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Transcription
00:00 - Voilà, alors ça va prendre du temps, évidemment. Résultat définitif attendu dans la soirée.
00:04 Mais déjà la commission électorale communique ses résultats après le dépouillement des trois quarts des voix.
00:10 On apprend que le parti de Narendra Modi est donc en tête avec 38,1% des suffrages.
00:16 Bruno Darro, bonjour. On décrypte évidemment les enjeux et puis ses résultats à l'issue de cette élection.
00:21 Une victoire acquise, ne cesse-t-on de répéter depuis quelques jours déjà.
00:24 Victoire qui est quand même loin d'être celle qu'on attendait.
00:28 - Oui, alors ce qui est intéressant c'est que non seulement c'est pas la victoire qui était attendue par le camp de Narendra Modi
00:35 qui parlait d'avoir 400 sièges avec le BJP et ses alliés, une trentaine de sièges environ, 400 sièges sur 543.
00:44 Donc ça paraissait absolument énorme.
00:47 Et c'est même pas le résultat sans doute, il faut rester prudent, effectivement vous l'avez dit, on attend les résultats définitifs dans la soirée.
00:55 Mais sans doute que la majorité du BJP avec ses alliés sera inférieure au résultat de 2019, on était autour de 350.
01:07 Donc c'est une victoire, mathématiquement ça devrait être reconnu par les partis d'opposition,
01:14 mais c'est pas la victoire qui était attendue, on ne sait même pas à l'heure où on se parle,
01:19 alors là il faudrait être encore plus prudent, mais on ne sait pas si le BJP tout seul, donc le parti de Narendra Modi,
01:25 aura à lui tout seul la majorité simple au Parlement indien qui est de 272.
01:31 Les projections pour le moment parlent d'une majorité BJP avec ses alliés autour de 290.
01:37 Vous voyez on serait même pas au 300.
01:40 Donc ça c'est pour les chiffres, une victoire oui, mais une victoire décevante vue du camp Modi.
01:46 En revanche, pour l'opposition et notamment le parti du Congrès emmené par Rahul Gandhi,
01:51 qui a réussi à fédérer autour de lui une trentaine de partis, dont beaucoup de partis,
01:56 on dit régionaux, mais dans ce pays gigantesque évidemment, sont des Etats importants,
02:02 et bien il y a aussi une forme de remontada, comme on dit en Espagne,
02:07 c'est-à-dire une performance qui s'annonce quand même assez satisfaisante pour cette opposition.
02:14 Donc c'est un peu le paradoxe de ce résultat, Narendra Modi va égaler le score de Nehru,
02:20 il va faire un troisième mandat, mais sans doute pas dans les conditions qu'il attendait.
02:25 Comment est-ce qu'on l'explique ce résultat ? Par un réveil, un sursaut de l'opposition ?
02:30 Ou c'est autre chose qui est en train de se jouer ?
02:32 Alors il y a un sursaut de l'opposition, c'est clair.
02:35 C'est pas une très bonne nouvelle pour Narendra Modi, parce que je voulais dire aussi,
02:39 les 400 sièges qui étaient attendus, c'était en fait pour, si vous me passez l'expression,
02:44 délaïciser la constitution indienne, puisque avec 370 sièges, c'est beaucoup,
02:51 il avait besoin des deux tiers, c'est les deux tiers des voix, il avait besoin de ça,
02:55 parce qu'il voulait faire changer la constitution indienne, et faire de l'Inde une nation hindoue.
03:00 Alors que la constitution de 1947, c'est une constitution laïque qui respecte toutes les communautés,
03:08 quand on sait le parcours de Narendra Modi avec son nationalisme hindou,
03:12 qui a été très dur envers les autres communautés, notamment très islamophobe,
03:16 il l'a encore montré pendant la campagne électorale, pour lui c'est sans doute une grosse déception.
03:22 Alors pourquoi ? Eh bien, évidemment, le mécontentement de ces musulmans, 15% de la population,
03:27 mais enfin en Inde, 15%, ça fait 210 millions de personnes, qui en ont un peu assez d'être stigmatisés,
03:33 et puis la situation économique et sociale. Là aussi c'est un paradoxe.
03:37 L'Inde, l'an dernier, 8,2% de croissance, l'économie la plus dynamique sur la planète.
03:44 Ça a fait rêver beaucoup de monde, effectivement, comme résultat.
03:46 Le chiffre, comme ça, a fait rêver beaucoup de monde, c'est devenu la cinquième économie mondiale au niveau du PIB global, si vous voulez,
03:53 mais le problème c'est que c'est une croissance qui ne ruisselle pas,
03:57 c'est-à-dire qu'elle reste dans des secteurs de pointe ultra performants,
04:02 qu'elle est concentrée autour de 1 ou 2% de la population, et que tout le reste de la population,
04:07 il y a une petite classe moyenne, après il y a beaucoup de personnes qui sont dans ce qu'on appelle maintenant une pauvreté intermédiaire,
04:14 et puis beaucoup qui sont encore pauvres. Bref, ça, ça concerne environ plus de 80% de la population.
04:19 C'est énorme. Eh bien ces gens, avec l'inflation en plus, ils ne s'en sortent pas, et ils ont manifesté leur mécontentement.
04:25 Les jeunes, très nombreux aussi, avec un taux de chômage très important, parce que le paradoxe aussi, c'est que le système éducatif s'est développé,
04:34 ces jeunes font des études supérieures, chaque année il y a 10 millions qui arrivent sur le marché de l'emploi,
04:39 il n'y a pas de débouchés, le taux de chômage est entre 40 et 50% selon les estimations chez les moins de 25 ans,
04:45 là aussi, fort degré de mécontentement, sans parler des agriculteurs qui sont délaissés,
04:50 sans parler dans les campagnes de gens qui sont tellement pauvres qu'ils ont du mal à subsister,
04:55 tout cela, peut-être, a commencé à se cristalliser, on peut peut-être dire que, là encore, paradoxe,
05:01 maudit reconduit, mais l'effet maudit est un peu passé.
05:06 Merci beaucoup Bruno pour le décryptage.

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