Diam’s, Britney Spears en passant par Jacques Brel… Eddy de Pretto a fait un tour aux Balades Sonores pour nous présenter les albums qui ont influencé sa vie et sa carrière musicale.
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00:00...
00:03Je crois que ma sélexo montre l'étendue de tout ce qu'on est.
00:07-"Crash Coeur", a marqué 2023.
00:10Ses chansons déconstruisent la masculinité dans la pop.
00:12A 30 ans, Eddy de Pretto s'est imposé
00:15comme le fils spirituel de Jacques Brel et Britney Spears.
00:18...
00:21Le kit de Créteil est notre invité chez le disquaire
00:24pour parler des albums qui ont marqué sa vie.
00:26Au programme, une passion pour Frank Ocean, Queen et Barbara.
00:30Salut, c'est Eddy de Pretto.
00:32Je vous raconte tous les disques qui ont marqué ma vie.
00:35...
00:44Le premier disque que j'ai choisi,
00:46c'est deux pontes que je n'arrive pas à séparer
00:51de la chanson française, qui sont Brel et Barbara.
00:55C'est un peu le début, pour moi, de ma culture musicale française.
00:59Ma mère était fan de ces deux artistes-là,
01:02avec un peu de Dalida aussi.
01:04C'était des sons qui passaient énormément à la maison.
01:08Carrément, ça passait au-dessus de ma mère,
01:11qui passait par exemple l'aspirateur.
01:14Il fallait que le son passe au-dessus du bruit de l'aspirateur,
01:16qui était assez bruyant à l'époque.
01:18Donc, c'était quelque chose d'assez majeur dans notre maison.
01:20Et elle chantait, je m'en rappelle, énormément sur ces artistes-là.
01:25Et moi, jeune, c'était quelque chose que je détestais absolument.
01:28Je pense que ça appartenait trop à une génération ou trop à ma mère.
01:31Du coup, c'est quelque chose que je ne pouvais pas du tout entendre.
01:34C'est alors que je l'ai reconnu
01:38Surgissant du passé
01:42Il m'est devenue
01:44Et je me rends compte aujourd'hui, dans moi,
01:46la créativité dont j'ai besoin quand je crée et quand j'écris,
01:54qu'une certaine diction, une certaine façon de se présenter,
01:59d'incarner la chanson française et la chanson générale,
02:03a été influencée et biberonnée par ces deux maestros.
02:08C'est beaucoup plus troublant Mais beaucoup plus charmant
02:10Qu'une valse à trois temps Une valse à vingt ans
02:12Une valse à cent ans Une valse à cent ans
02:16Une valse à cent ans Chaque au carrefour
02:17Dans Paris, que l'amour Rafraîchit au printemps
02:19Une valse à mille temps Une valse à mille temps
02:22J'aime l'idée de pouvoir avoir un gros héritage chanson française
02:26avec tout le traditionnel que ça comporte
02:29et avoir aussi une musicalité qui vient d'aujourd'hui
02:34avec un son un peu plus futuriste, plus travaillé,
02:37avec l'aide de tous les outils qu'on a aujourd'hui.
02:41Et pour moi, c'est indispensable de garder les bases
02:45et les bases de la chanson française
02:48avec la façon de dire le mot,
02:50l'importance de la tournure,
02:54la précision ultra minutieuse de comment dire les choses.
02:59Pour moi, c'est un background que je garderai toute ma vie.
03:08Maintenant, j'aime vous parler d'un disque
03:10qui a été ultra important pour le disque « Crash Coeur »
03:14que je viens de sortir.
03:15Il touche un peu le R&B des années 2000
03:19et c'est pour moi, il y en a plusieurs,
03:21mais il y a aussi Britney Spears,
03:24dont un titre plus précisément qu'il y a dans cet album
03:27qui s'appelle « Slave For You »
03:29et qui a été produit par The Neptunes.
03:41Et ça a été ultra important dans l'ADN général du disque
03:47parce qu'on voulait retrouver un petit clin d'œil
03:52que les années 2000 nous ont apporté dans le R&B,
03:55c'est-à-dire un petit côté un peu dance,
03:58un petit peu balancement de tête naturel,
04:01un peu groove, je déteste ce mot-là en français,
04:04mais c'est la résonance de mon adolescence
04:09qui arrive dans cet album.
04:10Et donc du coup, Britney Spears a été ultra importante
04:13parce que c'est une artiste que j'écoutais énormément
04:15dans les années 2000
04:16et qui nous permet de nous chalouper et de danser un peu.
04:20Et donc ces deux artistes ont été vraiment ultra importants
04:23dans la direction artistique de cet album.
04:36Si on revient sur Britney, t'es né en 93,
04:38donc techniquement t'avais une dizaine d'années
04:40lorsque Britney était déjà un peu à son prime.
04:42Ouais.
04:43Comment t'as grandi avec ?
04:45En tant qu'enfant qui découvre la musique.
04:47Britney Spears, déjà, je pense que pour moi,
04:49c'était quelque chose d'assez interdit
04:51parce que ça appartenait au côté un peu girly de la pop.
04:56Et quand on est petit et qu'on a grandi dans un univers
04:59où justement on nous dit qu'il faut bomber le torse
05:03et marcher droit et parler un peu voix grave,
05:06c'est un peu difficile de dire dans un consensus,
05:10dans un groupe assez large, de dire
05:12moi j'écoute Britney Spears.
05:13Donc c'était quelque chose d'assez secret,
05:15d'assez dans ma chambre intime avec quelques copines que j'avais.
05:19Et c'est pour moi la découverte de la pop musique,
05:21la possibilité aussi d'avoir un corps
05:25et d'assumer aussi son corps.
05:29Ouais, de pouvoir être la femme qu'elle voulait être
05:35sans avoir à se cacher et assumer, voilà,
05:39un peu ce côté sensuel de la pop musique.
05:44Moi aussi, j'ai envie de faire, en tout cas, de faire résonner,
05:47de faire bouger mes mots et de potentiellement amener
05:51à quelque chose d'ultra, ultra possiblement dansant.
05:59Alors, j'aimerais vous parler d'un album
06:01qui a été également déterminant.
06:04C'est le tout premier album de Zdar et de Boombaz.
06:09Petit clin d'œil à la French Touch.
06:20Important pour moi, surtout, la rencontre avec Boombaz
06:24pour l'album Crash Coeur,
06:25parce que j'étais en pleine recherche de sons pour l'album.
06:30Je me baladais un peu à Paris, à Los Angeles
06:33pour rencontrer des producteurs et j'ai rencontré Boombaz,
06:36qui a donné un peu le ton et le rebond,
06:40entre guillemets, musical de l'album.
06:44Et donc, on fait une session et ça faisait longtemps
06:47et pas mal de temps que je cherchais l'attitude au titre.
06:51Et Boombaz a été déterminant dans sa façon de poser
06:56toutes les rythmiques, tous les claviers.
06:59Et c'est pour ça que c'était hyper important
07:02de parler de lui aujourd'hui.
07:06J'aimerais vous parler d'un artiste qui compte énormément pour moi,
07:10dont je suis totalement fan.
07:11C'est Frank Ocean, avec son album Blonde,
07:14c'est son deuxième album.
07:16Et j'ai un petit...
07:19...tattoo juste ici, tellement je suis fan.
07:23C'est l'artiste déjà ultra-populaire de l'époque,
07:27qui a fait son premier album,
07:28qui a fait son premier album,
07:30qui a fait son premier album,
07:32qui a fait son premier album,
07:33c'est l'artiste déjà ultra-politique
07:36sur comment il a raconté son homosexualité
07:41et aussi sur sa façon de produire ses albums,
07:44cette recherche de son,
07:45qui pour moi est ultra-importante
07:47dans la recherche à chaque fois de chaque album.
07:50Comment ramener, je parlais d'attitude, une couleur.
07:54C'est important pour moi,
07:55chaque album a un univers particulier.
07:59Et je trouve que Frank Ocean, pour ça,
08:01il a cette minutie, cette délicatesse de production.
08:06En France, par exemple,
08:07il y a des Christophes qui aussi sont là-dedans.
08:10Et je trouve que c'est des artistes
08:11qui vont chercher, du coup, dans le travail sonore.
08:26Il y a énormément de couches et de sous-couches
08:29d'émotions et de recherches.
08:30Et le maestro, pour moi, est là.
08:33Et il nous guide déjà depuis pas mal d'années.
08:36Donc, Frank Ocean.
08:39Non, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
08:41On m'a dit que t'aimais le rap
08:42Voilà de la boulette
08:44Sortez les briquettes et les briquettes
08:45Alors, de qui vas-tu nous parler maintenant ?
08:47Je vais vous parler d'une artiste
08:48qui a été ma découverte en texte.
08:52Ça a été une vraie révélation pour l'écriture,
08:56la manière d'être aussi...
08:57On parlait de précision tout à l'heure,
08:58la manière d'être aussi radical
09:01et de pouvoir dire les choses avec un peu de métaphore,
09:04mais quand même d'une manière assez crue, sans filtre.
09:07Et pour moi, la reine en la matière, c'est Diam's,
09:10avec l'album « Dans ma bulle », notamment,
09:12qui a été pour moi un peu une liberté d'écriture.
09:15C'est-à-dire, OK, je peux aller raconter
09:19de manière la plus impudique les choses,
09:23tout en tentant de les décrivant de manière hyper brutale, frontale.
09:27Et je trouvais ça hyper puissant,
09:29que ça reste tout autant poétique,
09:35qu'il y ait ce côté un peu beauté du langage,
09:39peu importe si on se prend des coups d'écriture
09:42et d'une émotion hyper frontale, hyper directe.
09:46Il y a comme un goût de foulette, foulette chez les morts
09:48Comme un goût de boulette, boulette sur les ondes
09:50Alors ouais, on déconne, ouais, ouais, on est connes, non, non
09:53C'est pas l'école qui nous a dicté nos cons, non, non
09:56Elle a un titre qui s'appelle « Petite banlieue zarde »
09:58et elle vient aussi d'un milieu populaire et modeste.
10:01Et du coup, ça me parlait, parce que moi, de Créteil,
10:03c'était quelque chose que je ressentais aussi,
10:06le fait d'être à côté, en marche,
10:08pas totalement accepté, de la bonne manière, en tout cas.
10:11Elle m'a énormément rassuré dans ces nuits où je me disais
10:14« Merde, j'ai pas exactement le bon profil
10:19que tout le monde attend que je sois dans cette société. »
10:23J'aurais peut-être né quelque part, en fait
10:25Merde, je me perds
10:26Mais tu sais, je reste au cul entre deux chaises
10:28C'est cette décennie qui t'a vraiment le plus imprégné ?
10:33Je pense que c'est à ce moment-là que je découvre la musique
10:35et donc, les années 2000, je découvre le R&B
10:38et la pop-musique, véritablement.
10:40Même un peu le rap francophone, Booba, MC Solar,
10:44c'est des cyniques, c'était des choses aussi qui existaient
10:48et qui, contrairement à Britney Spears,
10:49étaient beaucoup plus assumables, en plus, en société.
10:53C'est drôle, cette notion, surtout à cet âge-là,
10:55dans les années 2000, j'ai 10, 15 ans,
10:57c'est très, très important, la notion de « qu'est-ce que t'écoutes ? »
11:01Et je me rappelle que nous, quand on allait en colo
11:05ou même dans nos classes, une des premières questions,
11:07c'était « t'écoutes quoi comme musique ? »
11:09comme un peu le badge de « qui t'es ? comment t'es ? »
11:13Donc, si tu disais « j'écoute Britney Spears »,
11:15c'était pas terrible.
11:17Donc, du coup, il y avait un peu ce truc de cours de récréation
11:21mais qui existe, véritablement.
11:23C'est vraiment la carte de visite émotionnelle qu'on met, qu'on donne.
11:30Et à cette époque-là, précisément, dans les années 2000,
11:34il n'était pas de très bonne augure de paraître un petit peu efféminé
11:39ou, en tout cas, d'assumer des choses qui paraîtraient beaucoup plus féminins.
11:50Pour finir, j'aimerais vous parler de Queen
11:52et, plus précisément, de Freddie Mercury,
11:54qui, lui, a été déterminant d'une manière physique, d'une silhouette.
11:58On parlait, pour commencer, de l'importance de l'incarnation dans la musique.
12:03Et je trouve que Freddie Mercury en est l'exemple ultime.
12:07Au-delà de la musicalité de Queen
12:10et du pouvoir qu'ont apporté leurs chansons,
12:13il a mis en image un côté très visuel, très graphique de ce qu'était le groupe.
12:20Et ça a été déterminant aussi pour Queen.
12:22Et j'aime, moi, dans l'identification de la musique qu'on écoute,
12:28avoir plus que ça, avoir un visage, une silhouette, une image très, très définie.
12:33Et tout de suite, on pense au nom et on a la silhouette de l'artiste.
12:36Et ça, c'est des choses qui m'ont beaucoup, moi,
12:40dans mon travail de metteur en scène visuel,
12:43en tout cas dans la conception de mes spectacles,
12:45qui est ultra important, c'est-à-dire de ramener une image.
12:50Au-delà de la métaphore du texte, ramener une image physique
12:54pour que quelque chose reste en soi quand on pense à l'artiste.
13:08Qu'est-ce que ces disques racontent de toi, à ton avis ?
13:11Les disques que tu as choisis aujourd'hui.
13:14Je pense qu'ils montrent un côté pluriel de moi.
13:19C'est-à-dire que ça va un peu dans tous les sens,
13:23de la pop-musique au R'n'B en passant par la chanson française.
13:27Mais je crois que ça fait partie totalement de moi.
13:29Je crois que ma sélection, elle montre un peu l'étendue de tout ce qu'on est,
13:33toutes les multiples facettes que l'on est en nous.
13:37On n'est pas qu'une chose et...
13:40Voilà.