« J’ai frôlé la mort. » Florent Speroni alias Le Parfait Inconnu est youtubeur. Pour neo, il est venu nous raconter son combat contre une tumeur cérébrale.
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00:00 A un certain moment de l'opération, j'ai perdu la vue.
00:02 Là, j'ai gueulé, j'ai dit "Monsieur, je vois plus rien !"
00:04 Donc il a arrêté d'envoyer la petite décharge et il s'est dit "Je n'enlèverai pas cette partie du cerveau."
00:08 Dès que c'est revenu, j'ai de nouveau crié "C'est bon, c'est revenu, on lâche rien, on y va !"
00:12 On m'a découvert en 2016 une tumeur cérébrale de la taille d'une balle de ping-pong.
00:16 Je me suis fait opérer deux fois, j'ai frôlé la mort et pourtant, bizarrement,
00:18 c'est ce qui m'a donné envie de me lancer dans l'humour sur les réseaux sociaux.
00:21 En fait, j'étais devant Top Chef, j'ai commencé à perdre la vue, j'ai essayé d'expliquer à ma copine que je devenais aveugle.
00:27 Et en réalité, quand j'ai essayé de lui parler, ça a donné un truc du style "Nenie, je perds la vue."
00:32 J'étais en train de faire une crise d'épilepsie.
00:34 On est donc allé aux urgences et là-bas, ils m'ont fait un scanner.
00:36 Et j'avais donc une tumeur de la taille d'une balle de ping-pong.
00:39 Ils me l'ont annoncé une semaine plus tard.
00:41 C'est un horologue qui était hyper cool parce qu'il a vraiment pris son temps.
00:44 Pendant 20 minutes, il me faisait des vannes et d'un seul coup, il a tourné l'écran de son ordi.
00:48 Il m'a dit "Ce que vous voyez, c'est une tumeur cérébrale."
00:50 Sauf que moi, je n'avais pas compris qu'il parlait de moi en fait.
00:52 Donc au départ, je lui dis "Ah ok, donc ça c'est une photo d'une tumeur, super."
00:56 Il me dit "Bah, c'est votre cerveau."
00:57 Ok, c'est mon cerveau.
00:59 Donc ça veut dire que c'est moi qui ai une tumeur cérébrale.
01:00 Il m'a annoncé qu'il allait m'opérer de manière éveillée.
01:03 Donc là, je me dis "Ok, c'est une caméra cachée, le neurologue me fait une vanne, c'est pas possible d'opérer quelqu'un de manière éveillée."
01:08 Et si, j'ai découvert qu'on pouvait retirer une partie du cerveau et continuer à vivre après tout ça.
01:14 Déjà, pourquoi ils opèrent de manière éveillée ?
01:16 C'est parce qu'en réalité, ils ouvrent la boîte crânienne et ils envoient des toutes petites décharges électriques sur la partie du cerveau qui s'apprête à enlever.
01:22 Le but, c'est qu'on s'assure de ne pas enlever une faculté.
01:25 Donc moi, ma tumeur faisait la taille d'une balle de ping-pong.
01:28 Il n'a pas pu tout enlever.
01:29 À certains endroits, quand il envoyait la décharge électrique, je n'arrivais plus à parler correctement ou je perdais la vue.
01:35 Tout le long de l'opération, j'étais donc attaché sur le côté.
01:37 Je bougeais le bras droit et j'avais des images en face de moi sur un ordinateur.
01:41 Donc c'était des dessins.
01:42 Je voyais par exemple une vache et tout le long, le neurochirurgien me parlait et je lui disais "Ceci est une vache."
01:47 Et il s'assurait qu'en fait, j'étais capable encore de reconnaître ce qu'il y avait en face de moi.
01:51 À un certain moment de l'opération, j'ai perdu la vue.
01:53 Donc je me souviens, là j'ai gueulé.
01:55 J'ai dit "Monsieur, je ne vois plus rien."
01:57 Donc il a arrêté d'envoyer la petite décharge et il s'est dit "Je n'enlèverai pas cette partie du cerveau."
02:01 Dès que c'est revenu, j'ai de nouveau crié "C'est bon, c'est revenu, on lâche rien, on y va."
02:05 Et ça l'a fait marrer parce qu'il m'a dit "J'ai opéré plus de 600 patients avant vous et personne n'était autant déterminé."
02:11 L'opération en elle-même a duré 6 heures.
02:13 J'en ai gardé un très très bon souvenir.
02:15 C'était sympa, voilà.
02:17 J'ai laissé une très bonne note sur TripAdvisor.
02:19 Le cerveau est la seule partie du corps où on ne ressent pas le toucher.
02:23 C'est-à-dire qu'il était au-dessus de moi et il l'enlevait.
02:25 C'était pas anesthésié, il peut enlever vraiment une partie du cerveau.
02:28 On ne ressent rien.
02:29 Donc même s'il me ratait, j'aurais rien senti.
02:31 On met pas mal de temps à réapprendre, à parler.
02:34 Sauf que moi, j'avais oublié énormément de vocabulaire.
02:37 Je me suis dit "Enfin, non, ils inventent des mots, c'est pas possible."
02:40 Et c'est revenu petit à petit avec l'apprentissage.
02:42 Au réveil, j'étais premier degré, je ne comprenais pas le second degré.
02:45 Et j'étais sans filtre.
02:46 Dès que j'avais une idée qui me passait par la tête, je la disais mais comme si j'avais 6 ans.
02:50 Parce qu'en plus, je parlais comme un enfant de 6 ans.
02:52 J'avais une voix au ralenti et un peu aiguë.
02:54 Il y avait quelqu'un qui était venu dans ma chambre et je lui ai dit
02:57 "Ah là là, elle est quand même sacrément moche ta copine."
03:00 Il m'a dit "T'aurais pu attendre qu'elle parte de la chambre avant de le dire,
03:03 mais au moins, je te remercie pour ta sincérité, Florent."
03:06 Je suis vraiment passé par la jeunesse après l'adolescence
03:09 et j'ai l'impression d'être redevenu un adulte.
03:11 Sauf que ce coup-ci, je me suis promis un truc.
03:14 Quand j'étais gamin dans ma première vie, je voulais devenir acteur
03:16 et j'ai oublié que je voulais devenir acteur.
03:18 Là, dans cette nouvelle vie-là, je ne veux pas perdre ce rêve.
03:21 Je veux vraiment le garder au fond de moi, mais ne jamais abandonner.
03:24 Tout ce que j'ai vécu, je l'ai vécu sans me poser mille questions.
03:28 J'ai toujours pris les nouvelles qui arrivaient, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
03:31 Je les ai toujours acceptées.
03:32 C'est hors de question.
03:33 J'abandonnerai jamais.
03:34 Sans vous spoiler mon histoire, j'abandonnerai jamais.
03:36 [Générique]