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Stéphane Tulipani, PDG du Pôle Santé Oréliance

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00:00Pour le moment, il est 8h10, Marie Dorcé, les cliniques et hôpitaux privés de France
00:06prévoyaient de cesser leur activité ce lundi.
00:08Un mouvement qui a été suspendu il y a quelques jours parce que des avancées ont été obtenues.
00:15Le ministre de la Santé s'y est engagé notamment dans une lettre.
00:18Les professionnels du secteur dénoncent globalement, on peut le dire, les mêmes difficultés que
00:23dans le privé.
00:24Est-ce que vous qui nous écoutez ou qui nous regardez ce matin, vous l'avez constaté ? On
00:27vous attend, 02.38.53.25.25 et Marie, on va en parler pour commencer avec notre invité,
00:33c'est Stéphane Tulipani, le PDG du Pôle Santé Auréliens de Saran.
00:37Bonjour Stéphane Tulipani.
00:38Bonjour Marie.
00:39Pourquoi est-ce que les établissements privés de santé avaient prévu de faire grève aujourd'hui ?
00:42Expliquez-nous.
00:43Cela faisait suite à une décision qui nous a paru plus qu'étonnante, si je pèse mes
00:50mots, du ministre délégué à la Santé, monsieur Valtho, puisque nous avons appris,
00:55nous, l'établissement de santé privé, via la presse, l'évolution de nos tarifs.
01:00Pas de réunion préalable, pas de concertation et on découvre dans la presse que les tarifs
01:08du secteur public allaient évoluer de plus 4,3% et ceux du secteur privé de plus 0,3%,
01:1614 fois supérieur.
01:17Donc vous imaginez bien que nous avons très vite fait l'ensemble des calculs et que nous
01:22avons très vite estimé que cela mettrait en très grande difficulté l'ensemble du
01:27secteur.
01:28Est-ce que c'était une différence qui était justifiée par le ministère de la Santé ?
01:32Il a parlé de shaker, c'est-à-dire qu'il a mis tous les chiffres dans un shaker, il
01:38a bien secoué et puis il en est ressorti qu'effectivement il y aurait une telle différence.
01:43Concrètement, il a simplement indiqué que les établissements de santé publique sortis
01:50du Covid avaient eu de grandes difficultés à retrouver leur activité d'antan et il
01:55avait estimé que les établissements privés sortis Covid avaient exercé plus d'activité
02:01que ce qui l'était prévu.
02:02Donc effectivement, le secteur privé a estimé avoir été sanctionné pour avoir pris en
02:09charge des patients à la sortie de la crise.
02:12Mais dans les faits, on imagine qu'effectivement les hôpitaux, les cliniques privées ont eu
02:18plus de revenus pendant le Covid que l'hôpital public ?
02:22On ne va pas dire qu'on a eu plus de revenus, on va dire qu'on a pris en charge plus de
02:26patients tout en sachant qu'une telle décision allait réduire nos tarifs.
02:32En parallèle, nos charges augmentent, comme tout le monde, mais elles augmentent et de
02:37manière assez exponentielle comme chacun a pu le vivre.
02:41Donc à un moment donné, quand vous faites les calculs, on s'aperçoit qu'aujourd'hui
02:46cela aurait mis en très grande difficulté notre secteur.
02:48Pour rappel, entre 2019 et 2023, on est arrivé à 40% d'établissements en déficit privés.
02:56Avec une telle décision, fin 2024, 60% des établissements de santé privés auraient
03:01été en déficit.
03:02Et je le rappelle aussi, un établissement de santé privé en déficit, c'est le tribunal
03:06de commerce et c'est la fermeture.
03:08Aujourd'hui, avec les difficultés de pénurie médicale, avec les difficultés de prise en
03:14charge, les délais d'attente, le vieillissement de la population, on peut estimer que si on
03:18met 60% d'établissements de santé privés en difficulté et en déficit, on ne va pas
03:23arranger la situation.
03:25Vous dites 60% auraient été en déficit parce qu'effectivement vous avez obtenu
03:29certaines garanties.
03:31Quelles sont-elles ces garanties ?
03:32On a obtenu des engagements.
03:33Maintenant, c'est pour ça qu'on est dans une suspension de mouvement.
03:39Les engagements doivent se concrétiser par des actes.
03:42Les garanties, ça a été simplement ce que l'on a dénoncé depuis le début, le manque
03:46d'égalité, l'équité.
03:48Les engagements, il y en a deux principaux.
03:50Le premier, c'est que les établissements de santé privés non lucratifs, qui est une
03:56troisième catégorie, avaient obtenu ce que l'on appelle l'effacement d'un coefficient
04:01qui minorait leurs tarifs.
04:04Puisque, en tant qu'entreprise, nous avions bénéficié de ce qu'on appelle le CICE,
04:10le Cédit Impôt Compétitivité, mais le gouvernement avait estimé qu'en tant qu'établissement
04:14de santé, nous n'avions pas à l'avoir.
04:16Donc, il nous avait appliqué un coefficient qui l'annulait.
04:19Il y a quelques années, les établissements de santé privés non lucratifs ont obtenu
04:23l'annulation de cette minoration.
04:25On demandait simplement la même chose puisque nous étions le dernier secteur de la santé
04:30à être encore impacté.
04:31On a eu l'engagement de cette annulation.
04:34Deuxième chose, c'est qu'il y a quelque temps, le gouvernement avait annoncé la revalorisation
04:40de 25% des suggestions de nuit pour l'hôpital, nuit, week-end et jours fériés.
04:47Des horaires de nuit pour les travailleurs ?
04:49Je pense qu'à juste titre, on estimait qu'un personnel ou un infirmier du secteur
04:55privé travaillait de la nuit de la même manière, prenait en charge les mêmes patients.
04:59Il n'y avait pas de raison d'avoir cette différence.
05:02Là aussi, le gouvernement s'est engagé à ce qu'il n'y ait plus cette différence.
05:07Ce qui est une juste reconnaissance dans le personnel de nuit.
05:13Il faut bien l'expliquer pour nos auditeurs, comment ça fonctionne entre les hôpitaux
05:17privés et les hôpitaux publics ? Il y a des grilles tarifaires qui sont communes.
05:20Pas communes, non.
05:21Vous avez des grilles tarifaires qui ne sont pas forcément communes puisque ça dépend
05:25de conventions collectives, publiques ou privées.
05:28Bien évidemment, vous imaginez que sur un territoire de santé, on essaie à peu près
05:34d'être au même niveau chacun.
05:36On essaie parce que quand vous avez une pénurie de personnel aussi, l'objectif c'est d'être
05:43le plus cohérent possible en termes d'attractivité de votre personnel.
05:46Donc, il y a des différences qui se lisent sur le terrain.
05:50Mais encore une fois, pour nous, ce n'était pas le débat.
05:54On a tenté maladroitement de nouveau d'opposer le public et le privé par rapport à cette
06:02revalorisation tarifaire.
06:04Je peux vous dire que sur le terrain, on n'est pas du tout dans cette optique.
06:08Et objectivement, la situation, notamment sur le Loiret, c'est une vraie complémentarité.
06:14Et on essaie de faire en sorte de répondre à un besoin.
06:16Justement, vous parlez de territoire, le Loiret est l'un des plus gros déserts médicaux
06:20en France.
06:21Vous parliez éventuellement de cliniques, d'hôpitaux qui pourraient déposer le bilan.
06:26Il ne faudrait pas que ça arrive parce que vous travaillez en main dans la main avec le
06:29public.
06:30Il y a trop de besoins.
06:32Il y a trop de besoins, oui, effectivement.
06:34On est un des territoires les plus sinistrés au niveau médical, en termes d'attractivité
06:42notamment.
06:43On est l'un des territoires les plus sinistrés en termes de paramédical.
06:45Je peux vous dire que ça fait deux paramètres qui comptent dans votre fonctionnement au
06:48quotidien.
06:49Et en tout cas, on sait, nous, sur le territoire, que la complémentarité fait partie des solutions.
06:55On l'a vu pendant la crise Covid, où on est certainement l'un des territoires sans être
06:59chauvin, mais un petit peu, qui a le mieux géré cette crise, parce qu'on a su travailler
07:04entre les cliniques privées et notamment le CHU.
07:08Aujourd'hui, on est parfaitement dans cette ligne de complémentarité, que ce soit sur
07:12l'activité, comme peut le faire l'Archette sur Olivier, puisque son directeur vous l'a
07:16décrit.
07:17Mais également, nous, on le voit, Aurélien s'engage par exemple aujourd'hui dans la formation.
07:22On a eu jusqu'à cinq internes, on a chacun des internes, d'accord ? On a eu jusqu'à cinq
07:27internes au maximum sur la clinique et aujourd'hui, on est en lien avec le CHU pour assurer les
07:34formations dans le cadre, justement, du fait qu'il soit devenu CHU.
07:38Donc, pour nous sur le terrain et pour les acteurs de terrain, on n'est pas dans ce débat,
07:43on n'est pas dans cette guerre historique qui n'a pas lieu d'être, d'ailleurs, public-privé.
07:48On a des patients, on doit prendre en charge des patients et on essaie de le faire du mieux
07:52possible.
07:53Il y a des patients qui seront pris en charge aujourd'hui, finalement, dans les hôpitaux
07:57et les cliniques privées.
07:58Et c'est ce qui les intéresse, un patient qui arrive dans un établissement, peu importe
08:02qu'il soit public ou privé, lui, ce qui l'intéresse, c'est la qualité des soins.
08:06Merci beaucoup Stéphane Tulipani d'avoir été notre invité ce matin, bonne journée.

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