La vie en VHS...

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Transcription
00:00 [Générique]
00:14 C'est l'histoire d'une petite boîte noire qui apparaît en 1976,
00:17 que nous allons vous raconter 45 ans après son apparition.
00:20 Elle est en quelque sorte changée nos vies.
00:22 Introduire une cassette, enregistrer un programme, rembobiner.
00:25 Voici quelques-uns des commandements de la VHS
00:28 qui allaient bousculer toute une industrie, celle du cinéma et du divertissement.
00:32 Et cela bien avant l'arrivée de Netflix, de Salto et de toutes les plateformes de streaming.
00:36 Donner la possibilité aux téléspectateurs de prendre le pouvoir,
00:39 de choisir à la maison ce qu'ils allaient regarder et quand ils le souhaitaient.
00:43 La VHS a tout d'abord été un formidable outil de liberté de 20h30 ce soir.
00:49 [Générique]
00:53 Elle a fait tomber des pans entiers d'interdictions.
00:56 [Générique]
00:58 Cette petite brique de bakélite est le ciment des libertés des années 80.
01:02 Vous allez voir pourquoi.
01:04 [Générique]
01:07 Ce n'est pas une bande magnétique seulement,
01:10 c'est tout un symbole de liberté vis-à-vis du système.
01:13 [Générique]
01:14 Il paraît même qu'elle aurait fait chuter le mur de Berlin.
01:17 Ça a été une fenêtre ouverte sur les démocraties occidentales.
01:21 C'est une vraie révolution pour l'époque.
01:23 [Générique]
01:37 La VHS et le magnétoscope débarquent sur terre fin des années 70.
01:41 VHS, cela signifie vidéo home system.
01:45 En gros, un système d'enregistrement vidéo à la maison.
01:48 C'était un retour vers le futur aussi avant l'heure
01:51 parce qu'on pouvait rewinder,
01:54 revenir, faire des arrêts sur images.
01:57 [Générique]
01:58 Vous avez avance rapide, retour rapide, ralenti.
02:01 Ça paraît un peu has-been aujourd'hui, mais c'était révolutionnaire.
02:05 [Générique]
02:08 Avant le magnétoscope, on est dans la dictature du programme télé.
02:11 Il y a un film sur antenne 2 à 20h30.
02:13 La seule manière de le voir, c'est d'être à 20h30 devant son poste.
02:16 [Générique]
02:25 [Générique]
02:31 La promesse tenue de la vidéo, c'est regarde ce que tu veux, quand tu veux.
02:35 [Générique]
02:37 Les émissions de télé à enregistrer sont vite limitées.
02:40 Il faut donc du contenu nouveau à mettre sur la VHS.
02:43 [Générique]
02:45 Et c'est le porno qui s'introduit le premier dans le marché de la vidéo.
02:49 On se procure ses cassettes par correspondance ou au bistrot,
02:52 [Générique]
02:54 ou chez certains commerçants un peu cochons.
02:57 [Générique]
03:02 [Toc, toc, toc]
03:04 [Propos inaudibles]
03:11 - Alors monsieur, vous avez tout ce qu'il vous faut là ?
03:13 - Oui, à peu près.
03:14 - Qu'est-ce que c'est cette cassette ?
03:16 - Je crois que c'est un film X.
03:18 - Ah bon ? Vous en voyez souvent ?
03:20 - D'autant que j'ai des amis qui viennent à la maison pour passer un bon petit moment.
03:23 - La cassette, c'était une liberté d'avoir ses "sales goûts",
03:27 d'avoir son goût à soi, une bulle de transgression.
03:30 [Générique]
03:32 Le gore, les films d'épouvante, prennent aussi le train de la VHS.
03:36 La société giscardienne ne veut pas voir l'horreur sur grand écran.
03:40 Mais sur le petit, impossible d'empêcher son visionnage privé.
03:44 [Cris]
03:47 - Massacre à la tronçonneuse, c'est un film qui a été interdit à l'exploitation en salles,
03:50 qui va rester interdit pendant 5 ans, sous Giscard,
03:53 jusqu'à ce que René Château le sorte en vidéocassette.
03:56 [Générique]
04:02 - Monsieur Gant, c'était les films que vous ne verrez jamais à la télévision.
04:06 - C'était des films affreux, qui choquaient, interdits au moins de 18 ans.
04:10 C'est pour ça, c'était nouveau. Enfin, on avait ça chez soi.
04:13 [Générique]
04:15 Avec un peu de retard, le cinéma, disons, grand public, s'y met aussi.
04:20 [Générique]
04:23 Les vidéoclubs poussent partout.
04:25 Et pour donner envie en tête de gondole, il faut avant tout une bonne jaquette.
04:30 - La cassette, c'est quand même un bel objet.
04:33 Quand on l'habille avec une belle jaquette, c'est quelque chose, voilà, qui reste.
04:38 [Générique]
04:41 Depuis 40 ans, Laurent Melchi dessine affiches et jaquettes de cassettes.
04:46 Vous en avez forcément tenu une entre vos mains dans les années 80.
04:50 Il s'est spécialisé dans le bébel.
04:54 [Générique]
04:57 Le Belmondo.
04:58 [Générique]
05:06 Bon, l'importance pour bébel, c'est sa gueule.
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05:12 Obligation de lui mettre un flingue qui sort de l'affiche si possible.
05:17 L'arme, évidemment, le blouson, c'est tout son attirail obligatoire.
05:22 Et puis, mettre vraiment des scènes d'action qui entourent le personnage.
05:26 C'est un peu l'égal action.
05:28 Je me suis même permis de rajouter un hélico qu'il n'y a pas dans le film.
05:31 Ce n'est pas grave.
05:32 Une cascade de voitures américaines, c'est vous dire la liberté des années 80.
05:37 Il faut vraiment que ça cogne.
05:40 [Générique]
05:43 C'était génial parce que c'était les années Frick, les années Bernard Tapie.
05:47 Nos limites dans la création.
05:50 C'était l'ouverture des portes de l'enfer.
05:53 [Générique]
05:56 De la gym chez soi à toute heure, grâce à la cassette, on peut tout faire n'importe quand.
06:02 [Générique]
06:05 Mais on peut aussi y mettre n'importe quoi, comme cet ami virtuel.
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06:14 Ou se réchauffer le cœur avec une fausse cheminée ou un aquarium.
06:20 [Générique]
06:22 La cassette a un tel succès que le piratage explose.
06:26 Les importations de magnétoscopes aussi.
06:29 Alors le gouvernement de Laurent Fabius canalise l'arrivée des machines à Poitiers
06:33 pour freiner l'envahisseur japonais.
06:35 Il impose même une taxe pour limiter l'invasion.
06:39 Le vent de liberté que fait souffler la vidéo en France est plus fort que ça.
06:44 Les gens consentent à payer.
06:46 Donc c'est inefficace.
06:48 [Générique]
06:50 Et la petite brique vidéo se répand à la fin des années 80 dans le monde entier.
06:55 [Générique]
06:57 Avec la VHS, le cinéma devient un objet.
07:00 Et donc un objet, on peut lui faire passer les frontières.
07:02 [Générique]
07:07 Elle passe le rideau de fer, elle rentre dans les pays de l'Est.
07:10 Avec les magnétoscopes, c'est un marché de contrebande.
07:14 [Générique]
07:18 On le vend sous nos manteaux, les films sont doublés de manière artisanale.
07:22 [Générique]
07:25 Quelque part, c'est pratiquement une initiation accélérée au libéralisme.
07:30 C'est le marché de l'offre et la demande.
07:32 [Générique]
07:36 Après, ça s'organise dans les pays comme la Roumanie, on va créer des vidéos salons.
07:40 On va transformer son salon en salle de cinéma, les voisins viennent, voilà.
07:44 [Générique]
07:51 Le fictio chez les Scoux était un grand amateur de VHS.
07:55 Sans le dire évidemment à son père.
07:57 Copier une cassette devient un acte de résistance.
08:00 [Générique]
08:04 En URSS, on regarde l'américain Rocky combattre un géant russe.
08:09 On s'arrache la cassette à Moscou.
08:11 [Générique]
08:19 Pour le public russe, dans Rocky IV, Stallone ne se bat pas contre un boxeur russe.
08:25 Il se bat contre un soviétique, il se bat contre le régime.
08:28 [Générique]
08:29 Ils ont vu dans ces personnages, le libérateur.
08:33 [Générique]
08:34 De là à dire que la VHS a fait chuter à elle seule le mur, peut-être pas.
08:39 Mais en tout cas, elle a été un vecteur de transgression et de libération.
08:44 [Générique]
08:48 Toute une génération se souvient encore aujourd'hui de ces films visionnés à plusieurs reprises
08:52 de cette fin des années 70 et du début des années 80
08:55 qui allaient nous faire traverser toutes les émotions dans notre canapé
08:58 de rencontre du troisième type à Emmanuel en passant par L'Exorciste
09:01 ou encore La Boom ou Dirty Dancing.
09:03 Et voilà pour le 20h32 ce soir.
09:05 Merci à l'équipe du jour, François Julien, Nicolas, Maxime, Fabien et les autres.
09:09 À demain !
09:10 [Générique]

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