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00:00 7h46, vous avez la parole ce matin. Appelez-nous dès maintenant au 0476 46 45 45.
00:06 On lance le débat, on lance la discussion également et on parle du prix de la consultation chez le médecin Théo.
00:11 Oui, à partir de la fin de l'année, il faudra donc débourser 30 euros chez le médecin généraliste et 60 euros pour une consultation longue.
00:17 L'accord va être signé aujourd'hui entre le syndicat de médecins et l'assurance maladie.
00:21 Bonjour Didier Leger.
00:22 Bonjour.
00:23 Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes urologue, membre également de l'Ordre des médecins de l'ISER.
00:27 Alors le bras de fer durait depuis un an et demi entre l'assurance maladie et les médecins.
00:31 Les syndicats réclamaient davantage que ces 30 euros.
00:34 Vous ce matin, est-ce que vous êtes plutôt satisfait ou est-ce que vous signez en vous bouchant le nez ?
00:39 Ces syndicats signent, c'est qu'ils sont globalement satisfaits.
00:42 Donc on est globalement satisfait que l'augmentation demandée depuis un an et demi soit enfin actée
00:47 après une année très compliquée en termes d'inflation et de tarifs d'électricité ou ailleurs
00:53 qui fait que les professions de santé globalement sont tous en difficulté.
00:56 Donc oui on est satisfait. C'est dommage qu'il ait fallu un an et demi d'attente et de combat et de discussion pour en arriver là.
01:01 Et je rappelle juste à vos auditeurs que sur 30 euros, si c'est leur médecin traitant, ils sont remboursés 21.
01:06 Si par contre ce n'est pas leur médecin traitant, ils sont remboursés 9.
01:09 Donc il y a quand même un reste à charge qui augmente.
01:11 Et oui, on espère que les complémentaires santé vont jouer le jeu de compléter pour faire en sorte
01:15 que le reste à charge des patients soit le plus proche possible de zéro.
01:18 On va détailler tout cela. Est-ce que ça va suffire à rendre le métier plus attractif ?
01:23 C'était votre inquiétude en tout cas ces derniers temps.
01:26 Alors c'est un peu plus compliqué que ça. Le métier est attractif puisqu'il y a des étudiants en médecine qui sont nombreux.
01:31 Mais ensuite quand ils arrivent au moment de l'installation ou surtout au moment de travailler au service de la population,
01:36 on se rend compte que les conditions demandées par les jeunes médecins aujourd'hui ne sont pas celles d'hier.
01:40 Hier les médecins dont je fais encore partie travaillaient 60-70 heures par semaine.
01:44 Aujourd'hui à juste titre ils veulent en travailler 35 ou 40.
01:47 Et du coup en termes d'accès aux soins, en termes de nombre d'heures disponibles pour les patients, ça s'effondre.
01:52 Et d'autant plus que le papy-boom arrive et que la demande de la population française explose.
01:56 Donc il faut à tout prix réfléchir à des solutions pour permettre l'accès aux soins.
01:59 D'autres solutions. Donc c'est un premier pas mais pas suffisant. C'est ce qu'on comprend.
02:03 Qu'en pensent les Iserois ? On est allé leur poser la question dans les rues de Grenoble.
02:07 Écoutez, ils sont plutôt favorables à cette mesure, en tout cas compréhensifs.
02:12 Ça me semble tout à fait justifié. Je vois mon médecin, il est à bout.
02:16 Ils n'en peuvent plus, surtout dans des villes comme Grenoble où il n'y a plus de médecins.
02:20 Je pense même que ce n'est pas assez si jamais on veut qu'il reste des médecins généralistes dans ce pays.
02:25 On a là beaucoup de compréhension. Est-ce que ça vous étonne ce soutien ?
02:28 Ça ne m'étonne pas. D'abord les Français nous aiment. Ils aiment leurs infirmières, leurs médecins, leurs cliniques.
02:33 Ils nous aiment, c'est certain. Ils se rendent compte aujourd'hui que les médecins travaillent dans des conditions inacceptables.
02:38 Ils n'ont souvent pas de secrétaires. Ils ont des locaux qui sont parfois trop petits.
02:41 Ils ont des centres d'attente qui sont exigus. Et ils manquent de moyens pour faire encore mieux et donner encore plus de temps.
02:46 Et les Français en souffrent, c'est certain.
02:48 On parle de 30 euros la consultation à partir de la fin de l'année jusqu'à 60 euros pour une consultation longue.
02:53 C'est quoi une consultation longue ?
02:55 Ce n'est pas tout à fait vrai. La consultation à 60 euros sera réservée à des personnes âgées de plus de 80 ans
02:59 pour des consultations difficiles en sortie d'hospitalisation.
03:02 Et elle sera comme toujours avec l'assurance maladie dans des cahiers des charges très précis.
03:06 Et il y aura aussi, pour remplir un dossier d'aide pour les personnes âgées, une consultation longue.
03:11 C'est très encadré la consultation longue. Comme les consultations complexes chez le spécialiste.
03:16 Je rappellerai juste que la consultation chez le spécialiste qui a le droit à des dépassements d'honoraires,
03:20 qu'on appelle un spécialiste secteur 2, elle est à 23 euros depuis 1992.
03:25 Donc il faut dire à vos auditeurs que ceux qui vont voir un médecin qui peut faire des dépassements d'honoraires,
03:29 ils sont toujours remboursés de 16 euros sur parfois une consultation à 50, 60, 70 euros.
03:34 Et que là, les Français commencent à trouver l'addition un peu lourde.
03:37 Le prix de la consultation chez le médecin, on en parle ce matin Mathieu.
03:41 Justement, venez nous donner votre avis au 04 76 46 45 45. Vous trouvez ça normal ?
03:47 Vous trouvez que c'est une bonne chose ? Ou à l'inverse, ça vous énerve un petit peu ?
03:51 Vous avez peut-être quelques inquiétudes vis-à-vis de ce prix ?
03:54 Tout le monde peut donner son avis. Appelez-nous.
03:56 C'est déjà le cas sur la page Facebook de France Buysère.
03:58 Oui, je vous le disais, on a des auditeurs plutôt favorables à cette consultation à 30 euros.
04:03 Vu le nombre d'années d'études, on a beaucoup d'auditeurs qui nous parlent des années d'études comme Eliane.
04:09 Et puis certains qui espèrent aussi que ça permettra à des médecins de s'installer en ISER,
04:14 vu qu'on est en déficit selon eux.
04:16 Donc pour participer à ce débat, c'est maintenant qu'il faut nous appeler.
04:18 Après, vous n'aurez plus le temps. Donc 04 76 46 45 45 pour qu'on puisse entendre aussi votre avis.
04:22 Cette hausse, Didier Leger, va coûter 1,5 milliard d'euros à l'assurance maladie.
04:26 Mais elle n'est pas sans contrepartie. Dans l'accord, il y a des contreparties.
04:29 Il vous est demandé notamment de prendre davantage de patients, plus de patientelles.
04:34 En moyenne, on parle de combien de patients par médecin ?
04:37 Je n'ai pas les chiffres, ils devraient être précisés aujourd'hui.
04:40 Premièrement, 1 milliard d'euros, ça fait 0,5% de toutes les dépenses de santé.
04:44 Donc 0,5% ce n'est finalement pas grand-chose.
04:46 1 milliard d'euros répartis sur tous les produits de santé, ça ne représente pas énormément.
04:51 Et comme toujours avec l'assurance maladie, mais on les comprend,
04:54 ils vont augmenter, mais d'un autre côté, ils exigent qu'on augmente la filière active,
04:58 c'est-à-dire qu'on augmente le nombre de malades.
05:00 Et c'est là où le bas blesse.
05:02 Je ne vois pas comment aujourd'hui nos confrères qui sont déjà au taquet,
05:05 qui sont déjà en suractivité, ils peuvent augmenter la filière active.
05:08 Vous ne pouvez pas prendre plus de patients, ce n'est pas possible ?
05:10 C'est presque impossible, ils sont tous débordés.
05:12 La réalité aujourd'hui, c'est qu'on a perdu près de 60 000 secrétaires médicals.
05:16 Peut-être que l'intelligence artificielle va aider les confrères dans la gestion quotidienne d'un cabinet.
05:20 Aujourd'hui, c'est très difficile de répondre à toutes les demandes des patients.
05:24 Sans secrétaire médical, on a déshumanisé l'arrivée des rendez-vous en ligne,
05:28 comme Doctolib, Maya et autres.
05:30 C'est très pratique pour les gens, y compris prendre des rendez-vous la nuit.
05:34 Mais en termes d'humanité, en termes de relations, en particulier pour les personnes âgées,
05:37 ça a dégradé l'accès aux soins.
05:39 Il est demandé aussi aux médecins de faire des économies,
05:41 par exemple prescrire moins d'arrêts de travail.
05:43 Vous allez serrer la vis sur les arrêts maladie ?
05:45 Oui, on a une très grosse discussion sur les arrêts de travail.
05:48 Il y a des contrôles, il y a probablement moins de 2% des médecins qui exagèrent sur les arrêts de travail.
05:53 Tous les autres arrêts de travail sont complètement justifiés.
05:56 On a aussi des arnaques sur Internet avec des gens qui ont falsifié les arrêts de travail.
06:00 Quand on prend les soignants qui sont des mauvais prescripteurs,
06:05 on est à moins de 2% de gens qui exagèrent.
06:07 L'assurance maladie et un certain nombre de médias passent leur temps à montrer du doigt ces 1 ou 2% de déviants.
06:13 Dans toutes les professions, il y a des déviants.
06:15 Dans le monde de la santé, 98% d'entre eux font leur boulot comme il faut.
06:19 Et sur les arrêts de travail, les médecins traitants qui sont en première ligne
06:22 font tout ce qu'ils peuvent pour être au juste coup, au juste moment, pour protéger les patients.
06:26 Il y a trop de pression sur les arrêts maladie ?
06:28 Il y a eu des gros pressions, il y a eu des contrôles.
06:31 L'assurance maladie a contrôlé.
06:32 Mais la réalité c'est qu'elle contrôle les médecins,
06:34 mais qu'elle ne contrôle pas ceux qui viennent simuler des maladies
06:37 ou simuler des troubles psychologiques pour avoir l'arrêt de travail du médecin traitant.
06:41 Quand vous êtes seul dans une rencontre avec un patient,
06:44 que le patient est en larmes, qu'il est effondré, qu'il dit qu'il n'en peut plus,
06:47 le médecin, à juste titre, va l'arrêter 3-4 jours.
06:50 Et puis derrière, on se rend compte que le patient en question a un concours de pétanque
06:53 ou en train de partir un week-end avec des potes.
06:55 Ce n'est pas au médecin traitant de faire la police.
06:57 - Vous le voyez régulièrement ?
06:58 - On le voit régulièrement, oui, bien sûr.
07:00 - Effectivement, là, il faut serrer la vis.
07:04 - Oui, mais le médecin traitant seul dans son cabinet,
07:06 qui est un médecin de famille, qui est là pour accompagner les gens,
07:09 ce n'est pas à lui d'essayer de trouver par un examen une écho ou une radio,
07:13 savoir si une malade est en train de falsifier sa demande ou si c'est une demande réelle.
07:18 Alors peut-être qu'il y a du travail à faire sur le fait qu'il y ait
07:21 2-3 premiers jours d'arrêt de travail, soit pas remboursés, pris en charge.
07:26 Et là, on l'avait vu en partie au niveau des fonctionnaires,
07:28 que quand on met cette carence, comme par hasard, il n'y a plus d'arrêt de travail.
07:31 Peut-être qu'on est trop généreux dans l'indemnisation des arrêts de travail des premiers jours.
07:34 - Il y a aussi beaucoup d'isérois qui n'arrivent pas à trouver de médecin traitant.
07:39 C'est l'autre face du problème, ou de médecin tout court aussi.
07:44 Comment est-ce qu'on améliore la situation ?
07:45 À Morastel, par exemple, on avait un reportage tout à l'heure dans le journal de 7h,
07:49 le département va salarier une généraliste.
07:52 Est-ce que c'est l'une des solutions pour pallier au désert médicaux ?
07:56 - Il y a plein de petites solutions pour essayer d'améliorer.
07:58 N'empêche que moi, en 1997, j'avais dit à Alain Juppé et à Jacques Barraud, son ministre,
08:03 qu'on allait manquer de médecins en 2025.
08:05 Jacques Barraud, Alain Juppé et tous les ministres de la santé,
08:07 les premiers ministres depuis des années, n'ont absolument rien fait.
08:10 Donc maintenant, on fait en catastrophe.
08:12 En catastrophe, on peut salarier un médecin.
08:14 Un caminé médical organisé par une municipalité, ça vaut environ 100 euros de l'heure.
08:19 La consultation à 30 euros, ça veut dire qu'il faut minimum faire 4 consultations à peu près
08:23 pour équilibrer le cabinet.
08:25 4-5 consultations par heure pour payer le cabinet,
08:27 parce qu'un cabinet coûte 100 euros.
08:29 À 30 euros, la mairie ne s'en sortira pas.
08:31 Et quand on salarie un médecin généraliste dans un centre de santé comme cela,
08:35 le centre de santé coûte environ 15 000 euros par mois.
08:38 Ça veut dire que la municipalité doit trouver une enveloppe de 160 000 euros par an
08:43 pour payer ce cabinet.
08:45 - C'est un investissement public important.
08:46 - Et oui, et pour le rentabiliser, il faudrait qu'on ait 5 à 6 consultations par heure.
08:50 Mais ce n'est pas possible en fait.
08:52 Donc quand on voit que l'État, via des municipalités,
08:55 essaye d'équilibrer un cabinet médical, il n'y arrive pas.
08:58 Et si ça fonctionne en médecine libérale, c'est que les médecins généralistes
09:01 n'ont plus de secrétaire, parfois ils font le ménage eux-mêmes,
09:03 ils font leur informatique eux-mêmes, ils ont une petite salle d'attente,
09:06 ils essaient de rogner sur tous les postes de dépenses
09:08 pour que le cabinet ne coûte pas 80 euros de l'heure,
09:10 mais 60, 70, 50 euros de l'heure.
09:12 Et le premier poste qui a été utilisé pour faire des économies,
09:15 c'est de supprimer les secrétaires médicales.
09:17 - Donc solution limitée, en tout cas c'est ce qu'on entend ce matin,
09:20 de salariés des médecins.
09:22 Merci beaucoup Didier Leger d'avoir été notre invité ce matin.
09:25 Je rappelle que vous êtes médecin urologue et membre de l'Ordre des médecins de l'ISER.
09:28 Merci, belle journée.

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