Sifo
11:04Twala est piqué au vif. Le tueur de canne à sucre, c'est lui. Il avoue tout. Il a tué ses femmes,
11:11qui lui rappelaient son ex-compagne qui a avorté. Il était même présent dans la foule lorsque la
11:19police a trouvé sa 11e victime. Dans la salle d'interrogatoire, le superintendant prépare un
11:26piège. Il est assis et se met à tripoter un bout de ficelle entre ses doigts. Il capte tout de
11:33suite l'attention du tueur. Il tend la ficelle à Twala et lui propose une démonstration. Le
11:39tueur jubile. Il se saisit de la cordelette sous l'emprise de sa pulsion criminelle. Il
11:46ligote un enquêteur comme il attachait ses victimes. En mars 1999, Sifo Twala est condamné
11:55à 513 années de prison. 18 victimes auront péri avant que la police ne parvienne à le
12:05neutraliser. Mais ici, en Afrique du Sud, l'un des plus grands viviers au monde de
12:11serial killers, la police n'a jamais de répit dans la traque aux criminels.