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00:00 - 7h47, vous avez la parole, appelez-nous dès maintenant pour discuter avec nous, pour échanger aussi les souvenirs, les questionnements, les témoignages.
00:08 On commémore Théo les 80 ans du débarquement en Normandie.
00:11 - Et son écho chez nous en Isère, car vous connaissez sans doute le message de Radio Londres, les sanglots longs, des violons, etc. qui annoncent le débarquement.
00:19 On connaît moins un autre message diffusé la veille, le chamois des Alpes bondit, c'est le message. Une phrase lourde de sens pour les résistants cachés, notamment dans les maquis du Vert Corp.
00:30 Bonjour Gilles Lemprain. - Bonjour.
00:33 - Merci d'être avec nous ce matin, vous êtes historien au musée de la résistance et de la déportation de Grenoble.
00:38 Cette phrase, le chamois des Alpes bondit, elle est diffusée le 5 juin, elle veut dire quoi cette phrase ?
00:44 - C'est un peu un ordre de mobilisation générale. Depuis le temps que les maquisards, que les résistants attendaient le jour J, là c'est le moment.
00:57 C'est-à-dire qu'ils ont la perspective cette fois de combattre au grand jour.
01:01 Pour le Vert Corp en particulier, quelque chose de beaucoup plus précis, plus pointu.
01:08 C'est-à-dire que le Vert Corp fait partie du plan général des débarquements et de ce qui va suivre.
01:14 - Donc les Iserois, une partie en tout cas des résistants, sont au courant du débarquement qui va advenir le lendemain, c'est pour ça qu'il y a cette phrase le 5 ?
01:22 - Alors le 5 c'est pour les responsables, ceux qui sont en liaison radio, qui organisent tout ça.
01:29 Et qui organisent notamment cette mobilisation qui est, par certains côtés, désordonnée, par d'autres, est parfaitement ordonnée.
01:37 Je veux dire par là que beaucoup de gens sont dans des compagnies qu'on appelait des compagnies civiles ou sédentaires.
01:44 C'est-à-dire qu'ils étaient chez eux, ils allaient au travail, mais ils avaient signé un engagement.
01:48 Ils savaient que le jour venu, ils allaient devoir monter en montagne, passer à l'action et de manière assez organisée.
01:56 Et puis il y a ceux qui ensuite vont rejoindre de manière spontanée et parfois désordonnée les maquis et provoquer cet afflux.
02:04 - On va en entendre un, justement, il s'appelle Paul Borrell, résistant du Vercors, interrogé par France 3 Alpes il y a quelques années.
02:10 Écoutez ses souvenirs de l'époque.
02:12 - L'état d'esprit était sensationnel. Tout le monde voulait en découvrir.
02:16 Tout le monde veut en découvrir avec l'ennemi et avec l'occupant.
02:19 Mais alors au point de vue vestimentaire, eh bien ils sont arrivés comme ils ont pu.
02:24 On leur avait demandé d'arriver avec une couverture, une musette et une paire de brodequins.
02:28 - Voilà les souvenirs de Paul Borrell.
02:30 Alors vous l'avez dit Gilles Lemprince, cette phrase "le chamois des Alpes bondit" résonne comme un appel à la mobilisation.
02:36 Sauf que dans le Vercors, on n'est pas forcément prêt à accueillir cet afflux.
02:41 - Alors c'est peut-être dans le Vercors qu'on est le plus prêt parce qu'il y a un plan.
02:46 En revanche, l'afflux est énorme.
02:48 C'est-à-dire qu'en deux, trois jours, le nombre de maquisards dans le Vercors passe de 4 500 à 3 500, peut-être 4 000 en tout.
02:58 - Multiplié par 10.
02:59 - Ah oui, évidemment.
03:01 Et là, ça change tout en termes de logistique.
03:05 Mais le Vercors est en partie préparé.
03:09 - La situation des maquis, justement, le 6 juin 1944, comment ils sont les maquis à l'époque ?
03:17 - Alors ils commencent à être mieux équipés qu'avant.
03:20 Il y a eu des parachutages au printemps.
03:22 Il y a eu pas mal de parachutages, ce qui fait qu'à un certain nombre, sans doute pas tous,
03:27 ils sont armés de manière assez légère.
03:32 Ils ont une arme, la fameuse Sten qui est tombée du ciel, la mitraillette anglaise.
03:38 Les parachutages font que les maquis sont maintenant armés.
03:44 Pas complètement, pas suffisamment, pas assez lourdement, mais ils le sont.
03:48 Et ils sont maintenant aussi assez nombreux.
03:51 Pendant l'hiver, ils s'étaient repliés parce qu'il n'y avait pas de perspective de débarquement.
03:56 La vie devenait très difficile en montagne.
03:58 En revanche, depuis le printemps, ça remonte fort et encore plus après cette annonce.
04:05 - On se souvient ce matin, 80 ans après le débarquement, quel est l'écho de cet événement chez nous en Isère ?
04:11 Le D-Day chez nous en Isère, on en parle ce matin Mathieu.
04:14 - Eh oui, 04/76/46/45/45.
04:17 Pour nous parler aussi de vos souvenirs de cette période.
04:20 Si vous vivez aussi dans le Vercors, vous avez les monuments qui nous rappellent un peu tout ça
04:25 et que c'est une histoire que vous avez en tête.
04:27 Appelez-nous pour en parler sur notre page Facebook également.
04:29 On a quelques commentaires.
04:31 - Oui, des commentaires sur le devoir de mémoire d'abord.
04:33 Évidemment, on a Olga et James qui nous disent que c'est important de ne pas oublier de faire ces commémorations, ces cérémonies.
04:40 À chaque fois, je vous avais parlé d'Éliane qui nous disait que ses parents lui racontaient très bien cette journée du 6 juin 44.
04:47 Une journée qui est dans toutes les familles mémorables, nous dit Colette.
04:52 C'est donc important de le fêter comme il se doit.
04:54 - Et l'historien Gilles Emprin est notre invité pour en parler ce matin.
04:57 Historien au musée de la Résistance et de la déportation de Grenoble.
05:01 J'aimerais, Gilles Emprin, vous faire entendre la directrice du musée de la Résistance, Alice Buffet.
05:06 Elle nous raconte aussi les plans de la Résistance à l'époque. Écoutez.
05:10 - C'est le déclenchement du plan vert qui va cibler les sabotages sur les voies ferrées, principalement sur l'ensemble du territoire.
05:17 Et puis, il y a aussi le déclenchement du plan rouge qui va concerner l'insurrection des Maquis sur six zones.
05:24 Et particulièrement, c'est les Alpes qui vont se regrouper aussi pour préparer l'insurrection intérieure.
05:29 - Alors, en parallèle du débarquement de Normandie, c'est quoi, Gilles Emprin, ces plans vert et rouge, notamment dans les Maquis des Alpes ?
05:37 - Alors, l'idée, c'est de bloquer un maximum de troupes allemandes et éviter que ces troupes se rendent en Normandie pour repousser éventuellement les troupes alliées qui ont débarqué.
05:53 - Freiner l'arrivée des renforts allemands.
05:55 - Voilà. Freiner, bloquer l'arrivée des renforts allemands, alors couper les voies de circulation, évidemment, les voies ferrées, couper les communications.
06:03 Tout ça, c'est pour essayer de gêner et essayer déjà de commencer à libérer des portions de territoire.
06:09 Et c'est ce qui va se faire dans les jours qui suivent le 6 juin.
06:12 En Tarentaise, en Maurienne, on peut considérer aussi que le Vercors est bouclé et est devenu une zone libérée, une zone d'ailleurs où on va reproclamer la République.
06:22 - La République du Vercors qui est programmée tout début juillet.
06:25 - Oui, dans une atmosphère absolument enthousiaste que l'ancien du Vercors rappelait.
06:32 On est sur un territoire libéré.
06:35 Et en attendant, on va essayer de gêner un maximum les Allemands qui vont être très énervés de ça.
06:42 - J'allais demander, l'armée allemande, elle réagit comment à cette mobilisation en Isère ? Il y a de la répression, j'imagine ?
06:49 - Oui, oui. Et il ne faut pas oublier que militairement, matériellement, ils sont beaucoup plus forts.
06:55 Il y a environ 10 000 soldats allemands autour de Grenoble.
06:59 Alors on peut être fier qu'il y ait 4 000 résistants en haut du Vercors.
07:04 Mais l'armée allemande est encore extrêmement forte.
07:07 Et pas mal de zones qui vont être libérées ou quasi-libérées vont être reprises par les Allemands dans les jours qui suivent.
07:14 Parce que le débarquement a réussi, certes, mais les choses ne se passent pas aussi vite qu'on l'espérait.
07:21 Par exemple, on pensait que la ville de Caen serait libérée au bout de 8 jours.
07:26 Elle le sera au bout d'un mois.
07:28 Et en attendant, ça va se voir sur le terrain que malgré tout leur courage, il est énorme,
07:34 les résistants ne sont pas en état d'affronter l'armée allemande dans une bataille régulière, dirons-nous.
07:42 - Et effectivement, le 6 juin 1944, c'est le début de la fin, mais ça va durer encore des mois, évidemment.
07:47 Merci beaucoup, Gilles Empreint, d'avoir dressé ce matin le tableau de ce 6 juin 1944 en Isère, à Grenoble.
07:53 Merci d'avoir été notre invité. Belle journée.
07:56 - Merci à vous.
07:57 - Vous pouvez réécouter cet échange sur notre application, ici.
08:00 N'hésitez surtout pas.
08:01 Et puis, continuez de laisser vos messages de souvenirs sur notre page Facebook.